lundi 17 juillet 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Un Français parle aux Français. 30

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

30

Un Français parle aux Français.


Il est temps de se précipiter dans une salle annexe, les horaires sont serrés, où va avoir lieu la présentation d’un ponte français de la cancérologie sur les possibilités des biomarqueurs comme facteurs prédictifs de la survenue des cancers. Cette branche de la recherche a toujours suscité de nombreuses attentes et de nombreux financements. Qu’y a-t-il de plus excitant qu’à défaut de prévenir les cancers on puisse les détecter le plus tôt possible et les traiter avant même qu’ils ne se manifestent ? C’est du Philip K. Dick et tous les PDG de la planète Pharma rêvent d’être à l’origine d’un coup marketing, ce que les marketeurs à court d’idées appellent un changement de paradigme qu’ils auraient nommé Minority Report… Mais les plus intéressés par ces idées millénaristes, la suppression du cancer à l’horizon 2030 ou à l’horizon 2050, ce sont désormais les richissimes propriétaires des GAFAM, les Bill Gates, Mark Zuckerberg ou Jeff Bezos, ils ont tous dans la manche un projet Zéro Cancer comme pour eux-mêmes une ambition d’immortalité qu’ils réaliseraient dans une planète du système solaire… Les super riches se croient au-dessus des terriens du commun.

La salle est petite, l’assistance clairsemée et la langue la plus entendue est le français. Les grandes institutions gauloises ont battu le rappel mais le résultat n’est pas à la hauteur des ambitions de notre orateur dont l’ambition planétaire et l’ego démesuré se heurtent à deux difficultés insurmontables et corrélées : un accent déplorable en anglais et une absence de fluidité dans la langue de Springsteen qui frise l’aphasie.

Encore une fois, et François Brébant en est le premier conscient, il existe en France d’excellents chercheurs, d’excellents cliniciens, d’excellents orateurs, en français comme en anglais, mais tout ce beau monde est barré par une élite autoproclamée qui se préoccupe peu des conditions de travail, des conditions salariales et des moyens qui pourraient être mis à la disposition de ces vaillantes petites mains qui pourraient redorer le prestige de services vieillissants.

Qui aurait eu le culot, l’audace, l’insolence, l’impertinence, le chutzpah en quelque sorte, de dire à Dupont-Gauthier qu’il aurait mieux valu que sa présentation fût faite par un de ses PUPH, Merlan, par exemple, qui parle un anglais parfait, il a passé un an à Dallas comme résident, sa mère est anglaise, qui connaît les dossiers des biomarqueurs dix fois mieux que son patron parce que c’est lui qui a mené les recherches, fait la bibliographie, initié une thèse d’Etat, écrit l’abstract et le texte de présentation que son patron a appris par cœur et qu’il est en train de rédiger l’article que l’on tentera de faire paraître dans une revue à fort facteur d’impact ? Qui ?

Dupont-Gauthier n’est pas dupe mais il ne peut faire autrement que se mettre en avant. Cette présentation sera mauvaise sur des données de qualité mais pas de première qualité et seuls les Français de la salle en profiteront pour s’en moquer en douce. Comment peut-on être mauvais à Paris et bon à Chicago ?



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