jeudi 7 juillet 2022

Le masque. Histoire de santé publique sans consultation 4.



Je croise une dame d'un certain âge en train de faire son footing (on ne peut pas dire qu'elle court vraiment ni qu'elle marche vraiment, elle est entre les deux) dans une grande allée ombragée du parc de Versailles. Je l'ai vue arriver de loin.

Je cours moi-même (un peu plus que du footing, mais pas loin) et je n'ai rien à vous proposer : pas de moyenne horaire, pas de distance, pas d'iPhone chargé sur une application course, pas de montre connectée, pas d'iPhone du tout, pas de musique dans les oreilles, j'écoute le bruit de mes foulées (mais pas de sentimentalisme, pas d'ego sur dimensionné, je ne fais pas de sport, je m'entretiens le physique et le mental en courant, je n'ai jamais été bon, toujours moyen, plutôt dans la dernière moitié de la classe, pas en première division, mais j'aime courir. On pourrait dire, par analogie, les analogies étant la figure de style la plus médiocre qui soit, que je suis un grand lecteur qui aime lire depuis toujours les romans à la mode et les essais grand public (je ne donnerai pas de nom pour ne fâcher personne), je suis donc un médiocre coureur qui n'a jamais fait mieux, même au temps de ma jeunesse que du 12 à l'heure pendant une demi-heure... Mais j'en suis plutôt à 9 à l'heure en ce moment.

Quoi qu'il en soit, il est vraisemblable que cette dame d'un âge certain, il fait tiède, a entre 60 et 67 ans. Elle porte une casquette, sa tenue est Décathlon pur jus (je ne vous ferai pas une période sur la mondialisation, l'uniformisation et la raréfaction des marques, et tout le tintouin car cela nous emmènerait très loin de la santé publique et ne manquerait pas de m'attirer les foudres de nombre de personnes véhémentes... quoique la mondialisation, l'uniformisation et la raréfaction des marques, et tout le tintouin soient très proches de la santé publique...).

La dame est essoufflée.

A part moi qui vais la croiser à bien dix mètres d'elle, il n'y a personne aux alentours.

Eh bien, cette dame respectable, et sans doute respectée, porte un masque chirurgical pour courir.

Quelle drôle d'idée.

Qui a bien pu lui faire croire qu'il était nécessaire, intéressant, productif, sain, hygiéniquement correct, covidement compatible, de porter un masque en courant dans les allées désertées du parc de Versailles ?

Qui ?

Quel.le est cet influenceur.e anonyme ?

Qu'iel se dénonce.


mardi 5 juillet 2022

Respecter les prostates ? Histoire de santé publique sans consultation 3.

Simon Hantaï (1922 - 2008)


Je croise Monsieur A, 77 ans, dans la rue, le salue et nous nous arrêtons pour parler.

Monsieur A est boucher charcutier et je suis son client depuis plus de trente ans. Il vend des produits de choix.

Cet homme a beaucoup travaillé dans sa vie, il travaille encore mais il a laissé les rênes de l'entreprise à son fils et à sa belle-fille.

Je trouve Monsieur A amaigri. Mais je ne dis rien.

Il sait que je suis médecin.

"Bonjour, comment ça va ? Vous avez l'air fatigué...
- Ah, j'ai été opéré de la prostate... et après l'opération j'ai beaucoup saigné.
- Mince... Cela arrive...
- Oui, mais là, j'ai été servi."
Je ne sais pas comment poser la question du pourquoi du comment de l'intervention.

" Vous étiez très gêné ?
- Oui, je pissais quatre à cinq fois par nuit. Et dans la journée cela devenait difficile, les déplacements en voiture devenaient difficiles. Le chirurgien m'a dit que j'avais une énorme prostate...
- Vous aviez combien de PSA ?
- C'était peu élevé. Six ou sept.
- Ah...
- Mais, surtout, j'ai été opéré par voie haute.
- Par voie haute ? Ah... Et pourquoi ?
- Parce que le chirurgien m'a dit qu'il y avait un truc bizarre à l'IRM, qu'il voulait voir.
- Et vous avez eu des biopsies ?
- Oui, elles sont revenues négatives. Mais j'ai été opéré dans un très bon service, par un professeur qu'on m'avait conseillé, en privé, bien entendu, ils ont été formidables. Je suis quand même resté trois semaines...
- Hospitalisé ?
- Oui. Le temps m'a paru long.
- Et vous avez un traitement ?
- Non. Enfin, si, du proscar. Je dois faire redoser mes PSA dans trois mois, c'est tout.
- Et vous allez moins souvent pisser ?
- Oui. C'est beaucoup mieux."

Je n'ai pas demandé à Monsieur A, nous sommes dans la rue et je ne le connais pas assez, s'il bandait encore...

Cette histoire de non consultation est navrante.

Il est clair qu'une non consultation dans la rue ne cadre pas avec les données de la science. Le patient me dit ce qu'il a envie de me dire, il se trompe peut-être sur les chiffres de PSA, il rapporte les propos du chirurgien qui ne lui a peut-être pas du tout dit ça. Il me cache un cancer dont il n'a pas envie de me parler. Et cetera.

Mais l'histoire qu'il me raconte compte quand même. C'est quand même son ressenti.

La cascade d'examens complémentaires et d'événements n'est malheureusement pas banale. Mais quand on met le doigt dans l'engrenage...

Et, en plus, que demande le peuple ?, Monsieur A est content de sa prise en charge.

Monsieur A me demande : "Vous avez quel âge ?" - Presque 70. - Et votre PSA ? - Je ne sais pas. - Je ne vous crois pas. Vous êtes médecin, vous devriez vous tester... Vous avez vu ce qu'il m'est arrivé..."

Je m'arrête là. Je ne vais quand même pas lui raconter ce que je pense du PSA, comment pourrait-il ne pas mal le prendre ? Et en quoi cela lui servirait pour qu'il aille mieux ? 

1967

PS : Monsieur A ne s'appelle pas Monsieur A. Il n'a pas 77 ans. Il n'est pas boucher.

dimanche 3 juillet 2022

Bilan médical du lundi 20 juin au dimanche 3 juillet. Paxlovid, invalidité et inaptitude, mortalité infantile Covid, myocardite et péricardite, Vitamine D, Pfizer et IVG, KOL, Hépatite C, Antoine et Laure.



Quand la société savante de médecine générale fait le point sur le paxlovid : ne pas en donner chez les vaccinés.

Le collège scientifique du Collège national des généralistes enseignants rappelle LA les conditions de prescription du paxlovid en se fondant sur les essais cliniques : elle contredit à juste titre la HAS (voir ICI  dans un billet précédent)  et rappelle que les vaccinés contre le covid n'ont pas été inclus dans l'essai pivot. 

En l’état actuel des connaissances et en l’absence d’alternative et de contre-indication, le conseil scientifique du CNGE considère que la balance bénéfice risque du Paxlovid® est favorable pour les patients à risque de forme grave, non-vaccinés et consultant dans les 5 jours après le début des symptômes.

Dans notre série bien connue (plusieurs saisons, plusieurs épisodes par saison) "Y a pas qu'en France", on rapporte qu'en Californie au Kayser Institute, paxlovid est prescrit chez 92 % de vaccinés (LA).

Quand un.e médecin.e du travail explique la différence entre invalidité et inaptitude.

Je vous laisse lire le texte paru sous forme de thread sur twitter : ICI

Les informations fournies sont très pertinentes.

Quelques commentaires personnels d'un médecin de terrain : 
  1. Toutes ces modalités administrativo-médicales sont à peu près équitables pour des travailleurs intellectuels mais sont franchement inégalitaires pour les travailleurs manuels. 
  2. Toutes ces modalités administrativo-médicales sont défavorables aux travailleurs immigrés manoeuvres et possédant mal la langue française.
  3. Je lis au hasard une phrase : "Un travailleur peut être inapte à un poste physique mais peut se reconvertir dans les bureaux..." ou "Un travailleur de 42 ans peut se reconvertir..."
  4. Donc, en gros, pour la réglementation française, les douleurs musculo-squelettiques dues à certains travaux pénibles sont médiocrement et injustement indemnisées.

Quand des chiffres contredisent les alarmistes sur la mortalité du Covid chez les enfants (GB).

Un papier d'Alasdair Munro (ICI) fondé sur un pré-print d'article (UK) (LA) rapporte qu'entre mars 2020 et novembre 2021 le risque de décès dû au covid  chez les personnes de moins de 20 ans est extrêmement rare, qu'il se produit dans les 30 premiers jours de l'infection et chez des enfants présentant des comorbidités. Le taux de mortalité est de 0,7 pour 100 000 infections.

Je n'aime pas utiliser ce genre de comparaison mais ce risque est le même que celui de courir un marathon, de skier pendant 10 jours ou d'un vol de retour entre Londres et New-York.

Quand une étude épidémiologique israélienne rétrospective (100 000 vaccinés Pfizer  vs 100 000 témoins) montre que :

- chez les enfants de 5 à 11 ans

- deux doses de Pfizer entraînent 50 % d'efficacité sur la contamination et sur les formes symptomatiques liées à omicron (c'est à dire moins que sur delta).

Voir LA.

- Et que le nombre absolu de réduction de cas de covid est de - 0,6 %


- Et qu'il n'y a eu qu'1 hospitalisation chez les vaccinés contre 2 chez les nonvaccinés

Il est difficile de dire qu'il s'agit, chez les enfants de 5 à 11 ans, d'un problème de santé publique...



Quand une étude française (re) parle de myocardite et de péricardite post-vaccinale : c'est du lourd. 

L'équipe de Le Vu et Coll (dont Zureik M dont j'ai souvent parlé sur ce blog) publie un article dans Nature (LA) qui montre l'excès de risque de myocardite post vaccinale. ces donnes sont déjà connues : elles ont déjà été publiées en novembre 2021 et avril 2022.

C'est une étude cas témoin dont on connaît les limites et dont on connaît la place dans le niveau de preuves des essais.

Les chiffres sont les suivants (mais lisez l'article en détail) : le risque de myocardite post vaccination est 30 fois supérieur pour moderna et 8 fois supérieur pour Pfizer (par rapport aux témoins). Notamment lors de la première semaine après la première vaccination. Mais aussi après la deuxième.

La tranche d'âge des 18-24 ans est la plus touchée mais ce que l'on apprend c'est que le sur risque concerne toutes les tranches d'âge et pas seulement les hommes. Pour les 18-24 ans avec Moderna : un cas pour 5900 doses. 

Les myocardites/péricardites induits ne sont pas plus graves que celles non induites.

Lisez bien la discussion qui est remarquablement menée par les auteurs.

Cela pose quand même un certain nombre de questions. Et notamment pourquoi, aux US, je ne sais pas pour d'autres pays, Moderna est toujours administré chez les jeunes.

Et le premier qui dit que les auteurs n'auraient pas dû publier parce que cela fait le miel des antivaxx, ils peuvent aller à confesse avec les progressistes scientistes vaccinolâtres.

Une étude canadienne (Ontario) de juin 2022 (ICI) rapporte un sur risque (toujours chez les 18-24 ans) de myocardite/péricardite après vaccination par Comirnaty puis Moderna (et surtout si le rappel est à 30 jours et moins) : 1 cas pour 1287 !

Quant à la vitamine D chez les enfants : les recommandations ne sont pas fondées sur les preuves.

Il peut paraître curieux, voire anticonformiste et provocateur, de remettre en question la prescription de vitamine D chez les enfants. Un billet de blog de Jean Doubovetski (ICI) raconte l'affaire.

Quand Pfizer est à la manoeuvre pour dégommer l'IVG aux US

Pfizer, le chantre de l'innovation, le chantre du scientifisme progressiste, mène double jeu. Non seulement le laboratoire ne veut pas lever l'exclusivité sur son brevet Covid mais il mène une politique entrepreneuriale très forte (selon ses dires) sur la parité dans l'entreprise.

Bravo.

Ne parlons pas de paxlovid, traitement du Covid qui n'a pas été testé chez lesvaccinés et qui est prescrit large manu chez les vaccinés...

Mais surtout : selon un article (ICI) Pfizer  fournit de l'argent aux politiciens qui vont, à la suite de l'avis de la Cour suprême sur l'IVG (ce n'est plus un droit fédéral), interdire l'IVG dans les 13 Etats US où ils sont élus ! 

Quand un oncologue est payé 110 000 dollars par an par l'industrie pharmaceutique...

Ce n'est pas un KOL (Key Opinion Leader), c'est un employé de l'industrie.

Une étude tout à fait intéressante, cela ne se passe pas en France, cela ne pourrait pas se passer en France,  est parue dans le JAMA (LA) qui montre à quel point, en 2017, parmi les oncologues du secteur public touchant un salaire de plus de 100 000 dollars par an, 66,2 % ont été payés par l'industrie. 

Voici les chiffres : When comparing general payments with base salary for the 417 faculty who received payments, 78 (18.7%) received payments of more than 10% of their annual salary, 45 (10.8%) received payments of more than 20%, 16 (3.8%) received payments of more than 50%, and 3 (0.7%) received payments of more than 100% (Figure). The general payments-to-salary ratio for the 3 physicians with the highest ratios were 124% ($185 316/$149 532), 124% ($132 696/$106 706), and 242% ($923 938/$380 768).


Si ce sujet vous intéresse, lire un article bien documenté paru dans Slate (LA) qui renseigne sur la corruption des médecins par Purdue Pharma lors du lancement et de la promotion de l'oxycontin. 

Un point de vue sociologique sur les conflits d'intérêts rapporté par Hervé Maisonneuve en son blog : LA. Il y a du boulot !

La publicité pharmaceutique Direct to consumer fait rage aux US : en 2020, et selon Aaron Kheriaty, 75 % des pubs TV sont promues par des firmes pharmaceutiques. Cette année-là les pubs numériques ont augmenté de 43 % et cela représente 6,6 milliards de dollars !

(à signaler qu'il n'y a que 2 pays au monde où c'est possible : les US et la Nouvelle-Zélande).



Quand les accusations de "viol" concernant Chrysoula Zacharopoulou posent des questions : 

  1. La définition du viol : Le viol est un acte de pénétration sexuelle commis sur la victime ou sur l'auteur de l'acte avec violence, contrainte, menace ou surprise (dans ce dernier cas, la victime est trompée par la ruse de l'agresseur).
  2. Est-ce qu'un examen gynécologique pratiqué par une gynécologue dans un cabinet de gynécologie peut être considéré comme un viol ?
  3. Est-ce que le fait de prendre rendez-vous chez une gynécologue signifie de facto que sera pratiqué un toucher vaginal et/ou la pose d'un spéculum ?
  4. Est-ce que la gynécologue a demandé clairement à la patiente : "Acceptez-vous que je pratique un toucher vaginal dans le but de..." ?
  5. Est-ce qu'un toucher vaginal est obligatoire lors d'un rendez-vous de gynécologie ?
  6. Est-ce que considérer que la pratique d'un toucher vaginal, accompagné éventuellement d'un toucher abdominal, par une gynécologue est un viol de la même nature qu'un viol pratiqué par un ou des hommes sur une femme dans une cave, une chambre à coucher ou un couloir ?

Quand le dépistage de l'hépatite C doit être ciblé...

Encore une fois, beau billet de blog de Jean Doubovetski, LA, qui illustre à merveille le conflit permanent qui existe entre les données de la science et les dogmes de l'Eglise de Dépistologie. Et comme vous l'imaginez les liens/conflits d'intérêts des spécialistes et des sociétés savantes sont à fond pour la dépistologie sauvage.

Quand la mission flash du docteur Braun sur les urgences propose 41 recommandations. 

Voir LA.

Un commentaire de Wargon : ICI.

Les commentaires de MGFrance : ICI

Les commentaires de la FMF : LA

Quand Antoine et Laure font de la sociologie.

Le camp du Bien est fier de ses meilleurs représentants. Dans un papier paru récemment dans Slate (ICI) nos deux héros Antoine et Laure recréent la sociologie en inventant deux termes qui vont marquer l'histoire des sciences humaines : les précautionneux et les rassuristes.

Cette classification binaire permet de rejeter dans les limbes toustes ceulles qui ne pensent pas comme iels.

Ainsi apprend-on que les rassuristes peuvent être rangés d'un seul coup d'un seul dans le camp des climatosceptiques. Ça rassure. Ce sont aussi des covid longs dénialistes et, pour le prouver, A&L citent un article de Santé Magazine (LA) ce qui en jette sur le sérieux de leurs publications de référence !

Mais A&L se mettent aussi dans le cerveau des rassuristes et expriment ce qu'ils doivent penser. 

Par ailleurs, tous les maux de la terre sont attribués aux dits rassuristes : ce sont des individualistes, des libéraux, des, je cite, "chacun pour sa gueule", et, pour faire bonne mesure, la nuance n'est pas la première vertu de nos duettistes, des eugénistes et des darwinistes sociaux...

Mais, rassurons-nous, si j'ose dire, les "précautionneux" sont des sociaux-démocrates (notion qui semblait avoir disparu du champ politique français), qui défendent "un idéal de justice sociale" et qui soutiennent une santé publique "où l'on ne transige pas avec les principes de solidarité et d'équité". Diable.

Le camp du Bien réinvente la sociologie et la lutte des classes. Une lutte des classes assez molle puisque rien n'est dit sur les inégalités de délivrance des vaccins, sur Pfizer, sûrement une société précautionneuse, sur les énormes profits des sociétés pharmaceutiques qui défendent sans doute un idéal de justice sociale. Par ailleurs, les précautionneux mènent souvent leur combat avec de francs néo-libéraux.

Rappelons qu'Antoine Flahault fut un alarmiste lors de la pseudo pandémie A1H1N2, annonçant des milliers de morts, qu'il s'en est excisé, fut le directeur fossoyeur (ou presque) de l'EHSP de Rennes (avec une très modeste qualité d'enseignement), qu'il pantoufla en Allemagne à la Virchow Foundation for Global Health (où il développa des MOOC...) puis à Genève...


Quand la détection et le traitement de plus en plus de cancers du sein in situ ne conduit pas à la diminution du nombre de cancers du sein invasifs...


Lire LA cet article en anglais qui reprend toutes ces données. 

Et cela n'a pas amélioré la survie globale.

Et : An observational study in JAMA Oncology with 20 years of follow-up found that while patients with DCIS who underwent more aggressive treatment generally had a lower risk of ipsilateral recurrence, their risk of dying from breast cancer was the same as those with less treatment.





 


mercredi 22 juin 2022

L'arroseur arrosé. Histoire de santé publique sans consultation 2

Référence : Marianne.


Monsieur A, 69 ans, a mal aux dents. Il a mal aux dents et son ex-dentiste favori, celui qu'il pouvait consulter en moins de 10 minutes, son voisin de palier, et un bon encore, est parti à la retraite depuis deux ans et quand il prend conscience qu'il serait utile savoir ce qu'il a, en plus de la gengivite qui lui fait mal et de la pression lorsqu'il mange, un abcès sous un bridge, un descellement de bridge, ou autre, c'est la veille de l'Ascension, sa nouvelle dentiste attitrée chez qui il a effectué deux détartrages ne travaille pas le mercredi. Sur Doctolib, le prochain rendez-vous non urgent est dans vingt jours et comme il est un médecin à la retraite il ne veut pas abuser de la case Urgent car cela ne lui semble pas urgent.

Monsieur A se rend à pied (il n'est pourtant pas écolo compatible avec Corinne Lepage ou Sandrine Rousseau) dans deux centres dentaires de sa ville qui viennent de se créer (en fait, ça fleurit partout). Dans le premier une charmante secrétaire lui dit que le prochain rendez-vous est dans trois semaines et que si c'est urgent il faut appeler la Pitié-Salpétrière. Dans le second, une tout aussi charmante secrétaire lui dit que c'est possible dans sept jours.

Il consulte Doctolib et trouve un rendez-vous pour 17 heures le même jour à l'autre bout de la ville (il y va quand même à pied).

Il est reçu par un jeune dentiste qui demande à son assistante de pratiquer un panoramique et : 

"Je n'ai pas retrouvé d'abcès. Il y a une zone de frottement sous le bridge (il me montre sur l'écran géant qui est en face de moi, une solution noire de continuité, sous l'incisive, alors que je n'ai pas mal à cet endroit), un bridge comme on n'en fait plus, c'était bien à l'époque et, pour l'enlever, ça va être une galère, et, vous voyez, là, il manque de l'os, pour poser des implants, et il faut poser des implants, il va falloir faire une greffe osseuse..."

Avant de venir Monsieur A s'était dit que le nouveau dentiste, et il n'avait pas encore vu son cabinet ultramoderne, allait lui faire la totale. C'est le cas.

Donc, le jeune dentiste dit : "Je ne vous prescris pas d'antibiotiques mais, dans trois jours, si vous avez encore mal, faudra quand même en prendre..." Et il rédige une ordonnance.

Ensuite, il étudie l'articulé dentaire et se met à meuler les dents qui frottent (ce sont des céramiques, donc, c'est facile).

Monsieur A, le docteur A, il jubile : il a enfin trouvé un dentiste qui ne prescrit pas d'antibiotiques dans les douleurs dentaires (voir ICI).

C'était mercredi entre 17 heures et 17 heures trente.

Le fait que des antibiotiques n'aient pas été prescrits produit un effet placebo indéniable sur le docteur A.

Mais le dimanche soir il se dit qu'il voudrait avoir un autre avis. Lundi, c'est Pentecôte, et il se rend chez sa dentiste le mardi vers 10 heures, il voit son associé qui lui donne un rendez-vous pour 14 heures après avoir regardé le panoramique dentaire fait il y a un an... "Il aurait dû vous prescrire des antibiotiques..."

La dentiste reçoit à l'heure, évacue l'abcès gingival que le docteur A aurait pu percer lui-même et lui prescrit, pour 8 jours, amoxicilline plus metronidazole. Elle lui donne un rendez-vous pour le mardi suivant en lui disant que le bridge s'est sans doute rompu et qu'il va falloir agir localement.

(Monsieur A n'a pas compris toutes les explications de soins de la dentiste mais se propose de préparer des questions pour la prochaine fois pour envisager une décision commune)

Le soir, il n'a presque plus mal.

Le lendemain encore moins. Et au bout de 3 jours, les douleurs ont quasiment disparu. Et surtout : le bridge qui se baladait dans la gencive ne bouge plus.

Monsieur A se demande s'il va continuer à prendre les antibiotiques car le metronidazole le barbouille, sans plus. Mais il est possible que la dentiste fasse un geste ce mardi et il juge qu'il vaut mieux continuer de les prendre et de ne pas faire la malin avec la prescription.

La dentiste constate que l'infection a disparu, nettoie, ôte le bridge, nettoie et recolle. Jusqu'à la prochaine fois. Et fournit encore quelques suggestions thérapeutiques. Allongé sur son fauteuil et témoin passif des soins qu'il reçoit, le docteur A remarque qu'à aucun moment il n'a eu mal et que les gestes de la dentiste ont l'air d'une grande précision et d'une grande détermination. Mais qui est-il pour juger cela ?

(Encore une fois le docteur A n'a pas tout compris sur le programme de soins qui va venir et quelles en seront les conséquences, esthétiques notamment et il se promet, prendra-t-il des notes ?, de poser des questions lors du prochain rendez-vous. Disons qu'il n'a pas tous les éléments en main pour comprendre et décider.)

(La dentiste demande au docteur A de lui adresser le tableau de remboursement de soins dentaires accordés par la mutuelle afin de lui faire un devis pour les soins à venir. Le docteur A est surpris. Il n'a pas l'habitude de ces pratiques. Il se demande s'il s'agit de la part de la dentiste d'une attention de sa part, s'adapter à sa mutuelle, ou d'une optimisation tarifaire, obtenir les honoraires les plus élevés sans faire trop de mal au patient.)

Quelques leçons de tout cela.

  1. L'arroseur arrosé : le médecin champion autoproclamé de la prévention quaternaire et du primum non nocere, s'est fait piéger par un dentiste qui a prêché pour la même paroisse (en se trompant)
  2. Il est difficile (pardon pour le truisme qui va suivre) de raisonner pour soi-même, de diagnostiquer pour soi-même, de prescrire pour soi-même.
  3. Un médecin en condition de patient est un patient comme un autre et comprend assez vite combien la décision médicale est affaire de relations médecin (dentiste)/patient et combien les choix sont nombreux, soumis à la subjectivité des deux partis et peu fondés sur des preuves.
  4. Les préjugés, quels qu'ils soient, sont de mauvais conseillers pour le soignant comme pour le soigné.

Cela dit, le docteur A est bien embêté : que faire de ce bridge que l'on devra enlever et sans doute difficilement remplacer sans perdre latéralement la beauté de son sourire ? 



dimanche 19 juin 2022

Bilan médical du lundi 13 juin au dimanche 19 juin 2022 : sans masques, paxlovid et EBM, corruption (oncologie), statines aspirine et Covid, mentir à son médecin, médecin traitant en cancérologie, vaccination covid enfants, mélatonine,



La société française de pharmacologie et de thérapeutique se réunit dans un lieu clos et sans masques le 14 juin 2022 : la pandémie est finie, semble-t-il.



Mais en mai 2022 (aux US), il y avait ça : 


Quand la HAS recommande le paxlovid chez des patients non inclus dans les essais cliniques, elle bafoue l'EBM

La HAS recommande ICI l'usage du paxlovid chez des patients vaccinés alors qu'il n'y avait pas de patients vaccinés non à risques dans les essais cliniques paxlovid (LA).

Dans cet essai EPIC-SR enrôlant patients non vaccinés non à haut risque et patients vaccinés à haut risque, les résultats pour ce dernier groupe (n=721) sont les suivants : 57 % de diminution du risque relatif d'hospitalisation, Paxlovid (3/361) et placebo (7/360). De qui se moque-t-on ?

La meilleure prévention des formes sévères est la vaccination.

Les indications du paxlovid devraient être : patients immunodéprimés qui ne répondent pas bien à la vaccination  et qui attrapent le Covid.

Lire ICI le communiqué du Collège National des Généralistes enseignants : parfait.


Corruption en oncologie (mais aux US)

Un article (LA) a analysé les liens et les conflits d'intérêts des oncologues états-uniens en 2018 : 1 % des 10600 oncologues états-uniens, soit 136,  touchent 37 % de tout l'argent "distribué" par l'industrie pharmaceutique en oncologie, soit 100 000 dollars/an. Soixante pour cent ont des responsabilités hospitalières importantes, 21 % ont des responsabilités importantes dans des sociétés savantes, 24 % appartiennent à des comités éditoriaux et 10 % ont rédigé des recommandations.

Une étude (française) alakhon menée sur 4 millions de personnes.

Des auteurs français ont montré (LA) que la prescription de statines en prévention primaire diminuait le risque d'hospitalisation pour Covid et le risque de décès lors de l'hospitalisation !

On s'en tamponne.

Et, pendant ce gaspillage de ressources humaines et financières, toujours pas d'essais randomisés robustes sur le port du masque dans des clusters, sur l'aération dans les classes ou à la machine à café...

Et les chercheurs français remettent ça (avec des MG participants).

Il n'a pas été trouvé d'association entre la prise d'aspirine à faible dose et la diminution des formes sévères de Covid (ICI) : je résume : A partir d'une hypothèse alakhon, on réalise une étude alakhon et on a des résultats alakhon. Prodige.

Un des auteurs me répond que ce n'était pas si Khon que cela puisqu'une étude randomisée a été menée et publiée dans The Lancet : ICI. Une étude négative menée entre novembre 2020 et mars 2021 dans 177 hôpitaux avec une dose de 150 mg d'aspirine.

58 % des patients états-uniens mentent à leurs médecins.

Une étude peu robuste (ICI) rapporte donc que les patients ne disent pas complètement la vérité à leurs médecins.

Pourquoi rapporter une étude peu robuste ? Pour réfléchir au problème. A partir des commentaires rapportés par un article de presse (ICI) intitulé "Une vérité inconfortable : pourquoi les patients mentent-ils à leurs médecins ?"

La première question à se poser : est-il possible que 42 % des personnes interrogées n'aient jamais menti à leurs médecins ?

Les 3 motifs de mensonge les plus fréquents : la santé mentale, la pratique de l'exercice physique et la consommation d'alcool. Puis viennent : le régime alimentaire, l'utilisation de drogues, l'activité sexuelle et le tabagisme.

Est-il possible qu'un médecin traitant puisse s'opposer aux décisions thérapeutiques d'un oncologue et/ou d'une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) ?

Intéressant cas clinique développé sur twitter (LA) avec les commentaires ad hoc.

En gros, une fois que le ou la patiente ont eu un entretien avec un.e oncologue, consultation d'annonce puis choix thérapeutique partagé (?), que peut faire un médecin traitant pour s'y opposer ou pour demander des aménagements en constatant que le ou les traitements choisis ne font pas l'objet d'un consensus ou sont problématiques. Et comment savoir si le ou la patiente ont été informées selon les règles de l'art (y a-t-il des règles de l'art ?)

Il y a bien entendu plusieurs angles d'approche :

  1. La compétence supposée du médecin traitant
  2. L'information loyale du ou de la patiente
  3. L'absence du ou de la patiente et du ou de la médecin traitant lors du RCP
  4. Le suivi médical hors hôpital
  5. Quid de la perte de confiance du ou de la malade en cas d'intervention non consensuelle du médecin traitant ?
A vos réflexions.

Vaccination anti Covid des enfants 6-23 mois : les chiffres d'efficacité tirés des documents Pfizer sont médiocres.



Existe-t-il des raisons scientifiques pour proposer la vaccination des enfants de moins de 5 ans ? 

Pour l'instant : non.

Malgré le fait que la FDA ait accordé une autorisation d'urgence (EAU) au vaccin Pfizer.

Dans l'étude Pfizer chez les enfants de 6 à 23 mois on retrouve l'intervalle de confiance le plus ridicule qui ait été publié dans un article sérieux.



Si vous voyez passer cette diapositive, c'est un faux, même si elle est transmise par des gens de bonne foi.


Voici les explications (LA). Et donc : 



La mélatonine pour le traitement de l'insomnie : absence de preuves

Une revue de littérature analyse ICI les essais cliniques contrôlés qui ont comparé mélanine à un placebo ou à pas de traitement : pas de preuves d'efficacité.

Faut-il prescrire des antibiotiques en cas de suspicion d'infection urinaire basse chez des personnes âgées fragiles ?

Une étude quantitative et qualitative menée dans 4 pays européens (LA) n'arrive pas à conclure.

Nous voilà bien avancés !


mercredi 15 juin 2022

Les statistiques en médecine. Histoire de santé publique sans consultation 1

Felix Vallotton (1865-1925)
Le château-fort et la place des Andelys (1924)


Monsieur A, 80 ans, rencontré dans l'entrée de l'immeuble, est en parfaite santé (c'est ce qu'il dit).

Il est solide, robuste, fait de la marche rapide, une dizaine de kilomètres deux fois par semaine (je le vois).

Entendons-le : " Les médecins sont devenus bizarres. Il ne parlent qu'en termes de statistiques. L'autre jour, mon  généraliste m'a dit que le médicament qu'il allait me prescrire marchait chez environ 70 % des malades. Je lui ai demandé si pour moi cela allait marcher, il n'a pas su me répondre..."

Monsieur A est un ancien ingénieur en aéronautique, centralien. Il connaît les chiffres (du moins peut-on l'espérer).

Il continue : "Je ne suis pas une statistique, je suis un être humain, je veux savoir si le traitement va marcher pour moi." 

Je lui demande de quoi il s'agit.

"C'est ma sacrée épaule..."

Comme je suis sur le palier, que mon voisin me raconte des trucs que je ne peux vérifier, que je ne l'ai pas examiné, et que je ne connais en rien son statut sur la médecine et la santé en général, je ne peux que rester vague...

Il continue : "Je crois que j'ai eu plus d'une centaine de séances de kinésithérapie. Sans aucun succès. On m'avait pourtant dit que ça marchait. - Quel pourcentage ? - Je ne me rappelle pas. - Donc, vous avec fait une centaine de séances de kinésithérapie sans connaître le pourcentage de réussite ? - Oui. - Qu'est-ce qui vous a convaincu ? - Bah, le kiné était sympa."

Il me raconte aussi qu'on lui a prescrit des anti-inflammatoires, des antalgiques, de la kinésithérapie, qu'il a eu plusieurs infiltrations, et cetera. Et qu'il a toujours mal.

"Que prenez-vous en ce moment ? - Ma femme me badigeonne d'huiles essentielles. - Et ça marche ? - Non mais c'est sympa." 

"Finalement, que voudriez-vous que les médecins vous disent en vous prescrivant un traitement ? - Si ça va marcher pour moi. - Mais vous savez que c'est impossible... - Comment cela, impossible ? - Le principe actuel de la médecine, pour simplifier, est de tester des traitements sur des groupes de gens et de comparer l'efficacité par rapport à un placebo ou par rapport à un traitement déjà efficace. On regarde si la différence est significative ou non. - Significative ? - Bah, si le groupe produit A est plus efficace, sur les douleurs, par exemple, que le produit B. On fixe un seuil à 5 %"

Il éclate de rire. "Vous imaginez si, en aéronautique, on comparaît la fiabilité comparée de deux ailes d'avions avec un seuil de 5 % ? - Les malades ne sont pas des créations d'ingénieur... - Oui, justement, on devrait plus exiger..."

Je reprends : "Bien que je n'exerce plus, il est toujours intéressant, même si c'est trop tard pour moi, de savoir ce que vous auriez souhaité que les médecins vous disent... - Je ne sais pas, ce n'est pas moi le médecin... - Facile..."

Il ajoute : "Un de mes amis a eu un cancer de la prostate et le chirurgien lui a dit que l'opération allait entraîner presque 100 % d'impuissance... - Et ?... - Il n'est pas impuissant..."

Je ne sais pas si le cancer de la prostate, c'est lui.

"Et dans ce cas l'urologue a-t-il bien ou mal fait ? - Il a mal fait. Il aurait dû lui laisser un espoir... - Même fallacieux ?... - Oui, même si tout est bien qui finit bien..."

Une personne est en train d'arriver dans l'entrée.

Je termine provisoirement : "Il y a quand même pire que les médecins qui assènent des statistiques à leurs patients, ceux qui prescrivent sans rien dire des médicaments ou des interventions chirurgicales sans connaître les statistiques ou en les inventant..." 


dimanche 12 juin 2022

Bilan médical du lundi 6 juin au dimanche 12 juin 2022 : obésité (traitement miracle ?), cancer du rectum (traitement miracle ?), dépistage encore, ASCO, ASCO, ASCO, et plein de trucs dont exercice physique, mortalité chez les enfants, mélanome.

 

The Wailers & Bob Marley (1998)
Jacques Villeglé (1926- 2022)

Obésité : un traitement miracle ?

Le hype pour le tirzepatide injectable (on rappelle que la molécule a un double mécanisme d'action : agoniste du récepteur GLP-1 et comme agoniste du GIP ou glucose-dependent insulinotropic polypeptide)

La presse grand public annonce le traitement du siècle (ICI) pour l'obésité.

A partir d'un essai paru dans la prestigieuse revue NEJM... (Quant un journaliste, un médecin, ajoute l'adjectif prestigieuse à la citation d'une revue il faut se méfier car la signification de cet adjectif n'ajoute rien à la validité interne du traitement, cela peut paraître ironique ou c'est prendre le lecteur pour un Khon...) : LA.

Il s'agit d'une étude contrôlée de phase III tirzepatide vs placebo d'une durée de 72 semaines, les 2 critères principaux étant la perte de poids et une perte de poids d'au moins 5 % Les patients avaient au moins une complication de l'obésité (à l'exception du diabète). Dans les 2 groupes un programme diététique et de l'exercice physique étaient proposés.

Il y avait 3 doses possibles : 5, 10 et 15 mg.

Ça marche. C'est significatif (p<0001) pour toutes les comparaisons vs placebo : perte de poids de 16.1, 22.2 et 23.6 kilos selon les doses vs 2.4 dans le groupe placebo.

Cette molécule change le jeu dit The Guardian.

Vous avez bien lu que je me moquais un peu de ces déclarations tonitruantes.

Mais.

Les critiques sont faciles : 72 semaines, c'est peu. On ne traite pas vraiment les causes. Quelles seront les conséquences au long cours ? La perte de poids est une critère de substitution.

Mais surtout : les commentateurs experts affirment que l'obésité est une maladie chronique comme les autres... Changement de paradigme, comme on dit à l'ex ENA ? Comme les régimes et l'exercice physique ne suffisent pas la prise d'un médicament (ultra cher) résout tout et permet de mettre le Nutriscore à la poubelle et de continuer à boire du coca et d'aller manger chez McDo...


Cancer du rectum : un traitement miracle ?

Encore un article dans le NEJM (LA) qui changerait le jeu. 

Le traitement classique du cancer du rectum localement avancé comprend une neothérapie adjuvante (pour diminuer la taille de la tumeur) et une radiothérapie suivies d'une résection rectale.

Une partie des cancers du rectum est causée par un mécanisme déficient de la réparation des misappariements ADN. 

Cet essai de phase 2 comprenant 12 patients a montré un résultat positif à 100 % pour la molécule dostarlimab.

Miracle !

Mais si vous êtes sceptique : écoutez cela (à partir de 2'58 pour dostarlimab) : ICI.


Le dépistage des cancers ne diminue pas les inégalités raciales (en Angleterre)

Un article de The Guardian (LA), je n'ai pas lu l'article d'où il est tiré, indique qu'en analysant tous les cancers dépistés (col, sein, colon), 8.1 % de tous les cancers sont diagnostiqués par le dépistage.

(NB : on est ahuris d'entendre de pareilles informations qui sont tues en France).

Eh bien, pour en revenir à l'article, selon les données publiées si chez les personnes "blanches" le taux de diagnostics effectués par dépistage est de 8,27 % il est de 5,11 % chez les personnes noires, soit une diminution de 38 % !

Nous ne reviendrons pas sur le bénéfice/risque des dépistages (différent selon les 3 cancers cités, surdiagnostic et sur traitement) mais l'argument souvent employé par les autorités françaises sur la gratuité des dépistages (nécessaire et donc non suffisante) tombe à l'eau.

Le constat : la médecine hors-sol ne guérit pas les inégalités.


L'endométriose ne diminue pas les inégalités de genre.



Où sont les femmes ?

L'éminence based medicine des urologues français seuls contre le monde entier détruit l'évidence based medicine...

Voici ce que les futurs médecins doivent apprendre pour réussir à l'Examen Classant national.


Rien ne va.

L'ASCO, le rendez-vous mondial des cancérologues, enfin sous la critique permanente des oncologues indépendants.

Vous connaissez Bishal Gyawali et Vinay Prasad que vous pouvez suive avec profit sur twitter (@oncology_bg et @VPrasadMDMPH, respectivement) : ils commentent en direct les communications de l'ASCO. Je ne vais pas détailler mais si vous voulez des informations non hype, indépendantes et, surtout, respectueuses des protocoles et des patients, ils publient des videos.


Voici ce qu'il est possible de retenir : 

Sur les cancérologues :



Dites quelque chose de plus optimiste que de traiter les cancers incurables :
  1. Maîtriser les conflits d'intérêts
  2. Diminuer le prix des médicaments
  3. Augmenter le pourcentage d'études randomisées
  4. Améliorer les bras contrôle
  5. Mesurer des critères principaux qui puissent profiter aux patients
En conclusion de cette session d'oncologie :
  1. Assurez-vous que le traitement est efficace sur la mortalité globale
  2. Assurez-vous que le comparateur est aussi un traitement efficace donné à de bonnes doses
  3. Si la mortalité globale est augmentée assurez-vous que des mesures de qualité de vie ont été effectuées
  4. Assurez-vous que les soins post protocole sont à la hauteur du protocole.

La phrase de la semaine (@DrGomi)

A propos de la crise des urgences : " Depuis bien longtemps j'ai rebaptisé PERMANENCE DES SOINS en SOINS PERMANENTS"

Contre-intuitif : l'exercice physique n'améliore pas le profil de risque cardiovasculaire d'adultes norvégiens âgés de 70 à 77 ans suivis pendant 5 ans et ne diminue pas le nombre d'événements cardiovasculaires.

C'est contre-intuitif mais les lecteurs de ce blog savent déjà que les préjugés de bon sens ont souvent du mal  à être prouvés (et notamment pour l'exercice physique).

L'étude est LA.

C'est une étude randomisée.

Faut-il en conclure qu'il ne faut pas proposer d'exercice physique ? Non.


La chirurgie arthroscopique du genou (méniscectomie partielle) ne fait pas mieux que la kinésithérapie chez de jeunes adultes sportifs (18-45 ans).

Une étude randomisée (LA) incluant 100 patients a montré qu'à deux ans qu'il n'y avait pas de supériorité de la chirurgie par rapport à la kinésithérapie en cas de lésions méniscales partielles (déchirures).


 

Mortalité due au Covid en Angleterre entre le 01/03/20 et le 31/12/21 chez des jeunes de moins de 20 ans : extrêmement rare.

Cette étude prospective (22 mois de surveillance) a montré que le Covid a été responsable de 1.2% de tous les décès (81/6790), avec un taux de mortalité par infection de 0,7/100000 chez les personnes de moins de 20 ans avec un taux de mortalité de 0,61/100000.

Notons que ces décès étaient fortement liés à l'âge (plus les personnes de moins de 19 ans étaient âgées... et aux comorbidités)

Ces chiffres sont à manier prudemment. Ils ne concernent que la mortalité et ne tiennent pas compte de la morbidité (en particulier les syndromes inflammatoires post Covid) ainsi que ce qu'on appelle les Covid longs...

Attendons les chiffres français, également. Rappelons que les politiques anti Covid ont été radicalement différentes des deux côtés de la Manche...

Signalons encore que les discours faiseurs de peur étaient plus des discours faiseurs de peur que des discours pédagogiques et proches des faits.

Comment l'efficacité des anti Alzheimer a été construite puis contestée : une histoire de conflits d'intérêts.

Les deux auteurs, Sébastien Dalgalarrondo et Boris Hauray, décortiquent l'histoire des anti Alzheimer, identifient les lobbys et les groupes d'intérêts, tout en dévoilant la stratégie pharmaceutique infiltrant les agences, les experts, les médecins et comment tout s'est effondré.

L'article, passionnant, est ICI. Il est non seulement passionnant mais il est déterminant du monde dans lequel vit la médecine et le soins.

Vous changez anti Alzheimer par tout autre groupe thérapeutique et vous obtenez les mêmes résultats.

Vus verrez qu'un jour on pourra parler de Big Pharma sans passer pour des complotistes.

A rapprocher de cela : Glaxo-Smith-French a dépensé selon l'auteur de l'article (LA) plus de 92 millions de dollars en 2000 pour faire de l'anxiété un trouble d'anxiété sociale.

Surdiagnostic : les effets du dépistage sur l'incidence du mélanome et le taux de biopsies.

Bel article (ICI) qui entre dans les cases surdiagnostic et sur traitement, et qui renvoie à la fameuse phrase de Gilbert Welsh : il n'y a pas d'épidémie de mélanomes il y a une épidémie de diagnostics de mélanomes.

Avec un commentaire sur twitter de la part d'un dermatologue :