samedi 5 novembre 2011

Arrogance protocolaire : une (presque) consultation. Histoire de consultation 101.


Il y a environ trois jours Monsieur A, 71 ans, me téléphone du Sénégal. Il veut savoir ce qu'il doit faire. Je regarde son dossier rapidement pendant ma consultation et je lui dis que je vais regarder l'affaire et que je le rappellerai.
Monsieur A est retourné définitivement en Afrique. Peu importe, ce n'est pas le propos, il a travaillé chez Renault et patali et patalo, il a pris une retraite méritée.
On lui a découvert un myélome (Ig kappa) il y a deux ans. Il a été traité en France par le service d'hématologie de Chic-city, il a eu plusieurs cures puis il a décidé, les hématologues lui disant qu'il allait bien, de continuer sa retraite à Dakar.
J'appelle donc le service d'hématologie pour parler au docteur B, une femme, on me dit qu'elle a changé d'hôpital et on me passe sa remplaçante, le docteur C, une autre femme (pourquoi y a-t-il autant d'hématologues femmes ?), qui se montre aimable comme un protocole de chimiothérapie.
On me répond de façon très désagréable : 1) Pourquoi appelez-vous ? 2) Pourquoi le malade est-il parti en Afrique ? 3) Pourquoi me demandez-vous cela ? 4) Vous ne savez pas quel bilan on demande ? 5) Je vais quand même vous le dire...
Merci Madame.
Ainsi, un médecin traitant téléphone dans un service hospitalier pour savoir ce qu'il doit proposer comme suivi à un patient parti à l'étranger (on se demande d'ailleurs pourquoi dans le dernier courrier de l'hôpital où il était noté que le patient partait au Sénégal il n'est fait allusion à aucune surveillance particulière... à l'attention du malade ou du médecin traitant) il se fait recevoir comme une merdre de bas étage, comme si ce qu'il demandait était une évidence absolue, avec, à la fin, la phrase magique "Il y a un protocole." Je devais donc connaître le protocole...
Il est vrai, mais l'on ne m'y reprendra plus, du moins pour ce service, qu'il suffisait de google-iser pour trouver sur le site de la COFER (Collège Français des Enseignants en Rhumatologie), au chapitre Myélome multiple (ICI), le paragraphe de surveillance qui disait ceci :
Pour le suivi biologique, les examens nécessaires sont : l'électrophorèse des protides sériques, la protéinurie des 24 heures et l’immunoélectrophorèse des protéines urinaires, mais on surveillera également la créatinine, la calcémie et l’hémogramme.
Il se trouve que le docteur désagréable ne m'a pas dit exactement cela, il y avait des trucs en plus et des trucs en moins... Mais, bon, le COFER, c'est quand même pas des GRANDS hématologues qui connaissent les protocoles mais pas la médecine, vous savez, ce truc à la con où il y a une relation médecin malade, ce truc bizarre où les malades ne sont pas des numérations mais... Je m'arrête là, je vais être colère...
J'ai rappelé Monsieur A et nous allons organiser la surveillance avec le CHU à Dakar (je suis un incorrigible soumis à l'autorité) pour que l'on soit certain de la qualité des examens et pour qu'il puisse un peu se faire rembourser.

4 commentaires:

  1. La COFER est le Collège français des enseignants en rhumatologie.

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  2. @ Eveillard. Merci, je ne ferais pas de plaisanterie sur ton Eveil documentaire.

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  3. Pour les protocoles de suivi, les bilans initiaux ou d'extension des pathologies néoplasiques, j'utilise, en consultation, l'excellent site http://www.oncolor.org
    L'information est claire, synthétique, validée et mise à jour.

    Amicalement !
    Michel Arnould

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  4. @ Michel. Merci, je connaissais Oncolor (c'est normal c'est toi qui me l'avais indiqué !), mais l'information spécifique que je recherchais en était absente. Je ne dirai rien sur les protocoles d'oncologie que je confierais volontiers (malgré mon aversion pour le tout fait) à un ordinateur intelligent type Hal.
    Amitiés.

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