mercredi 31 août 2011

Les gros poussent les innocents médecins à prescrire de l'epitomax.


Les gros, les obèses, les IMC graves mais également ceux qui se croient gros, ceux qui croient que leur ventre est gros, qui croient que leurs hanches sont grosses, qui croient que leur estomac est gros, qui croient qu'ils sont moches parce qu'ils se sentent gros, ceux qui croient que les autres les trouvent moches parce qu'ils sont gros (et qui ont raison car il existe une dictature de la non grosseur, une dictature qui est à la mesure de l'augmentation considérable du nombre de gros, les crétins parlent d'épidémie d'obésité, le même genre de crétins qui nous ont parlé de pandémie à propos de la grippe A/H1N1), ceux, les gros ou les pseudo gros, qui n'en peuvent plus de ne pas ressembler aux mannequins anorexiques et cocaïnés qui défilent sur des podiums sans se rendre compte qu'il s'agit de cadavres ambulants dont on s'offusquera plus tard autant que nous nous étonnons aujourd'hui des femmes fortes peintes par Ingres, tous ces gens là, ces femmes et ces hommes, innocents obèses, innocents gros, innocentes victimes de l'IMC (Index de Masse Corporelle), ou innocents futurs obèses que l'on va désormais rechercher jusque dans les maternités, jusque dans les classes maternelles, jusque dans les consultations de PMI, voire jusque dans dans les cabinets de médecine générale, ces nourrissons prédisposés, ces jeunes enfants prédisposés, ces jeunes ados disposés, que l'on va détecter avant même qu'ils ne deviennent malades, comme de jeunes futurs délinquants, mais, dans ce cas personne ne fait de pétition, pas de psychiatres de gauches, d'extrême-gauche ou du centre ou de la droite républicaine, pour prendre la parole, alerter les réseaux sociaux, dénoncer l'arbitraire ou le totalitarisme de la droite au pouvoir qui ferait le jeu du Front National, non, tout le monde est d'accord, mieux vaut prévenir que guérir comme dit l'adage populaire qui se trompe encore une fois, tout le monde approuve depuis bien sûr les nutritionnistes (mais c'est leur pain et leur beurre) jusqu'aux assistantes sociales et aux puéricultrices : Maigre est Beautiful... Donc, les gros, les grosses, les obèses, les presque gros, les presque grosses, veulent MAIGRIR et comme tous ces braves gens ont du mal à y arriver, il est vrai qu'il est difficile de résister à la société de consommation, à l'armada des publicités télévisuelles pour céréales et autres jus gazéifiés, à l'armada des panneaux pour chocolats et gâteaux, qui enlaidissent les rues des villes et des campagnes, à l'armada des Mc Do et autres endroits de perdition où, non contents de manger avec les mains, les doigts et le reste, on avale des calories comme on mange des vitamines, eh bien, tous ces gens que l'on pousse à consommer, la consommation, arme du développement économique, ces gros qui n'arrivent pas à maigrir, qui s'épuisent à tenter de maigrir, qui sont incapables, pauvres petites choses droguées à la graisse et au sucre, des malades, vous dis-je, d'arrêter de manger, de faire de l'exercice physique et de penser à autre chose qu'à faire le yoyo entre la boulimie et l'anorexie, ces gros, ces obèses, qu'est-ce qu'ils font ? Lassés de ne pas pouvoir maigrir de façon autonome, ils se lancent dans la voie de l'hétéronomie, après avoir été inondés par la propagande consumériste ils se raccrochent à la propagande médicale : l'obésité est une maladie, manger est une addiction et il n'y a que les médecins et la médecine qui sont capables de les guérir. Au cas où (mais il est fort improbable qu'un médecin normalement constitué puisse renoncer à faire le malin et à ne pas proposer un régime), ils achètent des armes dans la première armurerie venue, ils accrochent des cartouches à leur ceinture, ils se munissent de couteaux à cran d'arrêt ou de couteaux de chasse (selon les régions), voire de kriss, et ils prennent rendez-vous dans des cabinets de médecine, chez des médecins normaux avec une tête, deux bras, deux jambes, un cerveau et un stéthoscope autour du cou, et, après avoir exposé leur cas de façon convaincante (je ne mange rien et je ne peux maigrir tout en courant trente kilomètres par semaine), et c'est très facile de convaincre un médecin de médicaliser la perte de poids comme d'ailleurs la prise de poids, car les médecins n'aiment pas les gros, toutes leurs études de médecine leur ont seriné cette haine farouche, eh bien ils demandent à ces médecins de les faire maigrir tout en commençant par leur dire qu'ils ont tout essayé. Ils sont armés car on ne sait jamais, au cas où ils tomberaient sur un médecin qui est au courant et des dangers des régimes et des dangers des médicaments miracles.
Les médecins regardent ces citoyens qui peuvent aller de l'obèse au très maigre qui veut perdre son gros ventre et, nonobstant le fait que faire maigrir les citoyens, de nos jours, quand on est réaliste et que l'on a une expérience correcte et des dossiers bien tenus, est d'une désespérante difficulté, et les médecins prennent des pauses de grands docteurs obésologues, endocrinologues ou autres et vendent leur salade. Ces médecins inconscients de leur impuissance promettent monts et merveilles en oubliant qu'il y a plus de gens qui perdent du poids sans médecins qu'avec l'aide de la faculté et finissent par perdre leurs citoyens qui se croient malades quand ils se rendent compte qu'ils ne cessent de grossir avec les années.
Mais il faudrait quand même que j'en revienne à mon propos initial.
Les médecins sont désormais démunis. Comment faire ? On leur a retiré le ponderal, on leur a retiré l'isoméride, on leur a retiré le mediator. Que vont-ils devenir ? Déjà que le régime Dukan leur retire des patients, déjà que les émissions de Jean-Michel Cohen et celles où apparaît Jacques Fricker (qui a son régime et qui doit savoir de quoi il parle tant il paraît souffreteux), leur enlèvent le pain de la bouche, comment vont-ils faire vivre leur petite famille qui se nourrit bio et qui ne met jamais les pieds ou les dents dans les restaurants "rapides", rapides signifiant faisant rapidement grossir ?
Et c'est ainsi que la litanie des citoyens en surpoids (j'ai enfin retrouvé la litote adaptée à nos temps modernes), entre dans leurs cabinets par effraction, et je ne parle pas des hypertendus qui doivent maigrir, des diabétiques qui doivent perdre du poids comme les arthrosiques, les rhumatisants, les goutteux ou les cardiaques, les FORCENT à prescrire des produits hors AMM.
Il y avait, pour maigrir, les amphétamines et maintenant apparaissent les antiépileptiques et les antimigraineux sous la forme de l'Epitomax ou topiramate.
Voilà que l'Agence du médicament se met en chasse et met en garde : ICI.
Rappelons ici que l'Epitomax est aussi un mauvais antimigraineux comme le disait déjà La Revue Prescrire en 2006 :
Topiramate - Epitomax°. En prévention des crises de migraine : mieux vaut s'en passer
Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 252
Voilà : certains médecins innocents (je n'ai pas écrit : les mains pleines) sont incorrigibles : ils ne savent pas résister à la pression de leurs patients. Et gageons que n'ayant pas cessé de faire des cauchemars en pensant aux valvules mediatorisées de leurs patients, ils vont recommencer à craindre les effets indésirables du topiramate : troubles neurosensoriels et cognitifs (ralentissement psychomoteur, manque de mots, difficultés de concentration, troubles de la mémoire).
Mon portefeuille en bourse comprend à la fois des actions Big Junk Food et Big Pharma : la boucle est bouclée. N'oubliez pas des actions Small Pharma (les génériques ont le vent en poupe).


16 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ces mots: "mannequins anorexiques et cocaïnés qui défilent sur des podiums sans se rendre compte qu'il s'agit de cadavres ambulants" - je le pense et le dis depuis des années!

D'un coté cette maigreur qui ressemble à ceux libérés des camps de concentration (désolé) et d'un autre coté on ajoute du silicone par-ci, par-là pour avoir des seins, un fessiers, des lèvres pulpeuses.

A mon avis ce n'est ni naturel ni beau, ni sain (bonjour la santé défaillante massive suite à cette mode) et les hommes préfèrent majoritairement les femmes avec des rondeurs (et sans risque d'avoir des bleus).

Pour maigrir, c'est une industrie puissante qui fait vivre beaucoup (les journaux, les magasins avec leurs produits dites diététiques, les boutiques de mode (où sans prendre du poids, la taille des vêtements augmente depuis quelques années), les club de fit-ness, pour ne citez qu'eux). Tous gagnent sauf la santé et les gens qui ont vraiment un problème avec le poids.

Effectivement, manger sans mauvaises consciences permet de ne pas grossir. Il faut garder la notion du plaisir et du bonheur des aliments, préparer et cuisiner soi-même (éventuellement cultiver dans son jardin), accepter et prévoir des petits pêchés de la table. En contre parti, il faut quotidiennement marcher une demi-heure.

L'IMC n'est qu'un indicateur et pas infaillible comme me l'a dit mon endocrinologue. L'IMC ne prend pas en compte la masse musculaire de la personne et ca peut faire ne belle différence.

Bonne fin de journée
Chantal

Marietoune a dit…

Mmmmm en parlant d'IMC la pédiatre nous a indiqué que notre bébé de 3 mois était au dessus de cette courbe à la con.

Il est 100% allaité, je mange plutôt sainement (ni soda ni plats pré-cuisinés, juste un peu beaucoup de chocolat mais bon) et les 2 aînés sont assez maigres...

C'est quoi ces courbes à la con dans les carnets de santé????????

JC GRANGE a dit…

@ marietoune
Vous avez raison de ne pas être contente.
Je voudrais signaler également que la mode pédiatrico-puericulturale (c'est un néologisme) de laisser les bébés manger quand ils veulent a fait plus de dégâts que de bien.
Je m'attends à une volée de bois vert.

CMT a dit…

Bien sûr, bien sûr. Les effets de mode et les doctrines à géométrie variable nuisent beaucoup à la crédibilité de la médecine en général et la pédiatrie ne fait pas exception.
Une consoeur a été applaudie par les professionnelles, lors d’une journée sur l’allaitement, lorsqu’elle a déclaré, à la tribune, que l’allaitement à la demande est surtout l’allaitement à la demande de la mère. Il faut, en toutes choses, raison garder et être capable de concevoir que les choses doivent se faire progressivement et que le bébé est un être en évolution permanente et très rapide, et que cette évolution vise naturellement à atteindre, quoiqu’on en aie, une autonomisation, y compris par rapport à la mère.
Un bébé qui grossit beaucoup à trois mois et qui a un allaitement maternel exclusif n’est pas inquiétant en soi. Il faut regarder les parents, voire les grands parents, les oncles et les tantes. Presque toujours il y a des personnes très grandes dans la famille proche. Le poids et la taille à la naissance étant sans aucun rapport avec le poids et la taille à l’âge adulte, il y a comme un rattrapage à faire pendant les premiers mois de vie. Cela donne des bébés gloutons et qui grandissent parfois de manière très impressionnante, qui peuvent avoir la taille et le poids d’un bébé moyen de un an à six mois.
En revanche il m’est déjà arrivé plusieurs fois d’arrêter les céréales chez des bébés plus grands, parfois conseillées par des pédiatres bien intentionnés et « visités », devant des bébés qui s’étaient mis à gonfler comme des montgolfières.
Donc, un bébé de 3 mois au dessus de la courbe d’IMC et ayant un allaitement maternel exclusif n’est pas inquiétant en soi. Mais si, à trois mois, il n’y a encore aucun rythme dans l’allaitement. Si celui-ci se fait de manière totalement anarchique et « à la demande » cela commence à m’inquiéter un peu.
Les courbes d’IMC « à la con » sont tout de même un moyen visuel et bien utile pour indiquer aux mamans, toujours bienveillantes, que l’heure de la défusion a sonné. Tout en les rassurant sur le fait que beaucoup d’années vont encore s’écouler avant que bébé devienne grand, n’ait plus besoin de ses parents et quitte la maison. Et aussi leur faire comprendre que le bébé n’est pas simplement une sorte de réceptacle qu’on doit remplir en permanence de nourriture et d’amour, mais aussi une personne à éduquer qui doit s’autonomiser donc se détacher et apprendre à vivre par et pour elle-même.
La doctrine de l’allaitement « à la demande » et ad vita eternam n’est finalement que la négation pure et simple du besoin d’autonomisation du bébé, tendant à rendre le bébé indéfiniment dépendant de la mère. Certaines contraintes libèrent.

DB a dit…

Les médecins qui prescrivent des antiepileptiques (pour maigrir!) devraient etre sanctionnés par la SECU ou autre...Tiens, 5000 euros par ordonnance ! Je sens que ce serait très efficace pour lutter contre la PRESSION des "patients"....;)
DB

Anonyme a dit…

CMT a écrit:
"La doctrine de l’allaitement « à la demande » et ad vita eternam n’est finalement que la négation pure et simple du besoin d’autonomisation du bébé, tendant à rendre le bébé indéfiniment dépendant de la mère."

Vous faites référence à quoi en particulier ? Vous avez des références pour justifier tout cela, ou il s'agit juste de votre ressenti vis-à-vis de l'allaitement ?

Est-ce que par exemple les norvégiens, dont une grande majorité sont allaités au moins 6 mois, vous paraissent manquer d'autonomie ? Cette idée que "allaitement=fusion" me paraît assez franco-française...

Et il me semble que les raisons pour lesquelles les spécialistes de l'allaitement prônent l'allaitement à la demande les premiers mois n'ont rien à voir avec une éventuelle "fusion", mais plutôt avec la physiologie de l'allaitement, pour que la production de lait s'adapte le mieux possible aux besoins du bébé. Toutes les femmes n'ont pas la même capacité de production de lait, donc espacer les tétées trop tôt peut provoquer chez certaines une baisse de lactation (il n'y a qu'à voir ce que ça donnait dans les années 1970 quand on avait tendance à imposer des horaires fixes de tétées: combien de femmes ont sevré tôt parce que "ah madame, vous n'avez pas assez de lait" ?

Voir par exemple:

http://www.santeallaitementmaternel.com/se_former/comprendre_lactation/comment_ca_marche/dans_le_quotidien/frequence_duree_tetees.php

http://www.santeallaitementmaternel.com/se_former/histoires_allaitement/histoire/histoire4.php

Anonyme a dit…

Autre lien utile (désolée si c'est un peu hors-sujet par rapport à l'article de départ):

http://www.co-naitre.net/articles/LactationhumainGGF.pdf

JC GRANGE a dit…

@ Anonyme anonyme : entrer dans une discussion sur l'allaitement nous entraînerait trop loin en raison des enjeux idéologiques qui sous tendent les deux camps (et je ne fais partie d'aucun des deux)! Quelques mots : l'allaitement maternel à la demande, on le comprend du point de vue de la physiologie de l'allaitement, mais cela pose cependant des problèmes de "fusion" et... de couple... ; l'exemple de la Norvège me paraît fort mal venu... Mais restons-en là pour ne pas "alimenter" de polémique inutile sur l'enfant désiré, sur le genre et sur le plafond de verre... français.
Bien à vous.

CMT a dit…

Désolée JCG de prolonger un peu cette discussion pour préciser ma pensée.
L'allaitement jusqu'à six mois: pas de problème. Jusqu'à un an: pas de problème.
Mais les mouvements comme la leche league prônent un allaitement jusqu'à deux ans et pourquoi pas au delà, un allaitement conjoint, un a chaque sein, de l'aîné et du plus petit; pourquoi pas? et aussi que le grand de trois quatre ans ne soit pas privé de venir faire un "câlin" sur le sein de maman à la demande, car ce serait parait-il cruel de l'en priver.
Il s'agit de la défense d'une certaine idée de la mère, comme une sorte de "mère totale". Et objet transitionnel ou espace transitionnel connais pas, puisque la mère est censée pourboire à tous les besoins de l'enfant.
Il est tout à fait licite qu'un nouveau-né réclame et obtienne à manger toutes les 1h30, par exemple. Mais si on reste à des rythmes comme ceux là vers 3 mois il faut se demander si la mère ne répond pas à toutes les demandes de l'enfant par le sein, ce qui n'est pas très bon pour son évolution ultérieure, aussi bien sur le plan alimentaire que psychologique.
Et ce n'est pas un "ressenti" mais un constat: ces bébés deviennent très anxieux, pleurent sans cesse.
Quant au contact prolongé avec les sein je n'ai pas besoin d'expliquer ce que cela signifie pour un être qui, lorsqu'il commence à marcher et à parler, est aussi un être social.
Je pense que les arguments physiologiques pour aller dans ces extrêmes, sont davantage un alibi qu'une raison légitime.

JC GRANGE a dit…

@ CMT. Mais non, mais non, ne vous désolez pas. Je préfère que ce soit une femme qui écrive ce que vous avez écrit : si je l'avais dit, je me serais fait traiter de.. et de ... Je suis d'accord avec vous mais il ne faut quand même pas généraliser. L'allaitement ou le non allaitement sont des prétextes à des interprétations sur les relations mères-enfants qui se passent bien / mal mais, à mon sens, les choses se passent aussi ailleurs, avant et après. j'insiste aussi, mais c'est sûrement un point secondaire, sur les relations dans le couple en post partum.
Continuons ce beau débat.

CMT a dit…

A JCG,
je pense que ce serait bien, justement, que des hommes s'autorisent à s'exprimer sur ces sujets, qui sont la chasse gardée de certains groupes de femmes. Et je pense à ces réunions, conférences, ou colloques sur l'allaitement, où il y a 99% de femmes et où les rares hommes ne sont autorisés à s'exprimer que pour abonder dans le sens des plus extrémistes... Cela préfigure une sorte de peuple des Amazones qui me ferait cauchemarder plutôt que rêver.
Et bien sûr que tout cela a un rapport avec le couple aussi, la plupart des femmes, non extrémistes, sont capables de le reconnaître.
Et de manière générale, cela me révolte toujours lorsqu'un groupe, quel qu'il soit, utilise le bien l'enfant comme un prétexte à une certaine prise de pouvoir ou pour défendre des intérêts inavouables.
Pour tout dire, je compte un peu sur vous pour oser aborder ce genre de sujets avec un point de vue masculin qui apporterait vraiment quelque chose au débat.
Et si vous vous faites traiter de... et de... je prendrai votre défense, soyez rassuré.

JC GRANGE a dit…

@ CMT : je crois qu'il y a une façon de parler de l'allaitement, c'est par le biais du care. Je vais essayer de m'y employer.

Estelle a dit…

Je suis retombée sur cet article un peu par hasard en lisant votre blog (que j'apprécie beaucoup par ailleurs), et il se trouve que j'étais l'"anonyme" du message du 9 septembre (je verrai bien cette fois si j'arrive à signer mon message, l'absence de signature n'était pas voulue).

Je réponds sans doute trop tard, mais je voudrais bien savoir en quoi l'exemple de la Norvège est "mal venu".
En l'occurrence, j'ai cité la Norvège parce que les taux d'allaitement y sont particulièrement hauts, mais on pourrait le remplacer par bon nombre d'autres pays où l'allaitement long est plus courant qu'en France: disons que j'ai l'impression qu'en France, l'allaitement long est tout de suite perçu très négativement, avec bon nombre de clichés, alors que dans d'autres pays c'est plus courant et ça ne choque pas grand-monde...

Je ne vois pas pourquoi l'allaitement à la demande poserait forcément des problèmes de couple (d'autant plus qu'en pratique, c'est quelque chose qui ne dure pas longtemps, quelques semaines voire quelques mois). Les problèmes de couples liés à la présence d'un bébé, quand problèmes il y a, me semblent souvent surtout liés à la fatigue, au manque de sommeil qui rend irritable et susceptible, aux problèmes de répartition des tâches ménagères, etc.

"Mais les mouvements comme la leche league prônent un allaitement jusqu'à deux ans et pourquoi pas au delà, un allaitement conjoint, un a chaque sein, de l'aîné et du plus petit; pourquoi pas? et aussi que le grand de trois quatre ans ne soit pas privé de venir faire un "câlin" sur le sein de maman à la demande, car ce serait parait-il cruel de l'en priver."

En l'occurrence, il me semble que l'OMS aussi prône un allaitement d'au moins 2 ans.

Par ailleurs, je connais plusieurs personnes (dont moi ;-) ) qui ont allaité un enfant plus de 2 ans, et dans la grande majorité des cas, il ne s'agissait évidemment plus d'un allaitement "à la demande" à partir d'un certain âge, les tétées étaient à certaines heures (par exemple matin et soir) et puis voilà. Et le père était tout aussi investi que la mère auprès des enfants.

Je ne connais pas les discours de La Leche League sur le sujet, en tous cas il ne faut pas croire que ce qu'ils disent reflète forcément la situation de toutes les familles où les bébés sont allaités longtemps...


Estelle a dit…

"Il est tout à fait licite qu'un nouveau-né réclame et obtienne à manger toutes les 1h30, par exemple. Mais si on reste à des rythmes comme ceux là vers 3 mois il faut se demander si la mère ne répond pas à toutes les demandes de l'enfant par le sein, ce qui n'est pas très bon pour son évolution ultérieure, aussi bien sur le plan alimentaire que psychologique."

Oui, en général la notion d'"allaitement à la demande" évolue avec le temps: les besoins d'un bébé de 3 mois ne sont pas les mêmes que pour un nouveau-né, la lactation de la mère non plus... Cela dit, d'un bébé à l'autre les habitudes et les besoins varient, et il y a aussi des bébés (en particulier en cas de reflux) qui se sentent plus à l'aise avec de nombreuses petites tétées que quelques grosses, et pour qui la baisse du nombre de tétées intervient plus tard que 3 mois (et aussi des femmes avec une faible "capacité de réserve" pour qui un nombre trop faible de tétées par jour entraînera un manque de lait pour le bébé).

"Quant au contact prolongé avec les sein je n'ai pas besoin d'expliquer ce que cela signifie pour un être qui, lorsqu'il commence à marcher et à parler, est aussi un être social."

Justement, cela m'intéresserait de voir ce que vous auriez comme arguments à ce sujet (en évitant ce qui relève juste du cliché).
Les quelques enfants allaités longtemps que je connais me paraissent tout aussi équilibrés psychologiquement que les autres...

Je me rends compte que le ton de mes messages peut sembler un peu agressif, mais disons que j'ai l'impression que c'est un sujet où il y a beaucoup de préjugés et de clichés de part et d'autre (y compris aussi chez certains défenseurs acharnés de l'allaitement, qui lui prêtent des vertus qu'il n'a pas, ou alors négligent l'aspect quantitatif, par exemple en affirmant qu'il fait baisser le risque de cancer du sein, ce qui est semble-t-il vrai, mais en oubliant de préciser que cette baisse est très faible, de l'ordre de 4% par année d'allaitement...)

Beaucoup de personnes (comme par exemple Elisabeth Badinter dans un de ses derniers livres) ont tendance à considérer qu'allaitement long va forcément de pair avec "femme au foyer", "père mis à l'écart", etc alors que cela relève vraiment du stéréotype à mon avis.
Par ailleurs, pour promouvoir une implication plus égalitaire des jeunes parents dans les soins donnés aux enfants, il vaudrait bien mieux défendre l'allongement du congé paternité que de considérer l'allaitement comme la source de tous les maux (dans la grande majorité des couples où le bébé est au biberon, de toute façon c'est la mère qui donne presque tous les biberons vu que le père doit reprendre le travail rapidement, et en général c'est aussi elle qui lave les biberons, achète le lait, etc.)

CMT a dit…

A Estelle,
Je crois qu’il y a un malentendu à propos de ma position sur l’allaitement et sur ce que vous appelez un allaitement long (je n’ai pas compris à partir de quand commence la notion d’allaitement long pour vous, parce que, à un moment, vous parlez d’allaitement de quelques semaines à qqs mois).
Dans mon travail, je fais mon possible pour favoriser l’allaitement maternel, bien entendu, dès lors que c’est la mère qui l’a décidé, sans contrainte, et je l’aide, dans la mesure de mes moyens et des aides extérieures dont je peux disposer, à mener au bout son projet.
D’autre part, les recommandations de l’OMS sont adaptées aux pays pauvres et l’allaitement jusqu’à deux ans y est certainement un facteur pour éviter la malnutrition.
Je n’ai pas un schéma préétabli que j’applique à chaque mère (p exp, arrêter l’allaitement à 1 an impérativement) mais j’observe la situation de la mère et de l’enfant. Mon expérience (ce ne sont pas des clichés) me montre que l’allaitement prolongé, au-delà de 1 an ou 18 mois, est très souvent un facteur à la fois de fatigue pour la mère, et de défaut d’autonomisation pour le nourrisson. Comme je vois surtout des mères de différentes cultures, il se trouve que l’allaitement leur est aussi socialement imposé et le fait que je leur dise : « maintenant vous pouvez arrêter », que je les autorise, en quelque sorte à couper ce cordon qui maintint la mère et l’enfant dans une relation de dépendance mutuelle, est souvent libérateur pour elles comme pour leurs enfants, qui se mettent à s’autonomiser, à ce moment.
Dans notre société occidentale, la question de l’allaitement s’inscrit dans un cadre plus général, sociétal où la séparation et l’autonomisation de l’enfant pose de plus en plus problème parce que, entre autres, le rôle du père est nié (rôle en tant que tiers séparateur et non en tant que contributeur au maternage).
Ayant fait un DU de victimologie, mais aussi un stage chez des psychiatres très spécialisé dans les questions d’inceste, je suis aussi sensible aux signaux d’incestualité. Je dirais que plus l’enfant grandit, plus il se sociabilise et se rapproche de l’oedipe, plus les bénéfices de l’allaitement sont faibles, d’une part, mais plus les risques de confusion sont grands, avec les risques psychiques qu’ils comportent. L’enfant a besoin de limites pour s’individualiser, s’autonomiser et se structurer, et, entre autres de limites entre son corps et l’intimité des corps des parents.
Bien sûr il ne s’agit pas d’une loi, mais d’un risque qu’il faut prendre en compte, en fonction du contexte. Mais aussi, comme pour les châtiments corporels, qui sont culturellement très bien tolérés en France, les dégâts ne se traduiront pas forcément de manière spectaculaire ou très visible. Ce n’est pas marqué sur le front de l’enfant. Mais de manière plus subtile à un niveau subconscient.

Dursu aral a dit…

Cher Docteurdu16,

Vous n'en dites pas plus sur ces problèmes de maigreur et d'obésité.
Quelles sont, d'après vous, les solutions ou alternatives qu'un MG peut recommander ?