Je publie un texte du docteur Dany Baud qui me paraît essentiel. Je tenterai de le commenter dans le billet suivant.
Télésurveillance obligatoire des patients atteints de
Syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) et traités par ventilation en Pression
Positive Continue (PPC).
Qu’il soit nécessaire de justifier le sentiment
d’indignation suscité par une loi manifestement inique et liberticide place
celui qui s’est trouvé à l’instant indigné dans une situation de totale
incompréhension, doublée si ses pairs ne trouvent rien à redire, de celle de
profonde solitude. C’est dans ces sentiments que m’a plongé cette décision de
placer des individus dont la seule faute était d’être atteint d’une maladie
chronique, sous surveillance électronique comme il est fait par le bracelet du
même nom pour les délinquants. Que certains quels qu’ils soient et quelle que
soit leur position sociale puissent s’arroger le droit de rentrer dans
l’intimité de « la vie des autres » sous prétexte d’avancées techniques
et au seul argument de prétendus avantages économiques est dans un pays
démocratique comme la France parfaitement inadmissible.
Odieux agenda et hidden agendas
Le
SAOS est une maladie caractérisée par des arrêts respiratoires au cours du
sommeil responsables d’une fatigue, d’une somnolence et parfois compliquée de
maladies cardiovasculaires. Ce syndrome est fréquent, il touche 2 à 5% de la population adulte en
France et environ 500 000 patients sont traités par PPC (générateur de débit
d’air délivrant une pression continue
aux voies aériennes supérieures par l’intermédiaire d’un tuyau et d’un masque adapté au nez du
patient). Le traitement est assuré par des prestataires de service (les mêmes
que ceux ayant en charge l’oxygénothérapie et la ventilation à domicile). Il
donne lieu à une dépense importante et croissante estimée à plus de 400
millions d’euros/an, soit 40% du coût total de la liste des produits et
prestations remboursables (LPPR)
pour les maladies respiratoires. L’observance des patients traités par PPC est
bonne et même meilleure que l’observance médicamenteuse constatée au cours des
maladies chroniques (75% versus 50%).
Jusqu’à
maintenant pour bénéficier d’une prise en charge de cette PPC, le diagnostic de
SAOS devait être affirmé par un enregistrement de la respiration au cours du
sommeil (polysomnographie ou polygraphie ventilatoire) et le patient devait
utiliser sa PPC au moins 3 heures/nuit, tracées en mémoire de machine. Le
forfait facturé à la Sécurité Sociale (SS) par le prestataire est actuellement
de 21 Euros /semaine pour un prix de machine difficile à connaître précisément car
variable selon le volume acheté et négocié par ces mêmes prestataires aux
fabricants mais se situant entre 300 et 600 euros sans compter le consommable.
L’achat direct de ces machines est inaccessible aux patients qui de fait sont
captifs du système en place.
Le
renouvellement de cette prise en charge était conditionnée à cette utilisation
minimum de
3
heures par nuit et à la constatation par le médecin de l’efficacité clinique de
ce traitement instrumental. En cas de défaut d’observance persistant, c’est
dans le cadre de la consultation
médicale que le médecin
demandait la suspension du
traitement après concertation avec son patient.
En
pratique, un certain nombre de patients non revus systématiquement par leur
médecin avaient une PPC dont ils ne se servaient peu. La lenteur de
communication de cette information par le prestataire (autrefois tenu à 2
passages par an) et l’absence de réactivité de certains médecins faisaient que
le traitement était suspendu avec retard avec pour conséquence une perte
financière pour les organismes payeurs.
Pour
remédier à ce problème, ces derniers ont imaginé avec les prestataires, les
fabricants de matériels, les hébergeurs de données électroniques, un système de
télésurveillance permettant de suivre en temps réel l’utilisation de la machine
par le patient. C’est dorénavant au prestataire de suspendre le remboursement
du traitement après avertissements et propositions correctives shuntant ainsi
le médecin prescripteur prévenu de la procédure mais mis devant le fait
accompli.
Cette
mesure a fait l’objet d’un arrêté (09.01.13) précisant les modalités de la
télésurveillance et les sanctions progressives en cas de défaut d’observance.
Ce dernier a donné lieu à une
demande d’annulation portée par la fédération des patients insuffisants
respiratoires (FFAAIR) auprès du Conseil d’Etat qui n’a
pas abouti au motif que cette annulation viendrait contrarier l’activité
économique des fabricants de matériel et des prestataires, dont Philips,
Resmed, et le leader mondial des gaz pour l’industrie Air Liquide qui a repris
ces dernières années une partie importante de la prestation notamment
associative et réputée à but non lucratif. Ce premier arrêté a néanmoins été
abrogé du fait que la CNIL n’avait pas
été consultée sur sa
conformité aux lois sur
l’informatique et les libertés. On notera que le fait que seul cet argument
économique ait pu être avancé par les représentants du Ministère de la Santé et
de l’Economie, sans qu’il n’ait jamais été question de l’intérêt des patients,
est pour le moins choquant. Après que cet avis a été donné, un nouvel arrêté a
été promulgué sans changement notable par rapport au premier à quelques détails
techniques prés, la CNIL ne s’étant pas prononcée sur le caractère motivé ou
non de celui ci. Sa mise en œuvre est aujourd’hui effective.
Cet arrêté et son application posent des
questions multiples au plan éthique, juridique et économique. Il est notamment
en contradiction avec la loi de 2002 garantissant les droits des malades.
-En effet cette télésurveillance
inaugure une modification du système de remboursement des soins qui pour la
première fois serait dépendant de l’observance. Réservé aux seuls patients
porteurs de SAOS, il est pour eux discriminatoire, stigmatisant et inégalitaire
puisque non appliqué aux autres types de prestations et aux autres malades.
-Par ailleurs et c’est probablement la
faute inexcusable de cette loi, c’est qu’elle impose au malade qu’elle
brutalise en l’assimilant à un
délinquant potentiel, une sorte de bracelet électronique l’assignant à domicile
ou tout au moins le géolocalisant et enregistrant les détails de ses
nuits : heure de coucher, de lever, durée totale passée au lit. Ces
données sont ensuite récupérées chaque jour par un hébergeur dont le rôle est
de les transmettre à la SS. On imagine facilement quel usage pourrait être fait
de ces informations emblématiques de la vie privée par diverses officines
(assurances, employeurs, police, juges, avocats…).
-Enfin, différents acteurs (fabricants
de matériel, prestataires) viennent par cet arrêté prendre la place du médecin
du patient mettant en péril la relation médecin-malade, seule garantie éthiquement fondée pour décider d’une
prestation médicale et de son arrêt éventuel qu’elle soit remboursable ou non.
Les précédents désastreux sur le plan sanitaire et financier de la vaccination
antigrippale H1N1 organisée par le ministère de la santé en dehors du parcours de soins habituel
et de la relation de confiance entre le patient et son médecin n’a pas servi de
leçon.
Faire
des économies et mieux traiter les patients ?
On
ne peut qu’approuver et soutenir la volonté de l’état de maîtriser les dépenses
imputables au traitement du SAOS. Par contre la stratégie qu’il a mise en place
pour y parvenir a de quoi surprendre. Ainsi se focalise-t-il sur l’extrême
pointe émergée de l’iceberg en tentant de réduire le délai de désappareillage
des patients inobservants sans s’attaquer au prix réellement exorbitant d’un
traitement qui une fois accepté et
régulièrement suivi et point important, définitif, ne nécessite que peu ou pas
de surveillance. Sur le plan strictement économique comme l’a souligné la
FFAAIR, on comprend mal qu’on puisse espérer réduire les dépenses en ajoutant
au prix de la PPC celui de la mise
en place des mouchards de télétransmission même si les prestataires se trouvent
selon cette loi, obligés d’en assumer
le coût. On remarquera d’ailleurs que ces dispositifs sont fabriqués à
la fois par les fabricants de machine et certains industriels exerçant aussi
comme prestataire. Sans parler de son caractère humiliant et dévalorisant
particulièrement mal vécu par les malades, on peut raisonnablement questionner
le bien fondé d’une surveillance sur des dizaines d’années de milliers de
patients parfaitement observants et corrigés par leur PPC de façon quasi
immuable. Le phénomène de rente que constitue le fait de facturer à la SS plus
de 1000 Euros par an pour la location d’une machine amortie de longue date et
un seul passage annuel au domicile de ces patients ne semble pas avoir attiré
l’attention de nos brillants économistes de la santé.
Quant
à la plus value médicale d’une surveillance quotidienne pratiquement en direct de la durée d’utilisation de la PPC et si la CNIL en laisse la possibilité,
des données que sont le degré de correction du SAOS et le niveau des fuites au
masque, est dans la pratique sans réelle pertinence. Nous avons accès depuis
longtemps à ces données stockées sur les cartes mémoires de ces appareils que
nous analysons avec nos patients à chaque consultation. Mais en vérité, une
fois trouvé le masque adapté au
visage du patient, l’habitude venant, au bout de quelques mois, 6 au maximum,
ces informations n’ont ensuite que peu d’impact sur les réglages et la conduite
du traitement, le patient utilisant son appareillage comme d’autres leurs
lunettes. Faire penser qu’il faudrait « monitorer » et surveiller les
patients souffrant de SAOS traités par PPC comme des malades de réanimation n’a
tout bonnement aucun sens.
Au
total, en y regardant de plus près, la raison essentielle de la télésurveillance semble être la
télésurveillance. Elle bénéficiera à l’évidence aux professionnels de ce
secteur d’activité et ce n’est pas par hasard que l’on voie les grands de la
téléphonie monter à l’assaut de ce marché. Elle constitue également une
stratégie de « pied dans la porte » qui ne peut que nous
inquiéter pour l’avenir sur les conditions d’accès aux soins et de leur prise
en charge.
Pour
finir, cette loi est emblématique des
politiques nouvelles qui ont déjà atteint de multiples secteurs de la
société et qui s’en prennent aujourd’hui à la médecine. Elles sont la
conséquence de la dérive
technico-scientiste caractérisant les utopies totalitaires qui finalement sont
au service de l’argent et de ses représentants que sont l’industrie et la
grande distribution. Leurs élaborations et applications reposent en partie sur
des fonctionnaires zélés dont le sentiment de toute puissance n’a d’égal que
l’opacité des fonctionnements. Elle est
relayée sur le terrain par des experts que des intérêts particuliers
poussent à entretenir le mythe du progrès.
Aussi
aujourd’hui pour penser la médecine, il est préférable de sortir de son champ.
Les travaux des philosophes qui nous sont proches comme Michel Foucaud
montrant que la traçabilité est
devenue la forme moderne de la punition, devraient aider à voir l’évidence des caractères liberticide et
inacceptable de certaines lois comme celle qui fait l’objet de cette
protestation. De même ceux de Jocelyne Porcher sur la mécanisation et
l’industrialisation de l’élevage des animaux associant réglementations
barbares, novlangue « ad nauseam », maltraitance généralisée et burn
out des professionnels, nous offrent un nouveau cadre de réflexions d’une
pertinence aussi inattendue qu’essentielle. Comme d’autres dans d’autres
secteurs, nous, médecins, allons vers une médecine hors sol et délocalisable où
la relation médecin malade ne sera plus qu’une double exclusion. En vérité nous
sommes passés du temps des lumières à celui des projecteurs ; on ne
regarde que ce qui est montré et se retourner vers la source lumineuse nous
éblouit ou nous aveugle.
Docteur
Dany Baud, pneumologue, chef de Service au Centre Hospitalier Spécialisé en
Pneumologie de Chevilly Larue, membre et ancien responsable du groupe Education
Thérapeutique au sein de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF)
(Illustration : Le siège de la National Security Agency dans le Maryland (USA))
Merci pour cet éclairage édifiant.
RépondreSupprimerSur le site de la fédération des patients insuffisants respiratoires (FFAAIR), l'onglet "actualités" - dont la plus récente entrée date du 23 juillet - garde trace de cette affaire : le 06 mai 2013, la fédération publiait un billet intitulé "Nouveaux forfaits de PPC : la FFAAIR conteste l’arrêté devant le Conseil d’Etat". Ce dernier concluait : " Si la télésurveillance initiée par cet arrêté constitue une première mondiale, les associations de malades n’entendent pas la laisser se transformer en « télé-flicage » sans réelle assise médicale ni études cliniques justifiant de son intérêt médical " http://www.ffaair.org/?p=1947
RépondreSupprimerLe Syndicat national des associations d’assistance à domicile (Snadom)cité dans le communiqué de la FFAAIR n'a pas de site internet développé ( http://www.snadom.org/ ) : il se limite -pour l'instant ? - à une simple page de présentation du syndicat.
Respir@dom- création du réseau Morphée- faisait état, le 26 février 2013, de la position du SNADOM : http://respiradom.fr/actualites/le-snadom-refuse-de-signer-la-convention-avec-la-secu/
Sur le site de la Fédération Française de Pneumologie, un seul billet daté du 23 avril 2013 évoque cette question : http://www.ffpneumologie.org/article.php3?id_article=192 (peut-être également là : http://www.ffpneumologie.org/rubrique.php3?id_rubrique=19 )
Il faut avoir à l'esprit une chose primordiale: un marché, je dis bien marché, extrèmement lucratif pour de très divers usages, est en train de se développer. Celui de la commercialisation des bases de données médicales, extension de celle des bases de données personnelles. Où le secteur public intervient autant que le secteur privé. Un des arguments pour cela, parmi beaucoup d'autres, est la rationalisation et le contrôle des dépenses de santé.
RépondreSupprimerFaute d'avoir pu retrouver l'arrêté du 9 janvier sur le site du journal officiel, je l'ai repêché sur celui de la société Air Santé / R Santé ( http://www.air-sante.fr/decret-ppc.pdf ) ...qui avait d'ailleurs déposé une requête auprès du Conseil d’État le 23 juillet 2013 ( distincte de celle de la FFAAIR donc ?), requête rejetée le 09 septembre : http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do?oldAction=rechJuriAdmin&idTexte=CETATEXT000027990532&fastReqId=885337519&fastPos=21
RépondreSupprimerLe site automesure.com - dont les informations sont "élaborées notamment avec le service de Santé Publique et d'Informatique Médicale de la Faculté de Médecine Broussais Hôtel-Dieu"- dispose d'une page proposant plusieurs entrées bien intéressantes http://www.automesure.com/Pages/saos.html
Yves Grillet des JPRS évoque bien , par acquit de conscience ? , la question éthique posée par cette obligation ; il met surtout en avant les avantages technico-médicaux : http://jprs.fr/la-revue/la-tele-observance-conditionnera-le-remboursement-des-traitements-partir-du-1er-octobre-201
RépondreSupprimerEt s'il fallait y consentir,Dr. Nicolas Postel Vinnay et Camille Taillé signalent un problème qui se posera aux médecins consciencieux : "le respect du code de déontologie nous impose de ne pas refuser les soins aux personnes qui ont violé la loi, la mise en place de la télésurveillance fait naître cette question inédite : comment aider au mieux les personnes qui se seront vu signifier leur refus de remboursement"
RépondreSupprimerConditionner un soin a l'observance du patient n'est pas médicalement justifiable. Ce précédent ouvre la porte à d'autres exclusions de soins. Par exemple, pas de chirurgie coronaire pour les personnes qui continuent de fumer, ou encore pas de traitement de l'hépatite c chez les personnes qui continuent de boire de l'alcool ou de prendre de l'héroïne.
RépondreSupprimerOr on sait que conditionner le soin à un changement de comportement désespère les malades qui finissent par mourir faute de soin.
Un travail du pr Moirand (CHU Rennes) a montre l'intérêt de ne pas conditionner les soins à l'arrêt du comportement addictif. Mieux encore, permettre à ces malades d'avoir accès au soins sans condition favorise des changements de comportements pour leur addiction.
Ce précédent est une catastrophe.
Personne ne parle de la méthode Buteyko qui est reconnue essentiellement dans les pays anglo- saxons pour l'asthme mais qui donne d'excellents résultats également pour l'apnée du sommeil. C'est vrai que c'est une discipline et qui plus est - après un entraînement avec un kinésythérapeute - GRATUITE.
RépondreSupprimerJe trouve ce texte excellent. Et je trouve la démarche courageuse.
RépondreSupprimerJe récapitule pour voir si j’ai bien suivi.
Donc, 500 000 malades traités pour un coût de 400 millions d’euros remboursés par l’assurance maladie. Sur la base d’un loyer hebdomadaire de 21 euros soit 1000 euros par an qui ne correspond à rien et qui ne semble pas avoir été très âprement négocié mais que les fabricants, Resmed et Philips, se verront verser pendant toute la durée de la prestation. Si le prix de revient de l’appareil est de 300 euros, les fabricants peuvent raisonnablement espérer un bénéfice de 200% dès la première année.
L’observance étant de 75% pour 400 millions d’euros de dépenses on peut, dans le meilleur des cas, à condition que les fournisseurs n’obtiennent pas très rapidement des compensations financières sous forme d’augmentation du loyer ou autres, espérer une économie de quelques dizaines de millions d’euros.
En échange les fournisseurs obtiennent des données exploitables et monnayables sur l’utilisation de l’appareil, les horaires de sommeil des patients. Bref, des informations sur la vie privée et intime des patients auxquelles ils n’avaient pas accès auparavant. Et une économie d’un passage par an au lieu de deux du technicien.
La CNAM a fait son choix. Entre les droits élémentaires des patients, les Droits de l’Homme, et l’intérêt financier de Philips, Resmed et Air liquide, la CNAM a choisi. Le Conseil d’Etat a fait de même.
Tout ce qui n’est pas interdit est permis.
Ce pourrait être la devise du néolibéralisme.
Et alors seul le rapport de forces décide.
Et ce n’est que le début, nous pouvons en être certains.
Ce qu’il faut comprendre c’est qu’il est inutile de blâmer une administration. On peut blâmer les hommes et les femmes qui appliquent servilement des directives iniques pour ne pas se mettre en danger ou conserver leur travail. Mais une administration n’est pas là pour protéger le citoyen ou le patient. Une administration applique des lois, des règlements, des directives qui ont été décidés par d’autres, ailleurs.
Autant ne pas tarder et atteindre tout de suite le point Godwin : il a fallu une administration très performante, une très importante organisation pour déporter dans des camps de millions de juifs, de tziganes, d’homosexuels, de républicains et de résistants. Une administration servie par des dizaines et des centaines de milliers d’exécutants.
Un article est paru dans le Huffington Post, écrit par Catherine Cerisey , célèbre « survivante » du cancer du sein et Christian Saout, président du Collectif interassociatif sur la santé (CISS) intitulé « un bracelet électronique pour les malades ? » htrf= »http://www.huffingtonpost.fr/christian-saout/bracelet-electronique-malade_b_4561637.html ». Article écrit après que Dany Baud leur eut transmis le sien.
Les arguments qui y sont avancés viennent compléter ceux de Dany Baud. Il n’est pas concevable qu’on impose aux patients de gagner le droit à être soigné en ne soignant que les plus méritants. Les auteurs font judicieusement remarquer que les raisons de la non observance sont les mêmes que celles qui font que ces patients sont plus souvent confrontés à la maladie que d’autres, à savoir la dépression, les pathologies lourdes, la vulnérabilité sociale.
Si bien que refuser la prise en charge des soins pour les patients non observants revient, précisément à refuser la prise en charge des soins des patients qui en ont le plus besoin. Et donc, très rapidement, à refuser la prise en charge des soins. Et par voie de conséquence à ce que seuls aient accès aux soins ceux qui en ont le moins besoin et qui peuvent se les payer.
Parce que comme l’ont dit et surtout »démontré » Davey Smith et Ebrahim « we live in an associational world », » nous vivons dans un monde d’associations, les personnes qui sont désavantagés sur un aspect tendent à être désavantagées sur d’autres aspects, dès lors que les forces qui structurent la vie tendent à garantir que certaines personnes récoltent le pire en tout ».
RépondreSupprimerhtrf= » http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1124898/#!po=42.3077” . Si bien que supprimer l’aide apportée à ces personnes au prétexte d’une mauvaise observance de manière automatique revient à leur enfoncer la tête sous l’eau.
C’est contraire à l’esprit de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des patients et contraire à l’esprit de la loi HPST qui posait le principe du caractère non opposable du refus d’accompagnement par les patients.
Mais le Conseil d’Etat s’assoit dessus.
Christian Saout et Catherine Cerisey font les bonnes constatations, anticipent correctement les risques mais ne tirent pas les bonnes conclusions.
Parce qu’il y des grands absents dans leur analyse : ce sont les sociétés privées, les multinationales, qui sont pourtant directement responsables de cet état de fait.
Comme je le disais, les administrations sont bêtes et méchantes : elles appliquent des politiques qui ont été décidées ailleurs.
Quand on parle du déficit de la sécurité sociale et des contraintes que cela créerait, on oublie de préciser que ces contraintes ne pèsent que d’un seul côté, celui des malades, celui des citoyens.
Jusqu’ici Big Pharma et Big Matériel n’ont eu qu’à se féliciter des politiques décidées en haut lieu.
Il serait en fait très facile de réduire les dépenses de santé. Mais il faudrait pour ça s’attaquer aux intérêts de Big Pharma ou de Big Matériel. Ceux-là même qui se montrent très généreux avec certaines associations de patients.
Si le prix de l’anticholestérolémiant Tahor de Pfizer et celui de l’anticholestérolémiant Crestor d’Astra Zeneca qui sont tous les deux des me-too étaient ramenés au niveau du prix des génériques correspondants, la sécurité sociale économiserait immédiatement quelques 500 millions d’euros htrf= » http://images.lesechos.fr//archives/2013/lesechos.fr/05/29/0202793241334_web.jpg » . Si le dépistage organisé du cancer du sein s’arrêtait demain, on économiserait des milliards, sans compter les masses de souffrances inutiles, très probablement sans effet visible sur la mortalité.
La pression sur les patients est une conséquence directe de la volonté de préserver et de favoriser les intérêts des multinationales.
Plus les multinationales s’enrichissent, plus elles acquièrent du pouvoir. Plus elles acquièrent du pouvoir plus elles sont capables de faire prévaloir leurs intérêt en haut lieu. Et moins l’opinion et le sort des patients a d’importance aux yeux d’une administration qui applique des directives, en prenant bien soin de ne pas déplaire aux chefs.
Vitupérer contre l’administration tout en fraternisant avec les principaux responsables de cette injustice, c’est simplement de la poudre aux yeux.
Le 20 11 13 L'UFML écrivait : Télésurveillance des patients atteint d"apnée du sommeil, non au
RépondreSupprimerpatient coupable!
>
> L' UFML demande l"arrêt immédiat du processus de télésurveillance "sanction"
des patients dits "non observant."
> Accepter la pénalisation des patients avec possible dé remboursement est
une folie.
> Accepter que l"état ou l"assurance maladie outrepassent leur rôle en agissant
directement sur l'acte médical prescrit et le soin n'est pas concevable .
> Quelle sera la prochaine étape?
> Le dé remboursement des patients souffrant d'addiction et ne se pliant pas à
des programmes de soin ?
> La différenciation de remboursement selon des critères comportementaux?
> L 'UFML s'élève avec la plus grande vigueur contre ce raisonnement simpliste
et dangereux qui n'a rien de médical et menace à la fois l éthique du soin et la
déontologie.
> La poursuite d'un soin ne se décide pas à distance derrière un écran par un
organisme qui ne connait pas le patient. Mais bien au sein du colloque singulier
entre le médecin et son patient
> Accepter cette télésurveillance sanctionnante c est accepter l affaiblissement
du colloque singulier, la stigmatisation des patients et leur différenciation
demain sur des critères économiques.
>
> L'UFML appelle l'ensemble des syndicats médicaux et paramédicaux du secteur
public et du secteur privé ainsi que l ordre des médecins à s élever contre
l'arrêté qui conditionne la prise en charge des patients atteint d apnée du
sommeil appareillés et à demander son retrait immédiat.
Je vous conseille de lire le roman de Pierre Signac "Carton blême". Cet auteur de polar entre autres décrit dans un futur proche une société ou la santé est une obligation et permet l'obtention d'un carton bleu de prise en charge. Malheur à ceux qui sont malades. Ceux la ont un carton blême et sont les laisses pour compte de la société. ..''est on si éloigne de cette fiction avec des abandon de prise en charge pour défaut d'observance dont la décision échappé à tout te logique médicale ?
RépondreSupprimerVous n’avez pas l’impression que c’est dans l’air du temps ? Pendant que les multinationales se gavent comme jamais, on conspue sur les Medias les pôvres qui osent « tricher ».
RépondreSupprimerRegardez nos chers amis Anglo-saxons , qui ont déjà décidé de ce que valait une vie humaine (merci QALY). Entre les reportage-feuilletons anglais sur une rue qui ne vivrait (grassement bien sûr) que des allocs, et la chasse aux sorcières États-Uniennes sur certaines victimes du 11 septembre qui se goinfrent, on a le sentiment que les médias , tenus par les mêmes multinationales, ont décidé de monter l’opinion contre les « petits » fraudeurs, pour se dédouaner d’être muets sur les Gros.
La santé n’a pas de prix mais elle a un coût, et il est normal que la collectivité soit partie prenante des décisions à ce sujet . Par contre, si ce débat arrive sur la place publique, je vous parie qu’il y aura beaucoup plus de reportages sur ces « salauds » qui (ab)usent du système que sur le prix exorbitant de ces appareils et les bénéfices éhontés des Sociétés qui les exploitent. C’est tellement plus facile de piéger quelques pauvres types inobservants, que de mener une enquête fouillée dans les arcanes de ces Sociétés qui doivent par ailleurs avoir de très bons avocats. Et comme de toute façon, l’indignation, donc le taux d’écoute seront les mêmes…, pourquoi se fatiguer ?
Bien préparée, l’opinion publique sera bientôt prête à demander aux victimes du cancer du poumon par tabagisme, de payer toute ou partie de son traitement, alors que l’Industrie du Tabac continuera à faire des ravages ici ou ailleurs… Vous n’avez pas l’impression que c’est dans l’air du temps ?
A Popper31
RépondreSupprimerCela fait longtemps que ces phénomènes me posent question. Sans prétendre répondre à tout, sur un sujet que je n’ai pas assez étudié, il y a quelques éléments explicatifs convergents dans ces attitudes.
Je fais appel à l’analyse de deux personnes fort différentes, dont l’analyse pourtant se recoupe. D’une part Alain Accardo, sociologue français « de gauche » et d’autre part Jean-Louis Serban Schreiber, patron de presse.
Alain Accardo a écrit un livre que j’ai déjà cité, en 2009, « le petit bourgeois gentilhomme, sur les prétentions hégémoniques des classes moyennes ». Et JLSS vient de publier un livre au titre assez provocateur intitulé « Pourquoi les riches ont gagné ».
Leur analyse a en commun l’idée de la soumission librement consentie. Les riches ont gagné parce qu’il n’y a personne en face pour mener la bataille.
Les classes moyennes émergentes, explique AA, avaient un choix à faire : soit le camp des plus démunis, celui de la protection des droits sociaux et de la solidarité entre non-riches, soit se vouer entièrement à la poursuite de individuelle de l’enrichissement personnel, avec, pour modèle ultime, les plus riches.
Elles ont choisi d’être des quasi riches plutôt que des presque pauvres. Choix assez logique dès lors que c’est bien plus valorisant. D’où leur constante frustration de voir ce rêve se heurter à une réalité de plus en plus prégnante : la richesse augmente mais elle est de plus en plus monopolisée par les riches, d’où une augmentation des inégalités à leurs propres dépens.
Depuis quelques décennies, un semblant d’équilibre a été rompu, et la croissance de la fortune des riches se fait à une vitesse toujours accélérée. Et elle ne vient pas seule. Le pouvoir suit de très près. Un pouvoir de plus en plus hégémonique.
Thomas Piketty, de son côté, explique que l’anomalie, l’injustice flagrante réside dans le fait que désormais, les riches s’enrichissent plus vite en dormant que le plus acharné des travailleurs en travaillant. Le patrimoine rapporte plus que le travail. Beaucoup plus.
JLSS explique les raisons concrètes de cette domination sans partage : aucune forme d’opposition organisée n’apparaît, chacun étant occupé à poursuive ses visées personnelles, à consommer ; les riches sont les seuls à être totalement cohérents idéologiquement, ils militent pour le néo-libéralisme qui les enrichit, en sachant que la plus grosse part du gâteau leur est réservée par avance, mais en cherchant à accroître cette part en permanence ; les riches savent frauder le fisc en passant d’un pays à l’autre car les riches se jouent des frontières ; les riches contrôlent quasi totalement les médias ; les riches contrôlent la finance ; les riches contrôlent de plus en plus les politiques publiques, tout en laissant le soin aux Etats et aux gouvernants de gérer les mécontentements.
» http://www.lexpress.fr/actualite/economie/pourquoi-les-riches-ont-gagne_1312381.html »
SUITE
RépondreSupprimerL’admiration que leur vouent les classes moyennes n’en est que plus grande. Car la force des riches est d’avoir vaincu sans livrer bataille en imposant au monde entier leurs propres valeurs.
Ce qui explique pourquoi ils arrivent si bien à anticiper les réactions de la population, à la contrôler. Ils connaissent les classes moyennes comme eux-mêmes. C’est normal puisqu’elles leur ressemblent. Dans leurs aspirations faute de leur ressembler dans leur pouvoir.
L’injustice a toujours existé mais ce qui a changé c’est le consentement béat à l’injustice en raison de l’intériorisation des valeurs de la classe dominante. La classe moyenne peut désormais mépriser les pauvres en toute bonne conscience, la conscience du bien et du mal s’étant estompée. La mauvaise conscience étant, comme le dit AA, un hommage du vice à la vertu.
AA poursuit plus loin : « Il serait relativement facile d’être à gauche s’il suffisait de vouloir changer les structures objectives externes. C’est la démarche la plus fréquente chez ceux qui se disent « de gauche » [suivez mon regard]. Il est évidemment beaucoup plus difficile de l’être quand il s’agit d’admettre qu’il faut aussi clarifier et changer la part de soi-même qui est asservie aux autres ».
Là où JLSS se trompe c’est en croyant que cette aggravation des inégalités va se faire sans violence et sans casse. Il soutient la thèse qui a cours dans les think tanks de la caste dominante : le bon peuple va se soumettre à la domination de ces despotes éclairés que sont les riches.
Mais la violence n’est pas toujours spectaculaire, comme dans les films d’action hollywoodiens. Etre privé de sa dignité, de travail, de choix, de son libre arbitre est d’une très grande violence.
Comme je l’ai déjà dit, ce n’est que le début.
"Qualcomm lance en Europe sa plateforme 2net mobile d'agrégation des données médicales " ..." La société a signé en juillet un contrat avec Médecin Direct, plateforme médicale qui fournit un avis médical aux bénéficiaires de mutuelles. Cette collaboration vise à fournir une solution de connectivité au projet Sympad (Système de monitoring médicalisé en pharmacie ou à domicile) porté par Médecin direct." http://www.ticsante.com/Qualcomm-lance-en-Europe-sa-plateforme-2net-mobile-d-agregation-des-donnees-medicales-NS_1691.html
RépondreSupprimer(Ticsanté.com est un site web du groupe APM international qui est lui même une émanation de Wilmington group http://www.wilmington.co.uk/ )
Docdu16 préférez-vous être un médecin direct (http://www.medecindirect.fr/Decouverte.aspx ) ou un chimpanzé du futur ? ( http://vimeo.com/66593144 )
Orange Business Services, entité d'Orange dédiée aux services de communication pour les entreprises s'est associé à Weinmann, spécialiste des technologies respiratoires thérapeutiques et diagnostiques, pour développer homecareONLINE nom du dispositif retenu par l'Assurance maladie et qui recourt à la plateforme cloud "Flexible Computing Santé" d'Orange.
RépondreSupprimerhttp://www.ticsante.com/Teleobservance-des-apneiques--une-solution-developpee--par-Orange-et-Weinmann-NS_1580.html
http://www.propublica.org/article/big-data-big-pharma-big-money?utm_source=et&utm_medium=email&utm_campaign=dailynewsletter
RépondreSupprimeratteint d'un SAS et TT par PPC je suis très observant au point que je dors maintenant très mal si je n'ai pas mon appareil(récemment j'ai oublié de prendre l'alim dans mes bagages) à tel point que j'aurais même souhaité acheter de mes propres deniers un appareil ce qui est impossible.
RépondreSupprimerrécemment mon fournisseur m'a parlé de cette géo localisation et dans un premier temps j'ai refusé la visite du technicien parce que la mise en place de la géolocalisation obligeait à être présent 3/4 d'heure avec le technicien ... ce n'est qu'après que j'ai découvert le "loup" caché et merci pour cet article . mon fournisseur ne m'a pas recontacté
Faire assumer collectivement 100% des dépenses de santé de certains patients les place dans une position de victime, et non pas de responsabilité. Dès lors le "flicage" s'ensuit.
RépondreSupprimerLaissons les personnes, considérées comme responsables -mais non coupables- de ce qui leur arrive, assumer une part des soins, et limitons la solidarité à 80% max des coûts.
A Xavier Decrop,
RépondreSupprimerCa tombe bien, l'appareillage utilisé par les patients n'est pas remboursé à 100% par l'assurance maladie mais à 60%. Certains accessoirs sont meiux pris en charge, d'après ce que j'ai lu. Ce qui fait qu'on arrive globalement à une prise en charge de 70% ai- je lu?
D'autre part, la part du coût des soins qui doit être prise en charge par les ménages ne cesse d'augmenter, surtout pour les soins courants. Globalement la part prise en charge par l'assurance maladie est de l'ordre de 70%.
Satisfait?
En quoi cela justifierait le flicage de toutes façons?
Bonjour,
RépondreSupprimerOn trouve les machines en question en vente autour de 500 dollars US. Ici par exemple : http://www.thecpapshop.com/cpap-machines/
Ça donne une idée...
Ce qui me gêne dans cette histoire c'est l'envoi des données par ondes! Et en plus dans ma chambre à coucher!
RépondreSupprimerça c'est fort !
RépondreSupprimerautant l'appareillage est éfficace, autant les méthodes sont une pure atteinte à la vie privée !
Plus surveillé que des bandits , escrics et crimminels !
même technique que le bracelat !!!
Un illustre inconnu, non personnel médical de surcroît, vient chez nous tous les 6 mois , sait l'heure où l'on se couche, quand on se lève le matin, combien de fois on se lève la nuit, quand on est absent et se permet des commentaires divers et variés ...
tout juste si il ne nous dit pas quand on a fait crac-crac !
INADMISSIBLE !
Soit on a besoin de l'appareil, soit on n'en a pas besoin !
et si la SECU / CPAM veut faire des économies, elle ferait mieux de rembourser l'achat de l'appareil, plutôt que une location aux environ 125 euros mensuels = 1500.- euros à l'année, très cher lorsque l'on regarde la qualité de l'appareil, à qui cela profite-t-il ? (vendu environ 500/ 600 euros sur le net) CQFD
Regroupons nous et défendons notre vie priv&e !!!
Isèrois en colère
Bonjour,
RépondreSupprimerAppareillée depuis 12 ans et utilisant ma machine entre 6h30 et 7 h par nuit, je suis aussi indignée que vous tous par cette intrusion dans ma vie privée que l'on cherche à m'imposer depuis 1 an et que je refuse catégoriquement, au prix de prises de bec assez violentes avec le technicien du prestataire de ma machine. Toutes les données sont dejà répertoriées sur la carte de la machine depuis que je suis appareillée, donc aucun intérêt. D'autre part, je suis malentendante et je souffre d'acouphènes très importants jour et nuit, et les systèmes wifi et émettant des ondes aggravent considérablement le problème. Donc je persiste à refuser cette méthode de surveillance.
Est-il réellement obligatoire de s'y plier ainsi que me le soutient le technicien ? Par ailleurs, cela induit un changement de machine, or la mienne fonctionne parfaitement bien ( les résultats l'attestent) et j'estime pour ma part qu'il ne s'agit là que d'un cas caracterisé d'obsolescence programmé. Changer une machine qui fonctionne ne fait qu'augmenter les coûts des remboursements (et enrichir les fabricants, bien sûr !) Certes le technicien me répète qu'il n'est pas commercial et qu'il n'a aucun intérêt à me faire changer de machine, mais il fait tout pour, poussé par sa direction... Et que les anciennes machines sont récupérées par des associations.... Donc pourquoi les changer puisqu'elles fonctionnent.... Ces arguments ne font que me conforter dans mon refus de cette télésurveillance !
Quelqu'un peut-il me dire où nous en sommes aujourd'hui en 2017 ? Merci !