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mardi 5 avril 2016

Penser à Manuela Wyler et ne pas courir pour elle.


Au moment où j'écris ces lignes une certaine Sophie Moreau dit avoir retiré sa plainte contre Manuela Wyler qui demandait des comptes sur l'association dirigée par la dite Sophie Moreau, Courir pour elles, toutes solidaires.
D'autres informations disent qu'elle ne l'a pas encore fait.

Tout a commencé par un billet de blog de Manuela Wyler, Les courses roses encore !, dans laquelle la blogueuse dénonçait l'opacité des comptes de l'association pink. Voir LA. Et demandait des explications.

Voici le billet de blog de Manuela Wyler à la suite de la plainte de Sophie Moreau : ICI.

Nous savions déjà grâce à Rachel Campergue ce qu'était le business rose, elle qui avait démonté ce qui se passait aux USA dans No mammo !, ouvrage de référence s'il en est : ICI.

Mais, parce que Manuela Wyler a d'autres chats à fouetter et que le côté dégueulasse de la plainte saute aux yeux de tout le monde, j'ai mené une brève enquête sur le côté "scientifique" de l'affaire.

Diminuer le nombre de victimes des cancers féminins en promouvant la prévention par l’activité physique, c'est le slogan de l'association Courir pour elles, toutes solidaires : voir ICI.

J'ai pensé immédiatement que ce slogan était plus mensonger que n'importe quel slogan publicitaire pour une lessive, pour des céréales au petit déjeuner ou pour l'éducation à la santé qui serait patronnée par McDo ou Coca Cola.

J'ai donc cherché des références bibliographiques qui auraient pu étayer de pareil propos. Dans Modes et Travaux, dans Le Chasseur français, dans Closer. Rien de bien convaincant.


Eh bien non : c'est l'Institut national du Cancer (LA) qui publie de pareilles balivernes et c'est grâce aux liens fournis par le site de Sophie Moreau. Vous savez, cet organisme qui ne sait pas ce qu'est le sur diagnostic dans le processus de dépistage du cancer du sein... Et qui donc édite des recommandations sur les dépistages des cancers sans parler de ses risques...

L'association rose justifie donc son action en se fondant sur des documents officiels émanant de l'INCa, c'est plus prudent.

Je vais faire un tour sur la référence citée par le site rose : un ramassis d'assertions présenté comme de la science... Voir LA.

"L'activité physique est associée à une diminution du risque de plusieurs cancers, avec un niveau de preuve « convaincant » pour le risque de cancer du côlon et un niveau de preuve « probable » pour les risques de cancer du sein, de cancer de l’endomètre et de cancer du poumon."

Pour le cancer du colon, la référence 9 de l'INCa prise au hasard est ICI et en voici la conclusion :
"The effect of physical activity on the risk of breast cancer is stronger in specific population subgroups and for certain parameters of activity that need to be further explored in future intervention trials."

On ignorait par ailleurs que le cancer du colon fût un cancer féminin...

Pour le cancer du sein, voici ce qu'écrit l'INCa :
"Les études de cohortes récemment publiées sont en faveur
d’un effet protecteur de l’activité physique chez les femmes
en postménopause, quel que soit le type d’activité physique
considéré [7]. La diminution du risque de cancer du sein chez
ces femmes a été estimée à 3 % pour une augmentation de
l’activité physique de loisirs de 7 MET-heure/semaine selon
une méta-analyse dose-réponse réalisée sur les études de
cohorte. Cet effet protecteur n’a pas été observé chez les
femmes en préménopause [2]."

On est bouleversés par l'efficacité de l'activité physique !

Je peux écrire ceci : le document de l'INCa est de la daube en boîte.

On peut éventuellement faire bénéficier Sophie Moreau du doute : elle ne sait pas lire la prose endormante de l'INCa, agence officielle de la République Française, et, de bonne foi, organise des courses pour que les femmes qui y participent aient moins de cancers. Mais j'en doute.

Pour le reste :

On ne peut reprocher à Courir pour elles, toutes solidaires de ne pas fonder son action sur des recommandations "officielles" mais malheureusement ces recommandations n'ont aucun fondement scientifique.

Sophie Moreau menace un blog de fermeture et profère des menaces à l'égard d'une femme atteinte d'un cancer, sans doute une femme comme les autres, à ceci près qu'il lui serait assez difficile de courir en ce moment

Sophie Moreau finit par publier ses comptes et on se rend compte que cela profite peu aux femmes atteintes de cancer. ICI

D'autres que moi, Manuela Wyler et d'autres, ont analysé le peu de retour vers les cancéreuses que l'association prodigue.


Et ainsi, pour 100 euro de recettes, l'association de Sophie Moreau reversera au mieux 48,30 euro aux associations de lutte contre le cancer (selon @improbabologue).

Sophie Moreau a aussi des partenaires, voir LA, et Manuela Wyler a souligné aussi en son blog que les alcooliers avaient droit à un stand, sans doute pour prévenir le cancer des femmes.

Sophie Moreau écrit également :

"Je me suis peut-être emportée mais je n’ai pas accepté qu’on critique MES bénévoles et tout le travail fourni au quotidien volontairement. […] LE MARKETING ROSE M'ÉCOEURE TOUT AUTANT QUE MADAME WYLER " Sophie Moreau : dame patronnesse du 21ème Siècle..."

Ses gens bénévolent pour elles...

Elle écrit aussi cela en son site :

"Tant que les chiffres du nombre de victimes du cancer ne baissera pas, nous resterons en action, motivés, engagés à nous battre POUR ELLES et contre le cancer… "

Elle ne doute de rien...

N'allez pas courir avec cette association, courez tout et toutes seules ou en bonne compagnie et pensez avec Manuela Wyler aux vrais combats des femmes cancéreuses.

PS : nous avons appris par Manuela Wyler que la plainte avait été enfin retirée fin avril.

mardi 8 mars 2016

Le professeur Agnès Buzyn nommée Présidente de la HAS. La victoire de big onco.



La nomination du professeur Agnès Buzyn à la tête de la HAS est sans doute ce qui pouvait arriver de pire pour la Santé publique française.

"Quand il y a une connerie à faire, Hollande n'est jamais loin et Touraine est sur la photo."

Que la papesse en chef de l'Eglise de Dépistologie soit nommée à la tête de l'Agence la plus importante du système de santé français en dit long sur la volonté du lobby santéo-industriel à changer les choses...

Issue de l'INCa, Institut National du cancer, agence gouvernementale défendant la dépistologie pure et dure, scientifique qui n'avait pratiquement jamais entendu parler du possible rôle néfaste des dépistages organisés, du problème aigu du sur diagnostic et du sur traitement, et qui, nous le rappelle Christian Lehmann (ICI) en citant Mediapart, déclare, en substance, que les seuls vrais experts, les experts compétents, sont ceux qui participent aux boards de l'industrie pharmaceutique et qui se déplacent dans les congrés tous frais payés par cette même industrie en se faisant rincer midi et soir par ces mêmes industriels. 

Elle est donc adepte de la théorie Bruno Lina qui, se vantant de manger à tous les rateliers, prétend que "Trop de corruption tue la corruption." : quand on a le ventre plein on ne se rappelle pas qui l'a rempli.

On nous avait promis "plus jamais ça" après le scandale du Mediator, on nous avait promis que la nomination de Dominique Maraninchi, issu du milieu de l'oncologie, à la tête de l'ANSM allait permettre de nettoyer les écuries d'Augias... Peine perdue.


Mais cessons de plaisanter, l'heure est grave : nommer une hématologue, une onco-hématologue, à la tête d'une Agence gouvernementale c'est comme donner la Légion d'Honneur à un prince saoudien ou  voir sièger un représentant de la Mauritanie à la Commission des droits de l'homme de l'ONU...

Car l'oncologie est la quintessence de ce qu'on peut trouver de pire en médecine dans le domaine des essais cliniques comme dans celui de la protocolisation des traitements ou, tout aussi dramatiquement, sur l'entrée du privé dans le service public comme dans le cas de l'Institut Gustave Roussy.

Nul doute que vous n'apprendrez pas de la bouche d'Agnès Buzyn que les 71 dernières molécules labellisées par la FDA dans le domaine de la cancérologie augmentaient en moyenne l'espérance de vie des patients de... 2,1 mois ! (Voir LA)

Cette nomination est aussi l'aboutissement du modèle américain avec contrôle direct de la FDA par l'industrie pharmaceutique. Les US l'ont fait, nous suivons.

La déclaration des effets secondaires en oncologie est également considérée comme peu pertinente.

Les premières déclarations de Madame Agnès Buzyn sur les liens et conflits d'intérêt entre experts et industrie pharmaceutique n'annoncent rien de bon mais surtout démontrent la formidable impunité dont elle croit disposer en déclarant d'emblée que l'intelligence des experts est corrélée à leur degré de dépendance à l'égard des industriels.

Nous nous préparons des jours difficiles.

PS (du 14 mars 2016). Voici le lien avec les 126 publications d'Agnès Buzyn recensées dans PubMed. ICI.
PS (du 14 mars 2016). Un article de Aurélie Haroche  qui cite Christian Lehmann et moi-même. LA.