jeudi 7 juin 2012

Contraception masculine réversible : une bonne idée ou une connerie ? Histoire de consultation 121


Madame A, 38 ans, est venue pour "renouveler" "sa" pilule.
Selon moi, chez une femme de trente huit ans sans facteurs de risque particuliers, non fumeuse, il n'y a pas grand chose à faire. Parler de la pluie et du beau temps, s'assurer que les frottis ont été faits en temps et en heure, éventuellement que la pression artérielle est au beau fixe, que le cholestérol est aux taquets...
Nous parlons donc du temps qu'il fait, de la famille (cela fait trente ans que je connais la patiente et un peu plus que je reçois son père et sa mère et un peu moins ses frères et ses soeurs), de ses enfants (je les vaccine et "soigne" leurs rhino-pharyngites), de son mari (cela fait dix ans que je le connais et que je le trouve sympathique).
Incidemment, elle me dit ceci : "Vous avez vu, docteur, ils ont trouvé une pilule pour homme, c'est génial ! Qu'est-ce que vous en pensez ?" Je souris : il y a dû y avoir une brève à la télvision. "Je pense que c'est une grosse connerie. - Oh, docteur, vous n'êtes quand même pas comme ça !"
Il est des moments où il faut surveiller ses propos dans son cabinet, et notamment les gros mots. Et pas seulement quand il s'agit de secret médical. La contraception masculine réversible est une affaire sérieuse. J'ai toujours pensé que c'était une connerie. Mais j'ai souvent eu affaire à des femmes qui ne comprenaient pas que je pouvais dire cela. Le plus souvent, elles trouvaient que c'était plutôt pas mal que les hommes prennent la pilule. Voici leurs raisons telle que je les ai entendues : y en a marre de la contraception asymétrique, il faut que les hommes s'y mettent, on ne parle pas assez des contraintes physiologiques sur le corps des femmes, ça va responsabiliser les bonshommes, ras le bol des effets indésirables, de la prise de poids, des migraines, qu'ils s'y mettent...
Mais il faut être prudent. Dans son cabinet médical lors du fameux colloque singulier et , encore plus en écrivant dans un blog. Si je mets brutalement les pied dans le plat, je vais passer pour un fieffé réactionnaire et / ou un ennemi du progrès, mais, surtout, les féministes vont me tomber sur le dos et se mettre à dos les féministes (sans entrer dans les détails des différentes chapelles, universalistes versus différentialistes, genristes absolues versus genristes relatives, marxistes versus non marxistes, et cetera...) est extrêmement dangereux. C'est dire si mon Tribunal Intérieur n'a pas mis longtemps à se réunir pour savoir si ce propos n'allait pas définitivement me faire basculer dans la cohorte honnie des machistes tombés de l'arbre et déconsidérer tous mes propos, même ceux concernant la hausse des prix ou le changement climatique. Ma dernière heure idéologique n'allait-elle pas sonner ? 
"Vous ne pensez quand même pas qu'il n'y a que les femmes qui doivent être contraintes et que, vous, les hommes, vous puissiez rester à l'écart ? Vous n'êtes pas comme ça, docteur ?" 
Je dois donc m'en sortir pour ne pas passer pour un machiste, cela n'est bien vu ni par la morale commune ni par mon Tribunal Intérieur (celui de Freud).
Dans le cadre de ce colloque singulier je ne peux reprendre tous les arguments que j'ai développés dans ma tête depuis des années et notamment en mode discussion café du commerce contre la contraception masculine hormonale ou non hormonale réversible et qui mériteraient d'énormes développements écrits qui me semblent nécessiter des efforts démesurés.
Voici ce que je dis à cette jeune femme qui est sur le point d'être déçu par son médecin traitant : "Je comprends ton point de vue. Mais, si je peux me permettre, ce qu'il y a de bien avec la pilule prise par la femme, c'est que c'est elle qui mène le jeu, elle n'a pas besoin de savoir ce qu'en pense son mari ou son compagnon... - Mais... avoir des enfants, c'est un projet de couple... - Oui, oui, oui, mais toi, quand tu prends ta pilule, c'est ce que je veux dire, tu es certaine que tu l'as prise, t'as pas besoin de demander à ton mari s'il l'a prise..." Elle fait oui de la tête mais elle ne semble pas convaincue. Il y a quelque chose qui la gêne. J'attends qu'elle se remette à parler, je la regarde et je pense en moi-même : "Je ne peux pas te dire, ma chère A, ce que je pense vraiment, à savoir que la contraception féminine, c'est la meilleure chose qui soit arrivée à la femme depuis les hommes des cavernes, car elle peut désormais décider du moment où elle n'aura pas d'enfant, avec son compagnon ou avec quelqu'un d'autre, du moment où elle pourra en avoir un, et avec qui ou sans qui, et elle pourra même dire l'avoir prise et être enceinte après avoir menti à son compagnon ou à quelqu'un d'autre, et même, ma chère A, je ne peux pas te dire qu'en prenant la pilule tu pourras même tromper ton compagnon en étant certaine de ne pas avoir d'enfant, et cetera... " Je ne lui dis rien car c'est à elle de parler. 
"Mais je fais confiance à mon mari. - Je n'en doute pas. - S'il me dit qu'il prend la pilule je le croirais. - Oui, mais s'il l'oublie, ce sera toi qui porteras l'enfant. - Je pourrais toujours avorter..."
Réponse imparable. "Et puis" continue-t-elle "c'est quand même normal que les hommes prennent du poids, prennent des risques et soient stressés par le fait de ne pas oublier."
Je rédige une ordonnance de pilule contraceptive hormonale réversible pour femme.

(Voilà ce que je n'ai pas dit parce que je n'avais pas le temps : la pilule contraceptive et le stérilet ont modifié profondément l'anthropologie, la sociologie, les moeurs et l'idéologie concernant les rapports hommes / femmes  par le seul fait de rendre les femmes responsables de leur refus d'être enceinte ; on objectera que les préservatifs, et depuis la nuit des temps, ont joué un rôle non négligeable et que, désormais, en raison des risques de sida, ce rôle est redevenu prééminent ; je n'ai pas dit non plus qu'un certain nombre de faits historiques, comme la diminution de la mortalité maternelle par 131 ou de la mortalité infantile par 69 depuis le milieu du dix-huitième siècle jusqu'à nos jours, de faits démographiques comme la transition démographique, ou de faits psychologiques comme la logique de l'enfant désiré, ou moraux comme la dissociation de la conscience, se sont mélangés pour aboutir à une prise du pouvoir de la femme sur sa fécondité. L'arrivée de la contraception masculine hormonale ou non hormonale réversible (ICI) n'est pas à mon avis une bonne nouvelle en général même si elle peut rendre service en particulier, car elle risque de nous faire rebasculer dans un paradigme où l'homme reprendrait la situation en main ; en conclusion : il me semble que cette "pilule" serait une formidable régression pour la condition féminine ; il faudrait, bien entendu parler de la vasectomie mais, d'une part c'est un sujet différent, et, d'autre part, il y a aussi un déplacement de la femme vers l'homme en termes de responsabilité)
(Je n'ai pas parlé non plus, il ne faut pas désespérer Billancourt, des effets indésirables de la pilule contraceptive féminine qui sont tus car, il ne faut pas l'oublier non plus, ce type de contraception arrange effectivement les hommes qui peuvent faire porter la responsabilité d'un "accident" sur la femme elle-même, qui sont tus depuis toujours mais dont il faudra bien parler un jour : modification du tissu mammaire, modification de la libido, sécheresse vaginale, et cetera)

PS - J'espère que j'aurai le courage de m'attaquer à des notions que j'ai évoquées ici comme la transition démographique, la logique de l'enfant désiré ou la dissociation de la conscience qui sont des outils majeurs dans le décryptage de la médecine générale en certains de ses aspects. Sans compter d'autres notions comme les pratiques contraceptives dans la basse vallée de la Seine à partir de 1750 et en France exclusivement, comme le nombre d'enfants par femmes non pas lié au niveau d'instruction de la femme mais du mari... Je remercie les lectures que j'ai faites sur ses sujets avec, en vrac, Hervé Le Bras, Paul Yonnet, Emmanuel Todd et Youssef Courbage et quelques autres qui m'ont aussi ouvert les yeux.

PS (rajouté le 11 septembre 2012) : Curieux propos de Winckler dans une revue grand public : ICI

44 commentaires:

CMT a dit…

Selon une sexologue, que j'eus connu, en tant que formatrice, la contraception et tout le rituel de suivi qui l'entoure est une prise de pouvoir sur le corps de la femme. On laisse la femme choisir à condition de pouvoir continuer à la contrôler et le regard médical se substitue au regard patriarcal du conjoint (êtes vous allée voir votre gynécologue? Avez vous fait votre frottis? Votre mammographie?).
L'indice de Pearls (nombre de femmes tombant enceinte pendant un an d'utilisation) de la pilule est mauvais en utilisation réelle: 6% en moyenne (sur 100 femmes prenant la pilule pendant un an 6 tomberont enceinte) mais bien plus élevé dans certains milieux socialement défavorisés.
Les 2/3 des femmes qui ont une grossesse non désirée utilisent un moyen de contraception, pour 23% (du total) c'est la pilule contraceptive.
Et last but not least: une invention étonnante. Un moyen de contraception masculine révolutionnaire, le caleçon chauffant (ou slip, selon les goûts de chacun). Cette dernière information essentielle je la tiens de mes collègues (femmes) et je leur en laisse l'entière responsabilité. Seul problème, cela peut ne pas être réversible.

Anonyme a dit…

La pillule pour les hommes, jamais de la vie :ils l'oublieraient très facilement !!!Non, c'est à la femme de gerer ses grossesses ...
J'ai donc erré un peu sur internet pour savoir quels moyens contraceptifs utilisaient nos ancetres ..Toutes les cochonneries que les femmes mettaient ds le vagin devaient provoquer des infections et douleurs énormes!
Enfin, le plus intelligent des contraceptifs semble etre "l'étreinte interrompue" ,la sodomie.
Bon, je suis née à la bonne époque :vive la pillule !

JC GRANGE a dit…

@ CMT. Je suis d'accord mais je n'écrivais pas un traité de sexualité... J'ai d'ailleurs abordé sur ce blog, et par l'intermédiaire de Marc Girard et de Marc Winkler, le triste sort du corps des femmes en médecine : http://docteurdu16.blogspot.fr/2010/01/le-corps-des-femmes-en-medecine.html
Les ratages contraceptifs sont peut-être une conséquence de l'aliénation (et une manifestation renforçante et / ou contradictoire de l'inconscient) mais les ravages physiologiques de l'hormonothérapie sont directement une conséquence de la médicalisation de ce corps féminin.
Le silence sur les effets indésirables de la contraception hormonale est à la fois, me semble-t-il, une expression du machisme et une volonté délibérée des femmes qui considèrent que le rapport bénéfices / risques leur est favorable.

CMT a dit…

Là comme ailleurs, je ne suis pas sûre que les décisions soient prises en connaissance de cause .

Anonyme a dit…

Je suis "tranquille" depuis un certain nombre d'années, après être passée de la pilule au diaphragme. Je n'ai jamais pris un gramme avec les différentes pilules, mais le THS a été redoutable : 15 kg en quelques mois !
Ayant vécu à l'étranger pas mal d'années, je suis passée au diaphragme associé à un gel spermicide. A condition d'avoir un gyné patient qui prend le temps d'expliquer le fonctionnement et la pose du "machin". Cela fonctionne très bien.
Après mon retour en France, surprise, ce n'était plus vendu, sans doute pas assez rentable pour Bigpharma, je devais me les faire envoyer.
A condition de bien l'entretenir, le diaphragme dure quelques années.
Je n'ai jamais compris la réaction des gyné français, tout surpris. Evidemment, cela leur ôte les visites tous les 3 mois, beaucoup moins de risques liés à la prise hormonale, donc moins de contrôles.
Si je ne voulais pas d'enfant, c'était mon droit le plus strict et le plus personnel, non négociable. Comme c'était mon droit de ne pas vouloir avaler pendant des décennies des hormones.
Quant à la prise de la pilule pour hommes, comment dire... j'aurais un gros doute !
GB

Anonyme a dit…

Je comprends en partie votre raisonnement, mais ce qui me surprend un peu, c'est que vous avez tendance à faire comme si c'était forcément l'un OU l'autre, la contraception féminine OU la contraception masculine, alors qu'on peut très bien supposer qu'il y ait des cas de figure où les deux conjoints prendraient une contraception: cela diminuerait beaucoup le risque de grossesse non désirée, puisqu'il y aurait sans doute peu de cas où les deux conjoints l'oublieraient en même temps... (Je n'ai pas de références à ce sujet, mais par exemple il me semble avoir lu qu'aux Pays-Bas il était courant que les jeunes utilisent à la fois pilule et préservatif, d'où un taux de grossesses non désirées très bas chez les mineures).

La pilule pour homme serait effectivement une "mauvaise nouvelle" si elle se substituait trop souvent à la pilule féminine. Mais il me semble qu'il y a vraiment des cas où elle pourrait être utile:
-le cas où la femme a du mal à trouver une contraception qui lui convient (ce qui fait que parfois, certains couples en reviennent à la méthode du retrait)
-le cas où celle-ci serait stressée à l'idée d'un éventuel oubli de pilule (ça a été mon cas pendant des années, même si en pratique je ne l'ai oubliée que 2 fois) et où donc le fait que son conjoint prenne la pilule pourrait avoir un effet rassurant
-le cas d'un couple hyperfertile

"Le silence sur les effets indésirables de la contraception hormonale est à la fois, me semble-t-il, une expression du machisme et une volonté délibérée des femmes qui considèrent que le rapport bénéfices / risques leur est favorable."

Il peut y avoir des cas où les gynécologues envoient balader les femmes qui se plaignent à ce sujet, et leur affirment que tout est "dans leur tête" (cela dit, il y a sûrement des cas où une partie des problèmes attribués à la pilule viennent en fait d'ailleurs)...
Et il est vraiment dommage que l'utilisation du stérilet soit encore si mal connue (par exemple, il y a encore nombre de médecins qui refusent d'en poser chez les nullipares).
Cela dit, un inconvénient du stérilet est qu'une fois qu'il est mis, la femme devient là aussi dépendante de son médecin, non pas pour avoir une contraception (puisque le stérilet peut rester en place longtemps), mais pour pouvoir l'enlever en cas de désir de grossesse ou d'effets secondaires.

"Les ratages contraceptifs sont peut-être une conséquence de l'aliénation (et une manifestation renforçante et / ou contradictoire de l'inconscient"

L'inconscient a parfois bon dos...

Ca ne me paraît pas surprenant que certaines oublient de prendre leur pilule, il est difficile de
prendre un médicament tous les jours pendant parfois des décennies sans aucun oubli (par exemple mon mari est diabétique de type I (depuis 28 ans) avec un schéma basal-bolus et oublie de temps en temps sa piqûre d'insuline lente du soir, bien que cela fasse des années qu'il ait le même traitement... Nous ne sommes pas des robots).
Et tout le monde n'est pas logé à la même enseigne: certaines oublient régulièrement et n'ont aucune grossesse, alors que pour d'autres, un seul oubli suffit pour être enceinte.
Il me semble avoir lu récemment qu'en conditions réelles, l'indice de Pearl était meilleur pour le stérilet que pour la pilule, ça ne me paraît pas surprenant.

Anonyme a dit…

Pour anonyme GB: il me semble avoir lu que le diaphragme n'était pas très efficace (indice de Pearl assez élevé), je suppose que c'est peut-être pour cela que les médecins français que vous avez vus étaient surpris ?

Mais votre point de vue n'est pas si rare: j'ai déjà vu pas mal de témoignages de femmes (en particulier sur des forums consacrés à l'allaitement, au maternage, etc.) qui ne voulaient plus de traitements hormonaux (mal supportés ou par peur des conséquences à long terme), ne supportaient pas le stérilet au cuivre (saignements trop importants) ou n'en voulaient pas pour d'autres raisons, et qui se retrouvaient avec comme seuls choix les préservatifs, le diaphragme, le retrait ou les méthodes du type "calendrier", observation de la glaire et du col, etc.

ES

La poule pondeuse a dit…

Je comprends vos réticences sur la pilule masculine (ou une autre forme) mais pour autant je pense qu'on n'a rien à perdre à élargir l'éventail des options contraceptives. Personnellement je suis en couple depuis + de 10 ans, j'ai pris la pilule mais je ne souhaite plus prendre d'hormones, nous sommes revenus à la bonne vieille capote (+ norlevo pour les inévitables ratés). Personnellement je suis moins réticente à une troisième grossesse que mon mari donc je ne verrais aucun inconvénient à le laisser prendre en charge notre contraception...

Chantal a dit…

Je en sais pas si la contraception masculine est une connerie, ce que je sais jamsi je ne laisserais cette responsabilité et me retrouvé enceite ensuite. Je préfére prendre les précaution, prudence prudence est dans ce cas mieux que confiance. Les femmes qui ont des IST, sans voir alleurs, font aussi confiance à leur homme qui est allé voir si ailleurs l'herbe n'est pas plus verte!

Il est absurde de dire qu'un homme est toujours à 100% fidèle, encore moins 100% fiable.

Je ne suis pas une feministe, mais vu le comportement des amis hommes envers leur compagne qui me fait dire en tant qu'ami ou collègue les hommes sont super, en tant compagnon ils sont une plaie!

Bonne journée

Mère Stone a dit…

Votre argumentation se résume à dire que c'est bon pour les femmes que ce soit elles qui gèrent leur fécondité. Ce n'est qu'une affaire d'opinion. Les femmes ont le droit de penser différemment et vouloir que ce soit l'homme qui prenne une contraception. Si on développait la contraception masculine, elles auraient le choix. Elles pourraient toujours, comme vous dites, garder le contrôle et prendre la pilule, même si elles sont avec un homme qui prend également un contraceptif

Borée a dit…

Je rejoins La poule pondeuse pour dire qu'on ne peut que se féliciter de l'élargissement de la palette des possibilités.
Certains femmes, rares, heureusement ont des contre-indications absolues ou relatives à tous les contraceptifs hormonaux et ne tolèrent pas forcément les DIU. Pourquoi ne pas accepter de donner une option supplémentaire à ces couples ?

Pour information, l'implant progestatif est déjà utilisé de manière non officielle chez l'homme avec, apparemment, une excellente efficacité et tolérance.

Anonyme a dit…

@anonyme ES
Le diaphragme est très sûr, à condition de savoir le poser et l'entretenir correctement. J'ai supporté le stérilet que quelques mois, continuer devenait socialement problématique en cas de "fuites" et mon partenaire sentait le fil.
Je crois que les médecins français étaient surpris car ils connaissaient peu et surtout que je les privais de consultations.
C'est très répandu en Scandinavie et en Allemagne. En plus de 10 ans, je n'ai eu aucun problème et je me sentais mieux.
GB

olivier a dit…

Si je comprends bien vous sous-tendez vos arguments par une donnée purement matérielle :
la femme supporte une transformation physiologique pendant 41 semaines, donc elle doit décider seule quand, comment pourquoi.

Et sur ce principe de "c'est pas juste c'est moi qui ai des nausées" vous fondez votre anthropologie personnelle. Je respecte mais n'approuve pas.

D'abord la société tente de pallier à cette "inégalité" : si le futur papa n'a pas de principe moral et quitte la donzelle (pensez-vous qu'ils sont majoritaires ?), il reste responsable de l'enfant devant la loi.
S'il ne fuit pas, alors après la naissance l'inégalité biologique de fait cesse d'exister, la mère malgré elle peut toujours partir et refaire sa vie.

Enfin, puisque vous faites peu confiance au genre humain, trouvez vous plus juste qu'un homme fasse un enfant sans en avertir sa compagne, ou bien l'inverse, avec dans les deux cas une éventuelle pension alimentaire à la clé ?
Pour les nausées il y a Vogal...(r).

Pour terminer, en mettant les provocations de côté, je pense que la procréation est une potentialité du couple fondatrice. Sexualiser et donc discriminer un homme et une femme, c'est rabaisser le couple et son ciment, l'amour.

CMT a dit…

A Olivier
C’est un peu plus compliqué que ce que vous dites parce que en droit français la filiation avec le père n’est automatique que si le couple est marié.
Pour les couples non mariés la reconnaissance de paternité demande un acte volontaire de la part du père (reconnaissance de paternité) entraînant l’exercice de l’autorité parentale alors que pour la mère c’est le refus d’exercer l’autorité parentale qui demande un acte volontaire (demande expresse d’accouchement sous X) sinon elle est tenue d’exercer l’autorité parentale et les devoirs qui vont avec.
JCG a raison de dire que la reconnaissance du droit à l’accès autonome à une contraception (la loi Neuwirth en 1967 , accès à la contraception orale) a été perçue comme un grand progrès vis-à-vis des droits des femmes et a permis aux femmes un certain contrôle de leur fertilité, éventuellement indépendamment du conjoint.
Mais cette liberté va de paire avec une responsabilité et avec les risques de la contraception hormonale, la France étant bien le pays AU MONDE où la contraception médicalisée est la plus répandue (contraception hormonale et stérilet sur prescription) avec plus de 80% des femmes sous contraception utilisant une contraception médicalisée.
Malgré tout le haut taux de fécondité français est largement dû à l’échec de la contraception, puisque quelques 350 000 grossesses non planifiées ont lieu chaque année, la majorité chez des femmes sous contraception, dont 200 000 donnent lieu à des IVG. Et le nombre des IVG ne diminue pas ce qui contraste avec la surmédicalisation de la contraception.
Il faut en conclure que la contraception médicalisée offre des réponses non adaptées à la demande première de la femme qui demande une contraception.
Après, les femmes, dont la situation à l’égard des responsabilités assumées vis-à-vis des enfants et des sacrifices consentis pour les élever n’est pas égale à celle de l’homme en termes de carrière, d’indépendance financière et de temps de loisir, peuvent en arriver, surtout dans un couple stable, à en avoir assez d’assumer aussi les inconvénients et la responsabilité de la contraception. L’inégalité reste encore manifeste et les progrès de l’égalité sont lents.Pour ceux qui en douteraient, la notion de viol entre époux n’est admise que depuis les années 80 90 en France et découle de la jurisprudence. Auparavant c’était la notion de devoir conjugal qui prévalait et il y avait présomption de consentement.
C’est surtout dans ce cadre, en plus des cas où il existe des vraies difficultés pour trouver une contraception compatible avec l’état de santé ou la tolérance de la femme, que la contraception masculine peut avoir un intérêt. A condition que le rapport bénéfice/risque soit correctement évalué et qu’on ne se retrouve pas avec des conjoints qui meurent d’un infarctus à 30 ans ou qui développent une poitrine digne de Paméla Anderson. On a déjà donné avec le THS . Il vaut mieux ne pas s’emballer.
A voir.

JC GRANGE a dit…

Merci pour tous ces commentaires.
On l'aura compris, je ne suis pas "contre" la contraception masculine réversible puisqu'il existera toujours des cas particuliers où les couples on non couples en bénéficieront.
Je voulais souligner l'apport déterminant de la contraception décidée et contrôlée par la femme responsable d'elle-même.
Je voulais rappeler que la volatilité des couples nécessitait que ce soit la femme qui mène la danse.
Je ne néglige pas le fait que les effets inattendus et potentiellement délétères de la contraception hormonale féminine sont a) minorés par les femmes car elles pensent, à tort ou à raison, que les avantages de cette contraception l'emportent sur ses inconvénients, et b) minorés par les hommes pour ne pas avoir à plus s'impliquer dans la contraception...
Je regrette aussi l'excès de médicalisation de la contraception qui empiète sur la responsabilité des femmes mais aussi l'excès de non médicalisation de cette contraception qui rend taboues les conséquences médicales de cette contraception (effets indésirables).
Je regrette également que les gynéco-obstétriciens français (et les généralistes itou) soient aussi réactionnaires et influencés par Big Pharma avec un taux de DIU très insuffisant...
Enfin, mais j'espère pouvoir "traiter" ce sujet à l'occasion d'une histoire de consultation, j'aimerais rappeler que le taux d'IVG ne pourra pas baisser dans les années qui viennent en raison de la logique de l'enfant désiré.
On voit que ce sujet est inépuisable. Merci de commenter encore.

BG a dit…

Faut-il rappeler la position des papes sur le sujet : ils ont toujours été très en faveur de la pilule, contrairement à ce qu'on croit, mais seulement en la gardant serrée entre les genoux...Mais je cesse de plaisanter ! La contraception est liée à la fréquence des émissions de sperme. Est-ce une fatalité absolue liée à la nature humaine ? C'est comme ça, c'est la nature, on ne peut rien y faire.

Certaines traditions, surtout orientales, enseignent depuis des siècles sinon des millénaires, qu'il est possible d'avoir des relations sexuelles bénéfiques sans éjaculation. En France on appelle cela l'union réservée. On en parle sur le net [1]. L'un des avantages est que l'homme s'économise physiologiquement en évitant la perte trop fréquente d'une substance riche en acides aminés, en zinc etc et dont la reconstitution permanente n'est pas forcément souhaitable pour la santé. Autre ''avantage'' non négligeable et qui pourrait être attractif pour certains, qui est que, sauf constitution spéciale type DSK, il est ainsi possible de renouveler l'acte plus souvent.
Je ne sais pas si ça peut constituer une contraception mais j'ai pensé qu'il pouvait être intéressant de rappeler que ça existe et depuis très, très longtemps et que certains veulent effectivement en faire aussi une contraception. Évidemment cela demande de travailler sur soi, c'est ce qu'on aime le moins faire. C'est plus commode de prendre une pilule, même nocive, ça évite de chercher à prendre conscience de son corps et de son fonctionnement pour travailler à modifier les réflexes de celui-ci.

Il y a donc d'une part le potentiel offert par la VIE et que nous ne cherchons pas à connaître et d'autre part les multiples exemples de vies auxquels les individus sont confrontés. Vous les généralistes vous avez à connaître ces multiples exemples de vies, de problèmes et de souffrances. Nous sommes un peu comme des mouches qui vont en tous sens sur une vitre pour tenter de passer à travers alors que la fenêtre est ouverte. Les problématiques et vicissitudes immédiates de nos vies nous empêchent de voir la VIE et les possibilités qu'elle pourrait nous offrir. J'espère que mon propos, qui ne se veut en rien provocateur, ne va pas déclencher des polémiques agressives et virulentes type ''ce sont des doctrines sectaires'' par exemple. Comme je l'ai déjà constaté ici, il n'est pas si facile de proposer des pistes de réflexions ''hors normes''. Pour poster je prends mon courage à 2 mains et je me dis on verra bien...
[1] http://www.etreintereservee.weonea.com/

CMT a dit…

A JCG,
J’espère que tu te lanceras à traiter ces sujets parce que je les trouve passionnants.
En effet, ils sont à la croisée d’un ensemble de problématiques et de concepts, médicamenteux, sociaux, psychologiques, historiques, culturels, juridique. On est vraiment dans ce que je pense être la médecine générale.
Sur ce site, http://www.avortementivg.com/pages/Statistiques_de_lavortement_IVG_en_France-733440.html (diagramme en barres en bas) et sous réserve de l’exactitude des données, toujours compliquées à recueillir pour un acte qui reste encore clandestin dans un certain nombre de cas, on voit tout de même qu’il y a des écarts dans l’évolution de différents pays européens concernant l’IVG.
On constate, en tous cas, que la surutilisation de la pilule en France ne lui confère pas d’avantage particulier en matière de recours à l’avortement alors qu’elle génère une grande dépendance des femmes vis-à-vis des médecins.
La croyance fétichiste que les moyens médicamenteux sont la solution a amené à beaucoup miser sur la contraception d’urgence. Qui n’a pourtant pas entraîné d’amélioration substantielle en matière d’IVG. Tous les moyens investis pour promouvoir la contraception d’urgence n’auront pas été investis ailleurs et, globalement, l’approche médicamenteuse a été encore une fois privilégiée sans que cela apporte de bénéfice vérifiable.
Encore une fois les femmes de milieux défavorisés sont les premières à subir les conséquences de ces approches fondées sur des à priori favorables à la contraception hormonale, de ces solutions stéréoptypées qui leur sont plaquées dessus par les médecins sans tenir compte de leurs besoins et de leurs difficultés.
Les médecins prescrivent la pilule parce qu’ils connaissent mal les autres moyens de contraception et qu’ils ont une représentation fausse des bénéfices.
Quand on regarde le tableau de l’écart entre l’efficacité théorique et l’efficacité pratique des moyens de contraception on voit que c’est la pilule oestro-progestative qui présente le plus gros écart (d’un facteur 60 à 80) entre l’efficacité théorique et pratique http://www.ameli-sante.fr/contraception/efficacite-des-moyens-contraceptifs.html .

JC GRANGE a dit…

@ CMT et à tous.
Je connais ces données et je les ai déjà interprétées mais, me semble-t-il, à tort. Ce qui est intéressant, c'est seulement une piste de réflexion, c'est que, sauf l'Irlande pour des raisons que l'on connaît et les pays de l'ex bloc de l'est (où l'IVG était d'emblée considéré comme un moyen contraceptif), la France a à la fois le plus fort taux de fécondité par femme et un nombre d'IVG élevé (à noter la place de la Suède au dessus de la France). Donc, je ne sais pas s'il faut relier le fort taux de contraception hormonale au nombre d'IVG, je crois plutôt, mais je peux me tromper, que le désir d'enfant est très fort en France (pour des raisons multiples dont le niveau des allocations familiales, le quotient familial, le nombre de places de crèches collectives et familiales, l'existence des classes maternelles quasiment "obligatoires", le pourcentage de femmes qui travaillent ou qui désirent travailler), et ce désir d'enfant désiré, je souligne, n'est pas seulement féminin mais aussi masculin. Ainsi la contraception (presque) définitive (i.e. le stérilet par exemple) est-elle considérée comme un obstacle au désir d'enfant désiré, si j'ose dire, l'oubli de la pilule étant, je pèse mes mots, un acte manqué, redouté mais manqué, un acte manqué "voulu" par la femme et par l'homme...
Mais cela devient compliqué. Pour terminer : la France, encore une fois quand il s'agit de natalité, est à part aujourd'hui comme elle l'était en Europe en 1750 au moment du commencement de la transition démographique... Irréductibles Gauloises !

CMT a dit…

A JCG,
Comme une certaine anonyme du 8 juin à 9h32, j'aurais tendance à me méfier des interprétations psychologisantes tous azimuths (l'enfant ou l'adulte s'est imaginé avoir été violé par son parent à cause du complexe d'oedipe et de son désir inconscient d'avoir un rapport sexuel avec son parent, les enfants dyslexiques expriment une difficulté à dire à travers leurs troubles de la lecture) et je dirais aussi que "l'inconscient a parfois bon dos" et que le grand avantage de cette approche c'est qu'on n'a jamais rien à démontrer, juste à spéculer.Ces théories étant réputées avoir une validité intrinsèque.
Cela fait bon marché de ce que les échecs de la contraception touchent en priorité les femmes de milieux défavorisés, pour qui les enfants sont un poids particulièrement difficile à assumer. Pour le reste, je suis d'accord.
A BG,
C’est sans doute votre côté provocateur qui revient (chassez le naturel…). Mais dans ce coin nous sommes tous plus ou moins provocateurs (dans le bon sens du terme, bien sûr, empêcheurs de penser en rond) et ça nous fait au moins un point commun.
Je me sens un tout petit peu visée.
Mais là, je n’ai rien à dire. La liberté est libre et concernant vos moyens de contraception vous faites ce qui vous convient. Même si,et c’est une opinion, l’idée de s’ »économiser » me semble assez mal coller avec l’essence même de l’activité sexuelle.
Mais je m’étonne toujours (et je m’agace un peu, mais ça, c’est mon problème) que vous n’arriviez pas à faire la différence entre vos ressentis personnels et des faits établis scientifiquement.
Un médecin doit pouvoir apporter à son patient des solutions à ses problèmes de santé sur la base de faits établis scientifiquement et, même, pouvoir expliquer le degré d’incertitude attaché à ces faits.
Moins il est en capacité de le faire, plus l’effet thérapeutique ou favorable ressenti par le patient repose fortement voire uniquement, sur la confiance que le patient accorde au médecin, qui peut-être totalement indépendante des compétences réelles de celui-ci.
Je me révolte autant quand les homéopathes font croire à leur patient que telle maladie, qui guérit de toutes façons toute seule, a guéri grâce à leurs petits granules, que quand les médecins allopathes font la même chose. Et il n’est pas anodin que les patients soient convaincus qu’il faut une médiation médicamenteuse (et médicale, médecine allopathique ou douce) pour accéder à la guérison dans tous les cas.
Il faut un arbitrage extérieur car tout miser sur la confiance et la croyance (confiance réclamée à cors et à cris s’agissant des vaccins) c’est la porte ouverte à tous les abus.
Personnellement je ne crois personne sur parole. Je demande des preuves. Parce que je suis très rationnelle.
Mais je me soigne.

BT a dit…

@CMT:
Doit-on pour autant reléguer par exemple la médecine chinoise millénaire au rang de médecine irrationnelle fondée sur les croyances du médecin et du patient car nous n'avons pas assez de faits établis scientifiquement?
Un esprit scientifique parce qu'il est curieux ( et non partisan) est celui qui accepte aussi les faits non encore démontrés scientifiquement et qui par l'observation et le constat d'éléments s'attachera à comprendre avant de pouvoir démontrer scientifiquement.

JC GRANGE a dit…

@ BT. Le comparatisme est un élément important de l'anthropologie. Je ne sais rien de la médecine chinoise, sinon que, en ce domaine, la Chine s'occidentalise à marche forcée, ce que l'on peut expliquer par le néocolonialisme culturel ou par, plus simplement, une meilleure efficacité de la médecine occidentale post pasteurienne (les habitués de ce blog savent combien je critique le tout médecine et ne peuvent me prêter des intentions iréniques sur notre modèle de médecine)... Le comparatisme, dont un auteur, Iranien de nationalité, islamologue et indianiste, Dariush Shayegan, a beaucoup parlé, est une discipline qui n'est plus à la mode en ces périodes de multicuturalisme, mais nous apprend beaucoup de choses et sur le rôle prépondérant de l'esprit critique non seulement dans les sciences mais aussi dans les relations entre le sacré et les idéologies.
Les théories de BG, telles développées dans ces commentaires, méritent-elles pourtant d'être comparées à celles de la médecine chinoise, je ne le crois pas ?

BG a dit…

Quand CMT dit que le médecin doit apporter à son patient des solutions validées par la science, je le comprends tout à fait. Mais il faut réaliser qu'ainsi elle explicite les limites de la médecine et des médecins. Ce qu'on appelle l'union réservée et l'apprentissage de sa pratique ne peuvent pas être proposés à ses patients par un médecin, il n'en aurait pas le temps. Cela échappe donc à la médecine. C'est probablement là la raison de l'attitude du monde médical qui cherche, plus ou moins consciemment, à s'opposer à tout ce qui permet d'avoir une action sur la santé et la vie qui ne pourrait être géré, contrôlé par la médecine.

Fondamentalement, la médecine s'occupe de la maladie, pas de la santé, ce n'est pas du tout la même chose ! Mais la médecine a décidé de contrôler aussi la santé et même la Vie auxquelles, à force de ne voir que des malades, elle ne connait en définitive pas grand chose. On assiste alors à la médicalisation de la santé qui est certainement une très grave dérive. On constate ainsi que cette médicalisation, même si elle est pilotée par la pharmacie, parvient aussi à influencer les médecins et le public, même les médecins qui veulent s'opposer aux excès de cette pharmacie mais qui, n'ayant en définitive rien d'autre à proposer que les produits de celle-ci, en restent prisonniers.

@ CMT
Comme je le pressentais, il n'est pas facile, même ici, de proposer des pistes de réflexions ''hors normes'', même si celles-ci sont multi-millénaires et véhiculées par des enseignements traditionnels, pratiquées par peu de gens sans doute mais qui pourraient fort bien être intéressantes à étudier.
Permettez-moi de vous faire remarquer que je n'avais pas parlé de mon ressenti sur un tel sujet, je n'en n'ai jamais eu l'intention, vous rigolez !!! Vous devriez lire plus lentement. Pourquoi vous particularisez ainsi à chaque fois ? Pour écarter ce qui pourrait déranger, faire du dénigrement ? Car enfin, si on attend que ce soit publié dans PubMed on risque d'attendre un peu trop longtemps. Il y a longtemps que j'ai réalisé que le Vrai, le Bien et ce qu'on appelle la science ça faisait 2.

Comme le rappelle fort à propos BT le véritable esprit scientifique est de s'intéresser aux faits et non pas de ne regarder que ce qui est publié par une autorité dite scientifique dans des revues avec comités de lecture dont le rôle est d'abord d'écarter ce qui pourrait déranger. La possibilité et l'intérêt de l'union réservée avec la maitrise de l'éjaculation semblent attestés par le fait que cela est effectivement pratiqué et que sa transmission a pu se maintenir au cours des siècles et pas uniquement en Chine mais aussi en Inde, en Iran etc (Tao, yoga...). C'est donc un fait humain et non une théorie qui mériterait d'être étudié et dont j'ai seulement voulu rappeler ici l'existence sans chercher à faire de la provocation. N'étant pas médecin, n'ayant pas de patients à soigner ou à guider dans leurs problématiques de vie, en un mot n'ayant pas le nez sur le guidon et les mains dans le cambouis, j'essaie de regarder autre chose et d'essayer de mieux comprendre le potentiel offert par la VIE.

CMT a dit…

A BT
Vous comprenez bien que vous pouvez tenir ce raisonnement à propos de n'importe quelle pratique, sorcellerie ou autre, qui bénéficie d'une ancienneté suffisamment grande, si votre critère de pertinence d'une approche thérapeutique est l'ancienneté.
Pour reprendre une idée de JCG, les religions aussi sont millénaires. Un grand nombre de personnes ont des croyances religieuses. Mais cela ne veut pas dire que les religions seraient fondées sur autre chose que sur des croyances.
Un esprit curieux n'est pas celui qui accepte une croyance parce qu'elle est millénaire ou partagée par un grand nombre de personnes. C'est plutôt celui qui cherche à comprendre sur quels fondements repose cette croyance partagée.
Trop souvent le besoin de croire inhibe et étouffe le besoin de savoir.Et l'auto et l'hétérosuggestion (publicité, désir d'appartenance à un groupe) jouent un rôle prépondérant dans ce que nous choisissons de croire. C'est pourquoi la simple observation ne peut être un gage de crédibilité pour tel ou tel procédé.
La grande affaire de la médecine est la reproductibilité des résultats. Il faut que les résultats d'un procédé, d'un traitement, soient reproductibles au delà des croyances du patient et du médecin.
La méthodologie scientifique offre une voie pour se dégager des croyances et des influences.

CMT a dit…

A BG,
je ne vous ai pas dénigré. Chacun est libre d'utiliser la méthode de contraception qui lui convient.
Pourquoi ne pas étudier l'union réservée en effet?
J'ai simplement exprimé non pas une réserve scientifique mais une opinion personnelle: à savoir que l'idée que l'acte sexuel ferait perdre quelque chose qu'il s'agirait d'économiser par cette méthode, colle mal avec la nature même de l'acte sexuel.
Mais cette idée que tout ce qui est millénaire, ou appartient à une civilisation que nous connaissons peu serait non seulement particulièrement digne d'intérêt mais probablement essentiellement supérieur à ce que nous connaissons me paraît terriblement conformiste.

BT a dit…

@JCG:

étant beaucoup moins cultivée que vous, je ne savais pas que j'usais du comparatisme . J'essaie toujours de réfléchir en fonction du bon sens mais aussi avec ouverture d'esprit. En choisissant de faire de la médecine, nous sommes guidés par certaines qualités nécessaires, nous devons veiller à ne pas nous transformer en DIAFOIRUS rigides au point de ne pas vouloir comprendre autre-chose que ce que nous avons appris.

@CMT:
le critère de pertinence ce n'est pas l'ancienneté mais l'observation aux antipodes de la croyance, sous-tendue par le constat que cela marche.
Effectivement user de la méthodologie scientifique devrait pouvoir nous dégager des influences et des croyances à condition que les problèmes étudiés reposent sur des fondamentaux en dehors des effets de mode ou du médicalement correct.

CMT a dit…

A BT
Mais le problème c'est que le placébo marche aussi. Sinon tout serait effectivement très simple. L'observation individuelle seule n'est pas à même de faire la différence entre un placébo qui marche et une thérapeutique active qui marche. Et ce que l'on recherche c'est le delta entre les deux.
En revanche, mettre en avant des méthodes non validées me pose un problème de responsabilité et de loyauté envers le patient. Parce qu'en faisant cela je lui demande de déplacer sa confiance de la fiabilité de la méthode vers moi. Il doit me croire parce que c'est moi qui le dis, parce que j'ai cru observer telle chose.

On peut considérer que le patient est libre de croire ce qu'il veut.
En revanche, en tant que médecin, je ne peux pas l'inciter à croire en des méthodes non validées.Juste parce que j'y crois ou que ça m'arrange pour une raison ou une autre (commerciale éventuellement, dans le cas de certains médecins?).

Et il y a, certes, le médicalement correct, mais le "naturellement correct" n'est pas mal non plus. Et avec la médecine chinoise on est en plein dedans.

BG a dit…

Je le répète, l'union réservée est un fait humain que certains pratiquent et disent s'en trouver plus que bien. C'est donc un fait qui devrait pouvoir s'observer et s'étudier. Je ne voulais pas dire autre chose. Selon ce que j'en ai compris à travers mes lecture, l'union réservée n'est pas initialement un moyen contraceptif mais une forme d'échange plus vibratoire et énergétique que physiologique et permettant d'obtenir une joie plus durable et plus stable. Toujours selon ce que j'en ai compris à travers mes lectures (je ne veux pas parler d'expérience...), des pertes trop fréquentes de sperme réduisent l'intensité et la qualité de l'énergie que l'homme peut transmettre à sa partenaire, énergie qui ne passe pas par le sexe mais par la cage thoracique (cœur, poumons, là où l'air et le sang se rencontrent). Alors, don de sperme ou don d'énergie, entre les 2 il faut peut-être choisir ? C'est quoi l'amour ? On parle du coup de foudre qui laisse supposer qu'un échange peut se produire entre 2 êtres alors qu'ils ne se sont pas encore touchés, même la main. Sans aller jusqu'au coup de foudre, beaucoup ont pu expérimenter qu'on pouvait ressentir une forte attraction pour une personne distante.

La maitrise de l'éjaculation permet, selon ceux qui y parviennent, de prolonger cet échange et de le renouveler. Voltaire disait : « per coïtum, animale triste » qui exprime bien la dépression qui suit l'éjaculation. Dans « l'Homme cet inconnu » d'Alexis Carrel, que j'avais lu quand j'étais seulement en classe de troisième, il disait que l'homme (le mâle) atteignait son meilleur niveau quand un grand amour le focalisait et que cet amour ne pouvait se matérialiser.

Il s'agit donc de rechercher une forme plus élevée et plus riche de l'échange et de la qualité de sa vie et en aucun cas une simple contraception même si cela peut aussi en être une si la maîtrise est suffisante. Ce qui correspond parfaitement au titre de l'article : contraception masculine réversible mais avec un tout autre contenu.

Enfin CMT, quand vous parlez d'attitude ''terriblement conformiste'' c'est effectivement de la caricature et du dénigrement de mon propos. Vous semblez avoir découvert cela il y a 2 heures et j'ai commencé à m'y intéresser en 1969 mais vous faites comme si vous saviez tout sur le sujet en prononçant des sentences et des avis définitifs. En particulier vous isolez l'acte sexuel d'un échange d'une autre nature qui peut préexister à celui-ci mais que la focalisation sexuelle peut étouffer. C'est une forme de conformisme à l'ambiance générale actuelle.
Je pourrais citer la chanson de Brassens : les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics ne savent pas qu'ils vivent là le meilleur de leur amour. Ainsi ce sera plus facile pour ceux qui voudront caricaturer mon propos ...

Anonyme a dit…

Pour ma part, je trouve un avantage réel à la contraception masculine, celle qu'un homme qui ne veut pas d'enfant, peut maintenant faire se choix et ne pas dépendre du moyen de contraception de la femme avec qui il est.

La contraception est quelques chose de personnel, l'une ne va pas supprimer l'autre, en revanche, un homme prenant sérieusement sa contraception à lui peut ainsi s'assurer qu'on "ne lui fasse pas un enfant dans le dos".

BT a dit…

@CMT
le problème actuel en médecine si l'on veut être loyal face au patient quant aux médicaments proposés est bien la validité des méthodes et leur interprétation. Pour se positionner le plus "loyalement possible" en proposant des médicaments dont est sûr que les méthodes utilisées soient les plus pertinentes et les sujets de recherche non orientés par les intérêts de l'industrie pharmaceutique, il faut se lever tôt..
Et tout le monde ne peut pas réaliser le travail colossal que vous faîtes sur la vaccination pour élever le débat manichéen pour ou contre la vaccination. Enfin on ne peut rejeter un sujet d'étude qu'après s'y être intéressé soi-même car se contenter de ce qui a été écrit en acceptant de facto que les méthodes utilisées sont non validées nous renvoie finalement à nos propres croyances et non pas à notre esprit critique.

CMT a dit…

A BT
Mon périmètre de prescription est très restreint, comparé à celui d’un médecin libéral. Et je peux alors me permettre de prendre le temps d’assouvir ma curiosité sur ce domaine particulier des vaccins.
Pour le reste ma pratique est préventive, et d’éducation à la santé. Et ce genre de médecine n’intéresse pas du tout Big pharma, dans la mesure où mon travail c’est en grande partie d’éviter que les problèmes de santé surviennent et de faire prendre conscience aux parents qu’ils sont capables d’y contribuer. Contre vents et marées je suis malgré tout persuadée que je fais aussi de la médecine générale.
Les parents nous identifient comme les médecins du conseil et non comme les médecins de l’urgence. Ma position est très différente de celle d’un médecin traitant que son patient vient voir avec un sentiment d’impuissance (je suis malade, je suis amoindri, je ne peux plus faire face), d’urgence (j’ai besoin d’une solution, là, tout de suite) qui entraîne aussi une attente très forte et immédiate vis à vis du médecin qui est du coup placé sur un piédestal, mais que cette position même empêche de prendre du recul. Car il est mis en quelque sorte en demeure de répondre aux attentes du patient sous peine de tomber de son piédestal.
Il est très difficile alors de travailler sur la demande du patient avec toute la pression environnante en termes d’attentes de type consumériste.
Alors que travailler sur la demande, ou plutôt, anticiper la demande, la transformer, la rendre plus réaliste et faire prendre conscience aux parents qu’ils sont pleinement impliqués fait partie de mon travail. Et cela me différencie de ceux qui sont, ou se sentent, tenus de proposer des solutions immédiates, quelque soit le type de médecine, douce ou non, qu’ils pratiquent.
Je pense que nous sommes assez d’accord en somme. Mais à un point près que je veux préciser.
Ce qui me pose vraiment problème, ce n’est pas la curiosité pour des médecines exotiques. C’est l’acceptation de certaines méthodes ou procédés « en bloc », parce que supposés bons à priori. Une fois cette acceptation acquise on peut y enfourner tout et n’importe quoi. La médecine chinoise est bonne parce que chinoise, et millénaire, l’homéopathie est efficace parce que c’est l’homéopathie, les vaccins sont bons parce que ce sont les vaccins.
Cette démarche me paraît antithétique d’une démarche scientifique.
Et si on l’accepte dans un domaine il devient alors difficile de critiquer ceux qui font la même chose dans un autre domaine. C’est croyance contre croyance et on tourne en rond. Et seule une démarche scientifique permet de donner un sens et une issue au débat.

BG a dit…

Il y a la démarche scientifique et l'autorité dite scientifique. Pour exercer, les médecins ont besoin de s'appuyer non pas sur la science ni sur une démarche scientifique mais sur une autorité scientifique afin d'abord de se protéger juridiquement en cas de problèmes avec le patient et aussi, entre-autres, pour que le patient soit remboursé des soins.

Pour qu'une question soit étudiée il faut la plupart du temps un financement. En son absence il n'y aura pas de recherches. Et si ce financement existe et que les conclusions ne sont pas celles souhaitées, l'autorité scientifique s'arrangera avec... C'est exactement ce qui s'est produit, par exemple, avec les études sur le lien entre vaccination hépatite B et SEP avec les avis du CTV, de la commission nationale de pharmacovigilance, de l'Académie de médecine et du comité OMS sur la sécurité des vaccins. Je pourrais en parler très longuement et en détails.

Il y aura ainsi un premier décalage entre ce que dit l'autorité scientifique et ce qu'aurait pu montrer les études. Il y en a un autre entre ce qui existe et pourrait avoir un intérêt et ce qui a été réellement investigué par la démarche scientifique. Faut-il pour autant rayer de la carte tout ce qu'on n'a pas voulu ou pas pu investiguer ? C'est toute la question.

Faut-il que nous, vos clients potentiels, nous attendions dans notre coin, patients et résignés, que l'autorité décide d'accorder un financement pour étudier une question pour avoir le droit de s'y intéresser ? Mais je comprends très bien la position du médecin qui, dans son cadre professionnel de relation avec ses patients, s'en tient à ce qui est validé par l'autorité en place. Mais il faut aussi avoir conscience que c'est une formidable amputation qui, en limitant le champ d'action de la médecine va favoriser les démarches parallèles, conduisant à chercher ailleurs ce qu'elle ne pourra donner. Car la nature a horreur du vide ! Si la médecine ne peut inclure certains aspects de la Vie, la Vie finira par exclure la médecine !

JC GRANGE a dit…

@ Anonyme du 11 juin à 10h25. Votre commentaire est passionnant car c'est un aspect des choses qui est rarement abordé. Merci sincèrement (j'ajoute au passage qu'il est tellement dommage que vous soyez anonyme. Signez désormais l'anonyme du 11 juin).
@ CMT. Je suis le premier à me méfier des interprétations de l'inconscient mais comment ne pas parler de l'inconscient ? Freud, oui, comme un découvreur génial et inspiré ; pour les analystes : joker.
@BG. Vos avis "décalés" me surprennent toujours et m'interrogent. Le monde n'est pas fait d'individus qui se ressemblent. Mais comprenez que je sois prudent.

Frédéric a dit…

@CMT :
"Absence de preuve n'est pas preuve d'absence."
La rigueur scientifique c'est bien. Indispensable à toute démarche médicale honnête. Mais si elle prend les contours d'oeillères qui empêchent d'élargir le champs de la réflexion et de la recherche thérapeutique, alors elle devient à mon avis un obstacle.
La thérapeutique occidentale est fondée sur l'observation des effets médicamenteux au travers du prisme constitué par l'analyse scientifique.
Mais ce prisme ne rend compte que de la fraction de la réalité observable par les outils de la science, de la même manière que l'oeil humain ne détecte qu'une fraction du spectre lumineux.
Faisant ce constat, est-il rationnel de prétendre que tout ce qui n'a pu être observé n'est pas digne d'intérêt ? Ou de cataloguer ce qui n'a pu être observé dans la catégorie "croyances" ? On est pas loin du sectarisme scientiste avec ce genre d'affirmation.

Ceci étant dit, pratiquer la médecine fondée sur les preuves demande déjà beaucoup de temps et d'énergie, et tout le monde n'a pas la possibilité d'étendre sa recherche à d'autres traditions, moi le premier. Quant à verser dans le dénigrement, il y a un pas que je ne franchirais jamais.

Vos travaux me semblent mettre en lumière une évidence criante : le sectarisme et la manipulation des patients à coup de croyances assénées à tort et à travers sont à notre époque largement prédominants et préjudiciables dans notre camp, celui de la médecine occidentale.

J'ajouterai, à titre personnel, que la pauvreté de notre arsenal thérapeutique face à de nombreuses pathologies fonctionnelles représentant une grande part des plaintes reçues en médecine générale, m'incite fortement à m'intéresser à des thérapies "alternatives", qui si elles n'ont pas fait l'objet d'études de grande ampleur (pas de sous pour les labos = pas d'étude, le problème est réglé), n'en sont pas pour autant très efficaces dans des situations bien définies (valeur de l'expérience interne).
Je ne les pratique pas moi-même, mais quand je les propose à un patient qui a fait le tour des spé et s'est entendu dire à tout bout de champs "vous n'avez rien, c'est dans la tête, vous êtes trop stressé", je n'ai pas l'impression d'être malhonnête avec lui ni de lui inculquer mes croyances de façon néfaste.
Vous parlez de l'effet placébo en négatif. Je l'évoque moi positivement, persuadé qu'il représente une grande part de l'effet thérapeutique global, part qui échappe aux instruments de mesure. Si des méthodes ont développé mieux que la notre l'optimisation de la mise en place de cet effet chez le patient, c'est tout bénéfice et je suis preneur.

Enfin, considérant vos propos sur l'ancienneté d'une croyance comme gage d'efficacité, c'est vraiment mal connaître la médecine traditionnelle chinoise que d'opposer ce genre d'argument. Croyez vous qu'une civilisation aussi rayonnante sur le plan culturel et technologique que la Chine s'emploierait à développer une méthode de soin pendant plus de 3000 ans, si celle-ci n'avait apporté des preuves concrètes de son efficacité ?...

Bien à vous,

Frédéric

BT a dit…

@BT

Il n' y a pas de risque d'auto désintégration intellectuelle à pratiquer la médecine sous "obédience EBM" et à s'intéresser aux médecines alternatives à partir du moment ou la prise en charge du patient se réalise suivant un raisonnement rigoureux entrant là dans une démarche reproductible clinique.
On peut finalement pratiquer une médecine complètement farfelue en se servant de méthodes validées et de ce fait risquer "le sectarisme et la manipulation des patients à coup de croyance assénée"en toute conformité scientifique.

CMT a dit…

A JCG, je ne suis pas une anti-psy primaire. J’ai lu Freud mais aussi des auteurs plus « exotiques » comme Paul Claude Racamier ou Gérard Bonnet. Mais je suis gênée quand on utilise la psychanalyse comme une grille de lecture totalisante et parfois bien arbitraire, qui empêche de se saisir des problèmes et de s’y confronter. Quand je parlais d’enfants violés qui étaient supposés avoir eu des fantasmes oedipiens ce n’était pas une fantaisie. C’est la triste réalité de ce qui s’est passé pendant une bonne partie du vingtième siècle avec l’utilisation des théories freudiennes comme support et protection d’une société bienpensante qui ne voulait pas savoir que des parents pouvaient violer leurs enfants.
Je suis très intéressée par les théories sur l’enfant désiré mais je doute que ce soit une grille de lecture effective et suffisante pour permettre une action sur les causes de l’échec de la contraception. Parce que dire que la cause de l’échec réside dans l’inconscient collectif revient à dire qu’on ne peut rien faire. Et cela laisse de côté les différences entre pays, dues à des différences dans les politiques en matière de contraception. C'est-à-dire ce sur quoi on pourrait agir.
A BG,
Quand vous dites que les médecins ont besoin d’autorités pour se protéger juridiquement vous montrez que vous avez une piètre opinion des médecins.Mais je crois que je le savais déjà.
Non. Les médecins ont besoin de bonnes études épidémiologiques sur des sujets d’un réel intérêt en santé publique, comme l’influence des facteurs environnementaux et comportementaux sur la santé. Et pas forcément d’être tenus au courant heure par heure de la progression de la dernière épidémie de grippe. Ils ont besoin d’essais randomisés en double aveugle à la méthodologie irréprochable et dont l’interprétation ne soit pas biaisée par des conflits d’intérêts.
Les recommandations biaisées par des conflits d’intérêts des autorités mettent, au contraire, les médecins en grande difficulté. Parce que cela les oblige à faire des choix cornéliens entre leur auto-protection (ne pas avoir suivi les recommandations pourra leur être reproché) et l’intérêt réel du patient. Du moins quand ils sont conscients que de tels biais existent.

CMT a dit…

A Frédéric
Vous avez abordé un point important je crois. La « pauvreté de notre arsenal thérapeutique ». C’est par là qu’il faudrait commencer. Une réalité que la société refuse de reconnaître. Non la médecine n’est pas un grand supermarché où en cherchant bien on va finir par trouver des solutions à tous les problèmes de santé.
Un autre aspect est que, de manière paradoxale, plus une société est évoluée et plus ses membres sont en bonne santé plus les attentes et la demande sont importantes par rapport au système de santé.
On pourrait faire un raccourci et dire que plus une société est composée d’individus en bonne santé plus la santé est perçue comme insuffisamment bonne.
Qu’est-ce qu’on fait de ces deux constatations ?
Je n’ai pas une opinion négative au sujet de l’effet placébo. L’effet placébo n’est ni bien ni mal, on doit constater qu’il existe. Et il constitue, probablement, la part la plus importante de l’effet thérapeutique ressenti dans beaucoup de cas.
Pour autant le placébo est tel que si on donne un produit qui n’a pas un effet supérieur au placébo à un groupe suffisamment important de patients, puis qu’on le remplace à leur insu par de la poudre de perlimpinpin, l’effet thérapeutique ressenti sera globalement le même. Que cet effet soit minime ou très important.
La question est plutôt celle-ci. Le niveau d’éducation dans notre société n’a jamais été aussi élevé.
Ne peut on imaginer de prendre les patients pour des adultes et de leur faire comprendre que la société ne peut pas nécessairement apporter des solutions à tous les problèmes de santé, organiques ou fonctionnels ? Car si nous continuons à raconter des histoires aux patients nous contribuons à la fuite en avant vers la surmédicalisation.
Dans le pays où la population se médicalise le plus au monde la question mérite d’être posée.
Est-il nécessaire que les patients pensent, soient persuadés, que l’amélioration de leur état de santé passe forcément par une médiation médicamenteuse ?
Je suis convaincue qu’une écoute empathique a un effet supérieur à celui du placébo.
Quant à la médecine chinoise, si on se mettait en devoir de tester de manière systématique ses médicaments ou potions, il est probable qu’on trouverait dans la majorité des cas un effet non supérieur à celui du placébo. Dans d’autres cas un effet peut-être supérieur. Et dans d’autres cas encore des effets différents de ceux attendus, bénéfiques ou néfastes.
Donc la question n’est pas si la médecine chinoise est de la bonne médecine. Je n’en sais rien à priori et j’ai déjà assez à faire avec la médecine classique. Je refuse aussi de me plier au naturellement correct.
La question est est-il encore possible de dire, les patients peuvent ils entendre, qu’il n’y a pas nécessairement de solution à tous les problèmes de santé et d’impliquer les patients dans leur propre prise en charge sans tenter de leur proposer des solutions magiques ?
Ce serait par là qu’il faudrait commencer en tous cas pour mettre un frein à la surmédicalisation.

JC GRANGE a dit…

@ Frédéric. Je tenterai de vous répondre sur 3 points :
1) "la pauvreté de notre arsenal thérapeutique face à de nombreuses pathologies fonctionnelles" : ces pathologies fonctionnelles sont l'expression de la résistance des individus à notre société inhumaine normalisée tant sur le plan des moeurs que sur celui du travail ;
2) l'effet placebo : vous confondez, si je puis me permettre, l'effet placebo qui est assumé à 30 % dans les pathologies fonctionnelles (mais qui peut atteindre 70 % dans l'anxiété et / ou la dépression) et que l'on observe effectivement avec l'utilisation de substances pharmacologiquement actives et l'utilisation d'un placebo pur ou impur. Voici ce que j'ai publié dans le BMJ (je traduis) : Les dangers du placebo
Les tenants et les aboutissants de l'usage du placebo en médecine sont malheureusement oubliés par les médecins, surtout quand il s'agit d'essais cliniques contrôlés. Ainsi, je voudrais souligner plusieurs dangers liés à l'utilisation d'un placebo : cela pollue la relation médecin malade, cela accentue la relation asymétrique -paternalisme- existant entre les médecins qui savent et les patients qui souffrent, cela peut être médicalement dangereux -spécialement quand le but du médecin est de savoir si oui ou non le patient souffre d'une affection organique- et renforce l'arrogance du médecin, infantilisant les patients encore plus. Citons Howard M Shapiro : "Finalement nous avons à considérer ce qui peut être le plus grand danger pour le médecin, à savoir que donner un placebo pourrait lui donner une opinion encore meilleure de ses propres capacités à aider."
3) Que la médecine chinoise soit trimillénaire ne la rend pas plus "occidentale" et EBM et, malheureusement, je ne sais juger qu'avec nos critères occidentaux
Merci encore pour tous ces commentaires enrichissants.

Anonyme a dit…

Je suis l'anonyme du 11 juin et je suis une fille.

Après avoir déposé ce commentaire, ce sujet a continué à trotter dans ma tête.

Pour moi la contraception, masculine ou féminine est indispensable à la liberté de l'humain que nous sommes.

Et la liberté de l'homme est de pouvoir ou vouloir faire ou refuser de faire un enfant. Vous dites que c'est un sujet peu abordé cela m'étonne. Car faire un enfant c'est donner la vie, et en général c'est une responsabilité à vie justement.

Aujourd'hui un homme n'a pas beaucoup de choix. Il peut utiliser ou non le préservatif mais à part cela ? Il doit "faire confiance" à sa partenaire quand c'est une partenaire régulière. Quand elle lui dit qu'elle prend la pilule. Après si un accident arrive ou si elle lui ment quelle solution reste-t-il à l'homme ? Aucune, si la femme veut garder l'enfant, heureusement elle peut le faire sans l'accord de son partenaire. Mais cela implique aussi que l'homme devient père à son corps défendant.

L'avancée de la contraception féminine et l'avortement on rendu la femme libre de maitriser si et quand elle souhaite avoir un enfant. Pour moi la contraception masculine permettra l'équilibre et autorisera ceux qui le désirent de maîtriser aussi cet aspect fondamental qui est de devenir parent ou non.

Merci en tous les cas de ce blog sur lequel je vais souvent mais que je n'avais jamais osé commenter

L'Anonyme du 11 juin

Anonyme a dit…

Ps : j'avais oublié de le dire mais c'est important, pour moi la question de la contraception masculine ne se substitue pas à la contraception féminine c'est un complément pour mettre les deux partenaires à égalité face à un sujet aussi crucial que faire ou non un enfant.

Cela ne signifie pas que la femme doive s'appuyer sur l'homme. Nous sommes individuellement responsables de notre corps et de ce que l'on veut en faire.

Et pour ma part, j'ai choisi de ne pas faire d'enfant mon mari aussi, sauf que lui reste tributaire du risque que je ne change d'avis sans le prévenir alors que moi non. Et ça cela ne me semble pas juste pour lui.

L'Anonyme du 11 juin

Anonyme a dit…

Je suis entièrement favorable à la contraception masculine, du moment qu'elle est fiable.

Il est curieux que les femmes prétendent que la pilule (et d'autres moyens) ont "révolutionné" leur vie : dans quelques années on prouvera ENFIN que l'ingestion d'hormones est une saloperie et que ce n'est pas vraiment un cadeau fait aux femmes.
Et on ose dire qu'elles ont le "choix" ??!! Entre une merde ou une autre, ou encore un autre moyen non fiable.

Mais bien sûr les hommes on n'a pas le droit d'y toucher, on ne leur a pas encore donné ce "droit" merveilleux du moyen de contraception tel qu'il est aujourd'hui donné à la femme : eux ils n'ont pas de merde à avaler !

Dans un couple il faut être deux pour avoir un enfant donc pas de souci de confiance de l'un des deux partenaires. Si les hommes étaient plus impliqués dans la contraception ils comprendraient peut-être aussi du même coup le cycle féminin et seraient plus responsables : j'ai plusieurs amis hommes qui ont des réponses complètement saugrenues sur la sexualité féminine...

Les moyens de contraceptions masculins doivent se développer !!!! Et mieux encore, les moyens de contraception féminins doivent encore évoluer !

Par ailleurs je trouve inadmissible que la médecine prennent les femmes pour des objets : dans de nombreux pays il n'est pas du tout obligatoire de SUBIR des examens tels qu'on le fait en France pour prendre la pilule ! Comme si ça nous plaisait de nous montrer nues et de se faire insérer des objets dans le vagin.
Pour une femme sans risques (non fumeuse, jeune, cholestérol ok), il est inutile d'aller consulter un gynécologue.
Quand vous n'êtes pas malades vous n'allez pas voir votre médecin traitant, c'est la même chose pour le gynécologue.
Les visites "de routine" sont des aberrations pour entretenir le système. Est-ce que les hommes vont se faire fouiller le trou du cul pour le plaisir lors de visites "de routine"??!...Bien sûr que non.

Les médecins abusent de la crédulité des femmes pour imposer ces rendez-vous, chez des jeunes filles (de plus en plus jeunes d'ailleurs et qui n'ont parfois jamais eu de rapports sexuels) !!

Pour conclure je voudrais souligner que malheureusement le corps des gens n'a fait passer que des mains du système religieux aux mains du système médical.

Mon corps m'appartient! Et j'ai le droit entier de ne pas vouloir le livrer à un médecin quel qu'il soit.

Anonyme a dit…

Je trouve étonnant que les femmes ne demandent pas plus le développement de la contraception masculine, ni de la contraception féminine d'ailleurs.

Elles se satisfont de pratiques gynécologiques et médicales qui ont été systématisées et automatisées : la plupart des pratiques gynécologiques ne sont pas justifiées et n'apportent pas de bénéfices notables.
En revanche elles sont souvent mal vécues (à juste titre) et déshonorantes pour leur corps et leur intimité.

La Tellectuelle a dit…

Bonjour,

J'avoue avoir un peu décroché pendant les débats de CMT, BG, JCG (tous ces pseudos quasi-identiques !!)

Un avis de femme, non médecin, deux enfants, personnel et qui n'a pas vocation a être généralisé.

1- pour moi, la contraception masculine ne se substituera jamais à la féminine. Une grossesse est bien plus "impactante" pour une femme, en terme de modification physique. je suis peut-être une chochotte, je sais que ce n'est pas une maladie, mais je considère avoir mis 1 an après chaque naissance à récupérer toutes mes capacités physiques (porter des charges lourdes, courir, force, endurance, etc.)

2- Étant féminisme (= pour l'égalité des sexes), je souhaite que les hommes aient le même droit que moi à la maîtrise de leur fécondité. Cela résoudra les problèmes "d'enfant dans le dos", et remettra le sujet de la venue d'un enfant sur un terrain plus égalitaire.

3- Étant feignasse, je suis fatiguée (à seulement 30 ans) d'assumer la fécondité de mon couple. J'ai envie de mon mari prenne le relais. Voilà 4 ans que j'ai abandonné la pilule (j'en oubliais au moins 1 par mois ...), j'ai fait mes mômes. Et maintenant ? Que choisir ?

Hormones bof, j'ai l'impression que ça influe sur mon désir.
Stérilet au cuivre, je crains les saignements abondants,

Implant, je freine un peu, craignant de ne pas trouver un médecin sachant l'extraire.

Patch, je trouve le rendu dégueu.

Anneau, j'ai testé, je le sens, et j'ai du mal à penser 3 semaines après à l'enlever.

Donc, j'ai remis la fécondité de mon couple dans les mains de mon mari : c'est capote, avec le léger manque de spontanéité que cela crée (et il commence à en avoir marre, coté sensation, mais j'avoue égoïstement que ça ne me dérange pas)


Merci à BG pour ma découverte de l'union réservée, c'est une révélation, je vais me pencher sur le sujet.

Anonyme a dit…

Vous n'êtes qu'un macho. Comment pouvez-vous dire des choses pareilles ? Surtout vous, en tant que médecin, vous devez voir les ravages de la pilule chez beaucoup de femmes, entendre ou lire des témoignages affligeants sur les dangers de tels moyens de contraception. Vous êtes une honte pour la profession. A aucun moment vous n'avez mentionné les problèmes de santé et à aucun moment vous n'avez même effleuré le fait que les hommes pensent trop souvent que les femmes sont dorénavant à leur disposition puisqu'il n'y plus de risque de tomber enceinte (ce qui est faux !). Vous n'avez pris en compte que votre avis de mâle macho et sexiste. Honte à vous !
Je viens de lire votre commentaire en réponse à l'excellente intervention réaliste en quelques lignes bien ciblées sur le sujet de CMT. Vous admettez timidement qu'il y a des risques, mais continuez de penser que nous trouvons cela bien.
J'ai des varices importantes et des problèmes de circulation veineuse depuis mes 22 ans après seulement 4 ans de prise de pilule. D'un seul coup, on m'a dit que ma pilule était trop dosée et que je devais en changer. Trop tard, mes varices et mes problèmes étaient bien là et personne pour m'aider à les résoudre. J'ai tout arrêté un an après et ne prend plus rien depuis. 23 ans après j'ai de gros problème de circulation veineuse qui me gênent en beaucoup d'activités, je dois parfois porter des bas de contention pour ne pas avoir l'impression que mes jambes vont exploser si je reste debout. Quand vous écrivez un article sur la pilule, prenez en compte tous les aspects et pas seulement ceux qui vous intéressent.
Où mon choix, ma liberté dans la prise de pilule ??? Déjà à l'époque, je discutais avec mon petit ami sur la pilule des hommes qui devait soi-disant être bientôt mise sur le marché... et rien à ce jour.
Il n'y a qu'un seul point sur lequel je suis d'accord avec vous : On n'es jamais mieux servi que par soi-même ; laissez la prise de la pilule à des hommes, c'est ce mettre à coups sûrs "dans l'embarras".

JC GRANGE a dit…

@Anonyme du 25 août 2012 à 14 H 23.
Vous avez raison de penser ce que vous pensez puisque vous le pensez Je suis donc un macho.
Effectivement, vous avez aussi raison, la contraception hormonale pose des problèmes de santé aux femmes. Et j'ai abordé ce sujet dans différents posts de ce blog.
Le sujet de mon post n'était pas de condamner la contraception masculine réversible mais d'en relativiser l'impact et d'en souligner, d'une certaine façon, le recul que cela pouvait représenter pour les femmes qui, au lieu de prendre la décision de ne pas être enceinte, s'en remettait encore à la parole de l'homme...
Le commentaire précédent, celui de La Télectuelle était particulièrement intéressant et bien argumenté.
Il existe donc un fait contraceptif féminin qui a rendu la femme plus autonome vis à vis de l'homme et pas seulement de "son" homme ; qui soumet la femme à des effets indésirables (et pas seulement des jambes lourdes, des phlébites ou des embolies pulmonaires mais aussi des modifications de la libido..) ; qui peut rendre l'homme encore moins responsable (mais après tout, la femme peut décider et toute seule et avec lui). La contraception masculine peut et doit responsabiliser le mari alors que la femme est encore plus soumise à son bon vouloir (conscient ou inconscient) mais s'adresse surtout aux couples stables et rend la femme aussi dépendante de ses "instabilités" A suivre.