Lafontaine Céline. Le corps-marché. La marchandisation de la vie humaine à l'ère de la bioéconomie. Paris, Le Seuil, 2014, 272 pages.
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Permettez-moi d'exposer dans un premier temps les idées de Céline Lafontaine (qui n'exposent pas toujours les siennes), qui est professeure agrégée de sociologie à l'université de Montréal, sans trop de recul tant le propos est fort.
Avant tout le livre de Céline Lafontaine permet de s'informer et de comprendre comment l'idéologie néo libérale (philosophique et économique) a désormais accaparé le domaine de la santé et celui de la recherche, quels sont les fondements théoriques de la bioéconomie, d'où elle vient, comment elle s'articule, ce qu'elle propose et de quelle façon elle exploite le corps humain en reproduisant et en accentuant les inégalités désormais mondialisées.
Céline Lafontaine souligne que la bioéconomie se fonde essentiellement sur "Une biopolitique néolibérale caractérisée par un individualisme triomphant et une logique identitaire désormais associée au culte de la santé parfaite" et elle explique les nouveaux concepts que sont le biocapital et la biocitoyenneté (1). Son livre est une mine pour qui veut s'intéresser aux nouveaux horizons de la médecine au sens large, fournissant des références, indiquant des pistes de réflexion, abordant des domaines variés sous l'angle de l'anthropologie, de la sociologie, de l'épistémologie et de l'économie.
Le rapport de l'OCDE publié en 2009 (voir ICI), La Bioéconomie à l’horizon 2030. Quel programme d’action ?, expose sans retenue la philosophie néo libérale mise en oeuvre. Il est effarant de constater que l'idée de base de la bioéconomie telle qu'elle est développée par l'OCDE, est la négation de l'entropie (vision néguentropique), c'est à dire que pour échapper au deuxième principe de la thermodynamique, rien que cela, l'OCDE propose d'utiliser le corps humain ou plutôt les êtres vivants comme énergie renouvelable (2). D'un point de vue anthropologique et sociologique la bioéconomie propose un détournement des promesses de la science au profit du biocapital dans une alliance de la peur de la mort et de la quête d'une jeunesse éternelle. Le rapport de l'OCDE indique les pistes à suivre (régénérer le corps pour régénérer l'économie) : donner une biovaleur au corps humain, aux embryons et aux cellules souches (médecine régénératrice et améliorative) ; développer les biobanques de données ; développer la biocitoyenneté ; développer la médecine prédictive et la médecine personnalisée. Tant et si bien que la perfectibilité du corps humain promise par les biotechnologies devient l'ultime horizon du monde contemporain : chaque individu devrait connaître son profil génétique afin de pouvoir prévenir certaines défaillances physiques et maximiser son potentiel biologique.
Illich parlait en son temps (3) de la médicalisation de la vie, il est nécessaire désormais de parler de la biomédicalisation de la vie. Voici identifiés les 5 processus de la biomédicalisation selon Adèle Clarke : 1) privatisation croissante de la recherche en santé avec brevetage et marchandisation des recherches biomédicales ; 2) diagnostic, identification et surveillance des risques menaçant la santé aux niveaux cellulaire et génétique : données stockées dans des biobanques publiques et privées ; 3) rôle grandissant des technosciences dans le dépistage des maladies (aux dépens de la clinique) et dans la médecine régénératrice et améliorative (nanomédecine par ex.) ; 4) démocratisation et déprofessionnalisation du domaine médical avec développement de la biocitoyenneté, du consumérisme et du patient-expert ; 5) Le corps est l'objet d'une quête identitaire sans fin qui autorise tout puisque des méthodes existent.
Céline Lafontaine explique comment le corps ressource permet de façonner des bio-objets (objectivation du corps humain) et décrit trois étapes essentielles : 1) la parcellisation technoscientifique du corps (organes, cellules, tissus, gènes) ; 2) la ressourcification des parties à des fins thérapeutiques (la transplantation en étant le meilleur exemple) ; 3) la marchandisation en pièces détachées.
Cette objectivation du corps humain s'accompagne de sa dématérialisation qui permet de camoufler les nouvelles logiques d'appropriation économique dont il est l'objet. L'exemple de la transplantation d'organes est démonstratif : elle est devenue un commerce mondialisé et l'auteure rapporte qu'elle a accru les inégalités de genre, d'ethnicité et de classe. La transplantation a aussi entraîné la modification de la définition des critères de la mort (Comité de Harvard) et l'auteure démasque les liens d'intérêts entre ceux qui authentifient la mort cérébrale et les transplanteurs en rappelant que les manoeuvres de réanimation pour maintenir artificiellement en vie un sujet déclaré mort ne sont pas toujours compatibles avec le respect de ce dernier. Les transplanteurs ont également développé dans le public un concept moral inattaquable, le don de vie, pour le prélèvement / greffe en masquant la logique économique qui est derrière (et une logique fortement inégalitaire : ce sont les femmes pauvres et de couleur qui donnent leurs organes aux riches blancs des pays développés). Elle termine ce chapitre par celui des cellules sans corps ou des bio-objets et du recyclage des déchets (jusqu'au sang menstruel) : les embryons conçus par fécondation invitro ont ouvert la voie à la transbiologie, c'est à dire une biologie propre à des organismes qui ne sont pas nés mais qui sont en réalité des matériaux biologiques qui se reproduisent en dehors du corps (p 103).
Dans un chapitre éclairant (L'envers du don : la face cachée du biocapital) qu'il est difficile de résumer en raison de la richesse de ses développements et des nombreuses implications philosophiques, économiques, sociologiques, épistémologiques et anthropologiques qu'elle laisse entrevoir l'auteure dévoile. Voici deux citations qui ouvrent la réflexion : "... l'usage de la rhétorique du don tend à camoufler les processus d'objectivation et de commercialisation des cellules reproductives sur lesquels s'appuient à la fois l'industrie de la reproduction, la recherche sur les cellules souches et les laboratoires biotechnologiques impliqués dans le développement de la médecine régénératrice." ; et ceci : "... la biocitoyenneté s'inscrit dans un processus plus large de dépolitisation des questions de santé publique (lutte contre les inégalités, contre la pauvreté et pour l'accès aux soins) au profit d'une biologisation des identités citoyennes." L'auteure aborde aussi le problème des biobanques qui utilisent le don altruiste non pour des bénéfices individuels mais pour une hypothétique recherche à l'attention des générations futures. Elle souligne également que le consentement éclairé transforme le don en propriété et que l'économie du don est fondée sur l'altruisme (4) dont les retombées sont privatisées. Dans le cas des biobanques le consentement éclairé permet également une adhésion à la recherche au delà de la mort.
Toujours dans ce chapitre l'auteure signale : 1) la bioéthicienne Donna Dickenson (5) compare les biobanques et le travail immatériel fourni par les donneurs à des new enclosures en référence au début du capital agraire en Angleterre ; 2) le don de vie est passé d'une logique de survie à celle de la création artificielle de vies humaines ; 3) l'industrie de la fertilité est constitutive du néolibéralisme et de la globalisation de la biomédecine ; 4) et c'est le sujet du chapitre suivant : les cellules reproductives biovalorisées sont devenues l'enjeu de l'exploitation du corps féminin à l'échelle de la planète.
De la reproduction à la régénération : bioéconomie du corps féminin. Ce chapitre est passionnant et ébouriffant. Il mériterait un billet à lui tout seul. Il est polémique vis à vis de la doxa progressiste. Céline Lafontaine assène : 1) les ovules sont devenus l'étalon-or de la bioéconomie (embryons, cellules souches embryonnaires) et, comme dit l'autre, ils ne poussent pas dans les arbres : les femmes sont à la fois consommatrices au sein de l'industrie de la PMA (procréation médicalement assistée) et simples ressources dans le cadre de la bioéconomie des cellules souches (CL en profite pour critiquer les déconstructivistes du genre : 6) ; 2) les produits du corps féminin (ovules, celules foetales, cordons ombilicaux) peuvent être considérés comme des biovaleurs issues d'un travail productif et reproductif que l'on tente de confondre ; 3) l'économie du corps féminin reproductif atteint sa quintessence dans le cadre de la GPA (grossesse pour autrui) où l'on peut parler de sous-traitance du travail reproductif avec toutes ses implications (commerciales, éthiques, génétiques...) ; 4) l'utilisation de la notion de Droit à l'enfant par le biocapital parachève la manipulation (des corps féminins).
Dans un dernier chapitre Céline Lafontaine aborde l'exploitation mondialisée des corps vils définis (7) comme "peu coûteux", faciles à obtenir, et comme sans valeur, sans dignité, auquel on ne doit ni respect ni égard. La médecine moderne s'est développée à partir de ces corps. Et, paradoxalement, en raison de la Déclaration d'Helsinki (1964) et de l'amendement Kefauver-Harris, le consentement éclairé a permis la globalisation des essais et l'exploitation généralisée des corps vils. La sous-traitance des essais cliniques s'est développée et représente à elle seule en 2012 35 milliards de dollars et les pays les plus "touchés" sont l'Inde et la Chine. L'expérimentation clinique s'inscrit dans la revendication du droit à l'essai qui témoigne d'une culture néolibérale transformant chaque patient en entrepreneur de recherche. On pourrait conclure avec cette note (très) pessimiste : sous l'angle de la mondialisation le corps-marché prend parfois les traits du "cannibalisme post-civilisationnel" annoncé par Gunther Anders (8) : Un monde où tous les corps, toutes les vies individuelles, se transforment en matière première au service de l'efficacité productive.
Commentaires :
Au moment où la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (gestation pour autrui) sont abordées sous l'angle de la morale (c'est bien / c'est pas bien), des droits (cela existe donc je peux), de l'égalité (puisque mon voisin peut le faire, pourquoi pas moi), du religieux (le respect de la vie humaine et / ou de la nature) et de la politique (les réacs versus les progressistes), lire le livre de Céline Lafontaine éclaire sur un aspect caché du problème : comment ces procédures s'intègrent dans le contexte économique et philosophique du néo libéralisme. J'ai déjà peur que cette phrase soit mal interprétée par toutes celles et ceux qui sont engagés dans ces procédures douloureuses (au sens propre et au sens figuré). Disons que par une sorte de division de la conscience il est possible que des personnes sincères comprennent les enjeux d'un problème qui les concerne et... finissent par l'ignorer. J'écris ce billet sur un ordinateur qui a probablement été fabriqué dans des usines où des enfants travaillaient à des salaires de misère et... j'écris quand même.
CL aborde la question des essais cliniques sous l'angle des inégalités nord-sud et des inégalités sociétales à l'intérieur même des sociétés industrialisées (les phase I par exemple) mais elle omet de dire que, notamment en cancérologie, les essais cliniques sont devenus la norme pour tous et qu'il est difficile de s'en extraire.
Si CL signale que ce sont les techniques d'élevage des animaux qui ont conduit au premier bébé éprouvette et Jacques Testard en est un exemple, elle n'aborde pas le fait que les procédures hospitalières, la protocolisation des soins, emprunte ses mots à l'élevage industriel (9).
Mais j'en ai trop dit et j'espère que vous lirez ce livre.
Si vous voulez en savoir plus sur l'auteure : son cursus universitaire (ICI) et aux Matins de France Culture : LA,
Notes.
(1) Définition provisoire de la biocitoyenneté : politisation de la santé individuelle et émergence de revendications identitaires liées à des problèmes d'ordre médical.
(2) La vision néguentropique du monde est bien décrite dans le livre, pp 40 et suivantes.
(3) Nemesis Médicale, Paris, Seuil, 1975.
(4) Le consentement éclairé aboutit à un altruisme unidirectionnel en dépossédant juridiquement le donneur des profits potentiels générés par ses propres tissus brevetés.
(5) Body shopping: Converting the Body Parts to Profit, Oxford, Oneworld, 2008
(6) La question du genre a permis la déconstruction théorique de la différence sexuelle en tant que réalité biologique en masquant le fait que c'est le corps féminin qui est une ressource pour la bioéconomie.
(7) Chamayou Grégoire, Les Chasses à l'homme, Paris La Fabrique, 2010
(8) L'obsolescence de l'homme, t. 2, Sur la destruction de la vie à l'époque de la troisième révolution industrielle, Paris, Fario, 2011.
(9) Porcher Jocelyne. Voir ICI sa bibliographie.
Illustration : Agence de la biomédecine : LA
PS : Je signale un (beau) billet sur le même sujet par Perruche en automne (ICI)
Et hop à acheter j'en ai déjà le neurone frétillant!comme dab pas chez amazon..
RépondreSupprimerMerci pour ce billet qui donne envie de lire le livre.Pour poursuivre sur ce thème, je vous conseille la lecture du livre de Kajsa Ekis Ekman "L'être et la marchandise : prostitution, maternité de substitution et dissociation de soi" qui montre la mariage parfait du patriarcat et du libéralisme pour toujours plus de contrôle sur le corps de femmes!
RépondreSupprimerHannah
Merci pour cette présentation éclairante.
RépondreSupprimerNéanmoins le concept de "biomédicalisation de la vie", abordé dans un des paragraphes, est un pléonasme relativement évident ne résistant pas à une analyse étymologique brève. Le concept d'Illich inspiré par Jean-Pierre Dupuy de "médicalisation de la vie" peut tout à fait être reformulé sous le terme de "biomédicalisation". Il n'y a ici rien de neuf.
Merci. Je trouve que tu as magnifiquement rendu la richesse de ce livre et cela donne vraiment envie de le lire. Une lecture pour l’été.
RépondreSupprimerJe retiens que ce qui ordonne et hiérarchise la société, c'est-à-dire, désormais, le monde, est une logique de prédation masquée derrière un verbiage grandiloquent qui proclame bien fort le contraire. C’est une des caractéristiques de la novlangue repérées par Eric Hazan : se réclamer bien haut des valeurs qu’on respecte le moins.
L’humanité entière semble se réduire à une grande chaîne alimentaire où on ne mange pas les autres mais où on les consomme. Chacun de nous est consommateur et peut-être à son tour consommé.
La dualité de l’être humain qui a autant besoin de donner que de dominer est niée. Ne restent, comme modèle, que les sociopathes, ceux pour qui la seule relation à l’autre c’est manger ou être mangé, qui sont amputés de toute une partie de leur humanité, et qui dictent l’ordre du monde à leur image.
J’y vois une communauté de projet avec l’économie 2.0 qui est critiquée, dans sa nature libertarienne, dans cet article que tu avais cité http://internetactu.blog.lemonde.fr/2014/05/16/le-probleme-de-la-gauche-avec-internet/ .
Les deux ont en commun de se présenter comme neutres, apolitiques, de présenter comme horizon un futur meilleur mais toujours repoussé plus loin, d’exploiter dans un objectif de profit privé les sentiments nobles de l’être humain, comme l’altruisme, et surtout, de nier la possibilité même du politique, c'est-à-dire d’un projet de vie commun, construit en commun, supposé inutile dès lors que la concrétisation d’une société parfaite est censée découler directement du progrès technique, idéalisé et divinisé.
Bonjour,
RépondreSupprimerLa récente Fondation de l'écologie politique avait invité Céline Lafontaine le 6 mai dernier ; une vidéo de cette rencontre, qui prit un tour polémique sur la fin, est disponible là : http://www.fondationecolo.org/activites/multimedia/Video-La-marchandisation-de-la-vie-humaine-a-l-ere-de-la-bioeconomie
Votre billet suscite deux remarques/questions :
* dans son dernier livre - un livre indispensable à mon avis-, Jacques Testart montre que certains laboratoires pharmaceutiques sont intéressés par la promotion de la PMA en cela que les ovocytes surnuméraires vont permettre de tester à bon prix de nouvelles molécules ( un point peu exposé dans les débats...)
* vous citez Ivan Illich ( dont je ne connais en fait le travail que par ouï-dire ) : Marc Girard, avec qui vous partagez une certaine communauté de vues, ne tient pas cet auteur en grande estime.
Ceci dit, merci de ce billet que je vais relire plus tard.
@ Anonyme
RépondreSupprimerMerci pour la référence.
L'économie des ovocytes et des embryons surnuméraires est traité dans le livre de Cécile Lafontaine lorsqu'elle parle de l transformation de l'altruisme en profits et sur les différents types de médecine procréative / régénératrice et améliorative.
Sur Illich je m'expliquerai sur les apports d'Illich et sur ses limites.La divergence avec marc Girard n'est qu'apparente.
A bientôt.
Docdu16: dans vos commentaires vous rappelez qu'en "cancérologie, les essais cliniques sont devenus la norme pour tous et qu'il est difficile de s'en extraire."
RépondreSupprimerCe constat vous conduira-t-il à apporter votre soutien au Dr Delepine, comme a pu y appeler l'association Med'Océan ?
http://www.medocean.re/2014/03/soutient-au-dr-nicole-delepine-chef-de-service-doncopediatrie-a-garches/
Voilà un post qui présente avec brio un livre que l'on a envie de découvrir ainsi que le travail de cet auteur.
RépondreSupprimerMerci
Ce livre me renvoie à un autre écrit par Roland Gori dont le titre est : faut il renoncer à la liberté pour être heureux? C'est le déclin de la liberté dans la participation citoyenne aux affaires publiques qui va de pair avec la recherche d'un bonheur restreint au domaine privé.Et le politique a confié la question sociale à la science et la technique et subsidiairement à l'économie."Aujourd'hui un pas est franchi au nom de la technique et du naturalisme: prescrire le bonheur sur ordonnance, installer de nouvelles servitudes au nom de la liberté et de l'hédonisme. Une nouvelle normativité des conduites prescrit le bonheur et, au nom de la sécurité version contemporaine de la question sociale, nous prive de la liberté et de la responsabilité".
RépondreSupprimerPar votre blog docteur 16, vous permettez une réflexion politique au sens noble, vous nous permettez de réfléchir sur la place de notre action dans la" cité" tout en espérant que l'on puisse parvenir à une participation citoyenne aux affaires publics.
Je vais me procurer ce livre et je remercie Docteur du 16. J’ai bien peur toutefois qu’il ne s’agisse une fois de plus d’un combat d’arrière garde. L’avorton de singe nu, néotène (Louis Block) oublié d’Epiméthée, a tellement soif au fond de son cerveau de primate mal dégrossi, d’utiliser son cerveau de sapiens sapiens pour se fabriquer de nouvelles armes Prométhéennes de « survie » (de sur-vie) que je le vois mal s’arrêter en si bon chemin. « L’homme altère tout. Pourquoi n’altérerait-il pas l’homme » (Dany-Robert Dufour).
RépondreSupprimerJ’ai lu récemment « où va l’humanité ? » juste 80 pages, mais très enrichissantes, tirées d’un forum de bioéthique (même si les auteurs ….) ; et « L’humain augmenté »200 pages de valeur inégale, mais une bonne bibliographie. Je pense que le livre de Brigitte Lafontaine est bien plus intéressant que ces deux-là, surtout sa vision politique, alors je vous propose comme un résumé le rêve (ou le cauchemar) qu’ils m’ont inspiré ainsi que quelques passages et quelques réflexions tiré de ces deux lectures.
Malheureusement les Dieux ne m’ont pas inondé de la Charis comme Docteur du 16, et vous n’aurez pas droit à la qualité de l’ancêtre de ces réflexions « Métamorphoses d’Ovide » ni a celle de Kafka…d’ailleurs, il vous sera donc quand-même enrichissant de lire ces livres, surtout le premier, lu en une après-midi . Mon Hubris m’a juste permis de délirer vers une vision d’après le "cannibalisme post-civilisationnel" évoqué dans ce post. C’est parti :
Je vois dans ce rêve, une présentatrice télévision (ou internet) , aux seins refait par un chirurgien esthétique Marocain (chiffre d’affaire ?) , bourrée de Super Prozac (« better than well »), porteuse d’un stérilet et d’une oreillette pour la tenir en laisse, nous faisant un grand sourire des ses implants dentaires et de ses lèvres botoxées, en dessous de son nez avec quelques traces de poudre blanche, nous lire avec ses lunettes Google, le prompteur qui annoncera: …
(Version féministe du « genre.. » : c’est un beau présentateur à la voix grave tellement bourré de stéroïdes pour l’aider à sa muscu qu’il a dû se faire poser des implants capillaires (Cahuzac bien sûr), et implanter un rein d’origine douteuse, il est vasectomisé mais a un pénis rallongé par un chirurgien plastique Brésilien (chiffre d’affaire ?), il a pris tellement d’amphétamines et de caféine qu’il a dû aussi se faire poser aussi un pacemaker. Il a les mêmes implants dentaires.. et la même oreillette de « Big Brother Média temps de cerveau disponible » pour le tenir en laisse enfin quoi des gens que l’on rencontre(ra) souvent sur nos écrans !!!
..et que dit le prompteur ?
Qu’un étudiant Californien bourré de Ritaline* et d’hormone de croissance depuis son plus jeune âge, travaillant pour pour Mon Shantô (l’entreprise Chinoise bien connue qui a raflé toutes les terres rares du globe), a enfin crée grâce aux fameuses techniques de convergence NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, sciences de l’Information & sciences Cognitives), d’human enhancement, le Golem Cyborg génétiquement chimérique post-humain quasi-immortel et infiniment puissant.
Popper 31 suite:Bien sûr cette invention (qui n’est pas une découverte… différence subtile) respecte parfaitement l’arrêté de la Cour suprême des Etats Unis du 13 juin 2013 décidant que l’ADN est un produit de la nature et n’est pas éligible pour un brevet.
RépondreSupprimerBien sûr aussi, seuls les 300 néotènes de la planète, plus égo qu’égaux, ces grands avides, héritiers de Malebranche (la fable des abeilles mère du néolibéralisme), les fameux sociopathes de CMT, qui possèdent un patrimoine égal à 3 milliards de leurs semblables vont pouvoir se payer ce nouveau joujou.
Cette invention post-Darwinienne leur permettra 1)de posséder encore plus 2) de survivre au voyage interplanétaire qu’ils ont prévu de longue date pour s’échapper de cette terre après l’avoir pillée puis dépecée.
Soyons indulgents, ce sont eux ces post-humains anthropotechniques prométhéens, le seul dérisoire avenir du genre humain..étendu.
Dans mon rêve je n’ai pas pu voir s’ils avaient réussi à sur-vivre sur une autre planète, mais qu’importe le devenir de ces sapiens avides qui se sont affranchis de toutes responsabilité vis-à-vis de leurs semblables, ils sont de toute façon, probablement une petite erreur de la nature à l’échelle intergalactique de l’Univers et elle a dû mieux réussir son coup ailleurs…
Au fait la même présentatrice (ou présentateur) m’annonce la libération d’Oscar Pistorius (Icarius ?) « the blade runner », puisqu’il a accompli son geste sous anabolisants et que la médecine depuis longtemps a réduit le sujet à un corps dont-elle a fait son objet ; au point que le corps en vient à faire disparaître le sujet …qui ne saurait donc être coupable…
Popper31 suite :
RépondreSupprimerBon ! pour écrire ce post je m’aperçois que : 1 j’ai utilisé des verres correcteurs qui me permettent de lire (presque) comme à vingt ans, 2) j’ai usé d’un un ordinateur qui transmet mes pensées à la vitesse de l’ électron, à nombre de gens que je ne rencontrerai jamais, (ce même ordinateur est censé me signaler mes fautes d’orthographes … ce qui fait que j’en laisse passer un wagon, mille excuses) il a été fabriqué par les mêmes enfants que celui de Docteur du 16 et le vôtre pour me lire 3) je fume une cigarette électronique pour maintenir mon taux de nicotine 4) je suis sous antalgiques palier II qui me bouffent pas mal les neurones pour un bras sacrifié aux vertiges de la vitesse, ce qui j’espère excusera les faiblesse de ce texte (même si je compense un peu grâce à la caféine !!.. ) 4) d’ailleurs ce foutu bras je l’échangerai bien contre une bio-prothèse, mais je n’ai pas (encore) de donneur ;-) 5) mon téléphone portable devenu quasi indispensable est resté à portée de la main faute de m’être (bientôt ?) greffé, ) 6) et je passe sur tant et tant d’autres prothèses techniques ou chimiques qui me sont devenues quasi-indispensables. Je ne suis moi-même qu’un homo sapiens cherchant à augmenter ses capacités déjà un peu mutant, même si je ne suis pas encore le dernier homme (Francis Fukuyama) puisqu’il ya déjà mes gosses qui passent leur temps dans la réalité virtuelle ou dans des réseaux qui ne le sont pas moins… et Doudou qui regrette de ne pas trouver le livre de Lafontaine sur Amazon … !!
Voilà le « cauchemarêve » que j’ai fait. Déjà Condorcet pensait que la perfectibilité de l’homme était infinie, Julian et Aldous Huxley étaient des zélateurs du transhumanisme, Alan Turing prévoyait à juste raison une machine plus intelligente que l’homme et Marvin Minsky, celui qui dirige le programme d’intelligence artificielle au MIT, pense que notre corps n’est que « a bloody mess of organic matter » qu’il est temps de transcender par le post-humanisme. Le marché de l’augmentation humaine est donc infini et nous savons pertinemment ce qu’il en est des lois du marché à l’heure actuelle par exemple (Augmented Human International Conference Megève 2010 estimait le marché à 877 millions de dollars d’ici 2020, sans compter la recherche grise, les psychostimulants, le dopage,la chirurgie esthétique, le don d’organe, la PMA & MPA et quelques autres !!!...
Le fait que nous vivions très rapidement un mix du « meilleur des mondes », de « Soleil vert » et autres SF transplanétaires me semble inéluctable. Mais après tout, l’homme pour survivre compense sa faiblesse en habitant le temps, que l’instrument de tout ce jeu avec le temps est le langage (Israël Nisand) et donc que les sociétés humaines ont pour habitat leur langage (Pascal Quignard)…
Comme rien n'est nouveau sous le soleil, un tel état d'esprit existe depuis longtemps. Il se manifestait avec la variolisation où l'usine à vaccin était l'être humain. Cela se prolongea avec la vaccination jennerienne de bras à bras. Pierre Darmon, historien de la médecine, rapporte le cas, trouvé dans nos archives départementales, d'un vaccinateur se déplaçant avec un enfant portant pas moins de 15 pustules vaccinales sur chaque bras. Ailleurs, ce sont 2 vaccinateurs qui se disputent la même usine à vaccin, un enfant...
RépondreSupprimerBen oui, là aussi, le vaccin poussait pas dans les arbres. La technique évolue, permettant ainsi de nouvelles avancées mais avec le même état d'esprit.
Devant ces situations, et beaucoup d'autres (Pasteur et la rage, Koch et la tuberculine, Calmette et le BCG) il y a eu beaucoup de démissions même s'il y a aussi eu des lutteurs pour les dénoncer. Ils furent dénigrés au nom du même principe : les chiens aboient, la caravane passe ...
Audrey Kermalvezen signe - chez Max Millo ;) - un livre qui n'est pas sans rapport avec le billet : Mes origines une affaire d’État. L'auteure - juriste ès bioéthique et par ailleurs née suite à une IAD - retrace l'histoire de cette pratique et relate ses multiples démarches pour mieux en comprendre certains aspects, notamment la garantie juridique couvrant l'anonymat des donneurs, garantie qu'elle souhaiterait voire abrogée en tout ou partie suivant des modalités qu'elle expose en fin d'ouvrage.
RépondreSupprimerLe présent billet est illustré d'une brochure incitant au don d'ovocytes. Or, la loi de bioéthique du 07 juillet 2011 fait obligation aux médecins traitants d'informer régulièrement leurs patients sur le don de gamètes : comment les généralistes s'y prennent-il pour respecter cette obligation ?
RépondreSupprimerJe note que cette même loi de 2011 offre aux donneurs de sperme ou d'ovocyte la possibilité annexe, mais non négligeable, de pouvoir bénéficier gratuitement d'une conservation de leur don à usage personnel en cas d'infertilité ultérieurement constatée...
@ Anonyme de 10H39
RépondreSupprimerJe ne connaissains pas cette "obligation".
Je ne fais donc rien.
J'ai d'autres chats à fouetter : doser le PSA, inciter à la mammographie chez les femmes de moins de 50 ans, interdire le coca cola, je vis une pratique formidable.
Bonne et anonyme journée.
J'avais extrait la formulation de cette supposée obligation du livre d'Audrey Kermalvezen. Au vu de votre réaction, je suis allé consulter le site Legifrance au sujet de cette loi de bioéthique du 07 juillet 2011. En fait, cette loi, en son article 29, prévoit l'insertion de deux articles dans le Code de la Santé Publique, qui abordent effectivement cette question, mais sur un mode formellement moins contraignant (plus comme une déclaration de principe, histoire de se donner "bonne conscience" à l'époque,...et de poser éventuellement un jalon en vue de dispositions futures plus contraignantes?):
RépondreSupprimerArt. L. 1244-1-1. - Les médecins gynécologues informent régulièrement leurs patientes sur le don d'ovocytes.
Art. L. 1244-1-2. - Les médecins traitants informent régulièrement leurs patients sur le don de gamètes.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=0770B51F5534CBA4BBF02B56EB02910B.tpdjo11v_2?idArticle=JORFARTI000024323241&cidTexte=JORFTEXT000024323102&dateTexte=29990101&categorieLien=id
Cordialement
CMT évoque les sociopathes aux manettes de ce projet transhumaniste dangereusement totalitaire, Oui, et oui, ce sont eux qui sont encore et toujours à la manoeuvre des idées le plus perverses et malsaines à la surface du globe depuis que l'Homme est Homme (personne ne connait de perroquet, de sanglier ou d'araignée sociopathe). Quand on a appris (à ses dépends) à bien les connaitre, on SAIT qu'ils sont lâches (et médiocres) par nature : on ne les voient guère dans la lumière où ils agitent leurs marionnettes. Mais, une "bonne nouvelle", c'est qu'eux et leur projet sectaire finissent TOUJOURS mal (après avoir bien pourri la vie des gens normaux, certes), C'est une question de temps.
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