lundi 27 septembre 2021

Le monde d'après ressemble au monde d'avant.



Les faiseurs de miracles nous avaient annoncé que l'après Covid ne serait plus jamais comme l'avant sur le plan de la science médicale et de la réglementation pharmaceutique !

Ce serait mieux après.

Bah, ce n'est pas si simple...

L'histoire ne se répète pas, dit-on, elle bégaie.

Les vaccins chez les enfants.

On apprend par le laboratoire Pfizer, un communiqué de presse, que le vaccin anti Covid Pfizer est efficace et sûr pour les enfants âgés de 5 à 11 ans.

Nous n'avons pas encore les données (pas plus d'ailleurs au moment où j'écris que les journaux médicaux ou les agences gouvernementales d'évaluation) sur cette étude.

Le ministère australien de la santé, la main sur la couture du pantalon, nous annonce qu'il se tient prêt.

Le ministère israélien de la Santé enclenche la vaccination chez les enfants de 5 à 11 ans (il n'a pas plus de données ou alors, c'est secret défense).

Maryanne Demasi, ICI, sur son excellent blog nous apprend : 

  1. Que le vaccin a été testé sur des enfants "sains", c'est à dire sans facteurs de risques, sans maladies nécessitant la prescription au long cours d'immunosuppresseurs ou de corticoïdes...
  2. Qu'il n'y a pas assez de sujets pour détecter un effet indésirable rare
  3. Que le critère principal de l'essai est un critère de substitution (non clinique)
  4. Et que, le vaccin va être administré chez des enfants à risques dont ceux traités par immunosuppresseurs et corticoïdes

Les masques chez les enfants aux US (et accessoirement en France).

L'épisode du Bangladesh

Sur la foi d'une étude contrôlée (trois bras) menée au Bangladesh en milieu rural sans vaccination et sans immunité naturelle chez des adultes il est démontré que le port d'un masque chirurgical est efficace pour diminuer la transmission du Covid symptomatique et que le port d'un masque en tissu est inefficace (transmission identique au bras contrôle).

Et pourtant, comme rappelé par Vinay Prasad LA, les autorités recommandent le port du masque chirurgical à l'école, notamment à San Francisco (mais ailleurs aux US), dans des zones où les taux de vaccination sont très élevés et où il existe probablement une forte immunité naturelle en précisant : il vaut mieux être masqué", quel que soit le masque (i.e. en tissu). Tout est faux dans l'affaire.

Par ailleurs, je ne peux résister à l'envie de publier un texte critique sur l'étude menée au Bangladesh qui rend le commentaire de Vinay Prasad moins crédible mais qui rend les mesures de masquage des enfants encore plus infondées : LA.

Mais l'affaire ne s'arrête pas là. 

Les deux études américaines.

Deux essais menés aux US et menés (et vantés) par le CDC, agence officielle étasunienne, sont parus.
Leurs auteurs affirment qu'ils démontrent l'utilité du masque en milieu scolaire sur la diminution de la diffusion du virus du covid (et la diminution du nombre de clusters).

Les voici : 

CDC’s Maricopa and Pima County Study : LA
et
Pediatric cases in counties with or without mask requirements : ICI

Les critiques de Vinay Prasad sont cinglantes : ICI.

Signalons aussi que les thuriféraires français des 2 études précitées n'ont pas bougé d'un poil, n'ont pas émis le moindre doute sur la validité des études et n'ont pas répondu aux objections de Vinay Prasad (ce qui est quand même la moindre des choses quand, scientifiquement, on n'est pas d'accord avec quelqu'un).

Vacciner ceux qui ont déjà fait le Covid

En France, comme aux US, on n'a pas molli.

Voici une capture d'écran concernant la réponse du fameux Fauci à la question : faut-il vacciner les infectés ?


Bon, c'est tout pour aujourd'hui.





mercredi 22 septembre 2021

Covid : la revanche de l'hygiène et le retour des hygiénistes.



La pandémie de Covid est une expérience moderne tout à fait impressionnante : il sera peut-être un jour possible de déterminer ce qui a le plus influencé son passage de la pandémicité à l'endémicité. Les facteurs de déclin d'une pandémie sans traitement curatif sont multiples : l'écoulement du temps (la peste qui a dévasté Marseille plusieurs fois dans l'histoire en tuant à chaque fois entre 40 et 50 % de la population en 1720 a fini par disparaître sans traitements, sans hypothèses physiopathologiques, sans médecins mais avec la quarantaine), les mesures politiques (le confinement), les pratiques médicales (la prise en charge des patients en réanimation), la santé publique (le dépistage, l'isolement, la recherche de clusters), l'hygiène en général (les mesures barrières) et la vaccination.

La pandémie de covid nous aura rappelé que la politique et l'hygiène avaient un avenir en médecine.

Mais l'hygiène en médecine a surtout un passé.

Pour ne pas polémiquer inutilement et ne pas (les temps sont durs pour une réflexion sereine) m'attirer un veto a priori, je ne parlerai pas des interactions entre l'hygiène et la vaccination mais entre l'hygiène et les antibiotiques (sujet que j'ai déjà abordé ICI).

L'exemple du rhumatisme articulaire aigu, du streptocoque et de la pénicilline.

L'hygiène, les progrès de l'hygiène, n'ont pas fait disparaître le RAA. Les antibiotiques : oui.

Mais les effets de l'hygiène n'ont pas été modestes et une remontée dans le temps est nécessaire.

La perspective épidémiologique historique peut être occultée comme ici dans cette figure en initiant la courbe de mortalité due au RAA à l'année 1930 : 




ou non occultée en prenant plus de recul comme dans cette figure où les courbes danoises commencent en 1860 (et la lecture des chiffres rapportés par Thomas McKeown (ICI) pourrait permettre de remonter encore plus loin : 




Peut-on espérer que la vaccination seule permettra l'éradication du Covid sur la planète tout entière ?

Sans doute non. La pandémie va devenir une affection endémique.


L'hygiène dans la gestion du Covid

Avant la mise à disposition du vaccin, c'est le principe hygiénique de prévention qui a prévalu avec zéro preuves tangibles de l'efficacité des mesures sur des critères robustes comme la mortalité :

  1. Nettoyage obsessionnel des surfaces à l'intérieur comme à l'extérieur avec photographies ad hoc de rues inondées de désinfectants, avec le conseil de passer les "courses" à l'eau de javel en revenant du supermarché et autres mesures qui, malheureusement, n'ont pas encore été toutes et partout abandonnées... Sans parler des tenues de cosmonautes en consultation...
  2. Mise en avant du manuportage et du lavage des mains au savon mais surtout avec du soluté hydro-alcoolique : il y a des tutoriels pour se laver les mains (comme si la personne qui allait chercher son courrier dans sa boîte aux lettres entrait en salle d'opération), des conseils pour avoir du SHA en ambulatoire... et des messages contradictoires sur le port de gants : oui, non, peut-être, parfois, mais... Pas de gants !
  3. Mise en avant de la contamination par projection avec bien entendu la distanciation sociale, le port du masque (cf. infra) mais aussi la mise en place de parois en plexiglass (au mieux) dans les boutiques, les écoles, les lieux clos, sans preuves robustes d'efficacité mais ensuite, toujours sans preuves robustes d'inefficacité, retour en arrière : ce serait dangereux. 
  4. Mise en avant de la distanciation sociale et du port du masque : en extérieur en général (certains intimaient de porter le masque en faisant de la course à pied), en extérieur en zones denses (critère flou), en extérieur partout, en extérieur sur les plages (il y avait des préfets fous) en intimant des distances non fondées sur des preuves solides (cela variait selon les pays entre 1 et 2 mètres, car Mesdames et Messieurs, le coronavirus national n'avait pas la même virulence... Distanciation sociale à l'intérieur, dans les boutiques, détermination de jauges (aucune preuve robuste bien entendu).
  5. Mise en avant du port du masque. Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. Cela ne dépendait pas chers crétines et crétins de concitoyennes et de concitoyens de l'efficacité du port du masque  (et de quel type de masque: tissu, chirurgical ou FFP2) fondé sur des critères robustes mais de l'état des stocks desdits masques et de leur disponibilité. Passons sur quel masque utiliser et comment la gestion de la pénurie dans les hôpitaux a fait fi de toute considération scientifique, les hygiénistes étaient sans doute aux abonnés absents, les professionnels de santé les plus exposés étant parmi les moins protégés, quant au vulgum pecus, la citoyenne lambda, on lui intimait de porter un masque quand il n'y en avait pas et c'était jamais le bon.
  6. Mise en avant (tardive) de la contamination par aérosolisation (notion connue depuis la nuit des temps par les hygiénistes, les épidémiologistes, les virologues, les infectiologues, et autres médecins mais qui avait été oubliée pour des raisons assez incompréhensibles). Il devenait urgent d'ouvrir les fenêtres d'aérer...
  7. J'ai oublié quelque chose ?


Puis la vaccination est arrivée. Avec la rapidité de l'éclair.

Nous avons donc quitté l'hygiène pour entrer dans la médecine. La médecine qui avait déjà pointé son nez avec les tests de dépistage.

Nous n'avons pas parlé non plus des mesures politiques que sont les différents types de confinement et le moment où ils ont été mis en place, la fermeture des écoles (ou non), le télétravail... Mais surtout : les mesures de dépistage, de traçage, d'isolement avec leurs différents degrés et leurs différentes modalités d'application.


De la vaccinolâtrie à l'hygiénisme

L'extraordinaire efficacité annoncée des différents vaccins a rendu fous les vaccinolâtres. 

Puis le déclin progressif de cette efficacité en situation réelle, et il faut souligner aujourd'hui pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté dans mes propos qu'il est vraisemblable que les vaccins anti covid sont un apport déterminant pour rendre cette pandémie endémique (cf. supra), et en tenant compte des variants (la notion de vaccination efficace quel que soit le vaccin a volé en éclats) a rendu les vaccinolâtres partisans inconditionnels de l'hygiène.

La diminution de l'efficacité des vaccins en situation réelle et le fait que les vaccinolâtres se rendent compte, sauf quelques terroristes, qu'il ne sera sans doute pas possible de vacciner tout le monde dès la sortie de la maternité et jusqu'à la fin de vie en EHPAD, avec un rappel tous les ans, voire deux, pour de simples raisons logistiques et pour cause d'effets indésirables chez les plus jeunes, les ont convaincus que pour valider l'efficacité des vaccins il fallait mettre le paquet sur l'hygiène.

Les vaccinolâtres prétendaient que l'hygiène n'avait eu aucun rôle sur la diminution considérable de la morbimortalité des maladies infectieuses depuis, disons, le début du vingtième siècle, en raison de l'efficacité absolue de LA vaccination, sont devenus des hygiénistes. Et des hygiénistes enragés comme seuls les convertis en sont capables. 

Ils sont passés brutalement, et comme seuls les convertis en sont capables, de vaccinolâtres à hygiénistes bon teint.

Et comme tous les hygiénistes : ils valident la morale comme argument d'autorité.

Si la vaccination ne marche pas assez bien c'est parce que : on porte mal le masque (cela me rappelle quelque chose), pas le bon masque, pas au bon endroit... et ad libitum...

Cet hygiénisme triomphant s'accompagne d'un activisme politique débordant : contrôles des populations, contrôles des lieux d'éducation, contrôles des professionnels de santé, contrôles des EHPAD, contrôles du CO2, et cetera. 

Et comme tous les hygiénistes, la fabrique de la peur n'est jamais loin.

Si vous ne faites pas ceci ou cela vous allez mourir.

Et l'insulte sociale : achetez des masques, pas des écrans plats.

Et l'insulte intellectuelle : les pauci-neuronaux qui ne portent pas bien leur masque et/ou qui ne se vaccinent pas.

Sans oublier la délirante proposition du zéro-covid dans un contexte mondialisé.

L'hygiène : oui.

L'hygiénisme : non.