vendredi 12 novembre 2010

J'AIME PAS LES URGENTISTES QUI FONT DE LA MEDECINE GENERALE ! - HISTOIRES DE CONSULTATION : EPISODE 53

Edvard Munch - Le cri - 1893
Ce post n'a aucun intérêt.
Ce post n'est que la manifestation épidermique de mon énervement à l'égard des urgentistes qui font de la médecine générale. De mon énervement de médecin généraliste à l'égard de la médecine générale qui a habitué les patients à l'urgence symptomatique. De mon énervement à l'égard des cliniques qui pratiquent des soins non programmés pour alimenter en examens complémentaires non programmés des malades non programmés à aller aux urgences. De mon énervement devant le mépris que gratifient les urgentistes aux médecins généralistes (suivez mon regard docteur Pelloux) et qui feraient mieux de regarder les ordonnances qui sortent des services d'urgences qui parfois ne sont pas piquées des hannetons. De mon énervement à l'égard de la CNAMTS qui, pour des raisons de mépris venant d'En Haut et (aussi) de volumes de prescription, ne s'intéresse qu'aux médecins généralistes pour contrôler leurs activités et pas aux grands spécialistes qui ne prescriraient que dans les clous... De mon énervement de l'ignorance de la CNAMTS qui feint d'ignorer que Big Pharma, pour vendre ses molécules, commence par vampiriser les chercheurs internationaux puis les leaders mondiaux, puis les leaders nationaux, puis les leaders régionaux, puis les leaders loco-régionaux, avant de distribuer de la bimbeloterie aux médecins généralistes... De mon énervement à l'égard du professeur Allemand qui, au lieu d'emmerder les généralistes capistes à prescrire des anti hypertenseurs de la liste, devrait commencer par viser la tête, les professeurs de CHU qui, aveuglés par les destinations de rêve de leurs Congrès professionnels, ne cessent de prescrire hors liste et de dire à leurs malades que les médecins traitants suivront... Enervé que le Comité Scientifique de la CNAMTS ne commence pas par s'attaquer aux professeurs ORL qui prescrivent du Vastarel, aux professeurs rhumatologues qui continuent de prescrire jusqu'au bout du Celebrex, aux professeurs diabétologues qui ont prescrit jusqu'au dernier moment de la rosiglitazone... Enervement aussi à l'égard des médecins généralistes qui croient que seuls les médecins spécialistes sont des crétins et prescrivent des crétineries sans intérêt.
Ce post n'a donc aucun intérêt sinon celui de parler de mon grand énervement.
***
Histoires de consultation : Episode 53 : Monsieur A, 38 ans, vient me voir en me disant qu'il est allé aux urgences en raison de violentes douleurs de la région cervicale, qu'il a toujours mal, qu'il est un peu dans le cirage et, avant que je ne voie son ordonnance, je l'examine et je constate un torticolis banal mais très douloureux avec une atteinte du sternocléidomastoïdien et du trapèze homolatéraux avec, peut-être, l'ébauche de l'esquisse d'une douleur radiculaire, toujours homolatérale...
Voici l'ordonnance (l'en-tête de l'ordonnance n'émane pas des urgences mais d'un centre de soins non programmés - c'est l'époque : les aveugles sont mal-voyants, et cetera...- établi dans une clinique appartenant à la Générale des Eaux...) :
  1. Acupan 50 : une ampoule trois fois par jour
  2. Voltarène 50 : un comprimé trois fois par jour
  3. Dafalgan 1000 : un comprimé quatre fois par jour
  4. Myolastan 50 : un comprimé au coucher.
Et Monsieur A avait toujours mal, le salaud !
Ainsi, la prescripteure croyait trop à la médecine et Monsieur A pas assez.

Pour un torticolis !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vous comprends. A votre place j'aurais été pas mal énervée aussi.
CMT

Michel ARNOULD a dit…

Rhôôôôôôô, les nuls!

Au point où il en était, l'urgentiste aurait dû ajouter
- un morphinique, type Skénan 30 LP un cp toutes les douze heures,
- un antidépresseur antalgique, type Laroxyl 50 gouttes le soir,
- sans oublier un collier cervical,
- et une quinzaine de séances de kinésithérapie, de préférence ostéopathique.
Ainsi le malade aurait-il eu quelque chance de voir sa douleur soulagée !

Michel ARNOULD a dit…

Cette après-midi j'ai vu un de mes patients qui, en préopératoire (exérèse d'un kyste sébacé) a été récusé par l'anesthésiste en entrant au bloc. Motif : pression artérielle excessive, menace d'AVC (il avait 18/11 de tension) ; il est sorti avec un RV en urgence chez le cardiologue. (les anesthésistes ne connaissent pas les MG).La cardiologue a reçu le patient, n'a pas cru bon d'appeler le médecin traitant, lui a trouvé une tension « un peu » élevée et lui a prescrit un « petit » traitement pour sa tension : un ARA2. Ce patient que je vois 6 fois pas an, n'a jamais eu d'HTA. Il aura été traité à la 1re mesure anormale, sans MAPA. La quintessence de la coordination des soins et de l'EBM !

JC GRANGE a dit…

@ Michel
Dans ta deuxième réponse il y a 4 aspects : 1) ton malade a eu la trouille, 2) le copinage entre médecins de la même clinique est une pratique "lucrative", 3)la cardiologue est une prescripteure et non un médecin, 4)le médecin traitant est une merdre (pardon pour toi).
Je commence ma consultation du samedi avec autant d'envie que de lire une recomandtion de l'HAS sur les liens d'intérêt.
Bonne journée.

Anonyme a dit…

Non, non. Les médecins généralistes qui essaient encore de bien faire leur travail et de continuer à y réfléchir et àse poser des questions dans le contexte actuel ne sont pas des merdes. Ce sont plutôt des héros ordinaires.
Je leur rends hommage.
CMT