Incidence du cancer thyroïdien par pays. Les pays au dessus de la ligne pointillée ont augmenté leur taux de cancer entre 1985 et 2002 |
Je ne suis pas surpris que la notion de sur diagnostic choque toujours autant. Je me fais même traiter d'idéologue en l'abordant (voir ICI pour le billet précédent et, surtout, les commentaires offusqués). Mais les données sont tétues.
J'ai très rapidement regardé la littérature sur le sujet. L'article dont la figure est extraite (LA) est paru en 2013. Il s'appelle "Thyroid cancer: zealous imaging has increased detection and treatment of low risk tumours." La lecture des commentaires est instructive. Mais je retiens aussi que la France est bien placée (le meilleur système de santé au monde).
J'ai même trouvé un rapport de l'INVS datant de 2011 (ICI) où, au delà des données toujours aussi disparates et sujettes à caution de l'épidémiologie française (je crains qu'il ne s'agisse d'un oxymore), j'ai retenu cette phrase étonnante : "Les disparités géographiques du taux de patients opérés ne reflètent pas de façon fiable celles du taux d'incidence". C'est tout dire.
Pour ce qui est des relations entre incidence et mortalité, voici les chiffres américains.
Incidence et mortalité des cancers de la thyroïde aux US, 1975 - 2009, et l'arrivée des nouvelles techniques |
Enfin, j'ai trouvé un article de 2014 sur les cancers papillaires (LA) qui sont bien entendu un cas particulier mais que tout le monde devrait connaître. Dont voici l'abstract.
Abstract
Thyroid cancer is one of the fastest growing diagnoses; more cases of thyroid cancer are found every year than all leukemias and cancers of the liver, pancreas, and stomach. Most of these incident cases are papillary in origin and are both small and localized. Patients with these small localized papillary thyroid cancers have a 99% survival rate at 20 years. In view of the excellent prognosis of these tumors, they have been denoted as low risk. The incidence of these low risk thyroid cancers is growing, probably because of the use of imaging technologies capable of exposing a large reservoir of subclinical disease. Despite their excellent prognosis, these subclinical low risk cancers are often treated aggressively. Although surgery is traditionally viewed as the cornerstone treatment for these tumors, there is less agreement about the extent of surgery (lobectomy v near total thyroidectomy) and whether prophylactic central neck dissection for removal of lymph nodes is needed. Many of these tumors are treated with radioactive iodine ablation and thyrotropin suppressive therapy, which—although effective for more aggressive forms of thyroid cancer—have not been shown to be of benefit in the management of these lesions. This review offers an evidence based approach to managing low risk papillary thyroid cancer. It also looks at the future of promising alternative surgical techniques, non-surgical minimally localized invasive therapies (ethanol ablation and laser ablation), and active surveillance, all of which form part of a more individualized treatment approach for low risk papillary thyroid tumors.
En gros : le sur diagnostic en général est certain dans le cas du cancer de la thyroïde. Est-il incertain dans le cas de "ma" patiente ? Non. Mais si la classification retenue est source de sur diagnostics, remettons NCI / Bethesda en chantier. Ai-je dit quelque chose d'autre ?
PS - Voici des données plus récentes (octobre 2014) avec un éditorial de HG Welch sur l'"épidémie" de cancers de la thyroïde en Corée : LA
PS - Voici des données plus récentes (octobre 2014) avec un éditorial de HG Welch sur l'"épidémie" de cancers de la thyroïde en Corée : LA
Dépister un cancer de la thyroide symptomatique donc ( paralysie récurentielle, gêne à la déglutition par compression locale ou douleurs osseuses...) est plutôt mal venu. Même si le cancer papillaire est de bon pronostic, doit- on attendre qu'il se manifeste pour aller voir ce qui se passe. Et cela on ne peut le faire qu'avec l'acte opératoire pendant lequel est mis en place une procédure chirurgicale qui permetttra au chirurgien de voir et de réaliser l'acte opératoire le plus adapté ( tissu adhérent en faveur de cancer ou pas par exemple). Il est toujours plus compliqué de retourner sur un cou déjà ouvert après coup ( fibrose et risque plus importante de paralysie récurrentielle par exemple). Ce qui serait intéressant c'est d'avoir des marqueurs tumoraux spécifiques de chacun des types de tumeur pour intervenir à bon escient et au bon moment, cela n'existe que pour un certain type de cancer avec le dosage de la thyroglobuline.
RépondreSupprimerVous citez le rapport INVS auquel je faisais référence également qui dit que l'incidence de cancers de la thyroïde a augmenté certainement par surdiagnostic "technologiques" pour les microcancers ( de l'ordre du mm) mais qu'il existe aussi une augmentation des macrocancers et cela ne peut être expliqué uniquement par le dépistage forcené écho et cytologie.
Et là on est surpris de trouver quand on cherche sur pubmed des études qui ne parviennent pas à établir un lien avec l'exposition aux rayons. cela ne vous rappelle rien, on ne trouve dans la database que les éléments dont on a envie de nous parler et dont on a envie de se servir.
NB lire thyrocalcitonine et non pas thyroglobuline pour marqueur tumoral.
RépondreSupprimerje m'aperçois que ce post est en télé..scopage incongru avec le post précédent sur le foot. La France et l'Equateur apparaissent dans le même quantile en abscisses sur le premier shéma. Ce prochain match de Samba se jouera avec les glandes à n'en pas douter. Quelle équipe sera la plus "burnée" en classification Tyrad... au but? nous en aurons des "échos" très rapidement, et nous connaitrons enfin le meilleur "marqueur" la calcio..tonine?.
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