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jeudi 19 mai 2016

Brève. De l'art d'être proche et distant.


Je rencontre en ville un patient avec lequel nous parlons de la pluie et du beau temps. C'était hier.
Puis il me dit : "Vous avez vu, Monsieur A est parti il y a quinze jours."
"Parti ?"
"Sa famille ne vous a pas prévenu ?"

Monsieur A, 97 ans, en pleine forme physique et intellectuelle (quelques douleurs pourtant), je le connais depuis 9 ans (je suis allé regarder dans le dossier) et j'allais le voir à domicile une fois tous les deux mois environ, un peu plus parfois quand il avait fait une chute, quand une plaie sur le tibia avait eu du mal à cicatriser, quand il s'est mis à avoir des palpitations. Il était charmant, agréable, c'était un plaisir d'aller le voir malgré tout ce que certains pensent des visites à domicile (du temps perdu, et cetera...). Nous avions discuté ensemble de l'établissement de directives anticipées (voir LA).

Ainsi Monsieur A s'en est-il allé et personne de sa famille ne m'a appelé pour me prévenir.

Peu importe : je garderai le souvenir d'une relation (vraiment non médicale : je tentais de le préserver contre les tentations des médicaments) qui nous faisait plaisir. Nous parlions de l'Italie, des pizzas, du tiramisu, du valpolicella et du temps de cuisson des pâtes. Il avait été cuisinier. Et il était d'origine napolitaine.