vendredi 5 août 2022

L'accès au buffet, l'accès aux vaccins.


Martin Parr (1952- )

Qui n'a jamais fréquenté un buffet all-inclusive de petit-déjeuner, de brunch, de déjeuner ou de dîner et qui ne s'est jamais laissé aller à faire comme les autres, c'est à dire manger plus que de raison, s'empiffrer, boire trop, goûter à tout et en laisser plein dans son assiette et dans ses verres ? 

Qui n'a jamais fréquenté un buffet all inclusive en disant à ses enfants d'y aller mollo, qu'il fallait manger et non bouffer et qu'ils finiraient pas être malades ?

Et recommencer le lendemain ?

Mais pas le susursursurlendemain car les rapaces se rendent compte que trop c'est trop, qu'ils commencent à avoir des troubles du transit, que c'est toujours la même chose, que ça manque finalement de goût ou qu'au contraire on finit par se lasser des bonnes choses...

Quand c'est all inclusive, c'est que vous êtes aussi all inclusive...

On pourrait en faire des tonnes sur la société de consommation sur le gâchis, sur l'arrogance des riches, sur le surpoids, l'obésité ou la bêtise pure et simple...

Mais n'oublions pas que le all inclusive ne concerne pas que les super riches de la planète, ce qui serait un moindre mal, le all inclusive concerne les riches, la classe moyenne supérieure et inférieure, et même les ouvriers et les employés de ces mêmes pays riches. Le all inclusive permet aux presque pauvres des pays riches d'aller se bâfrer dans des clubs de vacances dans les pays pauvres en inondant le ciel de kérosène.

Les assiettes tellement remplies que les personnes qui les ont décorées ont du mal à retourner à leur table sans les renverser.

Le pourcentage des personnes en surpoids.

L'appropriation de certains plats de peur de manquer : les desserts capturés ou kidnappés dès le début du repas.

Les personnes qui font des réserves en entassant dans des serviettes en papier des sandwiches pour la route.

Les bousculades.

Les femmes et les enfants après.

Tout le monde connaît. 

On pourrait en faire des tonnes..

Les serveurs et serveuses qui ramassent les assiettes à moitié vides ou à moitié pleines.

Les employés de cuisine qui viennent déverser la bouffe sur les présentoirs.

Je pourrais en faire encore plus et vous citer les "Soprano" où la nourriture est au centre de la vie sociale : le frigo des Soprano, le restaurant des Soprano.


Quant à La grande bouffe...




Et cela se passe près de chez vous...


Mais, vous me voyez venir avec mes gros sabots, je vais vous parler des vaccins anti Covid.

Rappelez-vous aussi les buffets offerts par l'industrie pharmaceutique : comment les médecins se ruaient sur le buffet comme s'ils n'avaient pas mangé depuis trois jours et comment ils bourraient leurs poches de petits fours pour les déguster chez eux aux frais de la princesse...

Car l'allégorie du buffet all inclusive s'applique parfaitement à la distribution locale et internationale des vaccins.

C'est le buffet all inclusive des vaccins.

Les pays riches ont décidé que les vaccins seraient leur propriété.

Les pays riches ont décidé de se servir d'abord. Et chaque pays riche a commencé par lui-même. C'est le contraire de l'altruisme, c'est même une idée très forte de l'extrême-droite : s'intéresser à ses proches d'abord sans tenir compte des autres.

Les pays riches ont commandé tellement de vaccins que l'offre dans les pays riches a été supérieure à la demande et que l'on a dû détruire des vaccins périmés parce qu'il était trop tard pour les offrir aux pays pauvres.






Le 27 mai 2022


Mais quand on détruit des vaccins périmés au Nigeria, c'est peut-être dû à l'hésitation vaccinale, je n'en sais rien, mais c'est surtout dû à l'impéritie des donateurs, à l'impéritie des logisticiens, à l'impéritie des systèmes de santé et de délivrances des soins dans les pays à faibles revenus.

Pas de système de santé robuste, pas de distribution de vaccins et surtout : pas de vaccination..

Mais ce n'est pas vrai que pour les vaccins : ce qui fait un bon système de santé, ce sont certes les soignants, médecins comme non médecins, mais ce sont les infrastructures, les hôpitaux, les cliniques, et le médico-social et l'hygiène (le tout à l'égout), les assistantes sociales et la lutte contre la dénutrition ou contre la faim.

Ce qui se passe avec le vaccin contre la "variole du singe" est encore plus démonstratif du all inclusive des riches.

  1. Cette maladie est endémique en Afrique
  2. Ce n'est donc pas nouveau
  3. Elle ne touchait que des Africains pauvres, très pauvres, dans des zones limitées
  4. On avait un vaccin et on ne vaccinait pas les populations à risque
  5. Maintenant que cela touche les pays riches on vaccine dans les pays riches et on se moque toujours des pauvres des pays pauvres
  6. Le buffet des riches est installé dans des pays où même les serveurs n'ont pas le droit de se servir des restes !




4 commentaires:

Daniel Corcos a dit…

Encore faudrait-il qu'on dispose d'un essai clinique montrant que la vaccination contre le monkeypox est protectrice. Pour l'instant, il est possible aux laboratoires d'engranger des bénéfices sans avoir une preuve d'efficacité.
En ce qui concerne le Covid, l'"altruisme" en matière de vaccination a toujours été motivé par une volonté d'éradication des agents infectieux. On ne voit pas ce même altruisme pour les médicaments. Étant donné qu'il est maintenant clair que la vaccination Covid n'est pas un outil d'éradication, l'"altruisme" des pays développés a été refroidi.

JC GRANGE a dit…

Assez d'accord.
J'avais déjà formulé cela : 1) on ne sait pas quel est le type d'efficacité du vaccin sur monkeypox, 2) on décide que ceux qui avaient reçu un vaccin variole historique ont besoin d'un rappel (sur quelles données ?)
Ce que je voulais signaler : c'est l'égoïsme des pays riches et la tolérance parfaite à cet égoïsme.

Daniel Corcos a dit…

Je mets la question de la vérité avant la question de la morale. C'est son préalable.

Anonyme a dit…

Plus généralement, l'essentiel des prescriptions de vaccins ou autres ces derniers temps relève simplement du besoin de dire qu'on "fait quelque chose" sans avoir le bon sens de se demander s'il n'y serait pas plus prudent de ne rien faire avant d'avoir réellement compris.