mardi 13 octobre 2009

JEAN SARKOZY A ETE DESIGNE PRESIDENT DE L'EPAV


Hier soir j'ai fait un (très) mauvais rêve. Je lisais un Communiqué du ministère de la Santé indiquant que les centres de vaccination allaient bientôt être opérationnels, que les vaccins contre la grippe étaient sûrs de sûrs, qu'il n'était plus nécessaire de pratiquer deux injections pour être immunisé contre la grippe porcino-mexicaine... Il y avait aussi la suite de ce rêve : les Autorisations de Mise sur le Marché étaient déjà signées avant même que les études n'aient été rédigées (par les écrivains fantômes de l'industrie) et que les rapporteurs n'aient été nommés, les femmes enceintes ne craignaient rien, les jeunes enfants encore moins... La presse libre annonçait que tous les médecins généralistes allaient se porter volontaires pour vacciner, que le Préfet des Yvelines me réquisitionnait pour que je sois vacciné par un médecin volontaire afin que je devienne moi-même médecin volontaire... Toute la population française était désormais vaccinable, il s'agissait d'une tâche nationale, d'un mouvement citoyen inscrit au plan quinquennal de Santé Publique... Le Conseil National de l'Ordre des médecins applaudissait la décision de la CNIL de lever le secret médical de façon temporaire pour les femmes enceintes... La télévision était remplie de conférences de presse avec, perchés sur une estrade le trio infernal Bachelot, Houssin, Weber, assisté de Perronne, Marembert et autres sommités du monde médical.

Jean Sarkozy venait d'être nommé président de l'EPAV : Etablissement Public d'Aménagement de la Vaccination !

lundi 12 octobre 2009

DIRE LA VERITE AUX MALADES - HISTOIRES DE CONSULTATION : QUATORZIEME EPISODE

Monsieur O, 73 ans, un infarctus du myocarde stenté il y a trois ans, diabétique non insulinodépendant, hypertendu traité, est venu au cabinet accompagné par un de ses fils et par sa femme. C'est une vraie réunion de famille. Il y a six mois il a été victime d'une rétention aiguë d'urine qui l'a conduit aux urgences où il a été sondé. Lorsque la sonde a été retirée il n'a pu se remettre à pisser et il a été décidé de lui laisser une sonde à demeure. Les conséquences ont été difficiles pour cet homme qui a été obligé de traîner sa poche d'urine, de se faire changer la sonde tous les mois. un ou deux épisodes d'infection urinaire et la vie quotidienne devient compliquée.

C'est la première fois qu'il vient au cabinet avec sa femme, ils sont indépendants pour les consultations, et, a fortiori, qu'un de ses fils l'accompagne, ajoute à la solennité.

Il y a trois semaines l'urologue de l'hôpital lui a enlevé sa sonde, l'a réséqué et, depuis, je l'ai eu au téléphone, il pisse spontanément. Il pisse rouge mais il pisse.

Cet homme est aussi un anxieux dépressif qui a fait un épisode aigu il y a dix ans et qui en a gardé un très mauvais souvenir.

"Que me vaut cette consultation inhabituelle ?
- Le docteur D m'a dit que j'avais un cancer.
- Un cancer de quoi ? je demande d'un air ahuri."
Il me montre son bas ventre et, déboussolé, je m'attends au pire.
"Ben, de la prostate, cette affaire... De quoi voulez-vous donc que j'ai un cancer ?"
Son fils me jette un regard stupéfait et réprobateur (j'ai l'air de débarquer de Mars) et sa femme, presque tremblante, est prête à toutes les révélations funestes.
"Il vous a dit ça quand ?
- Avant hier.
- Et c'est tout ce qu'il vous a dit ?
- Non, que j'allais avoir des rayons et des piqûres...
- C'est tout ?
- Vous ne croyez pas que c'est suffisant ?"
Si j'avais voulu faire de l'humour, déplacé, déplacé, j'en conviens, je lui aurais dit que c'était à la fois trop ou pas assez.
"Bon, bon, bon..."
Il y a encore quelques années il était de bon ton, en France, de ne jamais dire la vérité aux malades, sauf exception, les exceptions étant, malade emmerdant, famille chiante ou nécessités sociales. cela faisait partie, sauf erreur de la théorie paternaliste de la médecine française : ce que je fais est forcément bon pour le malade qui est un con et qui ne peut comprendre puisque j'ai fait x années de médecine et que lui... Puis, presque du jour au lendemain, sous l'influence de la culture dominante anglo-saxonne, et, il faut le dire, en raison de nombreux textes de réflexion publiés par ces mêmes anglo-saxons (au sens large) et au nom de la philosophie libérale (le corps du patient appartient au patient et c'est lui qui doit décider en toute connaissance de cause), on s'est mis à tout dire. Mais l'inhumanité des médecins, leur arrogance, leur suffisance, leur manque de réflexion et de prise en considération du patient qui se trouve en face d'eux, toutes ces qualités sont restées telles quelles avant, pendant et après ce changement d'attitude. On pourrait dire, en paraphrasant Proust qui parlait de toute autre chose (faut-il dire à son meilleur ami que sa femme le trompe ?), que les médecins ne disaient pas la vérité puis l'assenaient des années plus tard avec tout autant de conviction et de bonne conscience, par méchanceté quand ils étaient méchants, par gentillesse quand ils étaient gentils, par bêtise quand ils étaient bêtes, par ignorance quand ils étaient ignorants...
J'ai regardé Monsieur O droit dans les yeux, je ne lui ai pas dit que l'urologue était un gros con avec de la merde dégoulinant de partout sur son visage, de la bonne vieille merdre ubuesque ou de la bonne vieille merde rabelaisienne, mais sans nul doute que le non verbal l'a frappé en pleine figure, pas seulement lui, sa femme, son fils, et j'ai tenté de le rassurer (il était peut-être un peu tard).
Je pensais aussi que la bêtise des urologues (mais, mon cher ami, il ne faut pas généraliser, insulter une corporation, ostraciser une communauté, c'est vraiment très mal, c'est vraiment pas citoyen, c'est aussi peu convenable de parler comme cela de pauvres chirurgiens qui tentent d'éliminer les prostates de la surface de la terre, que de ne pas vouloir se faire vacciner par le vaccin contre la grippe A), je reprends : que la bêtise de la majorité des urologues, ne se résumait pas au dosage généralisé du PSA dans les populations mâles des pays industrialisés, mais à la traque incessante de ce putain de bordel de cancer de la prostate qui tue tant de personnes de par le monde...

Rassurer un homme de soixante-treize ans n'est pas une chose facile quand on sait qu'il a déjà fait un infarctus, qu'il porte des stents, qu'il est diabétique non insulinodépendant et qu'il prend aussi des médicaments contre l'hypertension et contre son excès de mauvais cholestérol.

Cela fait des années que j'aurais dû l'inquiétéer et lui dire que son espérance de vie est probablement fort compromise mais certainement pas en raison de son cancer de la prostate.

Heureusement que son PSA est peu interprétable après la résection, heureusement que le scanner est rassurant, heureusement que la scintigraphie osseuse est normale... Non, non, je dis des bêtises : ces examens, à part le dosage du PSA, n'ont pas été réalisés et je ferai en sorte que l'oncologue de l'hôpital, mon ami, pas les autres qui sont payés au pourcentage sur les examens réalisés, fasse le minimum et laisse ce patient tranquille, sans rayons, sans antiandrogènes qui, tout le monde le sait sauf certains urologues, ne sont pas des traitements très favorables chez les patients "cardiaques".

Je ne sais pas si ce patient aura été rassuré par son médecin traitant mais je lui ai prédit plusieurs années heureuses sans traitement.

Me croira-t-il ?

Je n'ai pas appelé l'urologue qui ne m'a pas encore communiqué plusieurs semaines après les faits un compte rendu de la consultation où il a annoncé, sans ambages, que le patient avait un cancer...

Je lui ferai lire mon blog.

dimanche 11 octobre 2009

LES CENTRES DE VACCINATION POUR LA GRIPPE MEXICAINE

La mise en place de centres de vaccinations départementaux prévus pour la vaccination de masse avec des vaccins peu étudiés me pose un certain nombre de questions que je vous livre telles quelles car j'ai peu de réponses claires à vous proposer.

  1. Qui a pu accepter que ce ne soient pas les médecins traitants qui vaccinent leurs propres malades sachant que ce seront en priorité des patients fragiles, des femmes enceintes et des enfants ?
  2. Ces vaccinations seront faites par des médecins praticiens, des médecins non praticiens, des infirmières, des étudiants en médecine, des étudiants infirmiers : est-ce bien raisonnable ?
  3. Qui aura vérifié, quand les vaccinations commenceront si les vaccineurs auront bien reçu les deux doses de vaccin avant de commencer ?
  4. Que fera-t-on des listes des professionnels de santé qui indiqueront si les dits professionnels ont ou non été vaccinés, recevront-ils une lettre de rappel, leur enverra-t-on une réquisition préfectorale, devront-ils payer deux fois, pour insubordination anti citoyenne , leur cotisation ordinale et que fera la CNIL ?
  5. Qui saura exactement, dans ces centres de vaccination, et malgré des interrogatoires avant le début de la dite vaccination, quand la vaccination contre la grippe saisonnière aura été faite (délai théorique de 21 jours fixé par la main de Dieu), si les patients ont déjà fait des réactions allergiques aux vaccins et qui décidera, en ce cas, de le faire ou de ne pas le faire, si les patients sont sous anticoagulants et s'il y aura un choix d'aiguilles différentes en ce cas, si les fameux étudiants sauront comment injecter en ce cas...
  6. Qui apportera l'information éclairée sur les nécessités de la vaccination chez les personnes fragiles et qui dira la différence entre le bénéfice individuel et le bénéfice collectif ?
  7. Qui informera le médecin traitant des dites vaccinations (c'est à dire les deux injections) ? Y aura-t-il des mini carnets de santé ?
  8. Qui gèrera les effets indésirables bénins, prévisibles, imprévisibles et / ou graves (prévisibles et / ou imprévisibles) ? Car, ne l'oublions pas, la concentration des patients, le nombre des vaccinations, entraîneront sans nul doute des effets inattendus... voire des effets de foule...
  9. Quid des médecins qui refuseront de se porter volontaires ? Pourront-ils exercer un droit de retrait ?
Bonnes réflexions.

jeudi 8 octobre 2009

SI L'ON PARLAIT DE LA GRIPPE SAISONNIERE...

Les réactions des médecins et de la population vis à vis de la grippe A et de sa prévention (y compris la vaccination) ne laissent pas de me surprendre....


Quoi ? Serait-ce que les médecins et la population ont enfin compris que, jusqu'à présent, il n'avait été rien prévu dans le cas de la grippe saisonnière dont on nous dit, selon les sources, qu'elle tuerait en France entre 2000 et 5000 patients tous les ans ? La grippe saisonnière tue tous les ans des milliers de personnes et le Ministère de la Santé, les médecins, les Institutions, s'en moquaient, ne faisaient rien, s'en lavaient les mains (et, justement, c'était ce que personne ne faisait)...


Permettez-moi de m'arrêter sur l'incertitude des chiffres de décès liés à la grippe saisonnière chaque année en France. Ne s'agit-il pas d'un scandale absolu ou de la preuve a contrario que le système de santé n'est pas le meilleur du monde puisque ce qui fait son fondement, l'épidémiologie, le recueil des effets indésirables des médicaments ou des pratiques, l'analyse prospective et rétrospective des causes de guérison et / ou de décès, sont cruellement absents de la scène scientifique alors que ce sont ces chiffres qui devraient conduire à la définition des politiques de santé à mener dans notre beau pays ?


L'exemple de la canicule n'a servi à rien ! Imagine-t-on des statistiques annuelles des accidents de la route en France qui oscilleraient selon les années entre 5 et 7000 décès, par exemple ? Alors que l'on sait qu'en 2008 exactement 4274 personnes sont mortes (dans les trente jours suivant l'accident), c'est à dire à l'unité près. Qu'est-ce que c'est que cette médecine, la meilleure du monde qui n'est pas capable de nous fournir des chiffres sur le nombre de décès liés à la grippe ?


On n'est pas étonné, ensuite, que les experts, ceux-là mêmes qui ne se préoccupent pas de l'état infantile de l'épidémiologie en France, puissent raconter n'importe quoi sur les dangers de la grippe A...


On nous dit partout que la grippe A ne serait pas plus dangereuse que la grippe saisonnière... Ce qui est probablement vrai. Mais à partir de quels chiffres ? Les chiffres américains, néo-zélandais, australiens ou danois ? Pas à partir de chiffres français qui n'existent pas.


Donc, le raisonnement est simple : si la nouvelle grippe A n'est pas plus dangereuse que la grippe saisonnière, pourquoi en faire tout un plat puisque les Autorités, à part favoriser des campagnes de vaccination, ne faisaient rien jusqu'à présent contre cette grippe saisonnière ? De qui se moque-t-on ? Faut-il attribuer l'excès de mortalité, comme on dit, à l'incompétence des Autorités sanitaires ? Il faut dire que ces Autorités sanitaires sont d'une nullité accablante. Les décisions de ces Autorités sont prises sous la coupe d'experts, et j'espère que nous pourrons disposer du bétisier des experts et de leurs déclarations intempestives, sans fondements, non documentées, lorsque les premiers cas de grippe A sont apparus au Mexique, d'experts, disais-je, qui sont, pour leur majorité, soit d'une incompétence notoire soit sous l'influence de conflits d'intérêts sur lesquels aucun journal, à part le Canard Enchaîné, n'a jamais enquêté. Car les premières déclarations des Autorités sur l'efficacité du tamiflu nous feraient mourir de rire si elles n'avaient entraîné des effets indésirables que nous ne connaîtrons jamais car, autre caractéristique des systèmes de santé (et, pour le coup, dans tous les pays c'est pareil : les médecins et autres professionnels de santé ne déclarent pas les effets indésirables pour des raisons dont la littérature est remplie), le service après-vente est inexistant. Je suggère à l'Autorité des marchés Financiers (AMF) d'enquêter sur la possibilité de délits d'initiés sur les actions Roches après certaines déclarations expertales... Quant aux dernières déclarations sur l'innocuité supposée des vaccins anti grippe A...



Que les médecins qui, cette année, ont commencé à se laver les mains entre chaque patient, qui ont commencé d'utiliser des serviettes à usage unique, qui ont consulté avec un masque chirurgical, qui ont cessé de prescrire de l'ibuprofène dans les syndromes grippaux, qui ont cessé de prescrire des antibiotiques dans ces mêmes syndromes, s'interrogent : pourquoi ne le faisaient-ils pas auparavant ?


Je leur suggère maintenant, eux qui disent à 52 % ne pas vouloir se faire vacciner contre la grippe A, de se reporter aux publications indépendantes qui affirment, études en main, que le vaccin contre la grippe saisonnière est d'autant moins efficaces que les patients sont plus âgés et immuno-incompétents (voir ce blog).


Que cette campagne sauvage menée par le pharmacien Bachelot, le chirurgien Houssin et l'ex de l'industrie Weber, conduise tout le monde à s'interroger sur la validité de tout ce qu'on nous sert depuis des années sur la grippe saisonnière. Un exemple : on nous dit qu'il faut vacciner tous les ans, on nous dit que l'immunisation dure cinq mois et on nous dit, dans le même temps que les personnes nées avant 1957 seraient possiblement immunisées contre le virus A actuel. De deux choses l'une, soit on nous ment, soit l'immunité acquise par la maladie protège, aux mutations près, mieux que la vaccination, alors pourquoi vacciner tous les ans ?
A suivre.

dimanche 4 octobre 2009

CANCER DU SEIN : FAUT-IL EXAMINER LES SEINS AVANT LA MAMMOGRAPHIE DE DEPISTAGE ?

Le dépistage du cancer du sein est un enjeu majeur de Santé Publique mais, nous le verrons, d'une façon paradoxale. Dans ce blog, comme vous l'avez remarqué, il s'agit d'un sujet récurrent : voir ici.

Préambule.

Les campagnes de dépistage grand public actuellement en cours dans notre pays sont indécentes et ce n'est certes pas parce que des vedettes montrent complaisamment leurs seins, c'est parce qu'il s'agit d'un lavage de cerveau généralisé qui empêche les réflexions scientifiques (je suis désolé, pour le coup, d'employer un terme aussi indécent) de s'exprimer.

La propagande préventive est en marche. Je devrais dire l'hystérie préventive. Dans le temps (mais la dernière commémoration des 60 ans de la Chine communiste rend le passé extrêmement présent) on réunissait les masses dans des stades et on les faisait attendre des heures le discours du Grand Chef, désormais l'armada médiatique atteint les populations dans leur salon, dans leur salle de bains, dans leurs toilettes et on leur assène la rhétorique préventive sans qu'ils puissent se défendre.

Quand j'entends Brigitte Fanny Cohen ou Guillaume Durand plastronner sur les télévisions publiques, je ne peux m'empêcher de m'identifier à Marcello Mastroianni dans Une Journée particulière d'Ettore Scola errant comme une âme en peine non concernée pendant que les masses mussoliniennes sont au défilé.

Car, et je ne voudrais pas que mes comparaisons soient mal interprétées et que mes lecteurs prétendent que j'ai atteint le point Godwin, nous vivons, sur de nombreux points en médecine, une époque totalitaire. Et les zones de résistance sont rares. Où sont, en France, les contre-pouvoirs ? Dans le domaine du cancer du sein il n'existe certes pas de sectes anti dépistage ou de mouvements millénaristes refusant la mammographie pour des raisons éthico-religieuses qui pourraient servir de repoussoir et qui pourraient permettre de ranger les sceptiques dans le camp des obscurantistes, mais il existe une dictature de l'opinion des experts.

La consanguinité de l'expertise à la française se traduit, dans les différentes sociétés dites "savantes" par un jeu de chaises musicales où l'appât du pouvoir se dispute à l'incompétence et à l'arrogance. Il existe même une loi gauloise, qui, à l'inverse des lois non écrites ayant cours dans de nombreux pays anglo-saxons, fait de l'appartenance d'un expert à une organisation gouvernementale un gage de forts conflits d'intérêts, d'inaptitude à la discussion et d'incapacité à lire la littérature mondiale.

La presse française (et que l'on ne vienne pas verser des larmes de crocodiles sur ses colossales pertes financières) est parmi les plus bêtes du monde puisqu'elle passe la majorité de son temps à recopier les informations que les Autorités de tout poil (gouvernementales ou expertales) lui donnent à manger gratuitement (ou avec rétribution). Le publi-reportage sur le dépistage du cancer du sein sert de réflexion aux journalistes qui se prétendent rapporter des faits scientifiques.

Je voudrais rappeler ici l'argumentaire de Iona Heath qui réconforte sur l'état d'esprit des médecins généralistes.

Pré-requis.
Soulignons un des grands malentendus qui sert l'idéologie de la prévention. Un certain nombre de médecins (et pas seulement des galeux de médecins généralistes, aussi des spécialistes, surtout des radiologues, des chirurgiens et, pire que tout, des cancérologues, professeurs, Praticiens hospitaliers et autres) ne comprennent pas que le dépistage peut conduire à des catastrophes. Ecoutez-bien mes amis champions du dépistage à tout va, mes amis champions de la bonne conscience traitante, mes amis champions du paternalisme (ce qui est bon pour la prévention est bon pour le malade) : il n'est pas anodin de faire un faux diagnostic de cancer du sein, comme, je ne le nie pas, il n'est pas anodin de ne pas faire le diagnostic d'un cancer du sein. Mais, dans le premier cas, la faute est complète, et, dans le second, il est aussi possible que l'on en fasse trop car tous les cancers ne sont pas mortels.

Mais je m'égare.

Revenons à l'hécatombe des seins.

Les médecins et les patients reçoivent depuis des années des informations contradictoires sur la façon de prévenir le cancer du sein. Nous manquions, aux temps héroïques, d'études de qualité et chacun y allait de son expertise personnelle et de ses conseils au lit du malade.

Ainsi en a-t-il été de l'auto palpation des seins (qui entraîne un surcroit d'interventions inutiles), de l'échographie des seins (vaste connerie financière), des mammographies effectuées par des incapables (ça continue : l'accréditation des mammologues se faisant sur la qualité du matériel et pas sur la compétence de l'examinateur) et, maintenant de la palpation des seins avant mammographie de dépistage.

Voici l'essai qui n'est malheureusement pas disponible en ligne.

L'étude a été réalisée auprès de 290 000 femmes participant au Ontario Breast Screening Program (Canada) entre janvier 2002 et décembre 2003.
Il s'agissait de savoir si l'examen des seins avant mammographie de dépistage améliorait l'efficacité du dépistage en comparant le taux d'adressage chez le chirurgien entre les centres de mammographie le pratiquant et ceux ne les pratiquant pas.

Je vous livre les résultats à la louche : "Nous avons découvert plus de cancers et la sensibilité a été meilleure dans le groupe examen des seins plus mammographie que dans des essais communautaires classiques de prévention MAIS les bénéfices de l'examen clinique des seins doivent être pondérés par les risques et les coûts potentiels induits par la découverte de faux positifs et par l'anxiété associée aux examens additionnels effectués."

Voici un commentaire pratique : "Pour une population théorique de 10 000 femmes âgées de 50 à 69 ans l'examen clinique des seins associé contribue à la détection de 4 cancers qui n'auraient pas été diagnostiqués par la mammographie mais entraîne la "détection" de 219 faux positifs (chez 219 femmes de plus)"

La messe est dite.

Petit (dernier commentaire) : il ne s'agit pas de dire qu'il ne faut pas palper les seins des femmes, qu'il ne faut pas faire pratiquer de mammographies mais il faut 1) être un clinicien confirmé (ce que je ne suis pas en ce domaine) ; 2) connaître un mamographiste confirmé (j'ai dans mon carnet d'adresse) ; 3) connaître un oncologue intelligent et compétent (j'ai) ; et 4) connaître un chirurgien habile et compétent (j'ai).

La double lecture des mammographies par deux ânes ne rend pas la lecture meilleure.

Ainsi ai-je dit que le dépistage du cancer du sein était un problème de santé publique mais de façon paradoxale... Oui ! le paradoxe n'est pas dans l'organisation de ce dépistage mais dans la qualité des dépisteurs. Nous voulons protéger les seins non malades des femmes de l'appétit mutilant des autorités (sans compter les appétits financiers).


jeudi 1 octobre 2009

GRIPPE : REFLEXIONS DE TERRAIN

Les patients qui consultent au cabinet n'ont pas peur de la grippe A (voir les sondages) mais sont inquiets quand ils l'ont !

Les employeurs font du forcing pour éviter la contamination. Les administrations font du zèle au nom de ce qu'ils pensent être le Principe de Précaution (connerie inénarrable inscrite dans la Constitution de la France).

Un exemple : la mairie de Plouc-La-Jolie m'appelle (une secrétaire). "Vous avez fait un arrêt de travail à Madame T et elle dit qu'elle a la grippe A. Pouvez-vous me le confirmer ? - Pardon ? - Eh bien oui, si elle a la grippe A, nous avons des mesures à prendre pour protéger le personnel. - Chère Madame, premièrement je suis tenu par le secret professionnel, deuxièmement la grippe A n'est pas une maladie à déclaration obligatoire, troisièment vous n'aurez des informations que par le biais du médecin du travail. - Il est difficilement joignable. - Je croyais que le docteur X avait un bureau à Z... Allez, bonne journée." Je retourne à mes occupations consultantes et, trois minutes après, le téléphone sonne. "Allo. - C'est le docteur X. Je suis désolée. - Vous êtes désolée parce que le secret médical n'est pas respecté à la Mairie ? - Je sais, je sais, je les ai déjà prévenus plusieurs fois. Alors, cette patiente, elle a la grippe A ? - Comment voulez-vous que je le sache ? (mon ton est irrité). Elle a un syndrome vaguement grippal et je ne peux faire faire des prélèvements à chaque patient qui n'est ni un nourrisson ni une femme enceinte... Je lui ai donné un arrêt de travail jusqu'à la fi de la semaine. - Et alors, moi, je fais quoi ? - Ben... vous faites rien. Vous vous occupez de l'entourage, comme je l'ai fait, et vous avisez. - Je sais que la grippe est contagieuse sept jours avant les symptômes. - Pardon ? Vous ne croyez pas que c'est entre 24 et 48 heures à tout casser ? - Je ne savais pas..." Donc, le médecin de la mairie de plouc-la-Jolie ne lit pas et ne respecte pas les instructions qui, il est vrai, changent tout le temps...
Mais revenons à nos virus.
Sur la semaine du 21 au 27 septembre le GROG (médecins "spécialisés" à partir desquels on extrapole le nombre de grippes à tout le territoire) : en médecine générale un patient sur huit a consulté pour une infection respiratoire aiguë [IRA] (soit trois par jour et par médecin) et un sur six en pédiatrie ; mais surtout : 4 % seulement de ces IRA étaient dues à la grippe A !
Conclusion du GROG : le nouveau virus H1N1 est donc discrètement présent dans la population générale.
Roselyne Bachelot en fait trop ! Plusieurs hypothèses : elle est mal conseillée, elle justifie le plan Grippe, elle veut que l'on se vaccine.

jeudi 24 septembre 2009

VACCINS, VACCINS, VACCINS

Alors qu'un sondage IFOP récemment publié par le Quotidien du Médecin indique que 52 % des praticiens libéraux sont décidés à se faire vacciner contre la grippe porcinomexicaine (soit deux fois plus que les infirmières libérales) il est permis de s'interroger sur cette attitude.


Les pro vaccins inconditionnels parlent, d'un air désabusé, du côté gaulois de nos collègues praticiens (Je suis contre les Autorités), de peurs irraisonnées (la sécurité des vaccins est une donnée universelle), de la négligence scientifique des médecins généralistes (car, ne vous y trompez pas, ce sont eux qui sont visés). Ils auront donc de très bons arguments si le vaccin ne "marche" pas : il n'y avait pas assez de vaccinés !


Les anti vaccins inconditionnels (i.e. les sectaires) se réjouiront de ce pas en avant vers la non vaccination amis les observateurs indépendants seront consternés.

En effet, cette réticence à l'égard du vaccin anti grippal porcino-mexicain, n'est pas liée à une meilleure lecture de la littérature internationale ni à une prise de conscience de la possible implication des vaccins dans des phénomènes immuno-allergiques, non, car les mêmes médecins qui ne veulent pas SE faire vacciner, vaccineront probablement leurs malades en raison d'une panurgite aiguë et continueront de ne pas se poser de questions sur a) la non efficacité du vaccin anti grippe "saisonnière" que nous avons rapportée ici, et sur b) les potentiels dangers de la vaccination contre l'hépatite B ...

L'ignorance emprunte parfois les chemins de la connaissance.

Mais il suffira de trois morts successifs chez des citoyens non à risques montés en épingle par TF1, Bachelot et consorts pour que les sondages IFOP changent d'âme et pour que les médecins se ruent dans leur centre départemental de vaccination pour profiter de l'aubaine d'une vaccination gratuite, obligatoire et citoyenne.

Amen.