Une tribune récente de Guy Vallancien (ICI), néolibéral affirmé et PSAolâtre distingué, qui fait suite à d'autres et qui précède celle-ci (LA) où il affirme avec véhémence que l'argent lui paraît être inodore, indolore, neutre et sans danger sur les cerveaux mandarinaux, trop forts les gars d'échapper à la dissonance cognitive, et a fortiori celui venant de big pharma ou de big matériel, fait penser (sur une suggestion de Dany Baud) à Célimène dans Le Misanthrope de Molière quand Alceste lui reproche d'avoir trop de soupirants (Acte 2, scène I) et qu'elle lui répond qu'en avoir beaucoup est la preuve qu'elle n'en a pas un en particulier, ce qui devrait le rassurer.
Alceste.
...mais votre humeur, Madame,
Ouvre, au premier venu, trop d’accès dans votre âme ;
Vous avez trop d’amants, qu’on voit vous obséder
Ouvre, au premier venu, trop d’accès dans votre âme ;
Vous avez trop d’amants, qu’on voit vous obséder
Et mon cœur, de cela, ne peut s’accommoder.
Célimène :
Des amants que je fais, me rendez-vous coupable ?
Puis-je empêcher les gens, de me trouver aimable ?
Et lorsque, pour me voir, ils font de doux efforts,
Dois-je prendre un bâton, pour les mettre dehors ?
Puis-je empêcher les gens, de me trouver aimable ?
Et lorsque, pour me voir, ils font de doux efforts,
Dois-je prendre un bâton, pour les mettre dehors ?
Plus loin.
Alceste :
C’est que tout l’univers est bien reçu de vous.
Célimène :
C’est ce qui doit rasseoir votre âme effarouchée,
Puisque ma complaisance est sur tous épanchée :
Et vous auriez plus lieu de vous en offenser,
Puisque ma complaisance est sur tous épanchée :
Et vous auriez plus lieu de vous en offenser,
Si vous me la voyiez, sur un seul, ramasser.
Tout est dit.
La théorie inavouée de Bruno Lina (voir ICI), virologue, grippologue, voire gripouillologue, est confirmée : "Trop de corruption tue la corruption." ou, dans sa version célimènesque : "Trop d'amants tue l'infidélité".
(Illustration : Ludivine Sagnier interprétant le rôle de Célimène - 2007)
Excellent ! Vraiment excellent ! Très bien vu de la part de Dany Baud. Molière était un génie. C’est dit avec finesse et élégance et ce qu’il a écrit il y a 400 ans semble d’une totale actualité.
RépondreSupprimerMediapart est en accès libre ce week-end, pour ceux que les tenants et aboutissants de cette trouble affaire de corruption intéressent http://www.mediapart.fr/journal/france/240315/les-gendarmes-du-medicament-faisaient-affaire-avec-les-laboratoires?page_article=1 . Je vais un peu déflorer l’article mais je ne résiste pas à la tentation de citer quelques passages et pour répondre aussi au précédent commentaire de Marc Girard.
Les principales personnalités concernées par cette affaire : « Après une enquête de plusieurs mois, Mediapart a en effet découvert que Gilles Bouvenot (président de la commission de la transparence de 2003 à 2014)[et aurapavant, vice-président de la commission d’autorisation de mise sur le marché entre autres fonctions http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_640269/fr/gilles-bouvenot-membre-du-college-de-la-has , Bernard Avouac (président de la commission de la transparence de 1989 à 1998), Jean-Pierre Reynier (vice-président de la commission d’autorisation de mise sur le marché de 1994 à 2002 et membre du conseil d’administration de l’agence européenne du médicament), Christian Jacquot (membre de la commission d’autorisation de mise sur le marché de 1996 à 2012), Renée-Liliane Dreiser (ancienne experte auprès de la commission de la transparence) et quelques autres, avaient mené sans jamais les déclarer des activités rémunérées de consultants.
Donc, ces personnalités, et d’autres qui se joignaient au groupe occasionnellement, participaient à des réunions avec des représentants des laboratoires qui se tenaient, vraisemblablement depuis les années 90 et jusqu’à très récemment, de manière très régulière, puisque l’une des personnes interrogées explique qu’elle n’y assistait que une fois par trimestre. Ces réunions se tenaient surtout dans des hôtels à Paris ou à Marseille (où habite Gilles Bouvenot). Elles concernaient soit des médicaments avant le début de leur développement soit des médicaments au moment où leur passage devant la commission de la transparence était imminent. D’après certaines personnes interviewées, ayant participé à ces réunions, de l’argent était remis, toujours en espèces, dans des enveloppes accompagnant les dossiers des médicaments ou laissé sur le lit de l’hôtel.
Plus surprenant, pour rester modéré, un certain nombre de témoins affirment que le groupe « démarchait » lui-même les laboratoires, notamment par l’intermédiaire de Renée Liliane Dreiser, une experte auprès de la commission de la transparence. Certains représentants des laboratoires accusent les membres du groupe et, notamment, Gilles Bouvenot, de tentative de corruption à leur égard.
...
SUITE
RépondreSupprimerGilles Bouvenot affirme que le poste qu’il a occupé dans la commission de l’autorisation de mise sur le marché en tant que vice-président à la fin des années 90 était un poste « potiche » (je suppose qu’il faut comprendre que c’était un poste où il était payé à ne rien faire) ce qui, d’après lui, l’autorisait à conseiller les laboratoires.
J’ouvre une parenthèse pour dire que lorsqu’on est investi d’une mission de service public on le fait au nom du peuple français qu’on est censé représenter et dont on protège l’intérêt général, on n’est pas juste là pour mener sa petite carrière.
Les propos de Bovenot vis-à-vis des journalistes ont varié dans le temps et il s’est dédit à plusieurs reprises au sujet de ses déclarations.
L’ancien PDG de Lundbeck, un laboratoire suédois tient des propos assez décapants. Il dit : « Il faut se mettre dans la psychologie des gens de l'industrie. Pour une somme aussi faible que 60 000 euros, je crois que les gens qui donnent n'ont pas l'impression de corrompre. On n'a pas l'impression de corrompre en offrant un voyage de 5 000 euros. Ce qu'on achète, c'est du temps de discussion. »
Donc, l’affaire est très grave. Plus qu’un scandale c’est l’apparition au grand jour de la corruption de tout un système, qui, dans son principe même, accorde à l’industrie pharmaceutique des privilèges qui ne sont accordés à aucune autre industrie, c'est-à-dire la préséance de ses droits à commercialiser, indépendamment de la qualité de ses produits, sur tout autre droit que ce soit celui des Etats ou des citoyens.
Gilles Bouvenot l’expliquait assez bien dans une interview réalisée par le journal l’Humanité http://www.humanite.fr/social-eco/gilles-bouvenot-%C2%AB-les-progres-therapeutiques-sont-rares-%C2%BB-482827
« Il faut savoir que chaque fois qu’une firme exploitant un médicament souhaite sa prise en charge solidaire, il doit passer devant la Haute Autorité de santé. Et selon le Code de la Sécurité sociale, pour qu’un nouveau médicament soit remboursé, il doit constituer un progrès ou induire une économie pour l’assurance maladie. Notre rôle, au sein de la commission de la transparence, c’est de prendre les médicaments qui sont mieux ou au moins aussi bien que ceux existant sur le marché. Si une pathologie n’est soignée que par très peu de médicaments, et que celui qui nous est soumis ne présente pas une réelle avancée, nous allons quand même estimer que c’est mieux que rien pour les patients concernés. En même temps, si un médicament est équivalent en termes d’efficacité à un autre, nous n’avons pas le droit, d’un point de vue réglementaire, de le refuser et d’empêcher la libre concurrence .»
Donc, pour les mises sur le marché, c’est un peu pile je gagne , face tu perds et l’industrie gagne à tous les coups, au nom de la libre concurrence.
A propos du livre, "la vérité sur vos médicaments" , écrit par des spécialistes hospitaliers qui n'ont jamais dénoncé le système auquel ils ont contribué et, notamment, la surenchère et la gabegie médicamenteuse, J-Y Nau s'enthousiasme beaucoup, et il vient d'inventer un nouveau concept en écrivant:" André Grimaldi, personnalité critique bien connue du monde hospitalier et des médias de gauche en particulier, peu suspect de conflits d’intérêts avec Big Pharma (il déclare, comme tous les auteurs de l’ouvrage, ses liens d’intérêts avec cette industrie)."
RépondreSupprimerAinsi, quand on est critique, et de gauche, on peut avoir plein de liens d'intérêts mais rester totalement immunisé contre les conflits d'intérêts.
La gauchitude immunise donc contre les conflits d'intérêts, et c'est plutôt une bonne nouvelle pour les médecins, qui, du moment qu'ils sont "critiques" et "de gauche" pourront se faire inviter au resto tous les jours par leur VM préféré et se laisser convier à des congrès en des lieux exotiques et luxueux.
Je voulais garder ça pour la postérité.