Les derniers chiffres concernant la (mauvaise) place de la France en Europe (sur le podium des mauvais avec la Lithuanie et les Pays-bas) pour le chiffre de la mortalité périnatale sont rapportés par l'enquête Europeristat (1) ; ils font réfléchir les Néerlandais (2) mais pas encore les Français même s'il existe un dossier de presse consultable en ligne dont les conclusions sont quand même très questionnables en termes de Santé Publique (3).
Les gynéco-obstétriciens français (GOF) auraient-ils la scoumoune ou souffriraient-ils d'un enseignement catastrophique ? La question est ouverte.
Rappelons quelques faits.
D'abord, le dossier presse de l'Inserm rapportant les résultats de l'étude Europeristat souligne combien la France est un pays sous-développé en matière d'épidémiologie (les GOF n'y sont pour rien) :
"La France est le seul pays d’Europe qui ne dispose pas de données systématiques pour
toutes les naissances ni sur l’âge gestationnel des nouveau-nés, ni sur leur poids."
On lit aussi ceci : "
La France a le taux de mortinatalité (naissances d’enfants sans vie) le plus élevé d’Europe
(9,1 pour 1000 naissances totales), ce qui s’explique en grande partie par une politique
active de dépistage des anomalies congénitales et la pratique d’interruptions médicales de
grossesse (IMG) relativement tardives."
Ainsi, comme toujours chez nous, quand ça va pas, c'est parce qu'on fait mieux que les autres.
Enfin, le dossier de presse, ajoute : "Sur les autres indicateurs de santé, la France est bien placée en Europe, mais ne se trouve jamais parmi les cinq pays ayant les meilleurs résultats" : mortalité néonatale (décès dans les 27 premiers jours après la naissance), prématurité (8ème sur 25), et ratio de mortalité maternelle.
D'autres éléments sont relevés : 5 % des femmes (européennes) qui viennent d'accoucher étaient traitées pour infertilité (la France se distinguant par une plus forte proportion de grossesses obtenues par inducteurs de l'ovulation utilisés seuls), 95 % des femmes françaises (à l'instar des italiennes et des Finlandaises) sont prises en charge dès le premier trimestre (même si l'on peut se demander si cette prise en charge, en raison des lois sociales, est plus administrative que médicale !), le taux de césarienne atteint 20 % en France, ce qui situe la France au treizième rang européen mais qui, comparé aux autres données, ne semble pas justifier une telle attitude. En France la proportion de naissances dans des maternités de 3000 accouchements ou plus est très faible (8 %) par rapport à ce qu’on observe par exemple en Ecosse (77 %), en République d’Irlande (60 %), en Finlande (46 %) et en Suède (46 %). Enfin, la proportion de femmes qui fument en France est de 22 % alors qu'elle varie entre 5 et 7 % dans les pays où les femmes fument le moins... Quant à l'allaitement, il n'est que de 62 % en France, ce qui est faible par rapport à certains pays.
Commentaires (docteurdu16) : ces faits posent un certain nombre de questions : la France est-elle vraiment le pays de la meilleure médecine du monde ? les accouchements aux champs sont-ils aussi écologiques que l'on veut bien le dire ? quid des statistiques sur les immigrées de première et de deuxième génération qui sont interdites en France mais consultables, avec profit, aux Pays-Bas ? Que faire ? Comment articuler la ville avec l'hôpital ? les obstétriciens ne trouvent-ils pas plus lucratifs de faire de la stérilité plutôt que de l'accouchement ?
Mais revenons à nos moutons : les gynéco-obstétriciens sont-ils en déshérence ?
Quelques casseroles :
- L'affaire du distylbène : dès 1971 un gynécologue américain fait le lien entre distylbène et cancer du vagin à cellules claires. Cette année là le produit est interdit aux Etats-Unis. Les GOF, plus malins que leurs confrères américains, continuent d'en prescrire dans l'indication "Risque de grossesse prématurée" et le produit n'est interdit en France qu'en 1977. Dans cette affaire on retrouve les mêmes protagonistes que dans les affaires qui suivront : la firme UCB qui ment, qui cache, qui détruit ; les Autorités sanitaires incompétentes et sous influence, les GOF qui se taisent, n'entendent pas, ne voient pas et ce autant par ignorance que par arrogance académique et financière.
- Le Traitement Hormonal Substitutif (THS) : toutes les études anglo-saxonnes montrent que le THS augmente le risque de cancer du sein. Mais aussi le risque de faux positifs à la mammographie qui, lui, n'augmente pas le nombre de cancers du sein mais le nombre d'interventions inutiles (biopsies, chirurgie...) et le stress des femmes mammographiées. Mais les GOF persistent en affirmant que ce ne sont pas les mêmes hormones, qu'elles ne sont pas administrées par les mêmes voies et que, donc, elles ne peuvent être assimilées aux vilaines hormones anglosaxonnes. Néanmoins les avocats des GOF leur disent d'arrêter. Mais des Français remplis de conflits d'intérêts continuent de publier pour dire tout ce que les femmes perdent à ne pas recevoir un THS en sous tendant des bonnes raisons éminemment féministes.
- Le nombre d'IVG en France (environ 200 000). Bien entendu qu'il n'est pas possible d'attribuer aux seuls GOF la persistance du nombre élevé d'IVG en France. Les autres médecins, les pouvoirs publics, les instances de santé publique, la société dite civile, sont également en cause. Et ce chiffre élevé ne diminue pas beaucoup plus dans les autres pays. Cela dit il est quand même possible de souligner un certain nombre de faits : le manque d'information sexuelle (je n'ai pas dit éducation sexuelle) dans les écoles, dans les collèges, et dans les lycées ; la prescription plus récente de pilules non remboursées contenant du désogestrel dont aucune étude ne montre ni la supériorité ni l'innocuité par rapport au levonorgestrel remboursé ; le manque d'informations lors de la délivrance de la pilule contraceptive (et j'avoue : les médecins généralistes sont aussi coupables) de la possible utilisation de la pilule du lendemain et dans quelles conditions le faire... Cela dit, les conditions dans lesquelles se pratique l'IVG en France, de plus en plus de difficultés, accueil "moyen", paiement d'honoraires supplémentaires, devraient inciter les femmes à prendre plus de précautions : la mauvaise volonté des GOF n'y fait rien : les femmes veulent avorter.
- Gardasil et les frottis du col vaginal. Cette histoire est complexe. Il semble que la majorité des GOF se soit engouffrée dans l'idéologie Gardasil sans se poser beaucoup de questions. Des non gynécologues ont pourtant écrit, ce qui aurait dû flatter l'ego de cette profession, que les frottis sont plus efficaces que le gardasil. Mais non ! Les GOF sont pour. Il est vrai qu'ils croyaient tellement peu à la valeur de leurs frottis que lorsqu'il a été décidé, sur la foi d'essais cliniques avérés qu'un frottis tous les deux ans suffisait, ils ont poussé des cris d'orfraie : les femmes françaises allaient ne plus être suivies !
- Le dépistage du cancer du sein. Non contents de ne pas savoir que le dépistage systématique du cancer du sein par la pratique de la mammographie a un intérêt limité (et notamment pas de diminution de la mortalité globale) les GOF en font plus ! Et pratiquent le dépistage sauvage, dès 40 ans, dans leurs cabinets. Qui pourrait leur reprocher, pensent-ils en toute sincérité, de faire de la prévention, la BA reconnue de la médecine moderne qui-fait-gagner-de- l'argent-et-qui sauve-des-vies ?
Bon, à trop vouloir prouver...
Références -
(1) http://www.europeristat.com/
(2) Sheldon T. Perinatal mortality in Netherlands third worst in Europe. BMJ 2008;337:a3118 http://www.bmj.com/cgi/content/full/337/dec23_1/a3118
(3) Dossier de presse Inserm http://www.europeristat.com/bm.doc/france-highlights.pdf
Vous écriviez : "Mais revenons à nos moutons : les gynéco-obstétriciens sont-ils en déshérence ?"
RépondreSupprimerVous emboîtant le pas, je mentionne un lien vers un texte de Jacques Testart publié le 16 juin 2012 sur son blog et intitulé "La procréation surmédicalisée": http://jacques.testart.free.fr/pdf/texte906.pdf
"La substitution généralisée des hormones gonadotropes naturelles par des molécules issues du génie génétique a constitué une source importante de bénéfices pour l’industrie pharmaceutique. Pourtant rien ne montre que les hormones urinaires (hMG et hCG) précédemment utilisées pour stimuler les ovaires seraient moins efficaces ou plus dangereuses que les hormones recombinantes fabriquées par des cellules transgéniques de hamster,lesquelles se sont imposées avec un coût multiplié par 3 ou 4. Notre Sécurité sociale assumant toutes les dépenses liées à la stérilité, la France a été dans les années 1980-90, le laboratoire de choix où quelques multinationales ont testé ces molécules sur les patientes en fivète. Et c’est largement grâce aux publications de nos gynécologues, dont les congrès somptueux étaient financés par les mêmes industriels, que le marché des gonadotropines recombinantes s’est imposé dans le monde.En 2002, j’avais protesté auprès de la bureaucratie du médicament contre le coût abusif de ces molécules non nécessaires, sans succès"
En note, Testart précise : "Mon échange de courrier avec la CNAM (JM Spaeth) puis l’AFSSAPS (JH Trouvin) a permis la reconnaissance par l’administration de l’ absence de tout avantage (efficacité,tolérance, sécurité d’emploi, sécurité virale) des hormones recombinantes par apport aux hormones urinaires. Le Comité économique des produits de santé fut alors interrogé pour justifier le prix accordé à ces molécules sans avantage mais largement distribuées et intégralement remboursées. On attend la réponse depuis 10 ans."
Pourquoi parler du scandale du syndrome de l'anti-convulsivant ? Pour deux raisons simples :
RépondreSupprimer1- les connaissances autour des effets tératogènes du valproate de sodium remontent au début des années 80, mais ne sont prises en compte en France qu'en 2008 !
2- encore aujourd'hui, de nombreuses femmes donnent naissance à des enfants atteints par manque d'information.
http://apesac.free.fr/articles.php?pg=art18