(Le billet précédent -- ICI -- sur la mesure de la pression artérielle répétée avec un tensiomètre électronique n'a pratiquement suscité aucun commentaire sur le blog. Par ailleurs, un micro sondage que j'ai mené sur twitter a montré que plus de la moitié des sondés n'utilisait pas de tensiomètre électronique, le plus souvent --commentaires--, parce que cela prend plus de temps que la mesure manuelle, sic. Ce sondage est peu scientifique mais on peut envisager que les utilisateurs de tensiomètre électroniques aient plus répondu que les autres...)
On reprend.
- Mesures répétées (trois mesures de suite à une minute d'intervalle) de la pression artérielle humérale au cabinet avec un tensiomètre électronique validé à déclenchement automatique de mesure, en position assise ou allongée, après repos, au calme, sans avoir fumé, sans parler...
- La moyenne des deux dernières mesures répétées déterminant le niveau de pression artérielle à considérer
- Les auto-mesures tensionnelles sont citées et leurs modalités sont décrites mais le texte des recommandations ne mentionne pas leur intérêt par rapport aux mesures pratiquées au cabinet dans la décision diagnostique. Elles sont cependant préférables à
- La mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) sur 24 heures (ou holter tensionnel) qui est pourtant une méthode tout à fait valide pour détecter des élévations nocturnes de la pression artérielle
- Enfin, il est recommandé de réaliser des mesures de pression artérielle en dehors du milieu médical avant d'entreprendre un traitement et avant de le modifier en cas d'inefficacité.
Les automesures tensionnelles ont donc pris leur place dans les recommandations pour diagnostiquer une hypertension artérielle et surveiller la pression artérielle sous traitement.
La thèse de James Schinazi de 2012 est intéressante à plus d'un titre : LA. Elle conclue ainsi : "... dans la mesure du possible, le protocole à retenir comprendra 24 mesures réparties sur au moins 5 jours de suite..." Ce ne sont pas les recommandations... Et cela n'a pas été suivi d'effets (trop complexe, sans doute).
Il paraît évident que pour demander aux patients de mesurer leur pression artérielle chez eux matin et soir trois fois et pendant trois jours consécutifs il est impératif que le médecin : 1) dispose lui-même d'un tensiomètre électronique, 2) qu'il l'utilise en routine au cabinet, 3) qu'il le fasse en respectant les conseils qu'il doit donner au patient.
Les automesures
Le tableau des mesures : ICI
Quelques réflexions.
Mais surtout : les mesures de la pression artérielle avec le même tensiomètre électronique que le médecin (ou que le patient) modifient les relations médecins/patients :
- Cela démystifie la fonction magique de la prise de la pression artérielle
- Cela relativise le pouvoir médical
- Cela donne plus de poids à la parole du patient
- Cela rend modeste quant aux objectifs tensionnels
- Cela permet d'engager de façon symétrique la décision partagée
- Cela autorise des discussions sur les effets de l'élévation de la pression artérielle et de ses rapports avec les facteurs de risque cardiovasculaire
- Cela remet en cause les recommandations et ne facilite pas la pratique en ajoutant des données non validées ou peu validées sur la balance décisionnelle
- Cela pose encore le problème de l'Evidence Based Medicine
EN CONCLUSION (avis d'expert)
- Mesurer la pression artérielle au cabinet avec un tensiomètre électronique huméral
- Demander à vos patients en cas de doute sur l'entrée en hypertension ou pour le suivi d'un traitement d'acheter un tensiomètre électronique.
(Illustration : Au début du XVIII éme siècle (vers 1710 ou 1730 en fonction des sources), l'Anglais Stephen Hales réalisa sur des animaux de nombreuses expériences relatives à la circulation sanguine. On lui doit les premières mesures directes de la tension artèrielle. Hales insérait un tube de laiton, relié à un tube droit en verre, dans l'artère crurale d'un cheval et mesurait ensuite la hauteur atteinte par le sang dans le tube. Constatant les variations cycliques de cette hauteur, il en conclut qu'elles étaient dues aux variations de tension artérielles liées aux pulsations cardiaques. Source : ICI)
J'attendais pour te répondre le résultat de deux travaux de thèse qui vont être publiés.
RépondreSupprimerPour faire simple et sans déflorer les articles:
La première question était de savoir si les seuils de définition de l'HTA en automesure étaient les mêmes qu'en hétéromesure. La revue de littérature permet de supposer des seuils identiques mais les études manquent un peu de puissance pour l'affirmer.
La deuxième question était de déterminer l'utilité de l'automesure. L'automesure permet d'améliorer l'adhésion au traitement surtout dans certaines situation à risque élevé ( diabète, insuffisance rénale). Elle génère aussi une diminution des coûts de santé.
Tout ceci va dans le même sens que ton avis d'expert.
Pour ma part je généralise le suivi en automesure, soit avec achat du tensiomètre soit par prêt d'un tensiomètre pour les patients qui ont des difficultés à acheter le matériel. La MSP a investi dans une dizaine de tensiomètre électronique mis à disposition des patients et géré par la secrétaire pour les prêts et le retour.
une petite précision :
RépondreSupprimer"90 % des patients qui mesurent leur PA à domicile sans avoir été informés auparavant rapportent que leur tension est de onze huit"
d’où sort ce chiffre ? d'une étude ou de votre expérience ?
L'auto mesure rendue possible par la baisse des couts de ces appareils est effectivement une révolution dans la prise en charge du diagnostic et du suivi de l'HTA. Une explication sur son fonctionnement et l'interprétation des résultats obtenus est effectivement essentielle.
Par contre la surveillance de la TA en cabinet à l'aide d'un appareil d'auto mesure est moins importante pour le suivi dans la mesure ou le patient pratique son auto surveillance. Pour le diagnostic idem, puisqu'il faut plusieurs mesures élevées pour l'évoquer, et alors l'auto mesure nous aidera. De plus il est une situation ou l'appareil manuel garde toute sa légitimité : celle ou le patient présente une fibrillation auriculaire qui trompe facilement les appareils d'auto mesure.
Merci pour ces commentaires.
RépondreSupprimer1) Mon expérience. Et même après de nombreuses explications, il faut sans cesse remettre l'ouvrage sur le métier.
2) Franchement, mesurer la PA au cabinet sans tensiomètre électronique m'est devenu impensable.
3) sur les appareils modernes la FA entraîne un message d'erreur sur l'écran.
Donc : tensiomètre électronique.