Ce que je déteste le plus dans les blogs, ce sont les propositions musicales.
Enfin, une des choses que je déteste le plus dans les blogs non musicaux. Il y en a d'autres mais je me concentre sur ce sujet.
Je suis content d'aller voir le dernier post d'un blogueur que j'aime bien, ou qui a toujours des idées géniales ou qui a un point de vue différent sur la cardiologie, la dermatologie, la médecine générale, ou qui sait lire des articles dont je n'ai jamais entendu parler, ou qui a l'art, sans en avoir l'air, de m'apprendre quelque chose ou d'évoquer dans mon cerveau (les liens inconscients) des sentiments que j'ignore ou de déclencher des connexions inattendues et, tout d'un coup, je lis un post qui sort de son objet et je suis déçu. Mais je ne suis pas encore déçu par le post que je suis en train d'écrire. Le spécialiste de la pose de prothèses biliaires écrit "Quand je pose des prothèses biliaires j'écoute l'adagietto de la cinquième symphonie de Mahler, dirigé, ajoute-t-il, par Bruno Walter" et il fournit un lien YouTube pour l'écouter. Je me perds toujours en conjectures sur cette façon de faire, enfin, je plaisante, je sais interpréter. Je pourrais écrire un post pesant sur la question. Que choisir, qui choisir, comment ce choix fera-t-il de moi un blogueur intéressant, intellectuel, que l'on aura envie d'aimer, cultivé, mais pas trop, cultivé décalé, c'est mieux. Mais je l'ai déjà fait : ICI.
Voici ma pause musicale en forme d'hommage à ces blogueurs mélomanes.
J'ai entendu un jour à la radio Pierre Boulez, le chef d'orchestre et le compositeur que la terre entière nous envie, membre de la Première Division de la Musique Mondiale, dire ne pas aimer le jazz. Il ne s'est pas beaucoup expliqué, le journaliste l'a peu contredit ou interrogé, mais, c'était dit, un avis d'expert, il n'aimait pas le jazz (c'était sur France Culture).
Peu après j'entends à la radio le pianiste de jazz Claude Bowling, dire qu'il déteste le free jazz. Bon, Claude Bowling est un vieux monsieur, un bon pianiste de jazz, plutôt classique, ce n'est pas Martial Solal, il a aussi gagné sa vie en produisant un groupe de variétés, Les Parisiennes, c'était léger et charmant, de la daube, certes, mais charmant et il faut bien gagner sa vie quand on est pianiste de jazz et que l'on fait partie de la troisième division de la Musique de Jazz, loin de Theolonious Monk ou, par exemple, d'Oscar Peterson (mais là, je suis en train de faire ce que je dénonçais plus haut : me mettre en avant en montrant mes goûts ou mes pseudo goûts, je m'arrête) (c'était sur TSF jazz).
Ensuite, je me rappelle que Milan Kundera a écrit nettement qu'il ne trouvait pas à son goût le jeu de Vladimir Horowitz et qu'il le rangeait dans la catégorie du kitsch kundérien (Les Testaments Trahis).
J'ai lu dans son autobiographie Beneath the underdog que Charles Mingus disait reconnaître à la première note si un musicien de jazz était blanc (ce n'était pas un compliment), et j'ai entendu grâce à Alain Gerber sur France Culture que Miles Davis disait à peu près la même chose (ce n'était gentil non plus).
Kundera a aussi écrit qu'il ne comprenait pas qu'on ait fait plus de cas dans la presse mondiale d'un rocker polonais dissident que d'un intellectuel polonais dissident, la musique rock à deux temps étant pour lui l'expression la plus achevée du mauvais goût musical, à l'égal, peut-être, c'est moi qui interprète, de la musique d'ascenseur (en anglais : easy listening) (L'Insoutenable Légèreté de l'Etre).
Un autre jour : je demande à la professeure de piano de mon dernier fils quel est son pianiste (j'entendais classique) favori et elle me répond, presque sans hésitation, Keith Jarrett.
Cette charmante professeure de piano (classique) versaillaise est la plus classique des classiques dans son comportement comme dans ses goûts classiques musicaux (Liszt et Chopin). Et en une seule réponse en forme de choix elle se met à dos (de façon imaginaire) Pierre Boulez, Claude Bowling, Charles Mingus et Miles Davis. Trop fort.
(Photographie : Pierre Boulez. Né en 1925)
Keith Jarret est pour moi le plus grand pianiste actuel, toute musique confondu (et même si j'aime ce que fait Rick Wakeman).
RépondreSupprimerJ'avais tenté d'aborder sa partition du Köln concert... chaud devant !
c'est chouette la musique, qu'elle soit blanche, noire, classique ou rock, qu'elle soit mieux ceci ou moins bien cela, qu'elle soit tribale de tout univers (le rock est-ce tribal) ou pure intellectualisme, on s'en moque.
RépondreSupprimerLes musiciens par contre sont insupportables à médire et à crachoter sur les autres. On dirait des toubibs !
Quant à Kundera, il est superbe dans son domaine mais la médisance sotte n'est pas preuve de génie ...
@ Vincent.
RépondreSupprimerPas d'accord.
Toutes les musiques ne se valent pas.
Qu'il y ait du bon rock et du mauvais jazz. OK.
Qu'il y ait de la daube tribale et du génie baroque. OK.
j'ai sorti de son contexte les propos de Kundera qui écrit à propos du rock : les battements du rock nous rappellent les battements du coeur qui conduisent à la mort.
Bonne journée.
ET DE LA DAUBE BAROQUE ?
RépondreSupprimer@ OL Eh oui : de la daube baroque, cela existe, merci de me le rappeler, et je ne donnerai pas de noms. Trop facile. De mauvais musiciens sur instruments "modernes" devenus géniaux sur instruments "anciens". Ou des chanteurs moyens dans Mozart devenus exceptionnels dans Lully...
RépondreSupprimerLes pauses musicales sont décidément très agréables.
J'ai eut peur un moment que la daube n'était que l'apanage de la musique moderne (rock & co !)
RépondreSupprimerDocteur, ne nous oubliez pas ! ;-)
RépondreSupprimerHélène Collon, Citizen Jazz
http://www.citizenjazz.com
Docteur, ne nous oubliez pas ! ;-)
RépondreSupprimerHélène Collon, Citizen Jazz
http://www.citizenjazz.com