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jeudi 11 juillet 2013

Billet d'humeur : voici revenu le beau temps.


Comme dans la fameuse chanson de Brassens, "Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps..." je regrette le mauvais temps et ses sobres vêtements, ses corps cachés et ses températures tempérées.

Depuis quelques jours, les corps se dénudent dans la rue. Voici qu'apparaissent :
  1. Les t shirts, conforama, paul smith, la vie du rail, auchan, humoristiques (je suis moche et toi ?, suis-moi, gloups,...), quechua,
  2. les marcel petit-bateau, fluo, quechua,
  3. les pantacourts, unis, à carreaux, à rayures, à poches, serrés, larges, sans forme, quechua,
  4. les shorts larges, moulants, rapiécés, taille basse, en jeans, quechua,
  5. les bermudas dans le même métal, 
  6. les nus-pieds,
  7. les sandales,
  8. les tongs, 
  9. les birkenstock d'été ou mules (il existe en effet des sandales d'hiver), 
  10. les sandales arpena 50 de quechua (élues mochetés de l'année)
  11. les chaussures bateau,
  12. les pieds nus dans les mocassins, todds, fairmount, quechua
  13. les pieds nus dans les New Feel,   
  14. les décolletés montrant les seins, les dos ou le poitrail, 
  15. les jambes blanches  tout comme les jambes poilues et blanches, 
  16. les orteils, vernissés, mycosiques ou rongés,
  17. les varices, sur les mollets et sur les cuisses, 
  18. les traces multiples de bronzage,
  19. les coups de soleil,
  20. les auréoles sous les bras,
  21. les costumes cravates qui suent,  
  22. les crèmes bronzantes qui puent, 
  23. les ventres avachis qui débordent de partout,
  24. les peaux bronzées tendues comme des vieilles peaux,
  25. les maillots de bain utilisés comme sous-vêtements,
  26. les seins nus,
  27. les torses dans le même appareil,
  28. les fesses nues,
  29. les muscles quechua, ...
Il y a bien sûr les beaux mecs, les gosses beaux et les vieux beaux, et les belles filles, les superbes femmes, les femmes mûres, les grands-mères qui n'ont pas vieilli, mais ceux-là ou celles-là, c'est plaisir des yeux. Même Quechua.

Le beau temps revenu est celui de l'hystérie moderne qui se déchaîne, l'hystérie de se montrer, l'hystérie de pousser des cris en public, l'hystérie de montrer ses poils de torse, sa raie des fesses, sa barbe naissante ou sa barbe dure, ses tatouages, vrais ou faux, ses slips, ses strings, ses chaînes en or, en argent, en plaqué, ses bobs, ses casquettes, à l'endroit, à l'envers, ses chapeaux en papier, en paille, son Tour de France, l'hystérie d'exister, de se chercher en montrant tout de soi et n'importe quoi comme si Meetic ne suffisait pas, qu'il fallait faire du speed looking dans la rue, pour ne rien rater des plaisirs de la vie.

Mais il y aussi les idiotes voitures qui sortent de leurs trous, ces débiles voitures qu'on appelle décapotables qui permettent de bouffer de la pollution avec plaisir, bientôt des e-décapotables avec pollution moins dosée, ces voitures où les occupants regardent bien si on les regarde, et les voitures capotées ou décapotées, vitres ouvertes avec de la musique débile qui s'en échappe, à fond la caisse, il est rare que les variations Goldberg soient entendues à fond sur le trottoir d'en face, même jouées par Glenn Gould, les variations Gouldberg, l'air conditionné en prime, et les bras pendus aux portières, les enfants qui sortent la tête...

Sans compter les transports en commun non climatisés, les odeurs, les souffles, la sueur, le nylon mouillé et le coton qui date de la veille, et l'entassement.

Et les peaux rouges, les cloques, les piqûres de vives, les stigmates de méduses, les quatrièmes orteils cassés sur les plages, les ophtalmies, les insolations, les cuites, les allergies de contacts, les piqûres de moustiques ou les morsures d'araignées, les brûlures de réchaud, les enfants qui se noient dans les piscines, les bébés qui se déshydratent, les EHPAD qui suffoquent, les chambres d'hôpital plein Sud sans air con, les hématocrites qui flanchent, les sodiums qui se diluent, le serum physiologique en sous-cutané et... tout ce que j'ai oublié.

Je n'aime pas la chaleur.

(Illustration : pantacourt SUPPLEX (R) respirant)