Monsieur D vient me voir hier parce qu'il a de la fièvre et qu'il tousse. Il me dit : je crois que c'est la tuberculose qui recommence.
Ce patient est venu consulter (pour la première fois) en septembre 2008, accompagné par son oncle qui est éducateur de rue au Val Fourré. Il tousse et il a de la fièvre et il fait partie d'un groupe de jeunes dont l'un d'entre eux a attrapé la tuberculose, le sujet initial est bacillifère, et l'a transmise à plusieurs personnes de cette bande.
Je passe sur les détails : IDR > 15 mm, radiographie de thorax "parlante".
Je téléphone dans le service de pneumologie et il est hospitalisé, traité, et on le lâche dans la nature au bout de sept jours (parce que, selon lui, il faisait trop de bruit dans sa chambre avec ses copains...).
Je le revois donc en mars 2009. Il a reçu rifater / dexambutol pendant trois mois puis, plus rien.
Il n'a eu aucun contrôle sanguin, il n'a pas eu de contrôle radiographique (le scanner n'avait pu être programmé dans les sept jours d'hospitalisation !). Il s'est rendu à une consultation de pneumologie à l'hôpital et, convoqué à 14 heures, il a été oublié dans une salle d'attente et il est parti à 16 heures sans avoir vu quiconque.
Je constate dans le dossier que j'ai reçu une lettre de l'hôpital (signée d'un assistant) huit jours après son départ du service, lettre dans laquelle j'étais informé correctement, dans laquelle il était convenu que le patient ferait des contrôles sanguins et qu'il serait convoqué trois semaines après.
Passons sur l'épisode de la consultation sur lequel je reviendrai.
J'apprends ceci : le patient est sorti de l'hôpital sans ALD (prise en charge à 100 % des frais occasionnés par la tuberculose) ; on ne s'est pas occupés du fait, à l'hôpital, qu'il devait avancer l'argent pour acheter les médicaments (ce n'est que secondairement qu'il a pris une mutuelle ; il est élève d'un lycée professionnel) ; on ne s'est pas inquiété du fait de ne pas l'avoir revu.
J'appelle le coordinateur de la lutte antituberculeuse sur M et lui dit ce que je pense (j'ai déjà écrit un courrier dans ce service pour signaler le fait qu'une ALD provisoire - six mois- pouvait être demandée pendant l'hospitalisation avant que le médecin traitant ne fasse la démarche. Je remarque, en passant, que dans certains services parisiens de l'APHP, des demandes d'ALD préremplies sont envoyées au médecin traitant pour qu'il puisse adresser la demande en urgence à la CPAM...) et il est très évasif. Il n'aura un rendez-vous que le 20 avril prochain !
Quant au jeune homme, plutôt de bonne constitution, il a été choqué qu'on puisse le convoquer et le faire mariner deux heures.
Quelques réflexions :
- La coordination hôpital médecin traitant est à revoir (mais on donne désormais le droit au pharmacien de faire les déclarations d'ALD : chic !)
- Le plan anti tuberculose n'est pas au point à M
- Mais surtout : Un jeune homme du Val Fourré n'accepte pas de devoir attendre deux heures sans information dans une salle d'attente au mépris de tout principe. Pourquoi les autres patients, plus informés ?, acceptent-ils d'être convoqués à huit heures et demi du matin pour ne passer qu'à quatorze heures ? Est-ce le droit des malades ou le droit des salariés de l'hôpital qui prévaut ?
A plus.
Juste pour vous dire que je trouve votre blog très intéressant.
RépondreSupprimerBonne continuation.
Merci sarah.
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