mercredi 31 juillet 2024

Histoire de santé publique sans consultation 21 : secret professionnel à la pharmacie.



Devant moi, je suis à distance réglementaire, un jeune homme dans les 20 ans.

La pharmacienne (très fort) : voici votre prozac, votre tercian et votre Xanax.

Le jeune homme s'est retourné, gêné, et j'ai fait semblant de ne pas avoir entendu.

C'est tout.

Le jeune homme sort de la pharmacie en rasant les rayons de la para-pharmacie.

dimanche 21 juillet 2024

La médecine magnétique sur X.



Content de ne plus faire partie du système, je me rends compte avec frayeur que la pratique de la médecine ne va pas dans le bon sens.

Heureusement pour moi que j'ai pu fréquenter twitter puis X.

J'ai découvert des médecins de qualité, lisant la littérature, n'obéissant pas aux ordres, conscients des troubles relations entre les prescriptions et l'argent de l'industrie pharmaceutique et de celle des matériels, des médecins réfléchissant sur leurs pratiques, leurs prises en charge, sur leurs erreurs et sur leurs succès, des médecins se comportant comme des professionnels, non pas seulement en exerçant leur profession avec sérieux et compétence mais en faisant preuve de professionnalisme, des médecins connaissant la médecine et pas seulement leur domaine d'expertise, des médecins ayant eux-aussi leurs propres réseaux locaux, régionaux, nationaux, internationaux, des médecins au courant de ce qui se passe en France mais aussi à l'étranger, ne faisant pas seulement de la recension d'articles mais aussi de la lecture critique, des médecins qui ne pensent pas a priori que la revue Prescrire a toujours tort ou a toujours raison.

En quarante-deux ans de pratique de la médecine générale, une médecine générale qui était, lors de mon installation, sans corpus, sans publications, sans orgueil, sans enseignement et qui est devenue plus savante, plus réfléchie, plus publiante, plus ouverte, moins soumise au mandarinat, j'ai connu des médecins que j'ai décrits au chapitre précédent, que je pouvais appeler quand je voulais, qui me fournissait rapidement des informations, des conduites à tenir, des adresses d'autres médecins susceptibles de résoudre les problèmes rencontrés quotidiennement en médecine générale.

Je vais vous parler également de non-médecins faits dans le même métal (et par ordre alphabétique) : des biologistes, des kinésithérapeutes, des patients et des patientes, des pharmaciens et des pharmaciennes,  des chercheurs, des méthodologistes, des IDE, et cetera...

Je ne vais vous parler que de médecins (et de médecines) qui sont présents sur les réseaux sociaux et sur X en particulier.

Ce qui va exclure un grand nombre de médecins et de non-médecins qui se méfient des réseaux sociaux, qui n'osent pas ou qui croient qu'il s'agit seulement du café du commerce, d'une poubelle, d'un endroit où l'ego passe avant le reste, où les anecdotes et les croyances font office de preuves.

Parmi ceux qui ne seront pas nommés dans cette académie illusoire et inventée de la médecine magnétique, il y aura des oublis involontaires, il faut m'en excuser, des oublis volontaires, ils se reconnaîtront, il y aura des personnes controversées, personne n'est parfait, des personnes qui ont pu dire parfois des khonneries et qui se sont reprises après, et cetera, des oublis de copains que j'aime lire et avec qui j'aime discuter d'autre chose que de médecine à la machine à café de X, des erreurs, on me rappellera qu'un jour untel a dit ça et que ce n'était pas approprié. 





Par ordre alphabétique pas toujours respecté en raison du pseudonymat et/ou de l'anonymat : 

@ami_89, pharmacien 

@BoussageonR, MG, épistémologue

@Sburtey, néphrologue

@adamcifu, interniste (US)

@dermatopoullos, dermatologue

@docarnica, MG, 

@doudou13314682, cardiopersifleur, cardiologue

@edouriez, pharmacien

@Dr_Agibus, MG

@Matt_Calafiore, Matthieu Calafiore, MG

@fluidloading, Damien Barraud, réanimateur

@DDupagne, MG

@Panarmorix, Le Druide, MG

@DrJohnFa, MG

@DrGomi, Le Flohic, MG

@PGtzsche1, méthodologiste

@grangeblanche, Jean-Marie Vailloud, cardiologue,

@VincentGranier, journaliste

@oncology_bg, Bishal Gyawali, oncologiste (Népal)

@StephaneKM, Stéphane Korsia-Meffre, rédacteur médical

@Doclamarre, Christophe Lamarre, MG

@LehmannDrC, MG

@Leya_MK, kinésithérapeute

@dominique Loubet, MG

@mgtmccartney, GP (Ecosse)

@drjohnm, John Mandrola, cardiologue (US)

@Martinez_J_, IDE, IPA, Julien Martinez

@Mimiryudo, Michael, MG, PhD

@nfkb, anesthésiste

@pash22, Ash Paul, MD (GB)

@VPrasadMDMPH, Vinay Prasad, médecin chercheur (US)

@NPOph, Nicolas Prince, ophtalmologiste

@NaudetFlorian, chercheur (méthodologie des essais cliniques)

@RichardTalbot9, MG, nomenclaturologue

@ThomasGille_MD, pneumologue, physiologiste alias @totomathon

@FZores, cardiologue

@MahmoudZureik,épidémiologiste


Il y a aussi des non-médecins et des médecins qui ne sont pas cités parce qu'on ne les appelle pas en cas d'urgence.


Pour toux ceux que j'ai oubliés (une consolation) :


via @DannyDrinsWine




Et pour les mécontents oubliés modérés à moyens :

Via @totomathon

Et pour les mécontents oubliés modérés à sévères ;




Ceux que j'ai lâchés en route (par inadvertance ou pas) :




Médecin tentant de lire tout seul la littérature mondiale


Mohamed Aziz, Rabat, via @yvan_theriault




mercredi 17 juillet 2024

Histoires de santé publique sans consultation 20 : rien ne va.

ICI


La médecine va à vau-l'eau.

(Je ne parle pas de la santé publique en général où c'est identique)

Je suis content d'avoir quitté l'exercice de la médecine générale fin juin 2023. Je suis si content de ne plus avoir à affronter en consultation des représentations collectives de la santé qui ne me correspondaient plus.

Content de ne plus avoir à refuser un examen complémentaire et de me faire traiter d'agent de la sécu, content, et cetera. Il y a mille choses que je pourrais dire...

J'ai pris un exemple con parce que c'était le premier qui me tombait sur le clavier mais j'en ai 999 autres.

Je reproduis ce gazouillis sur X émanant d'une pharmacienne (sauf erreur).


Cela fait seulement 100 ans que nous, MG, pharmaciens, infectiologues et autres, le dénonçons. Et ça continue.

Je parle avec un ancien correspondant hospitalier qui vient de prendre sa retraite. "Tu fais encore des consultes ? - Non, j'ai tout arrêté. Je travaille comme bénévole dans une boutique qui vend des fruits et légumes en circuit court. - Ah ?" (Je suis étonné car ce médecin hospitalier, PU-PH à l'Assistance Publique de Paris, est un excellent médecin spécialiste hématologue, onco-hématologue, dont j'ai pu apprécier le professionnalisme, les excellents échanges qu'il avait avec ses confrères de ville - pour ses confrères hospitaliers, j'ignore, je n'y étais pas), avec ses patientes et ses patients (j'ignore aussi mais quand on dit du bien de quelqu'un dans ses rapports humains, c'est plus facile à croire que lorsqu'on en dit du mal), et cetera. Je continue : "Et pourquoi ?" Il fait une pause, puis : "Je n'en pouvais plus de constater la maltraitance infligée aux personnes de l'hôpital, personnel et patients confondus. Je n'en pouvais plus de ne pouvoir rien faire. D'être démuni. Et d'en souffrir. - Rien n'était améliorable ? - Rien. - Manque de personnel ? - Oui, bien entendu. Mais surtout maltraitance institutionnelle derrière laquelle les gens se cachent : C'est pas moi, c'est l'autre... Je suis donc soulagé. - Sans regrets ? - Sans regrets mais avec remords."

Mais.

Mais tout continue comme avant. J'ai beau, et notre confrère hospitalier idem, me boucher les oreilles et me cacher les yeux, j'entends les gens parler. Autour de moi. Dans ma famille, avec mes amis, mes connaissances, mes voisins de palier, les discussions dans les queues de supermarchés.

Maltraitance institutionnelle de la société dans le domaine de la santé publique.

Parlez à vos voisins de paliers, d'immeubles, de marchés, de supermarchés. Les prises en charge sont curieuses, parfois contre-intuitives, manquant de bon-sens, rarement adaptées, laissant le patient seul face à lui-même, ballotté entre la confiance en la médecine et le désarroi d'avoir été aussi mal informé.

Les patients ont leur part. Ce sera pour une autre fois.



Pendant ce temps-là : les violences domestiques augmentent de 26 % quand l'Angleterre joue, 38 % si elle perd et 11 % le jour d'après, victoire ou défaite. La sécurité des femmes est à la merci d'hommes qui ne peuvent se contrôler en cas de match de football. Cependant les femmes sont étiquetées émotionnelles et folles.


jeudi 4 juillet 2024

Histoires de santé publique sans consultation 19 : trois cas en 5 minutes.

(Crédit : Quora)


J'ai déjeuné vendredi midi avec 2 confrères dans un fameux restaurant (pas cher) de Versailles, en terrasse. 

Nous avons discouru doctement sous un beau soleil frais sur la médecine qui n'était plus ce qu'elle était.

Les vieux khons, c'est comme ça... Ça cause, ça cause et ça propose rien...

C'était mieux avant.

Image pulmonaire alakhon

Le docteur D1, 70 ans, 50 paquets/années, fait une bronchite bizarroïde (de médecin ?). 

Radiographie pulmonaire : image suspecte.

Scanner pulmonaire : image suspecte.

Scanner cérébral : image suspecte.

Branle-bas de combat.

Inquiétudes.

Le docteur R, ami du docteur D, est mis à contribution. Il lit les comptes-rendus du scanner pulmonaire et du scanner cérébral. Puis il se procure les disques.

Il commence par le cerveau : c'est autant une métastase de cancer pulmonaire que Raoult est honnête.

Il poursuit par le poumon : le nodule, situé dans un poumon emphysémateux de merdre, a effectivement des allures de nodule.

Au bout de trois semaines d'antibiothérapie... Le nodule a disparu.

Morale : que les médecins cessent de ne pas regarder les images de scanner et cessent de ne lire que les comptes-rendus de scanner. 


Compte-rendu de coloscopie.

Au décours (5 ans) d'une résection de cancer colorectal bas situé, la femme du docteur D2, passe une coloscopie de contrôle.

Tout va bien.

Le docteur D2 lit le compte-rendu de coloscopie et la lettre adressée au médecin traitant : la lettre indique des antécédents de résection d'un polype du colon gauche l'an passé.

C'est faux.

Cela n'a aucune importance.

Mais c'est un faux compte-rendu.

On s'en fout ? On s'en fout.

Morale : vérifiez quand même que le compte-rendu qui vous concerne ne comprend pas d'erreurs.


Phlébite

Monsieur M, 57 ans, se rend aux urgences un dimanche soir pour une jambe gauche gonflée.

Sur les conseils de son voisin il ne se rend pas à l'hôpital public où l'attente est de 10 heures mais dans une clinique privée avec service d'urgences où il n'attend que 4 heures. Cool.

Examens, prises de sang, bla-bla.

"C'est pas une phlébite, docteur ?

(c'est la femme de Monsieur M qui pose la question)

- Non, d'ailleurs le Doppler est normal."

Monsieur M est venu accompagné de sa femme et de son dossier (il a déjà été opéré dans cette clinique pour un canal carpien du poignet droit).

Sa femme regarde le dossier. Il existe effectivement un compte-rendu de Doppler qui date de 3 mois et qui concerne le membre supérieur droit.

Le patient a été traité pour sa phlébite après intervention de la femme du patient.

Morale : lisez les comptes-rendus, regarder la date, vérifiez la localisation.

Et rappelez-vous aussi : chaque fois qu'un médecin fait la morale à un patient, il fait de la mauvaise médecine et de la mauvaise morale.