vendredi 18 décembre 2009

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PROFESSEUR DIDIER HOUSSIN, DIRECTEUR GENERAL DE LA SANTE

Monsieur le Directeur Général de la Santé,

En tant que médecin généraliste exerçant depuis trente ans, c'est-à-dire simple médecin praticien, non expert en virologie, non expert en Santé Publique, tentant dans ma pratique de tenir compte à la fois des données de la science, de mon expérience clinique et sociale et des valeurs et préférences de mes patients, je vous écris pour vous signifier que je ne respecterai pas le communiqué DGS – Urgent du 10 décembre dernier (Nouvelles recommandations sur la prise en charge des patients grippés).

En effet, la Direction Générale de la santé, dont vous êtes le Directeur, me recommande à la fois de prescrire de l’oseltamivir à doses curatives à tous les patients présentant une grippe clinique (dont vous modifiez à l’occasion les critères diagnostiques cliniques en les simplifiant à l’excès) et de façon préventive aux sujets à risque (risque dont la définition a changé plusieurs fois) ayant été en contact étroit (les critères de ce contact étroit ont également été changés) avec une personne grippée (sic) selon un protocole dit préemptif à doses curatives et hors AMM.

Cette recommandation a comme valeur celle d’un accord professionnel puisqu’elle ne s’appuie, dans votre communiqué, sur aucune référence scientifique publiée, sauf bien entendu, j’imagine pour le traitement préemptif, la notion d’émergence de résistances à l’oseltamivir que vous niiez jusqu’à présent contre toute évidence. J’imagine que si vous possédiez des informations confidentielles d’un haut niveau de preuves que j’ignorerais, vous n’auriez pas manqué de m’en faire part.

Ma détermination à ne pas respecter cette recommandation est confortée par le fait que, contrairement à ce que vous écrivez, à savoir la progression de la pandémie, le nombre de cas de grippes cliniques (sic) diminue et que le virus A(H1N1)v n’est retrouvé ces dernières semaines que dans 54 % des prélèvements effectués par le réseau GROG dans le cas de syndromes grippaux isolés. Par ailleurs vous décidez dans le même temps et contre toute logique (puisque vous arguez sur l’augmentation des hospitalisations et des formes graves) que les prélèvements naso-pharyngés à titre diagnostique ne seront plus pratiqués et que les enfants de moins de un an ne seront plus adressés dans une consultation hospitalière dédiée et surveillés de façon rapprochée en milieu hospitalier lorsqu’ils seront traités par oseltamivir.

Je décide donc que je garderai ma liberté de prescription (et, en l’occurrence, de non prescription) et que je continuerai de prescrire ou de ne pas prescrire un antiviral en me fondant sur les principes de la Médecine par les Preuves qui conduisent les relations que j’entretiens avec mes patients dans les différents domaines de la pathologie où j’interviens.

Bien confraternellement.

Docteur Jean-Claude GRANGE

3 commentaires:

  1. Je ne suis pas votre patiente, mais j'approuve votre démarche.

    Merci pour les usagers, de la part d'une patiente.

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  2. Bien dit !
    C'est surprenant mais, depuis quelques temps (à vue de nez, depuis l'hospitalisation de notre Johnny national), c'est silence radio et encéphalogramme plat du côté de la communication sur la grippe ! plus de décompte jour après jour des nouveaux morts, plus de reportages dans les vaccinodrômes (sont ils d'ailleurs ouverts pendant les fêtes ?? on n'en sait fichtre rien) ... y'a du mou à la santé !

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  3. Le 9 janvier 2013 le collectif Quatuor Network publiait sur Youtube une intervention de Peter Doshi au sujet du Tamiflu : http://www.youtube.com/watch?v=CU3PsTd5Bg0

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