jeudi 8 avril 2021

Le nouveau médecin est arrivé : le médecin parfait



Les médecines et les médecins sont des humains comme les autres.

La pandémie mondiale de Covid montre que le fait d'avoir "fait" Bac + 7 ou 8 ou 9 ne rendait ni intelligent ni "scientifique".

Le défilé médiatique ininterrompu et incessant des professeurs, des non professeurs, des pseudo professeurs, de médecine (et/ou de chirurgie) sur les écrans et sur les ondes donne le vertige.

Les patients avec qui, nous, les médecins praticiens, parlons lors de nos entretiens singuliers sont perdus. Et ne sont pas perdus. Ils sont à la fois informés et désinformés. Ils savent et ne savent pas. Ils comprennent surtout et enfin que l'arrogance médicale n'est pas un vain mot.

Il y a aussi une génération spontanée de médecins qui ont toujours raison parce qu'ils suivent les données de la science qui changent tout le temps et donc, s'ils disent le contraire de ce qu'ils disaient hier, c'est parce qu'ils suivent au plus près ces mêmes données de la science. Disent-ils. Sauf que lorsqu'on regarde les données qu'ils avancent pour dire un jour "Oui", un jour "Non" et un jour "Peut-être", ce qui ne manque pas, c'est le manque de données robustes pour étayer leurs dires. 

Cela dit, cela nous change des personnes qui disent avoir toujours raison en gardant la même ligne, celle d'avoir toujours raison sans jamais changer d'avis. Alors qu'ils ne cessent de le faire.

Bref.

Désormais, au fur et à mesure de l'évolution de la situation, nous découvrons qu'il existe des médecins parfaits autoproclamés. Des médecins qui savent toujours tout au bon moment. Une sorte de prédestination intellectuelle et scientifique. Une contingence de l'omniscience. Des Pic modernes de La Mirandole à l'âge des réseaux sociaux et du médicalement correct universel...

Comme l'analogie est un procédé rhétorique méprisable, je ne dirai pas que ces parfaits me font penser à des protagonistes de la guerre idéologique qui sévissait au vingtième siècle entre staliniens et non staliniens.

Ces médecins parfaits autoproclamés portent toujours bien les masques (sauf certains, mais pas d'ad hominem), se passent en boucle la video de Lila Bouadma où elle montre comment les mettre, les porter, les changer, et les portent donc avec autorité et à-propos selon les lieux et les circonstances, savent en une seconde comment transformer un masque chirurgical en FFP2 (sans le toucher) et les raisons scientifiques et sources pour quoi ils doivent le faire et à quelle seconde, ne le touchent bien entendu jamais avec les doigts pendant leurs harassantes journées de labeur où non seulement ils soignent l'humanité souffrante (et reconnaissante) mais où ils planifient les séances de vaccination AZ en leurs cabinets (non sans remercier leur secrétariat si efficace et bienveillant) et vont vacciner dans les centres dédiés pendant leurs week-ends (tout en pestant contre l'idéologie des anciens valorisant les médecins dévoués)... Et ainsi les masques des médecins parfaits ne descendent-ils jamais sous leurs nez alors qu'ils ne cessent de parler d'or à leur patientèle, et ainsi les lunettes des parfaits ne sont-elles jamais embuées,  ilelles respectent des distances sociales (dont on sait par ailleurs, c'est certainement culturel, voire anthropologique, qu'elles sont différentes selon les pays et les latitudes et avec le même niveau de preuves sur leur efficacité, vérité en deçà mensonge au delà), les respectent toujours quelles que soient les circonstances, utilisent le SHA avec dextérité et compétence, se passent en boucle la vidéo de Nathan Pfeiffer Smadja où il montre comment un médecin parfait hospitalier pratique l'hygiène, sans allergie, ilelles aèrent, aèrent, aèrent, ouvrent les fenêtres, créent des courants d'air, se caillent en hiver sans être malades l'oeil rivé sur les appareils de mesure de CO2, et, last but not least, s'informent en permanence, la dernière étude scientifique adoubée par le cercle des parfaits, tout en se moquant des anciennes gloires (qu'ils n'avaient jamais encensées) pour montrer combien ils avaient eu raison de ne pas le faire, (dans l'ordre des pestiférés : Carl Heneghan, Peter Goetzsche, John Ioannidis, Tom Jefferson, Vinay Prasad), et cetera. 

Et pourtant ces médecins parfaits ont encore le temps de réfléchir aux problèmes sociétaux (le confinement, les écoles, la distanciation sociale, les inégalités de santé) puisqu'ils ne voient jamais leur famille, ne voient jamais leurs amis, ne prennent pas les transports en commun, ne fréquentent pas les cabines d'ascenseurs, font porter des masques à leurs enfants à partir de 2 ans, ne les envoient pas à l'école si les mesures barrières scientifiquement établies ne sont pas respectées, ne fréquentent jamais les cantines pas plus que les salles de repos non aérées où trônent les fameuses machines à café et à friandises qui pourraient être les nouveaux bijoux indiscrets à la Diderot, mangent donc et boivent dans leurs bureaux, des parfaits, nous disent-ils.

Les médecins parfaits (et les médecines parfaites) ont quand même des péchés mignons : 

se moquer des crétins anencéphales qui ne pensent pas comme eux, les autres médecins qui ont fait autant d'années d'études qu'eux, voire plus, les autres médecins pauci-neuronaux qui enseignent pourtant à des étudiants en médecine, les médecins qui donnent leur avis sur tout (et qui n'ont le droit de le faire, comme preuve d'adoubement, que s'ils expriment la doxa du jour, voire de l'heure ou de la minute, se moquer des médecins qui sortent de leur spécialité, les vrais comme les faux épidémiologistes, les vrais comme les faux urgentistes, les vrais comme les faux réanimateurs, les vrais comme les faux infectiologues...

se moquer des journalistes sans cerveaux, ah, les journalistes, tous des pourris, des journalistes à qui ces médecins parfaits ne cessent de donner des leçons de journalisme, l'ultracrépidarianisme étant un passe-temps sans limites, se moquer des journalistes et courir sur les plateaux pour en placer une, les seuls journalistes ayant du mérite étant celleux qui rédigent des articles bienveillants sur eux, ces médecins parfaits ne relevant pas eux-mêmes du droit à la critique, puisqu'ils sont parfaits à tout moment, surtout quand ils se trompent, la science étant tellement changeante, et donc, pour en revenir aux plumitifs, les médecins parfaits ont leurs propres organes de presse, les journaux dans lesquels il est possible de s'exprimer, et ainsi l'idée du journalisme qu'ils se font est celle-ci : écrire exactement ce que je leur ai dit...

se moquer des patientes et des patients qui n'ont pas l'heur être bac + je ne sais combien, des passantes et des passants rencontrés dans la rue, des non altruistes qui portent le masque sous le nez, et, sachez-le, braves gens, ce sont des putains d'hommes âgés, on a des statistiques, aussi fiables que celles de l'IHU de Marseille, ou des jeunes qui se claquent la bise à l'entrée des lycées, ou des jeunes, les salopards qui se réunissent pour faire des teufs, des anniversaires, des barbecues ou des apéros... des jeunes qui ne pensent qu'à eux, qui ignorent qu'ils ont des grands-parents, des parents... se moquer des patients et des patientes qui ne comprennent pas à l'instant le cherry-picking des médecins parfaits, qui ne comprennent pas à l'instant les derniers virages de l'opinion scientifique, voire les têtes-à-queue, qui ont le culot de se rendre compte que les grands professeurs issus de la prestigieuse université française sont parfois aussi des crétins finis (et ils ont pourtant suivi le cursus), sont parfois aussi des escrocs finis (et leurs pairs ne disaient rien jusque là), sont parfois des manipulateurs et des fraudeurs minables, sont parfois des délinquants médicaux en prescrivant ou en conseillant de prescrire des traitements inefficaces et dangereux...

Les médecins parfaits débusquent et ont identifié La conjuration des imbéciles plutôt que la conjuration des complotistes...

Il existe donc, comme au bon vieux temps, une ligne du Parti et non pas une ligne scientifique, cette frontière mouvante changeant tout le temps qui s'oppose à la précédente, mais un mur grillagé avec des VoPos pour tirer sur les récalcitrants.

Il n'est pas possible, selon la ligne du Parti, d'être mou/molle, d'être hésitante/hésitant, il faut foncer avec la certitude que demain les lendemains chanteront.

Et il ne faut pas se tromper. Pas faire d'anachronisme ou d'anatopisme.

Quelle est la doxa actuelle des médecins parfaits ? Nous sommes le 7 avril 2021.

Il faut vacciner à tout prix et ne pas s'arrêter à d'éventuels effets indésirables (qu'il faut taire également pour la cause du peuple) parce que la Covid est mortelle et que le rapport Bénéfices/Risques des vaccins restera toujours favorable (sauf en Nouvelle-Zélande). Ce n'est sans doute pas faux.

A ce propos : l'exemple israélien est mis en avant pour 1) démontrer l'efficacité de la vaccination (ce n'est sans doute pas faux) ; 2) mettre en avant l'efficacité de la logistique dans un pays en guerre (ce n'est sans doute pas faux) ; 3) souligner l'importance d'une politique concertée de santé publique (ce n'est sans doute pas faux).

Mais : l'exemple israélien est l'expression : 1) d'un nationalisme intégral ; 2) d'un cynisme intégral ; 3) d'une conduite tout à fait inégalitaire de la vaccination à l'échelle du pays lui-même (les citoyens israéliens puis les autres), de la région (mais le pays est en guerre) ; du monde (les usines de vaccin sont saturées et nous avons piqué les doses aux pays qui avaient moins de ressources et aux pays qui ont cru, naïvement, suivez mon regard, à l'universalisme du commerce mondial).



Ils ont eu raison. Mais il est évident que si tous les pays avaient mené la même politique, c'eût été une guerre mondiale.



La seule solution raisonnable est le zéro Covid. Là, les choses sont moins claires.

Il est possible de discuter. Mais non : le zéro Covid est LA solution. Puisqu'on a réussi à éradiquer la variole (et la poliomyélite) il sera possible d'éradiquer les coronavirus mortels (qui ont un réservoir non humain depuis la nuit des temps). Comme dirait Poutine : On ira jusque dans les chiottes du G7 et dans les latrines du Tiers-Monde pour vacciner tous les sans-abris de la planète, tous les intouchables, tous les Afghans cachés dans des grottes... Est-ce une utopie ? Est-ce la seule façon de revenir à un monde normal ? Est-ce que l'éradication du virus comme en Nouvelle-Zélande (île ou îles de presque 5 millions d'habitants) et sans vaccin (oui mais, disent les parfaits il y a le Vietnam, la Corée du Sud...) signifiera que nous ne porterons plus jamais de masques en hiver (et en été) et dans les transports en commun ? Est-ce que le zéro Covid nous obligera à nous vacciner chaque année contre le coronavirus ?

(Je n'ai pas parlé du dépistage, du diagnostic, de l'isolement, et cetera)

(Je n'ai pas parlé du retour à la société d'avant avec les wagons à bestiaux pour aller travailler, les embouteillages, les temps de transport, les classes bondées, l'enseignement en présentiel qui ressemble à une garderie généralisée pour que les parents puissent aller se faire exploiter avec joie...)

La perfection a ses limites.

Retournons à nos imperfections.

PS - Je vous propose de lire le site Du côté de la science (ICI) pour les informations pertinentes qu'il donne sur de nombreux sujets concernant la pandémie. Selon la formule consacrée : ce n'est pas parce que je conseille le site que je suis d'accord sur TOUT (cf. supra) ce qui est dit et que je peux critiquer ou non, ici ou là, ce qui est écrit et l'idéologie (parfois) sous-tendue. Je revendique la mollesse... l'hésitation... et les certitudes également.






samedi 27 mars 2021

A propos d'un tweet de Marion Lagneau

 Marion Lagneau écrit : 


Et là, c'est le festival.

Nombre de soignants répondent "Moi".

Marion Lagneau fixe une limite de trois jours. 

Le respect des mesures-barrières est sans doute une donnée forte pour contenir la diffusion du virus. Mais il s'agit de mesures de précaution car les études convaincantes manquent (et a fortiori si, comme nous le faisons tous, sauf bien entendu les saintes personnes qui ont répondu "Moi", ces mesures sont appliquées partiellement ou incomplètement). 

Quoi qu'il en soit, les mesures-barrières prises individuellement ne sont pas efficaces à 100 % et c'est donc l'accumulation des "petits gestes" en tentant plutôt de bien les réaliser, qui finissent par, s'ajoutant les uns aux autres, entraîner moins de contaminations, moins de formes graves, moins d'hospitalisations, moins d'entrées en réanimation, moins d'intubations, moins de décès. 

Conception irénique.

Car les mesures-barrières sociétales (la politique), fermeture des frontières, quarantaine, confinement, couvre-feu, fermeture des commerces, fermeture des écoles, diminution des effectifs dans les classes, télétravail, diagnostic, traçage, isolement, sont extrêmement variables et sans doute incontrôlables, et sans doute peu expérimentables.

Quant à la vaccination, et selon les vaccins, elle viendra sans doute parfaire le tableau, mais il est difficile de dire, également, qu'un des vaccins est efficace à 100 %

Car, ne l'oublions pas, les études d'un niveau de preuve suffisantes, manquent IRL.

Qu'il s'agisse du nettoyage des surfaces, du nettoyage des mains (LA), du port parfait du masque (voir ICI une démonstration "parfaite"), de la distanciation entre les personnes (ICI), de l'aération des pièces, voire même de l'aérosolisation (ICI).



Et donc, les personnes qui ont répondu "Moi" à cette anodine question de bon sens de Marion Lagneau, au delà du biais de conscience excessive en eux et de leurs performances personnelles, sous-tendent (c'est mon interprétation), que ceux qui ont attrapé le covid, et notamment les personnels soignants et plus encore le vulgum pecus non soignant, l'ont bien mérité.

Ceux (NotAll) qui ont répondu "Moi" disent haut et fort : je n'attraperai jamais le covid.

Ceux (NotAll) qui ont répondu "Moi" disent haut et fort : il est possible d'être parfait dans un monde imparfait.

Ceux (NotAll)  qui ont répondu "Moi" insultent les soignants qui ont choppé le virus qui n'ont pas respecté la doxa.

La maladie est le salaire du péché.



dimanche 28 février 2021

La crise de la Covid : les vaccins sont devenus des médicaments comme les autres. Enfin !



L'irruption éclair des vaccins anti SARS-Cov-2 dans le champ médico-médiatique a permis de calmer les ardeurs des vaccinolâtres (personnes ne profèrant jamais aucune critique à l'égard DES vaccins) et les ardeurs des antivax (personnes pensant que TOUS les vaccins sont délétères). 

Il est donc désormais possible, pas tout à fait complètement, il y a quelques groupes extrémistes qui persistent, menacent, dénoncent, de soupeser l'efficacité, les effets indésirables, l'utilité des vaccins sans être traité d'antivax ou de vendu à l'industrie des vaccins. La lecture critique des articles rapportant les essais vaccinaux est ouverte. 

Les vaccins sont des médicaments comme les autres à ceci près qu'ils s'adressent à des personnes et non à des personnes malades. Ce qui devrait encore plus nous rendre prudents.

Voici que la mise au point de vaccins contre le SARS-Cov-2 nous a RAPPELE (parce que nous le disions tout le temps).

Les vaccins sont des médicaments comme les autres.

Comme tous les médicaments ils possèdent des indications thérapeutiques différentes qui les font appartenir à des classes thérapeutiquesanti-poliomyélite, anti grippe saisonnière, anti-tétanique, anti-diphtérique, et cetera.

(Je raisonnerai désormais par analogie avec les médicaments à visée cardiovasculaire qui ont des indications thérapeutiques différentes et qui peuvent appartenir à différentes classes thérapeutiques : anti-agrégants, anti-hypertenseurs, anti-angoreux, anti-arythmiques).

La particularité  des vaccins vient de ce qu'il existe un principe général de mode d'action, à savoir provoquer une réponse immunitaire à un antigène, et qu'il existe jusqu'à ce jour plusieurs types d'antigènes : vivant atténué, inactivé, à antigène purifié, anatoxines, ou fabriqué par génie génétique et, désormais, les vaccins à acide nucléique (ICI). Ce sont des classes pharmacologiques.

(Ce qui n'est pas le cas pour les médicaments à visée cardio-vasculaire)

Il est possible pour une même indication thérapeutique et donc pour une même classe thérapeutique de vaccins (celle des anti coronavirus) de définir plusieurs classes pharmacologiquesà virus, à vecteur viral, à protéines, à facteur génétique (ICI)

(La classe thérapeutique des anti-hypertenseurs comprend plusieurs classes pharmacologiques : diurétiques, inhibiteurs calciques, inhibiteurs de l'enzyme de conversion, et cetera)

Les classes pharmacologiques des vaccins peuvent aussi avoir des indications thérapeutiques différentes.

(Tout comme les classes pharmacologiques des médicaments cardio-vasculaires : un IEC peut être utilisé comme anti-hypertenseur et/ou dans l'insuffisance cardiaque)

Et ainsi, comme on peut comparer deux classes pharmacologiques entre elles dans le traitement de l'hypertension (les IC vs les IEC) il est possible, ô surprise, de comparer deux classes pharmacologiques  de vaccins entre eux (ARNm vs adenovirus) dans la prévention des infections à coronavirus, et comme il est aussi possible de comparer deux inhibiteurs calciques entre eux (amlodipine vs lercanidipine), il est possible, ô surprise, de comparer deux vaccins à ARNm entre eux (comirnaty vs Moderna).

Et ces comparaisons peuvent porter sur les critères de substitution (le taux des anticorps ou la contagiosité) (la baisse de la pression artérielle), la morbidité (le nombre de personnes malades légèrement, modérément, sévèrement ; le nombre de complications de la maladie ; le nombre de séquelles de la maladie et leur gravité) et la mortalité.

On ne peut plus dire : les vaccins sont efficaces, point-barre.

Le développement ultra-rapide des vaccins a mis en avant le fait qu'il y avait des vaccins plus efficaces que d'autres, et en fonction de leur mode d'action, sur certains critères, qu'on pouvait les tester sur des populations différentes et que la réponse à la vaccination dépendait de l'âge, des comorbidités, et cetera.

Les vaccinolâtres : "Mais on sait cela depuis longtemps." 
Les esprits critiques : "Pourquoi ne disiez-vous pas que le vaccin contre la grippe saisonnière n'était efficace qu'à 31 % en général, peu chez les soignants en institution, et pas plus chez les personnes âgées institutionnalisées, et pourquoi n'insistiez-vous pas sur les mesures-barrières ?"
Les vaccinolâtres : "Pour ne pas donner d'arme aux antivax."

On a au moins appris quelque chose :la vérité des chiffres est politique.

Les calendriers vaccinaux ne sont pas "scientifiques" mais politico-industriels.

A partir des mêmes études chaque pays établit un calendrier vaccinal. Dans l'Union européenne, les divergences sont importantes quant au déroulement des injections vaccinales chez le nourrisson et chez l'enfant. Sans raisons apparentes. Voir ICI.

Et aujourd'hui, avec les vaccins anti Covid, on assiste en direct, aux interprétations sauvages des essais, à l'élargissement des indications en fonction de l'âge, des facteurs de risques, de l'ethnicité et/ou du sexe, mais surtout à des dates de rappel de vaccin modifiables au gré des désirs politico-administratifs des autorités de chaque pays et en se fondant sur les mêmes études, l'espacement ou non des doses, à la suppression des doses (de rappel), aux conclusions tirées des critères de substitution (quand ça arrange, pas quand c'est défavorable). Du grand n'importe quoi.

Les vaccins ne résument pas ce qui peut être fait pour lutter contre une maladie.

Les mesures-barrières jouent un rôle.

Les mesures de restriction des déplacements (avec ou sans fermeture des écoles, avec ou sans télétravail) jouent un rôle.

Le niveau socio-économique des sociétés dans lesquelles se développe la maladie compte.

Les pratiques anthropologico-culturelles des sociétés dans lesquelles se développe la maladie comptent.

Les pratiques politiques des sociétés dans lesquelles se développe la maladie comptent.


Alors, les vaccins, c'est plus efficace que les mesures barrières ?

Ce qui est nouveau avec la Covid, c'est qu'il s'agit d'une maladie qui est apparue récemment et pour laquelle il n'y a pas d'antériorité historique. 

On peut discuter à l'infini, enfin, pas avec tout le monde, sur la diminution relative et absolue de la morbi-mortalité du streptocoque avant l'apparition des antibiotiques et constater que le rhumatisme articulaire aigu, au Danemark, soyons précis, avait largement diminué en nombre avant 1945.

Mais le problème de l'antériorité, la perspective épidémiologique historique, peut être occultée comme ici en faisant commencer les courbes US en 1930 : 

ou non occultée en prenant du recul comme dans ces courbes danoises qui commencent en 1860 (et McKeown, voir ICI, pourrait remonter plus loin) : 



Bref, dans le cas de la Covid, on ne s'embarrasse pas de ces controverses, on a une maladie nouvelle, zéro mort avant janvier 2020, et pas de vaccin disponible avant décembre 2020. Et pourtant : est-il possible de conclure ? 

Peut-on d'ores et déjà tirer des conclusions ?

Il serait trop facile, à l'heure où ces lignes sont écrites, de tenter de conclure en mélangeant dans notre éprouvette épidémiologique les 5 points que nous avons évoqués plus haut (mesures-barrières, restrictions des déplacements avec ou sans fermeture des écoles, niveaux socio-économiques, anthropologie et cultures, régimes politiques) et en ajoutant, au dernier moment deux doses de vaccin (et lequel).

Il est possible de dire que c'est à la fin de l'histoire qu'on fera les comptes. Mais quels comptes ? Le nombre absolu de morts ? Le nombre de morts chez les personnes âgées vivant chez elles ou institutionnalisées ? Le risque absolu de mourir de la Covid en fonction de l'âge, des comorbidités, du niveau socio-économique, du métier, du recours au télétravail et/ou des transports en commun, du lieu de résidence ? 

Je lis même ici ou là, c'est une idée anti capitaliste, que la concurrence entre les firmes mettant en oeuvre les vaccins serait une mauvaise chose. On voit bien que c'est le contraire : c'est parce qu'il y a eu concurrence que les équipes de chercheurs sont parties dans toutes les directions et que certaines équipes ont eu le nez fin, de la chance et d'autres se sont trompées. 

On peut même souligner que l'absence de régulation du marché par les agences gouvernementales infiltrées par l'industrie pharmaceutique, a laissé la main aux industriels de la vaccinologie qui se sont  partagés le marché des vaccins (et des médicaments) en fonction des zones géographiques comme le montre l'exemple des vaccins anti grippe saisonnière qui sont des vaches à lait de l'industrie des vaccins.  Tous les ans un nouveau vaccin est proposé sans recherches cliniques, sans études d'efficacité, sans études de pharmacovigilance, et cette manne a entraîné une stérilisation de la recherche et des investissements.  Quant à l'arrivée des génériques vaccins, elle n'a pas fait baisser les prix mais a permis au contraire de les augmenter.

La pandémie de Covid : une histoire sans fin ?

La situation en Nouvelle-Zélande, petit pays insulaire de 4,9 millions d'habitants est exemplaire : peu de cas, peu de morts, une fermeture des frontières au printemps 2020, des mesures strictes de confinement, pas de vaccin, et un nouveau confinement décidé pour Auckland, la capitale, ce week-end. Est-il possible de faire cela en Europe et ailleurs  ICI ?

Cela pose la question, à laquelle je suis bien incapable de répondre, de la stratégie mondiale à adopter : zéro Covid ou non. Est-ce que l'exemple néozélandais est applicable au reste du monde ? C'est une vraie question.



dimanche 21 février 2021

Les automesures de la pression artérielle par le patient : un changement de modèle des relations médecins/patients.



(Le billet précédent -- ICI -- sur la mesure de la pression artérielle répétée avec un tensiomètre électronique n'a pratiquement suscité aucun commentaire sur le blog. Par ailleurs, un micro sondage que j'ai mené sur twitter a montré que plus de la moitié des sondés n'utilisait pas de tensiomètre électronique, le plus souvent --commentaires--, parce que cela prend plus de temps que la mesure manuelle, sic. Ce sondage est peu scientifique mais on peut envisager que les utilisateurs de tensiomètre électroniques aient plus répondu que les autres...)

On reprend.

Il semble que le consensus actuel (décembre 2018) sur la mesure de la pression artérielle pour décider de l'entrée ou non d'un patient dans le statut d'hypertendu (et pour sa surveillance) soit celui-ci (voir LA) :
  1. Mesures répétées (trois mesures de suite à une minute d'intervalle) de la pression artérielle humérale au cabinet avec un tensiomètre électronique validé à déclenchement automatique de mesure, en position assise ou allongée, après repos, au calme, sans avoir fumé, sans parler... 
  2. La moyenne des deux dernières mesures répétées déterminant le niveau de pression artérielle à considérer
  3. Les auto-mesures tensionnelles sont citées et leurs modalités sont décrites mais le texte des recommandations ne mentionne pas leur intérêt par rapport aux mesures pratiquées au cabinet dans la décision diagnostique. Elles sont cependant préférables à
  4. La mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) sur 24 heures (ou holter tensionnel) qui est pourtant une méthode tout à fait valide pour détecter des élévations nocturnes de la pression artérielle
  5. Enfin, il est recommandé de réaliser des mesures de pression artérielle en dehors du milieu médical avant d'entreprendre un traitement et avant de le modifier en cas d'inefficacité.

Les automesures tensionnelles ont donc pris leur place dans les recommandations pour diagnostiquer une hypertension artérielle et surveiller la pression artérielle sous traitement.

J'ai jeté un oeil sur les sites officiels (ex ANSM où il y a une liste de tensiomètres validés depuis 2006 mais non mise à jour depuis 2012 !). 

Le CNGE a publié en 2015 des "recommandations" très utiles et sourcéesICI.

En 2018 une thèse de médecine souligne pourtant les incertitudes (corrélations entre automesures tensionnelle et événements cardiovasculaires) mais recommande l'utilisation des automesures : LA.

La thèse de James Schinazi de 2012 est intéressante à plus d'un titre : LA. Elle conclue ainsi : "... dans la mesure du possible, le protocole à retenir comprendra 24 mesures réparties sur au moins 5 jours de suite..." Ce ne sont pas les recommandations... Et cela n'a pas été suivi d'effets (trop complexe, sans doute).

Il paraît évident que pour demander aux patients de mesurer leur pression artérielle chez eux matin et soir trois fois et pendant trois jours consécutifs il est impératif que le médecin : 1) dispose lui-même d'un tensiomètre électronique, 2) qu'il l'utilise en routine au cabinet, 3) qu'il le fasse en respectant les conseils qu'il doit donner au patient.

Quel tensiomètre choisir ?

Un site : LA ou ICI.

J'ai acheté un Omron Basic M2, tensiomètre électronique de bras, non automatique, non connecté. Avec alimentation secteur.

Pour les patients : Etant donné les erreurs possibles lors de la prise de la pression artérielle, il est conseillé de prescrire un tensiomètre huméral (brassard) et de ne pas recommander un tensiomètre radial (bracelet poignet). Il est conseillé également aux patients d'acheter le tensiomètre que le praticien 'utilise au cabinet. Ainsi praticien et patient peuvent-ils se mettre d'accord sur la façon de l'utiliser et les comparaisons sont plus faciles. (Avis d'expert)


Les automesures


Premier élément : 90 % des patients qui mesurent leur PA à domicile sans avoir été informés auparavant rapportent que leur tension est de onze huit (cf. photographie supra). Cela signifie que la personne ne s'est intéressée qu'à la première ligne et n'a pas reçu d'explications.

Il est donc nécessaire d'expliquer comment lire la pression artérielle (systolique et diastolique, ce qui signifie expliquer le pourquoi et le comment de ces deux valeurs) et parler des unités en centimètre et millimètres de mercure. Ouf.

Le tableau des mesures : ICI



Je ne délivre pas ce type de tableau, trop compliqué à mon goût, et je ne demande pas au patient de mesurer les moyennes à moins bien entendu qu'il le fasse à partir d'un tableau Excell.

Vous pouvez aussi consulter ceci (des documents pas tous validés concernant l'automesure) : LA.

Quelques réflexions.

Je n'imagine plus mesurer la pression artérielle au cabinet sans utiliser un tensiomètre électronique huméral en mesurant au moins trois fois la pression artérielle à une minute d'intervalle et en reportant les trois mesures dans le dossier du patient ainsi que la moyenne des deux dernières (je ne le fais pas toujours ainsi pour des raisons qui tiennent à l'incohérence apparente de certaines mesures).

En cas de doute sur l'annonce de l'entrée du patient dans le monde éternel (la question la plus souvent posée est : "Est-ce que je devrais être traité toute ma vie ?") du traitement médicamenteux de l'hypertension artérielle (toutes choses égales par ailleurs, c'est à dire les conseils hygiène-diététiques ayant été donnés à plusieurs reprises), il est raisonnable de prendre son temps avant d'initier un traitement et de conseiller l'achat d'un tensiomètre électronique huméral validé (environ 30 euro) qui, selon moi, pourrait être le même que celui que le praticien utilise en son cabinet... 

Quand le patient possède déjà un tensiomètre électronique (dans l'immense majorité des cas il s'agit d'un tensiomètre électronique radial de poignet) et qu'il existe des différences inexpliquées il paraît utile et judicieux de demander au patient d'apporter le-dit appareil au cabinet pour 1) vérifier que l'utilisation est adéquate, 2) vérifier que les deux appareils sont étalonnés de la même façon.

La prescription d'auto-mesures tensionnelles par le patient à son domicile prend du temps. Il faut expliquer la pose de l'appareil, les conditions dans lesquelles les mesures doivent être prises, la signification des chiffres sur l'écran (les notions de pression systolique et diastolique ne sont pas évidentes pour une majorité de patients -- expérience interne), il faut remettre une fiche de recueil, bla-bla-bla.

Nous ne disposons pas d'essais contrôlés de bonne qualité sur les avantages/inconvénients de la prise de la mesure tensionnelle par le patient avec un tensiomètre électronique (pas d'EBM)

Mais surtout : les mesures de la pression artérielle avec le même tensiomètre électronique que le médecin (ou que le patient) modifient les relations médecins/patients :

  1. Cela démystifie la fonction magique de la prise de la pression artérielle 
  2. Cela relativise le pouvoir médical
  3. Cela donne plus de poids à la parole du patient
  4. Cela rend modeste quant aux objectifs tensionnels
  5. Cela permet d'engager de façon symétrique la décision partagée
  6. Cela autorise des discussions sur les effets de l'élévation de la pression artérielle et de ses rapports avec les facteurs de risque cardiovasculaire
  7. Cela remet en cause les recommandations et ne facilite pas la pratique en ajoutant des données non validées ou peu validées sur la balance décisionnelle
  8. Cela pose encore le problème de l'Evidence Based Medicine

EN CONCLUSION (avis d'expert)

  • Mesurer la pression artérielle au cabinet avec un tensiomètre électronique huméral
  • Demander à vos patients en cas de doute sur l'entrée en hypertension ou pour le suivi d'un traitement  d'acheter un tensiomètre électronique.

(Illustration : Au début du XVIII éme siècle (vers 1710 ou 1730 en fonction des sources), l'Anglais Stephen Hales réalisa sur des animaux de nombreuses expériences relatives à la circulation sanguine. On lui doit les premières mesures directes de la tension artèrielle. Hales insérait un tube de laiton, relié à un tube droit en verre, dans l'artère crurale d'un cheval et mesurait ensuite la hauteur atteinte par le sang dans le tube. Constatant les variations cycliques de cette hauteur, il en conclut qu'elles étaient dues aux variations de tension artérielles liées aux pulsations cardiaques. Source : ICI)


mardi 26 janvier 2021

Comment la (triple) mesure répètée de la pression artérielle avec un tensiomètre électronique a bouleversé ma pratique.


Introduction


La mesure de la pression artérielle est une donnée rituelle et majeure de la consultation de médecine générale.

Rituelle : un patient qui sort d'une consultation  dit "Le docteur X est mauvais : il ne m'a même pas pris la tension !" Un autre : "Le nouveau médecin, il est drôlement bien, il prend la tension aux deux bras !" Encore un autre : "Le docteur W, il pose le brassard sur la manche de ma chemise." Le dernier,  enthousiaste, "Mon médecin me prend la tension en position allongée avec un tensiomètre électronique connecté."

Majeure : Les conséquences de la mesure de la pression artérielle sont considérables, surtout si le médecin dit au patient que la pression artérielle est trop élevée et sans doute autant si les mesures de la pression artérielle font entrer le patient dans la zone grise située entre pression artérielle ni "normale" ni "élevée".

Car, contrairement à toute logique, l'hypertension artérielle n'étant pas une maladie mais un facteur de risque cardiovasculaire (mais pas que) (1), est rien sauf banale. Elle est grave pour la valeur symbolique qu'elle véhicule et pour les conséquences pratiques qu'elle entraîne. La consultation du chapitre wikipedia en français (LA) est atterrante : le texte est incomplet, il manque de références, il est peu détaillé, et les liens, quand ils existent, sont soit corrompus soit inexistants... La version anglo-saxonne est meilleure mais tout aussi incomplète : ICI.

Il était possible d'espérer mieux pour une condition qui affecte en théorie (je me méfie des données épidémiologiques à la louche et sponsorisées plus ou moins par les laboratoires pharmaceutiques qui vendent des molécules anti hypertensives - LA) 14,4 millions de sujets en France dont 7,6 millions de malades traités (et donc 6,8 millions non traités). Et plus d'un milliard dans monde.

La médecine automatisée fondée sur les preuves (proposition oxymorique) devrait proposer dans le cas du diagnostic d'hypertension artérielle une consultation d'annonce appropriée (2).

Je plaisante et je ne plaisante pas : la banalité de l'hypertension artérielle pour un médecin ne doit pas cacher le fait que pour un patient, cela peut constituer un changement de mode de vie considérable : jusque là naïf, il devient malade et, qui plus est, malade traité. On lui fixe des objectifs (plus ou moins controversés) de vie quotidienne (manger moins salé, maigrir, faire de l'activité physique), on l'informe sur les risques qu'il encourt potentiellement sur le plan cardiovasculaire et autres, rénal, oculaire, neurologique... Et on lui demande de se traiter alors que le plus souvent il ne souffre d'aucune symptomatologie ressentie (et en l'informant que le ou les traitements qu'on lui prescrira entraîneront potentiellement des effets indésirables qu'il ressentira...)

Il est possible de considérer, mais nous entrons là dans un domaine également controversé, que l'hypertension artérielle est un dommage collatéral de la société d'abondance et des pratiques d'alimentation de masse. Comme dirait un spécialiste en santé publique : "Oui. Et après ? Il faut bien faire quelque chose..."

Il serait utile et pertinent, parce qu'il s'agit du fond de l'affaire, d'aborder les (indispensables) discussions sur la qualité des critères d'entrée dans la condition d'hypertendu, les nouveaux critères transformant encore plus de citoyens ordinaires en patients hypertendus (sans le savoir) et ces critères, fondés sur les mêmes études, sont différents selon les pays (3) (4).

Ces critères d'entrée dépendent également de la pertinence (européenne et française, étatsunienne) des scores de risque cardiovasculaire : plusieurs blogs en ont traité et, personnellement, je ne sais toujours pas quoi en faire : ICI chez JB Blanc, et LA chez Dr Agibus.

Je n'aborderai pas non plus, mais cela fait partie du problème, du choix des antihypertenseurs en initiation de traitement. Un passage d'un billet de blog du Dr Agibus me plaît assez 

Lors d'une discussion avec un cardiologue correspondant (JML) il me faisait remarquer ses interrogations sur les techniques d'automesures, leur validité diagnostique, leur prédictivité pronostique. Et il soulignait ceci : ses propres incertitudes liées aux incertitudes des sources (les études cliniques) devaient bien se remarquer dans son discours et devaient bien être remarquées par la personne à qui il s'adressait. Ces incertitudes, me disait-il, sont ressenties par le patient et il est possible de comprendre pourquoi le traitement de l'hypertension artérielle est un des traitements où l'observance est la plus faible. A ce sujet les études françaises de qualité sont peu nombreuses, voire inexistantes. Une étude par questionnaire postal est disponible (ICI et LA) mais il s'agit d'une étude déclarative : 60 % des hypertendus traités prendraient correctement leur traitement.

En résumé : plus les valeurs définissant une pression artérielle anormale sont basses et plus la cible des patients à traiter est vaste (le marché des anti hypertenseurs) et moins les preuves deviennent robustes pour faire entrer une personne dans le pathologique (l'hypertension artérielle) et le traiter (et potentiellement à vie).


Un rappel.


Il semble que le consensus actuel (décembre 2018) sur la mesure de la pression artérielle pour décider de l'entrée ou non d'un patient dans le statut d'hypertendu (et pour sa surveillance) soit celui-ci (voir LA) :
  1. Mesures répétées (trois mesures de suite à une minute d'intervalle) de la pression artérielle humérale au cabinet avec un tensiomètre électronique validé à déclenchement automatique de mesure, en position assise ou allongée, après repos, au calme, sans avoir fumé, sans parler... 
  2. La moyenne des deux dernières mesures répétées déterminant le niveau de pression artérielle à considérer
  3. Les auto-mesures tensionnelles sont citées et leurs modalités sont décrites mais le texte des recommandations ne mentionne pas leur intérêt par rapport aux mesures pratiquées au cabinet dans la décision diagnostique. Elles sont cependant préférables à
  4. La mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) sur 24 heures (ou holter tensionnel) qui est pourtant une méthode tout à fait valide pour détecter des élévations nocturnes de la pression artérielle
  5. Enfin, il est recommandé de réaliser des mesures de pression artérielle en dehors du milieu médical avant d'entreprendre un traitement et avant de le modifier en cas d'inefficacité.

La mesure de la pression artérielle au cabinet avec un sphingomanomètre (tensiomètre) classique.

Remarque personnelle : la prise de la pression artérielle avec un tensiomètre électronique est, selon mon expérience interne, incomparablement plus appropriée que la prise de la pression artérielle avec un tensiomètre manuel classique. Sachant combien les chiffres comptent pour décider ou non de l'entrée d'une personne dans le champ des mesures hygiéno-diététiques, du traitement médicamenteux de l'hypertension artérielle ou de la modification ou non du traitement, il me paraît clair que la mesure visuelle avec un sphygmomanomètre est peu précise parce qu'elle est soumise à l'interprétation de l'observateur (la synchronisation entre le déplacement de l'aiguille et le déclenchement cérébral de la mesure est très subjectif et dépend de circonstances particulières : la personne prend-elle déjà un traitement ou non, ai-je un a priori sur la mise sous traitement, sur le changement de traitement, et cetera ?). 

Il existe des mesureurs de pression artérielle optimistes, pessimistes, neutres, selon les moments.

Est-on aussi "objectif" chez un "nouveau" patient (pour qui le mesureur va décider ou non de traiter) que pour un patient déjà traité chez qui se posent les questions suivantes : le traitement choisi est-il efficace (sans oublier cette circonstance particulière : le mesureur a-t-il le même jugement de valeur selon qu'il s'agit d'un patient chez qui il a institué le traitement ou dont le traitement a été institué par un confrère, et selon la ou les molécules choisies ?), est-il possible ou non de temporiser ?, le changement de traitement éventuel peut-il être vécu par le patient et/ou par le prescripteur comme un échec ?, le changement de traitement ou l'ajout d'une nouvelle molécule est une démarche longue qui est plus difficile à effecteur en fin qu'en début de journée...

Enfin, mais c'est illusoire de penser qu'il serait possible d'envisager toutes les circonstances où l'"objectivité" peut être mise en échec, la comparaison entre les chiffres d'automesures et les chiffres mesurés au cabinet entraînent également des décisions difficiles à prendre ou à ne pas prendre. 

Sans compter un mode d'entrée fréquent : la prise de la pression artérielle par le médecin du travail

Sans oublier les mesures de la pression artérielle en pharmacie qui posent des problèmes insolubles de légitimité, d'autorité, de compétition, et cetera.

Comment la (triple) mesure répétée de la pression artérielle avec un tensiomètre électronique a bouleversé ma pratique et n'a pas supprimé mes interrogations (voire les a intensifiées). 

Faire la moyenne.

Prenons le cas simple suivant : les 3 mesures répétées de la PA sont : 138/82, 134/84 et 132/82. La moyenne des deux dernières mesures est : 133/83. La vie est belle.

Deuxième cas simple : 154/97, 144/92 et 139/89, le résultat est : 141,5/90,5, on arrondit : 142/91. Tout baigne. Ou presque.

Troisième cas. Moins simple. 148/88, 162/100 et 158/97. Que fais-je ? La vraie moyenne : 160/98,5 (160/99). Où est l'erreur ? Faut-il continuer à mesurer jusqu'à atteindre le "bon" chiffre ? Revoir le patient, lui demander d'acheter un tensiomètre électronique, attendre, sans doute.

Quatrième cas. 162/99, 154/94, 146/88. La moyenne est donc 150/91. Quid ? Faut-il continuer les mesures   pour savoir si ces valeurs vont encore diminuer ? Faut-il, comme le suggère James Skinazi dans sa thèse consacrée aux automesures, proposer 24 mesures réparties sur 5 jours (LA) ? 

Cinquième cas. 170/103, 151/99 et 167/102. Quelles valeurs prendre . Les deux dernières : 159/101, les deux plus élevées : 169/103. Reprendre la PA pour savoir quelle est la valeur "anormale" ?

Sixième cas (tous ces exemples sont issus de ma pratique). Première mesure (chez un patient traité) : 127/83. Dois-je mesurer encore deux fois la pression artérielle ou cette valeur convenable suffit-elle ?  Voici les deux autres valeurs retrouvées : 145/92 et 144/93.

Septième cas (patient traité depuis 20 jours en monothérapie). 137/79, 136/80 et 132/78. Moyenne : 134/79. Moi : "C'est parfait. Et vous n'avez pas eu les jambes qui gonflaient ? Pas d'effets indésirables ?" Le patient : "Je n'ai pas pris mon traitement, cela me faisait peur."

Dans la plupart des cas les automesures sont volontiers plus basses que les mesures au cabinet. Et parfois vraiment beaucoup plus basses. Je traiterai dans un autre billet des automesures.

Il arrive aussi qu'elles soient plus élevées à domicile. On trouve toujours des explications à tout.

Les automesures sont parfois effectuées par les patients avec l'appareil que j'utilise au cabinet... Il est difficile de ne pas introduire le doute dans l'esprit du patient et dans l'esprit du médecin (cf. supra l'avis de mon cardiologue correspondant) quand les divergences sont beaucoup trop importantes.


En conclusion (provisoire)

La subjectivité de la mesure manuelle de la pression artérielle ne me convenait pas.
La (fausse) objectivité de la triple mesure électronique de la pression artérielle me convient mieux mais ne résout pas les problèmes qui sont : 
  1. La moyenne des deux dernières valeurs prises au cabinet et à quelle heure reflètent-elles une valeur moyenne décisionnelle de traiter ou de ne pas traiter ?
  2. La moyenne des deux dernières valeurs prises au cabinet correspond-elle à des données relevées dans les essais cliniques qui ont permis d'affirmer que certaines molécules appartenant à certaines classes pharmacologiques avaient un impact sur la morbidité-mortalité de l'HTA ? 
  3. Une mesure plus "objective" ou plus (faussement) précise de la pression artérielle rend-elle les valeurs d'entrée dans l'hypertension plus précises et plus objectives ?
  4. La variabilité des mesures constatée au cabinet pour un même patient fait penser à la variabilité (intra et inter mesureurs) des décisions prises pour traiter ou ne pas traiter.
  5. Les mesures automatiques de la pression artérielle me font immanquablement penser aux résultats plutôt discordants de l'étude SPRINT (voir ICI pour l'article lui-même et LA pour mes commentaires ).

Le titre était sans doute accrocheur, le bouleversement de ma pratique, mais je ne raconte pas d'histoires : j'ai du mal à m'en remettre.

(Pour les auto-mesures, voir le billet suivant : LA)



Notes : 


(1) L'hypertension artérielle est-elle une maladie ? Oui, selon l'INSERM (LA) et selon la Société Française de Cardiologie (ICI), non selon la plupart des sociétés savantes. Texte anglo-saxon qui dit que les deux sont possibles : LA.
(2) Je ne reviens pas sur la consultation d'annonce, une des tartes à la crème de la médecine moderne fondée sur la démarche qualité. Son utilisation massive en cancérologie/oncologie montre combien les bonnes idées peuvent être perverties par des pratiques non inclusives (décision partagée). 
(3) Les recommandations européennes sont en deçà (voir iCI) des recommandations états-uniennes sur les valeurs d'entrée dans l'HTA. Il semblerait pourtant que les études soient les mêmes... Voir ICI un article du JAMA particulièrement éloquent. Donc, par un tour de passe-passe les Européens ont décidé ex abrupto que les US allaient trop loin... Voir un commentaire de Jacques Blacher, dont les liens d'intérêt sont considérables mais dont les propos sont intéressants, dans Medscape : ICI)
(4) Peut-on parler, de la part des cardiologues internationaux, d'excès de zèle, de peur de mal faire, de corruption, de pratique du Fear Mongering, de pratique du Disease Mongering ou de syndrome de Munchausen par procuration ?
(5) Dr Agibus (LA) : Voici ce qu'il écrit :
Je parlais il y a 2 semaines des discordances de traitement de 1ère intention dans l'HTA entre le NICE (inhibiteurs calciques), la Cochrane (diurétique) et l'ESC (plutôt IEC). Le Lancet va peut être nous aider dans cette revue systématique. En gros toutes les classes sont comparées entre elles (certes on pourrait toujours remettre en cause le fait de travailler avec des classes et non avec des molécules, mais c'est déjà un beau travail qu'ils ont fait), et les auteurs retrouvent :
- que les thiazidiques réduisent davantage les évènements cardiovasculaires et la mortalité que les IEC, ce qui tranche un peu avec la Cochrane qui disaient que c'étaient les 2 classes les plus efficaces de façon similaire (mais pas de différence entre thiazidiques et les sartans, étrange)
- les thiazidiques réduisent davantage la mortalité globale que les inhibiteurs calciques (qu'à donc fait le NICE??? eux qui recommandaient bien les thiazidiques en 1ère intention auparavant!)
- que les inhibiteurs calciques bradycardisant sont moins efficaces que toutes les autres classes
- qu'il n'y a pas de différence significative pour les autres comparaisons de molécules.



vendredi 1 janvier 2021

Bonne année 2021 (premier épisode)



Qui ne s'est pas trompé en 2020 ? Qui ne se trompera pas en 2021 ?

Chacun ou chacune d'entre nous peut s'interroger sur la façon dont elle ou il a perçu la Covid-19.

C'est sans doute un exercice salutaire mais, surtout, un exercice dérangeant.

Il n'est jamais bon de se poser des questions à propos de tout, cela finit par empêcher de vivre. 

Car cet événement exceptionnel, par son urgence comme par sa durée, est, pour tout esprit qu'il soit ouvert ou borné, critique ou satisfait, autocritique ou fier de lui, curieux ou blasé, révolutionnaire, réformiste ou conservateur, pauvre ou riche, cultivé ou non, éduqué ou non, passionné ou non, un formidable révélateur de notre propre capacité, individuelle et collective, à réfléchir sur notre existence et sur les décisions que nous prenons dans notre vie quotidienne intellectuelle, pratique, dans la vie de tous les jours.

Ce que j'ai retenu.

En désordre.

Le corps médical est composé d'un aussi grand nombre de crétins que le monde non médical.

Crétin est un terme générique, banal, non connoté. Et on ajoutera pour faire bonne mesure : on peut toujours être, selon les circonstances, le crétin de quelqu'un. 

Est-il possible de séparer le crétin du médecin ? 

Pour certains il est possible d'être un crétin et d'être un bon médecin. Il suffit de suivre les recommandations... A condition qu'elles ne soient pas rédigées par une assemblée de crétins.

On se demande à quoi peut servir un numerus clausus aussi strict, aussi clivant, aussi inhumain, puis un examen classant national (qui disparaît) dans le même métal, puis, pour les plus malins, des nominations ultra élitistes de PU/PH, si, au bout du bout on entend des propos aussi délirants que ceux de Didier Raoult qui reçut le grand prix l'INSERM 2010 (1) ou Christian Perronne qui fut jusqu'à 2016 président de la commission des maladies transmissibles au HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique) et chargé, entre autres activités multiples et variées, du Comité de lutte contre la grippe... tout en fréquentant assidûment l'Agence du médicament (ANSM) et l'OMS comme consultant.

Mais, s'ils sont emblématiques, ils ne sont pas les seuls. Les citer tous, sans compter les non PU-PH, les médecins généralistes comme les spécialistes, tous ceux qui usent et abusent de l'ultracrépidarianisme (et on peut toujours être l'ultracrépidarianiste de quelqu'un), serait leur faire de la publicité. Tout le monde les a entendus.

Mais, et c'est là où je veux en venir : n'avons-nous pas tous été auto-ultracrépidarianistes ?

Il est facile de donner son avis sur tout, dans la vie quotidienne, chez le boulanger, chez le garagiste, devant le distributeur de friandises et de café, en famille, avec des amis, des proches, des voisins de palier ou des chauffards. Mais, en nous-mêmes, dans notre Ford intérieure, comme l'écrivait San-Antonio (auteur de romans le plus sous-estimé du vingtième siècle), confrontés à notre Tribunal intérieur, n'avons-nous pas été négligents, partiaux, irréalistes ? Combien de fois, depuis le début de la pandémie, allez, depuis janvier, n'avons-nous pas été à côté de la plaque ? Pouvons-nous nous l'avouer dans le secret de notre conscience ?

Grippette, grippe asiatique, HCQ, azithromycine, sérum de convalescents, zinc, vitamine C, remdesivir, anti Il machin, manque de masques, où porter son masque, intérieur, extérieur, Raoult qui crétinise,, Buzyn qui démissionne, les trottinettes, les Italiens sont nuls, le virus s'arrêtera à Vintimille, la saga des gants qui ne servent à rien, les charlottes indispensables, les visières alagomme, la prise de la température frontale, la véracité ou non de la distanciation, le manuportage, vanter la désinfection des rues en Chine ou en Corée du sud, le manque de tests, quels tests, les tests bidons, la litanie des morts par Jérôme Salomon, l'aérosolisation, le modèle allemand, le modèle suédois, confiner, ne pas déconfiner, trop tôt, trop tard, fermer les écoles, manger à la cantine, la culture, les élections, prendre les transports, les discours altruistes (hypocrites) sur les travailleurs de la Seine-Saint-Denis, des députés de la république racontant n'importe quoi, des médecins ou non, des hommes et des femmes politiques mentant ou non devant les commissions où l'on jure de dire toute la vérité, pas de contamination dans les transports, pas de contamination à l'hôpital, la transformation de Véran de neurologue en homme politique, le télétravail, les teufs ou pas, les masques à l'école, les cantines scolaires déclarées aseptisées, les salles de classe classées zones no virus, première ou deuxième vague, les anti inflammatoires, Perronne qui prend l'eau, les chaînes d'infos en continu, les regarder, ne pas les regarder, les rassuristes de la deuxième vague, les fatalistes (faut bien que les vieux meurent de quelque chose), les épidémiologistes sont aussi des crétins comme les autres (les modèles foireux, les modèles qui tombent juste par hasard, les études qui minimisent, et cetera, Ioannidis qui se casse la goule), l'arrivée des vaccins à ARN, les discours progressistes des progressistes, les discours alarmistes des alarmistes, les discours prudents des prudents, les AMM comme s'il en pleuvait, l'urgence, l'urgence, le manque de vaccins, qui vacciner, où vacciner...

J'ai tant oublié de choses.

Est-ce quelqu'un, qui na pas parlé à la télé, ceux qui ont parlé ont forcément dit un truc foireux, ne s'est pas fourvoyé sur au moins un des points que j'ai évoqués ?


(1) Je vous conseille de lire le portrait de Didier Raoult tel qu'il est fait sur le site de l'INSERM en 2009 : LA.



mercredi 23 décembre 2020

Jour 23 du calendrier de l'Avent 2020. Récapitulatif inquiétant ou salutaire des pratiques médicales françaises et internationales répandues non fondées sur les preuves ?

  1. Le dépistage organisé du cancer du sein par la pratique de mammographie chez les femmes entre 50 et 74 ans ne sauve pas de vies.
  2. L'injection intra articulaire d'acide hyaluronique dans un genou arthrosique et douloureux n'a jamais fait la preuve de son efficacité dans des essais contrôlés.
  3. Les semelles orthopédiques n'ont pas fait la preuve de leur efficacité (douloureuse ou structurale) chez l'enfant en cas de pied plat symptomatique ou non.
  4. La kinésithérapie respiratoire ambulatoire dans la bronchiolite du nourrisson n'a jamais fait la preuve de son efficacité dans des essais contrôlés.
  5. La définition de la Santé selon l'OMS "La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité" n'a aucun sens.
  6. Faire la morale aux consultant.es. pour les persuader de changer leurs pratiques est une déviance de la médecine : la maladie n'est pas le salaire du péché.
  7. Aucun essai contrôlé de bonne qualité n'a montré que le Phloroglucinol/ Spasfon était efficace pour lutter contre la douleur
  8. La vaccination contre la grippe saisonnière n'a pas encore fait la preuve de son efficacité dans des essais contrôlés de bonne qualité.
  9. Homéopathie, Ostéopathie, Acupuncture, Auriculothérapie, Réflexologie plantaire, aucune de ces pratiques n'a permis de démontrer par des essais contrôlés qu'elle était efficace.
  10. La revascularisation coronaire et/ou la pose de stents en cas d'angor stable ont échoué dans 3 essais contrôlés de bonne qualité à montrer leur efficacité par rapport à un traitement pharmacologique bien conduit.
  11. Les gynécologues et les gynéco-obstéticiens qui ne respectent pas les recommandations internationales devraient se mettre à la page.
  12. L'entraînement à l'exercice physique est sans doute un conseil avisé à donner aux personnes en bonne santé et/ou malades mais n'a jamais formellement fait la preuve de son efficacité par rapport à une vie "normale".
  13. L'hospitalo-centrisme est la maladie infantile de la Santé publique.
  14. L'utilisation du lait de croissance chez l'enfant entre 1 et 3 ans n'a jamais fait la preuve de son efficacité dans des essais de qualité.
  15. La médecine pure et dure sans services sociaux, sans hygiène collective, sans la possibilité d'un accès universel aux soins n'est pas efficace.
  16. L'utilisation de la Metformine dans le traitement du diabète non insulino-dépendant n'a jamais fait la preuve de son efficacité à partir d'une seule étude contrôlée de mauvaise qualité.
  17. Le traitement pharmacologique de l'énurésie primaire chez l'enfant n'a jamais fait la preuve de son efficacité par rapport à un placebo.
  18. L'utilisation du voltarène/diclofénac ne se justifie pas en raison d'une balance bénéfices/risques défavorable.
  19. L'utilisation d'un bêtabloquant ne se justifie pas en première intention pour traiter l'HTA d'un patient sans autre comorbidité.
  20. Aucun dépistage organisé d'un cancer n'a jamais sauvé des vies, c'est à dire diminuer la mortalité globale.
  21. La prise de la pression artérielle avec un tensiomètre manuel est obsolète.
  22. La prévention et le dépistage sont incapables aujourd'hui d'allonger l'espérance de vie à la naissance.
Pour chacun de ces points il est possible de consulter un billet de blog : Jour 1, jour 2, et cetera.
Et sur le blog d'autres billets éclairent ces différents points.