100 % des pratiques homéopathiques sont non validées |
Mais qu'en est-il de l'évaluation des pratiques médicales standardisées et/ou consensuelles non homéopathiques ? Nous envisagerons ici les pratiques "admises" et non les pratiques "innovatrices" non encore complètement évaluées.
Et en effet il y a plus d'essais dans la littérature qui testent des innovations que d'études qui apprécient des pratiques de soins standardisées.
Prasad et Cifu (1) ont analysé 2044 articles parus dans le New England Journal of Medicine entre 2001 et 2010.
Parmi les 1344 articles qui étudiaient une pratique médicale, 363 (27 %) concernaient des pratiques standards.
138 articles (38 %) confirmaient l'intérêt de ces pratiques.
146 articles (40,2 %) montraient que ces pratiques n'étaient pas plus efficaces ou pires que les précédentes ou que pas de traitement du tout.
79 articles (21,8 %) ne pouvaient conclure.
Les auteurs en concluaient que seules 38 % des thérapies standards étaient efficaces !
38 % des pratiques non homéopathiques académiques sont validées. |
Un projet du BMJCE (British Medical Journal Clinical Evidence) a lui analysé 3000 pratiques médicales. Il en a conclu que 35 % de ces pratiques sont prouvées (ou probablement prouvées), 15 % sont délétères et 50 % n'ont aucune efficacité démontrée.
35 % de 3000 pratiques médicales non homéopathiques sont validées |
Prasad et Cifu ont réanalysé 50 % des pratiques à l'efficacité incertaine et montré que 38 % de celles-ci pouvaient être cependant considérées comme validées. Ce qui conduit à 54 % de pratiques validées.
Après réévaluation 54 % des pratiques médicales non homéopathiques sont validées. |
Une étude australienne (2) a évalué 5209 articles concernant des pratiques médicales et a identifié 156 pratiques potentiellement inefficaces ou non sûres.
Il y avait des similitudes entre les résultats australiens et ceux de Prasad et Cifu mais aussi des discordances liées sans doute au fait que le contexte des pratiques était différent : 10 ans de NEJM pour les premiers et le corpus complet de la médecine pour les deux autres. Mais surtout : différences entre pratiques hospitalières et communautaires.
(1) Prasad VK, Cifu AS. Ending medical reversal: improving outcomes, saving lives. Baltimore (USA): Johns Hopkins university press;2015.
(2) Elshaug A, Watt A, Mundy L, Willis CD. Over 150 potentially low-value health care practices: An Australian study. Med J Aust. 2012;197(10):556-560
PS du 30 mai 2018. Il est amusant de voir que ces données sont citées par Aurélie Haroche dans le JIM (ICI) comme pouvant être rattachées à la démarche qualité.
Fantastique microf(r)iction: comment débattre avec ces éléments ? Tout est dit. Je vais finalement continuer d'exercer la MG, une MG de progrès et défensive.
RépondreSupprimerFantastique démonstration !
RépondreSupprimerJ'attends avec impatience les commentaires des 124 qui dénoncent l'homéopathie.
N'est-ce pas la démonstration de la parabole de la "paille dans l’œil du voisin et de la poutre dans la sienne"?
En tout cas, merci pour un tel billet.
Bonjour
RépondreSupprimerbravo pour ce travail concernant les pratiques vraiment validées . est-il possible de l'utiliser comme données factuelles dans un DPC intitulé "surmédicalisation"?
@Alain Siary.
RépondreSupprimerOui, bien entendu, en citant Prasad et Cifu.
a Dr MG qui a écrit
RépondreSupprimerJ'attends avec impatience les commentaires des 124 qui dénoncent l'homéopathie." dans un bel élan sincère ( ou ironique?) que je vais hélas freiner : C'est ce que j'ai tenté de faire sur Twitter et le seul résultat, alors que je suis totalement neutre et sans interêt, et que je me suis faite insultée et menacée (oui, un des principaux signataires est allé jusqu'à écrire que je devrais être dénoncée de ma fonction d'expert judiciaire pour charlatanisme (?!) et qu'un avocat pourrait s'en charger, on est pas à un délire près chez les #fakemeds qui ne savent même pas dans quelle rubrique je suis inscrite, mais passons) ; Dans le meilleur des cas, faute d'argumentation, c'est silence radio systématiquement, ils ne répondent plus. Donc, non, les pétitionnaires ne se positionneront pas sur la surmédicalisation, sur le surdiagnostic, sur les pratiques frauduleuses d'évaluation et de mise sur le marché. Ils vous répondront, in fine, que ce n'est pas leur propos. On leur répond qu'il y a des malversasions dans les essais cliniques et leur publications ? ils le reconnaissent mais sous le contrainte. Ils veulent courageusement la peau de l'homeopathie qui selon eux est une pratique irrationnelle. Certes. Mas le reste des prescriptions ? C'est l'histoire de la paille et la poutre. Le problème est que cette posture décrédibilise totalement leur mouvement #fakemeds qui s'attaque au plus petit, au plus faible, mais pas à Big Pharma et Big Onco. Que changera le déremboursement de l'homeopathie, s'ils l'obtiennent? RIEN. Les adeptes convaincus (la majorité des utilisateurs de l'homeopathie) continueront à en utiliser; Ce seront des thérapeutes non médecins qui les recommanderont l'homeopathie qui deviendra un complément alimentaire comme un autre, et le résultat sera encore pire car les consommateurs d'homeopathie échapperont complètement à la médecine en faisant de l'automédication . C'est ce qu'ils veulent?
@ annette lexa
RépondreSupprimerJe ne peux croire que l'on vous ait menacée de la sorte. Les crétins sont légion mais, en ce cas, cela va trop loin.
Vous savez aussi que je suis très opposé à l'homéopathie.
Je peux vous assurer également que certains des 124 sont aussi opposés aux #fakeMed de la médecine non homéopathique.
Pour le reste : vous avez raison. L'homéopathie a été promue par les 124 comme un combat majeur alors qu'il s'agit d'un épiphénomène. Je lis aussi des déclarations délirantes sur les risques qu'ils encourent à se battre contre une secte d'illuminés rétrogrades. Ils ne risquent rien en réalité. Ils risquent le ridicule : certains des 124 se mettent en spectacle comme s'ils étaient des refuzniks, des proches du goulag ou des futurs rescapés des camps.
Pendant ce temps-là "The Show must go on".
Et, qui plus est, ils croient encore en Agnès Buzyn.
De qui se moque-t-on ?
J'écrivais tout à l'heure que le billet de blog qui a eu le moins de succès, et de loin, lors de sa sortie était celui que je viens de consacrer aux Laboratoires Servier... C'est assez symptomatique.
Il y a donc des gens de qualité dans les 124 avec qui nous avons partagé des idées fortes sur les #FakeMed et sur d'autres sujets. mais d'autres qui trouvent que la collaboration avec big pharma est une preuve d'expertise et d'autres que la Revue Prescrire est une #FakeMed à elle toute seule.
Tout mon soutien pour les menaces que vous avez reçues.
@Docteurdu16.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas votre 'très opposition' à l'homéopathie. Et je dois avouer que je suis perplexe. Est-ce que cela veut dire que vous êtes certain que cela ne marche pas ? Pas que cela ne peut pas marcher. Est-ce que vous engageriez votre réputation en affirmant que cela ne marche pas et que vous en êtes absolument certain.
Parce que les homéopathes, sont des médecins, qui ont eu leur diplôme de médecine et qui exercent comme vous ou d'autres. Donc 2 solutions, soit ils sont absolument débiles (mais alors comment le système de formation médicale à pu laisser passer ce type de personnes ?) On peut se dire qu'ils sont devenus débiles après leurs études. Partons de ce point de vue.
Qu'est-ce qui a pu les pousser à ces débilités ?
- la publicité ? peut probable à cause du différentiel de budget communication entre big pharma et small homéo. Pour se donner un ordre d'idée à la grosse louche, le CA big pharma c'est 1 000 milliards et celui de boiron c'est 0.5 milliard. Donc ce n'est pas la puissance financière...
- la dégénérescence classique due au vieillissement, mais cela n'explique pas les jeunes médecins homéo.
- Une sorte de complot des illuminati ou des reptiliens. Je dois avouer que je n'y crois pas.
Bon, imaginons que c'est une forme de contamination bactérienne....
Tordons déjà l'idée qu'il n'y a jamais de principe actif. Je crois me souvenir d'une discussion ou on m'avait affirmé qu'il n'y avait plus de principe actif a partir de la 7ème dilution. Donc toutes les teintures mère et les dilutions jusqu'à D6 ou 7CH (à vérifier) contiennent du principe actif.
Cela n'enlève pas la possibilité que l'impression des propriétés survit avec les dilutions et qu'un 30CH soit encore actif. D'ailleurs, je puis vous assurer que si vous prenez des billes de sucre de Gelsemium 30CH vous allez être dans le coltar. Mais imaginons que ce n'est pas vrai et juste une suggestion. Ce qui est compliqué parce que cela marche avec les enfants sans qu'on doive leur dire que cela va les calmer et les aider à dormir. Mais admettons que par leurs neurones miroirs arrivent à capter l’intentionnalité du parent et s'y conformer.
Partons de ce principe.
Vaut-il mieux donner des granules de gelsemium 30CH aux enfants qui ont du mal à dormir ou du
Theralene® ou Atarax®, les 3 ayant la même action sur l'enfant en question ?
herve_02
Bien d'accord.
RépondreSupprimerJ'aimerais à titre d'exemples, parmi d'autres, citer l'absence de preuve d'efficacité du pholoroglucinol dans de nombreuses pathologies rencontrées en médecine générale et aussi de l'acetylleucine dans les vertiges, sans parler du gliclazide, de la méformine, insuline, iddp4 chez les patients DT2...
L'irrationnel est aussi fréquent en médecine conventionnelle. Il faut définir ce qu'est une thérapeutique dont l'efficacité est prouvée... Et je rajouterai de façon convaincante ..
Remy Boussageon
Professeur de médecine générale
Qui aime aussi lire Prasad Ioannidis et Gotzsche...