Simon Hantaï (1922 - 2008) |
Je croise Monsieur A, 77 ans, dans la rue, le salue et nous nous arrêtons pour parler.
Monsieur A est boucher charcutier et je suis son client depuis plus de trente ans. Il vend des produits de choix.
Cet homme a beaucoup travaillé dans sa vie, il travaille encore mais il a laissé les rênes de l'entreprise à son fils et à sa belle-fille.
Je trouve Monsieur A amaigri. Mais je ne dis rien.
Il sait que je suis médecin.
Il est clair qu'une non consultation dans la rue ne cadre pas avec les données de la science. Le patient me dit ce qu'il a envie de me dire, il se trompe peut-être sur les chiffres de PSA, il rapporte les propos du chirurgien qui ne lui a peut-être pas du tout dit ça. Il me cache un cancer dont il n'a pas envie de me parler. Et cetera.
Mais l'histoire qu'il me raconte compte quand même. C'est quand même son ressenti.
La cascade d'examens complémentaires et d'événements n'est malheureusement pas banale. Mais quand on met le doigt dans l'engrenage...
Et, en plus, que demande le peuple ?, Monsieur A est content de sa prise en charge.
Monsieur A me demande : "Vous avez quel âge ?" - Presque 70. - Et votre PSA ? - Je ne sais pas. - Je ne vous crois pas. Vous êtes médecin, vous devriez vous tester... Vous avez vu ce qu'il m'est arrivé..."
Je m'arrête là. Je ne vais quand même pas lui raconter ce que je pense du PSA, comment pourrait-il ne pas mal le prendre ? Et en quoi cela lui servirait pour qu'il aille mieux ?
1967 |
Rien que pour ça (ne plus avoir à gérer les demandes de dosage de PSA), je suis contente d’être à la retraite depuis un an…
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