C'est la mode des réseaux, je veux dire : des réseaux de soin.
Il y a aussi la mode de la multidisciplinarité, c'est dans le même genre.
C'est aussi la mode des déserts médicaux.
Un conseiller ordinal (le vice président du Conseil National de l'ordre des médecins), Jacques Lucas (ICI, via twitter) pense que la solution aux déserts médicaux, ce sont les réseaux.
Je le cite "... les jeunes générations ne veulent pas exercer de façon isolée. Cela n'est pas spécifique aux médecins ni même aux seules professions libérales. Les jeunes médecins veulent retrouver "en ville" le travail "d'équipe de soins" qu'ils ont connus pendant leur cursus hospitalier de formation... En bref : il faut créer un réseau territorial, entre médecins et autres professions de santé, ne laissant plus un praticien isolé avec des contraintes insupportables."
Il est possible que Jacques Lucas ait raison d'interpréter ce que veulent les djeunes médecins.
Personnellement, si je me suis installé en ville, il y a des lustres (le 5 septembre 1979), c'était justement pour fuir l'hôpital, sa hiérarchie, ses mensonges, son larbinat, son mépris des malades, son ignorance condescendante du "petit personnel", sa dictature des chefs, sa soumission à l'autorité, son arrogance, ses avis d'expert, sa collusion avec l'industrie pharmaceutique, ses mains au cul, et j'en passe.
Mon refus était aussi lié à ce que l'hôpital m'avait rejeté comme non conforme intellectuellement, j'avais raté trois fois l'internat de Paris, et, seul de ma sous colle, j'avais dû quitter le sérail. De la déception, probablement.
Croire qu'il était facile pour les jeunes médecins généralistes de s'installer en 1979 est aussi une erreur manifeste : il était très difficile de "faire" une clientèle nouvelle, il était très cher d'en acheter une, les médecins installés avaient la volonté farouche de garder leurs patients et de ne donner que des miettes aux nouveaux.
Travailler en réseau n'est pas une panacée.
L'expérience actuelle que j'ai des réseaux ou des pseudo réseaux me fait dire ceci : 1) cela soulage effectivement l'exercice quotidien (en cas de fin de vie à domicile, notamment) mais cela augmente les contraintes (réunions en soirée, réunions de coordination devenues lassantes et peu contributives) ; 2) j'apprends beaucoup de choses en tout début de participation mais il me semble que j'ai vite fait le tour (cela mériterait une formation pratique de deux heures une fois pour toutes) ; 3) cela me replonge dans les compromis hospitaliers et les situations intenables (cf. supra) que j'avais voulu fuir ; 4) il faut choisir à quel réseau appartenir car participer à tous revient à ne plus rien faire tellement ils sont dévoreurs de temps ; 5) appartenir à fond à un réseau signifie se spécialiser, ce qui ne me semble pas une bonne idée : l'exemple des réseaux toxicomanies me laisse un très mauvais souvenir ; 6) je préfère désormais appartenir au réseau de la médecine générale, réseau informel où ce sont les médecins généralistes qui tentent de mener le jeu.
Notre vice président du CNO, au lieu de s'interroger sur la faillite de l'hôpital, sur la faillite de l'enseignement de la médecine (générale) à l'hôpital, sur le numerus clausus aberrant, sur comment combattre les contraintes insupportables qui pèsent sur les médecins de ville, va de l'avant dans le sens de la mode des réseaux qui sont, aussi, parfois, des contraintes insupportables et des bras armés de l'incompétence administrative hospitalière transportée hors les murs.
Les réseaux sont, in fine, la reprise en main par les experts auto désignés hospitaliers, dont je ne nie pas les qualités pour ceci ou cela, de la médecine de ville décentralisée. La reprise en main manu militari de nos pratiques. Je m'explique : c'est dans le cadre de ces réseaux organisés en fonction d'une stratégie industrielle et marketing appelée en anglais le disease management, que la normalisation des pratiques s'exerce avec, en dépit et / ou contre les valeurs et les préférences des patients (voir ICI un rapport de l'IGAS écrit à l'eau tiède). Avec, en sus, ce n'est pas tout à fait le sujet mais il existe des zones de recoupement, la mode de l'Education thérapeutique. Qui pourrait critiquer l'Education thérapeutique ? Moi.
L'Education thérapeutique fait partie des tartes à la crème de la médecine "moderne". Car la modernité passe, sans nul doute, par tous ces mots plastiques (au sens illichien) qui ont perdu tout signifiant et tout signifié. On les a prononcés et / ou écrits et on a tout (rien) dit. Disons, et je vous propose d'écouter auparavant cette petite video sur l'Education thérapeutique où Dany Baud nous explique l'essentiel (ICI), que l'Education thérapeutique n'est pas faite pour que les patients prennent leurs médicaments mais pour qu'ils vivent leur maladie (conception industrielle vs conception EBM). Nous y reviendrons peut-être un jour.
Je peux donner des exemples qui se situent en amont, au coeur ou en aval des pathologies.
Disons, en introduction, que, selon moi, les réseaux ressortent de l'idéologie et de la pratique des groupes de conviction. On réunit des gens autour d'un animateur (expert) qui fait semblant de laisser les participants s'exprimer sur un sujet (la prise en charge des patients diabétiques, par exemple) et qui fait "accoucher" le groupe (c'est pourquoi on parle aussi de maïeutique) d'une pensée commune, évidente, de bon sens et opérationnelle. Les firmes utilisent les groupes de conviction pour vendre leur politique interne à leurs employés qui leur permettront de vendre la politique externe (argumentaire) aux clients (prospects). Vous traduirez en bonne médecine.
Le réseau diabète, par exemple, est sous l'autorité expertale du diabétologue de l'hôpital, ce qui signifie donc qu'il n'y a jamais de prescriptions de metformine en première intention, jamais de glibenclamide mais toujours du servier (du diamicron pour le diabète et du perendopril pour le rein), de la glitazone, du victoza et autres produits non évalués, sans compter monsieur tahor de chez pfizer et madame crestor de chez je sais plus qui ; la diététicienne (j'aime les diététiciennes parce qu'elles sont toujours tellement aimées par les patients, tellement propédeutiques, tellement je change d'avis tous les deux ans, tellement je suis pleine de bon sens, tellement politiquement correcte,...) ; l'infirmière pour l'insuline (avec le lecteur de glycémie à la dernière mode muni de consommables hors de prix...) ; le cardiologue dont les objectifs de PA sont de plus en plus bas, les objectifs de LDL inférieurs à 0,7 ; l'ophtalmologiste qui a le laser facile... ; ne parlons pas du néphrologue qui a longtemps préconisé le double blocage (IEC + IRA) sans beaucoup de raisons ; le podologue dont je ne dirai rien ; j'ai oublié quelqu'un ? Oui : le médecin généraliste qui cherche sa place et qui pourrait faire tout cela très bien tout seul une fois deux ou trois "trucs" pratiques appris. Mais surtout : le problème du diabète sucré est celui de la malbouffe et du poids de Big Food dans la société. Ainsi sommes-nous positionnés en fin de chaîne pour tenter de colmater les brèches induites par les comportements alimentaires malsains induits par l'alimentation industrielle. Je ne crains pas de me faire appeler hygiéniste si c'est ainsi que l'on appelle les gens qui n'acceptent pas le n'importe quoi alimentaire. La dépénalisation des graisses, du sucre et du sel est pourtant une des principales causes de la mise en réseaux des patients diabétiques.
Le réseau fin de vie ou soins palliatifs à domicile est un contre exemple positif car il a une fonction majeure dans la prise en charge des patients qui ne veulent pas d'autres soins que des soins de confort. Je le propose systématiquement à mes patients ou aux familles qui en font la demande. Mais, en ce cas, je me sens vraiment comme un médecin généraliste s'occupant d'un patient et non un spécialiste s'occupant d'une pathologie qui s'appellerait la fin de vie.
Le réseau cancer est plutôt une société savante oncologique qui fait le don de quelques miettes de son savoir aux médecins généralistes qui s'y égarent car soumis aux Diktats des traitements chers et inutiles.
Je crois donc que le système des réseaux est une fausse bonne idée.
Les réseaux reformulent la hiérarchisation hospitalière en élargissement le territoire de l'hôpital à la ville.
Les réseaux favorisent la pensée unique de prise en charge des patients selon la doxa hospitalo-universitaire (ah, la noria de personnel hospitalier déboulant au domicile des patients comme s'il s'agissait d'une chambre d'hôpital, d'une salle de repos ou d'une pharmacie ; l'hôpital devrait au contraire prendre exemple sur la pudeur du généraliste entrant au domicile d'une personne âgée, sur la pudeur des infirmières libérales, sur la pudeur des kinésithérapeutes, sur la pudeur des assistantes sociales...)
Les réseaux diluent la responsabilité. On ne sait plus qui fait quoi et quoi fait qui : le médecin généraliste perd "son" patient dans les méandres de l'administration hospitalière... Et on est coincés par les membres du réseau comme les hospitaliers sont coincés par leurs collègues : on ne peut se défaire du mauvais diabétologue, on ne peut se défaire de la mauvaise infirmière, de la mauvaise aide-soignante, du mauvais kiné ou... du mauvais généraliste. Le patient suivi pour un diabète sera adressé à un chirurgien à qui on n'envoie jamais de malades, à un cardiologue qu'on n'aime pas, à un ophtalmologiste dont on sait par ailleurs...
Les réseaux, en copiant le disease management industriel, sont une porte d'entrée facile pour Big Pharma et pour Big Materiel qui investissent la pharmacie de l'hôpital ou de la clinique et le tour est joué... bien que le médecin généraliste puisse prescrire ce qu'il veut... sous les conseils du réseau. Avec la possibilité offerte dans le cadre de la toujours bienveillante prévention de chasser les pré maladies et de faire du disease mongering (ICI).
Les réseaux, enfin, n'ont jamais fait la preuve de leur efficacité (des exemples récents sur le diabète en témoignent LA), encore moins de leur efficience et le chapitre coût-efficacité est un secret de polichinelle : ça coûte la peau des...
Je n'aime pas les réseaux.
Sera-ce une solution pour les déserts médicaux ? J'en doute. Mais je n'ai pas beaucoup abordé le problème spécifique des déserts médicaux.
Un peu de provocation avant de conclure : les déserts médicaux existent-ils ? Et, s'ils existent, qui les a organisés et qui feint de croire que l'on pourra faire quelque chose ?
Le réseau fin de vie ou soins palliatifs à domicile est un contre exemple positif car il a une fonction majeure dans la prise en charge des patients qui ne veulent pas d'autres soins que des soins de confort. Je le propose systématiquement à mes patients ou aux familles qui en font la demande. Mais, en ce cas, je me sens vraiment comme un médecin généraliste s'occupant d'un patient et non un spécialiste s'occupant d'une pathologie qui s'appellerait la fin de vie.
Le réseau cancer est plutôt une société savante oncologique qui fait le don de quelques miettes de son savoir aux médecins généralistes qui s'y égarent car soumis aux Diktats des traitements chers et inutiles.
Je crois donc que le système des réseaux est une fausse bonne idée.
Les réseaux reformulent la hiérarchisation hospitalière en élargissement le territoire de l'hôpital à la ville.
Les réseaux favorisent la pensée unique de prise en charge des patients selon la doxa hospitalo-universitaire (ah, la noria de personnel hospitalier déboulant au domicile des patients comme s'il s'agissait d'une chambre d'hôpital, d'une salle de repos ou d'une pharmacie ; l'hôpital devrait au contraire prendre exemple sur la pudeur du généraliste entrant au domicile d'une personne âgée, sur la pudeur des infirmières libérales, sur la pudeur des kinésithérapeutes, sur la pudeur des assistantes sociales...)
Les réseaux diluent la responsabilité. On ne sait plus qui fait quoi et quoi fait qui : le médecin généraliste perd "son" patient dans les méandres de l'administration hospitalière... Et on est coincés par les membres du réseau comme les hospitaliers sont coincés par leurs collègues : on ne peut se défaire du mauvais diabétologue, on ne peut se défaire de la mauvaise infirmière, de la mauvaise aide-soignante, du mauvais kiné ou... du mauvais généraliste. Le patient suivi pour un diabète sera adressé à un chirurgien à qui on n'envoie jamais de malades, à un cardiologue qu'on n'aime pas, à un ophtalmologiste dont on sait par ailleurs...
Les réseaux, en copiant le disease management industriel, sont une porte d'entrée facile pour Big Pharma et pour Big Materiel qui investissent la pharmacie de l'hôpital ou de la clinique et le tour est joué... bien que le médecin généraliste puisse prescrire ce qu'il veut... sous les conseils du réseau. Avec la possibilité offerte dans le cadre de la toujours bienveillante prévention de chasser les pré maladies et de faire du disease mongering (ICI).
Les réseaux, enfin, n'ont jamais fait la preuve de leur efficacité (des exemples récents sur le diabète en témoignent LA), encore moins de leur efficience et le chapitre coût-efficacité est un secret de polichinelle : ça coûte la peau des...
Je n'aime pas les réseaux.
Sera-ce une solution pour les déserts médicaux ? J'en doute. Mais je n'ai pas beaucoup abordé le problème spécifique des déserts médicaux.
Un peu de provocation avant de conclure : les déserts médicaux existent-ils ? Et, s'ils existent, qui les a organisés et qui feint de croire que l'on pourra faire quelque chose ?
PS du 17/06/12 Les Suisses votent massivement contre les réseaux de soins http://www.rts.ch/info/suisse/4070154-les-suisses-s-opposent-massivement-aux-reseaux-de-soins.html
Je ne peux qu'adhérer totalement à ces propos.
RépondreSupprimerLe réseau diabète du département, au budget pharaonique, réussi a proposer aux patients la prise en charge d'une à deux consultations de pédicure et quelques séances "d'éducation alimentaire".
La pression hospitalière y est énorme, du même type que celle décrite.
C'est amusant : je voulais tweeter un message listant les concepts à la mode qui m'énervent « grave » en ce moment : les réseaux, les déserts médicaux, le burn-out des médecins, les maisons de santé pluridisciplinaires ! Tu m'as coupé l'herbe sous les pieds :-)
RépondreSupprimerC'est exactement ça, c'est très bien dit et absolument terrifiant. Selon le principe habituel: PUISQUE C'EST DE LA MERDE, ça plaira aux décideurs....
RépondreSupprimer"... le podologue dont je ne dirai rien..."
RépondreSupprimervous en avez trop dit ou pas assez alors!
Finalement, le réseau de podologue / infirmier / cardiologue / etc., on ne peut pas se le constituer nous même ?
RépondreSupprimerJe précise que je suis remplaçant et que je n'ai pas l'expérience des réseaux institutionnels.
Très intéressant. Je n’avais pas vu les choses comme-ça mais la démonstration est convaincante. Et effectivement le rapport de l’IGAS fait peur. Les réseaux semblent bien être une avancée à marche forcée vers une normalisation totale des soins selon les critères définis par Big Pharma.
RépondreSupprimerPar un effet en trompe l’œil, malheureusement très classique, du à une distorsion délibérée du langage (on utilise le langage comme un cheval de Troie, on prend un mot dont on utilise les résonnances positives, et on le vide pour y mettre un contenu sans aucun rapport avec le sens qu’on lui prête en général) le mot réseau, qui suppose que tous les interlocuteurs sont sur le même plan, et qu’il existe un échange et une réciprocité, ne s’applique, en réalité pas du tout à cette organisation totalement hiérarchique et verticale. On le voit bien dans le rapport de l’IGAS. Les « bons » membres du réseau, s’appliquent à se conformer à la lettre aux recommandations de bonnes pratiques (par exemple dosage de l’HbA1C ou autres dont tu as parlé) et se heurtent à une certaine résistance de la part des « mauvais » médecins avec qui ils tentent de composer tant bien que mal.
Sachant que Big Pharma a désormais délocalisé son QG du cabinet des médecins, jugés peu rentables, dans les couloirs des hôpitaux, où ils peuvent créer les conditions, notamment grâce à la rémunération directe de la participation des médecins hospitaliers à des essais cliniques, pour que des médicaments très chers et inefficaces soient prescrits à tour de bras, le contrôle des réseaux par l’hôpital a de quoi faire peur.
Mon expérience de l’intervention des hospitaliers dans des maladies chroniques est limitée mais déjà pas très positive.
J’ai déjà évoqué cette tendance hautement suspecte à mes yeux, mais qui me semble surtout très délétère pour la santé des enfants, de mettre tout enfant tousseur (après bilan, certes) sous traitement antiasthmatique au long cours et, en particulier, sous corticoïdes inhalés au long cours seuls ou combinés (Flixotide, très à la mode, Symbicort…).
Le pneumologue pédiatrique à qui j’avais posé la question avait été très clair : ce traitement n’influe en rien sur l’évolution ultérieure de l’asthme.
@ Anonyme du 14 juin à 21h13 (vous ne laissez pas d'empreintes de pas...) : je dirai ceci : les soins de pédicurie sont, certes, importants mais font partie du "vitrinage" des réseaux de soins, mais, aussi, parfois dangereux.
RépondreSupprimerLe scénario est malheureusement bien rôdé. Les experts des labos, ceux qui ont droit à des publications dans les revues médicales à grande diffusion, montent au créneau pour sonner l’alerte : les bébés asthmatiques subissent une horrible discrimination, car ils n’ont pas droit au traitement de fond pour l’asthme. Mais qu’est-ce donc qu’un bébé asthmatique ? personne n’avait remarqué l’existence de bébés asthmatiques jusqu’à alors. C’est facile, répondent les experts, c’est tout nourrisson qui présente plusieurs épisodes de bronchiolite (la bronchiolite étant une maladie virale que presque tous les nourrissons contractent à un moment ou à un autre).
RépondreSupprimerL’idée a un peu de mal à passer : mettre des bébés sous traitements lourds, corticoïdes, béta-2 mimétiques et autres atihistaminique au long cours cela choque . Mais qu’à cela ne tienne. Le marché des antiasthmatiques est porteur, beaucoup d’entre eux se trouvent parmi les 30 médicaments les plus vendus, il faut élargir le marché. Alors on augmente la puissance de feu, on multiplie les publications sur l’asthme du nourrisson, signées par des professeurs aux titres ronflants.
Une fois atteinte une masse critique de publications, on peut passer la vitesse supérieure. Les autorités sanitaires entrent en jeu. La HAS publie des recommandations concernant l’asthme de l’enfant de moins de 36 mois (au passage le nourrisson devient un enfant de moins de 36 mois, cela choquera moins, tout est dans la nuance). http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2009-05/asthme_de_lenfant_de_moins_de_36_mois_-_recommandations.pdf
De peur de rater le moindre bébé asthmatique, la HAS ratisse très large et décide qu’est aussi asthmatique tout bébé qui présente une » toux induite par l’exercice, toux
nocturne, toux chronique ou récidivante, toux persistant après une bronchiolite, sifflements
persistants3 »
Les pneumologues hospitaliers entrent en scène, et, du haut de leur autorité dirigent la manœuvre.
Mais la définition clinique de l’asthme est si vague que, finalement, dans le doute, pour certains médecins, tout enfants présentant une bronchiolite ou une toux durant plus de quelques jours est sur la mauvaise pente et justifie d’un traitement par corticoïdes inhalés de plusieurs mois, comme je le vois de plus en plus souvent.
Ouf ! Ca n’a pas été de tout repos mais l’essentiel du message est passé : on n’a plus d’antitussifs pour les nourrissons mais heureusement on a des corticoïdes au long cours.
Les effets délétères de ces procédés sont totalement gommés par des spécialistes d’organes le nez sur le guidon, nourris de publications financées par les laboratoires et qui ne peuvent pas croire une seconde que la dame du labo qui leur paie les croissants dans les réunions de service raconte des bobards.
@ anonyme remplaçant : bien entendu que nous le faisons déjà ! Mais il est possible que nous ne soyons pas assez systématiques ou que certains confrères, dont moi, par moment, ne le soient pas du tout. La perversité de la délégation de tâches, hors réseau, l'insuline et la mesure de la glycémie capillaire par une IDE, nous fait retarder le moment où le patient pourrait se débrouiller tout seul. Il faut être organisé et posséder des outils d'alerte (le plus souvent je n'ai pas besoin de l'informatique pour des maladies comme le diabète aussi fréquentes). Ce qui manque le plus, c'est une réactualisation de nos pratiques en s'adaptant au terrain sur lequel on exerce. Pour un remplaçant c'est forcément complexe. Merci de ce commentaire.
RépondreSupprimerMais pourtant, je pense que des dizaines de milliers de bébés et jeunes enfants prenant des corticoïdes et autres antiasthmatiques pendant des années ce n’est pas anodin.
RépondreSupprimerJe pense à une petite fille, complètement, vaccinée pour la coqueluche, qui a néanmoins présenté une toux persistante. Elle était sous traitement de fond pour l’asthme depuis plusieurs mois (avec une crise inaugurale dans son cas) et on a d’abord augmenté son traitement par corticoïdes, avant de s’apercevoir, au bout de deux mois, qu’elle avait en fait une coqueluche et de la traiter par antibiotiques.
Une autre petite fille, de quatre ans, simplement tousseuse, mais soumise à un traitement de fond depuis plus d’un an, qui a brutalement décompensé un diabète insulino dépendant.
Les corticoïdes inhalés peuvent avoir des effets systémiques, sur le métabolisme et sur la croissance comme indiqué sur le RCP du Symbicort http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/frames.php?specid=67916395&typedoc=R&ref=R0104927.htm
« La corticothérapie inhalée peut entraîner des effets systémiques, en particulier lors de traitements à fortes doses ou prolongés. La survenue de ces effets est néanmoins beaucoup moins probable qu’au cours d’une corticothérapie orale. Il peut être observé une freination de la fonction surrénalienne, un retard de croissance chez l’enfant et l’adolescent, une diminution de la densité minérale osseuse, une cataracte et un glaucome. »
Riche de cette expérience de management de maladie chronique depuis l’hôpital, mon attitude désormais serait plutôt d’éviter d’adresser un enfant qui tousse vers un spécialiste.
@CMT
RépondreSupprimerLe traitement de fond de l'asthme est mis en place surtout pour éviter les décompensations d'un asthme déséquilibré.Plus un asthme est déséquilibré et plus il y aura de répercussion sur la croissance de l'enfant.
Il existe une classification de la maladie asthmatique selon des critères cliniques, débitmétriques et paracliniques ( EFR, pléthysmographie).
Ainsi on peut distinguer asthme intermittent et asthme permanent léger, moyen, sévère.
Il existe malheureusement une augmentation de l'incidence de la maladie asthmatique certainement en relation avec des modifications environnementales ( dont les études restent à faire...).
Un enfant qui présentait un asthme permanent modéré à sévère( relevant d'un traitement de fond à base de corticoïdes inhalés associés à des béta2mimétiques de longue action) il y a 30 ans, passait ses nuits assis sur son lit en se demandant s'il parviendrait à passer le cap...
Encore une fois le traitement mis en place doit être adapté, un asthme intermittent ne relève pas d'un traitement de fond, il doit être graduel ( c'est une ineptie de prescrire des béta 2 de longue action associés à des corticoïdes inhalés pour un asthme permanent léger). Ensuite pour les corticoïdes inhalés, tous n'ont pas la même équivalence "cortisonique", le flixotide étant le plus puissant.Reste le dosage à respecter pour éviter le freinage surrénalien.
On peut effectivement voir des insuffisances surrénaliennes avec des traitements corticoïdes inhalés.
entièrement d'accord pour les réseaux , et pour les déserts médicaux .
RépondreSupprimerLes anonymes, une mode qui m'ennuie...
RépondreSupprimerPas marre de tous porter ce vilain nom ?!
;)
Je n'ai pas besoin d'une éducation thérapeutique pour vivre avec ma maladie. Cela, je le fais toute seule - on a le choix entre vivre avec ou mourir! Ce que j'en ai besoin est l'écoute et le soutien d'un médecin dans les moments difficiles, ses conseils lors d'une crise ou d'un coup de cafard (ras le bol d'avoir cette maladie) mais surement pas un contrôle avec un cahier de charge éventuellement imposant un règlement de vie sans prendre en considération ma personne, mes attentes et souhaits de la vie.
RépondreSupprimerLa seule chose qui serait bien est que les médecins libéraux répondent un peu aux mails de leur patients. En Allemagne, le mot progrès, modernisme, 21 siècle sont écrit en majuscule mais obtenir une réponse suite à un Mail afin de ne pas demander un autre RV de consultation, Rv parfois possible que quelques semaines plus tard, alors que la réponse est urgente et importante dans l'immédiat ( un problème avec un nouveau médicament par exemple) - mais là silence radio! Alors pourquoi l'adresse Mail?! C'est inutile!
Bon samedi à tous
Au moins, il y a encore le pharmacien qui vous conseillent alors un peu. Personnellement, je me borne entre temps à ce que je ressens et pense, tant pis pour la prescription initiale. De toute façon, les risques de prise ou non prise sont les miennes et non celles du médecin.
Bonjour,
RépondreSupprimerSi je comprends bien ce que vous écrivez, le ver (big pharma) serait dans le fruit (réseaux de soins):
Ce mélange symbiotique du génome de l'industrie pharmaceutique et des réseaux aurait effectivement de grandes chances d'accoucher d'une chimère pêchant par sa faible efficience en terme de santé publique.
Les intérêts financiers pourraient polluer ces espaces d'échanges entre professionnels de la santé et les transformer en réseaux de distribution de l'industrie pharmaceutique à but lucratif.
Peut-on faire selon vous l'amalgame entre Sophia et un réseau de soin sous influences?
Si vos écrits, auxquels je souscris, sont fondés, on peut légitimement se demander ce qu'en pensent les associations de patients?
Concernant l'éducation thérapeutique que vous évoquez, je vous propose en complément de votre excellent post celui de Dominique Dupagne:
http://www.atoute.org/n/article121.html
A Chantal :
RépondreSupprimerLe problème est que nous avons plusieurs chantals...
Qui est Il a dit...?
RépondreSupprimerJ'ai posté ici plusieurs fois au cours des derniers mois, je ne em suis jamais rendu compte qu'il y en avait une autre Chantal (surtout habitant l'Allemagne). Je vais changer en Jasmine c'est plus rare, ca ira?
Bon dimanche
@ Chantal. Gardez Chantal, Jasmine, ça fait pilule. On dira que vous êtes une anonyme connue. Bien à vous.
RépondreSupprimer@Docteurdu16: merci. Alors je reste avec Chantal. Je poste assez souvent, sur pas mal de blogs, dont le votre, avec mon point de vue en tant que patiente et aussi comment cela se passe un peu dans un des pays voisins de la France. Je pense que les deux points peuvent être intéressentes.
RépondreSupprimerEn lisant justement, les divers blogs de médécins, je constate que le domaine Santé - médecine - big pharma ont les même soucis et conflits en Allemagne qu'en France. Ainsi, je me pose si ce n#est pas au moins un problème européen, voire un problème mondial.
Bon dimanche et bonne continuation
J'aurais du écrire "chantals"
RépondreSupprimerLe problème de répondre aux emails n'est simple qu'en apparence : lorsqu'on n'a déjà du mal à rappeler les gens par Tél ou de répondre à ces emails privés faute de temps... Si en plus il faut répondre aux emails des patients : quand dort on ?
@OL: alors à quoi sert d'indiquer l'adresse Mail, créer une page Web pour prendre des RV si ensuite il n'y a rien?
RépondreSupprimerAu fond, les moyens de communications se multiplent, en même temps il devait impossible de parler, de communiquer à quelqu'un. Bizare, non? Mais donner un RV pour poser la question et facturer la réponse éventuelle obtenue, ca est possible malgré tout la charge d etravail. Je trouve que c#est un RV inutile au frais de l'assurance de maladie. Au fond, il y a 50 ans, le médecin avait apparemment plus de temps pour répondre. J'ai eu un seul médecin qui répondais aux mails et il avait bien du travail aussi.
Devant ce mur de non-communication, je commence à devenir un "refus de suivre la prescription médicale" à la lettre et faire à ma tête.
La relation médecin/patient est basé sur la communication mutuelle et non via ordonnace et facture! Ca, c'est du commerce - j'achéte et je vends. Or la santé ou la maladie n'est pas une marchandise.
Bonne soirée et agréable semaine
Ps @Docteurdu16: excusez-moi, pour ce comentaire un peu virulent et surtout hors sujet.