dimanche 23 décembre 2007

Avortement en France : rien de nouveau

Les laboratoires commercialisant Norlevo ® font une campagne d’information insistant sur le nombre élevé d’IVG en France (environ 200 000) et rappelant que les médecins n’en font pas assez pour informer leurs patientes sur les conduites à tenir en cas d’oubli. Certains peuvent y voir une offensive de Byg Pharma pour vendre de la contraception d’urgence mais j’y vois, moi, une formidable démission des médecins et de la société française concernant la prévention de l’IVG. J’ai bien dit : la prévention de l’IVG ! Car l’IVG, de quelque point de vue que l’on se place est un formidable gâchis ! Nous sommes pollués par deux idéologies contradictoires qui aboutissent aux mêmes effets : d’une part, les moralistes de la droite religieuse qui refusent l’information sexuelle, le développement de la contraception et stigmatisent l’avortement ; d’autre part, les moralistes de la gauche ultra féministe qui, en clamant que le corps des femmes n’appartient qu’aux femmes, que l’avortement est un droit, ont oublié la contraception en route. Car l’IVG est, de toute manière, un échec : échec de l’information sexuelle dès le plus jeune âge, échec de la contraception, échec de la pilule du lendemain chez les femmes qui prennent déjà la pilule (et qui l’oublient). N’oublions pas qu’il n’y a pas non plus que les conditions sociales qui mènent à l’avortement ; il y a aussi le désir de grossesse qui est différent du désir d’élever un enfant qui est différent du désir de pouvoir être enceinte qui est différent de celui de se sentir enceinte… Il y a aussi les conneries féministes ( ?) de la contraception masculine (l’idée que l’homme partagerait avec la femme le fardeau de la contraception) alors que la contraception féminine est, pour le coup la CONQUETE essentielle de l’indépendance et du choix absolu de la femme d’être ou de ne pas être enceinte. Quant à la responsabilité des médecins, venons-y : combien de médecins, en prescrivant pour la première fois la pilule, en prolongeant la prescription, en prescrivant un bilan lipidique, un frottis ou en palpant les seins rappellent des objectifs pédagogiques simples comme « Que faire en cas d’oubli ? Quand utiliser un préservatif sous pilule ? Quand prendre la pilule du lendemain ? » Combien de médecins continuent de prescrire des pilules non remboursées à base, notamment, de desogestrel, alors qu’il n’existe aucun intérêt en terme de contraception et des effets délétères en terme d’effets indésirables ? Pourquoi sont-ce les mieux informés (gynécologues médicaux et / ou obstétriciens) qui sont les principaux prescripteurs de ces pilules ? Mais, à leur décharge, ils avaient aussi été les prescripteurs de distilbène, de THS, alors qu’il leur suffisait d’ouvrir les yeux pour connaître les « risques » de ces produits.

3 commentaires:

  1. Bonjour

    Vous êtes contre l'avortement, c'est votre droit le plus strict et légitime, tout comme c'est le mien d'être pour. En revanche je trouve admirable de ne pas "abandonner" pour autant les femmes choisissant l'avortement ni de chercher à les influencer (dans un sens comme dans l'autre d'ailleurs).
    Ceci étant dit, je ne suis pas en accord avec vous sur deux points:

    -concernant la contraception masculine: si je suis complètement d'accord avec vous pour dire que la contraception féminine est une conquète essentielle pour la femme, et pour déplorer le manque d'information (et de réel choix!) délivré par beaucoup de médecin, je ne vous rejoints pas pour dire que la contraception masculine est une connerie car je ne vois pas très bien pourquoi cela exclurait la contraception féminine. Un homme doit-il donc absolument se fier à sa compagne (qu'elle soit celle d'une vie entière ou d'une seule nuit), à sa contraception, et/ou à la fiabilité d'une capote? Si la dame tombe enceinte, il ne dispose d'aucun choix pour accepter ou non ce futur bébé là où la femme à quand même "l'option" de l'avortement, celui de disparaitre sans jamais informer le père, ou celui de l'informer avec toutes les éventuelles implications juridiques et affectives que cela entraine).
    J'ai des fils, et j'aimerais vraiment qu'ils aient le choix de maitriser leur fécondité lorsque ils en auront l'âge.

    (suite au message suivant)

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  3. -concernant l'IVG... je vous citerai mon cas (qui n'a pas d'autre valeur que d'être un exemple). 4 grossesses, une rupture de capote à un âge où j'ignorais tout de l'existence de la pilule du lendemain, une grossesse sous pilule (je suis absolument certaine d'avoir pris tous les comprimés en temps voulu), et une grossesse à cause de la connerie d'un gynéco qui voulait attendre tois mois pour une contraception (soit disant protégée par l'alaitement). Oui je sais, c'est assez atypique... je n'ai jamais avorté et me retrouve donc avec 4 enfants sans jamais en avoir eu le vrai désir. Pourquoi? Parce que il y a un bruit de fond qui dit que si on tombe enceinte sous contraception, c'est que quelque part on en a envie, parce que ça fait culpabiliser, parce que il est impossible d'avoir une information fiable (c'est à dire dénuée de concepts moraux ou idéologiques) pour déterminer à partir de quel moment un foetus cesse de n'être qu'un amas cellulaire pour devenir une personne à part entière. Et aussi et surtout parce que si il est très facile de lire des récits apocalyptiques de femmes ayant sombré dans la depression parce qu'elles ont avorté, je n'ai jamais vu de récit réaliste de ce qui peut arriver à ne pas avorter alors qu'on a pas envie d'enfant: ne pas les aimer! Je ne parle pas de les maltraiter, ou de les detester, mais "juste " de ne pas ressentir d'amour, de ne pas se sentir mère, d'être juste vide à l'intérieur lorsque ils viennent faire un câlin que l'on donne parce que l'on sait qu'ils en ont besoin mais sans en avoir envie, et même avec un peu de répugnance, des sourires, de l'entouhsiasme factice juste pour essayer de leur donner malgré ça un certain équilibre, même s'il repose sur un mensonge. Mais dire ce genre de chose est très tabou... et certainement beaucoup plus présent qu'on ne peut le supposer.

    Voilà une des conséquences du non avortement dont on entend jamais parler!! Que font celles qui n'ont pas la force ou l'envie de faire semblant(à leurs enfants et/ou à elles mêmes)?

    J'ai enfin pu trouver un médecin qui accepte de me stériliser définitivement malgré mon "jeune" âge. C'est un soulagement sans nom pour moi. Mais si j'avais dû retomber enceinte, avec la maturité et l'expèrience que j'ai maintenant acquise, j'avorterai sans hésiter une seconde.

    Ce commentaire ne se veut pas polèmique; je voulais juste ajouter un autre éclairage au problème de l'avortement.
    Martin

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