Jérôme Cahuzac fait des TIG comme médecin généraliste |
Trois billets de blogs (écrits pas des médecins généralistes) sont parus récemment et leur pertinence illustre de façon saisissante l'état de la médecine en ce moment.
Le lien d'intérêt est évident : je suis médecin généraliste.
Ces billets de blog sont courts. Percutants.
Commençons par le cas clinique rapporté par Hippocrate et Pindare (H et P) (LA) : un patient diabétique est suivi par un endocrinologue qui est également son médecin traitant. Quand il commence à souffrir de (fortes) douleurs articulaires, le médecin traitant endocrinologue l'adresse à un rhumatologue et, semble-t-il, sans tenter de soulager ses douleurs afin de ne pas perturber le diagnostic (qui aura lieu dans quelques semaines en raison des difficultés pour obtenir un rendez-vous).
H et P tente de trouver des raisons à cet état de fait : mépris du médecin généraliste, mépris de la médecine générale, incompétence médicale de l'endocrinologue pour soulager un patient en dehors de sa spécialité, mais aussi incompétence du patient par rapport au parcours de soins.
Mon interprétation est la suivante : les spécialistes d'organes exerçant en ville sont des refoulés de l'hôpital dans deux acceptions : refoulés physiquement par manque de postes et refoulés psychologiquement par regret de ne plus faire partie de l'alma mater.
Cette interprétation est tendancieuse : en réalité, l'enseignement académique de la médecine et l'organisation hospitalière de la médecine, ne reconnaissent pas la médecine générale qui arrive comme une verrue en fin d'études sur le visage lisse et élégant de l'académisme hospitalier.
Quand un patient hospitalisé en CHU dans un service d'endocrinologie ou de médecine interne/endocrinologie fait un pet de travers, on appelle le gastro-entérologue. Sans doute pour qu'il n'y ait pas de perte de chance (on rit !). Il arrive même qu'un patient endocrinien guéri reste quelques jours de plus hospitalisé dans l'attente de l'avis spécialisé sur ce pet de travers.
Ce modèle est reproduit en ville (Note 1).
Dans le cas clinique rapporté par H et P l'erreur (administrative et théorique) fondamentale tient au fait qu'un spécialiste d'organe puisse être médecin traitant (on me dit qu'il s'agissait à l'origine d'une demande syndicale). La deuxième erreur tient au fait qu'un spécialiste d'organe puisse penser qu'il peut être médecin traitant, c'est à dire répondre à des demandes de soins qui sortent de sa spécialité. La troisième erreur tient au fait qu'un patient puise penser qu'il peut se passer d'un médecin traitant.
Mais surtout : la transposition de l'organisation hospitalière vers la ville passe par le culte du diagnostic.
Et encore : ce n'est absolument pas une critique à l'égard des spécialistes d'organe, non non non (un médecin généraliste sait combien l'avis des spécialistes est fondamental dans sa pratique) (Note 2).
Note 1 : Et je ne parle pas de l'hospitalisation non publique où le cabotage (i.e. le "à toi à moi" entre spécialistes d'organes n'est pas un problème diagnostique mais un souci économique)
Cette interprétation est tendancieuse : en réalité, l'enseignement académique de la médecine et l'organisation hospitalière de la médecine, ne reconnaissent pas la médecine générale qui arrive comme une verrue en fin d'études sur le visage lisse et élégant de l'académisme hospitalier.
Quand un patient hospitalisé en CHU dans un service d'endocrinologie ou de médecine interne/endocrinologie fait un pet de travers, on appelle le gastro-entérologue. Sans doute pour qu'il n'y ait pas de perte de chance (on rit !). Il arrive même qu'un patient endocrinien guéri reste quelques jours de plus hospitalisé dans l'attente de l'avis spécialisé sur ce pet de travers.
Ce modèle est reproduit en ville (Note 1).
Dans le cas clinique rapporté par H et P l'erreur (administrative et théorique) fondamentale tient au fait qu'un spécialiste d'organe puisse être médecin traitant (on me dit qu'il s'agissait à l'origine d'une demande syndicale). La deuxième erreur tient au fait qu'un spécialiste d'organe puisse penser qu'il peut être médecin traitant, c'est à dire répondre à des demandes de soins qui sortent de sa spécialité. La troisième erreur tient au fait qu'un patient puise penser qu'il peut se passer d'un médecin traitant.
Mais surtout : la transposition de l'organisation hospitalière vers la ville passe par le culte du diagnostic.
Et encore : ce n'est absolument pas une critique à l'égard des spécialistes d'organe, non non non (un médecin généraliste sait combien l'avis des spécialistes est fondamental dans sa pratique) (Note 2).
Note 1 : Et je ne parle pas de l'hospitalisation non publique où le cabotage (i.e. le "à toi à moi" entre spécialistes d'organes n'est pas un problème diagnostique mais un souci économique)
Note 2 : On m'a maintes fois reproché de ne pas "aimer" les spécialistes d'organes ou de toujours les critiquer. Précisons ceci : il est normal qu'un cardiologue en sache plus en cardiologie qu'un médecin généraliste (les médecins généralistes universitaires sont en train de me traiter de traître) et itou pour les autres spécialités. En revanche il est anormal que le médecin généraliste se rende compte que le spécialiste ne fasse pas tout à fait le job, soit pour des raisons pécuniaires, soit pour des raisons idéologiques, soit pour les deux à la fois.
Ce qui nous amène au billet de Bruit des sabots (BdS) (ICI).
Ce billet devrait être lu dans toutes les écoles de médecine avant toute explication théorique. Et relu. Il est parfait.
C'est la part invisible du travail des médecins généralistes qui est rapportée. Grosso modo BdS nous dit ceci : les médecins généralistes gèrent l'incertitude, les soins non programmés, c'est eux ; quand un patient arrive aux urgences, soit de son propre chef, soit adressé par son médecin traitant, c'est la partie émergée de l'iceberg, l'écume de l'activité, celle que l'on met en exergue pour parfois la critiquer.
BdS nous parle donc de la partie immergée invisible, celle que le médecin généraliste gère dans une zone non institutionnalisée, avec les moyens du bord, avec les correspondants amis ou non disponibles. Dans l'urgence ou la semi-urgence, au milieu d'un planning serré.
Quand les médecins généralistes auront disparu, c'est que l'iceberg aura fondu, il n'y aura plus de partie émergée et de partie immergée, le niveau des eaux aura monté et les malades couleront(Note 3).
Note 3 : BdS est le digne continuateur de la pensée de Desmond Spence, généraliste écossais. Qui dit aussi, ce qui peut être paradoxal : "La valeur de la médecine générale ne tient pas à ce qu'elle fait mais à ce qu'elle ne fait pas." Il signifie par là gérer l'incertitude, ne pas demander trop d'examens complémentaires, d'avis spécialisés. Voir LA.
Luc Perino nous dit ICI que la iatrogénicité est l'éléphant dans le couloir des soins. Que nombre de pathologies et/ou de symptômes sont liés à la prescription et que la déprescription est l'avenir de la médecine. C'est le triomphe de la médecine symptomatique qu'il faut remettre en question. C'est le triomphe de la médecine (et de l'industrie pharmaceutique) qu'il faut remettre en question. Il faut donc créer le médecin expert de demain en iatropathogénicité dit-il avec ironie. Créer un expert c'est comme créer une commission, c'est pour enterrer le projet.
Le cadre et l'horizon de la médecine, c'est la société de consommation. Les marketers ont une loi fondamentale : une tâche (ou une tache) un produit. Pour l'industrie pharmaceutique : une maladie, un produit, un symptôme, un produit. Et tout comme les alcooliers tentent de sensibiliser les jeunes enfants au goût de l'alcool ou les junkfooders à celui du sucre, on incite les consommateurs malades (ou non) au zéro douleurs.
On en revient au rôle du médecin généraliste : être fédérateur, informer les spécialistes d'organes, faire des choix, pondérer, arbitrer, disposer de toutes les ordonnances émanant des spécialistes ou non pour en faire une prescription unique.
Ce billet devrait être lu dans toutes les écoles de médecine avant toute explication théorique. Et relu. Il est parfait.
C'est la part invisible du travail des médecins généralistes qui est rapportée. Grosso modo BdS nous dit ceci : les médecins généralistes gèrent l'incertitude, les soins non programmés, c'est eux ; quand un patient arrive aux urgences, soit de son propre chef, soit adressé par son médecin traitant, c'est la partie émergée de l'iceberg, l'écume de l'activité, celle que l'on met en exergue pour parfois la critiquer.
BdS nous parle donc de la partie immergée invisible, celle que le médecin généraliste gère dans une zone non institutionnalisée, avec les moyens du bord, avec les correspondants amis ou non disponibles. Dans l'urgence ou la semi-urgence, au milieu d'un planning serré.
Quand les médecins généralistes auront disparu, c'est que l'iceberg aura fondu, il n'y aura plus de partie émergée et de partie immergée, le niveau des eaux aura monté et les malades couleront(Note 3).
Note 3 : BdS est le digne continuateur de la pensée de Desmond Spence, généraliste écossais. Qui dit aussi, ce qui peut être paradoxal : "La valeur de la médecine générale ne tient pas à ce qu'elle fait mais à ce qu'elle ne fait pas." Il signifie par là gérer l'incertitude, ne pas demander trop d'examens complémentaires, d'avis spécialisés. Voir LA.
Luc Perino nous dit ICI que la iatrogénicité est l'éléphant dans le couloir des soins. Que nombre de pathologies et/ou de symptômes sont liés à la prescription et que la déprescription est l'avenir de la médecine. C'est le triomphe de la médecine symptomatique qu'il faut remettre en question. C'est le triomphe de la médecine (et de l'industrie pharmaceutique) qu'il faut remettre en question. Il faut donc créer le médecin expert de demain en iatropathogénicité dit-il avec ironie. Créer un expert c'est comme créer une commission, c'est pour enterrer le projet.
Le cadre et l'horizon de la médecine, c'est la société de consommation. Les marketers ont une loi fondamentale : une tâche (ou une tache) un produit. Pour l'industrie pharmaceutique : une maladie, un produit, un symptôme, un produit. Et tout comme les alcooliers tentent de sensibiliser les jeunes enfants au goût de l'alcool ou les junkfooders à celui du sucre, on incite les consommateurs malades (ou non) au zéro douleurs.
On en revient au rôle du médecin généraliste : être fédérateur, informer les spécialistes d'organes, faire des choix, pondérer, arbitrer, disposer de toutes les ordonnances émanant des spécialistes ou non pour en faire une prescription unique.
Vous avez raison, heureusement que les Saints Martyres de la Médecine Générale sont là pour sauver les patients du Grand Mal Spécialiste d'Organe
RépondreSupprimer-Jamais mes patients suivis pour rhumatisme inflammatoire chronique ne se voient répondre par le médecin généraliste "demandez au rhumato, c'est le rhumatisme" avant même de savoir de quelle douleur souffre le patient, jamais. On n'a pas le droit d'avoir au choix de l'arthrose, de la goutte, une sciatique ... en plus de sa polyarthrite, pas tout sur une même personne quand même !
-Jamais on ne me regarde avec des grands yeux après un examen clinique "ah ben docteur on ne m'avait jamais ausculté comme ça alors que ça fait deux ans que j'ai mal au dos , mon médecin il me prend juste la tension et encore..." Jamais.
-Jamais mes patients ne se voient répondre par leur médecin généraliste " ah ça la biothérapie j'y touche pas, je sais pas, demandez au rhumato" Jamais ( et imaginer que le dit médecin traitant prenne son téléphone pour appeler son confrère ...Pardon , je m'égare)
-Jamais le médecin traitant ne met sur le dos d'un traitement sur lequel il n'a pas pris la peine de se renseigner, une éruption cutanée, une toux, un cor au pied, que sais-je... en disant à son patient d'appeler "l'hôpital" , c'est "leur" traitement. Jamais. (et imaginer que le dit médecin traitant prenne son téléphone pour appeler son confrère ...Pardon , je m'égare à nouveau)
-Jamais devant une cytolyse minime sous Méthotrexate, le patient en RDV 4 mois plus tard, me dit avoir tout arrêté sur conseil du généraliste qui lui a dit "vous verrez avec le rhumato" Jamais. (et imaginer que le médecin prenne son téléphone ... je radote)
-Jamais le médecin généraliste ne considère l'hôpital comme une machine à distribuer des consultations dans les 48 heures ( ben tant que vous êtes hospitalisés dites leur de vous faire la scinti thyroidienne, le bilan martial, la consulte dermato et les vaccins du petit dernier) Jamais. C'est bien connu à l'hôpital on claque des doigts et on a tout sans délai et sans justification.
Récemment vécu "cher confrère rhumatologue puisque Mr C. -coronarien de son état- vient vous voir en consultation -même pas en hospitalisation, hein !!- , vous ne pourriez pas le montrer à un cardiologue: il a eu une douleur thoracique en étau il y a trois jours" ça tombe bien, j'ai toujours un cardiologue dans un tiroir de mon bureau ,on sait jamais ( surtout dans un centre hospitalier où il n'y a pas de cardiologie)
- pas mal celle-là aussi - récemment vécue : "il a une sciatique mais a du Xarelto je peux lui mettre des AINS ? Je vais lui offrir un Dorosz pour son anniv. mais je m'égare, les AINS c'est affaire d'ultra spécialiste.
-Jamais les médecins généralistes qui veulent être considérés à juste titre comme des spécialistes ne tirent à boulets rouges sur leurs confrères "spécialistes d'organe", comme si il y avait un complexe d' infériorité ou une question de cet ordre à régler .... ( tiens j'ai dû être psy dans une autre vie, d'ailleurs c'est la spécialité de quel organe la psy ?) Jamais. Ils savent très bien que le but c'est de faire au mieux en équipe pour le patient, pas d'entretenir des guéguerres de cours de récré.
Nous sommes sauvés.
@ Unknown
RépondreSupprimerLe club des spécialistes d'organes anonymes a trouvé son héraut.
Et, vous allez être surpris : tout ce que vous dites est vrai.
Je suis d'accord, les MG se comportent aussi mal, parfois, que les spécialistes d'organes.
La différence tient à ceci : vous ne proposez rien sinon la théorie du complexe d'infériorité (qui se retourne aisément, vous l'admettrez).
Par ailleurs, votre anonymat ne permet pas de savoir comment vous vous comportez en pratique.
Bonne journée.
Anonyme car je n’ai pas de blog et mon adresse gmail sur le modèle vilainspécialiste@gmail.com n’apporterait pas grand chose. Vous comptez venir faire « patient mystère ? » Disons que comme vous êtes docteur du 16 ( « afficher mon profil complet » n’en dit pas plus sur vous ) je suis docteur du 13.
RépondreSupprimerVous l’aurez remarqué je suis un spécialiste qui lit des blogs de médecine générale: espérant y trouver une autre façon de voir la médecine que celle de mon milieu de spécialistes hospitalo-universitaires.
C’est donc assez navrant cette guéguerre niveau maternelle qui transpire de la majorité des billets. Non, il n’y a pas des « médecins généralistes qui PARFOIS se comportent aussi mal que les spécialistes » ( sous entendu : eux toujours ?) il y a des bons et des mauvais médecins, partout dans toutes les spés, et dans tous les modes d’exercice.
« La diffèrence » entre qui /quoi et qui /quoi ? Vous et moi ? Je n’ecrivais pas pour proposer une solution à votre antipathie envers les non-généralistes mais pour constater. Cependant , si vous le demandez, je propose simplement le respect et la considèration mutuelle.
Je suis aussi des blogs de spécialistes. Ils ne passent pas leur temps à critiquer les généralistes ou autres spés.
Pour ma part, pas de complexe d’infériorité, j’avais le choix de la médecine générale.
Vous allez me répondre que je peux aller lire ailleurs, vous avez raison c’est ce que je vais faire. L’aigreur n’est pas un bon moteur pour moi.
Bonne continuation.
Ce héraut des spécialistes a un franc parler, et pointe du doigt le talon d’Achille du doc du 16 : son animosité envers ce qu'il nomme les spécialistes d'organe (les oncologues appartenant à la plus honnie de cette espèce). Car enfin avant que l'on évoque la notion très spécieuse de spécialiste en médecine générale, on nommait les uns et les autres des généralistes et des spécialistes ... D'organe il n'était point question; par exemple quel est l'organe de l'endocrinologue ? du médecin interniste ?
RépondreSupprimerCe qu'évoque hippocrate et pindare a toujours existé, bien avant que l'on crée l'entité 'médecin traitant' et la responsabilité de ce type de comportement tient autant au patient qu'aux médecins qui le prenne en charge. Bruits des sabots a fait un très beau billet qui peut permettre aux médecins n'ayant jamais quitté le giron hospitalier, particulièrement aux urgentistes (spécialiste de quel organe ?) dans ce cas de figure, de relativiser les critiques qu'ils pourraient émettre sur la responsabilité des généralistes dans la surcharge de travail qu'ils connaissent.
Le spécialiste du 13 avait proposé quelque chose contrairement a ce que du 16 lui reproche : 'le but c'est de faire au mieux en équipe pour le patient' ; et c'est ce que j'ai toujours l'impression d'avoir perçu dans mon environnement d'exercice.
Revenez lire les billets du 16 spécialiste du 13, on peut y trouver quelques interrogations légitimes.
hd29 = hexdoc : erreur d'enregistrement.
RépondreSupprimer@ Anonyme.
RépondreSupprimerPar où commencer ?
Ceci : Vous êtes comme ceux qui pensent qu'en France le racisme anti blanc est à mettre au même niveau que le bon vieux racisme des blancs à l'égard des non blancs.
Le racisme anti généraliste est la règle. Caché parfois derrière la condescendance et soutenu par le pouvoir dans les grandes institutions.
Il existe même, j'ai des noms, des généralistes qui s'en repaissent car ils désireraient tant appartenir à leur groupe de référence. On appelle cela des Oncle Tom.
Quant au travail en groupe : relisez Bruit des Sabots.
Cela fait 39 ans que je fais de la médecine générale et beaucoup de choses ont changé. Par le fait de l'activisme des médecins généralistes. Pas grâce aux spécialistes canal historique. Par le fait du dialogue symétrique et asymétrique entre presque pairs.
Citez moi un scandale sanitaire qui n'ait pas, d'abord, été dénoncé par les médecins généralistes.
Les choses changent mais lentement. Si lentement que les généralistes disparaissent.
@ hd29.
Vous faites le malin avec les endocrinologues qui ne seraient pas spécialistes d'organes : les endocrinologues "font" du diabète et de la thyroïde. Avec les succès que l'on sait. Quant aux internistes, vous savez combien ils sont détestés par les "vrais" spécialistes d'organes hospitaliers.
Enfin : je ne suis pas spécialiste en médecine générale.
Suis-je anonyme ?
JC Grange
16 rue Blaise Pascal
78200 Mantes-La-Jolie
et sur TWT @grange
doc du 16 : sur le coup la vous êtes déconnant: votre métaphore avec le racisme est hors de propos et malvenue.
RépondreSupprimerJe n'ai que 4 ans d'installation de moins que vous, et oui beaucoup de choses ont changé, mais pas par le fait de l'activisme des médecins généralistes. Mais plutôt par l'extension de spécialités qui ont grignoté notre champ d'action : les gériatres, les urgentistes, et maintenant les sages femmes. (sana compter tous les fakesmed - ostéo naturopathe ... - qui ont de plus en plus pignon sur rue y compris apparemment dans certaines maisons de santé).
Il est fréquent de s'entendre demander à l'occasion de l'hospitalisation d'une personne âgée si elle a eu une 'évaluation gériatrique' ? J'ai bien envie de répondre à chaque interne qui me pose cette question si sa grand mère en a eu une elle ?
Les urgentistes spécialité qui semble être née à l'aube des feuilletons télé médicaux a fait disparaitre l'activité des médecins pompiers et des généralistes encore impliqués dans la prise en charge des urgences, les gardes de médecine générale ne concernant plus actuellement que les situations de permanence des soins : angine, rhino, otite, abcès dentaires, cystite ...
Les sages femmes libérales : activité nouvelle qui s'occupe maintenant du champ d'action du suivi de grossesse et de la gynécologie médicale, en remplacement de plus en plus des gynécologues (gentils gygy d'autrefois devenus aujourd'hui des maltraitants honnis) et des généralistes qui en campagne mais aussi en ville s'y investissait. Je reconnais leur compétence et ne nie pas leur importance, mais c'est une activité qui va décliner pour la médecine générale.
C'est peut être pour cela en partie que les généraliste disparaissent : par rétrécissement des champs d'activité ou ils pouvaient s'impliquer, ce qui réduit finalement l'intérêt de cette activité.
Et qu'est ce dédain des endocrinologues que vous rabaissez en une phrase sibylline ... Et je n'ai jamais eu l'impression que les internistes étaient détestés par leur pairs hospitaliers comme vous semblez l'affirmer (en contradiction à votre tournure de phrase tendancieuse :'vous savez combien ..') , mais bien au contraire de précieux recours dans des situations cliniques complexes, ce pour quoi ils ont été formés.
'le but c'est de faire au mieux en équipe pour le patient' c'était tout de même la conclusion de votre interlocuteur, et pas un mot la dessus !
@hexdoc.
RépondreSupprimerPrendre les choses à l'envers...
C'est l'activisme des médecins généralistes qui a permis l'enseignement de la médecine générale. Non ?
Je trouve, au contraire de vous, que jamais les médecins généralistes n'ont été aussi pointus et c'est grâce à l'enseignement, grâce aux progrès de l'EBM, grâce aux groupes de pairs, grâce à une meilleure communication avec les collègues pairs ou non, et cetera.
L'empiètement du champ d'activité des MG est a) une bonne chose ; b) une chose excécrable.
Une bonne chose dans certains domaines où la nécessité d'une expertise pointue a permis de faire des progrès dans la prise en charge des patients grâce à un diagnostic plus précis et grâce à un traitement mieux adapté.
Excécrable, car l'extension du champ des spécialistes a signifié sur médicalisation de certains domaines, excès d'examens complémentaires, sur traitements, et cetera.
Est-ce que la pédiatrie de ville présente un intérêt en santé publique ?
Est-ce que la prise en charge du suivi des grossesses par les SF a changé la mortalité en couches ? Non.
C'est le rabaissement des MG qui fait que les grossesses sont devenues une chasse gardée pour les spécialités... et l'hospitalocentrisme. Les gynécologues médicaux qui ne respectent ni les intervalles entre frottis, ni les recommandations pour le dépistage du K du sein, c'est aussi la sur médicalisation erronée.
Quant au problème des urgences que vous abordez, vous êtes à côté de la plaque.
Les vraies urgences doivent être à l'hôpital prises en charge par des urgentistes qui sauvent des vies. Mais le reste... Ce ne sont pas des urgences. Mais j'écrirai un billet là-dessus.
Le dédain des autorités pour la médecine générale est l'origine de cette merde.
Le public a été formé à cela : ah, vous faites des frottis ? ah, vous infiltrez ? ah, vous savez enlever un bouchon de cérumen ?
Quant à faire équipe... J'en avais assez d'écrire des courriers aux alzheimerologues pour arrêter les pseudo traitements de l'Alzheimer... pour enlever le procoralan... pour ne pas faire doser le PSA... pour que la pilule ne soit pas prescrite seulement pour trois mois...
Nous avons été considérés comme des merdes et les jeunes médecins n'ont pas envie de servir de paillassons aux politiques publiques débiles et d'écrire des lettres aux spécialistes d'organes afin de rabattre des clients.
Je ne vous convaincrais pas.
Interrogez mes correspondants, nous nous respectons, nous nous aidons, nous nous aimons aussi, mais pas tous.
C'est la vie.
Je pourrais en écrire des tonnes mais quand le chiffre des installations de MG augmentera, je pourrais dire que nous ne sommes plus de la merde.
Bonne soirée.
@Docdu16
RépondreSupprimerEt encore je vous trouve sympa de pas revenir sur les oncologues... ce que j'en dis.
Quelqu'un parle ici de "fake med". Pour rajouter au débat avec mon point de vue de patient, j'ai bénéficié, très largement, d'une approche considérée encore plus fake que ce que vous citez. Peu importe l'approche en question. Avec les résultats conformes à ce qui qui était annoncé par la théorie, persistance dans le temps (>15 ans) - bref des critères qui me semblent dans toutes les sciences, fondamentaux, et qui devraient plus l'être dans les sciences médicales aussi.
RépondreSupprimerMoi qui suis abonné aux spécialistes (maladie auto immune), et généralistes, j'ai remarqué qu'une seule catégorie de médecins avait réussi à suivre mon évolution, à la comprendre, et à la comparer avec d'autres patients qui avaient eu des résultats similaires : des médecins du travail (bon, pas tous, j'ai eu aussi des médecins du travail en quasi dépression en direct dans leur cabinet, ou noyés sous des dossiers qui me regardaient à peine, bref, quelques uns présents là par défaut, et qui justifiaient à eux seuls la mauvaise réputation de cette branche).
Je m'étonnais de ça auprès d'une d'entre elles. Elle me disait qu'en fait ils suivaient des patients obligés de venir, pendant des années et des années. Et que donc, quand un patient qui a une maladie grave dégénérative, revient des années après en pleine forme, ils sont tentés de comprendre pourquoi. Et d'enregistrer, sans forcément valider d'ailleurs, la méthode que le patient décrit. Ce qu'un spécialiste aura beaucoup de mal à faire. Je valide là totalement, avec mon expérience de patient, ce que dit doc du 16 : les spécialistes sont en grande majorité ... ultra spécialisés ! Ce qui n'entre pas dans leur champs est parcouru très vite, et laissé de côté. Ce qui est contrariant quand comme moi on a eu tout d'un coup des symptômes divers, sans aucun rapport apparent les uns avec les autres, mais qui apparaissent tous en même temps. Se faire balader est de plus fatiguant dans ces moments là. Surtout se faire balader dans le système "un symptôme, un médicament, pour voir". Les généralistes, pourtant mieux placés pour une vue d'ensemble font presque pareil "un symptôme, un médicament, pour voir, et pour adresser ou pas à tel spécialiste selon ce qui a fonctionné". Avec une peur de contredire le spécialiste parfois étonnante. Bref, il manque à ce joli ensemble un médecin capable de constater pendant des années les évolutions positives, de gens qui donc vont beaucoup moins consulter, ce devrait être un des rôles du généraliste, mais non, il ne le fait que très peu, ou pas. Parfois, des médecins du travail qui ne sont pas là par défaut, peuvent pleinement jouer ce rôle. Important, car sinon on a une médecine qui tourne en boucle sur elle même, qui s'extasie, à raison, devant tel ou tel progrès technique, qui lutte contre tel abus technique ou catégoriel, mais qui n'a plus de recul pour voir l'évolution réelle des patients, et qui s'enferme dans un fatalisme intellectuellement dangereux.
Je suis en plein paradoxe car je viens témoigner, en râlant au passage, sur des blogs (le votre, celui d'Hippocrate et Pindare) de médecins qui justement se battent pour une meilleure qualité de la médecine générale.
Mais justement, les dimensions de suivi des évolutions positives, de recul scientifique, de remise en cause me semblent avoir presqu'autant disparu chez les médecins généralistes.
Olive verte
Hexdoc, merci pour vos commentaires modérateurs.
RépondreSupprimerDoc du 16,Irène Frachon a un placard remplis de généralistes baillonés dont elle a pris la place ?
Essayez de ne pas parler de ce que vous ne connaissez manifestement pas , les internistes sont au contraire à l'hôpital très considérés, et devinez-quoi, on travaille ensemble en bonne intelligence, oui, oui ... (En daubant sur les généralistes, cela va sans dire)
Je vous laisse vous complaire dans votre haine vindicative stérile et votre racisme ( donc je suis forcément blanc ? bien-sur puisque médecin et spécialiste en plus ... alors m'imaginer noirE ou beurette ... n'en parlons pas !).
39 ans d'aigreur... ça doit faire long ... vous connaissez un bon gastro pour vos ulcères ?
Doc du 13
@ Anonyme de 9:43
RépondreSupprimerJe signale, oh cher confrère puits de science hospitalière, que ce n'est pas un cardiologue, que ce n'est pas un pharmacologue qui ont dénoncé les effets de Mediator. On les attend encore. Ils travaillent d'ailleurs toujours avec Servier,les cardiologues.
Irène Frachon a mené un combat magnifique dix ans après Prescrire (ce sont des généralistes). Dans les congrès de pneumologie où elle parlait, les insultes fusaient, je vous laisse deviner, sa vie sexuelle, le fait qu'elle était une femme, et cetera. C'est là, entre confrères, qu'elle a pris des coups. Entre confrères pneumologues. Ne parlons pas des cardiologues...
Par ailleurs, oh esprit suprême, vous n'avez rien compris à ce que j'ai dit sur le racisme anti généralistes.
Cela ne m'étonne pas.
Vivez votre vie.
RépondreSupprimerLa télémedecine est une solution intéressante avec les patients âgés qui ne sentent plus très bon.
Bonjour Docteur, je confirme ce dernier commentaire "La télémédecine est une solution intéressante avec les patients âgés qui ne sentent plus très bon." Mais ce type de médecine est également en mis faveur des patients qui veulent s'offrir des opérations esthétiques de liposuccion, abdominoplastie, blépharoplastie, augmentation mammaire, réduction mammaire, lifting visage, Botox et acide hyaluronique qui ne sont pas permises en pays d'origine ou qui sont permises à des prix élevés. Chirurgie esthétique Tunisie
RépondreSupprimerJe suis urologue, dans un hôpital périphérique, et si je partage certaines de vos analyses, je trouve que vous exagérez en mettant tout le monde dans le même panier.
RépondreSupprimerIl existe des spécialistes d'organe qui s'inquiètent de la globalité du patient et qui n'ont pas recours à d'autres spécialistes pour le moindre pet de travers, si si , ça existe.
Il existe des médecins généralistes clientélistes, d'autres qui pratiquent une médecine moyennageuse à coup d’anti-dépresseurs et d'antibiotiques pour le moindre rhume.
Le monde médical n'est ni noir ni blanc, il est gris, à l'image de l'être humain.
@ Urologue : Vous avez parfaitement raison mais si personne ne parle de NOS travers, qui le fera ? Comme on dit, on parle des trains qui arrivent en retard, pas de ceux qui arrivent à l'heure.
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