Madame A, trente-deux ans, consulte au cabinet pour la première fois. Officiellement c'est parce que son médecin est en vacances, officieusement parce qu'elle veut un deuxième avis.
(La consultation pour deuxième avis met tout médecin en état de transe. Il a beau savoir que, il a beau être certain que, il se dit, se rengorgeant, que quelqu'un a bien dû conseiller la patiente, lui dire Va voir mon médecin, il est super, tu verras, alors, le médecin, généraliste ou pas, spécialiste en médecine générale ou pas il se dresse du col et, au même moment, il se dit, il faut être réaliste, les patients qui demandent un deuxième avis, ils sont souvent de grands inquiets et parfois des emmerdeurs de première...)
Madame A n'est pas venue toute seule, elle porte à bout du bras droit un couffin coqué, le genre de truc qui pèse une tonne, qui déglingue les épaules et que l'on doit changer très rapidement son poids plus celui du bébé devenant insupportable, couffin dans le quel repose ce que j'apprendrai être tout à l'heure un petit garçon.
Je prends mon air attentif, faisant attention à mon non verbal, la position de mes mains sur le bureau, les jambes ouvertes, la tête droite, le regard clair de celui qui a tout entendu et qui est capable, avec modestie, de tout résoudre, et, surtout, mieux que les confrères précédents (il s'agit d'une consoeur), je me compose une attitude qui n'est pas apprise, sauf erreur, sur les bancs de la faculté et surtout pas dans les consultations hospitalières à plusieurs où chacun joue son rôle hiérarchique avec componction. Mais j'ai parcouru un jour L'entretien d'embauche pour les Nuls et on pouvait y lire ce qu'il fallait faire et ne pas faire et, surtout, comment chaque geste, chaque mouvement de sourcil, on appelle cela dans les cercles intellectuels et les autres, les dégâts collatéraux de la lecture attentive de Psychopathologie de la Vie Quotidienne, chaque pli de pantalon, chaque noeud de cravate, tout ayant une signification, volontiers sexuelle, mais je m'égare...
Madame A, trente-deux ans, a deux problèmes : primo, elle a de l'eudème aux seins, secundo, elle a mal au dos. Commençons par les oedèmes (prononcez édèmes, ne dites pas le complexe d'Eudipe... c'est d'un plouc : laissez cela aux phlébologues qui vivent des eudèmes et qui prescrivent des phlébotoniques dont le déremboursement, contrairement à un préjugé tenace, ne les a pas rendus plus efficaces que lorsqu'ils étaient promus par les laboratoires à coups de post-it, de voyages ou d'embarquements pour Cythère au Novotel du coin) : elle me dit avoir consulté et sa médecin généraliste et sa sage-femme qui lui ont dit, ça commence bien ou mal, c'est selon, qu'ils n'avaient jamais vu cela. Je l'examine, elle défait son soutien-gorge agréé par la Lèche League, dont je signale que la prochaine réunion aura lieu à la salle polyvalente (et parfois paroissiale) de Ris orangis, Essone, et je vois des mamelons (je n'ai pas dit mamelouk bien que cette jeune femme, pardon la HALDE, soit de confession musulmane, ce qui n'a aucun rapport avec ce que j'ai déjà dit et ce que je vais dire) qui sont effectivement oedématiés mais pas gercés. Je palpe, je prends un air docte de celui à qui on ne la fait pas, qui a déjà vu des milliards de seins de femmes et quelques mamelons oedématiés... Et je me tais, tentant de savoir ce que je vais bien pouvoir lui raconter. Cela fait tellement banal... L'interrogatoire reprend, je pose des questions issues de mon manuel, Comment faire chic avec les patients et poser des questions sans intérêt qui donnent l'air d'un bon médecin et rassurent les patients, bien qu'une étude anglaise datant de y a longtemps et que je n'arrive pas à retrouver, ne classant pas mes articles à cette époque, montrait que plus on inquiétait les malades et plus ils revenaient en consultation (ce qui, en cette période supposée de pénurie de médecins généralistes et d'inflation des clientèles n'est plus autant d'actualité et que la technique A la revoyure, bonne dans les années 70 ou 80, marche tout aussi bien et sans se casser les pieds) et j'en arrive à la conclusion frappante, la patiente allaitant et souhaitant allaiter le plus longtemps possible (c'est mieux pour la santé) que cela va se terminer par des bonnes paroles. Je lui raconte quand même une histoire sur le fait que a) j'ai déjà vu cela, b) c'est pas grave ; c) ça va passer (avec mes bonnes paroles et des compresses alcoolisées). Quoi qu'il en soit, et je le précise pour les grands docteurs, nous avons effectivement balayé le champ des possibles, le tire-lait, les protections, et nous sommes convenus que cette femme voulait continuer d'allaiter, ce qui est son droit le plus strict. Cela dit, et pour continuer sur le chapitre des seins, elle est quand même venue pour quelque chose : elle veut une prolongation d'arrêt de travail pour Suites de couches pathologiques...
Nous abordons ensuite le problème du dos, il s'agit de dorso-lombalgies assez banales mais très casse-pieds, avec des contractures musculaires. J'aborde le problème du portage, du couffin coqué et de la position dans le lit. Je lui précise aussi qu'à part le paracétamol, je n'ai pas de solutions médicamenteuses à lui proposer (et vous savez quoi ? Elle en prend déjà !).
Et c'est là où la consultation prend un tour inattendu. j'apprends donc que cette femme dort tous les soirs avec son bébé dans les bras et que son mari, qui se lève tôt et qui travaille sur les chantiers, fait chambre à part. Je ne peux m'empêcher de penser à cette pédiatre mondaine, conseillère municipale UMP notoire, qui passe souvent à la télévision et dont l'association, dirigée par son mari, a eu maille à partir avec la justice, Edwige Antier, pour ne pas la nommer, qui préconise le couchage mère nourrisson et la relégation du mari dans le fond de l'appartement... Finement, méchamment dira-t-on, je l'interroge en passant sur son mari qui, me dit-elle, n'est pas content. Cette patiente, au fait, ne prend pas de contraception car elle ne veut pas avoir de rapports tant que ses fils ne sont pas tombés... Fils : elle a eu une déchirure lors de l'accouchement. Je lui propose de regarder, elle me dit qu'elle verra cela avec sa gynécologue qui ne pourra la voir que dans un mois. Pauvre mari. Victime d'Edwige Antier qui considère que les pères...? Nous faisons le point entre a) les mamelons, b) le dos, c) l'allaitement, d) le congé pathologique et elle me dit ceci : Les femmes qui allaitent devraient avoir un congé supplémentaire (il y a des conventions collectives), devraient pouvoir travailler à mi-temps... J'aborde deux ou trois points sur le travail des femmes, sur le plafond de verre, sur les différences de salaire... Elle fait oui de la tête mais son mari couche dans la pièce à côté. Vous avez dit complexe d'Eudipe ?
Je pense aussi à Elizabeth Badinter qui s'est fait assassiner, non tant pour ses propos sur l'allaitement, que pour des raisons ontologiques : elle est l'héritière Publicis qui promeut des laits maternisés et des couches culottes.
Pourtant, toutes les femmes ne sont pas pro Lèche League, association d'origine américaine qui tente d'effacer tout ce qui pourrait ramener à ses origines, c'est à dire catholiques, bourgeoises et tout ce qui pourrait laisser penser que cette organisation préfère l'allaitement au travail des femmes. Certes, en France, la Lèche League est de gauche, bien pensante et balaye d'un revers de la main toutes ces accusations idéologiques, et toute personne qui s'opposerait, ne serait-ce que légèrement, à elle, est taxée de réactionnaire, de rétrograde, voire d'antiféministe, mais est-ce que l'allaitement maternel est l'avenir de la femme ; est-ce que les couches à laver sont l'avenir de la femme (ou des femmes qui utilisent des niches fiscales pour employer des femmes de ménage à domicile - en leur proposant un local pour allaiter elles-mêmes ?) ? Mais, heureusement qu'il y a aussi des féministes, mais il faudrait préciser les chapelles, qui peuvent lire un livre sans se dresser sur leurs ergots idéologiques et se poser des questions sur le nouveau rôle assigné à la femme : mère plus que femme ou amante (ici).
Madame A, je ne la reverrai pas, est acquise à l'allaitement maternel. Je ne parlerai pas, d'un point de vue scientifique, du faible niveau de preuves, dans les pays développés, de l'intérêt médical de l'allaitement maternel. Elle est une chaude partisane d'Edwige Antier.
Qui dira que je n'ai pas mérité mes vingt-deux euro et que la médecine générale est inintéressante ?
et alors?
RépondreSupprimer"du faible niveau de preuves, dans les pays développés, de l'intérêt médical de l'allaitement maternel" ? Vous êtes sérieux là ???
RépondreSupprimerIl me semblait pourtant que les publications se succédaient à un rythme soutenu ces dernières années, pour justement montrer combien le lait maternel est infiniment plus intéressant que le lait en poudre, qu'il y a même un "effet dose" sur la durée. Moi qui croyais que vous étiez de ces rares médecins documentés et qui allaient chercher l'info plus loin que le bout de leur visiteur médical, je suis scotchée.
Etes-vous donc du côté de M. Rufo, qui affirme que les seins appartiennent au mari et pas au bébé ? (mais en réalité, les seins n'appartiennent-ils pas plutôt à celle qui les porte ??). Cette dame a encore des fils sur le périnée, elle est donc une toute jeune accouchée. Et vous voudriez qu'elle se précipite pour "remplir son devoir conjugal" alors qu'elle a vécu il n'y a que quelques semaines une expérience qui a totalement bouleversé le rapport qu'elle a à son corps ?
Et puis indépendamment de ça, pas besoin de contraception hormonale tant qu'on est dans les critères de MAMA, votre rôle aurait été de la rassurer et l'informer là-dessus. Et puis de l'envoyer chez un ostéo, aussi, un accouchement ça fait bouger beaucoup de choses, dans certaines cultures on pratique des manipulations pour refermer le bassin, chez nous ça n'est malheureusement pas proposé en maternité.
Que vient faire le complexe d'oedipe la dedans ? Auriez-vous abordé la situation différemment si son bébé avait été une fille ? Mais quelle différence ça peut faire voyons ??
Et puis l'allaitement maternel et les couches à laver ne sont pas l'avenir de la femme, mais plutôt de l'Humanité toute entière, c'est une simple question de santé publique et non d'égoïsme occidental.
Espérons qu'après ce "deuxième avis" elle aille en chercher un 3e auprès de LLL...
Pourquoi tant de haine, petit scarabée, envers les Dr du 16 qui a fait preuve, je pense, en l'occurrence de bp d'ouverture d'esprit, de patience et de compréhension dans un domaine qui n'est pas évident pour un médecin généraliste, qui plus est, un homme (cf la réaction de don diego qui ne comprd vraiment pas l'intérêt de tt ça)? Pour revenir sur les aspects historiques, il est vrai que l'activisme des fabricants de lait pour nourrissons auprès des maternités en France (échangeant promotion de leurs produits par la maternité contre matériel médical) avait fait descendre le taux d'allaitement à un niveau très bas. Le plus bas d'Europe je crois, dans les années 90.Mais actuellement plus personne, y compris les fabricants eux mêmes, ne conteste la supériorité sur le plan nutritionnel du lait maternel. Mais il est vrai aussi que le discours porté par la leche league et les associations apparentées, déborde très largement des aspects nutritionnels. C'est un discours qui prône clairement la sacralisation et la sanctuarisation de la relation mère bébé,dont l'allaitement est le symbole, aux dépens de toute autre relation et aux dépens même de l'intérêt du bébé dont la mère est supposée pouvoir combler seule tous les besoins, ad vita eternam. Or les besoins de fusion du bébé, d'un type bien particulier de fusion avec une "figure maternelle" qui peut ne pas être la mère, voire peut être un homme, sont très limités dans le temps. De quelques mois seulement pour Winnicott. Ensuite, il est vital pour la santé psychique du bébé et futur enfant de pouvoir défusionner. Bien entendu, il n'est pas du tout anodin que l'homme, le père, se trouve exclu de la chambre et du lits conjugaux quelques soient les prétextes invoqués. Ce cas de figure est rare, même dans les milieux d'origine immigrée, dont font partie mes petits patients. Il n'en est que plus significatif d'un dysfonctionnement. Il est très facile, d'attribuer au bébé, qui ne peut parler et qui est totalement dépendant, les désirs qui sont en réalité ceux de la mère.
RépondreSupprimerOn ne peut pas prolonger ce débat ici mais j'ai beaucoup de bébés allaités parmi mes patients, j'ai allaité moi-même mes enfants, et, si j'avais un conseil raisonnable à donner aux mamans, c'est de ne pas faire, de cette question de l'allaitement, tout un fromage.
CMT
Pourquoi tant de haine, petit scarabée, envers les Dr du 16 qui a fait preuve, je pense, en l'occurrence de bp d'ouverture d'esprit, de patience et de compréhension dans un domaine qui n'est pas évident pour un médecin généraliste, qui plus est, un homme (cf la réaction de don diego qui ne comprd vraiment pas l'intérêt de tt ça)? Pour revenir sur les aspects historiques, il est vrai que l'activisme des fabricants de lait pour nourrissons auprès des maternités en France (échangeant promotion de leurs produits par la maternité contre matériel médical) avait fait descendre le taux d'allaitement à un niveau très bas. Le plus bas d'Europe je crois, dans les années 90.Mais actuellement plus personne, y compris les fabricants eux mêmes, ne conteste la supériorité sur le plan nutritionnel du lait maternel. Mais il est vrai aussi que le discours porté par la leche league et les associations apparentées, déborde très largement des aspects nutritionnels. C'est un discours qui prône clairement la sacralisation et la sanctuarisation de la relation mère bébé,dont l'allaitement est le symbole, aux dépens de toute autre relation et aux dépens même de l'intérêt du bébé dont la mère est supposée pouvoir combler seule tous les besoins, ad vita eternam. Or les besoins de fusion du bébé, d'un type bien particulier de fusion avec une "figure maternelle" qui peut ne pas être la mère, voire peut être un homme, sont très limités dans le temps. De quelques mois seulement pour Winnicott. Ensuite, il est vital pour la santé psychique du bébé et futur enfant de pouvoir défusionner. Bien entendu, il n'est pas du tout anodin que l'homme, le père, se trouve exclu de la chambre et du lits conjugaux quelques soient les prétextes invoqués. Ce cas de figure est rare, même dans les milieux d'origine immigrée, dont font partie mes petits patients. Il n'en est que plus significatif d'un dysfonctionnement. Il est très facile, d'attribuer au bébé, qui ne peut parler et qui est totalement dépendant, les désirs qui sont en réalité ceux de la mère.
RépondreSupprimerOn ne peut pas prolonger ce débat ici mais j'ai beaucoup de bébés allaités parmi mes patients, j'ai allaité moi-même mes enfants, et, si j'avais un conseil raisonnable à donner aux mamans, c'est de ne pas faire, de cette question de l'allaitement, tout un fromage.
CMT
Sorry, problème de manip.
RépondreSupprimerCMT
J'ai un peu de mal à comprendre ce que nous sommes censés comprendre...
RépondreSupprimerOn peut allaiter et dormir avec son homme, allaiter et travailler, allaiter et savoir se séparer -progressivement ! - de son enfant..
On peut allaiter pour le plaisir que l'on trouve dans cette relation sans s'abriter derrière des critères EBM...
On peut même allaiter et faire l'amour - mais pas en même temps !
Moi, j'ai l'impression que la dame, elle venait surtout chercher un sésame pour 15 jours de congé supplémentaires. (10 semaines de congé post natal, c'est vraiment peu, que l'on allaite ou pas).
Y avait vraiment quelque chose à voir ? Œdème du sein, je connais, mais du mamelon ?!
Petit scarabée n'a pas lu mon texte avec assez d'attention. En le relisant il peut apparaître abscons... et plein de sous-entendus multiples.
RépondreSupprimerMais Petit scarabée m'attribue des interprétations que je n'ai pas faites.
Dire que je n'ai pas rassuré la jeune femme...
L'envoyer chez un ostéopathe... n'est-ce pas bien présomptueux quand on parle de niveau de preuves...
M'attribuer des idées de Ruffo...
Vous, Petit scarabée, m'avez lu trop vite, le complexe d'Oedipe était une pique contre les Freudiens, le sexe du bébé n'avait aucune importance...
Cette consultation est une "vraie" consultation.
J'aurais pu préciser ceci : l'intérêt de l'allaitement maternel, bien que d'un faible niveau de preuves, est réel ; mais il faut raison garder. Les "bonnes" mères peuvent ne pas allaiter.
Ah, un détail, Petit scarabée en colère : je ne reçois pas la visite médicale.
Bien à vous.
Je consens ceci :
@Petit scatabée vous êtes bien en desaccord avec tous.
RépondreSupprimerUn enfant n'a pas prendre la place du père dans le lit conjugal. C'est malsain. Un enfant a besoin de l'amour de ses 2 parents et devenir un être autonome, quand à l'arrivé d'un enfant pas seulement pour la femme la vie change, pour l'homme aussi. J'ai l'impression que chez vous le père/mari n'a aucun rôle à tenir ( où vous ne parlez que de la relation mère/enfant ressenti avec vos commentaires chez Spykologue).
Cette dame qui consulte me laisse plus l#impression d'une femme qui cherche un médecin qui lui donne raison dans son attitude (exclusion du mari, fusion complète avec l'enfant) et aussi une prolongation de son congé de maternité avec toujours l'invocation de l'allaitement.
Puis, les enfants deviennent aussi sains et fort sans le lait maternel. Il ne faut pas aller d'un extrême à un autre et mettre la pression aux femmes qui ne veulent ou ne peuvent pas allaiter leur enfant.
Bonne après-midi
Mais pourquoi me prêter toutes ces "mauvaises" intentions que je n'ai pas formulées ?
RépondreSupprimerIl n'y avait pas de colère ni de haine dans mon commentaire, juste une sidération et une grande déception de lire de la part d'un médecin, a priori bien informé, qu'il n'y avait que très peu de preuves quand aux bénéfices du lait maternel. Il me semble pourtant que les bénéfices sont grands, et je ne parle aucunement de fusion, de maternage ou autre bénéfices soi-disant psychologiques (c'est tellement compliqué et délicat à mesurer !). Je pensais en premier lieu aux bénéfices digestifs : par exemple, le lait maternel est le meilleur des traitements en cas de RGO, et les bébés allaités souffrent énormément moins des gastros (qui sont moins nombreuses et font moins de dégâts pour peu que bébé soit allaité à volonté pour l'aider à passer le cap). Je ne pensais réellement qu'à des bénéfices de santé... puisqu'on est ici sur un blog qui parle de santé.
Une mère qui donne du lait en poudre peut être la meilleure des mères du monde (selon quels critères d'ailleurs ?), elle ne transmettra pas à son enfant ses anti-corps. Ca n'a vraiment rien à voir avec un quelconque jugement de valeur, à un quelconque contexte culturel, à l'amour ou la compétence à être un bon parent !
Je ne doute pas de la patience du Dr du 16, je suis triste de voir combien l'allaitement est mal perçu par les gens qui ne le connaissent pas, triste de voir combien les généralistes ne sont pas formés correctement à ce volet essentiel de la nutrition. Et je ne parle que de nutrition, pas du rôle du père ou de l'endroit où il dort.
Par contre, cher docteur, je ne comprends pas pourquoi il est "présomptueux quand on parle de niveau de preuves", d'évoquer ce qu'un ostéopathe pourrait faire de bien... Voulez-vous m'expliquer ?
Il faut dédramatiser.
RépondreSupprimerJe ne suis pas contre l'allaitement maternel.
Je demande l'avis aux femmes qui ont déjà pris leur décision avant même d'avoir accouché.
Je suis contre la stigmatisation des femmes qui ne veulent pas le pratiquer : cela se passe dans certaines maternités que je connais.Dire qu'il y a moins de gastroentérite chez les enfants vivant en France est peut-être vrai. Mais si vous voulez me faire dire que l'allaitement maternel est indispensable dans les pays où l'espérance de vie des nourrissons est catastrophique et qu'il faut condamner les marchands de lait maternisé et faire des campagnes de promotion de l'allaitement maternel,, alors, vous avez mille fois raison !
Je suis contre l'idéologie qui entoure cet allaitement, le rôle ontologique de la mère élevant son enfant, ce qui me paraît revenir à une conception naturaliste... de la femme qui existerait avant de le devenir (femme). A mon avis une régression... Mais je suis aussi d'accord avec le fait que l'idéologie inverse de la femme battante qui doit réussir avant tout sa vie professionnelle peut avoir des conséquences néfaste sur l'équilibre personnel de cette femme.
Pour ce qui est de l'ostéopathie : Petit scarabée, dans le même post, me reproche à la fois de ne pas tenir compte du niveau de preuves scientifiques en faveur de l'allaitement maternel dans les pays développés et de ne pas proposer l'ostéopathie dont le niveau de preuves est proche de zéro...
Je lis ce jour dans une revue du net sur abonnement l'article suivant qui est impressionnant :
Deaths after Chiropractic: A Review of Published Cases
E. Ernst
Authors and Disclosures
Posted: 08/30/2010; Int J Clin Pract. 2010;64(10):1162-1165. © 2010 Blackwell Publishing
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Abstract and Introduction
Methods
Results
Discussion
References
Sidebar
INFORMATION FROM INDUSTRY
Significant BMD increases at the spine and hip
Postmenopausal osteoporosis treatment showed significant BMD increases.
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Abstract and Introduction
Abstract
Objective: The aim of this study was to summarise all cases in which chiropractic spinal manipulation was followed by death.
Design: This study is a systematic review of case reports.
Methods: Literature searches in four electronic databases with no restrictions of time or language.
Main outcome measure: Death.
Results: Twenty six fatalities were published in the medical literature and many more might have remained unpublished. The alleged pathology usually was a vascular accident involving the dissection of a vertebral artery.
Conclusion: Numerous deaths have occurred after chiropractic manipulations. The risks of this treatment by far outweigh its benefit.
Pour votre "référence scientifique", il s'agit apparemment du Pr Edzard Ernst, génie prolifique, qui publie un article scientifique par semaine pour assassiner les médecines complémentaires en prétendant, c'est un comble, les défendre sur les bases de l'EBM. Apportant toutes les garantis de sérieux, il s'est fait créer un département sur les médecines complémentaires sur mesure à l'université Exeter où il se contente de compiler des études pour dénoncer les médecines complémentaires à une allure qui force l'admiration. C'est une célébrité britannique que l'on sollicite chaque fois qu'il y a une urgence sociale et qu'il faut verser un camion de boue sur telle ou telle approche complémentaire. Par ex. sur le sujet qui nous intéresse, cet article dans le Gardian lorsque le NICE anglais a eu l’impudence d'inclure la chiropractie dans les bonnes pratiques qui peuvent être utilisées pour le mal de dos :
RépondreSupprimerhttp://www.guardian.co.uk/commentisfree/2009/may/27/health-nice-chiropractic
Bonjour Docdu16
RépondreSupprimerl'allaitement ... ça en déclenche des foudres ... j'apporte mon témoignage : chez nous cela a permis, entre autres, au papa de pouvoir dormir la nuit complète sans être réveillé par bébé. Le papa en avait vraiment besoin (moment professionnel clé) ... le papa a donc dormi seul par choix parental pendant deux mois (enfin pas tous les soirs quand même), pendant ce temps maman dormait dans la chambre de bébé et gérait les réveils de nuit (d'ailleurs ça peut marcher avec ou sans allaitement) ... pendant ses congés le papa a pris le relais pour la nuit, et après une semaine le bébé faisait ses nuits, depuis c'est le papa qui gère en cas de réveil noctunre et le matin très tôt : la maman dort comme un loire et continue d'allaiter la journée
voilà mon histoire pour dire, que quelque soit le ressenti vis à vis d'une maman qui prend un peu trop à coeur l'allaitement, il ne faut pas trop préjuger non plus ...
C'est vrai, le congé post natal est trop court, allaitement ou pas. Mais il est possible d'allaiter longtemps tout en travaillant à 100% (légalement, on a droit à 1h de pause -allaitement par jour, pour faire têter son enfant ou tirer son lait, bien que le tire-lait ne soit pas particulièrement glamour et chaleureux), de partager sa chambre/son lit avec son enfant ET son mari, et il n'y a pas qu'un lit pour faire l'amour. Et, déchirure ou pas, allaitement ou pas, on peut ne tout simplement pas avoir envie de reprendre les rapports avec son homme rapidement. La libido n'est pas forcément là les premières semaines après bébé.
RépondreSupprimerMais ça, toutes les mamans, pédiatres, psychologues ou autres ne le savent pas forcément. Allaitement long et travail ne sont pas incompatibles.
PS: j'ai découvert votre blog il y a peu et je le trouve très intéressant. Bravo!
@ Famille poitevine
RépondreSupprimerMa patientèle est une patientèle ouvrière ou employée à 90 % Les femmes d'origine immigrée de cette patientèle qui travaillent ont des conditions de travail et de vie très difficile (temps de transports très longs) et l'allaitement est un luxe. l est rare que dans les usines ou dans les hôtels (femmes de chambres) ou dans les bureaux (femmes de ménage), il y ait des espaces pour allaiter. Quant au tire-lait, il est possible que l'on perde beaucoup en chaleur humaine...
Encore une fois l'allaitement, sauf chez les femmes africaines qui ne travaillent pas à l'extérieur, est un luxe de privilégiées : ne culpabilisons pas ces femmes.
Et merci pour votre contribution.
Bonjour,
RépondreSupprimerj'ai un coup de gueule à donner à la suite de cet article.
Je suis infirmière et maman allaitante (vous allez vous dire, en voilà une qui cumule, une emmerdeuse de classe internationale !)
Autour de l'allaitement, il y a un malaise que l'on connait sur tout un tas de choses (sexualité, travail de la femme, développement psy de l'enfant, santé de l'enfant, etc.)et on mélange souvent allaitement et maternage (cododo, etc). J'en suis à mon deuxième allaitement et je pense être assez experte pour vous donnez mon avis. Aujourd'hui, allaiter c'est un vrai combat contre les ignorants ; On s’entend dire à longueur de journée et véridique "mais il n'a pas assez à manger et à boire" "Son père ne peut pas lui donner le biberon, c'est triste" "Les bébés allaités sont capricieux et dépendants" "Comment tu fais pour le sexe" sans compter sur les regards inquisiteurs...Pour un premier allaitement ça vous fait culpabiliser, pour un deuxième, ça nous fait hurler de rire.
Mais mon coup de gueule n'est pas pour ça mais pour le corps médical. Une mère allaitante rencontre souvent des problèmes de santé en lien ou pas avec son allaitement. Voilà ce qui m'est arrivée et je pense que toutes l'on vécu.
Un engorgement c'est un soucis assez répandu pendant les premières semaines d'allaitement ; s'il n'est pas contrôlé assez vite, cela peut tourner en lymphangite voire abcès du sein.
Voilà ce que mon médecin traitant m'a diagnostiqué alors que je venais pour un début d'engorgement pour avoir des conseils ; OULALA !!! ABCES DU SEIN, arrêtez de donner le sein malade (et non pas tirer le sein malade et jeter le lait mais stopper net!!), antibiotiques et donner du lait en poudre en complément. Quand on allaite on sait pertinemment que ce n'est pas possible comme ça, autant sevrer tout de suite. Je n'ai évidemment pas suivi ce traitement et j'ai fait appel à la LLL.(pour ceux qui ne savent pas, il faut que l'enfant tête encore plus le sein malade pour guérir) Certes c'est une organisation assez extrémiste mais c'est là que j'ai trouvé les bons conseils (pour les clichés : je précise que je ne suis pas catho, je ne vis pas en autarcie dans une yourte, bref une vie de citadine normale, ah si je mange bio autant que je peux) Autre exemple, aux alentours de 5/6 semaines de vie, les selles d'un bébé allaité deviennent plus rares parfois jusqu'à 1 selle/semaine et bien quand on ne sait pas ça et bien au décours d'une visite classique pour le bébé on se retrouve avec une ordonnance de sachets d'importal à faire avaler à un nourisson parcequ'il a été diagnostiqué un "début d'occlusion" - je travaille en chir viscérale alors quand j'ai entendu ça, j'ai vu mon enfant avec une sonde naso-gastrique dans un lit d'hopital. Mais c'était inconcevable et c'est à la LLL que j'ai su que c'était tout à fait normal...Pour finir, je me suis vu proposer à de nombreuses reprises l'arrêt de l'allaitement pour pouvoir me traiter une angine sous prétexte que "maintenant à 5 mois, il a eu assez !" C'est mon gynécologue qui m'a fait connaitre le CRAT.org (je vous laisse faire vos recherches sur cet organisme) , est ce que quelqu'un connait ? et bien en tout cas pas mon médecin traitant (je vais toujours le voir, c'est mon médecin, il me soigne très bien mais question allaitement, il faut le dire, il est nul et n'y connait rien ;)
Si l'on veut faire la promotion de l'allaitement maternel, il faut d'abord former les médecins traitants et les professionnels de santé ; c'est par les conseils erronés ou inexistants, que nombreuses femmes stoppent leur allaitement.
C'est ma réalité et celle des collègues allaitantes.
Je ne sais pas si c'est très réaliste mais voici ce que disent et recommandent les institutions mondiales que sont l'OMS et l'UNICEF :
RépondreSupprimer« Au cours des dernières décennies, on a réuni de plus en plus de preuves sur les avantages de l’allaitement maternel pour la santé qui a été de plus en plus recommandé. L’OMS peut désormais affirmer avec certitude qu’il réduit la mortalité de l’enfant et que ses bienfaits pour la santé se ressentent jusqu’à l’âge adulte. Pour l’ensemble d’une population, on recommande désormais l’allaitement exclusif au sein pendant les six premiers mois de la vie et il doit se poursuivre ensuite jusqu’à l’âge de deux ans au moins, en l’associant à une alimentation de complément qui convienne.
Pour permettre aux mères de démarrer et de maintenir l’allaitement exclusif au sein pendant six mois, l’OMS et l’UNICEF recommandent:
1-le commencement de l’allaitement dès la première heure qui suit la naissance;
2- l’allaitement exclusif au sein – c’est-à-dire que le nourrisson n’absorbe que du lait maternel et aucune autre nourriture ou boisson, pas même de l’eau;
3- l’allaitement à la demande – c’est-à-dire aussi souvent que l’enfant le réclame, jour et nuit;
4- pas de biberons, de tétines ou de sucettes. »
Sans doute plus facile à dire qu'à faire mais ce sont les recommandations au niveau mondial.
http://www.who.int/maternal_child_adolescent/topics/newborn/nutrition/breastfeeding/fr/index.html
C'est facile à faire à partir du moment où on est entouré, de préférence, qu'on ait une personne ressource qui connait l'allaitement ou au mieux qui a déjà allaité. La difficulté vient des autres, je n'aime pas trop dire ça mais c'est la vérité. L'allaitement est souvent mal vécu quand il n'y a pas d'encouragements, sur un fond de culpabilité permanente. J'aime dire à celles que j'aide, que cela ne représente que quelques semaines ou mois de leur vie et que ça n'enlève rien à leur indépendance, leur féminité. Il faut le voir comme une parenthèse et non un changement de statut. Autre aspect, le congé parental est devenu un luxe ; quand on sait que l'allaitement au bout de 3 mois, devient qqchose de très simple à gérer,que tous les petits maux disparaissent, c'est bien dommage que celles qui ont choisi d'allaiter soient obligé de s’arrêter au bout de 2 mois. L'objectif des 2ans et demi me parait inaccessible du point de vue de la pression de la société avec des mots comme "enfants" "malsains"...c'est trop dur à entendre, en tout cas pour moi.
RépondreSupprimer@ Shrurikente. L'allaitement est un sujet sensible. Mais cessons de dresser les unes contre les autres. Quand vous parlez du CRAT, je suis d'accord : les médecins généralistes qui ne connaissent pas ce site sont défaillants. Enfin, dernier point, arrêtons de médicaliser l'allaitement. L'allaitement doit rester un sujet du couple sans médecins. Bien à vous.
RépondreSupprimerDans l'organisation actuelle de notre société, l'allaitement n'est sans doute pas toujours aisé. A mon sens, la bonne question serait d'abord de se demander quel est l'intérêt de donner au nourrisson des protéines humaines plutôt qu'animales. A ce sujet j'avais lu dans les années 70 le texte de la conférence donnée par Henri Lestradet (professeur) à l'assemblée générale de la MGEN (mutuelle de l’Éducation nationale). Il parlait de la nocivité de l'introduction prématurée de ces protéines étrangères et des recherches sur les laits dits maternisés. Il poursuivait en disant que l'impact de ces protéines sur le nourrisson pouvait favoriser les maladies dégénératives de l'âge mûr comme le diabète et concluait en disant que pour ces maladies beaucoup se joue dans les premières semaines de la vie.
RépondreSupprimerJ'ai toujours ce document dans mes papiers mais j'en ai beaucoup...Je l'ai souvent utilisé quand je faisais des conférences sur les vaccinations, pour suggérer qu'il n'était pas forcément opportun de faire des vaccinations trop tôt, en particulier le BCG cultivé sur bile de bœuf. D'ailleurs c'est une des contradictions notoires de l'OMS-UNICEF : que du lait maternel pendant les 6 premiers mois, pas même une goutte d'eau, mais une foultitude de vaccins dont l'utilité si jeune n'est pas toujours évidente …
Alors, pour ne pas risquer de culpabiliser les mères qui ne peuvent allaiter, faut-il en arriver à dire que le lait maternel n'a pas d'intérêt particulier par rapport à celui du biberon ? Est-il possible d'avoir sur ce sujet comme sur tant d'autres une réflexion enfin apaisée pour reconnaître - si c'est la vérité et ça l'est sans doute - qu'il serait très préférable que les nourrissons puissent bénéficier du lait maternel mais que dans l'organisation actuelle de la société et du travail ce n'est pas toujours possible. Alors, verra-t-on peut-être un jour un candidat à l'élection présidentielle déclarer : « Moi Président, je ferai en sorte que toutes les mères de notre pays puissent allaiter leur enfant pendant au moins 6 mois... » On peut toujours rêver … car l'importance de l'allaitement pourrait être considéré comme un très grand problème de santé publique et non comme un simple problème de couple. Au même titre que l'alcool et le tabac pendant la grossesse.
Bonjour, merci pour votre réponse. Quand vous dites "Mais cessons de dresser les unes contre les autres", je ne comprends pas que vous me répondiez ça car ce n'est pas du tout ce dont j'ai parlé ; Toutes les remarques sur l'allaitement viennent en majorité de la famille, des hommes et de personnes sans enfants ; je n'ai jamais vu une maman qui allaite au biberon me faire une remarque ou un reproche. Enfin, pour ce qui est de médicaliser l'allaitement, je ne comprends pas non plus. J'ai envie de dire, on ne sait plus à quel sein se vouer ??!! sans parler de médicalisation, un medecin n'a-t-il pas vocation à conseiller sur ce sujet ? sujet de santé publique, promotion de la santé. J'ai l'impression que comme tous les autres, vous êtes démissionnaire et vous laissez la place à toutes ces associations bonnes ou mauvaises.S'il y avait un peu plus d’intérêt des médecins pour l'allaitement en amont, on n'arrive pas à des énormités pareils (mon premier message). Je sais que vous pensez que vous avez bien d'autres chats à fouetter et j'en sais quelque chose, je travaille avec des chirurgiens toutes la journée mais il y a des lacunes et il faut pouvoir les entendre (je ne veux pas vous viser personnellement).
RépondreSupprimerEn conclusion, je pense que dans votre formation initiale, il faudrait rajouter une partie sur l'allaitement maternel, pas au niveau physiologique mais pratique et également, mais c'est un autre sujet, une partie sur l'annonce du diagnostic. Je vous remercie pour cet espace d'expression ! ça fait du bien...
Désolée pour les fautes...
RépondreSupprimer@ shrukinette (le pseudo est difficile à écrire).
RépondreSupprimerIl est pourtant des femmes qui ne sont pas favorables à l'allaitement maternel comme projet d'élevage. Et même des féministes, des genristes, et cetera. Mais cela va faire rebondir la polémique.
Je suis, en général, pour une démédicalisation de la vie, de la maladie : la médecine empiète sur tout et elle ne le fait pas forcément bien ; l'allaitement maternel, par exemple, est-ce que les femmes du paléolithique ont eu besoin qu'on leur dise comment faire et ont-elles fait intervenir un chaman pour les aider ? L'allaitement maternel est à la fois un problème privé et un problème public afin que l'on puisse donner des possibilités sociales et / ou sociétales pour qu'ils puissent bien se dérouler. Pourquoi faire intervenir un médecin ? C'est sans doute un problème de formation mais tous les médecins ne peuvent pas tout savoir et c'est pourquoi les patients et les malades doivent pouvoir se prendre en charge eux-mêmes et ne pas aller aux urgences parce qu'ils ont 38° de fièvre à deux heures du matin. Ce n'est pas le lieu d'un tel commentaire pour développer les théories illichiennes sur l'auto / hétéronomie mais c'est une piste que vous devriez, à mon sens, explorer, pour vous dégager de la médecine. Mais il est toujours possible de discuter de cela. Cela me permettra de clarifier mes idées.
Bien à vous.
Drdu16 : Je comprends ce que vous dites, mais aujourd'hui allaiter n'est plus inné ou initier par nos mères ou d'autres femmes de la famille comme ça devait être le cas avant ;
RépondreSupprimerC'est une sage-femme, métier médical, qui nous apprend les premiers gestes ;
C'est le pédiatre ou le médecin traitant qui nous assure que l'allaitement se passe bien, que l'enfant prend son poids.
Comment voulez-vous être détaché de tout ça et je vais me répéter, à quel sein se vouer ? C'est sûr que dans une grande majorité, nous ne sommes pas autonome en la matière;
Pour ma part, je n'avais jamais vu allaiter qui que ce soit dans mon entourage proche ; j'avais l'intime conviction que c'était le mieux à faire pour mon enfant et surtout du mépris pour l'industrie des laits maternisés, mais voilà le vide total.
Le corps médical m'a mis le pieds à l'étrier et m'a bien fait comprendre "maintenant c'est à toi de jouer mais fais gaffe ça va être chaud chaud !"
J'ai rencontré beaucoup de jeunes mamans qui m'ont confié, comme un secret d'Etat, qu'elles auraient aimé essayé d'allaiter même juste un peu mais n'ayant aucun point de repère, ont abandonné l'idée et je pense qu'il y a en beaucoup dans ce cas.
J'aime à penser qu'un médecin de famille qui nous connait bien, connait notre environnement, notre passé puisse pallier à ça ; je ne demande pas la lune, ce n'est pas de l'assistanat ; c'est qu'à un moment donné dans l'allaitement maternel, il y a toujours des doutes, et par exemple :
"-pourquoi mon enfant tête toute le journée et la nuit ?, et si je n'avais pas assez de lait ?
-mais non madame votre enfant prend bien du poids et il tète beaucoup pour que votre production de lait s'adapte à lui et dans 2-3 jours ça sera régulé."
Voilà typiquement un motif d’arrêt de l'allaitement. C'est en ce sens que j'aimerai que le médecin traitant intervienne, pour le reste, la femme y arrive très bien toute seule.
Sinon timidement on voit arriver des formations en France pour devenir conseillère en lactation.
Pour ce qui est du choix de l'allaitement au sein ou au biberon, je ne trouve pas que ce soit un problème, chacun fait comme il veut mais quand on me dis que ça remet en cause l'indépendance de la femme, ça me hérisse ; est ce que 3, 6, 9, 12 mois d'allaitement au sein font de nous des bo-bonnes soumises ? grrrrrr
Enfin, si le sujet vous intéresse, on peut en discuter plus précisément (rmarseb@aol.com).
A shrurikenette
RépondreSupprimerJe conçois bien que tout cela laisse les médecins, hommes qui plus est, libéraux qui plus est, sceptiques et dubitatifs. Mais je pense que vous avez raison.
Il ne faut pas laisser les questions relatives à l’allaitement à la leche ligue, qui, quoique hautement performante sur les aspects techniques cherche à vous refiler, en même temps que ses précieux conseils, tout son package idéologique sur la maternité, sur le rôle de la femme qui ne saurait être que mère et allaitante avec toute la culpabilisation qui va avec vis-à-vis de celles à qui on laisse entendre, tout en disant le contraire, que n’ayant pas réussi à mener à bien l’œuvre de la vie de toute femme, l’allaitement, elles ne seront jamais tout à fait dignes de leur mission maternelle.
J’ai fait une formation au sujet de l’allaitement et six jours n’ont pas été de trop.
Pouvoir aider une mère qui souhaite allaiter à mener à bien ce projet, qui, souvent, lui tient à cœur, nécessite de maîtriser tout un ensemble de connaissances sur la physiologie de l’allaitement, sur la pathogénie des troubles de l’allaitement, sur le développement du nourrisson, sur la psychologie maternelle et infantile.
La démarche, face à une mère qui vient vous exposer ses difficultés à allaiter est tout à fait une démarche diagnostique. Cela nécessite de poser des questions précises, dans un ordre logique, d’observer, d’essayer de comprendre la distance entre le ressenti et la réalité et les raisons de cette distance pour poser le bon diagnostic.
Mais se former n’a rien de facile. J’étais le seul médecin dans mon groupe et j’ai dû supporter les piques à répétition, qui étaient plutôt des lances, de la formatrice , par ailleurs excellente, envers le corps médical dans son ensemble, stigmatisant son ignorance crasse vis-à-vis du thème de l’allaitement.
Sans parler du fait que j’ai dû supporter stoïquement aussi d’être affublée de tous les prénoms de la terre, allant de Claudia à Carolina en passant par Monica et Maryse (pourquoi Maryse ? je n’ai jamais compris) parce que pour une raison mystérieuse j’étais à la fois le seul médecin du groupe et la seule dont la formatrice n’arrivait pas, vraiment pas à retenir le prénom.
A la fin je me contentais de dire quand elles s’adressait à moi en confondant les prénoms : « encore raté ».
Bon. On a pu s’expliquer néanmoins.
Et j’ai eu l’incommensurable plaisir de l’entendre dire que bouter son compagnon hors du lit conjugal pour y mettre le bébé sous prétexte d’allaitement, n’était pas une pratique neutre, ni acceptable, même si, aux dires de la leche league, c’est une pratique labellisée « naturelle » parce que couramment pratiquée par les pygmées cannibales Batwa des basses terres de la région des Grands lacs.
Tout cela pour dire que lorsqu’une mère souhaite allaiter elle doit pouvoir être aidée dans son projet sans être obligée de subir l’endoctrinement des groupes pro-allaitement. L’aboutissement de ce projet peut être une contribution à la bonne santé de la mère et de l’enfant. Si une mère ne souhaite pas allaiter c’est son droit et elle a mille autres moyens d’être en bonne relation avec son bébé et de lui apporter ce dont il a besoin. La technique apporte ça. La possibilité de choisir. Et quand les mères du paléolithique n’arrivaient pas à allaiter je pense, même si je n’ai pu en rencontrer aucune pour l’interviewer, que le nourrisson mourrait de faim tout simplement.
Mais il n’est pas si simple pour un médecin de comprendre en quoi l’allaitement, comme aboutissement d’un projet peut être un facteur de santé. Comme il n’est pas simple d’accéder à une formation de qualité.
Je suis profondément ravie de ca blog, bien qu'un peu déçue de ce dernier article, mais en relisant vos réponses, j'arrive à mieux percevoir la chose, je vous sens empathique, plein de bon sens et ultra compétent. J'aimerais bien vous avoir comme médecin traitant, on papoterait allaitement et je vous innonderais d'article bien documentés parce qu'en France, dernier pays européen en taux d'allaitement, on est à la ramasse...
RépondreSupprimerJe suis une maman allaitante comblée, ravie, qui cododote avec son bébé, et qui est bien heureuse de lui apporter beaucoup, et pas seulement du lait. Papa dort contre moi, et bébé dans son lit, mais le lit est collé de mon coté. Comma ça, tout le monde a sa place, on dort bien, quand le tout petit a besoin de téter parce que c'est un besoin physiologique, il ne réveille personne, et moi, au radar et sous l'ocytocine à plein pif, je me rendors en 2sec. Même pas fatiguée...
Je pensais à quelque chose. On dit d'arreter de faire culpabiliser les mères qui sont suffisament bonnes mais qui n'ont jamais allaité. Bien entendu, quand ca donne pas envie, quand les seins, c'est sexuel, quand allaiter, c'est vache à lait, quand c'est pas incestueux, bobo, bio, alterno... on n'allaite pas. Parce qu'on aime pas. Et ca se respecte.
Mais c'est un tout, formation inexistante sur l'allaitement maternel des médecins généralistes, congé maternité de 2.5 mois (ah... oui, tiens, forcément), culture sociale de l'allaitement très faible (et donc transmission de mère à mère tous les 36 du mois), on ne voit personne allaiter en public, quand la norme est le biberon, forcement, à 3 mois on a que 25 % des femmes qui continuent à allaiter...
Et si l'on voyait les choses sous un autre angle?
Soit, le sein, on arrete de faire culpabiliser (en plus ca sert a rien de culpabiliser, responsabiliser, ca oui) c'est intime, c'est plutot pour le mari c'est genant, c'est mon droit je veux pas en faire un objet tétine pour le bébé. Les mères qui biberonnent ne sont pas de mauvaises mères (la mienne est la meilleure des mères et j'ai eu droit au bib :)
Qu'en dire du vagin? Oui , ca c'est l'affaire aussi du mari.... Alors on pourrait en dire autant "c'est mon droit, je n'ai pas envie que mon bébé sorte par là, c'est intime, est ce qu'accoucher par voie basse est l'avenir de la femme, soyons modernes, votons la césarienne"...
Rigolo de faire le raprochement allaitement/accouchement voie basse, non?
Tous deux "naturels", qui "vont de soi"....
On se pose pas la question je crois pour l'accouchement.
Alors, fichtre, pourquoi on se turlupine avec l'allaitement??
La magie des fil en aiguille des blogs me fait tomber un peu à retardement sur cet article -ci
RépondreSupprimeret juste un petit correctif: Rien n'indique que la Leache League soit spécialement catholique . En fait si on se réfère à une célebre encyclopédie en ligne, si le nom de l'association "Leache League" est bien inspiré du nom d'une église Espagnole , la " Nuestra Senora del Buen Parto y del Leche Abondante", c'était pour éviter de côté choquant pour des WASP plutôt puritains du mot "breast" dans "breast -feeding.
Ettant que j' étais dans le fil en aiguille et les hyperliens, j' ai creusé un peu cette histoire de rapports compliqués qu'ont eu les américains avec l'allaitement au sein:
https://time.com/5353068/breastfeeding-debate-history/
Attitude qui a été importée chez nous après 1945 avec la culture US, le rock, le plan Marshall etc
Faudra que je trouve comment le pays de l' expérience marxiste (URSS) s'était tiré de la problématique qui impliquait des considérations sociales, culturelles etc.
à+
Jeep