vendredi 3 septembre 2010

JE SUIS UN TOUTOLOGUE !


Philippe MEYER

Tous les matins depuis la rentrée Philippe Meyer fait une chronique sur France Culture à 7 heures 55. C'est la rubrique d'un toutologue comme Marc Voinchet l'appelle : Le Meyer est l'ennemi du bien..

Y aurait-il quelque chose de péjoratif dans cette appellation ?

Au lieu de me faire appeler spécialiste en médecine générale, devrais-je me faire appeler médecin toutologue ?

Parce que tout est dans tout et réciproquement.

Parce que ma boutique s'appelle : Tout à 22 euro !

Pour 22 euro t'as tout compris !

Pour 22 euro t'as plus rien.

Parce que la médecine générale, comme dirait le docteur du 16, c'est la vie... Toute la vie.

Parce que le médecin généraliste est le représentant particulier de la médecine du tout qui ne serait pas la médecine holistique mais qui pourrait lui ressembler.

Parce que le médecin généraliste fait de la synecdoque sans le savoir, contrairement au spécialiste, qui serait un simple adepte de la simple métonymie.

Parce que le toutologue est un médecin généraliste et n'est pas vétérinaire qui lui est toutoulogue.

Il y a probablement aussi des toutologues qui sont des toutous à Bachelot ; ou à Glaxo ; ou à Monsieur le Professeur.

Le toutologue se mêle de tout : de ce qui ne le regarde pas, de ce qui le regarde... et du reste.

Un mien ami médecin spécialiste qui, à part moi, dit-il (pour me flatter sans doute), n'aime pas les médecins généralistes, m'a dit en se moquant (il était à la limite de l'hilarité) : Le toutologue, adepte de la toutologie, donne un avis sur tout et, surtout, donne des avis qui ont la caractéristique d'être exactement et approximativement justes. Sans être tout à fait justes. N'est-ce pas le lourd fardeau du médecin généraliste ?

Là, il m'a scié. Je me suis rappelé les propos que l'on entend parfois venant des médecins spécialistes qui ne prennent pas de gants avec les médecins généralistes, ces spécialistes fussent-ils touxtologues (pneumologues), ce genre de propos, comme les propos racistes que l'on entend rarement de face, mais plutôt de dos ou rapportés par de "bons" amis ou de "méchants" amis pas tous au Front National. Et mon ami dans tout cela ? Je me suis rappelé quelques unes de mes imprécisions, de mes doutes, de mes incertitudes, quand je ne savais pas tout sur tout en face d'un malade. C'est vrai que je porte un lourd fardeau ! Comme, probablement, nombre de mes collègues. Car, en général, la médecine est un métier de chien. Et la médecine toutologique un métier de chien galeux. Je comprends que des collègues burnent out. Même des collègues orchidoclastes ou casse-couilles.

Bien qu'il fût mon ami, il avait peut-être exprimé le fond de l'âme des médecins spécialistes, ceux que l'on nomme par dérision, les spécialistes d'organes. Les médecins généralistes sont des toutologues qui ne savent rien sur rien et qui se plaignent sur tout. Un toutologue est un spécialiste du rien.

Finalement, il vaudrait mieux que je ne sois pas toutologue. Tautologue ? Je me répète ? Peut-être faudrait-il que je répète à l'envie : Je sais que je ne sais rien. Mais cela ne règle pas le problème de mon ignorance...

Mais, en écoutant Philippe Meyer, j'ai l'impression qu'il a des choses à dire et qu'il les dit bien. Parler cinéma en Audrey Tautoulogue ou... Je suis aussi un toutologue parce que j'ai des trucs à dire. Sur tout et sur rien. Sur le tout et sur le rien. J'ai des choses à dire parce que j'ai un point de vue. Et mon point de vue est celui de la médecine toutologique, dite, ailleurs, générale.

Je voudrais ressembler à Philippe Meyer mais, pour cela, il faudrait que j'aie un peu d'humour... Car il est possible que ce soit l'humour de Philippe Meyer, son sens de la repartie, sa culture touche-à-tout qui lui donnent l'assise d'un toutologue distingué. Je me le rappelle il y a quelques années lisant des morceaux choisis de Georges Bernard-Shaw sur la musique : c'était exquis. Pourrais-je être un toutologue exquis ? Non, c'est un métier. Un métier que Philippe Meyer cultive depuis des années...

Disons alors que je suis un touche-à-tout amateur. Pas mal, non ? Un toutologue de sous-préfecture. Cela me va.

2 commentaires:

Chantal a dit…

J'ai nettement plus d'estime pour un médecin généraliste que pour un spécialiste. Le premier ne tient pas longtemps s'il ne gagne pas la confiance et le respect de ses patients ou s'il n'aime pas ce qu'il fait (le médecin "je m'en fou de tout"), le second est parfois tellement imbus de sa personne et de ses (pseudo)connaissance qu'il méprise le patient (au point qu#il n'y a aucun dialogue entre les deux, le médecin décide de tout et le malade seulement le droit de subir sans droit à la paroles et bien sûr payer).

Bien sur, il y a des médecin généraliste à la noix, comme il y a des médecins spécialiste géniaux - mais le premier se trouve plus facilement que le second.

Encore un médecin généraliste de campagne a encore plus de mérite que celui de la ville qui peut plus "déléguer" vers les spécialistes et les hôpitaux (vu la proximité).

Non quand on a n médecin généraliste avec lequel on s'entend bien, il / elle faut le chouchouter et défendre devant ses collègues spécialistes qui eux n'auraient pas de travail sans le généraliste qui reste malgré (ou heureusement)tout le principal acteur de la santé public.

Bonne journée

Anonyme a dit…

"Je sais que je en sais rien" Ca ne résout pas le problème, mais c'est bien par là qu'il faudrait commencer. Le problème de bp de médecins, spécialistes ou non, c'est qu'ils n'en sont pas encore arrivés là et qu'ils n'y arriveront peut-être jamais, tellement certains se donnent du mal pour les persuader qu'ils savent vraiment quelque chose. D'un "savoir" orienté qui répond de moins en moins aux besoins des patients.Si les médecins généralistes doutent c'est qu'ils sont plus proches de la vérité.
CMT