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dimanche 19 mars 2023

Bilan médical du lundi 13 au dimanche 19 mars 2023 : fluoroquinolones, médicalisation du corps des femmes, méta-analyses, corruption, covid long, AME, auriculothérapie, sages-femmes et homéopathie, psychiatrie et psychiatres.


 

109. Les fluoroquinolones : ne pas prescrire en première intention dans les infections urinaires, les bronchites aiguës et les sinusites.

Philippe Coville dénonce l'utilisation open bar des fluoroquinolones (LA).

Scandale pour un certain nombre de médecins dont les réactions sur twitter font frémir.

Voir mon fil sur twitter : LA.

Les réactions indignées de médecins (sur twitter mais c'est ailleurs la même chose, "Je fais ce que je veux quand je veux car je suis le meilleur à 25 comme à 50 balles") à propos de la sur prescription des fluoroquinolones : hors AMM, hors primum non nocere, hors écologie bactérienne, hors tout bon sens commun, hors intérêt des patients, hors prise en compte des potentiels événements indésirables, hors liens d'intérêts, montrent leur porosité intellectuelle (à condition bien entendu qu'un cerveau ait été détecté) avec les ex prescripteurs de mediator qui coulent des jours heureux dans le déni et qui sont déjà, entre 2 régimes alakhon, des prescripteurs d'ozempic, avec les prescripteurs du cocktail ivermectine, azithromycine, zinc et autres fariboles dans le traitement précoce du Covid, et si vous voulez qu'on rajoute les prescripteurs de troisième ligne de chimiothérapie... ... pour des malades pesant 42 kilos et demi, sans oublier ta ta ta et ta ta ta... Donc, la sur prescription de fluoroquinolones dans des indications futiles et les réactions franchement débiles des médecins qui ont le droit de tout prescrire car ils sont médecins, parce que je le vaux bien, et les stenteurs de patients asymptomatiques ou les paiements en liquide dans les cliniques bcbg du 8° arrondissement de Paris montrent l'étendue du désastre de la santé publique, l'absence d'éthique, et expliquent comment les espèces menacées disparaissent au profit de vrais prédateurs : par pure khonnerie. rappelons ceci : même si les recommandations sont remplies de conflits d'intérêts, il vaut mieux les suivre que de faire n'importe quoi. PS : un certain nombre de soignants (et malheureusement aussi de soignés) pensent que critiquer les fluoroquinolones en cas de mésusage c'est critiquer l'antibiothérapie : ils s'enfoncent dans leur khonnerie.

Aux USA les fluoroquinolones sont aussi "trop" prescrites. Une étude (rétrospective (ICI), analyse les effets sur leurs prescriptions communautaires après que la FDA a mentionné un avertissement sur les boîtes concernant l'utilisation de cette classe pharmacologique dans trois indications : infections urinaires, bronchites aiguës et sinusites. Il ne s'est rien passé.

En Europe, selon l'EMA, 66 % des prescriptions de fluoroquinolones sont faites hors AMM.

Les articles de blog de février (ICI) et novembre 2008 (LA) en parlaient. Mais que faire quand les médecins n'écoutent pas la FDA ?

Une réflexion débile sur twitter : 




110. Le désinformateur en chef : 


Voici l'argumentation de ce crétin : 

  • Il était possible que le Covid ne tue personne (même avant le vaccin)
  • Il était possible que le Covid ne tue personne (avec des masques en tissu)
  • Il était possible que le Covid ne tue personne (avec des masques chirurgicaux bien portés)
  • Il était possible que le Covid ne tue personne (avec un confinement généralisé)
  • Il était possible que le Covid ne tue personne (avec des masques FFP2 bien portés)
  • Il était possible que le Covid ne tue personne (avec la vaccination)


111. L'employée de la Macronie de la semaine : Stéphanie Rist 

@stephanie_rist

Stéphanie Rist est l'autrice de la loi du même nom qui a fait descendre plusieurs milliers de médecins dans la rue. Ici, elle pose en doctoresse.


112. Médicalisation du corps des femmes


La médicalisation de la santé est une donnée forte de la société moderne.

Le corps des femmes est un objet de préoccupation majeur en médecine.

Ce sujet a déjà été débattu cent fois.

Ma position d'homme rend mon discours a priori, ontologiquement, inapproprié.

La médicalisation du corps des femmes est une pratique masculiniste. C'est dit.

On peut dire plus précisément ceci : la médicalisation de la santé des femmes (donc de leur corps) fait partie du pouvoir patriarcal.

A suivre.


113. Les méta-analyses peuvent aussi être de la daube

Comprenons bien, nous l'avons développé cent fois ici, les méta-analyses ne sont au sommet de la pyramide des preuves que si le contenu des études retenues ou non retenues (sans oublier bien entendu les études de qualité non publiées) est analysé avec équipoise.

La lecture de cet article (LA) démontre, me semble-t-il, que les méta-analyses, sauf dans les cas où il n'est pas besoin d'en faire (une ou deux études contrôlées de qualité qui prouvent que telle prise en charge, médicamenteuse ou non, est efficace par rapport à une autre façon de faire) sont plus faciles à manipuler, je veux dire les conclusions, que des études uniques...



Lance Reddick : 1962 - 2023


114. Le conseil de l'ordre britannique investit et ce n'est pas beau.


Un article raconte comment l'équivalent du conseil de l'ordre français investit dans des firmes qui ne vont pas dans le sens de la santé publique (Nestlé, Mac Do, Coca-cola, Pepsico, Starbucks) ou dans des laboratoires pharmaceutiques (Abbott, Merck et Roche par exemple) ou dans des fabricants de matériel (Medtronic, Davinci), bref des sociétés dont l'argent pourrait changer quelque chose aux choix des médecins et aux dirigeants du General Medical Council : LA. . 

Auteur ignoré.


115. Les cadeaux de l'industrie n'influencent pas les médecins (trouze mille épisodes) disent les médecins honorés.

Le formindep remet le couvert en citant un rapport de la HAS (LA).

L'argument le plus pété que je lis sous la plume ou dans le discours de certains médecins est le suivant : "J'ai accepté un stylo bille du laboratoire Duchmol, comment cela pourrait-il m'influencer ?" Je ne leur réponds jamais ceci (ils ne comprendraient pas mais pourraient m'enfoncer la pointe du stylo dans un de mes yeux) : "Si vous n'avez pas les moyens de refuser un stylo bille où est écrit Izilox il faut changer de métier ou de comptable.

Douglas R. Gilbert, Bob Dylan and Allen Ginsberg, 1964… Via @RPanh


116. Covid long : les désinformateurs continuent


via @dlang57500

L'extrême-gauche sanitairement autoproclamé, pour montrer l'authenticité du Covid long (et ceux qui voudraient m'attaquer sur ce point peuvent relire ce que j'ai déjà écrit), cite le Financial Times, Fortune et Bloomberg : LA.

Que personne ne s'esclaffe.


117. Suppression de l'AME : Françoise Dumont est l'employée de la semaine de Marine Le Pen

Françoise Dumont s'en vante.


ICI

Une polémique est apparue sur twitter sur qui était le plus contre la suppression de l'AME. La vraie gauche ou la fausse gauche.

Ainsi me suis-je fait une nouvelle amie : 


118. Une nouvelle amie.



Ajouter une légende de santé publique.


119. Auriculothérapie : les oncologues toujours en pointe 





Les oncologues et leurs institutions qui sont à la pointe de la corruption généralisée par l'industrie pharmaceutique (l'oncologie est la première source de cash pour l'industrie) et à la pointe des études biaisées par des erreurs méthodologiques majeures et par des critères d'efficacité controversés et peu fiables (les fameux critères de substitution devenus des gold standard pour les agences gouvernementales) abandonnant les deux critères majeurs d'efficacité à savoir la mortalité globale et la qualité de Vie, continuent sur la voie du charlatanisme.


MG accompagnant un MG sur la route du déconventionnement


120. Homéopathie : les sages-femmes aussi

Selon Biba (journal scientifique lu par les oncologues et les sages-femmes) 78 % des sages-femmes libérales prescrivent de l'homéopathie. Une des réponses : les médecins aussi.

Que dire d'autre ?


Félix Vallotton. Chemin ensoleillé (1914).


121. Attaque frontale contre les psychiatres et la fonctionnalité.

Pas le temps de répondre.

Avec le lien : ICI



122. Les psychiatres sponsorisés par la sérotonine défendent la sérotonine dans The Guardian

Tous les psychiatres cités dans cet article (LA), sauf J Moncrieff, sont sponsorisés, voire, pour l'un, salarié de Lundbeck.


mercredi 9 décembre 2020

Jour 9 des pratiques médicales françaises et internationales répandues et non fondées sur des preuves : Homéopathie, Ostéopathie, Acupuncture, Auriculothérapie, Réflexologie plantaire...

Je suis en train d'enfoncer des portes ouvertes.

Bien que je n'aie pas signé La Tribune contre l'homéopathie pour des raisons que j'ai longuement expliquées (et, a posteriori, la façon dont certains signataires se sont comportés m'a rendu plus serein).

Le déremboursement ne me paraissait pas la priorité des priorités dans le contexte de la Santé publique en France.

La réaction des membres de l'Ordre des médecins (#PasTous), les procédures, m'ont confirmé dans l'idée que le juridisme était différent de la médecine.

Et que l'Ordre était pour le moins à côté de la plaque (doux euphémisme) en constatant comment il éprouvait beaucoup de bienveillance à l'égard des médecins pédophiles ou harceleurs ou violeurs.

Mais ensuite j'ai écouté, j'ai lu les propos des homéopathes, des ostéopathes et autres praticiens de la médecine dite "complémentaire". 

Et là, c'était trop. Ils étaient et sont toujours sur une autre planète, sans doute plate.

De quelle exoplanète sont-ils issus ? 

Mais quand la Covid est arrivée je me suis rendu compte, avec d'autres, que le milieu académique pur et dur avait lui-aussi besoin que l'on s'intéresse à lui au même titre que les homéopathes et autres ostéo...

Car il s'agissait de grands professeurs issus du sérail, avec d'éminentes responsabilités de recherche, de soin et d'enseignement.

Sans oublier les hommes sandwichs de l'industrie pharmaceutique qui n'avaient pas lu une seule fois un protocole clinique ou un rapport d'essai, et là je pense que ce sont les moins coupables, puisque nuls ils pouvaient mentir par nullité. Mais les autres... Ceux qui ne vérifient pas les sources, ceux qui font aveuglément confiance aux analyses statistiques, ceux qui pensent que les sous-groupes sont de formidables opportunités, ceux qui ne lisent que les résultats ou les conclusions dans les abstracts publiés, ils sont encore capable de mentir par bêtise. Mais les autres... Ceux qui savent et qui se taisent, ceux qui comprennent et ferment leur bouche, ceux qui savent et qui acceptent les conclusions rapides afin de devenir des Key Opinion Leaders attitrés. Parce qu'ils le valent bien.

Sont-ce des homéopathes ou des ostéopathes comme les autres? 


vendredi 14 juin 2019

Répondre à Luc Perino.

PLACEBO 1966


La tribune qu'a publiée Luc Perino dans le journal Le Monde, Déremboursons plus que l'homéopathie, pose d'énormes questions et les réponses de l'auteur paraissent pour le moins curieuses et problématiques. Voici La Tribune : LA.

Luc Perino prend prétexte de la tribune des 124 (ICI) demandant le déremboursement de l'homéopathie et d'autres babioles (vous verrez ce que j'en ai pensé LA) pour développer ses idées.

Il tire trois conclusions de la tribune des 124, je cite (en italique) : 
  1. Le remboursement doit être basé sur des preuves rigoureuses d'efficacité
  2. La comparaison à un placebo suffit à l'élaboration de ces preuves
  3. L'effet placebo ne relève pas de la solidarité nationale
Il est possible que les signataires de la tribune soient d'accord avec ces pré-requis...

Luc Perino décline ensuite de façon jusqu'au-boutiste cette argumentation et en tire des conclusions qui ne laissent pas de me surprendre.


La proposition 1. semble faire l'unanimité.
Qui pourrait penser que l'on puisse rembourser des pratiques médicales et non médicales, des pratiques de soins pour simplifier, qui ne soient pas efficaces ? 

Pourtant, ce n'est pas aussi simple que cela.

Considérons qu'à partir d'aujourd'hui ne soient remboursées que les pratiques de soins qui sont efficaces, que fait-on de celles qui sont déjà remboursées et qui n'ont pas encore prouvé leur efficacité  ? On les dérembourse en bloc ? C'est, me direz-vous, ce qui passe avec l'homéopathie. Mais que de difficultés pour cette pratique particulière qui n'entre pas dans le cadre de la science ! Quand on va s'attaquer à des molécules d'usage commercialisées par de grands groupes ce ne sont pas les experts Boiron qui vont monter au créneau. Et nul doute que les patients vont hurler au scandale  en disant : " La sécu ne rembourse plus rien !"

Par ailleurs, au delà des preuves d'efficacité à obtenir, il s'agit de définir a priori les preuves d'efficacité sur lesquelles se fonder pour décider de l'efficacité.

Prenons un simple exemple dans le domaine cardiovasculaire : les molécules qui obtiennent  (ou qui ont obtenu) l'Autorisation de Mise sur le Marché dans l'indication "Traitement de l'hypertension artérielle essentielle", sic, comme si l'hypertension artérielle était une maladie, ont fait la preuve, sans doute versus placebo, qu'elles faisaient baisser significativement la pression artérielle par rapport à un placebo. Mais combien d'entre elles, individuellement, et pas par effet de classe thérapeutique ou par effet de classe pharmacologique, sont capables de produire des essais montrant une baisse significative de la morbi-mortalité ? On peut en effet légitimement considérer que la pression artérielle est un critère de substitution.
Nous savons depuis un certain temps (2003) que l'utilisation des beta-bloquants en première ligne dans le traitement de l'HTA n'était pas fondée en termes de morbi-mortalité (étude LIFE) mais qu'ils faisaient baisser la pression artérielle autant que les sartzas, par exemple. Rappelons-nous également l'étude ALLHAT (en 2002) qui a détruit définitivement les alpha-bloquants dans le traitement de l'hypertension (voir LA).

Faut-il dérembourser toutes les molécules qui n'ont pas satisfait aux critères énoncés ?

Cela ferait du bruit.

Il existe des centaines de domaines, hors HTA, où l'on pourrait s'engager.

La proposition 2. est plus problématique.
La comparaison à un placebo suffit pour renseigner le point 1. Comme le souligne Luc Perino 90 % des molécules du Vidal n'ont pas satisfait à ce critère (il exagère sans doute), il faudrait donc, pour qu'elles ne soient pas considérées comme des placebos, et donc déremboursées, qu'elles soient soumises à des essais cliniques contrôlés. 

Qui va se lancer dans un truc pareil avec le prix de vente dérisoire  de certaines gouttes nasales et le coût pharamineux des essais cliniques ?

On a vu que la pénurie en France de prednisone, de prednisolone et/ou de betamethasone est probablement liée à leur prix de vente ridiculement bas.

Dans certains cas, quand il existe une ou des molécules qui ont fait la preuve de leur efficacité un essai contre placebo ne se justifie pas : il faut comparer la molécule entrante au produit de référence avec des critères méthodologiques validés. Je n'entrerai pas dans le détail des essais de non infériorité (qui ne sont pas tous critiquables), des essais où les critères d'efficacité sont biaisés dès la conception du protocole, des essais statistiquement significatifs mais cliniquement aberrants, des essais menés sur des critères de substitution, notamment en oncologie où les deux critères majeurs, sauf exceptions, il y en a toujours, devraient être la survie globale et la qualité de vie...

Mais surtout (et Luc Perino en parle) : quid des procédures ou des soins ou des matériels pour lesquels il n'est pas possible de mener un essai contrôlé en utilisant un placebo ? 

Prenons l'exemple de la psychothérapie. Est-il possible de mener un essai versus placebo en double-aveugle (avec un faux psychologue, de faux concepts ?). Les spécialistes vont nous dire qu'en psychologie clinique des essais ont été menés et sont significatifs. Mais pas des essais versus placebo.
Prenons l'exemple de la kinésithérapie. Existe-t-il des essais électrodes actives versus électrodes inactives ? Existe-t-il des essais massages transverses profonds versus faux massages transverses profonds ?

Prenons l'exemple des cures thermales. J'ai lu ici et là des essais qui montrent bla bla bla, mais ce ne sont pas des essais contrôlés en double-aveugle versus placebo.

Prenons l'exemple des prothèses de hanche, des pace-makers : vous voyez l'affaire...

(Je n'ai pas bien compris pourquoi, au bout du compte, Luc Perino finissait pas dire que les seuls essais interprétables devraient se faire placebo versus placebo... Ainsi les homéopathes pourraient-ils mener des essais de non infériorité granules homéopathiques versus placebo "neutre")

La proposition 3. est sans doute originale mais pose des problèmes compliqués.
On comprend que les placebos ne devraient plus être remboursés par l'assurance maladie. Les placebos ou les procédures placebos.

Prenons la proposition au pied de la lettre en poussant le raisonnement jusqu'au bout. Un essai molécule active contre placebo permet de vérifier le supplément d'âme du médicament par rapport à l'effet placebo.

Ainsi, pour pousser le paradoxe jusqu'au bout, si l'on considère que l'effet placebo constaté des molécules actives à visée anti dépressive varie entre 50 à 70 %, la solidarité nationale ne devrait rembourser que 50 à 30 % du prix demandé par le fabricant. C'est à dire la véritable activité de ces molécules.

A contrario il n'est pas besoin de faire un essai versus placebo pour savoir si des verres correcteurs permettent de mieux voir : les verres correcteurs devraient donc être remboursés à 100 %

Mais là où Luc Perino fait l'âne pour avoir du son, c'est quand il dit que les placebos ne devraient être remboursés que par les mutuelles... Oublie-t-il que les mutuelles a) sont devenues obligatoires, b) qu'elles sont des sociétés à but lucratif, c) et que leur tarif dépend de ce qu'elles remboursent ?

Donc : l'assurance maladie ne rembourse que les soins qui ont fait l'objet d'essais contrôlés versus placebo significatifs et les mutuelles le reste (en cessant d'être obligatoires).

Mais Luc Perino ne dit pas cela : "Osons séparer franchement le financement des soins entre le domaine régalien et le domaine marchand. Réservons au financement public les soins de proximité, la traumatologie, les urgences médicales et chirurgicales, la protection maternelle et infantile, l’obstétrique, la périnatalité et les agonies terminales. Et laissons au domaine privé toute la pharmacologie, placebo ou non, d’exception ou de routine, de pointe ou non."

Et là il dit n'importe quoi.

Quand il affirme que "Les autorités sanitaires n'ont plus les moyens de s'opposer aux lobbys", c'est terrible. Quand il écrit que "Les patients sont devenus les marionnettes de l'industrie et leurs associations sont les suppôts naïfs de l'industrie" il y va fort.

Tout au plus pourrait-on insinuer que la médecine à deux vitesses serait vraiment instituée : les procédures validées pour tout, le charlatanisme pour les riches.

La publication récente d'un article remettant en cause 396 traitements à partir de 3000 publications d'essais randomisés dans les Big 3 de l'édition mondiale à savoir JAMA, NEJM et Lancet arrive à point nommé : ICI.

En réalité si on voulait tirer des conclusions en mixant la tribune de Luc Perino à celle des 124, cela pourrait conduire à ceci :

  1. On remet en question le remboursement par la branche maladie de toutes les molécules, de toutes les procédures (de chirurgie, de psychothérapie non médicamenteuse, de kinésithérapie, de soins), de tous les matériels, de tous les programmes de prévention, de dépistage et autres qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité versus placebo
  2. On refuse toute nouvelle procédure qui n'a pas fait la preuve de son efficacité sur des critères pré-établis reposant sur le principe général des essais contrôlés.
  3. On supprime le ticket modérateur pour toutes les procédures validées dans un système où l'assurance maladie est le payeur unique.
  4. On renvoie aux assureurs le remboursement des soins non encore validés selon les critères préalablement établis et on supprime les mutuelles obligatoires.

Chiche ?

PS. Article paru le 21 juin 2019 dans le JIM : ICI.



jeudi 10 janvier 2019

Les 124 contre l'homéopathie. Bilan 2018.

Il s'agit de deuxième degré

Peu importe que je n'aie pas signé la pétition pour des raisons que j'ai énoncées ICI, peu importe que la suite des événements m'ait conforté dans l'idée que ne pas l'avoir fait était un bon choix et peu importe que l'homéopathie soit une branche marginale de l'activité des médecins, ce qui est important c'est de souligner combien cette pétition a été (un peu) un pavé dans la mare et commence à bouger le système (avec des conséquences sur ses propres signataires).

J'ai lu la prose homéopathique et j'ai été envahi par une stupeur paralysante : le discours des homéopathes était d'une bêtise et d'une ignorance insondables. Je n'imaginais pas que des médecins puissent sortir de pareilles énormités et être aussi peu au courant des dernières données scientifiques concernant la discipline qu'ils pratiquent.

Il n'est pas certain que les lecteurs médecins non homéopathes du Quotidien du Médecin en sachent beaucoup plus.

J'ai aussi lu les justifications des homéopathes par rapport aux pratiques des autres médecins (on passe plus de temps avec les malades, on les écoute plus, bla bla, on fait faire des économies à l'Assurance maladie), elles m'ont semblé farfelues et peu convaincantes.

L'homéopathie est une doctrine holistique qui prétend tout traiter (certains homéopathes, car il ne faut pas généraliser, proposent le traitement de l'homosexualité et/ou du cancer du pancréas) avec des granules magiques et sans effets indésirables. L'homéopathie ne remet pas en cause la geste médicale de la prescription, le consumérisme, le paternalisme... et elle participe aussi de l'Eglise de préventologie.

J'ai lu le discours de non homéopathes universitaires et académiques défendant l'homéopathie  comme pratique empathique mais il y a bien des coiffeurs, des ongologues ou des esthéticiennes dans les services de soins palliatifs, pourquoi pas des homéopathes, du moment que cela permet d'en virer les oncologues ? Les arguments des Kierzek/Khayat m'ont paru bien faibles.

J'ai lu que certains doyens d'université préféraient que l'homéopathie continue d'être enseignée dans les universités par des médecins plutôt qu'à l'extérieur par des charlatans : il y a bien quelque chose de pourri au Royaume du Danemark.

J'ai suivi distraitement les plaintes des homéopathes contre certains signataires de la pétition même si j'ai plaint avec attention mes naïfs confrères confrontés à la vraie vie mais j'ai  été ravi de voir que la vraie nature du Conseil de l'Ordre des médecins apparaissait dans toute sa splendeur procédurière, réactionnaire, conservatrice, libérale, néo-libérale, corporatiste, cléricale, droitière, institutionnelle, lèche-bottes, paternaliste, et j'en passe, et qu'il était temps soit de décider de sa dissolution, soit de recentrer ses actions vers la défense exclusive de l'éthique de la profession vis à vis des intolérables intrusions de la société dans son fonctionnement et de la morale de ses membres vis à vis des tâches ontologiques de la profession médicale, à savoir prendre soin et ne pas nuire aux patients qui la consultent.



J'ai lu les arguments post tribune des 124 contre l'homéopathie et j'ai été saisi d'un vertige absolu. Pourquoi fallait-il qu'ils montrent autant d'ignorance sur "notre" propre médecine ? Pourquoi fallait-il qu'ils confondent systématiquement placebo et effet placebo dans le genre "L'homéopathie est un placebo" ? Pourquoi certains voulaient-ils ignorer l'effet placebo dans leur pratique quotidienne, en prescrivant une molécule et/ou une procédure ?, pourquoi certains autres ne se posaient-ils pas la question éthique de l'utilisation d'un placebo pur ou impur sans informer les patients ?
Pourquoi fallait-il qu'ils considèrent la médecine comme une science ? 
Pourquoi fallait-il qu'ils persistent dans l'erreur en ne s'informant pas ? 

J'ai ressenti avec effroi que les 124 et leurs compagnons de route avaient réinventé la formule : Il vaut mieux avoir tort avec les 124 que raison avec le reste du monde. On me dit dans l'oreillette qu'il y a des exceptions (je les connais pour les avoir lus ou entendus publiquement ou de façon privée).



Et il ne vaut mieux pas aborder les sujets qui fâchent comme l'extension du domaine de la lutte à des sujets mineurs comme les liens d'intérêts, le dépistage organisé du cancer du sein, la vaccination obligatoire, les dérives de l'oncologie, la télésurveillance des patients, un des 124 a écrit : Il suffit que vous écriviez une tribune et nous vous soutiendrons. La science tribunicienne devenant l'alpha et l'omega de l'évaluation en médecine.



Quoi qu'il en soit, les derniers soubresauts de l'HAS à qui l'intègre Agnès Buzyn a demandé son avis, éclairent les 124 sur le pourrissement infini du lobby santéo-industriel... Quand le pouvoir politique organisait des réunions "citoyennes" sur la vaccination obligatoire des nourrissons ou le dépistage organisé du cancer du sein et en manipulait les conclusions, personne ne mouftait, ou presque, mais quand l'HAS "enquête" en posant des questions orientées pour obtenir les réponses voulues, les 124 se réveillent de leur léthargique sommeil protestataire.

Et voilà qu'on lit ici ou là, de la part des 124, que l'HAS ne serait pas intègre, que l'HAS serait livrée aux conflits d'intérêts, que l'HAS serait le bras armé ou la courroie de transmission du pouvoir politique... Mieux vaut tard que jamais.

Finalement, cette Tribune est un bienfait : elle permet une prise de conscience sur le pouvoir absolu du lobby santéo-industriel, elle éclaire sur le rôle du Conseil National de l'Ordre des Médecins, elle souligne à nouveau l'incompétence corrompue de l'HAS, et elle ravive notre admiration pour Agnès Buzyn...

Espérons encore que les pharmaciens cesseront de vendre des vaccins homéopathiques contre la grippe, que les masseurs-kinésithérapeutes cesseront de pratiquer l'ostéopathie ou la chiropraxie, que les obstétriciens et les sages-femmes cesseront de faire redresser les crânes des nouveaux-nés par des ostéopathes... On peut toujours espérer...

Les difficultés rencontrées par les 124 pour, simplement, exiger que l'homéopathie ne soit plus remboursée, alors que tous les éléments scientifiques sont présents, donnent le vertige : combien de temps faudra-t-il pour obtenir l'esquisse de l'esquisse d'un mouvement contre les pratiques académiques liées à l'Empire des industries du médicament et du matériel et ses suppôts médecins ?




mardi 13 novembre 2018

Placebo, effet placebo, granules, homéopathie, éthique, Assurance maladie.


Pour résumer de façon succincte et non exhaustive.
  1. La médecine "moderne", "scientifique" (et "occidentale") est fondée en théorie sur l'exigence de preuves qu'une procédure (une molécule seule ou associée, une intervention chirurgicale, une prise en charge kinésithérapique, un dispositif implantable, une mesure de dépistage, une mesure de prévention, un ou des soins, et cetera) est efficace et qu'elle présente un rapport bénéfice/risque acceptable. Ces preuves peuvent être apportées au mieux par au moins un essai contrôlé positif (mais il vaut mieux qu'il y en ait deux), c'est à dire randomisé, en double-aveugle, procédure active versus placebo (essais de supériorité) ou procédure active versus procédure ayant déjà fait la preuve de son efficacité (essais de non infériorité). 
  2. La médecine moderne évaluative date de 1948 quand a été publiée la première étude randomisée en double-aveugle streptomycine versus placebo dans l'indication tuberculose pulmonaire, Streptomycin treatment of pulmonary tuberculosis, dont les promoteurs étaient une structure publique.
  3. Il s'agissait de prendre en compte (et d'éliminer) l'effet placebo, c'est à dire d'identifier le "vrai" pouvoir thérapeutique d'une molécule active, toutes choses égales par ailleurs (1) (2) (3). Quelques précisions supplémentaires : (4)
  4. En 2018 aucun essai "granules homéopathiques versus placebo" n'a fait la preuve de l'efficacité des dites granules.
  5. La messe est dite
  6. Je vous épargnerai la fameuse, trop fameuse phrase : l'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence.
  7. Du point de vue de la médecine moderne les granules homéopathiques, quelles que soient les indications thérapeutiques dans lesquelles ils sont proposés, peuvent donc être considérés comme des placebos purs
  8. Il paraît donc normal et licite que les granules homéopathiques ne soient plus remboursés par l'Assurance maladie.
  9. Ce qui est gênant est ceci : nombre de molécules, de procédures et/ou de soins, sont remboursés par l'Assurance maladie sans qu'ils aient été soumis à des essais contrôlés ou, plus grave, il arrive que des essais aient été menés et aient montré qu'ils n'étaient pas efficaces et il n'y a pas eu de déremboursement (5). Des chercheurs états-uniens et britanniques ont montré que seules 35 à 54 % des procédures thérapeutiques sont validées selon les critères de la médecine moderne (voir LA)
  10. On peut donc affirmer que l'utilisation de placebos en médecine est courante, qu'elle soit volontaire ou involontaire.
  11. L'utilisation des placebos impurs est rarement abordé. Les placebos impurs sont par exemple des antibiotiques prescrits pour des angines virales ou dans des bronchites sans facteurs de risque. Ce sont aussi des vitamines prescrites hors carence ou des fluidifiants bronchiques. Les placebos impurs sont aussi des molécules actives prescrites hors AMM dans des indications où des évaluations scientifiques n'ont pas été faites mais où des bruits de couloir parlent d'une efficacité (cf. infra point 18).
  12. La question n'est donc pas, comme il est lu ici ou là, de renoncer ou non à l'effet placebo en médecine car il est inhérent à la pratique médicale mais aussi à la pratique non médicale qu'elle soit sacrée ou non.  A partir du moment où une personne souffrante, malade décide de consulter un médecin, un non médecin ou un chaman, elle se livre, par conventions sociales, sociologiques,  religieuses, anthropologiques ou autres à l'effet placebo. C'est l'aspect contextuel de la recherche du soulagement ou de la guérison (ce que l'on appelle de façon contemporaine Les représentations collectives de la santé). Même s'il n'y a pas de prescription médicamenteuse.
  13. Renoncer à l'effet placebo serait aussi renoncer à l'efficacité globale des procédures actives (cf. supra le schéma en haut du billet) mais c'est bien entendu impossible puisque l'efficacité de tout geste de soins comprend l'effet placebo (même et surtout un simple contact physique empathique avec le patient).
  14. Donc, les homéopathes qui argumentent sur l'effet placebo que les médecins non homéopathes combattraient se trompent de cible. Tout comme les médecins non homéopathes qui leur répondent.
  15. Un des arguments "marronniers" des homéopathes, non démontré à ma connaissance, serait qu'il écoutent plus et mieux leurs patients que les autres. C'est introduire une nouvelle notion, celle du médecin médicament qui est une notion répandue chez tous les pourvoyeurs de soins (voir plus haut l'effet contextuel). Un analyste d'obédience freudienne, Michael Balint, souvent cité, peu lu, a mis à jour deux faits de ses observations tirées de la pratique de groupes avec des médecins généralistes, sur les interactions entre patients et médecins : a) le médecin considère souvent qu'il est le meilleur médicament pour son patient ; b) le médecin peut exercer un effet nocebo considérable sur ses patients. D'où l'intérêt des groupes Balint pour en discuter.
  16. Une incise : un placebo peut entraîner un effet nocebo. Les essais randomisés en apportent la preuve. Dans un essai placebo versus anti hypertenseur il existe des effets indésirables de la série cardiovasculaire dans le groupe placebo. Dans un essai placebo versus anti ulcéreux il existe des effets de la série gastroentérologique dans le groupe placebo. Ainsi, par un effet évident, les effets indésirables supposés de la molécule active sont attribués au placebo.
  17. Une autre incise : il est parfois très difficile de démontrer l'efficacité d'une molécule dans des domaines où il est reconnu que l'effet placebo en général, lié à la prescription on non d'une molécule active, est très élevé. L'effet placebo est en moyenne de 30 à 35 % mais il peut atteindre 75 à 80 % dans les pathologies anxieuses et/ou dépressives !
  18. La vraie question est celle-ci : Est-il éthique de prescrire un placebo à un patient en sachant qu'il s'agit d'un placebo ? (6)
  19. Répétons les propos de Howard M Shapiro qui me semblent fondamentaux : "... Je voudrais souligner plusieurs dangers liés à l'utilisation d'un placebo : cela pollue la relation médecin malade, cela accentue la relation asymétrique -paternalisme- existant entre les médecins qui savent et les patients qui souffrent, cela peut être médicalement dangereux -spécialement quand le but du médecin est de savoir si oui ou non le patient souffre d'une affection organique- et renforce l'arrogance du médecin, infantilisant les patients encore plus... Finalement nous avons à considérer ce qui peut être le plus grand danger pour le médecin, à savoir que donner un placebo pourrait lui donner une opinion encore meilleure de ses propres capacités à aider."
  20. En résumé : quand les homéopathes nous parlent de l'effet placebo, au lieu de leur répondre, "Ben, on est pareils", ce qui est vrai, il serait plutôt nécessaire de les (nous) interroger sur l'aspect éthique de la prescription d'un placebo.
  21. Ainsi, l'autre question cruciale est : les homéopathes sont-ils sincères en pensant ne pas prescrire un placebo ? (Il est probable qu'il est difficile de parler des homéopathes en général, certains étant exclusifs, d'autres prescrivant des procédures non homéopathiques en plus de leurs prescriptions de granules, d'autres ne le faisant qu'exceptionnellement, en appoint.)
  22. Faudrait-il qu'ils disent à leurs patients (comme cela a été suggéré par certains chercheurs à propos de placebos non homéopathiques - avouons que cette distinction ne manque pas de sel !) : Je vous prescris des granules homéopathiques qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité dans des essais contrôlés mais qui peuvent vous soulager.
  23. Et surtout : il existe un problème d'indications. Quand un homéopathe prescrit des granules pour soulager l'anxiété, ce n'est pas pareil que lorsqu'il prescrit d'autres (?) granules pour traiter un cancer.
  24. Ce qui sous-tend ceci : Est-il éthique de prendre en charge un patient dans une pathologie pour laquelle nous ne sommes pas capables de lui proposer des solutions répondant à l'Etat de l'Art actuel ?
  25. Pour terminer ce bref aperçu abordons la question suivante : Faut-il que les consultations faites par des homéopathes soient remboursées par l'Assurance maladie ? La réponse est compliquée :  les homéopathes purs sont des médecins qui prescrivent des placebos à des patients qui croient en l'homéopathie. Est-il contraire à l'éthique de prescrire des placebos granuleux dans des indications comme l'anxiété, le rhume ou l'insomnie ? Voir le point 18. Mais si les indications sont cancer, corps étranger intra trachéal ou vaccination contre la grippe, cela relève du Conseil de l'ordre des médecins.
  26. Enfin : l'homéopathie est une croyance à l'aune de ce que nous savons actuellement de la médecine moderne. Cette croyance est facile à combattre avec des arguments scientifiques, éthiques et pratiques. Il est en revanche plus difficile de lutter contre les croyances de la médecine académique. Mais c'est un autre sujet (cf. point 9).
  27. Quant aux laboratoires qui fabriquent des granules homéopathiques, c'est une histoire qui mériterait une enquête approfondie sur l'industrie pharmaceutique en général et sur la corruption des esprits en particulier.

Notes

(1) Iain Chailmers, un des fondateurs de la Collaboration Cochrane, en explique ICI les raisons. Pour les plus curieux l'étude de 1948 n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe, elle a une histoire racontée brièvement par Bothwell et Podolsky dans le NEJM : LA.
(2) Rétrospectivement on peut dire que les promoteurs prenaient peu de risques... Pourtant, des cliniciens se sont cru obligés de le faire et ils ont eu raison.)
(3) Cette étude aurait pu être le modèle qui allait être suivi par tous et partout pour l'expérimentation et la commercialisation de nouvelles procédures. Mais ce n'est qu'en 1970 que la FDA a exigé ce type d'études et seulement pour les molécules, pas pour les procédures en général !
(4) Dans les essais cliniques randomisés en double-aveugle (et malgré toutes les critiques méthodologiques que l'on peut faire en général et selon les essais) les patients sont avertis qu'ils sont tirés au sort, et l'aspect des molécules (principe actif et placebo) est identique, ce qui évite en théorie l'effet médecin bien qu'il faille également prendre en compte l'effet centre (la structure dans laquelle le patient est reçu), l'effet boîte, l'effet couleur, bla bla bla, ce qui élimine également les effets classiques en médecine "ouverte" à savoir la régression à la moyenne, l'effet Will Rogers et le paradoxe de Simpson mais surtout l'effet Hawthorne (LA) : Les modifications des comportements naturels de sujets d'études en raison de leur participation à cette dernière peut entraîner une surévaluation des effets du traitement, en particulier dans le groupe contrôle
(5) De nombreux exemples contraires peuvent être trouvés mais il s'agit le plus de retraits du marché liés à des effets indésirables graves
(6) (http://www.bmj.com/cgi/content/full/337/oct23_2/a1938)
A peu près la moitié des internistes et des rhumatologues qui ont répondu à l’enquête (679 sur 1200 contactés, 57 %) rapportent qu’ils prescrivent des placebos de façon régulière (46 à 58 % selon les questions posées). La plupart des praticiens (399, 62 %) pensent que cette pratique est éthiquement admissible. Peu rapportent l’usage de comprimés salés (18,3 %) ou sucrés (12,2 %) comme traitement placebo alors qu’une large proportion rapporte l’usage d’analgésiques en vente libre en pharmacie (over the counter) (267, 41 %) et de vitamines (243, 38 %) comme traitement placebo durant l’année pasée. Une petite mais notable proportion de médecins rapporte l’usage d’antibiotiques (86, 13 %) et de sédatifs (86, 13 %) comme traitement placebo pendant la même période. Bien plus, les praticiens qui utilisent les traitements placebo les décrivent à leurs patients comme potentiellement bénéfiques ou comme non classiquement utilisés pour leur maladie (241, 68 %) ; très rarement ils les décrivent explicitement comme des placebos (18,5 %).

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jeudi 6 septembre 2018

Homéopathie et doyens des facultés de médecine. La médecine m'inquiète : microf(r)ictions 86


La conférence des doyens se prononce pour l'enseignement universitaire de l'homéopathie et des médecines alternatives et intégratives. Voir ICI.

Nous voilà bien.

Devrait-on s'inquiéter dans d'autres domaines de la médecine académique ?

Pour un enseignement universitaire rigoureux de l’homéopathie et des médecines alternatives et intégratives
6 septembre 2018

    La Conférence des Présidents d’Université (CPU), la Conférence des Doyens des Facultés de Médecine et la Conférence des Doyens des Facultés de Pharmacie souhaitent affirmer leur engagement pour analyser avec rigueur et ouverture d’esprit les actions de formation et de recherche consacrées aux médecines alternatives et intégratives, en particulier l’homéopathie.
    L’université doit être le seul garant de la qualité d’une formation qui est indispensable pour comprendre et connaître l’intérêt, mais aussi les limites, de ces approches utilisées par de nombreux praticiens et pour lesquelles leur avis est sollicité par de nombreux patients.
    Concernant l’homéopathie, nous souhaitons souligner le respect que nous avons pour les praticiens homéopathes et les pharmaciens dont la pratique le plus souvent associe une écoute et une disponibilité qui est très appréciée par les patients. Néanmoins, nous soutenons une démarche d’évaluation objective. Celle menée par la Haute Autorité de Santé (HAS), qui vise à mesurer l’efficacité et les effets indésirables de ces produits, leur place dans la stratégie thérapeutique et leur intérêt pour la santé doit légitimement déterminer la prise en charge ou non de ces traitements, ce qui relève de la responsabilité des autorités de santé.
    Les Conférences souhaitent une démarche universitaire collective pour déterminer la place, en formation et en recherche, de ces médicaments et stratégies non conventionnelles dont certains ont un grand succès depuis quelques années. Cette démarche, sincère et critique, doit se faire selon une méthodologie rigoureuse et transparente.
    – Nous menons la mise en place d’un observatoire universitaire des médecines alternatives et intégratives qui puisse non seulement faire un inventaire précis de l’offre de formation et de recherche mais aussi travailler pour comprendre les déterminants psychosociaux qui font leur succès.
    – Nous souhaitons renforcer la réévaluation annuelle des Diplômes universitaires et interuniversitaires consacrés à ces pratiques pour confirmer leur intérêt, au regard notamment des conclusions des travaux de la HAS, et cela avec une validation pédagogique et réglementaire par la commission pédagogique (CFVU) de nos universités.
    – Nous souhaitons inciter nos enseignants à s’engager dans des actions de formation et de recherche dans ce domaine en respect rigoureux de la charte d’éthique et de déontologie que nous déployons dans nos facultés et nos universités. A ce titre, nous recommandons que les formations soient encadrées et réalisées par des enseignants universitaires en Santé et en toute transparence quand il peut exister un lien d’intérêt »
    Les Conférences souhaitent donc assumer leur responsabilité universitaire en assurant avec rigueur et ouverture d’esprit la formation initiale et continue de leurs étudiants et de nos médecins et pharmaciens, en leur donnant une vision moderne et critique, mais toujours humaniste et en lien avec les réalités de terrain, des connaissances dans tous les domaines utiles à la prise en charge de nos patients et de nos citoyens.
    Gilles ROUSSEL, Président de la Conférence des Présidents d’Université
    Jean SIBILIA, Président de la Conférence des Doyens des Facultés de Médecine
    Bernard MULLER, Président de la Conférence des Doyens des Facultés de Pharmacie
    Contact presse :
    Conférence des Présidents d’Université : Johanne Ferry-Dély 06 07 53 06 66 – 01 44 32 90 03 – jfd@cpu.fr
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    mardi 31 juillet 2018

    Homéopathie et santé publique : the single-bullet theory.

    Assassinat de JFK : the single-bullet theory

    La guerre picrocholine entre anti et pro homéopathie devient risible (Picrochole étant le syndicat des homéopathes et Grandgousier, je vous laisse choisir pour ne pas faire de jaloux, Wargon, Et un peu de neurologie ou Lehmann).

    Il semblerait que le déremboursement des produits homéopathiques soit l'oeuf de Colomb de la santé publique.

    Il suffit même, regardez twitter, d'être l'un des 124 ou un sympathisant (fût-il anonyme), demandant le déremboursement de l'homéopathie pour s'auto attribuer la médaille en chocolat de médecin scientifique.

    Les médecins refusant l'homéopathie et soutenant les 124 sont également de vaillants ruraux installés dans des déserts médicaux, ils font encore plus la preuve de leur scientificité.

    Il suffit désormais d'être un 124 partner, en anglais c'est plus chouette, anti FakeMed, pour avoir droit dans sa salle d'attente à une vignette : "Votre médecin traite selon les données de la science".

    Le déremboursement des granules homéopathiques est la Magic Bullet de la santé publique.

    Si les urgences sont débordées et les personnels fatigués, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si la prescription d'antibiotiques est au zénith en France, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    S'il existe des neurologues (et gérontoneurologues, si si, ça existe) distingués pour défendre les pseudos anti-Alzheimer dangereux, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    S'il existe des violences obstétricales en France, et Martin Winckler nous y fait penser avec sagacité, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si 3,4 millions d'hommes sans cancer de la prostate ont eu un dosage de PSA en 2014, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie : voir LA.
    Si l'INCa n'est pas capable de fournir des données objectives aux femmes soumises au dépistage organisé du cancer du sein, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie. Voir LA.
    Si la France est le seul pays du monde où la kinésithérapie respiratoire est prescrite en ville dans le cas des bronchiolites, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si on a prescrit du Mediator, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si l'Eglise de dépistologie prétend sauver des vies avec les dépistages organisés du cancer du sein et du cancer du colon, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si la médecine de précision balbutie, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si les critères d'attribution des AMM en cancérologie diminuent et que le prix des médicaments explose, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie (c'est aux US).
    Si le taux de mortalité infantile est si élevé dans le neuf trois, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.
    Si la décision partagée est une chimère pour les médecins français, c'est dû au non déremboursement de l'homéopathie.

    Je suis en vacances et il me reste 111 situations où le déremboursement de l'homéopathie résoudrait les problèmes de santé publique de notre cher pays.

    On va y arriver.

    Vivement la rentrée.






    jeudi 21 juin 2018

    La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (90)



    Voici donc ce que prétendent les 124 (ou l'un d'entre eux) à propos de leur mouvement. 

    Je rappelle que le régime du concordat existe toujours en Alsace-Moselle.

    Faut-il être assez ignorant pour penser que la médecine serait une sorte d'entité hors sol, non construite, bien entendu, pure comme un théorème, sans croyances ?

    Nous demandons la séparation de la Médecine et de l'Eglise de Dépistologie.

    Expulsion du grand séminaire des idolâtres du dépistage organisé du cancer du sein par mammographie

    Légende réelle : Expulsion du grand séminaire de Quimper en 1906 (à la suite de la loi de 1905)


    dimanche 25 mars 2018

    L'homéopathie, la médecine sans les preuves qui cache la forêt de la mauvaise médecine.

    Henri II guérissant des écrouelles

    La pétition de 124 médecins contre les Fake Médecines suscite énormément de commentaires. Vous lirez la pétition  ICI.

    (Attention : le 4 mai 2021 je constate que le site sur lequel était publié la pétition des 124 a été supprimé. Pourquoi ? Les signataires avaient balayé à l'époque les arguments avancés ici ou là sur le fait qu'il y avait plus important que l'homéopathie en santé publique. L'arrivée du Covid et du professeur Raoult l'ont confirmé. Ils avaient également affirmé haut et fort que leur combat contre l'homéopathie n'était qu'un début. C'était une fin.)

    Je n'ai pas signé cette pétition.

    Pour de mauvaises raisons, sans doute.

    La plus mauvaise raison est celle-ci : je ne pense pas que l'homéopathie soit un problème majeur de santé publique. La réponse que l'on m'a faite : "Il faut bien commencer par quelque chose."

    Pas par ça.

    La meilleure raison : je ne suis pas certain que mes fesses soient assez propres pour monter au cocotier.

    L'homéopathie est le bouc-émissaire facile (pas si facile que cela d'après les réactions) de la mauvaise médecine.

    Combattre l'homéopathie est scientifiquement juste mais la tribune n'est pas juste avec la médecine en général.  Elle s'attaque à une pratique infondée et magique comme si la médecine académique n'était pas, elle-aussi, (très) souvent infondée et magique.

    La pétition ne rend pas compte de la pratique réelle de la médecine en général et comment elle s'inscrit dans le contexte général du consumérisme sociétal au double sens du terme : sociologique (la société de consommation) et libéral (la consommation comme moteur du capitalisme). Avec comme corollaire :  la satisfaction du client. La médecine moderne, non homéopathique ou pas, suggère aussi qu'il est possible de tout traiter. Cette sur promesse hédoniste (je n'ai pas le temps ici de parler du refus de la mort dans les sociétés modernes) fait le lit de la magie.

    L'autre mauvaise raison est que l'on met les doigts dans un engrenage terrible.

    Pour la première fois à ma connaissance ce sont les prescripteurs qui sont attaqués. Nommément. Tous les homéopathes sont des charlatans.

    Dans l'affaire Mediator on avait attaqué Mediator, on avait attaqué Servier (en préservant d'ailleurs les autres firmes), on avait vaguement attaqué les autorités réglementaires, on avait soigneusement préservé les prescripteurs (ces pauvres prescripteurs qui ne pouvaient pas savoir ce qu'ils faisaient).

    Ici, il est demandé que les médecins homéopathes purs (des médecins qui ne pratiquent que l'homéopathie) et impurs (des médecins qui utilisent aussi l'homéopathie dans leur pratique) soient frappés d'interdiction professionnelle.

    Pas moins.

    La pétition fait aussi appel au serment d'Hippocrate (elle oublie de nous préciser de quelle version il s'agit car lorsque l'on invoque, je cite, "un des plus anciens engagements éthiques connus", s'agit-il de celui qui mentionnait l'interdiction de l'avortement ?) et au Conseil de l'ordre des médecins comme garant de son application.

    Est-ce une rigolade ?

    Comme il faut que je me justifie, on pourrait m'accuser d'être un suppôt des homéopathes purs et impurs, de Boiron et consorts, voici quelques données simples :
    1. L'homéopathie est une croyance.
    2. Une croyance datée.
    3. L'homéopathie a été initiée en 1796. En opposition à la médecine traditionnelle. Il est vrai qu'il était possible d'être déçu, à cette époque, par les thérapeutiques inexistantes, je ne parle pas que des lavements et des saignées. Rappelons que le fondateur de l'homéopathie, Samuel Hanhemann, est mort en 1843. La lecture des traités de thérapeutique traditionnelle en 1843 ne manquerait pas de faire également rire.
    4. La médecine d'alors était essentiellement magique, issue du chamanisme, du dieu médecin et ne pouvait prétendre à une quelconque scientificité.
    5. Nombre d'homéopathes purs et impurs disent la messe (prescrivent) mais ne croient plus depuis longtemps (j'ai des exemples dans mon coin de transformation des obésologues, mediatoro-prescripteurs, qui sont devenus homéopathes comme ils étaient mésothérapeutes, tisanothérapeutes, naturopathes et autres billevesées). Ils préfèrent prescrire un placebo pur plutôt qu'un placebo impur.
    6. Le dé remboursement de l'homéopathie est donc une option raisonnable.
    7. Son non enseignement dans les Facultés de médecine paraît tout aussi justifié.


    Je voulais vous faire partager cette video (watch) qui critique la pétition : je ne sais pas qui se "cache" derrière, je ne sais pas si la jeune femme est médecin, marchande des quatre saisons ou ingénieure, mais elle dit beaucoup de choses justes (et certaines choses fausses).

    Revenons à la pétition.

    L'homéopathie est une cible que je croyais facile, trop facile. Pratiquée par des médecins, non étayée par des essais modernes (contrôlés), vaguement sectaire, je me demandais qui elle pouvait bien attirer.

    Les réactions ont été curieuses. Démesurées. Irrationnelles.

    Il n'est pas étonnant que les homéopathes se défendent. Il n'est pas surprenant qu'ils utilisent des arguments peu étayés leur permettant d'éviter le point central : l'homéopathie n'a rien démontré scientifiquement parlant.

    Finalement, ce sont les réactions des non homéopathes, des médecins médiatiques, des pharmacologues médiatiques, pro, sympathisants ou tolérants à l'égard de l'homéopathie, qui justifient a posteriori l'intérêt de cette pétition. Elles permettent de souligner que la pensée magique n'est pas seulement homéopathique. En résumé : les Kierzek et compagnie (Chast et consorts) prétendent que cela ne peut pas faire de mal, que les homéopathes prennent plus de temps avec leurs malades, les écoutent mieux, et cetera.

    Mais le plus intéressant n'est pas là : les pétitionnaires contre l'homéopathie utilisent des arguments à son égard, des arguments "justes" a priori, qui sont le reflet d'une dissonance cognitive avancée car ces arguments s'appliquent parfaitement à leurs (nos) propres pratiques.

    Mais pas que des arguments justes. Il est écrit dans la pétition "Les thérapies dites "alternatives" sont inefficaces au delà de l'effet placebo, et n'en sont pas moins dangereuses". Vraiment ? Cela signifierait-il que l'effet placebo serait non dangereux ?

    Ce qu'on peut le plus reprocher à un médecin c'est de prescrire un placebo en sachant que c'est un placebo ! Qu'il soit pur (des granules homéopathiques) ou impur (des antibiotiques pour traiter une rhino-pharyngite). J'écrivais ceci en répondant à un confrère : "La prescription d'un placebo (pur ou impur) est une rupture du pacte de confiance avec le patient puisqu'on lui ment sciemment ; que lui répondrez-vous quand il vous demandera à quelle classe thérapeutique ou pharmacologique il appartient ? Que penserez-vous de lui quand il "répondra" au placebo ? On ne peut plus écrire des ordonnances sans expliquer au patient quel est le but de cette prescription. ... Quand vous avez devant vous un patient venant de chez un autre médecin qui réagit, par exemple, au magnesium vous en penserez quoi ? Vous serez content pour lui, pour vous ou vous le regarderez comme un demeuré ? ... Prescrire un placebo, enfin, c'est tourner le dos au questionnement EBM, c'est considérer le patient comme persona non grata dans la démarche thérapeutique. Tout au plus peut-on dire à un patient à qui on prescrit un placebo, que notre geste est irraisonné, magique, que cela marche parfois et que l'on peut faire le pari que cela marchera dans ce cas précis et contre toute attente. (je rajoute ceci : des études ont montré que dire au patient qu'on lui prescrit un placebo "marche" aussi). Il ne faut pas confondre prescrire un placebo et profiter de l'effet placebo pour renforcer les effets déjà démontrés d'une molécule." Voir ICI pour le billet. Dans le cas des homéopathes purs ou impurs il y a un doute : certains pensent qu'ils ne prescrivent pas un placebo. Quant à la démarche d'aller consulter un médecin homéopathe elle contient l'effet placebo en elle-même... puisqu'il s'agit d'une croyance.

    Le schéma suivant, archi connu, est éclairant.



    Pas que des arguments justes. Prétendre que l'homéopathie, seule, conduit à "sur médicaliser la population en donnant l'illusion que toute situation peut se régler avec "un traitement"", c'est un peu fort de café ! Comme si la médecine traditionnelle, comme si les médecins traditionnels ne faisaient pas la même chose ! Les médecins sont partout dans les médias à donner des conseils normatifs, comment être un bon père, une bonne mère, comment donner le biberon ou ne pas le donner, comment faire son deuil, comment faire l'amour, comment ne pas prendre de poids, comment ne pas avoir d'enfants ou comment en avoir, maigrir ou grossir, comment dépasser une déception amoureuse, comment ne pas souffrir de la prostate, du dos, du petit doigt...

    Il s'agit, comme le disait Ivan Illich, de la médicalisation de la santé. On disait jadis "Tout est politique" on dit désormais "Tout est médical."

    Oui, l'homéopathie exclusive est dangereuse car elle peut faire croire que des granules peuvent guérir des non maladies, des états anodins et, surtout, que ces granules magiques pourraient venir à bout des inégalités sociales et comportementales (il y a un lien d'intérêt entre les deux) qui sont la source majoritaire des "vraies" maladies dont on souffre et dont on meurt, il suffit de comparer les courbes d'espérance de vie dans les sous-groupes populationnels professionnels et genrés, il suffit de jeter un oeil sur la mortalité infantile dans le département 93. Mais la médecine non homéopathique agit-elle autrement ?

    Oui, l'homéopathie est très dangereuse aussi quand elle prétend (mais ce sont des ultra minoritaires) guérir des cancers, par exemple. Il faut la dénoncer et dénoncer les médecins inscrits à l'Ordre qui se comportent de cette façon.

    Pas que des arguments justes.
    "Exiger de l’ensemble des soignants qu’ils respectent la déontologie de leur profession, en refusant de donner des traitements inutiles ou inefficaces, en proposant des soins en accord avec les recommandations des sociétés savantes et les données les plus récentes de la science, en faisant preuve de pédagogie et d’honnêteté envers leurs patients et en proposant une écoute bienveillante."

    Ce paragraphe est incantatoire. Les pétitionnaires ont certainement rédigé dans la foulée une tribune contre la faim dans le monde, pour la disparition de la misère, contre le plafond de verre, et cetera.

    La réalité est la suivante : la médicalisation de la santé, ce n'est pas seulement prescrire des médicaments, c'est aussi prescrire des examens complémentaires inutiles, c'est aussi céder à l'Eglise de Dépistologie (dépistage organisé du cancer du sein, dépistage sauvage du cancer de la prostate, frottis du col utérin tous les ans, mammographies avant 50 ans, et cetera), céder à la tentation de la fabrication des maladies (alias disease mongering) en étendant le champs des critères, des indications, en exagérant la dangerosité de ces dites maladies, suivre les recommandations fallacieuses des sociétés savantes et des agences gouvernementales polluées par l'argent de l'industrie et par la bêtise académique (la lecture de la revue Prescrire critiquant les guides HAS serait la bienvenue, la lecture des actions du Formindep se battant contre la corruption des agences gouvernementales serait elle aussi utile)... Faire preuve de pédagogie c'est aussi introduire la décision partagée, ce qui semble être une démarche surhumaine pour nombre de non homéopathes (quant aux homéopathes ils ne peuvent partager que leurs croyances avec leurs patients), faire preuve d'honnêteté, c'est aussi ne pas mentir aux patients sur ses conditions de survie en cas de maladies mortelles, c'est aussi parler des effets indésirables des traitements non seulement dans les maladies mortelles mais aussi dans les maladies chroniques, c'est aussi ne pas proposer que de la médecine mais des soins de support, du social, et cetera.

    Nul doute que les pétitionnaires et les non pétitionnaires sont d'accord avec cela, je n'en doute pas. Mais l'homéopathie et les homéopathes sont bien loin.

    Les commentaires de défense, les éléments de langage, des pro pétitionnaires, les plus mis en avant sont ceux-ci : la médecine non homéopathique, contrairement à l'homéopathie, prend acte des données de la science. Mon oeil.

    Je vous invite à lire, en anglais, les livres d'Adam Cifu et Vinay Prasad (Ending médical reverse) et de Jeanne Lanzer (The danger within us). Dans le premier livre les deux auteurs voudraient que l'on en termine avec l'instauration trop rapide de standards thérapeutiques non fondés sur des preuves afin que l'on n'ait pas à revenir en arrière, non parce que les données de la science auraient changé mais parce qu'il n'y avait pas de données scientifiques à l'origine pour les instaurer. Dans le second livre l'auteure rapporte combien les dispositifs médicaux aux Etats-Unis (ce n'est pas le cas chez nous, rassurez-vous) font l'objet de peu d'essais d'efficacité et de sécurité avant leur implantation et combien les industriels sont favorisés par la loi contre les poursuites pénales. C'est effarant.

    Ce qui est intéressant dans le livre de Cifu et Prasad c'est de compter les jours, les semaines, les mois, les années, qui s'écoulent entre le moment où un traitement, une procédure, un examen sont considérés comme inefficaces et/ou dangereux et le moment où ils sont réellement abandonnés par les praticiens non homéopathes. Les données de la science, disiez-vous ? Faisons des paris à propos de l'étude Orbita (ICI) : 100 ans pour que l'on arrête de stenter des patients qui n'en ont pas besoin ? Quand abandonnera-t-on le dépistage organisé du cancer du sein en France ? Quand les médecins cesseront-ils de prescrire des prétendus médicaments anti Alzheimer et avant même qu'ils ne soient déremboursés ?

    J'ai des centaines d'exemples.

    J'espère donc que la pétition, va continuer de faire son bonhomme de chemin à la télévision, sur les réseaux et qu'elle va finir par exploser à la figure de la médecine tout entière.

    Mais cela n'arrivera pas.

    Le tribunal intérieur des bonnes manières va envoyer ses injonctions afin de sauver le bébé, c'est à dire cette terrible médecine néo-libérale objet asservi et bientôt e-connecté au complexe santéo-industriel.

    Car n'oubliez pas que l'industrie pharmaceutique, aux Etats-Unis, fournit plus d'argent aux politiciens que la trop fameuse NRA, elle s'appelle la PhRMA. Croyez-vous qu'elle le fasse pour des raisons philanthropiques ? Voir LA. Elle salarie 2 lobbyistes par membre du congrès et elle a dépensé en 2016 152 millions de dollars pour influencer la législation et 32 seulement pour les campagnes électorales.

    Je soulignerai enfin que le mot patient n'apparaît pas une seule fois dans cette pétition.

    C'est, comment dire, symptomatique.

    Alerte enlèvement à 23H17 : Christian Lehmann me signale que le mot patient est présent dans le texte. Dont acte.

    L'honneur est sauf.


    PS
    Pour écouter des signataires de la pétition (Christian Lehmann LA et Matthieu Calafiore ICI)

    Le JIM commente : ICI.

    PS. Martine Bronner nous livre une réflexion éclairante sur ce sujet. Balancée et juste. Voir LA.