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dimanche 3 avril 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 28 mars au dimanche 3 avril 2022. Vaccin, EBM, mammographie, conflits d'intérêts, le mépris des MG.

 

96 % des habitants d'Ile-de-France sont en zones sous dotées en médecins

Efficacité de la troisième dose du vaccin Pfizer. Mais.

Une étude contrôlée menée par Pfizer (ICI) à partir du premier août 2021 sur plus de 10 000 patients (âge moyen 52 ans) ayant déjà reçu 2 doses de Comirnaty, le premier groupe recevant une troisième dose et le second un placebo, montre une "efficacité" à 2 mois sur la transmission de 95 % sans problèmes de tolérance MAIS aucun grave de maladie n'est retrouvé ni dans le groupe placebo ni dans le groupe actif.

Les illusions de l'Evidence Based Medicine. Mais.

Nul doute que cette article du BMJ (LA) pourra faire plaisir à ceux qui trouvent qu'on en fait trop avec les essais contrôlés (et notamment les industriels) qui limitent l'obtention rapide d'autorisations de mise sur le marché, à ceux qui trouvent l'EBM fatiguant, à ceux qui la détestent parce que cela les oblige de lire la littérature et de prendre en compte l'avis des patients. J'ai écrit un texte sur l'EBM : LA.

Mais les conclusions de l'article sont : 

liberation of regulators from drug company funding; taxation imposed on pharmaceutical companies to allow public funding of independent trials; and, perhaps most importantly, anonymised individual patient level trial data posted, along with study protocols, on suitably accessible websites so that third parties, self-nominated or commissioned by health technology agencies, could rigorously evaluate the methodology and trial results.

Vérité en deçà, erreur au delà. Mais.

Therapeutics initiative (University of British Columbia, Canada) (ICI) propose dans le traitement probabiliste des cystites non compliquées de la femme un traitement par nitrofurantoïne pendant 5 à 7 jours et la fosfomycine en deuxième intention si clairance de la créatinine < ou = à 30 ml/mn et/ou intolérance à la nitrofurantoïne. Pas de place pour les autres classes pharmacologiques. Pour plus de précisions en France consulter Antibioclic.

La mammographie 3 D déçoit dans le dépistage du cancer du sein

Cécile Bour (ICI sur le site Cancer Rose) analyse un article états-unien (LA) étudiant la probabilité cumulative de faux positifs après 10 ans de dépistage de la mammographie 3 D par rapport à la mammographie numérisée : la diminution des faux positifs est modeste (- 2,4 % avec un dépistage tous les 2 ans comme en France).

Les conflits d'intérêts des auteurs et des relecteurs des recommandations ne sont pas acceptables

Hervé Maisonneuve (ICI) commente les données d'un article paru récemment (LA) : Analyse des conflits d'intérêts des auteurs et chercheurs participant aux Guidelines européens en cardiologie.



A suivre.

Ne pas publier une étude négative est une fraude scientifique

Ne pas publier les essais négatifs signifie cacher des informations sur l'ineccicacité potentielle d'une molécule mais fausse les résultats des méta-analyses car les auteurs n'arrivent pas toujours à avoir accès aux données de ces essais. Un article états-unien (LA) sur les essais concernant les anti dépresseurs montre :
Among newer antidepressants, transparent publication occurred more with positive (15/15 = 100%) than negative (7/15 = 47%) trials (OR 35.1, CI95% 1.8 to 693)


Mais ça va mieux : Controlling for trial outcome, transparent publication occurred more with newer than older trials (OR 6.6, CI95% 1.6 to 26.4). Within negative trials, transparent reporting increased from 11% to 47%.

Un médecin états-unien qui pratique un humour dévastateur sur la médecine et les médecins.



C'est pas nouveau mais si vous ne connaissiez pas. Et il y a des sous-titres (anglais).  C'est LA.

Hors sujet

Stanley Kubrick : auto-portrait

Une attaque frontale contre la médecine libérale par le président de la CME de l'AP-HP.

Quand vous ne voulez pas parler de vos erreurs, accusez les autres.


Vous pouvez suivre sur twitter les réactions : ICI.

Un rappel sur le mépris à l'égard des MG : LA.





vendredi 10 décembre 2010

INTOLERANCE A LA MEDECINE PREVENTIVE - HISTOIRES DE CONSULTATION : EPISODE 56


Mademoiselle A, 31 ans, je ne la vois pas souvent, de façon épisodique, elle n'a pas de problèmes de santé, elle a une gynécologue qui lui fait "ses" frottis et lui prescrit "sa" pilule (non remboursée), elle me fait un maigre sourire avant de s'installer en face de moi. "Cela recommence" me dit-elle "je fais encore une infection urinaire". Je la regarde sans trop comprendre, mon ordinateur indique une infection urinaire il y a dix-huit mois... Je lui raconte ce que raconte mon logiciel et lui dis qu'une infection urinaire tous les dix-huit mois, c'est quand même pas terrible. Elle ne semble pas d'accord. "Pourquoi je fais des infections urinaires ? - D'abord, tu ne fais pas des infections urinaires, tu en as fait deux en dix-huit mois, y a pas de quoi réveiller un urologue... - Pourtant..." Je lui sers donc mon discours infection urinaire aux femmes qui en ont fait une ou deux, le discours convenu, fait de truismes dans le style 'Les femmes en font plus que les hommes...' ou 'Il faut boire beaucoup', enfin tout ce qu'un officier de santé de troisième zone est capable de raconter... Vous voulez d'autres idées reçues qui sont peut-être vraies ? Les rapports, l'urètre court, le voisinage de la vulve ? Vous connaissez cela aussi bien que moi... Les jeans trop serrés, les petites culottes en synthétiques, bon, je n'insiste pas. Il y en a encore des kilos. Je n'insiste pas mais il est possible que ce que j'ai dit à cette jeune femme soit une pure fumisterie de ragots de revues sponsorisées par l'industrie ou de revues sponsorisées par les bons sentiments et l'hygiène... Où en étais-je ? Merci au lecteur non pressé qui saura me remettre à ma place. Finalement, je préfère écrire ce petit billet et me faire reprendre plutôt que de m'embêter à jeter un oeil sur Internet.
Je n'omets pas de dire que je l'ai interrogée comme tout bon interne de médecine générale qui vient d'apprendre sa question d'internat ; depuis quand ? t'as de la fièvre ? t'as des pertes ? et tout le toutim.
Je la fais pisser dans un gobelet en plastique dans les toilettes de l'établissement (mon cabinet), je lui tends du SHA, le truc qui ne protège pas contre la transmission de la grippe et dont on nous a fait une publicité incroyable jusque dans la plus petite école maternelle du Royaume de Madame Bachelot, je veux dire du nouveau Royaume de Monsieur Bertrand (qui a déjà été roi il n'y a pas si longtemps), et je trempe ma bandelette qui revient leucocytes ++ et nitrites ++. "Bingo !"
Je jette un oeil sur le truc que j'ai donné la dernière fois, hésitant entre "Je te donne la même chose, ça a marché" et le "Tiens, prends ça, ça changera", non sans lui dire de boire et de reboire. Ouf !
Enfin, arrivé à cet instant de notre colloque singulier, il s'est bien passé dix ou onze minutes, je me dis que ce genre de consultation pourrait être évitée à un grand docteur qui a fait de nombreuses années d'études et qui a connu, jadis, le cycle de Krebs par coeur ou qui savait décrire par le menu l'arrière cavité des épiploons, et qui lit le BMJ dans le texte non sans jeter un regard sur le NEJM, toujours dans le texte... jusqu'à ce que Mademoiselle A me montre ce que lui a donné à prendre le pharmacien, entre le moment où elle a commencé à avoir mal, il y a presque trois jours, le moment où elle s'est mise dans la tête qu'elle faisait beaucoup d'infection urinaire, et le moment où elle s'est décidée à consulter son médecin traitant... Du cranberry ! Elle sort un flacon de son sac et me le tend mais elle se rétracte vite : elle a dû voir mon regard courroucé, mon regard agacé, mon regard de grand professeur de médecine générale à qui une vulgaire malade tente d'apprendre son métier. Je me reprends : "C'est ce que t'as donné le pharmacien ? - Oui, il m'a dit que cela évitait les infections urinaires..." Je me reprends encore, toujours cette façon de retomber sur ses pieds avec élégance : "Des études ont effectivement montré que le cranberry, la canneberge en français", je ne peux m'empêcher de faire le malin pendant cette consultation qui devrait être inintéressante, plan plan et tout et tout, mais, comme on dit, c'est dans le trivial que l'on rencontre la "vraie" âme humaine (qui a dit ce truc ?), "avait un effet sur la prévention des infections urinaires récidivantes..." Mademoiselle A prend son air 'Je vous l'avais bien dit' mais je ne vais quand même pas passer pour un crétin aux yeux d'un pharmacien... Je reprends la main : "Comme je te l'ai dit, tu n'es pas sujette aux infections urinaires à répétition. Il y a des femmes qui font deux épisodes par mois, voire plus, celles-ci on peut, éventuellement, leur proposer un traitement préventif mais dans ton cas. - C'est quand même dangereux... - Mais non, ce n'est pas dangereux. C'est gênant, casse-pieds, tout ce que tu veux mais ce n'est pas dangereux. Imagine que tu aies mal à la tête une fois tous les dix-huit mois, est-ce que tu accepterais de prendre un médicament tous les jours ? Non ? - Non.- Mais si tu faisais une migraine deux fois par mois et que cela t'oblige à rester au lit un jour et demi ou deux, te faisant rater ton travail, t'empêchant de t'occuper de ta famille, là, on pourrait te proposer de te prescrire un traitement à condition qu'il soit efficace et qu'il ne provoque pas trop d'effets indésirables. Non ? - Oui. - Donc, dans ton cas, on ne fait rien et quand tu reviendras dans dix-huit mois pour une autre infection urinaire, je te ferai pisser dans un flacon et comme aujourd'hui je te prescrirai des antibiotiques pour une journée... Oui ? - Je comprends mieux. - Mais cela ne t'exonèrera pas de faire attention à boire suffisamment, et cetera, et cetera... - Je jette la boîte ? - Ben, je crois que la poubelle est sa destination la plus conseillée."
Ce qui n'empêche que ce genre de consultation aurait pu se faire ailleurs que dans mon cabinet, que cela m'aurait permis de jouer au grand docteur avec quelqu'un d'autre et que, débarrassé de ces conseils et de ces considérations aussi élémentaires que les tables de multiplication en cours de CM1, je pourrais obtenir plus que 22 euro, bien plus que 22 euro avec une autre patiente et lui éviter, par exemple, de se faire prescrire une pilule non remboursée par son gynécologue.
Mais non, ce n'est pas comme cela.
On en reste à 22.