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dimanche 5 novembre 2023

Bilan médical du lundi 30 octobre au dimanche 5 novembre 2023 : test d'effort, essais cliniques frauduleux, la FDA et ses analyses sur les vaccins, psychiatrie frauduleuse, épaule douloureuse.




Toute personne qui confond corrélation et causalité...

291. Test d'effort chez un patient asymptomatique : Non !


292. Combien d'essais cliniques ne doivent pas être pris en compte ?


Le lien : LA

Dans certains domaines : 25 %

293. Deux analyses de la FDA posent problème et concernent les vaccins anti-covid.


  1. Elles sont de mauvaise qualité (mais elles ne sont pas de moins bonnes qualités que celles qui disaient le contraire auparavant)
  2. La première (LA) indique une augmentation du nombre de crises d'épilepsie post vaccination anti covid par les vaccins Pfizer et Moderna (doses 1 et 2) chez les enfants entre 2 et 4 ans pour le premier et entre 2 et 5 ans pour le second. C'est un signal, pas une preuve.
  3. La deuxième (ICI) indique que la covaccination grippe et Covid augmente le risque d'accident vasculaire cérébral et d'accident ischémique transitoire dans le sous-groupe (analyse post hoc) des personnes âgées de 85 ans et plus. 

Ainsi, ces 2 analyses indiquent des signaux tout en confirmant pour la première le risque de myocardite, mais ce sont des signaux faibles. Elles méritent qu'on aille regarder un peu plus avant.

Ce qui est triste c'est que j'ai signalé ces deux essais sur X et que personne n'en a parlé.

Les vaccinoolâtres, c'est à dire les partisans de tout ce que l'industrie publie sur les vaccins est vrai, il n'y a rien à dire, tout est parfait, se sont tus parce que ces études faible qualité n'allaient pas dans le sens de ce qu'ils prônaient et parce que, s'ils les critiquaient d'un point de vue méthodologique, cela reviendrait à revoir leurs affirmations partir d'analyses de même qualité. Notez que si ces analyses de la FDA avaient concerné le covid et/ou la grippe, ils n'auraient pas contesté la faiblesse de ces analyses !

Les antivaxx, parce que je ne fais pas partie de leur chapelle et parce qu'ils mettent le plus souvent en avant des analyses de mauvaise qualité alors qu'ils ne cessent de critiquer des études de bonne qualité concernant les vaccins.

Les deux signaux sont très faibles. Faut-il remettre en cause, non pas la vaccination, mais la vaccination conjointe covid/grippe chez les 85 ans et plus ou la vaccination des enfants ? 

La vraie question est : est-ce que les structures de pharmacovigilance états-uniennes et... françaises sont capables d'évaluer cela? Sans doute non.




294. Une étude des US National Institutes of Mental Health est frauduleuse : STAR*D (2006).

Elle a coûté 35 millions de dollars.

Elle concerne les différents traitements médicaux de la dépression.

L'American Journal of Psychiatry détenu par l'American Psychiatric Association refuse la rétractation.

L'étude (non contrôlée) rapportait que 67 % des patients étaient améliorés. En réalité : 35 % Ce n'était donc pas un effet thérapeutique probant.

Voir l'affaire expliquée LA.


Photographie : Gordon Parks
Mobile - Alabama (1956)


295. Le docteur Asher a publié dans les années cinquante les 7 péchés des médecins : est-ce que quelque chose a changé ?

Voir LA un article le concernant.

Voici les 7 péchés de la médecine, selon lui : 

  1. Obscurité : cacher son ignorance en utilisant des mots obscurs
  2. Cruauté : en dore trop ou pas assez aux patients
  3. Mauvaises manières : à l'égard des patients, des infirmières ou des collègues
  4. Surspécialisation : incapacité de gérer le cas le plus simple en dehors de son champ d'intérêt
  5. L'amour du rare : quand seulement les cas inhabituels excitent l'intérêt du médecin 
  6. Paresse : comme demander une série de tests avant d'avoir complété l'histoire de la maladie, fait un examen clinique et évalué le patient
  7. Stupidité commune, automatisme médical, l'adhérence stupide aux modes, aux recommandations, aux algorithmes 


(Nous reviendront sur cette décision ordinale qui est explicable pour des raisons juridiques mais qui est un scandale absolu quand on sait les propos que cette personne a déversés sur les réseaux sociaux : fausses informations scientifiques, dénonciations calomnieuses, haine).

Peter Falk, Ben Gazzara et John Cassavetes.

296. Le temps d'un lapin s'intéresse à l'épaule et aux recommandations de la HAS. Ça décoiffe !

C'est LA.

Tout le monde doit écouter les deux kinésithérapeutes : les kinésithérapeutes, les médecins, les non soignants et les patients.





dimanche 29 janvier 2023

Bilan médical du lundi 23 au dimanche 29 janvier : IPA, EBM, IC, Davos, Georges Monbiot, études alakhon, livre blanc de la SFPT, fresques, FDA, Mahmoud Zureik

"Don't fight your demons. Your demons are here to teach you lessons. Sit down with your demons and have a drink and a chat and learn their names and talk about the burns on their fingers and scratches on their ankles. Some of them are very nice."


 33. Les IPA : un combat d'arrière-garde ou d'avant-garde signifiant la mort définitive de la médecine générale ?

  • La formation des médecins, c'est de la merdre en barre puisque les médecins peuvent être favorablement remplacés par des IPA selon des revues de littérature non françaises ((cf. Cochrane ICI)
  • La formation des médecins généralistes, plutôt, c'est de la merdre en barre, qui est, sauf exceptions une formation par l'échec.
  • Echec des connaissances sur le diagnostic et la prise en charge des maladies fréquentes, échec des connaissances sur les facteurs psycho-sociaux de la maladie en général, échec des connaissances sur l'épidémiologie et la prévention des maladies. 
  • Echec qui se traduit par le fait qu'il n'y a pas de médecins généralistes à l'hôpital (j'oubliais que les MG pouvaient devenir, sans avoir une bonne place au concours merdique de l'ECN -- qui est mort et qui sera remplacé par pire -- urgentistes, oncologues, et cetera...)
  • Echec qui se traduit par l'exercice majoritaire de la médecine générale dans le système libéral avec une absence de lois sociales (les femmes médecins libérales n'ont obtenu le congé de maternité que depuis 1995, avec un début de reconnaissance en 1982, avec amélioration en 2006 puis finalisé en 2016 --voir LA et ICI), pas de système d'arrêts de travail avant le 90 ème jour jusqu'à cette année), une absence de respect du code du travail pour les salariés (nombre d'heures de travail par semaine, non respect des repos compensateurs après des gardes) et les revenus les plus bas de tous les spécialistes installés en ville (à l'exception des psychiatres)
Ainsi, comme il existe une crise des vocations, c'est à dire que les internes en médecine générale ont beaucoup de mal à s'installer en libéral et que les offres de salariat sont peu nombreuses, les pouvoirs publics, les mêmes qui, en association avec les syndicats de médecins, ont instauré le numerus clausus en 1972 et ont accumulé les mesures de détestation de la médecine générale, tant d'un point de vue éducationnel que d'un point de vue fonctionnel et administratif, se sont dit : "Comme la médecine générale, c'est de la merdre en barre, remplaçons ces khonnards et ces khonnardes -- n'oublions pas les discours sexistes que les feignasses de MG femmes qui refusent d'être corvéables et malléables à merci et qui, en plus de leur travail exténuant, continuent de faire la lessive, le ménage et les repas --, on  peut très facilement remplacer cette caste masculiniste, libérale, réactionnaire, (là, les pouvoir publics peuvent reprendre à leur compte les insultes répétées des hospitaliers gauchistes -- ouais, ça existe, les hospitaliers et les hospitalières gauchistes qui critiquent le système en avalant toutes les couleuvres du monde dans leurs propres institutions où ne règnent ni le sexisme, ni le racisme, ni le mépris de classe, ni l'exploitation des étudiants en médecine qui ont droit à 80 heures par semaine selon les syndicats, ni l'exploitation des médecins étrangers, j'en passe et des meilleures), droitarde (et, ne m'oubliez pas, j'en connais des gratinés et des gratinées des MG comme ça), eh bien, chères électrices, chers électeurs, on va remplacer les MG par des Infirmières et des infirmiers de pratique avancée (IPA).

Et tout ira mieux dans le meilleur des mondes.

Parlons un peu de la formation des Infirmières Diplômées d'Etat.

Non. 



34. Sept façons d'échapper à l'Evidence Based Medicine (EBM)

Un article dans le BMJ (LA) en fait le résumé (il est évident que les hospitaliers et les libéraux sont en proportion égale 1) à ne pas savoir ce qu'est l'EBM, 2) à la critiquer a priori, 3) à la considérer comme dépassée, 4) à s'en tamponner.

Via @pash22


En 2016 : Eminence Based Medicine vs Evidence Based Medicine : ICI



35. L'insuffisance cardiaque tue.

https://twitter.com/FZores/status/1617649585551446016

Et, bien entendu, tout ce que vous voulez savoir sur l'insuffisance cardiaque sur le blog de Florian Zores : LA



Peu importe le masque pourvu qu'on ait l'ivresse. LA



36. Davos : des "gens" s'étonnent que les super riches se comportent différemment des pauvres...

A Davos les super riches se protégeraient du covid. Et nos ex zérocovidistes de se demander, naïvement, benoîtement, pourquoi ils s'appliquent à eux-mêmes ce qu'ils refusent aux autres.

Analysons les faits. D'après les infos dont nous disposons les super riches exigent le port du masque en lieu clos (et pour leurs employés, chauffeurs par exemple), exigent des tests PCR, prônent la distanciation sociale (il était difficile de croire que les riches ne le fassent pas déjà), et cetera.

Mais les commentateurs éclairés qui montent sur la table en criant "les super riches ! Les super riches !" et non "Le capitalisme ! Le capitalisme !" oublient ou mentionnent peu que la vaccination est recommandée mais non obligatoire. Les super riches ont le droit d'aller travailler non vaccinés et même de se rencontrer.

Nos commentateurs viennent de découvrir que les super riches sont des profiteurs finis mais oublient de dire que ce sont les principaux bénéficiaires d'un système de santé qu'ils accaparent (ils font, eux et leurs familles beaucoup plus d'examens complémentaires, consomment plus de temps médical et plus de médicaments).

Mais nos commentateurs oublient aussi de dire que leur super richesse ne les rend pas obligatoirement médicalement intelligents. On me dit que dans les beaux quartiers, les super riches ont des mammographies annuelles dès 40 ans, des PSA annuels dans les mêmes tranches d'âge et se font poser des stents dans des cliniques ultra privées même quand leur angor est stable...




37. Georges Monbiot en roue libre populiste

Georges Monbiot est un éditorialiste, essayiste et écologiste britannique.

J'ai longtemps été abonné.

Mais quand j'ai lu ce qu'il a écrit sur l'obésité (LA, par exemple), j'ai commencé à me poser des questions.

Son dernier éditorial dans The Guardian (ICI) m'a semblé très démagogique et très moralisateur. A vous de juger 

Pour paraphraser Nietzsche (et sur une idée de Philippe Muray) qui comparait morale et comédie, j'ai paraphrasé : "Inclure la morale dans la médecine signifie prendre de la distance aussi bien de la médecine que de la morale."


Felix Vallotton (1865-1925) Le panier de cerises (1921)


38. Quand les vaccinolâtres vaticinent avec une étude alakhon

Eric Topol, dont on ne rappellera jamais assez qu'il a mis à jour les dangers du Vioxx en s'attaquant à la toute puissante firme MSD, est devenu un ardent défenseur de toutes les études positives qui sortent ici ou là (il ne parle jamais des études négatives car il ne veut pas perdre son statut de progressiste en chef) et il s'est empressé de nous vanter 2 essais montrant sans conteste que le booster bivalent (qui a obtenu son AMM chez les enfants à partir des taux d'anticorps de 8 souris) était efficace sur tout.

Nous parleront surtout de l'essai paru dans le NEJM LA qui compare vaccinés monovalents et vaccinés bivalents.

Quelques questions :

  1. S'agit-il d'un essai contrôlé randomisé ? Non.
  2. S'agit-il d'un essai cas-témoin ? Non
  3. S'agit-il d'un essai prospectif ? Non.
  4. S'agit-il d'un essai dont les données sont extraites de dossiers électroniques sans contrôles physiques des personnes incluses ? Oui
  5. Les résultats sont-ils donnés en réductions de risque relatif ou absolu ? Relatif.
Fantastique. Et tous les fear mongers (les faiseurs de peur) de twitter, je ne les nommerai pas, ils se reconnaîtront, s'en sont donné à coeur joie.

On rappelle CECI sur les risques relatifs :

Voici les résultats en diminution du risque absolu :

Parlons donc du risque absolu pour hospitalisations/décès dans le groupe des 65 ans et plus : il passe respectivement entre mono et bivalent de 0,00081 à 0,00048 et de 0,00034 à 0,00026 ! Pour les autres groupes d'âge, n'en parlons pas.



39. Une étude alakhon soutenue encore pas Eric Topol (Covid long).

Les questions que l'on peut poser sont les mêmes que pour l'article précédent. Mais, là, les résultats sont si stupéfiants !

L'article : ICI.

Est-ce qu'un seul médecin peut croire que 36 % d'étudiants et de personnes jeunes en bonne santé souffre d'un covid long ? 

Sur twitter : LA

La référence danoise : ICI.

Via @FrançoisMaignen


40. Encore des articles alakhon.

Taxonomie des preuves selon leur poids :

Une étude comportant 11 malades (contrôlée avec cross-over : journals.lww.com/acsm-msse/Abst) est mise en avant par un article du journal Le Monde ICI.

Le titre : Marcher cinq minutes toutes les demi-heures est le meilleur remède contre les effets de la sédentarité.

Pourquoi commenter ? 

Mais on a aussi CAL'efficacité de l'exercice physique matinal par rapport à l'exercice physique vespéral est identique pour perdre du poids. Etude randomisée.

Le livre de la semaine +++


41. Une publication majeure de la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique (SFPT)

Un livre blanc intitulé : De la nécessité de la méthodologie dans l'évaluation des médicaments.

Si vous voulez savoir si une étude que vous lisez est robuste, alakhon, entre les deux ou entre les trois, lisez sans faute LA. C'est long, c'est complet, c'est un document de référence.

42. Les fresques des salles de garde

Au-delà des critiques factuelles sur la suppression des fresques dans les salles de garde (le gouvernement, en cette période d'effondrement de l'hôpital devrait faire autre chose que les supprimer, à ceci près, c'est mon commentaire, que ces fresques sont le signe de l'effondrement moral de l'hôpital mais pas un signe archéologique comme les fresques érotiques de Pompéi mais un symptôme profond du masculinisme hospitalier, du sexisme, de l'exploitation des femmes racisées dans les tâches subalternes - ou non.), voici un bel article de Emmanuelle Godeau dans CAIRN Info : LA.

Pompei 79 après JC

PS du 30/01/2023 : François Maisonneuve n'est pas d'accord mais il fait des comparaisons hasardeuses (ICI).

43. Le surdiagnostic n'existerait pas (voir les épisodes précédents)

Dans la BPCO : LA.

Je vous conseille la table 2 : entre 29 et 65 % de sur diagnostics (et de sur traitements) !


44. La FDA accorde l'autorisation à une molécule qui n'a pas fait la preuve de son efficacité : elacestrant.


Lire ICI l'abstract.

Cette étude est mal menée et se fonde sur des critères de substitution.

Attendons donc ce que dira l'EMA.

Attendons donc de lire un article dans le journal Le Monde pour dire 1) d'abord que le produit est miracle, 2) ensuite qu'il est scandaleux que des malades ne puissent en profiter en France, 3) en interrogeant un professeur plein de liens/conflits d'intérêts et 4) les représentants d'une association de patientes cancéreuses.

Et pour donner de faux espoirs.

Une critique plus générale de Jenel K et Gyawali B : LA

Et encore la FDA (via twitter)


45. Le professeur Mahmoud Zureik n'est pas content.


Et il a mille fois raison.


mercredi 28 août 2019

Ce que l'on peut partiellement retenir de juillet et d'août d'un point de vue médical.

Bali : rizières de Jatiluwih (photo personnelle)

C'est un pêle-mêle non exhaustif :
  1. Il n'est pas nécessaire d'indiquer le nombre de séances lors de prescriptions de kinésithérapie : voir ICI. J'ajoute qu'à Mantes et dans son territoire (chic, non ?) les patients reviennent non seulement pour que je prescrive le nombre de séances (j'avais tenté de faire ce que me disait twitter) mais pour les "renouveler". On m'a déjà dit, c'était l'extrême-droite, que le Val Fourré, c'est pas la France, les patients et les kinésithérapeutes doivent avoir un profil particulier.
  2. Les visiteurs médicaux manipulent les médecins (enfin, les mauvais médecins, ceux qui ne savent pas résister aux sirènes des visiteurs médicaux même quand ils sont formés par des Key Opinions Leaders, tout en sachant que les vrais mauvais médecins sont ceux qui ne reçoivent pas les visiteurs médicaux) : voir un article canadien (qui est, selon *** un article d'inspiration complotiste puisqu'il prête des mauvaises intentions délibérées aux laboratoires pharmaceutiques et à leurs salariés) : LA. (Note 1)
  3. Pour faire sens : la crise des opiacés est un exemple en grandeur réelle de ce qu'est la philanthropie humaniste de l'industrie pharmaceutique si elle mêle appât du gain, disparition de l'éthique et hédonisme contemporain. Un entretien avec Richard Sackler de Purdue Pharma : banal ? LA
  4. The Australian Heart Fondation accepte de l'argent de n'importe qui, pas seulement de l'industrie pharmaceutique (on ne peut pas faire autrement, hein ?) mais aussi de la Junk Food Industry. ICI. Tout le monde ou presque s'en fout.
  5. La FDA, l'agence gouvernementale la plus connue dans le monde (on me dit que les fonctionnaires français de l'Agence du Médicament émettent des protestations mezzo voce), permet la commercialisation de molécules qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité ou sur des critères non pertinents acceptés pourtant par les experts de la dite agence gouvernementale en exigeant des études post marketing (après commercialisation) pour confirmer/infirmer le rapport efficacité/tolérance des dites molécules, études qui ne sont soit jamais menées soit menées sur des critères tout aussi impertinents que les précédents : voir (encore) un article canadien ICI.
  6. Les méthodes de la FDA contestées pour la mise sur le marché des médicaments anti cancéreux. Les experts confirment et rien ne changera : ICI. Cela suit en Europe (EMA) et en France. Les oncologues en roue libre. Et merci à F Maisonneuve pour son blog qui se radicalise avec le temps, tant sa prudence initiale est bousculée par les faits.
  7. Combien se faire payer en EHPAD à budget global ? Richard Talbot est un vulgarisateur hors pair de l'enfer administratif. A lire urgemment : LA.
  8. Il existe une liste d'experts indépendants (sans liens/conflits d'intérêts) aux EU d'Amérique que l'agence gouvernementale FDA n'utilise pas (cela pourrait être risqué pour l'obtention d'une AMM, sans doute) : LA.
  9. Article de l'excellente Aurélie Haroche sur la sur médicalisation (ICI) et je me rends compte qu'elle cite Luc Perino qui a "pompé" mots pour mots un de mes billets de blog de 2014 (LA) concernant Jules Romain qui aurait "pompé" Proust : l'albumine mentale. J'ajoute que j'ai moi-même pompé Le dictionnaire amoureux de Proust (mais je l'ai cité). Donc, soit Luc Perino a une mémoire d'éléphant pour se rappeler l'albumine mentale, soit il a lu mon billet, soit il a lu les Enthoven mais il ne cite personne.
  10. Un article qui peut (et va) faire du bruit. Peter Goetzsche a analysé deux essais (LA) rapportant les effets dus à la vaccination Diphtérie/tetanos/polio dans des zones rurales africaines chez des nourrissons sur le critère mortalité globale. C'est renversant car on y apprend que ls données de l'OMS sont manipulées et que le mortalité globale ne varie pas. (Note 2)
  11. Je discute avec un juriste pendant les vacances et je comprends de nombreuses erreurs que je commets en médecine. Sur les conflits d'intérêts, sur la décision partagée. Selon lui (PA), qui se reconnaîtra, la décision partagée en médecine est d'une part une aporie et d'autre part une dérive juridique du droit anglo-saxon qui permet de déplacer la responsabilité des choix du médecin vers le patient.
  12. Le rôle du spin dans les revues leaders en psychologie et psychiatrie est aussi important qu'ailleurs (on se dit d'ailleurs que les spécialistes du spin sont les psys en général : on n'est jamais mieux servis que par soi-même : ICI.
  13. "Militer pour la science", un entretien à propos du livre de Sylvain Laurens qui retrace l'histoire des mouvements rationalistes : LA. Ce qui me permettra de consacrer un billet à : La médecine n'est pas une science.
  14. Les médecins invités à prescrire par l'industrie (cela s'appelle de la corruption) sont aussi invités à ne pas le dire : LAMore than four in ten British health professionals who take money from drug companies don't disclose those payments or say where the money came from. On s'en doutait un peu... 
  15. Au commencement de la crise des urgences certains urgentistes, dont le distingué Thomas Mesnier, avaient stigmatisé l'attitude générale des médecins généralistes (feignants, désorganisés, incompétents), et le rapport du distingué prétendu urgentiste avait proposé des horaires encore plus importants et des gardes encore plus nombreuses et obligatoires. La nouvelle doxa est celle-ci : les généralistes n'y sont pour rien, ce qui manque, c'est l'argent, le personnel et les lits d'amont. Ne vous réjouissez pas trop vite, amis MG, nous continuons à ne servir à rien dans ce système de soins qui va très bien sans nous et comme ce sont les mêmes qui nous font disparaître : tout baigne.
  16. La polémique avec les associations de patients (ou plutôt l'association des associations de patients) qui désiraient une sorte de MedAdvisor pour évaluer les médecins (voir ICI) a tourné court car elles ont prétendu que c'était plutôt SoinsAdvisor, c'est à dire évaluer les soins en fonction des recommandations et des consensus considérés comme neutres a priori. Mais le problème demeure ; ce qui s'est passé avec les opiacés est tout à fait démonstratif du rôle que l'on fait jouer aux associations mais ce n'est pas ici, c'est dans la patrie du libéralisme et du capitalisme triomphants, rien ne peu se passer ainsi en France. Retour sur un article de Vinay Prasad (je précise qu'il ne me verse pas d'argent, qu'il ne m'a pas promis un poste de porteur d'eau à Portland où il exerce et qu'il m'arrive de ne pas être d'accord avec lui...) paru en décembre 2018 sur les relations idéales entre les patients et l'EBM : 

    True Patient Advocates Must Be Students of Evidence-Based Medicine (ICI).

  17. On connaît en théorie la faible valeur explicative des études observationnelles mais on continue de les prendre en considération avec trop d'attention. On nous avait dit que les inhibiteurs de la pompe à protons pouvaient, lors d'une utilisation prolongée, entraîner de nombreux effets indésirables, ce qui avait conduit nombre de confrères à déprescrire (avec des résultats intéressants mais non démontrés) et, surtout à initier les prescriptions pour des temps courts en renseignant les patients. Or, un essai randomisé récent montre le contraire : ICI. Le problème vient de ce que l'étude a été sponsorisée par Bayer et que la liste des investigateurs ayant des conflits d'intérêts avec les firmes commercialisant les IPP est impressionnante. Donc : méfiance sur les premières informations et sur les réfutations ultérieures.
  18. La vitamine D à haute dose ne sert à rien chez les personnes en cas d'ostéoporose  saines et peut même entraîner une diminution de la densité osseuse (trois ans)  : ICI. (J'ai fait cette correction grâce à kyste et à son commentaire.)
  19. La relation sur twitter des grossesses de deux tweetteuses que j'aime beaucoup (qu'elles n'en prennent pas ombrage) m'ont confirmé dans l'idée simple et simpliste que la GPA pose des questions éthiques fondamentales qui, pour moi, sont indépassables. Nous y reviendrons.
  20. Vingt-cinq perles (vérités qui ont mis des siècles à être appliquées et mensonges que l'on nous a fait avaler) depuis 25 ans ! LA pour la première partie.
  21. Et l'aspect juridique des mensonges : un rapport décoiffant (ICI) sur les jugements concernant l'industrie pharmaceutique depuis 25 ans aux Etats-Unis d'Amérique. En 2015, date de publication du rapport, big pharma (voir la note 3 sur le caractère "complotiste" de l'utilisation de ces deux mots) a payé 35 milliards de dollars de pénalités !
  22. Le "problème" des certificats demandés par les assureurs au mépris des règles du secret médical n'est toujours pas résolu. Certes, le Conseil de l'Ordre des médecins a publié des documents ad hoc qui sont, en théorie, d'une grande clarté, mais ils laissent toujours le médecin isolé en son cabinet entre les desiderata des assureurs, l'anonymat le plus fréquent des médecins des assurances, la mauvaise foi de ces mêmes assureurs et l'incompréhension des patients. J'ai rédigé, avec l'aide de confrères, des documents afin de répondre aux demandes mais c'est une perte de temps et une détérioration de la relation médecins/malades...
  23. Un certain nombre de mentions sont faites relatant l'éventuelle dangerosité du vapotage. Comme toujours, en raison d'informations partielles et demandant à être confirmées/infirmées, il faut être circonspect et se poser la question simple du rapport bénéfices/risques par rapport au tabac (si l'on considère que le vapotage est un traitement de substitution et non un mode d'entrée pouvant se substituer d'emblée au tabac). J'avais demandé en 2013 d'être prudent : LA. Réflexion plus générale : en étant prudent on risque moins de se tromper (baclofène, vape, étude sprint...)
  24. Il y a encore plein de trucs...
  25. Rajout du 30/08/19 : Psychiatry defends its antipsychotics: a case Study  of institutional corruption : ICI.



Un des symboles du Québec : le dépanneur  (Montréal)




Notes 
  1. Selon les médecins libéraux (non au sens de l'exercice libérale la médecine, celui qui consiste à subir les contraintes de l'Etat sans profiter des avantages du mode libéral, mais au sens de l'acceptation aveugle et sourde de la loi d'airain du marché) il existe deux types de médecins résistants à la visite médicale : ceux qui ne la reçoivent pas et qui sont donc ignorants et mauvais par principe puisqu'ils ne sont pas immédiatement mis au courant des dernières innovations qui vont sauver la vie de leurs malades et qui leur font donc courir une perte de chance et ceux qui la reçoivent et ne sont pas influencés, écoutant d'une oreille distraite et critique, les argumentaires (pour les lacaniens, les argumenteurs), pour ne pas les appliquer. N'oublions pas non plus, mais ceux-là on les cache ouin ne les mêt pas en exergue, les non résistants, les compliants, les médecins libéraux (la CARMF, l'URSSAF, le secteur 2, le black) libéraux (voir supra la loi du marché) qui reçoivent la visite médicale et qui appliquent laborieusement ses préceptes au nom de la modernité...
  2. Je ne vous renvoie pas à tout ce que j'ai écrit sur le fait ou non d'émettre des critiques scientifiques sur les vaccins mais quand même : ICI. Je suis inquiet car les vaccinolâtres vont en profiter pour mettre en question tout ce que Peter Goetzche a écrit antérieurement, notamment sur le dépistage du cancer du sein et les psychotropes. Ajoutons que l'article ne fera finalement pas de bruit car la consigne sera de ne pas le commenter. La phrase à retenir de notre ami danois : les vaccins sont des médicaments comme les autres, il est donc possible de les évaluer.
  3. Il est vrai que pour les quidams lambda dont la culture médicale, politique, sociologique, littéraire, et j'en passe, passent par Wikipedia, la lecture de ce qui est dit sur ce media neutre et bienveillant, est édifiante : voir ICI pour ce trésor de bêtise.
    Donc, quand vous parlez de Big Pharma vous êtes complotiste. Il est possible de parler de lobbys mais de Big Pharma : non.
    En France.
    De nombreux auteurs anglo-saxons utilisent l'expression et sont des académiques de haute volée.
    Donc, Marc-André Gagnon RT (retweete) des articles complotistes comme celui-ci : LA.
    L'association français Formindep est complotiste quand elle RT un article montrant comment l'industrie des laits maternisés corrompt les pédiatres : LA.
L'homéopathie au Canada :


La réflexologie plantaire en Indonésie :


dimanche 6 mai 2018

Un livre épatant pour comprendre le complexe médico-industriel US : The Danger Within Us.


RAJOUT DU 25/11/2018

LES IMPLANTS FILES : le consortium international des journalistes d'investigation a constitué une base de données sur les "incidents" survenus entre 2009 et 2017 aux Etats-Unis d'Amérique avec l'utilisation des implants médicaux : ICI.

Le livre de Jeanne Lenzer, The danger within us, est un bijou. Ecrit pour le grand public et dans un style volontiers journalistique, il raconte l'histoire d'un patient épileptique qui a lutté et a fini par survivre (mais à quel prix !) à l'industrie américaine des dispositifs médicaux non testés et non contrôlés, et l'auteure nous donne en exemple ce que peut être une santé tournée exclusivement vers le profit.

Quand vous aurez lu ce livre il vous sera difficile de regarder le site promotionnel de Cyberonics : LA  sans avoir envie de quitter l'exercice de la médecine et de vous interroger sur ce que les autres laboratoires font. Quant aux propos de cette association, elle vous achèvera : ICI

Car Jeanne Lenzer, à partir d'un cas exemplaire de patient, nous décrit non seulement les dangers de se faire implanter un VNS (Vagus Nerve Stimulator) dont l'AMM a été obtenue avec des études peu convaincantes, sauf pour les experts de la FDA (l'exposé qu'elle fait des trucages des essais, des dissimulations de données, et comment les experts passent outre), mais surtout l'incroyable façon qu'a eue Cyberonics, la société qui commercialise le stimulateur, de corrompre la FDA, de corrompre les prescripteurs, de falsifier les publications, de ne pas déclarer les effets secondaires graves qu'elle connaissait, de mettre en avant des témoignages positifs de patients en taisant les autres, et de mettre en danger la vie de ces mêmes patients avec un cynisme (le mot est faible) incroyable. Selon les données (critiquables comme toujours) des bases publiques de recueil de données (MAUDE, Manufacturer and User Facility Device Experience) le VNS aurait entraîné depuis sa commercialisation en 1997 le décès de 2000 patients (2016) au prix de 40 000 dollars le dispositif.

Le point essentiel est le suivant : le business de la santé aux US est plus important en chiffre d'affaires  que big oil, big banking, et surtout que le si célèbre complexe militaro-industriel : les dépenses liées à ce dernier étaient évaluées en 2015 à 1,3 mille milliard de dollars contre 3,2 mille milliards de dollars pour les dépenses de santé (avec des résultats déplorables en termes de santé publique).

Jeanne Lenzer cite ceci : 20 à 30 % de ces dépenses de santé aux US seraient inutiles. Elle précise aussi (ces chiffres sont discutables, ce sont des approximations) que la médecine est aux US la troisième cause de décès (225 à 440 000 Américains par an).

Mais il s'agit surtout de l'histoire d'un patient à qui a été implanté un VNS, qui a failli y passer pour asystolie, mais qui, non seulement n'a pas été amélioré, mais a été plutôt aggravé tout en enquêtant sur la société qui commercialisait le dispositif et sur ses liens avec la FDA. Aujourd'hui, Fegan, qui était pompier paramedic, a eu sa vie détruite et, bien plus, son dispositif a migré dans la veine jugulaire et il est impossible de l'enlever ! Mais aussi : Dennis Fegan, seul, sans argent, sans soutiens, et malade, a révélé dans toute sa hideur la façon dont Cyberonics s'est comportée à son égard et comment du PDG aux employés, le bien-être des patients n'avait aucune importance sans compter comment les médecins implanteurs ont manqué de tout sens clinique, de tous sens moral, avec la complicité active de la FDA !

Denis Fegan a compris et dénoncé la façon désinvolte qu'avait et qu'a la FDA d'accorder des autorisations de mise sur le marché pour des dispositifs médicaux (non soumis à des essais de qualité) et ceci : il a appris que la Cour Suprême des Etats-Unis d'Amérique (2008) considérait qu'il n'était pas possible de poursuivre le fabricant (efficacité et/ou sécurité) à partir du moment où la FDA avait accordé l'autorisation.

A qui se fier ? (pp 167-8 du livre) (traduction personnelle) :

"Les médecins ne peuvent être tenus de lire et de digérer plusieurs centaines de pages des rapports de la FDA et des analyses statistiques complexes pour chacune des molécules et des dispositifs médicaux qu'ils prescrivent. Finalement ils doivent s'en remettre aux experts de la FDA pour interpréter la justesse des études financées par l'industrie. Il n'y a tout simplement pas de sources vraiment indépendantes dans la recherche US. Le financement industriel a étendu son champ d'action dans chaque secteur, depuis les journaux médicaux qui présentent et interprètent les recherches jusqu'aux aux universités et aux groupes de recherche qui conduisent les essais en passant par les associations de patients qui promeuvent de nombreux traitements et par la formation médicale continue pour les médecins sans oublier les agences qui sont supposées protéger l'intérêt public --soit le Centers for Disease Control and Prévention, le National Institutes of Health et, bien entendu, la FDA."

Jeanne Lenzer nous brosse un tableau presque apocalyptique de la situation US et nous emmène, à propos des stents cardiaques, des prothèses de hanches, des stimulateurs cardiaques, du rhBMP-2 (recombinant bone morphogenetic protein 2), des défibrillateurs défaillants, des stimulateurs du nerf vague qui entraînent plus de crises d'épilepsie qu'ils n'en évitent (et qui sont toujours commercialisés), de Essure, dans l'enfer de la dérégulation dont le premier acte fut le Bay-Dohle Act de 1980, c'est là que l'auteure situe la naissance effective du complexe médico-industriel. Mais ceci ne serait rien sans la corruption, sans la falsification des données, sans le travestissement des statistiques, sans le classement vertical des effets indésirables, surtout graves et mortels, sans la rédaction de rapports permettant de donner une autorisation de commercialisation par la FDA, autorisation, comme nous l'avons vu, qui interdit tout procès des victimes à l'égard du fabricant !

Les données concernant la corruption des prescripteurs et des décideurs est ahurissante. Jeanne Lenzer cite les firmes, Cyberonics, Medtronics, Johnson and Johnson, cite les procès, et cetera et les sommes pharamineuses qui ont été versées.

Voici ce qu'écrivait Upton Sinclair : "It is difficult to get a man to understand something when his salary depends upon his not understanding it..." (Il est difficile qu'un homme comprenne quelque chose quand son salaire dépend du fait qu'il ne le comprend pas.) Jerome Hoffman a beaucoup combattu les fausses données médicales, notamment dans l'affaire du tPA (une incroyable histoire montée contre la streptokinase), il écrit ceci :  "We cannot take money from industry with one hand and write prescriptions with the other and remains a profession." (Nous ne pouvons pas toucher de l'argent de l'industrie avec une main et de l'autre écrire des prescriptions si nous voulons rester une profession.)

En conclusion de son livre Jeanne Lenzer désigne les poins cruciaux qui pourraient être améliorés. Elle plaide pour un payeur unique, elle dénonce la politique des brevets et elle demande, de façon désespérée, une réforme fondamentale de la FDA. Pour les dispositifs médicaux il faudrait exiger que la FDA impose deux essais contrôlés, que les critères de jugement soient cliniques et non fondés sur des critères de substitution choisis au gré des intérêts des fabricants, et enfin que les experts évaluateurs (cliniciens, méthodologiques et statisticiens) soient indépendants de l'industrie.

C'est Noël ?

Mon résumé est bref et ne peut rendre compte de la complexité de ce livre et de ses 396 références.

Notamment quand Jeanne Lenzer parle de Thomas McKeown (nous en avons souvent parlé ICI) et de ses données épidémiologiques ébouriffantes sur la diminution de la mortalité en Occident (92 % du déclin de la mortalité s'est fait avant 1950) . Quand elle parle de Marmot qui a étudié les facteurs de risques des employés de WhiteHall à Londres : il existe une corrélation parfaite avec la hiérarchie bureaucratique.

Il est dommage que ce livre ne soit pas traduit en français.

PS : Je renvoie à l'excellent billet de CMT sur ce blog (LA) concernant les politiques mondiales du médicament.

(Ne vous inquiétez pas, braves gens, dormez sur vos deux oreilles, Jeanne Lanzer ne parle pas de la France (1), pays qui fut celui auto-proclamé de la meilleure médecine du monde, et qui, de renoncement en aveuglement et grâce à son entrée dans le monde joyeux de la consommation et du néo libéralisme, va enfin obtenir le titre plein et entier de république bananière de première division dans le domaine de la santé.)

Notes.

(1) Malheureusement, quand elle en parle, elle idéalise un peu trop sur notre beau pays.

PS du 27 juillet 2018 : The bleeding edge (les blessures de la médecine) est paru sur Netflix : https://www.netflix.com/watch/80170862?trackId=13752289&tctx=0%2C0%2C23cd9ffcd69a5fd85f4587095637e7fc53c20ffe%3A9c347bacd3c02c97ab144db5712cbe8a695dbd80%2C%2C

jeudi 28 août 2014

Brèves (médicales) de vacances


Pour ceux qui auraient vraiment déconnecté pendant les vacances, ce qui semble être une solution élégante pour prévenir le burn-out, voici quelques idées glanées ici et là que je tenterai de développer plus tard (mais je suis certain que je n'en aurai pas le temps).

Mes amis les oncologues...
Je tenterai d'éclaircir le cas Nicole Delépine que j'avais encensée ICI pour les questions qu'elle posait sur la protocolisation extensive des patients. Il semble, d'après des sources dignes de foi, qu'il faudrait se méfier. Se méfier de la personnalité elle-même de la professeure et se méfier de ses soutiens (anti vaccinalistes et extrême-droite). Mais il est évident que les constatations que je fais constamment sur la façon dont les patients porteurs d'un cancer sont pris en charge ne peuvent que me rendre attentif à quelqu'un du sérail qui ose dire ce que personne ne dit.
Si quelqu'un veut bien s'y mettre...
Je suggère également à la personne qui aurait le temps de se pencher sur le sujet d'une enquête sur les financements, les pratiques, les médecins de l'Institut Gustave Roussy qui fait la pluie et le beau temps sur les prises en charge et les traitements dans le cancer : une fondation privée implantée au centre de l'Etat et profitant des décisions de l'Etat. A suivre.
Toujours est-il que je découvre un article estomaquant dans le JAMA (ICI pour l'abstract et LA pour l'article) : les 71 molécules anti cancéreuses (tumeurs solides réfractaires et / ou métastasées et / ou avancées) approuvées par la FDA entre 2002 et 2014 ont augmenté l'espérance de vie de 2,1 mois en moyenne et au prix moyen de 10 000 dollars par traitement sans compter de sévères effets indésirables (voir LA un commentaire Minerva). Merveilleux !

La pilule estro-progestative pourrait entraîner un sur risque de cancer du sein. L'article publié dans le journal américain Cancer Research est lisible in extenso LA. Il pose de réelles questions même s'il concerne les forts dosages en estrogènes. J'avais abordé ce sujet lors d'une réunion Prescrire en 2012 où intervenait Peter Götzsche (voir LA). Il m'avait dit ne pas avoir d'informations sur le sujet et un chercheur français, Philippe Autier (ICI), m'avait renvoyé dans les cordes avec autorité. Nul doute que les données japonaises (pays où il y avait peu de cancers du seins et peu de contraception estro-progestative, ce qui achangé désormais) sur les liens entre cancer du sein et contraception devront être envisagés dans les années qui viennent... à moins que l'augmentation considérable du nombre des cancers du sein au Japon ne soit liée, comme le suggère Götzsche, qu'à l'augmentation du nombre des mammographes...
Il est évident que nous avons besoin de confirmations et d'autres travaux mais, pour le moment, cette information doit être cachée, les femmes ne doivent pas le savoir, car, selon les socio-historico-anti hygiénistes (voir LA), l'avancée majeure scientifico-sociétale de la contraception ne saurait se satisfaire de propos contraires au progrès.


Formidable offensive pro vaccin anti HPV dans le British Medical Journal.
Dans le même numéro un éditorial (ICI) et un point de vue (LA) insistent sur l'impérieuse nécessité de vacciner les garçons contre le HPV. Je suis choqué. Non par seulement par le contenu de ces articles mais par le fait qu'il s'agit de publi-reportages :
L'éditorial est écrit par trois auteurs (Margaret Stanley, Colm O'Mahony et Simon Barton). MS signale comme liens d'intérêts : "member of scientific advisory boards for GSK Biologicals, MSD Merck, and Sanofi Pasteur MSD and has received consultancy fees from these companies)" ; CO : has received lecture fees from GlaxoSmithKline and Sanofi Pasteur MSD) ; SB : no competing interests. Ils s'autocitent (première référence) avec un éditorial de 2013 où CO et SB have received lecture fees from GSK and SPMSD. On comprend mal que SB, entre 2013 et 2014, soit passé du statut de liens d'intérêts à indépendant de big vaccine.
Quant au point de vue personnel de Gillian Prue (affiliée au HPVAction.org dont il n'est pas possible de savoir s'il y a ou non des sponsors, il ne cesse de citer des articles sponsorisés par GSK, Sanofi Pasteur MSD...
Que fait le BMJ ?


Les médicaments pour traiter l'hépatite C sont trop chers.
Nous avons assisté à un feuilleton politico-médiatique concernant cette affaire et c'est un repenti, JF Bergmann, lui qui fut au centre d'un système qui se tut pour le Mediator, qui a écrit un article lumineux  sur le sujet : big pharma met le paquet sur le prix des médicaments anti hépatite C car la maladie est en train de disparaître ! Lire LA.

La génétique au service de la médecine "prédictive" est une imposture.
Un numéro de la Revue Esprit est consacré à ce sujet (ICI). Je retiendrai essentiellement ceci : il n'existe pas d'un point de vue génétique de médecine "individualisée" (pour 1000 dollars il est possible d'obtenir de décryptage de son génome) car la génétique est avant tout, et sauf exceptions, une science des populations. J'essaierai d'expliquer les deux versants du pari génétique : épistémique et ontologique. C'est fait ! ICI

Une note littéraire.
Je lis le Dictionnaire amoureux de Marcel Proust écrit par les Enthoven père et fils et je tombe sur une entrée consacrée au docteur du Boulbon ou plutôt à l'albumine mentale. Je ne me rappelais pas que ce médecin était l'ancêtre de Knock de Jules Romains (et du disease mongering anglo-saxon, voir LA) et je vérifie que Proust a bien écrit avant Jules Romains : avant, mais de peu (1922). Les Enthoven m'apprennent que le docteur du Boulbon faisait parfois attendre ses patients jusqu'à ce qu'il ait terminé la lecture d'un livre...
Passage savoureux dans Proust (La Recherche Tome II, p 303 - La Pléiade 1952). La grand mère du narrateur, malade, s'adresse au docteur :
"Mais j'ai aussi un peu d'albumine.
- Vous ne devriez pas le savoir. Vous avez ce que j'ai décrit sous le nom de l'albumine mentale. Nous avons tous eu, au cours d'une indisposition, notre petite crise d'albumine que notre médecin s'est empressé de rendre durable en nous la signalant. Pour une affection que les médecins guérissent avec des médicaments (on assure, du moins, que cela est déjà arrivé quelquefois), ils en produisent dix chez des sujets bien portants en leur inoculant cet agent pathogène, plus virulent mille fois que tous les microbes, l'idée qu'on est malade..."
Je propose donc que la stratégie de Knock soit remplacée par la stratégie de du Boulbon (voir LA) et que l'on rende à Marcel (dont le père et le frère étaient médecins) ce que l'on attribue à tort à Jules.
(PS du 25/08/19 : Luc Perino a "pompé" mon billet en date du 15/01/19)

Un article de blog utile.
J'étais passé à côté d'un billet remarquable (un peu trop enthousiaste à mon goût sur les vertus de l'administration) du docteur Milie (ICI) qui concerne le travail de nos patients et ce qui peut leur arriver (arrêts, invalidité). On y trouve des conseils pertinents.

(Chicago : photographie du docteur du 16)