jeudi 10 septembre 2009

CONTRACEPTION HORMONALE FEMININE : STOP AUX PILULES NON REMBOURSEES ET A LA VARNOLINE !

Nous nous sommes faits souvent l'écho ici des problèmes posés par la gynécologie médicale en France et de sa façon quasiment automatique de prendre les mauvais choix de santé publique.
Nous avons aussi souligné combien le taux d'IVG en France ne diminuait pas malgré l'évolution des moeurs et des connaissances. Ce phénomène n'est pas franco-français et les grands pays industrialisés sont soumis à ce dangereux paradoxe : le sexe devient une donnée visible sur les écrans et dès le plus jeune âge et la contraception est encore tabou. Nous ne tenterons pas ici d'analyser ce blocage, il faudrait au moins plusieurs thèses d'Etat pour en venir à bout.
Je voudrais simplement dire à mes collègues médecins qu'ils soient spécialistes en gynécologie obstétrique ou en médecine générale de ne pas prescrire en première intention des pilules oestro-progestatives non remboursées, sauf exception, bien entendu.
Je voudrais simplement dire aux patientes qui entrent dans les cabinets médicaux dans le but de se faire prescrire une contraception hormonale de refuser les pilules oestro-progestatives non remboursées en première intention. Et, surtout, de ne pas écouter les arguments fallacieux des médecins qui voudraient les leur imposer !
Il ne s'agit pas d'un choix social, il s'agit d'un choix scientifique.
A l'heure où les pouvoirs publics pensent qu'il serait utile de rembourser certaines pilules dites de troisième génération il faut y mettre le holà.
Deux études récentes publiées dans le British Medical Journal sont particulièrement convergentes. L'étude hollandaise est un essai cas-témoin et l'étude danoise un essai de cohorte.
Elles indiquent (nous sommes désolés pour ceux qui connaissaient avant même la publication de ces deux essais les faits qui suivent) :
  1. Le risque thrombo-embolique est, toutes choses égales par ailleurs (cf. infra), moindre quand la quantité d'ethynil oestradiol est réduite de 30 à 20 microgrammes
  2. Les progestatifs les plus sûrs sont le levonorgestrel et la norethisterone.
  3. Le risque thrombo-embolique est 1,5 à 2 fois plus important pour le gestodene, le desogestrel et le norgestimate, comparés au levonorgestrel.
  4. Le drosperinone, nouveau progestatif dit naturel, et la cyproterone (utilisée de façon empirique dans l'acné) ont un risque thrombo-embolique 1,6 à 1,8 fois plus important que le levonorgestrel.
  5. Quant au norprogestimate il ne semble pas augmenter de façon significative le risque thrombo-embolique dans l'essai danois (1,19 fois plus) et il n'a pas été testé dans l'essai hollandais (pas assez d'utilisatrices).

Vous pourrez lire les articles et constater qu'il est possible de critiquer la façon dont ces essais observationnels ont été menés, notamment pour ce qui concerne la non connaissance des antécédents familiaux thrombo-emboliques qui auraient pu entraîner les médecins, sous l'influence du marketing des nouveaux produits, à plus utiliser ces derniers en cas de risques familiaux avérés.

Ces essais apportent encore deux éléments importants :

  1. Le tabac n'a pas été retrouvé comme facteur de risque thrombo-embolique
  2. Pas plus que l'obésité.

Dernier point : pour les médecins, comme moi, qui ne sont pas familiarisés avec la dci des pilules, voici des noms de marque (liste non exhaustive)

Pilules à prescrire : Levonorgestrel : Adepal, Ludéal, Trinordiol, Microval (lors de l'allaitement) ; Norethisterone : Triella.

Pilule à évaluer. Norgestimate : Cilest

Pilules à éviter : Désogestrel : Cerazette, Mercilon, Varnoline Drospirone : Jasmine ; Cyproterone : Diane

Est-ce clair ?

Il faut se méfier d'une recherche Google sur la drospirone car elle conduit à un article sur "les inégalités sociales d'accès à la contraception en France" qui, sous le couvert de l'institut national de la santé et de l'Institut national d'études démographiques, vante les pilules de troisième gébnération (l'article est sponsorisé par Wyeth-Lederlé). L'étude vante mais on y lit quand même que les pilules de troisième génération, selon les déclarations des patientes, n'entraînent pas une meilleure qualité de vie !

DERNIERE NOUVELLE ! Pour des raisons que seul le Ministère de la Santé connaît (et on laisse le lecteur comprendre où sont les intérêts des uns et des autres) la Varnoline est désormais remboursée !

Il faut donc lire : Contraception hormonale féminine : NON AUX PILULES NON REMBOURSEES ET A LA VARNOLINE !

13 commentaires:

cl a dit…

il est tard et mes neurones sont tout bloqués , mais je ne vois pas la microval (allaitement) ?
Dr CL

claire a dit…

qu'en est il de la pilule minesse ?

Lili a dit…

N'y a-t-il pas un tas de pilules contenant certains de ces actifs dangereux qui sont remboursés ? (Je pense à Désobel sous sa forme générique par ex.)

JC GRANGE a dit…

@ Lili Desobel G 30 est un générique de Varnoline. Desobel G 20 est un générique de Mercilon. A proscrire.

Aqua a dit…

Bonjour, votre débat sur la pilule est relancé avec la plainte déposée ce vendredi ! J'ai plusieurs questions pour lesquelles je n'arrive pas à trouver de réponse.
* Pourquoi existe-t-il plusieurs pilules avec la même composition et le même ? (Exemple : Leeloo / Lovalulo / Optilova)Est ce qu'un effet secondaire présent chez l'une sera forcément retrouvé chez l'autre ?
* Pourquoi continue-t-on de prescrire les pilules de 3e et 4e générations si elles augmentent encore plus le risque thromboembolique sans bénéfice par rapport aux pilules de 1e et 2e générations ?
Merci d'avance !
Félicitations pour votre blog !
Aqua

JC GRANGE a dit…

@ Aqua
Les génériques ont a priori les mêmes risques que le princeps qu'ils copient.
Pourquoi continue-t-on de prescrire des pilules de 3° et 4° génération ? Pourquoi continuait-on de prescrire Mediator ?
Les gynobs sont très dépendants de Big Pharma et "croient", je voudrais dire "avalent" tout ce qu'on leur raconte. Je vous conseille sur la pilule de lire ce post de blog : http://www.rolandsimion.org/spip.php?article271
Bonne lecture et merci.

Aqua a dit…

Merci pour votre réponse rapide ! JE viens de lire le lien que vous m'avez conseillé : je n'étais déjà pas très rassurée par la pilule (du fait qu'on trompe juste le corps qui fonctionne bien, on ne pallie pas un dysfonctionnement comme dans le cas d'une maladie) je le suis encore moins après lecture.
Que conseillez vous à vos patientes comme méthodes non hormonales ? Le préservatif, bien utilisé (sans aucun contact homme-femme avant/après relation), n'est t il pas tout aussi efficace sans présenter les risques des méthodes hormonales ? Que font les femmes qui ne peuvent pas prendre la pilule pour des raisons médicales ?
Merci encore.
Bonne soirée !
Aqua

JC GRANGE a dit…

@ Aqua Les pilules progestatives et les dispositifs intra utérins.

miio a dit…

@Docteurdu16 : je viens de lire plusieurs articles sur le blog que vous indiquez... Je suis un peu inquiète de voir en référence à votre article (qui me parait intéressant), un blog dont l'auteur semble prôner l'abstinence sexuelle comme moyen de contraception (sous prétexte que notre vie sexuelle ne serait pas améliorée depuis l'avènement de la contraception). Je cite "l’assouvissement de mon désir mérite-t-il d’exposer ce corps bien-aimé à une telle constellation de risques".

Pas un mot sur les DIU dans son texte par exemple.

En lisant d'autres extraits, je ne lis pas tant un texte éclairé sur les dangers de la pilule qu'un réquisitoire en règle contre toutes les méthodes de contraception et le suivi médical des femmes.

Je pense effectivement qu'il y a du boulot sur le sujet, mais faut-il vraiment jeter le bébé avec l'eau du bain ?

Pilule Cerazette a dit…

la pilule Cerazette s’agit d’une hormone qui a pour fonction principale d’inhiber l’ovulation

Anonyme a dit…

Bonjour, désolée pour le commentaire sur un article de 2009 mais je vois que votre blog est toujours alors actif alors je me permets de poser une question.
Vous mettez la Cérazette dans votre liste de pilules à éviter car elle contient du Désogestrel.
Mais en réponse à Aqua qui vous avait demandé quelles méthodes alternatives existent, vous mentionnez les DIU et les pilules progestatives. N'est-ce pas ce qu'est justement Cérazette, une pilule progestative (progestatif pur) ?
Je me pose la question car après des années de Ludéal Gé, ma gynéco m'a prescrit Cérazette en raison de LDL trop élevé. Elle m'avait dit qu'il fallait éviter la pilule combinée en cas d'hypercholestérolémie. Qu'en pensez-vous? Merci

JC GRANGE a dit…

@ Anonyme
Dans les pilules progestatives exclusives il vaut mieux utiliser le levonorgestrel que le desogestrel car le premier est plus étudié que le second et surtout Le risque thrombo-embolique est 1,5 à 2 fois plus important pour le gestodene, le desogestrel et le norgestimate, comparés au levonorgestrel. Les vendeurs de cerazette disent que le délai d'oubli sans grossesse est plus long avec cette pilule qu'avec microval (ce que conteste la revue Prescrire).
Voilà.
Bonne soirée.

Anonyme a dit…

En effet c'est pour cette raison (délai d'oubli de 12h par rapport à 3h) qu'on m'a prescrit Cézarette plutôt que Microval.
Merci beaucoup pour votre réponse !