dimanche 20 novembre 2022

Bilan médical du lundi 14 au dimanche 20 novembre 2022 : hospitalo-centrisme, dermatologie, bronchiolite, Movember, Vinay Prasad, les morts du covid, Choisir avec soin, IGR, Revenus libéraux.

Je n'attendais rien et je suis quand même déçu.

1. L'hospitalo-centrisme, la maladie infantile de l'extrême-gauche hospitalière

Une partie de l'extrême-gauche hospitalière représentée notamment par @dessousdelasanté défend un programme révolutionnaire d'une grande simplicité : 
  • Si le service public hospitalier ne fonctionne pas, c'est uniquement par manque d'argent, ce qui signifie que les réformes médico-sociales internes ne sont pas nécessaires. Donnez-nous de l'argent, on fait le reste.
  • La suppression de la médecine générale libérale va régler l'accès et la qualité des soins primaires. Comme les médecins généralistes sont des khonnards par principe et par définition, cette nationalisation des soins primaires va être pilotée de l'hôpital.

Il s'agit d'un mépris de classe intellectuelle.




2. Un site de dermatologie utilisable en consultation.

Des dermatologues qui ont la gentillesse d'apparaître sur twitter et qui sont sommés de répondre à des questions diagnostiques à partir de photographies prises en consultation (et sans doute dans de nombreux cas sans l'accord des patients) conseillent un site de "débrouillage" animé par la Société française de dermatologie avant de poster sur twitter (ou avant de ne pas le faire).


Je l'ai testé : c'est intéressant et sans doute auto formateur.

Signalons toutefois que ce site est sponsorisé par des industriels de la dermatologie. Les liens d'intérêts sont donc déclarés, aux lecteurs d'en tenir compte.



3. Le jeu des 7 erreurs.

Le journal Le Parisien (ICI) sous la plume de Nicolas Berrod indique que la bronchiolite, c'est pas seulement chez les nourrissons (à noter que l'un des professeurs interrogés comme conseils est un dénommé Jean Pic de la Mirandole (1463 - 1494), alias le professeur Mathieu Molimard. 

Passons sur l'inintérêt de cette information en cette période d'épidémie où c'est la répétition incessante des conseils avisés qui doit être martelée aux parents des enfants susceptibles d'en être atteints : prévention, conseils hygiéno-diététiques, recherche des facteurs de risque, contacts avec les soignants) et la photographie publiée en accroche de l'article où l'on voit un kinésithérapeute et un bébé ne manque pas de sel.


Trouvez les 7 erreurs : 


3. Opinions are my owns/Mes avis n'engagent que moi

Quand vous lisez cette mention sur un compte twitter médical, et le fait de l'écrire est une fausse barbe, le mieux et l'honnêteté seraient de citer la firme qui est en cuse, cela signifie que :

  1. La personne travaille et est payée par un  industriel des médicaments ou des matériels de santé
  2. La personne fait semblant de déclarer un lien d'intérêts car une vraie déclaration serait de préciser le nom de la ou des firmes pour que le lecteur juge s'il s'agit ou non d'un conflit d'intérêts (en fonction de l'avis formulé et du sujet qui est traité)
  3. La personne ne dira jamais de mal d'une étude publiée par la firme qu'elle ne nomme pas ou ne signalera jamais un fait de corruption ou de fraude émanant de cette firme
  4. La personne est même susceptible de promouvoir une étude émanant de cette firme ou d'une autre firme pour des raisons tenant à la main qui la paye


4. La santé publique faite par Unicancer et relayée par des CPTS


Quand le mouvement Movember popularise, par l'intermédiaire  de groupes hospitaliers privés à but non lucratif, Unicancer (ICI), des dépistages non recommandés et que des CPTS les relaient, on comprend qu'il y a encore du boulot... et que la santé publique pilotée par le privé, et sous le regard attendri de l'Etat, allant à l'encontre de toutes les recommandations françaises, européennes, de l'univers, c'est pitoyable.


5. Une critique violente contre Vinay Prasad

Vinay Prasad est désormais attaqué de toute part (tout comme John Ioannidis, par exemple) et les offensives contre lui sont multiples. Un de ses "grands" ennemis est un chirurgien, David Gorski, qui lui voue désormais une haine féroce.


 

Cet article en est un exemple violent : LA. Il est écrit par Orac qui justifie son pseudonymat par son manque d'ego !

Hormis Orac, il est reproché à Vinay Prasad de faire ce qu'il a toujours fait : demander des preuves d'efficacité des traitements qui sont prescrits et des mesures-barrières qui sont instaurées, exiger des essais contrôlés, ne pas se contenter d'études épidémiologiques cas-témoins, prendre en compte les événements indésirables des vaccins anti covid (se poser sérieusement la question des myocardites/péricardites chez les adolescents, et cetera...).

Le souci vient de ce que le Sars-CoV-19 est apparu de façon brutale, qu'il fallait faire quelque chose, la première chose, en l'absence de vaccins et de traitements curatifs, étant de se référer aux modèles anciens et donc de proposer des mesures-barrières, d'isolement, de cessation des contacts, de port de matériel de protection, puis de vacciner.

Il s'agissait donc, sans preuves cliniques robustes, d'appliquer le principe de précaution (pour les choses que l'on ignorait) et le principe de prévention (pour celles que l'on connaissait).

Et comme il n'y avait aucune preuve d'efficacité d'aucune mesure, avant les preuves d'efficacité de certains vaccins sur la prévention de la mortalité et des formes graves, et comme le moment (timing) de l'instauration démesures non éprouvées semblait avoir une certaine importance, chaque pays a agi de son côté, selon sa politique, selon ses moyens, selon ses possibilités, selon ses croyances, selon ses certitudes,  et il est possible, pour les tenants du zéroCovid, les ex-tenants du ZéroCovid, les centristes, les partisans de la déclaration de Harrington comme les covidonégationistes, de tirer victoire de résultats partiels dans différents pays.

Orac reproche surtout à Vinay Prasad :
  • De ne pas réaliser lui-même des essais cliniques et de seulement les critiquer (ce qui condamne a priori toute critique littéraire de la part de critiques qui n'ont pas publié de romans, toute critique artistique de la part de critiques qui n'ont ni peint, ni sculpté, ni chanté, ni écrit de la musique, et cetera.)
  • De donner des armes aux adversaires (vieux cliché et vieille rengaine de ceux qui répètent à l'envi "Qu'il vaut mieux avoir tort avec ses amis que raison avec ses ennemis)
  • De se ranger d'emblée dans le camp des covidonégationistes (cette technique est également très connue : prendre les arguments des extrémistes pour les attribuer aux modérés : ne proposer la vaccination ARNm anticovid qu'aux personnes les plus à risque équivalant à être un antivaxx)


6. Comment compter les morts du Covid. 

Ce billet de blog de l'INSEE (LA) est tout à fait passionnant car il explique pourquoi il est difficile de compter les morts attribués au Covid et que les différentes méthodes de comptage, ayant chacune leurs avantages et leurs inconvénients, aboutissent à des résultats très différents.


 
On imagine donc ce qui peut se passer quand on fait des comparaisons internationales...

Compter les morts en excès ?




Voici une comparaison inter pays (et si on rajoute les considérations du point 6. avec celles des condition socio-politico-géographiques de ces différents pays on ne saurait manquer de s'interroger...)

7. Choisir avec soin/Choose wisely

Au Canada, non seulement on se préoccupe des surtraitements mais on surveille également leur évolution dans le temps : LA.

Notons qu'il ne s'agit pas d'un hype à la médecine canadienne dont de nombreuses sources nous ont indiqué qu'elle était très loin d'être parfaite...

Voici donc quels sont les choix de 

  • Pour les soins communautaires :
    • Imagerie diagnostique pour les douleurs du bas du dos
    • Dépistage du cancer du col de l'utérus
    • Antibiotiques délivrés dans la communauté
    • Utilisation chronique des benzodiazépines et d'autres sédatifs hypnotiques chez les personnes âgées
    • Contention physique et antipsychotiques en soins de longue durée
  • Pour les soins d'urgence
    • Radiographies thoraciques pour l'asthme étal bronchiolite en services d'urgence
    • Imagerie diagnostique pour un traumatisme crânien mineur au service d'urgences
  • Soins en milieu hospitalier
    • Arthroscopie du genou chez les adultes de 60 ans et plus
    • Césariennes dans les cas d'accouchements à faible risque
    • Transfusion de globules rouges chez des patients hospitalisés
    • Examens pré-opératoire chez des malades à faible risque
Il semblerait que celante soit pas fait en France. Pour quelles raisons ? Vous avez deux heures.


8. L'IGR en folie.



Rappelons que le directeur de l'Institut Gustave Roussy, Fabrice Barlesi, et en sachant que les années 2020 et 2021 n'ont pas été favorables raison du Covid, a signé 1069 déclarations avec l'industrie et a touché 520 468 euros.


Et dans le détail : 



9. Mes derniers mots sur twitter



10. Mélanomes, diagnostics et surdiagnostics

Une étude US sur l'incidence des mélanomes (voir LA) montre : 


En français "... L'incidence des mélanomes aux US n'est pas liée à l'exposition aux UV mais aux possibilités diagnostiques de mélanome..."

Fermez le banc

11. Sachez choisir avec soin votre spécialité médicale à partir des revenus que vous allez en tirer.




Bonne soirée.

jeudi 17 novembre 2022

PSA et cancer de la prostate. Histoire de santé publique sans consultation. 12

L'homme à la prostate sur le front.


(1. L'ignominie de l'IGR)

Au moment où l'Institut Gustave Roussy communique sur le cancer de la prostate avec un film d'une nullité, d'une vulgarité, d'une inconséquence remarquables où les principes les plus élémentaires des données des données scientifiques sont bafoués... ICI.

Où l'IGR ne sait pas faire la différence entre la prévention et le dépistage (il est vrai que le surdiagnostic fait partie de ses mots tabous) :



(2.)

Aucune agence gouvernementale dans l'univers ne propose le dépistage organisé et ciblé du cancer de la prostate par dosage du PSA chez des hommes ne présentant aucun facteur de risque.

3. Histoire de santé publique sans consultation. 12

Un de mes amis qui exerce toujours et pas à Mantes m'appelle pour me demander un conseil (médical).

Il est médecin généraliste installé dans une zone urbaine-rurale depuis plus de trente ans.

C'est un excellent médecin : les nombreuses conversations que nous avons eues ensemble, les mails que nous avons échangés en témoignent. Un seul souci (c'est une constante chez moi : je ne suis jamais venu dans son cabinet, je n'ai jamais entendu comment il parlait aux secrétaires -- il exerce dans une maison médicale-- et je n'ai jamais fait la petite souris pendant ses consultations et sans qu'il sache que je suis une petite souris...)

Il a soixante-trois ans.

Il est embêté. 

Voici : 

"Je ne sais pas quoi faire depuis deux jours.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je suis gêné. Gêné parce que je t'en veux et gêné parce que je pense que tu avais raison.
- Diable !
- J'ai fait une prise de sang pour un prêt immobilier. Il y avait un dosage de PSA dedans...
- ... Et ?
- Il est à 6.
- Et le dernier était ?
- Un vieux vieux... il y a quinze ans...
- Quinze ans ?
- Oui, j'étais trouillard... Il était à 3... 
- Et ?
- Je me demande ce que je dois faire...
- Tu as des signes ?
- Je me lève deux fois par nuit depuis environ cinq ou six ans...
- Pas de brûlures en pissant ?
- Non.
- T'as un putain d'adénome.
- Heu...
- Refais un dosage. 
- Oui. Mais je vais quand même aller voir un urologue.
- Non. Attends le deuxième dosage.
- Cela va donner quoi ? S'il est à 6 je vais voir un urologue, s'il est à 7, idem et s'il est à 5, itou. 
- Et y va faire quoi l'urologue ?
- Je ne sais pas, c'est pour ça que j'y vais...
- Tu le connais ?
- Bien sûr.
- Il est comment ? Très acharné, moyennement acharné...
- ... Arrête...
- Il va te mettre un doigt dans le cul, demander une écho, une IRM, c'est leur nouvelle marotte, et il va te proposer des putains de biopsies...
- Je sais...
- Les putains de biopsies vont revenir négatives et tu vas refaire des putains de dosage et des putains de biopsies...
- Je me rappelle que tu m'avais dit que le dosage du PSA, c'était le doigt dans un engrenage sans fin...
- Oui. Et alors ?
- J'ai honte.
- Honte de quoi ? 
- Malgré tout ce que tu me disais sur le PSA, tout ce que tu m'as fait lire, et bien que persuadé j'ai continué, mais avec réticence, à le prescrire aux patients... Je n'ai jamais osé arrêter complètement... Je mourais de trouille. La trouille de passer à côté d'un cancer et d'avoir un procès au cul... Je préférais les surdiagnostics et les surtraitements à un procès. J'ai sacrifié à ma petite échelle mon confort personnel à celui de mes patients...
- Mais tes patients t'ont félicité.
- ?...
- Oui, ils ont été guéris, amputés et guéris pour une maladie qu'ils n'avaient pas ou qui ne les aurait jamais tués... et parfois pour un cancer qui les aurait tué de toute façon.
- Je fais quoi ?
- Tu fais ce que tu dois faire, poursuivre le processus... Puisqu'il est commencé... Ce n'est pas possible de faire autrement...
- Et toi, tu n'as jamais douté ?
- J'ai toujours douté parce que j'appliquais des données populationnelles à des individus, à des personnes uniques, les données globales sur le dépistage populationnel du cancer de la prostate par dosage du PSA, sont justes mais quid de MON patient assis en face de moi qui aurait pu être sauvé, tu entends les guillemets au téléphone, sauvé par un dosage... J'ai croisé mille fois les doigts et il ne m'est rien arrivé. Par chance... Et je n'ai jamais eu de procès ni pour ne pas avoir dosé le PSA, un procès où les professeurs d'urologie seraient venus déverser leur haine, et encore moins pour ces patients guéris d'on ne sait quoi et impuissants...
- Je te tiens au courant.
- Je ne te lâcherai pas...


 


dimanche 13 novembre 2022

Bilan médical (écourté) du lundi 7 au dimanche 13 novembre 2022 pour cause de vacances (Prague) : médecine générale, UFC Que Choisir, IPP, Croisières, grève des médecins, Cabrioles#AutodéfenseSanitaire, nationaliser la médecine générale, Prague.


 

1. La valeur de la médecine générale ne tient pas à ce qu'elle fait mais à ce qu'elle décide de ne pas faire. 

Cette phrase provocatrice de Desmond Spence à propos d'un métier qu'il connaissait bien et dont il disait que sa principale qualité était de gérer l'incertitude (à savoir se contenter de ne pas savoir en sachant qu'il n'y a rien de grave, par exemple), je l'ai resituée dans un billet  que j'écrivais en mars 2012 sur ce que pense Desmond Spence plus généralement de la médecine générale et de son rôle primordial dans le système de soins (ICI). Relisez bien ce qu'il écrit, cela devrait être la première chose à dire aux étudiants qui se décident à pratiquer la médecine générale.

En résumé : 

La fonction barrière de la médecine générale requiert une personnalité rassurante et, plus que tout, une aptitude à accepter l'incertitude. Quand on travaille en équipe les titres et les qualifications ne sont pas primordiaux pour endosser ces attitudes. Il existe trois priorités dans la pratique de la médecine générale : l'expérience, l'expérience et l'expérience.

J'avais aussi rapporté les données d'un article déjà ancien (LA) montrant que dans les hôpitaux britanniques le remplacement en consultation de porte d'un médecin par un.e infirmier.ère ne changeait pas grand chose en termes de morbimortalité mais augmentait le nombre de prescriptions et dénombre d'adressages.

Une étude plus récente du JAMA (ICI) indique qu'aux urgences les non-médecins prescrivent plus d'imagerie que les médecins (+5,3 %). On ne peut pas dire que cela soit très flagrant ! Mais cela va à l'encontre du médecin-bashing ambiant.

UFC Que Choisir a choisi Closer vs la Santé publique




Il fut un temps où la revue Que Choisir enquêtait sérieusement sur les sujets qu'elle traitait. Désormais, infiltrée par le club des Mépriseurs de Médecins généralistes et la secte des Hospitaliers Associés, elle donne désormais dans le sensationnel... 

Comme si les pédiatres consultaient en majorité des enfants malades....

2. Les inhibiteurs de la pompe à protons à prescrire en cures courtes.

Au delà des études (peu robustes) qui montrent des lupus induits (LA), des hypokaliémies et d'autres babioles il est nécessaire de respecter les indications des IPP (pour les non médecins, omeprazole, pantoprazole, eupantol, esomeprazole,...) et de suivre également les recommandations de l'HAS (ICI), c'est à dire pas plus de 8 semaines pour un RGO, pas de prescription systématique avec les AINS, et se méfier chez les personnes âgées et les nourrissons.



3. Les croisières massives : il faut couler le Majestic Princess et ses frères et soeurs.

Encore une fois la khonnerie humaine a frappé. @NicolasBerrod nous rapporte que 800 sur les 4600 passagers du bateau étaient positifs au Covid-19 (LA). A quoi servent ces croisières de masse ? Ce sont des aberrations. Des aberrations environnementales, des aberrations touristiques, des aberrations énergétiques, des aberrations de santé publique (sur bouffe, alcoolisme, obésité...), des aberrations anthropologiques. 

Il faut tous les couler, ces HLM flottants. 

Rappelons que le Diamond Princess appartenait à la même compagnie... Premier navire de croisière à avoir été mis en quarantaine début 2020.


4. La revendication du C à 50 euros et la menace de déconventionneront tuent les autres motifs (légitimes) de la grève des MG prévue pour les 2 premiers jours de décembre

Je n'ai jamais été un grand fan de la grève des médecins libéraux.

Parce que cela n'a jamais marché.

Une grève des libéraux doit être DURE, c'est à dire longue, sans concessions... Avec refus des réquisitions.

Elle ne sera pas dure, elle ne sera pas unie, parce qu'il y a des patients derrière.

Quant à la menace de déconventionnent elle est totalement irréaliste.

Mes anciens patients auraient été laissés sur la touche.

Je n'imagine même pas, moi qui travaillais plutôt dans le style 3 patients par heure, 6 ou 7 visites par semaine et 45 heures par semaine, avec une secrétaire 35 heures partagée avec une associée, et qui en vivais très bien, combien mes revenus,  auraient explosé...




5. Autodissolution du Ministère de la Vérité du Covid d'extrême-gauche.


Explications ICI des raisons de cette autodissolution.

@CabriolesDouze, si j'ai bien compris, est le seul groupe d'extrême-gauche autoproclamée qui a raison sur tout sur la pandémie de Covid. Tous les autres se trompent.

C'est aussi un groupe complotiste.


Soutenu par le merveilleux @Pr_Logos.

6. La médecine générale libérale est la cause de tous les maux de la médecine : détruisons-la.

Il existe sur twitter une représentation de la médecine libérale (et je ne parlerai ici que de la médecine générale libérale) exprimée par une certaine extrême-gauche (la vraie de vrai) hospitalière (et mon oreillette me dit que ceux qui ne s'expriment pas pensent de la même façon) qui est le décalque des préjugés de classe (intellectuelle) de la médecine mandarinale hospitalière.


L'extrême-gauche médico-hospitalière défend le service public comme les catholiques la virginité de Marie.

L'extrême-gauche médico-hospitalière désire la destruction de la médecine générale libérale (pour ce qui est de l'exercice libéral des autres spécialités, pas un mot) responsable de tous les maux de la médecine et du service public confondus.

L'extrême-gauche médico-hospitalière raconte partout que les médecins généralistes libéraux sont des feignants (ils travaillent selon eux moins de 35 heures par semaine, sans doute), qu'ils ne prennent pas de garde et qu'ils devraient assurer ce service 24/24, 7/7, 365/365 pour respecter la déontologie, sans repos compensateurs, qu'il n'existe pas de plages d'urgences non programmées dans les cabinets, qu'il y a trop de rendez-vous, que l'on devrait revenir aux non rendez-vous (vous savez ces salles d'attente bourrées, sans sas de protection, où les premiers arrivés sont les premiers servis et où l'attente est comprise entre 2 et 4 heures et c'est dans ces conditions que l'on retrouve les consultations d'abattage, la médecine casse-croûte, la médecine Uber...).

L'extrême-gauche médico-hospitalière croit également à la notion de zones surdotées telles que rapportées par Mediapart...

L'extrême-gauche médico-hospitalière exige dont la nationalisation de la médecine générale de ville.

Elle ne parle pas encore de la nationalisation des cliniques à but lucratifs et non lucratifs.

Tout ce que l'extrême-gauche médico-hospitalière dénonce à propos de la médecine générale libérale (dépassements d'honoraires, pas de prises de garde, corruption, par exemple, absence de procédures validées par l'EBM, prescriptions inappropriées) elle l'accepte à l'hôpital mais ne la dénonce pas (sauf entre elle, dans sa cabine téléphonique). 

Elle est aussi favorable à une quatrième année de médecine générale avec des IMG non expérimentés envoyés dans des déserts. 




IMG de quatrième année envoyé dans un désert.

L'extrême-gauche médico-hospitalière demande de l'argent et n'exige pas de réformes pour l'hôpital.

L'extrême-gauche médico-hospitalière méprise la médecine générale libérale et encore plus les médecins libéraux. "Ce n'est pas de la médecine, c'est de la bobologie..."

Les médecins généralistes libéraux qui sont passés au salariat ont leur mot à dire.

Les médecins généralistes libéraux qui ont choisi d'exercer dans des structures collectives ont leurs mots à dire.

Mais le problème de l'accès aux soins se pose dans tous les pays développés et quel que soit le système. 

La seule donnée dure mais dont une certaine extrême-gauche médico-hospitalière n'a pas pensé est le poids que la société est prête à donner aux soins primaires : attractivité, définition des objectifs, accompagnement médico-social, formation. Plus les soins primaires sont puissants et plus l'hôpital (cf. supra Desmond Spence) pourra se consacrer à ses objectifs fondamentaux, sauver des vies, s'occuper des maladies rares et complexes, faire de la recherche, diffuser des connaissances et permettre aux soins primaires de faire la même chose, sauver des vies, s'occuper des maladies rares et complexes, faire de la recherche, diffuser des connaissances.

Chiche ? 


7. Hors sujet : Prague

Le cheval. David Cerny.






Un Christ sur le Pont-Charles avec une inscription en hébreu.


La cathédrale Saint-Guy construite au 10° siècle et complétée au 20 ° 
Avec de magnifiques vitraux modernes de Mucha.



Le triste dernier domicile connu de Milan Kundera.



Le cimetière juif.



Franz Kafka


Carte de U Pinkashu, un des milliers de restaurants praguois.
269 Kz # 10 euros


Une entrée praguoise


Une façade praguoise


La fameuse horloge astronomique


Malek Kren : Un puits de livres


Un des trois hommages à Jan Palach.


Allez-y hors saison, sinon c'est l'enfer.



lundi 7 novembre 2022

Médecine, comptabilité et groupe de pairs. Histoire de santé publique sans consultation. 11

Oskar Kokoshka (1886-1980) Autoportrait 1937

1.

Je reçois un mail d'un de mes anciens patients, inquiet, après qu'il a reçu le compte-rendu de la coloscopie qu'il a passée pour des douleurs abdominales persistantes, il a cinquante cinq ans, et pour lequel le gastro-entérologue lui a dit qu'il n'y avait rien de grave mais qu'il fallait qu'il consulte un chirurgien.

Je lui renvoie un mail rassurant lui demandant de m'appeler ce soir (et après que j'ai lu le compte rendu de ladite coloscopie).

J'appelle le gastro-entérologue qui me rassure lui-aussi mais je n'ose pas lui dire que le patient s'est fait un sang d'encre (pas de sang dans les selles cependant) entre le moment où il a lu le compte-rendu, le moment où le gastro-entérologue lui a conseillé d'aller consulter un chirurgien et le moment où je lui ai envoyé un mail plutôt rassurant.

Le patient m'appelle.

Nous réglons entre guillemets le problème médical : tout est bénin a priori.

Un seul souci : le chirurgien à qui le gastro-entérologue l'a adressé n'est pas celui à qui je l'aurais adressé (mais je ferme ma goule). 

Je ne m'étends pas sur ce point précis.

Qui pourrait faire l'objet de développements multiples.

Bref.

2.

Personne ne m' jamais demandé ce qui a le plus contribué à améliorer ma pratique de médecin généraliste.

Il est difficile de répondre à cette question car les facteurs d'amélioration ont été multiples (je partais de bas) et ils se sont succédé dans le temps.

Un associé sympa et bon médecin. L'appropriation de médecins spécialistes rehaussant mon niveau de connaissances avec pédagogie et sans mépris. La curiosité. La revue Prescrire. La lecture des livres fondamentaux de la médecine. La Formation médicale continue. La pratique du groupe de pairs. La conversation libre avec des amis médecins partageant les mêmes valeurs médico-sociales. Le twitter médical. La HAS.

3.

Si je vous parle de cela c'est parce que le patient qui m'a adressé un mail, appelons-le Monsieur A, est comptable. Et qu'à une époque où il se posait des questions existentielles sur son métier, sur ses compétences, sur son avenir, sur des possibilités de progression, je lui ai parlé de la pratique des groupes de pairs en médecine (dont par ailleurs j'entends de moins ne moins parler).

Il avait été intéressé, il avait réfléchi et il avait mis au point un système presque identique avec des collègues travaillant à La Défense. Je lui avais conseillé, entre autres, de ne pas en parler à sa hiérarchie.

Il m'avait tenu au courant de ses aventures en groupe et, selon lui, cela avait très bien marché : il avait entendu des propos différents, des idées managériales diverses, des façons de procéder dont il n'avait jamais eu connaissance, et cela lui avait permis de nouer des amitiés solides.

Jusqu'au jour où la hiérarchie en avait eu vent et avait demandé d'y mettre fin. La circulation horizontale des informations ne plaît pas aux chefs (surtout les mauvais).

4.

Pour ma part et il faudra que j'en reparle un jour, l'expérience des groupes de pairs, malgré quelques accrochages, crises d'ego et d'incompréhensions, a été sans doute la chose la plus positive qui me soit arrivée pendant ma pratique de médecin généraliste. Et la plus décisive pour changer des pratiques erronées, non fondées, voire dangereuses ou pour simplement faire de petits pas vers le changement. Mais une des choses les plus étonnantes fut que ces réunions presque informelles m'ont permis de faire des progrès décisifs dans ma relation avec les patients (grâce à la libre expression de mes pairs). C'est que j'ai appris de plus fort pendant ces réunions où les patients étaient absents mais omniprésents.

5. 

Le patient m'a adressé un mail il y a deux jours pour m'informer que tout s'était bien passé.

Il a ajouté ceci, avec malice : "Dans votre groupe de pairs, auriez-vous conseillé ce gastro-entérologue et ce chirurgien ?"

dimanche 6 novembre 2022

Bilan médical du lundi 31 octobre au dimanche 6 novembre 2022 : Oncologie pratique, EBM piétinée, Vallancien, douleur, mortalité covid, covid long, consultation, sismothérapie, bronchiolite...

La médecine à l'estomac

Nous avons cent fois ici dénoncé les médecins qui confondaient l'exercice de la médecine et la pédagogie de la santé publique avec des photoreportages dans Gala, Ici-Paris ou Closer, ces médecins qui se faisaient photographier avant la mort de leurs malades, pendant la mort de leurs malades, après la mort de leurs malades. Avec l'accord de la famille, bien entendu.

1. Un oncologue qui fait envie : Bishal Gyawali




Il publie un article dans HealthyDebate que vous pouvez lire (LA) en anglais. Il rappelle que le comportement du patient atteint de cancer qui disait "Docteur, faites tout ce que vous pensez être bon pour moi" est en train de disparaître lentement. Les patients ont à se battre entre la myriade de choix, allant des possibilités thérapeutiques, des effets indésirables, de la qualité de vie et du pronostic, afin de pouvoir choisir un parcours de soins qui leur convient.

Je résume les 10 points que toute patiente devrait savoir. Je pense que c'est applicable à toutes les procédures de soin.

  1. Est-ce que l'objectif du traitement vous convient ?
  2. Mourir avec un cancer n'est pas la même chose que mourir d'un cancer
  3. Les différents patients ont des valeurs différentes
  4. Il y a toujours des incertitudes en médecine
  5. Plusieurs anecdotes ne sont pas des données
  6. Y a-t-il une ou d'autres options ?
  7. Il est difficile d'établir une causalité sans études randomisées
  8. Une significativité statistique n'est pas toujours cliniquement signifiante
  9. Faire attention aux risques absolus et relatifs
  10. Les décisions individuelles et populationnelles ne sont pas toujours identiques
A afficher partout.


2. Qui a envie de travailler avec lui ?




3. L'EBM piétinée

Nous avons cent fois ici répété combien l'EBM avait été un progrès par rapport à ce qui existait avant où les études cliniques étaient considérées comme inutiles, où les avis d'experts résumaient les données scientifiques et où adopter une pratique non validée c'était l'apprécier.

Il y avait deux camps. 

Celui des partisans inconditionnels de l'EBM qui ne négligeaient pas les faiblesses de la méthode mais qui affirmaient qu'il n'y avait pas d'autre choix à suivre.

Celui des opposants inconditionnels à l'EBM pour des raisons pratiques.


Que reste-t-il de nos espoirs ?

Un exemple sur les bonnes pratiques dans le diabète de type 2 : ICI.


4. Guy Vallancien, charniériste



5. Les composantes de la douleur (entre autres)




6. Les derniers chiffres de la mortalité Covid dans le monde

Voir LA


7. Elon Musk et twitter : déjà un paysage cauchemardesque ?


From The New-Yorker


Honnêtement, cela n'a pas beaucoup de valeur.

Surtout en lisant un article très documenté sur l'excès de mortalité dans les pays scandinaves qui insiste beaucoup sur les méthodes de comptage.

Voir ICI.



8. Covid Long : le club des CovidsLongs fait feu de tout bois.

On résume le point de vue du club des LongsCovids (qui est décalque de l'ex-club des ZéroCovids) :
  1. Il y a de plus en plus de patients présentant des Covid longs (le club des FearMongers est mobilisé pour l'occasion)
  2. Il y a de plus en plus de publications (non françaises, on rappelle ici pour les ignorants que la France  se place au 48° rang mondial pour le nombre de publications biomédicales mais c'est dû au manque d'argent alors que la majorité des études biomédicales sont financées par l'industrie pharmaceutique qui doit trouver que c'est parce que les médecins français n'ont pas d'argent qu'ils n'ont pas de cerveau...) ce qui montre que la maladie existe (le fameux saut qualitatif que les marxiens de l'extrême-gauche ne manqueront pas de rappeler)
  3. La France est, comme toujours, à la traîne. 
  4. Il y a une perte de chance puisque les patients ne sont pas pris en charge ou considérés comme psychosomatiques...
Réponses :
  1. On attend autre chose que des études au doigt mouillé ou sur un coin de table mais plus les études annoncent des covid longs, plus les LongsCovids trépignent
  2. Le nombre de publications ne signifie pas a) que l'on avance, b) que les données scientifiques sont de qualité, c) que la non-découverte d'un mécanisme physiopathologique commun soit la preuve qu'il y en a un
  3. C'est la haine de soi bien classique
  4. Il n'y a pas de traitement mais une prise en charge empathique serait effectivement la bienvenue.
  5. Un pré print (ICI) du premier novembre 2022 annonce que la prescription pendant 5 jours de Nirmatrelvir (une des composantes du paxlovid) vs rien (étude épidémiologique cas-témoin non randomisée) chez des patients covid présentant au moins un facteur de risque pouvant entraîner une maladie sévère réduisait les syndromes post SARS-CoV-2 à 90 jours quel que soit le statut vaccinal (non,vacciné, vacciné, boosté) en cas de primo infection ou de réinfection.
  6. A suivre.

9. La durée moyenne de consultation (soins primaires)

Attention :
  1. La source (statista) n'est pas sûre
  2. Les systèmes de santé sont très différents (IDE ou non, IPA ou pas, et cetera)
  3. C'est théoriquement le BMJ
  4. Pourquoi montrer un tel diagramme ? Pour désinformer en précisant que c'est probablement d cela désinformation.

10. Sismothérapie : retour vers le futur.


11. Bronchiolite : un communiqué de l'ordre des kinésithérapeutes : tout va bien jusqu'à l'avant-dernier paragraphe

ICI pour le communique rempli de bons conseils...

Là : l'avant-dernier paragraphe non sourcé.


12. Gustave Roussy en majesté : sans masques.

L'IGR, le meilleur centre anticancéreux de toutes les terres émergées, célèbre la fin du mois octobre rose.

Sans masques, dans une enceinte fermée, avec des soignants qui sont continuellement en contact avec des patients qui sont potentiellement traités pour un cancer, immuno-déprimès, fragiles.









mardi 1 novembre 2022

Hypertension, confraternité, secret professionnel. Histoire de santé publique sans consultation. 10



Je rencontre une ex patiente dans les rues de Mantes.

On parle une heure.

Elle a 56 ans et après qu'on a évoqué sa famille, ses amis, les gens qu'on connaît en commun, ce qu'elle devient, ce que deviennent son mari (dont elle a divorcé), ses enfants (que j'ai suivis), ma retraite, et cetera.

Elle finit par me me dire : "Je suis embêtée parce que j'ai une hypertension...

- Ah, moi aussi.

- Vous ? 

- Oui, pourquoi ?

- Vous n'êtes pas gros..."

("Mon" ex patiente ne me semble pas présenter un sur poids manifeste)

"Il n'y a pas que des gens gros qui sont hypertendus, il y a des maigres, des petits, des idiots, enfin, tout le monde...

- Mon médecin...

(Je ne lui demande pas qui est son nouveau médecin. Et comme cela vous ne le saurez pas.)

"... mon médecin m'a surtout dit que c'était un traitement à vie. C'est vrai ?"

Je lui raconte que le traitement de l'hypertension est souvent définitif à moins que l'on ne retrouve un facteur déclenchant traitable... Ce qui est rare.

Elle est déçue.

"C'est vrai que j'ai un cousin à qui on propose tout le temps de manger tant il est maigre et pourtant il a de la tension...

- Vous voyez...

- Et d'ailleurs, je vais vous dire ce qu'il m'a donné comme traitement..."

Elle a du mal à se rappeler (nous sommes dans la rue tout près de la Caisse d'Epargne, mais elle finit par retrouver, "... du propanolol pour les maux de tête et du lercan..."

Faut-il dire que mon non-verbal en a pris un certain coup ?

"Et vous prenez cela depuis combien de temps ?

- Un an.

- La tension ?

- Parfaite."

J'ai pensé à l'un de mes cardiologues favoris sur twitter sans compter à deux autres de mes cardiologues  IRL valeureux et je me suis posé la question suivante : est-il possible en 2022 d'instaurer (c'est bien une instauration, j'ai vérifié) une bithérapie antihypertensive à base de propranolol (aucun intérêt de prescrire un bêta bloquant en première intention -- et encore moins celui-là-- dans l'hypertension) et de lercan (inhibiteur calcique qui n'a jamais fait la preuve de son utilité sur des critères de morbimortalité et qui devrait être réservé à une deuxième intention en cas d'oedème des membres inférieurs survenus sous amlodipine... mais ça, c'est mon avis personnel)

L'affaire Perronne en cours pose le problème de la confraternité qui est, semble-t-il, la valeur essentielle du Conseil de l'ordre des médecins. Il m'étonnerait pourtant que le fait de suggérer que le traitement de mon ex-confrère n'est pas tout à fait approprié (qu'en de termes choisis ces choses-là sont dites) puisse faire l'objet d'une plainte pour non confraternité après que mon ex-patiente sera allé raconter à son nouveau médecin les propos que j'aurais pu tenir.

Il est vrai que si je racontais en privé à l'un de mes collègues comment le docteur X traite les hypertensions (pardon pour la généralisation) en première intention, je pourrais utiliser un vocabulaire plus fleuri.

Que devais-je faire (sans connaître le contexte, bien entendu) ? Dire à la personne de changer de médecin au risque de lui faire douter encore plus de notre beau métier et l'inquiéter encore plus ? Lui demander le nom de mon confrère pour que je l'appelle ?

Je n'ai rien fait.

J'ai renoncé.

S'agit-il de l'esquisse de l'esquisse d'un processus de non-assistance à personne en danger ?

Mais.

Mais, et comme il ne s'agit pas d'un roman où les personnages ne peuvent lire le livre après qu'il est paru, je vais devoir renoncer à publier ce billet car la personne pourrait se reconnaître, je ne lui ai pas demandé l'autorisation de publier, et pourrait comprendre que son médecin est bon à changer et que son ex-médecin a violé le secret professionnel.

Enfin.

Enfin : Les recommandations médicales sont souvent discutables (conflits d'intérêts, compétence), et c'est un euphémisme, le fait de les suivre ce serait mieux que le contraire pour la santé publique.