Affichage des articles dont le libellé est SKRABANEK PETR. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est SKRABANEK PETR. Afficher tous les articles

mercredi 4 décembre 2019

La médecine n'est ni une science ni un art.

Calendrier de l'Avent médical 2019 : Jour 4




Voici la définition de la médecine selon wikipedia (français), l'arbitre des élégances :

La médecine (du latin : medicina, qui signifie « art de guérir, remède, potion »1), au sens de pratique (art), est la science témoignant de l'organisation du corps humain (anatomie humaine), son fonctionnement normal (physiologie), et cherchant à préserver la santé (physique comme mentale) par la prévention (prophylaxie) et le traitement (thérapie) des maladies.

N'y a-t-il pas un truc qui vous titille ?

Vous avez trois secondes, trois minutes ou trois heures.

Le patient n'est pas cité.

Un article bien référencé de SC Panda (en anglais) recense de nombreux points de vue sur la question de savoir si la médecine est une science ou un art (2006) : LA

Mais je vais reprendre les écrits de Skrabanek et McCormick (1989 pour la vo, 1992 pour la traduction française) (ICI).

"La médecine n'est ni art ni science. C'est au contraire une discipline empirique, fondée sur des talents diagnostiques et thérapeutiques, aidée par la technologie, c'est à dire l'application efficace de la science.

"La science est une activité et non un corps encyclopédique de connaissances... L'échec des études de médecine tient à ce que, malgré l'acquisition dans les premières années de connaissances scientifiques de base, peu d'étudiants acquièrent une véritable méthode scientifique.

"Cependant, sans la science, la médecine en serait toujours à l'âge de pierre.

Ortega y Gasset (1930) : " La médecine n'est pas une science mais une profession, une pratique..."

S et MC : " La science et la médecine sont d'une certaine façon antithétiques : la science est en quête d'une éventuelle réponse à une question générale, la médecine d'une réponse spécifique aux problèmes particuliers d'un malade donné. L'homme de science élargit le champ des connaissances communes, le médecin accumule de l'expérience personnelle.

" C'est une mode en médecine de rendre hommage pour la forme à Karl Popper. Sa conception de la nature de la science, hypothèses audacieuses et réfutations sans merci, ne s'applique qu'à une partie de la médecine... La 'médecine scientifique' est aussi scientifique que la République Démocratique allemande était démocratique. Imagine-t-on un physicien écrire un manuel de "physique théorique scientifique ?"  

Enfin : " Si la médecine a une dimension morale, la science par contre est amorale... La science n'est ni bonne ni mauvaise, elle est fausse ou vraie."




Seamus O'Mahony écrit aussi (voir ICI) :

" Le scepticisme rationnel de David Hume est la base de la pensée scientifique mais constitue un handicap pour les médecins qui voient de vrais patients... Mais les médecins qui expriment des doutes sont mal considérés par leurs patients... Cela reflète la combinaison contemporaine entre le consumérisme dans la santé et la croyance cartésienne que nos corps sont des machines et qu'ils peuvent être réparés comme des ustensiles de cuisine..."

Ne nous désespérons pas mais le surgissement des médecines alternatives et/ou complémentaires est le fruit du fait que la médecine n'est pas une science et que les médecins qui ne doutent de rien au sens de Hume, qui ont des explications toutes faites pour des phénomènes qui les dépassent, acquièrent facilement la confiance des patients qui désirent une solution globale à leurs problèmes existentiels.

Il ne s'agit pas d'une conclusion définitive.

David Hume : 1711 - 1776

PS du 25/02/2023

Sur Wikipedia (LA) : belle discussion sur les sciences et les sciences appliquées.

La science appliquée est l'ensemble des connaissances rationnelles permettant de réaliser des objectifs pratiques.

Les sciences appliquées progressent grâce la recherche appliquée... mais aussi grâce à la recherche fondamentale qui découvre de nouveaux phénomènes et concepts susceptibles d'application. 

Louis Pasteur a violemment critiqué cette notion de "science appliquée" et a dit, notamment : " Souvenez vous qu'il n'existe pas de sciences appliquées mais seulement des applications de la science"

Ne pouvez-vous masque cela s'applique merveilleusement à la médecine ?

lundi 17 décembre 2018

Suite : Calendrier de l'avent des lectures médicales : Petr Skrabanek et James McCormick. #23 bis

La suite des aventures de ces deux médecins qui ont exercé au Trinity College de Dublin. Les chapitres suivants de leur livre fameux (premier épisode : ICI).



Chapitre 4 : La prévention.

Je vous demande de vous accrocher car là ils bousculent tout et même les esprits les mieux tournés.

Mieux vaut prévenir que guérir.
"Il est curieux qu'il soit devenu si difficile de vivre puisque les experts eux-mêmes arrivent à mourir on ne peut plus simplement" écrit Erwin Chargaff.
"Le dépistage des maladies (...), considérée en général comme une forme de prévention, ne l'est en aucune manière : c'est en fait le diagnostic précoce d'une maladie. Les critères d'un bon dépistage ont été définis par Wilson et Jungner (en 1968 !) ; or les partisans de la prévention les ignorent souvent."

La mort trompée.
"Dans les pays riches, l'espérance de vie à la naissance approche la longévité biologique. Il n'y a donc pas grand chose à espérer d'objectifs encore irréalisables comme l'élimination du cancer."
Il est important de considérer l'âge moyen des décès qui est peu différent que ce soit dû aux cancers ou à d'autres maladies (et les auteurs écrivent en 1989 !)

Les limites imposées par l'ignorance. "La prévention n'a de chances d'être efficace que lorsque l'on comprend la cause de la maladie que l'on traque."

La prévention efficace.
"Les mesures préventives ont plus de chances d'être efficaces lorsqu'elles ne reposent pas sur une modification du comportement des individus eux-mêmes. (...) Si l'on a pu éliminer complètement le paludisme dans certaines régions c'est en éradiquant les moustiques de l'environnement plutôt qu'en demandant aux gens de dormir sous une moustiquaire ou de prendre des médicaments prophylactiques. (...) La législation influence le comportement. Cependant, elle est rarement mise en place avant qu'une majorité du corps électoral n'ait déjà modifié ses habitudes..."

Les maladies coronariennes.
Ce long chapitre que je ne vais pas résumer devrait hérisser les cardiologues... (entre la page 125 et la page 133). Isolons ceci : " Puisque les 'facteurs de risque' sont associés à une modification de probabilité de la maladie, on en a déduit que les modifier réduirait la mortalité et la morbidité. D'où l'idée qu'il faudrait identifier les 'facteurs de risque' dans les populations en bonne santé. C'était là une illusion dangereuse : car modifier les 'facteurs de risque' a peu d'effets favorables et risque même d'être néfaste."

Le dépistage du cancer.
Les familiers de ce blog ne seront pas surpris par ce que disent les auteurs mais qu'ils n'oublient pas qu'ils ont écrit ceci en 1989 et que rien n'est venu ensuite démentir leurs propos. "L'un des principaux problèmes du dépistage des cancers vient de ce qu'un nombre relativement faible d'individus parmi la population étudiée ont cette maladie. Le cancer du sein est le plus fréquent des cancers chez la femme. Cependant, l'examen des femmes 'saines' de plus de 50 ans ne révèle que 2 ou 3 cas pour 1000 femmes examinées. (...) La valeur prédictive positive des tests comme le frottis du col utérin, la mammographie ou la recherche de saignements occultes dans les selles, s'échelonnent entre 1 et 10 %, c'est à dire que sur 100 tests 'positifs', entre 90 et 99 sont des faux positifs.

Le dépistage du cancer du sein.
Ce sous-chapitre est lumineux. Signalons toutefois que le fait que la mammographie ne sauve pas de vies (mortalité globale) est su depuis 1989. 

Le dépistage du cancer du col de l'utérus.
Ce dépistage fait contre toute attente discussion et nous l'avons déjà évoqué avec le livre de Margaret McCartney The patient Paradox ICI et LA. Tout au plus peut-on répéter ceci : le dépistage du cancer du col de l'utérus ne sauve pas de vies (mortalité globale).

L'abominable brute.
Les auteurs se revendiquent comme d'abominables brutes en prêchant la prudence avant de mettre en route des politiques de prévention/dépistage qui n'ont pas encore fait leurs preuves.

Des parodies de prévention.
"Depuis que la médecine se soucie de santé et non plus seulement de maladies elle se sent de plus en plus coupable d'offrir des promesses non tenues. (...) Il est sage, pour éviter le cancer du sein, d'être enceinte avant d'avoir vingt ans et pour éviter le cancer de l'utérus, de demeurer vierge. Ce qui n'évite cependant pas des problèmes ultérieurs : les femmes qui n'ont pas eu d'enfants ont un risque accru de cancer du colon et du col de l'utérus. (...) Le docteur Howard a décrit l'individu le moins exposé au risque de crise cardiaque : 'un nain de sexe féminin, au chômage, faisant de la bicyclette, maigre, en pré-ménopause, hypo lipidique et hypobéta-protéinémique, vivant dans une pièce surpeuplée de l'île de Crête avant 1925 et se nourrissant de céréales entières, d'huile de tournesol et d'eau'"

La dimension éthique.
"L'oubli des considérations éthiques est peut-être aussi intrinsèquement lié au développement historique de la médecine préventive." (N'oublions pas ce que disait David Sackett de la médecine préventive : (1))
"Nous pensons qu'il existe une différence caractéristique entre l'exercice quotidien de la médecine et le dépistage. Si un malade demande l'aide d'un médecin il lui répondra du mieux qu'il peut. Il n'est pas responsable des insuffisances des connaissances médicales. Par contre, si le médecin met en route  des procédures de dépistage (...) selon nous il devrait être en possession d'arguments concluants prouvant que le dépistage est capable de modifier l'histoire naturelle de la maladie chez une proportion significative de la population qui y est soumise."

Chapitre 5 : les médecines parallèles.

Entre la page 147 et la page 176 les auteurs passent en revue et assassinent (il faut cependant se référer au chapitre 1 sur les placebos) toutes les médecines parallèles en les mettant toutes dans le même sac : de l'homéopathie à l'acupuncture en passant par la chiropraxie, les fleurs de Bach et la science chrétienne.

Chapitre 6 : Ethique et médecine.
Ce chapitre est majeur.

Première affirmation : "La médecine n'est ni art ni science. C'est au contraire une discipline empirique, fondée sur des talents diagnostiques et thérapeutiques, aidée par la technologie, c'est à dire l'application efficace de la science." 
"Il n'est pas besoin que les médecins comprennent la science qui sous-tend leurs activités. (...) La science est une activité et non un corps encyclopédique de connaissances. (...) cependant, sans la science, la médecine en serait encore à l'âge de pierre."
"La science et la médecine sont d'une certaine manière antithétiques : la science est quête d'une éventuelle réponse à une question générale, la médecine d'une réponse spécifique aux problèmes particuliers d'un malade donné. L'homme de sciences élargit le champ des connaissances communes, le médecin accumule de l'expérience personnelle."
"En règle générale, si l'épithète 'scientifique' est considérée comme nécessaire, le sujet auquel elle s'attache n'est pas scientifique. La médecine scientifique est aussi scientifique que la République Démocratique Allemande était démocratique. (...) les physiciens ne se sentent pas obligés d'écrire des manuels de 'physique théorique scientifique'" 

Deuxième affirmation : "Un médecin doit s'abstenir d'imposer à son malade ses opinions personnelles, philosophiques, morales et politiques"

Troisième affirmation : " L''hygiène' dénommée aujourd'hui médecine préventive est la corruption de la médecine par la morale" ou : "Un véritable médecin ne prêche pas le repentir mais donne l'absolution."

Quatrième affirmation. "... les protagonistes de la médecine préventive sont devenus les apôtres d'un faux évangile et la bonne nouvelle qu'ils colportent sert un faux Dieu. (...) ... les ministres de la santé, les commissions d'éducation pour la santé et les autres organismes officiels de santé publique et assimilés font courir à la médecine le danger d'être corrompus par la morale."

Cinquième affirmation. " Plutôt que d'admettre notre ignorance des causes du cancer et des maladies cardiaques ainsi que de notre incapacité à les guérir, les médecins accusent de plus en plus leurs malades. La maladie est le salaire du péché.

Sixième affirmation : "Les préoccupations de santé publique sont l'une des marques des sociétés totalitaires.

On arrête là ?



Mais si vous voulez continuer vous pourrez lire aussi un livre ultérieur des mêmes auteurs qui fut considéré comme encore plus polémique :



L'édition en anglais est en ligne : The death of human medicicine ICI


(1) La médecine préventive est trois fois arrogante : Premièrement, elle est agressivement affirmative traquant les individus sans symptômes et leur disant ce qu'ils doivent faire pour rester en bonne santé... Deuxièmement elle est présomptueuse, persuadée que les actions qu'elle préconise feront, en moyenne, plus de bien que de mal à ceux qui les acceptent et qui y adhèrent. Finalement, la médecine préventive est autoritaire, attaquant ceux qui questionnent la validité de ses recommandations.


C'est fini pour cette année ! Le prochain billet donnera la parole aux lecteurs et aux livres médicaux qu'ils ont aimés (LA).

PS - Je vous livre le commentaire de Aurélie Haroche du JIM sur ce calendrier (en signalant que je n'ai aucun lien d'intérêt ni avec la journaliste ni avec le journal largement sponsorisé par l'industrie pharmaceutique) : ICI.

dimanche 16 décembre 2018

Calendrier de l'avent des lectures médicales : Petr Skrabanek et James McCormick. #23

Jean Doubovetzky, inlassable arpenteur et militant de la médecine humaine et fondée sur les preuves, m'a demandé il y a une dizaine de jours si j'allais citer le livre Idées folles, idées fausses en médecine dans mon calendrier de l'avent. Je lui ai répondu que je connaissais les auteurs mais qu'à ma grande honte je ne l'avais jamais lu. Je l'ai commandé en urgence et ce que j'ai lu m'a rappelé combien ces auteurs étaient en avance d'un siècle sur toutes les bêtises que l'on entend ici et là.
(J'avais commencé le calendrier de l'avent avant la date prévue et je m'arrêterai également avant Noël pour cause de vacances personnelles, et les deux dernières livraisons seront consacrées à ce livre majestueux : deuxième partie LA)



Voici le petit mot de présentation de Jean :

Modeste contribution à la liste de Jean-Claude : parmi les très rares livres de médecine que j’ai lus plusieurs fois
(Avec « Nemesis médicale » d'Ivan Illich et les bouquins de Michael Balint)
Petr Skrabanek et James McCormick « Idées folles, idées fausses en médecine » (Odile Jacob, 1992)
Une documentation impeccable, une rigueur fabuleuse, un humour, une ironie et une humanité à fondre. 
On éclate de rire tout en réfléchissant sérieusement. 
Et ne croyez pas : fondamentalement, en 30 ans, bien des choses n’ont guère changé … 
C’est un des points intéressants à relire le grand Petr.



Ce livre, qui date de 1989 pour la version originale, est effectivement époustouflant et je peux dire, en tant que nouveau converti, qu'il est probable qu'il fera partie de mes livres de chevet. Il est en outre remarquablement traduit.


"Ce livre traite de l'erreur médicale. Non pas celle qui pousse à amputer un membre du mauvais côté (...), ce sont des erreurs humaines et inévitables. Nous nous intéresserons plutôt aux raisonnements erronés qui viennent d'une position dogmatique ou d'une idée toute faite et qui constituent des obstacles aux avancées de la raison et de la recherche. (...) On nous traitera de 'nihilistes acharnés à subvenir les nobles desseins de la médecine' (William Silvermann). (...) Nous plaidons seulement pour l'esprit critique au sein même de la médecine"

Il y a six chapitres et aujourd'hui je n'en traiterai que trois.

Chapitre 1 : les placebos.

"Platt (1947) a ainsi constaté avec amertume que la fréquence d'utilisation des placebos était en relation inverse avec l'intelligence combinée du médecin et du malade."
" L'effet placebo dû au médecin lui-même peut être plus puissant que celui des médicaments."
" Le succès de la médecine, et jusqu'à un certain point celui de la chirurgie, repose en grande partie sur l'effet placebo. Fait étonnant, les ouvrages médicaux n'en parlent pratiquement pas."
" De même que les pèlerins à Lourdes ne peuvent bénéficier de discussions avec un rationaliste, les malades ne sont pas invités à suivre des conférences sur les placebos avant d'en recevoir un..."
" Le médecin incapable d'exercer un effet placebo sur son malade devrait se tourner vers l'anatomopathologie ou l'anesthésie..."
" La meilleure façon d'améliorer l'efficacité de n'importe quel traitement consiste à ne pas tenir compte des études contrôlées. Le médecin y gagne, le malade aussi ; seule la science en souffre."
Il existe un passage drolatique sur l'anesthésie sous acupuncture et comment il faut interpréter cet effet placebo.
Les auteurs soulignent à nouveau que l'on parle rarement de l'effet placebo dans les études de médecine : "... les médecins veulent nier l'importance de l'effet placebo : admettre son importance met en danger leur image et leur pouvoir."


Chapitre 2 : Sophismes en tous genres.

Ce chapitre est d'une épaisseur intellectuelle incroyable : tout y est. Il faudrait tout citer mais vous lirez le livre, je vous y engage. Les auteurs ne parlent pas de la fraude organisée mais "Prendre ses désirs pour des réalités, se fier à des préjugés, présenter des données de façon sélective, déformer les faits et se tromper soi-même sont autant de troubles dangereux : la maladie infectieuse dont ils relèvent est dépourvue de symptômes et on ne reconnaît pas d'emblée les porteurs sains."

Quelques sous-chapitres :

L'association confondue avec la cause : association causale, sophisme unidirectionnel, relation indirecte ou collatérale, cause nécessaire et suffisante, relation causale non temporelle
Le sophisme écologique (transposer à des individus des relations établies pour des populations entières)
Les résultats de substitution
Le faisceau de preuves
Le poids de la preuve
Le sonneur (ou le sophisme du faisceau)
L'argument d'autorité : "Le respect de l'autorité est le fondement même de l'enseignement médical" (tout ce qui a été écrit contre Harvey et Krebs), "Plus le niveau d'intelligence des personnes qui font autorité est élevé plus leur profession de foi risque d'être dénuée de sens" (l'exemple fameux de l'accueil favorable qu'ont reçu les preuves de Newton selon lesquelles les Prophéties de l'Apocalypse s'étaient réalisées...)
Tout le monde le dit
L'explication simple. Selon HJ Mencken "Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse."
Le projectile magique (la croyance immédiate dans l'efficacité des nouveaux médicaments)
Le mauvais sang
Risques relatifs, risques absolus. "La futilité de l'attitude qui consiste à trop prendre en compte les risques relatifs faibles peut être illustrée par une étude sur le tabagisme, la boisson et le cancer du sein. Des chercheurs ont montré que l'absorption d'alcool multipliait par deux le risque de cancer du sein, tandis que le tabagisme le diminuait de moitié. Cependant ils n'ont pas eu le courage d'aller jusqu'à proposer aux femmes harassées et déconcertées par ces résultats la conclusion inévitable suivante : si vous buvez, pour l'amour de Dieu, fumez aussi !"
Les extrapolations inappropriées
La moyenne dorée
Les essais aléatoires (randomisés)
Le sophisme de Beethoven
Les nouveaux syndromes
Signification non significative
Les statistiques post hoc
Les résultats "positifs" : "Les erreurs de type 1 sont plus graves que les erreurs de type 2, car il est plus difficile de publier une réfutation, un résultat 'négatif' que de corriger une erreur due à l'étude d'un petit échantillonnage"
Les erreurs du troisième degré (ou mauvaises applications des méthodes statistiques)
Le jargon. Voici ce que l'on pouvait lire dans le NEJM : "La diminution des performances de lactation, telle qu'elle apparaît dans les zones péri-urbaines des pays en voie de développement, a un effet anti contraceptif sur la communauté, augmentant le taux de natalité et la pression sur la population." Traduction : "La diminution de l'allaitement au sein dans les bidonvilles augmente le taux de natalité."
Les biais cachés. Ce sous-chapitre (pp 73-75) est passionnant. Voici ce que disait Bertrand Russell : "Même un article scientifique compétent sur les effets de l'alcool sur le système nerveux permettra généralement de savoir, grâce à des arguments internes, si l'auteur est sobre ou non ; dans chaque cas il a tendance à considérer les faits dans un sens qui justifie ses propres attitudes." (1)
L'effet Gold
Le silence. Cacher ses erreurs est une attitude habituelle commune chez les médecins. "Cette attitude est liée à la nature non scientifique de la médecine (McIntyre et Popper). En science les erreurs sont inévitables, puisque la science repose sur la conjecture et l'hypothèse, l'expérience et l'erreur. Au contraire, la médecine repose sur une tradition autoritaire : la vérité est vêtue d'autorité. Un médecin faisant autorité ne peut se tromper. Dans le cas contraire ses erreurs auront tendance à être couvertes afin de préserver le fondement même de l'autorité. C'est ainsi que l'éthique traditionnelle conduit à la malhonnêteté intellectuelle. Cela nous entraîne à cacher nos erreurs, tendance dont les conséquences peuvent être pires que celles de l'erreur elle-même."
L'expérience. La déduction par généralisation amène à faire des erreurs. parce qu'un médecin n'a pas dosé le PSA et que son patient en serait mort il se met à doser le PSA à tous ses patients.


Chapitre 3 : Diagnostic et étiquettes.

Ce chapitre est aussi foisonnant.
Pour ne pas lasser je vais me contenter de donner deux exemples :

"Une erreur de type 1 condamne un innocent, une erreur de type 2 acquitte un coupable. La maladie la plus fréquente, selon l'aphorisme de Karl Kraus, est le diagnostic."

Les non-maladies : ce sont des pseudo maladies : Meador en a trouvé 7 catégories et Dudley Hart 5. Exemple : les syndromes de contrefaçon, de limites supérieures et inférieures, des variations normales, des erreurs de laboratoire, d'interprétation radiologique, d'absence congénitale d'organes, de sur inteprétation des données physiques...
"Les non-maladies ont une caractéristique importante (...) : elles sont incurables."

Terminons aujourd'hui par ceci : "Comme le docteur Benway le remarque avec sagesse dans Le festin nu de William Burroughs : 'Dire que le traitement est symptomatique signifie qu'il n'y en a pas.'"

A suivre : LA.



(1) Appliquons cela aujourd'hui au cannabis.





(1940 - 1994)


James McCormick obituary (LA)

Une critique du livre : ICI.