Quelle est la molécule que vous avez beaucoup prescrite avec enthousiasme et que vous avez continué de prescrire sans enthousiasme alors qu'elle était toujours recommandée et que vous saviez qu'elle était inefficace ?
J'espère que vous hésitez.
Mais comme c'est moi qui ai posé la question je n'ai pas hésité une seconde tant cela fut un déchirement et tant je me suis laissé bercer longtemps par les recommandations malgré les preuves contraires qui s'accumulaient contre elles et parce que je n'arrivais pas à changer mes habitudes, c'est à dire ne plus prescrire et laisser le ou la patiente sans traitement médicamenteux.
Metformine
... Cette question est incroyable et devrait être posée, régulièrement, à tous les médecins.
RépondreSupprimerOn pourrait initier des heures et des heures de débats sur la nature de la question, ce qu'elle implique et sur la diversité des réponses.
La metformine est effectivement LA molécule emblématique.
Je pense aussi à certains antidépresseurs (bien que ce soit plus complexe et dépendant des situations).
Le plus intéressant, c'est de commencer à lister toutes les molécules/actes recommandés que l'on prescrit ENCORE avec enthousiasme, et qui, statistiquement, vont pour une partie être "réversées". Un exercice d'humilité dingue.
Commencez...
RépondreSupprimerbof ...
RépondreSupprimerLe CNGE et le dr Boussagon ont beaucoup argumenté cela, mais toujours avec les mêmes arguments: absence de preuve concernant la morbi mortalité, Cochrane a repris ces conclusions.
Mais Cochrane évoque des études allant de 1 à 11 ans; 11 ans est ce suffisant pour en tirer des conclusions sur la morbi mortalité dans une pathologie comme le diabète ?
La morbi mortalité du diabète elle est certaine.
Les mesures hygiéno diététiques sont essentielles bien sur, mais quel médecin peut se targuer de réussir à modifier ces données chez tout ses patients.
Définir le diabète avec une glycémie > 1,26 au lieu de 1,4 a permis une prise en charge plus précoce des patients. Dans mon expérience vers le milieu de ma carrière, j'ai été surpris de voir des patients bien équilibrés déclarer des complications (vue, rein, artérite ..). Je n'ai pas de statistiques ni d'études muticentriques me permettant de dégager des conclusions, simplement le fait que ces patients avaient été pris en charge au début de leur maladie avec la définition a 1,4. 1,4 a jeun, cela vous donne des glycémies aux alentours de 1,8-2 g sur une bonne partie du temps. Pendant des années, ils avaient donc probablement créer les conditions d'apparition des complications constatées.
La metformine abaisse la glycémie, économise la quantité d'insuline chez les DT2 insulino traités.Lors de ma formation, elle était conspuée et il était d'ailleurs conseillé de ne la prescrire qu'avec grande prudence.
Alors oui, on ne traite pas des chiffres, et mon expérience vaut peu de choses, mais tout autant que des conclusions qui ne concluent finalement pas grand chose:
CoChrane "Il n'existe pas de données probantes claires indiquant que la monothérapie par metformine, comparée à l'absence d'intervention, aux interventions visant à modifier le comportement ou à d'autres médicaments réduisant la glycémie, influence les critères de jugement importants pour le patient."
Le CNGE :
Rappelle qu’aucun antidiabétique (y compris l’insuline), ni aucune stratégie médicamenteuse visant à réduire l’HbA1c, n’a montré un rapport bénéfice/risque favorable sur la diminution des complications cliniques du DT2 (sauf peut-être sur les infarctus du myocarde non fatals, mais aux prix d’hypoglycémies sévères). Les antidiabétiques restent utiles pour éviter les complications métaboliques aiguës et pour améliorer le confort du patient selon les symptômes liés à l’hyperglycémie.