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samedi 17 juillet 2010

GESTION DE LA SANTE PUBLIQUE A CONTRE COURANT : ET LA FRANCE EN EST FIERE !

Au moment où le NICE britannique fait un bilan pour le moins contrasté de sa politique de paiement à la performance (Quality and Outcomes Framework) et que l'Assurance Maladie s'engage dans une version française (c'est à dire à la traîne, aréflexive et incapable de s'auto-évaluer) appelée CAPI, l'Etat Français, fort de l'expérience désastreuse et centralisatrice de la gestion de la grippe A/H1N1v, concentre les pouvoirs dans des Agences régionales de Santé (ARS) qui sont l'exemple type du (catastrophique) managériat à la française : beaucoup de bureaucrates incompétents recasés des différentes structures qui ont été cassées pour diriger peu d'opérationnels qui, au mieux, seront déplacés géographiquement et, au pire, seront affectés à des tâches qu'ils ne connaissaient pas et qu'ils effectueront dans des lieux inconnus. Sans compter le non renouvellement des contractuels qui n'ont ni la chance d'avoir fait des études, ni d'avoir la carte du parti, ni d'être connus pour avoir atteint le point Peter stratosphérique. Nul doute que les bureaucrates incompétents qui dirigent des services dont ils ignoraient l'existence la minute d'avant leur désignation et qui n'ont jamais lu un texte en ce nouveau domaine (et qui ne liront rien mais se feront faire des résumés ad hoc pour pouvoir briller lors de présentations à la presse), demanderont des rapports et des rapports afin que l'InVS, autre structure croupion de cette République bananière dont Roselyne IMC Glaxo est le fleuron et dont des journalistes consciencieux feront l'éloge pavé de critiques permettant de mieux faire passer le fond insipide, l'InVS, dis-je, puisse publier des rapports palpitants sur l'épidémie de grippe à la française. Pendant ce temps notre ami Antoine Flahault, héros de la médecine catastrophe, continue à vaquer à ses occupations rennaises, tout comme le célèbre Jean-Claude Manuguerra dont les prestations télévisées ne manquaient pas de panache et de bégaiements intellectuels, sous les regards amusés et compâtissants de l'ORL Michel Cymes ou du non moins fameux Yves Calvi qui ne demandent jamais à leurs invités, malgré la loi, de publier leurs liens d'intérêt avant de passer dans les étranges lucarnes.

Quoi qu'il en soit, et pour en revenir à nos moutons, et à l'important Claude Evin, fidèle chien chien du gouvernement qui fut le héraut du Parti Socialiste (non sans être passé par le PSU), se hissant ainsi, grâce à l'école de la République, du statut fort respectable d'éducateur spécialisé à celui plus rentable d'avocat, la centralisation régionale faite en sous-main par les services de la népotique Roselyne IMC va à l'encontre de ce qui est proposé en Grande-Bretagne récemment. Alors que les Britanniques mettent au point un système centré sur les Médecins Généralistes, les Français continuent de faire de l'hospitalo-centrisme, de la spécialité-mania et de dissuader les étudiants en médecine de devenir médecins généralistes.

La France est la patrie des experts auto proclamés et auto désignés, de l'académisme et du jacobinisme. La médecine française est une espèce de pyramide où, vers le haut, siègent les mandarins spécialistes qui exercent leur ministère en ne sachant même pas ce qu'est la médecine générale. Nous en avons l'habitude. Or, que font les Britanniques ? Exactement le contraire. Il faut dire qu'il y a longtemps que les Britanniques ont compris que la proximologie généraliste était plus importante que la spécialisation coûteuse et inefficace. Mais ils ont aussi compris que ce n'est pas seulement le nombre des médecins qui font la qualité de la médecine mais son contenu. Nous n'irons pas ici jusqu'à défendre bec et ongle le système britannique tant nous en connaissons les défauts et les imperfections mais nous soulignerons que la défense jusqu'au boutiste de la médecine libérale pure et dure et le soutien inconditionnel à la médecine de spécialité pendant des années n'ont pas rendu les syndicats médicaux plus acceptables...Il est vrai que favorisées par la langue anglaise les publications britanniques ne ressemblent en rien à celles du journal préféré des médecins généralistes français, le gratuit Quotidien du Médecin, il est vrai que favorisée par le Royal College of General Practice, la qualité des publications parlant de la médecine générale est incomparable avec ce que l'on lit en France. Et ne parlons pas de la prestigieuse revue Prescrire, la référence absolue des médecins généralistes français de gauche, bien pensants, anticapitalistes, écologistes, décéistes, Non merciistes, Lecheleaguistes, lecteurs de Télérama ces mêmes médecins qui, dans l'immense majorité des cas, n'ont jamais participé à un essai clinique en médecine générale (contrairement, nous y voilà, à nombre de leurs confrères britanniques) qui est tout sauf une revue de publications : Prescrire est, pour les publications scientifiques, au British Medical Journal ce que Sciences et Vie est au Journal du CNRS...
Ainsi donc la France possède-t-elle (sic) la meilleure médecine du monde (on ne sait pas où les Français ont vu cela...), les meilleurs grippologues du monde (dixit Bachelot, Houssin, Weber), le système universitaire le plus cadenassé et anti méritocratique qui soit (enfin des bonnes nouvelles) et la meilleure revue médicale du monde lue par l'élite de la médecine générale, l'avant-garde éclairée de la grande prescription mondialisée...

Où en étais-je ?

Et donc, chers amis médecins généralistes et chers amis patients ou malades, que prévoit le Livre Blanc Britannique ? Quatre-vingt pour cent des budgets du NHS consacrés à des consortiums de médecine générale... Qui rêve ici ? Et dans un horizon très rapide : avril 2013.
Et pendant ce temps l'aréopage syndical français se dispute, se chamaille, se tire dans les pattes, ne comprend pas qu'à quelques iotas près, ils sont touts d'accord sur l'essentiel : rien ne va plus pour la médecine générale.
Il faut désormais faire un numerus clausus sur les spécialités.
Il faut désormais interdire l'accès direct aux spécialistes avec comme corollaire le non remboursement complet des actes.
Il faut désormais imposer localement des groupes d'impairs afin d'organiser la gestion des patients.
Ces groupes d'impairs doivent allier généralistes et spécialistes libéraux et hospitaliers et infirmiers libéraux et hospitaliers ainsi que les autres professionnels de santé (kiné, orthophonistes et autres).
Cela suppose également, et probablement, le regroupement de médecins dans des locaux communs avec des professionnels de santé et des assistantes sociales...
Vaste projet. Bien plus large que celui de la proximologie vantée par les amis de l'Assurance Maladie.

Commencez par lire l'article et nous en reparlerons, ce sera un sujet récurrent de nos prochaines chroniques.