vendredi 9 septembre 2022

Un malaise. Histoire de santé publique sans consultation. 8


Premier acte.

Un de mes amis (médecin), 69 ans, m'appelle immédiatement après qu'il a ressenti un malaise en faisant de la course à pied. Un malaise qui ne l'a pas empêché de finir de courir à petites foulées (mais tout le monde sait que les médecins sont de mauvais médecins pour eux-mêmes et ont beaucoup de mal à apprécier ce qu'ils ressentent).

Je l'interroge au téléphone.

Depuis environ deux ans il est essoufflé en montant trois étages. Il dit, je rapporte ses propos à peu près dans l'ordre où il m'en a parlé, c'est à dire, sans ordre, que le fait de porter un masque FFP2 dans les escaliers n'a pas arrangé les choses. Et le fait d'attraper le covid en mars alors qu'il était trivacciné.

(Pardon pour ce commentaire prématuré : je me rends compte très rapidement, et cette sensation va s'accentuer encore lorsque nous nous verrons en chair et en os, que nous continuerons à parler de ce qui lui est arrivé, pendant le trajet qui nous conduira dans un service d'urgence cardiologique, qu'il raconte une histoire, son histoire, et que cette histoire est fausse, non pas parce qu'il ment sciemment, mais parce qu'il hiérarchise d'emblée les faits qui lui sont arrivés, qu'il les interprète au lieu de les exposer de façon neutre, mais y a-t-il une façon neutre de raconter un malaise d'origine probablement cardiologique quand on est médecin ?... Il raconte une histoire, son histoire, et moi je l'écoute de façon non neutre, il m'a déjà raconté ce qui n'allait pas, en hiérarchisant mon écoute, en n'écoutant que ce qui m'intéresse, que ce qui va aller dans le sens de ce que j'ai déjà conclu...)

Voici mon propre résumé. Mon ami a ressenti en courant, c'était un jour où il n'était pas, selon lui, en forme, des douleurs dans les deux trapèzes et dans les deux portions basses des sternocléïdomastoïdiens, sans sensation de striction, sans douleurs dans la poitrine, mais avec un grand essoufflement. Ces douleurs des trapèzes, il les a déjà ressenties sans faire d'efforts, parfois lors de changements de position, et là, elles ont mis un certain temps à disparaître après avoir arrêté de courir. A son arrivée chez lui il s'est mesuré la pression artérielle qui était en moyenne aux alentours de 100/70 pour une PA habituelle sous sartan de 145/90 Quant à la fréquence cardiaque elle était banalement à 100 L'hypothèse d'un malaise vagal se précise. Selon lui et selon moi.

Aux urgences de la clinique cardiologique il n'y a personne. Enfin, deux personnes attendent.

C'est le mois d'août.

Le docteur D prend un numéro dans un distributeur.

On appelle son numéro au bout de dix petits minutes.

Il me raconte.

Je m'installe sur un siège. On me demande de me mettre torse nu. Il y a une jeune femme vêtue d'une blouse blanche qui se tient derrière un ordinateur et qui me pose des questions : "Qu'est-ce qui vous arrive ?... Comment vous vous appelez ?... Quelle est votre personne de confiance ?..." 

Une autre jeune femme en blouse blanche me pose des électrodes..." On va vous faire un ECG..."

La première jeune femme : "Ça vous est arrivé quand ? - Ce matin vers 11 heures... - Et vous avez attendu tout ce temps ?" Je refais engueuler. "Je suis médecin...- Et, en plus, vous êtes médecin..."

Mon ECG est beau comme un ECG de jeune homme qui ne ferait pas d'infarctus.

L'ECG sort de la pièce et revient signé par l'urgentiste. "Normal." 

"On" me prescrit  une prise de sang et une radio pulmonaire

La prise de sang sera faite dans le couloir. Et la radio pulmonaire au service radiologie.

Retour dans la salle d'attente.

Nous entendons dire qu'il faudra une heure pour le résultat du troponime.

Bon.

L'heure se passe en discutant.

Une jeune femme en blanc vient le chercher : la cardiologue va vous examiner.

Le docteur D raconte : 

On me transfère dans un box, on m'allonge, torse nu et entre un cardiologue masqué qui semble jeune. "On me dit que vous êtes médecin ?..."

Je lui tends les radiographies pulmonaires qui sont normales de chez normales.

Il me commente la prise de sang : "Vous avez des troponimes à 14. Il va falloir refaire un dosage.

Je raconte mon affaire : "Je cours seize à dix-huit kilomètres par semaine, plutôt à 9 km/h, sans  problèmes particuliers, mais il m'arrive d'être essoufflé en montant trois étages... (Je n'ose pas parler du port du masque de peur de me faire traiter d'imbécile, j'ai entendu dire, comme tu le sais, me précise-t-il, que ceux qui ont du mal à respirer avec des masques sont des crétins complotistes...)"

Le jeune cardiologue me pose des questions sur les conditions de survenue et je réponds en bon élève tout en ne disant pas tout à fait ce que je voudrais dire, je n'arrive pas à ordonner ma pensée, j'insiste sur des faits mineurs et n'arrive pas à expliquer la nature réelle de mes douleurs trapéziennes, je n'arrive pas à les définir, ni comment elles sont vraiment apparues ni comment elles ont disparu.

Le fait que j'ai attrapé le covid en mars, nous sommes en août, ne semble pas l'intéresser du tout (on parle tant de complications cardiaques du covid ici et là).

Le cardiologue me refait un ECG et me dit qu'il serait utile, vu la façon dont c'est arrivé, de réaliser une scintigraphie d'effort et qu'il pourra la superviser après demain. "Vous allez prendre de l'aspirine d'ici-là." Il me prescrit 75 mg de kardegic.

Le cardiologue me parle de son genou et de l'IRM qu'il a faite.

Re prise de sang dans le couloir.

Salle d'attente.

Le docteur D est d'accord pour faire une épreuve d'effort mais n'en voit pas l'utilité.

Je lui dis que "Puisqu'il est là et qu'on lui propose un rendez-vous rapide..." Sa femme lui a dit pareil.

Entre temps j'ai envoyé un sms à un de mes copains cardiologues qui est en vacances et qui m'a rappelé dans les dix minutes. "Scintigraphie d'effort..." Le docteur D a lui-aussi contacté un copain cardiologue hospitalier qui lui a dit "Coroscan"

On rappelle mon ami.

Il est reçu par l'urgentiste, entre quarante et quarante-cinq ans, dans un petit bureau sans fenêtre et sans masque.

"Je vous explique : notre cardiologue, le docteur C, vous a prescrit une scintigraphie d'effort... 
- Vous pensez que c'est nécessaire ? 
- Je le connais bien, le docteur C, c'est un bon, il faut lui faire confiance... Il vous a aussi prescrit de l'aspirine... Donc, demain (il me montre un numéro) vous appelez là pour prendre le rendez-vous. Ah, j'oubliais, le cycle de la troponime est normal...

Mon ami, le docteur D, semble rassuré. Il me dit qu'il n'y a jamais cru, à l'infarctus...

Je le raccompagne chez lui.

Deuxième acte.

Deux jours après mon ami a rendez-vous pour la scintigraphie (il n'a pas eu le droit de boire un café ou un chocolat). Il y va tout seul comme un grand.

Comme il est médecin, on ne lui a rien expliqué sur la procédure.

Passons.

L'épreuve d'effort se passe en présence du jeune cardiologue. Mon ami fait ce qu'on lui demande de faire, épreuve submaximale, lui dit-on, il est à peine essoufflé. Le cardiologue lui a demandé d'enlever le masque pour l'épreuve d'effort, "sinon, vous allez souffrir..." Tellement contraire à ce que nous avons entendu dire parles masqueurs.

Trois heures se passent et mon ami est reçu par le scintigraphiste qui lui explique, bla-bla, que l'épreuve d'effort électrique est normale de chez normale et que la scintigraphie est dans le même métal.

Mon ami demande s'il peut revoir le cardiologue.

"Oui, vous montez au deuxième..."

La secrétaire le réçoit gentiment et lui dit que le docteur C vient de partir.
"Je voulais lui demander un truc ou deux...
- Je peux vous donner son adresse mail."

Mon ami envoie un bref mail de remerciement et lui demande 1) s'il doit continuer de prendre le kardegic, 2) s'il peut recourir..."

Deux heures après : réponse : non et oui.

Est-ce que vous voulez savoir combien ça coûte, l'épreuve d'effort avec scintigraphie ? 472,22 +18,57 euros.

Troisième acte

Nous discutons avec mon ami. 

Le lendemain de la scintigraphie.

Lui : Je suis quand même rassuré.
Moi : Tu m'as fait peur... 
Lui : J'ai eu beaucoup de chance d'avoir été examiné si vite.
Moi : Le mois d'août... remarque, tu as été examiné pour rien.
Lui : Comment ça, pour rien ?
Moi : Tu étais certain de ne rien avoir et tu as cédé pour faire l'épreuve d'effort...
Lui : T'es con ou quoi ? Pour savoir que je n'avais rien il fallait bien la faire.
Moi : Oui, mais tu savais déjà qu'elle serait négative...
Lui : T'es très con.

Pause.  

Lui : Il y a quand même des trucs qui ne vont pas.
Moi : Ah ?...
Lui : J'ai été un peu laissé seul face à mon inquiétude... Le scintigraphiste m'a rassuré mais j'ai dû contacter moi-même le cardiologue qui est parti comme un pet sur une toile cirée... Et si je n'avais pas été médecin, la secrétaire ne m'aurait pas donné le mail...
Moi : Tu aurais pris du kardegic quelques jours de plus...
Lui : J'ai demandé au cardio pourquoi il ne m'avait pas prescrit un coroscanner... Il m'a répondu qu'à mon âge il y avait trop de calcifications et que les images étaient difficiles à interpréter... 
Moi : Tu ne m'as pas dit que Valmont t'avait dit le contraire ?
Lui : Oui.
Moi : Alors ?
Lui : Alors, rien. 
Moi : J'ai appris que le coroscanner de la clinique était en maintenance... 
Lui : Ouah... Mais tu sais, ce qui m'a beaucoup choqué, c'est que l'urgentiste ne saura sans doute jamais que l'épreuve d'effort avec scintigraphie est normale, lui qui disait que le cardiologue "c'était un bon" et que j'avais sûrement quelque chose.
Moi : Il y a peut-être un suivi des dossiers...
Lui : J'en doute
Moi : On peut vérifier ?

Que faut-il tirer de tout cela ?




mardi 30 août 2022

Espérance de vie. Histoire de santé publique sans consultation. 7

Vanité (Giovanni Francesco Barbieri dit Guerchin. 1591 - 1666) 


Je rencontre Monsieur A, 84 ans, et lui demande innocemment comment il va.

Ce n'est certes pas une question à poser à un homme de son âge, âge qu'il ne fait pas, comme on dit, mais je lui ai posé la même question il y a un mois et il m'a dit qu'il pétait le feu (sic), je n'ai donc pas fait attention et j'ai parlé de façon automatique.

Sa réponse m'a ouvert des horizons.

L'espérance de vie d'un homme de 82 ans est de six ans et neufs mois selon les professionnels du viager. Signalons que l'espérance de vie d'un homme de 82 ans entrant en EHPAD est plutôt de 2 à 3 ans selon le sexe, l'âge et le motif d'admission.

Il m'explique, nous sommes à la sortie de "ma" boucherie sous les halles de Versailles (il y a un macaron où est écrit "Fournisseur officiel de docdu16" avec mes armoiries et mes quartiers de roture), qu'on vient de lui diagnostiquer un cancer.

Il paraît frais comme un gardon.

Je sens qu'il n'a pas envie d'en dire plus.

"Comment vous sentez-vous ?
- Normal. Sauf que je dois prendre des médicaments... et qu'ensuite il y aura de la radiothérapie...
- Ah..."

Et là, tout d'un coup, il sort de la poche de sa veste une ordonnance.
"Vous qui êtes médecin, vous devez savoir de quoi il s'agit."

Oui, je sais, c'est un cancer de la prostate, mais je ne dis rien, je le garde pour moi.

Bla-bla.

Il a renoncé à aller voir ses petits-enfants dans le sud parce qu'il était urgent de commencer le traitement.

Je le rassure, je lui parle du temps qu'il fait (chaud).

What else ?



dimanche 28 août 2022

Bilan médical du lundi vingt-deux août au dimanche vingt-huit août 2022. C'est (toujours) les vacances : no comments

 

Comment faites-vous pour que vos enfants lisent des livres ?

Visiteur médical et Médecin généraliste

L'hommage du New-Yorker à Sempé qui a 113 fois fait la une entre 1978 et 2018




Via @SBurtey : L'aspirine n'est pas un bon traitement pour prévenir la maladie thromboembolique veineuse après une chir ortho. On reste à l'hbpm.

Nirmatrelvir Use and Severe Covid-19 Outcomes during the Omicron Surge


ICI : Pas d'effets chez les adultes entre 40 et 65 ans. Bénéfice après mais sans NNT indiqué : 500 000 dollars pour éviter 1 hospitalisation (étude rétrospective cas-témoin)



Crédit : J... Green


Causes de mort contribuant au changement de l'espérance de vie chez les hommes états-uniens entre 2010 et 2020


Bientôt le cannabis ?

Les études in vitro (ou ex vivo) ne remplaceront jamais les essais randomisés.


La prise matutinale vs vespérale des anti-hypertenseurs ne modifie pas la survenue d'événements cardio-vasculaires à 5 ans 


Via @FZores : Dans l'insuffisance cardiaque ischémique avec FEVG<35% la revascularisation la plus complète possible par angioplastie ne fait pas mieux que le traitement pharmaco optimal



Via @RPanh : Edvard Munch : Self-Portrait with the Spanish Flu 1919



Et le feuilleton Doctolib continue.

dimanche 21 août 2022

Bilan médical du lundi quinze août au dimanche vingt-et-un août 2022. C'est les vacances : no comments

Sempé (1932 - 2022)

 
Demander à des hommes gays d'être prudents n'est pas de l'homophobie.
ICI


Un monde parfait...



Délire hygiéniste...



Colloque sur la procrastination 
18 heures
Reporté




La faillite de la recherche : pas d'essais randomisés
LA


Ceux qui ne seraient pas vaccinés devraient être confinés... et par ailleurs ne devraient pas avoir droit et accès à l'assurance chômage... Quand on fait prendre de tels risques à la société on doit en payer le prix"




US : le nombre de morts liées à la prescription d'opiacés


Le PDG de Pfizer : je suis positif au Covid 19, j'ai reçu 4 doses de Comirnaty et je me sens bien en  souffrant de symptômes légers. Je me suis isolé et j'ai commencé à prendre Paxlovid.
 


Un contrôle glycérique très strict vs strict chez les femmes enceintes ne modifie pas le poids de l'enfant à la naissance.







Pour notre entreprise (pharmaceutique) cette question soulève à la fois un gros problème éthique et un gros problème économique. Si personne n'y voit d'objection, passons directement au problème économique. (via Dominique Dupagne)



mercredi 10 août 2022

Virons-les ! A propos d'une expérience en maternité. Allégorie et deuxième degré.

La moulinette du génial Jean-Christophe Averty (1928 - 2017)

Dr Yellokoum 🦁🤱🏼🍄 raconte sur twitter son expérience de la maternité.

Ce n'est pas piqué des hannetons.

Voir ICI.

Tout y passe : 

Frein de la langue (du bébé) qui empêche la tétée.

Torticolis (du bébé), tout le monde le dit.

Prise en charge par une psychomotricienne proposée par l'interne (femme)de pédiatrie.

Ostéopathie pour le bassin du bébé avec cette phrase hors-sol : " Vous pouvez aller chez untel, il ne touche pas, il travaille en surface." 

Rebelote pour le frein. La pédiatre insiste "Si on le fait maintenant, on le fait comme ça. Si c'est plus tard, c'est ORL ou stomato et sous anesthésie générale"

La pédiatre : "Y a pas de torticolis"

La sage-femme conseille l'ostéopathie pour la maman.

La sage-femme libérale conseille l'ostéopathie parce que bébé "s'étire en diagonale"

Un détail : la maternité est de niveau 3 en CHU !

Ouah !

(Je n'ajoute pas, vous connaissez mon manque de confraternité, que le médecin généraliste de notre pharmacienne n'était pas tombé dans le piège du frein)

A mon (humble) avis il y a dans cette "prise en charge" un résumé succinct que rien ne va en médecine, je dis résumé succinct mais je devrais écrire une goutte d'eau dans l'océan de khonneries qui a envahi la santé.

La médecine remonte le temps où il y avait plus de bébés qui naissaient les jours de pleine lune, où la façon de "porter" un bébé indiquait le sexe de l'enfant à venir, où écouter du hard-rock ou du classique pendant la grossesse influençait le caractère de l'enfant, et cetera.

Voici revenu le temps des ténèbres.

Mais, plus précisément, la médicalisation de la santé, le règne du zéro défaut, le culte de l'enfant parfait, le mythe de la bonne mère, la normalisation de la vie des personnes non malades comme celle des personnes malades, sans compter celles qui ne le sont pas et qui pourraient le devenir, sont des facteurs d'anxiété majeurs.

On parle des soignants que l'on a éliminés des soins parce qu'iels ne voulaient pas se faire vacciner.

Je pense qu'il faudrait virer les enseignant.es qui parlent d'ostéopathie bénéfique dans leurs cours aux étudiants en médecine comme aux élèves infirmières, aux futurs kinésithérapeutes, aux apprenties sages-femmes ou aux puéricultrices.

Je pense qu'il faudrait virer les soignant.es qui établissent des diagnostics erronés pour des maladies qui n'existent pas et sans examiner les personnes, qui parlent à J1 de couper un frein de langue, qui proposent à J1 de l'ostéopathie à un bébé, qui parlent d'ostéopathie pour une femme qui vient d'accoucher.

Virons-les !

Une analyse plus fine de tout cela, et la lecture des commentaires sur twitter à propos de l'expérience de notre pharmacienne est vertigineuse, permettrait sans doute de revenir à des fondamentaux du soin. Et de la médecine. Et ne me dites pas que les professionnels de santé, ici une professionnelle de santé, sont des personnes à part quand iels deviennent des soignés, non, ils ont le regard plus acéré.

Les fondamentaux du soin.

Ecouter.

Observer.

Rassurer.

Ne pas inquiéter.

Conseiller des pratiques éprouvées.

Savoir que la grossesse n'est pas un état pathologique.

Comprendre qu'un nouveau-né n'est pas un malade en puissance.

Un nouveau-né appartient à sa mère (et à son père, bien entendu), pas aux soignants.




Il est clair que dans cette moulinette idéologique je pourrais envoyer avec le bébé et l'eau du bain, le paternalisme, la misogynie, le patriarcat en oubliant que tous les intervenants, d'après ce témoignage, étaient des femmes, ce qui montre le pouvoir étonnant du maternalisme, le maternage forcé, le matriarcat volontaire, l'intériorisation de la violence faite aux femmes par les femmes elles-mêmes... 

Je peux rajouter qu'il ne s'agit pas de surmédicalisation mais de médicalisation de la santé.

Les femmes sont au centre de ce processus. Comme par hasard.

Et ce pourquoi elles sont faites : faire des enfants sains.

Jadis, il fallait choisir entre la vie de la mère et la vie de l'enfant et, devinez qui faisait le choix ? Le père.

Désormais la société patriarcale et maternalisée, choisit et la mère et l'enfant, c'est à dire une mère parfaite et un nouveau-né parfait avec des normes, de plus en plus de normes à respecter, depuis la meilleure musique à écouter en faisant l'amour jusqu'à la meilleure position pour donner le sein, sans oublier l'ostéopathie, l'acupuncture ou l'homéopathie.

Les injonctions, souvent contradictoires, pour la bonne santé dans un monde imparfait, sont sources de culpabilité, d'anxiété, de dépression, de mal être et non d'épanouissement à moins d'avoir les moyens intellectuels et sensibles de s'extraire de cette gangue de bons sentiments et de contraintes débiles. Et grâce aussi à un entourage emphatique, aimant, bienveillant qui rassure et qui réconforte. 

Virons les chefs de service qui laissent entrer l'ostéopathie, l'homéopathie, l'acupuncture, le yoga, et cetera, dans les maternités, virons les pédiatres, les sages-femmes, les puéricultrices, qui laissent entrer les coupeurs de freins dans les services, les manipulateurs des nouveau-nés, les séances d'ostéopathie pour les femmes, et qui prescrivent de l'homéopathie pour arrêter les montées de lait... 

Virons-les une bonne fois !

PS : Attention : deuxième degré.