L'affaire de l'hormone de croissance illustre un certain nombre de travers de la médecine française : son incapacité à ne pas se voir comme la meilleure du monde, la suffisance de ses élites, son chauvinisme et son refus de la réalité.
Car c'est le centralisme étatique à la française (tous les malades devaient passer par un organisme unique, France-Hypophyse) qui a conduit à refuser les hormones synthétiques fabriquées par trois firmes étrangères.
Car c'est l'aveuglement scientifique des mandarins (ou leur cupidité) qui leur a fait refuser de prendre en compte les conseils de prudence du professeur Montagnier (qui n'était pas encore le co-découvreur du virus du sida).
Car c'est l'impunité dont jouissent les grandes institutions comme, ici, l'Institut Pasteur et la Pharmacie Centrale des Hôpitaux, qui est à l'origine du réveil tardif des Autorités.
Car c'est le chauvinisme qui a fait que l'on a écarté et les techniques non françaises et les études non françaises prônant l'utilisation des hormones de synthèse.
Car c'est le refus de la réalité qui fait qu'encore maintenant les dénommés Job et Dray affirment qu'à l'époque on ne pouvait pas se douter des dangers des hormones prélevées avec des tringles à rideaux sur des cadavres sdf.
La médecine dans un seul pays, c'est aussi, pour élargir mes propos, rappeler que la suffisance à la française s'est déjà exercée dans de nombreux autres domaines (en France, ce n'est pas pareil) : l'affaire du distylbène que les gynécologues français continuaient de prescrire malgré les risques connus dans d'autres pays ; le Traitement Hormonal Substitutif de la ménopause qui n'aurait pas été dangereux pour les femmes, seulement en France ; l'attente d'un test français pour tester les serums des donneurs de sang alors que des tests étrangers existaient déjà ; les avis rassurants de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de Santé quelques jours avant le retrait mondial du marché du rofecoxib ; le nuage de Tchernobyl qui contourne la France ; les lignes de coke qui épargnaient la France avant que cela ne devienne un problème de santé publique...
La médecine dans un seul pays c'est se refermer sur soi-même en croyant qu'on est les meilleurs. Le réveil est toujours violent.
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