Xavier Bertrand est un homme politique français qui a promis de mettre de l'ordre à l'Afssaps après le scandale du Mediator. Cet homme intègre a même décidé de s'abonner à Prescrire (enfin, aux frais de la République). Et ce matin, notre Joseph Prudhomme, notre Saint-Jean Bouche d'Or, notre arbitre des élégances scientifiques, répondait aux questions de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1. Interrogé sur le problème de l'IVG chez les adolescentes, il a récité son argumentaire et il nous a affirmé avec une conviction expertale digne de Roselyne Bachelot défendant la vaccination dans les gymnases que la raison principale de la non diminution des IVG était le non remboursement des pilules de troisième génération, qu'il a appelées "minidosées" (sic), et qu'il s'agissait, ce non remboursement, d'un problème de Santé Publique ! Si vous êtes incrédules vous pouvez écouter ceci ICI entre 7 minutes et 3 secondes et 8 minutes et 29 secondes. Il est vrai que la question avait été amenée par le journaliste dont personne n'ignore qu'il est un spécialiste de la brosse à reluire.
De ces propos "scientifiques" nous retiendrons :
- Que les experts de la contraception sont tout aussi sponsorisés que l'étaient les experts de la grippe
- Que les collaborateurs de Xavier Bertrand ne lisent toujours pas Prescrire.
Pour ceux qui veulent des avis éclairés sur la question, ils peuvent :
- S'abonner à Prescrire
- Lire plus modestement ce que j'écrivais sur les pilules non remboursées sur ce blog et de l'inintérêt du desogestrel : LA.
Comment faire confiance à un pareil gogo ?
Comment faire confiance à un visiteur médical qui parle de Santé Publique ?
Qui va réagir au niveau professionnel ?
PS - Je rajoute ceci le 13 mars 2011 (grâce à Jean Lamarche) : Xavier Bertrand, selon un document que je ne peux vous joindre pour des raisons d'abonnement et de confidentialité (APM international), a décidé (c'est lui qui décide de l'Agenda des Assises du Médicament ?) que la question du remboursement des pilules dites de troisième génération (c'est moi qui commente) sera mis à l'ordre du jour de ces Assises. Sidérant ! Voir le sujet des Assises du Médicament dans un autre post : ICI.
Chacun sait ce qu'il en est du "paradoxe français". Un des meilleurs taux de recours à la contraception d'Europe, avec une très nette prédominasse de la pilule(57%) et malgré cela, et des campagnes régulières de sensibilisation un nombre d'IVG qui reste stable autour de 220 000 avec 1 avortement pour 3 naissances; une femme sur 3 enceinte qui a une grossesse non désirée, et ces grossesses non désirées survenant 2fois sur 3 chez des femmes sous contraception.Une augmentation des IVG chez les mineures malgré une démocratisation de la contraception d'urgence.
RépondreSupprimerBref. Le problème ne se limite certainement pas à une histoire technique de pilule plus ou moins performante. Il s'agit d'un problème de santé publique et de dialogue entre le médecin et les patientes.
Encore un exemple où la surestimation de l'importance de la "technique" a abouti à des effets contre-productifs en faussant l'approche du problème et son appréhension par les médecins.
CMT
@CMT
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire. La Santé Publique, ce n'est malheureusement pas souvent un dialogue médecin patient car les influences externes sont fortes : experts, media.
Pour l'IVG, j'essaierai de développer une autre fois en ajoutant des données comme celle de l'enfant désiré et de tous les moyens pour y aboutir ; ainsi que le problème, à mon sens crucial, de la "division de la conscience" pour ce qui est du respect de la vie, ainsi encore que celle de la notion assez difficile à comprendre, vu de Sirius, du droit des femmes à disposer de leur corps. Car, vous l'avez dit, les problèmes techniques ne sont pas tout ; encore que le niveau de connaissance des moyens contraceptifs est, selon mon expérience, trop faible et associé à des croyances assez difficiles à modifier tant du point de vue médical que sociétal.
A +
Bien sûr, vous avez raison. Il y a plusieurs niveaux d'analyse.
RépondreSupprimerJe en voulais pas dire que les moyens techniques ne servent à rien. Je voulais dire plutôt que le décalage entre une utilisation très importante de la pilule et l'absence de d'effets sur le nombre d'IVG (c'est tout de même l'objectif ultime recherché) montre:
1) que les médecins, formés par l'industrie pharmaceutique surestiment le pouvoir des moyens techniques et médicamenteux par eux mêmes et croient qu'administrer un traitement produit des résultats automatiquement. Ce n'est pas un scoop je crois.
2) que ces mêmes médecins, formés par les mêmes et payés à l'acte (ça aggrave leur cas) ont une nette tendance à chercher à gagner du temps et à se comporter comme des épiciers: "Vous me filez le chèque (ou la carte vitale) je vous file votre médoc", sans plus de tentative pour essayer de comprendre les besoins de la patiente qui se trouve en face d'eux.
3)pour avoir pratiqué l'éducation à la sexualité dans les collèges, je sais bien que les ados sont très très mal informés (voire sont totalement déformés) par les médias au sujet de leur sexualité et de ce qui va avec. C'est normal si on laisse toute la place aux médias qui cherchent à leur vendre quelque chose, et non pas à les informer ou à les éduquer sur ce sujet.
Voila le sens de mon propos.
CMT
Je me permets de vous signaler le PS que j'ai rajouté ce jour dans le corps du Post
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