1.
Monsieur A., 61 ans, un voisin éloigné, me fait part de son nez qui coule et de son enrouement.
Je n'insiste pas. Il a l'air en pleine forme, non fébrile. Il a même fait du vélo ce matin dans le parc de Versailles.
Il aimerait que je m'inquiète plus de son sort et que je ne lui dise pas "Ça va passer..." C'est une phrase déplaisante pour un patient qui souffre. Je connais, un peu, son histoire médicale, il est hypertendu et il est traité par une statine. Il a une chance inouïe, car à Versailles le PSA est l'arme utile de la médecine agressive, de ne pas avoir déjà subi des biopsies prostatiques.
C'est ma rhinite annuelle, me dit-il, j'ai l'habitude, ça descend sur mes cordes vocales et ensuite, je me tape une bronchite.
Je n'ai pas encore évoqué le covid...
Il m'appelle deux heures plus tard : "Vous ne pouvez pas me prescrire du solupred. Je n'en ai plus." Je lui explique que je ne peux plus faire d'ordonnance. Seulement pour mes proches (on comprend désormais pourquoi).
Une heure après : "J'ai un rendez-vous chez le médecin. Dans six jours." Je ne lui dis pas que c'est un peu tard parce que je ne veux pas rallumer la flamme des "On ne peut plus se faire soigner... Les médecins généralistes ne sont plus disponibles... Ce sont des feignants, moi, quand j'étais petit, le médecin se déplaçait à la maison... Il y a de plus en plus de femmes..."
Je lui dis quand même : "Il y a de grandes chances que vous soyez guéri. C'est juste une rhinite."
Que n'ai-je dit là ?
"Mon ancien médecin qui est parti à la retraite, il aurait pu quand même rester un peu plus, quand on a la vocation on travaille jusqu'au bout, et qui me recevait tout de suite me prescrivait du solupred, du nasonex et le seul antibiotique qui me fait de l'effet, le rulid..."
2.
Huit jours plus tard.
Je rencontre mon voisin floride sur la place du marché.
thèse: CSP+ souhaitant "profiter de la vie"
RépondreSupprimeranti-thèse: pas que chez les CSP+
synthèse: si tant est qu'elle ait existé, la méd générale est morte
durée de rendu de copie: 3 minutes. Et c'est beaucoup.
A l'ouest rien de nouveau, ce type d'observation n'apporte rien, et ne peut préjuger en rien ni de la mentalité des patients en fonction de leur catégorie sociale, ni généraliser les compétences des médecins généralistes.
RépondreSupprimerNon la médecine générale n'est pas morte.
à Hexdoc.
RépondreSupprimerOui, chef.
Bonjour.
RépondreSupprimerCorrectif : Ce matin j'ai donné une pièce de 1 euro à un "pauvre" qui mendiait dans la rue (et ce salopard ne m'a même pas donné un reçu fiscal pour que je puisse soustraire l'euro de mes impôts et que je puisse en faire part à tout le monde, voyez, j'ai la preuve que je suis un gentil, un valeureux donateur et que tout le monde devrait faire comme moi), il m'a dit qu'il était enroué, que d'habitude quand il consulte aux urgences de l'hôpital on lui donne du solupred, est-ce que je ne pourrais pas lui en procurer parce qu'il n'a pas le temps d'aller aux urgences, c'est d'ailleurs un scandale, on attend des heures et des heures, avec des gens qui ont un médecin traitant.
Fin de la "blague".