jeudi 6 mai 2010

L'OBESITE RECULE EN FRANCE CHEZ LES JEUNES !

Après le nuage de Tchernobyl et le nuage de cocaïne, l'obésité des jeunes contourne la France. C'est ce qu'a annoncé dans un point de presse notre inénarrable ministre Madame Roselyne IMC Glaxo. Seule des pays industrialisés la France a vu un freinage de l'obésité chez les jeunes entre 200 et 2007 : le surpoids et l'obésité sont passés de 18 à 16 % !
A qui Madame Roselyne peut-elle faire croire cela ?
D'autant que la lecture du rapport de l'IGAS est plutôt débilitante...
Quels sont ses nouveaux experts ?
Bruno Lina s'est-il reconverti ?
Où est François Bricaire ?
Et Peronne ?
En attendant la deuxième vague de grippe A/H1N1 se fait attendre en France et le Mexique a l'air particulièrement peu touché : grâce à la vaccination de masse ?
Allez, Roselyne IMC Glaxo, encore un effort et le ridicule te tuera.

5 commentaires:

  1. Petit message pour que vous sachiez que vous êtes :

    1) lu.

    2) apprécié, ô combien.

    Au moins par moi-même en personne !

    Alors haut les cœurs camarade, et sus aux maux qui minent notre beau métier : médiocrité, malhonnêteté, mais aussi souvent ... désespoir !

    Merci cher confrère pour votre précieux travail critique.

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  2. Catherine Grangeard, une psychanalyste spécialisée dans le suivi des patients obèses, qui fait partie d’un think tank et a écrit des livres sur le sujet, s’est essayée à une théorie décapante ici http://ecoledessoignants.blogspot.fr/2015/07/qui-peur-de-lobesite-1er-episode-le.html . En fait, l’obésité est un faux problème, contrairement à ce qu’on pense elle n’est pas associée à une mortalité plus importante, et tout ce qui est dit par les medias là-dessus n’aurait pour finalité que de stimuler et promouvoir le marché de régimes.
    Elle l’a trouvé toute seule et elle veut bien nous faire partager sa découverte dans un style enlevé qui mime celui des magazines féminins.
    Pour arriver à cette conviction elle se fonde sur une méta-analyse d’une certaine K Flegal, du CDC des Etats-Unis. Un article en libre accès sur le site du JAMA. Cette méta-analyse ne trouve pas de corrélation entre l’indice de masse corporelle élevé et la mortalité jusqu’à un IMC de 35. Plus exactement elle trouve que le hazard ratio ou risque instantané de décès, après de multiples corrections et ajustements, nécessitées par la grande hétérogénéité des études, ne semble pas être en relation avec l’IMC. Tout au moins jusqu’à un IMC de 35. (l’IMC ou indice de masse corporelle est le poids divisé par la taille au carré)
    Ce qui emporte sa conviction, outre le fait que les auteurs ne déclarent pas de conflits d’intérêts, c’est que le regroupement des études de la méta-analyse représente beaucoup de monde.
    Quant à moi, la première question que je me pose quand je vois un article en accès libre dans une grande revue médicale c’est : « qui a payé ? ». Cela coûte horriblement cher de mettre un article en libre accès. Et neuf fois sur dix, pour les articles en libre-accès il s’agit d’articles favorisant des produits promus par Big Pharma ou d’autres industries qui ont les moyens de payer.
    J’ai bien essayé de mettre un commentaire, pas très aimable, je l’admets, mais je pense qu’il y a une limite à la désinformation et au n’importe quoi, mais la modération a modéré.
    Sans doute d’autant plus facilement qu’il s’agit du premier d’une série d’articles sur le même thème.
    Voici le commentaire.
    ...

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  3. SUITE
    « Bonjour,
    Critiquer le marché du surpoids, pourquoi pas ?
    Mais je vous trouve scientifiquement un peu légère.
    Sans parler des conflits d’intérêts qui sont insuffisamment explorés. Comme ceux de Patrick Tounian, que vous citez comme référence, et qui a de multiples conflits d’intérêts avec l’industrie agro-alimentaire, http://www.vegactu.com/actualite/patrick-tounian-dans-femina-ou-lexemple-parfait-du-conflit-dinteret-7407/ http://www.clicanoo.re/?page=archive.consulter&id_article=447350 et dont les théories peuvent se résumer à : »il n’y a pas de mauvais aliments » et « l’obésité est une maladie génétique » http://www.clicanoo.re/?page=archive.consulter&id_article=447350 .
    Vous devriez annoncer vous-même vos conflits d’intérêts, puisqu’il semble que vous travailliez auprès de patients obèses dans une clinique privée, la clinique Lacanienne à Beynes, dans le 78, et que vous avez donc tout intérêt à ce que vos patientes soient satisfaites de vos services, même si elles n’ont pas perdu un gramme suite à vos prestations. Donc, des patients sortant de chez vous, non seulement déculpabilisées, ce qui est une chose, mais aussi désinformées, ce qui en est une autre.

    Sur la légèreté de votre approche scientifique je trouve que vous passez bien vite sur l’analyse de l’étude de Flégal sur laquelle vous fondez votre approche très optimistes des problèmes de santé liés à l’obésité: apparemment, cette étude va dans le sens de vos théories, cela vous convient donc, alors ce n’est pas la peine d’essayer d’analyser de quelle manière on est arrivé à ces conclusions étonnantes, même si cette étude semble aller à contre-sens de tout ce qu’on avait déjà démontré dans le domaine des effets de l’obésité sur la santé.
    D’après votre compte-rendu de cette étude une femme de 1,65m pourrait peser 95 kg (IMC=35), et cela améliorerait tout de même son espérance de vie par rapport à une femme de poids normal, c'est-à-dire pesant de 54 à 68 kg (IMC de 20 à 25). Vous dites : » Katherine Flegal montre aussi qu’une réduction de 5% demeure pour celles qui ont un IMC de 30 à 35, qui sont donc en obésité modérée par rapport aux personnes en IMC normal… »
    Outre que le risque de mortalité n’est pas le seul inconvénient à considérer lorsqu’on est obèse, parce qu’il y a une influence sur la qualité de vie dans son ensemble (risque accru de pathologies cardiovasculaires, d’arthrose, de douleurs articulaires, d’essoufflement…), les résultats de cette étude sont à prendre avec des pincettes.
    Quelques notions sur l’analyse d’études
    Il s’agit d’une méta-analyse, ce type d’étude est très difficile à analyser et interpréter car il s’agit de mettre ensemble des choux et des carottes et d’en tirer des conclusions valables de manière générale. Cela veut donc dire qu’on va regrouper des études dont la population étudiée, les méthodes d’analyse varient beaucoup d’une étude à l’autre.
    La première difficulté vient de la qualité des études. Elle est visiblement généralement mauvaise pour ce type d’études, puisque avec des critères assez minimalistes et mal définis de sélection ( les reviewers se sont mis d’accord pour sélectionner les études),la méta-analyse n’en retient que très peu sur l’ensemble de celles répertoriées, moins de 2%. Premier constat : la qualité des études est mauvaise.
    La deuxième est qu’ un bon critère pour savoir si ces études peuvent être ainsi regroupées, est la mesure de leur hétérogénéité : plus les études sont hétérogènes, plus c’est une mauvaise idée de les regrouper pour en tirer des conclusions globales. Cette hétérogénéité est définie par I2 (i au carré). Elle peut varier de 0%, c'est-à-dire études parfaitement homogènes, à 100% études complètement hétérogènes. Vous remarquerez que, pour la plupart des critères, cette hétérogénéité tourne autour de 90% (tableau 1). Donc, deuxième constat : mauvaise idée de regrouper des études aussi hétérogènes. Cela nécessite de nombreux ajustements, contrôles, pouvant être chacun source d’erreurs supplémentaires.
    ...

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  4. SUITE
    La troisième critique est de ne pas prendre en compte l’effet du tabagisme, le tabagisme étant une cause majeure de mortalité prématurée, et tendant à être inversement corrélé au surpoids (on peut supposer que les gens qui se savent en surpoids ou obèses essayent d’éviter un facteur de risque supplémentaire et ne fument donc pas) http://www.researchgate.net/publication/236165156_The_Obesity_Paradox_-_and_commentary_on_the_Flegal_JAMA_Study . L’étude citée critique aussi l’emploi de l’IMC comme variable évaluant le risque, mais c’est moins gênant quand on évalue des rapports et des tendances.
    Quatrièmement, dans l’étude de Flegal, on peut critiquer l’emploi du hazard ratio ou risque instantané. Celui-ci dépend à la fois de la date de fin de l’étude et ne donne pas d’information sur le nombre de décès cumulés. On peut donner l’exemple de 100 personne suivies pendant 10 ans. Un certain nombre de personnes meurt chaque année. Pour les besoins de l’exemple ce nombre approche chaque années 10% des survivants. A la fin, la moyenne des hazard ratio sera 0,1 ou 10%, pourtant toutes les personnes seront mortes. Le choix ce cet indicateur semble un peu inévitable, compte tenu de l’hétérogénéité des études, mais il induit fortement en erreur sur la tendance réelle de la mortalité.
    Cinquièmement, l’IMC pris comme référence est très large et va de 18,5 à 24,9. Or, on sait que des faibles IMC en dessous de 20 s’accompagnent aussi d’un risque accru de mortalité.


    Une autre étude, moins citée et plus récente, s’est fondée sur le suivi depuis 1982 et pendant 28 ans d’une cohorte américaine de 891 000 blancs et 38 000 noirs dont la moyenne d’âge était de 57 ans au début de l’étude et dont 434 000 sont décédés à la fin de l’étude http://www.plosone.org/article/fetchObject.action?uri=info:doi/10.1371/journal.pone.0109153&representation=PDF .
    Si je dois résumer les conclusions de cette étude, elle sont que la préexitence d’une maladie chronique, ou bien le fait de fumer ou d’avoir fumé, modifient la relation entre l’indice de masse corporelle de référence choisi, entre 22,5 et 24,9, et le risque de décès. Mais pour une personne ne souffrant pas de maladie chronique et non tabagique ou ex tabagique la relation entre l’indice de masse corporel et la mortalité est très clair.
    Pour les non fumeurs, non malades, hommes ou femmes il existe une relation très claire entre l’IMC et la mortalité (tableau 3) et celui-ci commence à partir du surpoids. Le risque pour l’ensemble de la pop suivie non fumeuse non malade, est par exemple augmenté de 9% pour un IMC compris entre 25 et 27,4, de 39% entre 30 et 34,9, et de 79% entre 35 et 39,9, par rapport aux personnes ayant un IMC compris entre 22,5 et 24,9. Le risque de décès augmente aussi en dessous de 20 d’IMC.
    Ce risque de décès augmenté en fonction de l’IMC se retrouve chez les personnes âgées de moins de 69 ans au début de l’étude, mais pas chez les personnes de plus de 70 ans.
    Par contre la relation entre IMC et risque de décès est atténuée en cas de tabagisme et de maladie prévalente.

    Ce qu’on peut traduire, non par être en surpoids ou modérément obèse n’a pas d’influence sur le risque de décès, mais par : « lorsque vous êtes fumeur il y a des bonnes chances que la cigarette vous tue indépendamment de votre poids » et « lorsque les pathologies sont déjà présentes les bénéfices sur la mortalité de la normalisation de poids sont moins importants » .

    ...

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  5. SUITE

    Pour compléter ce commentaire j’ajoute que d’autres études arrivent à la même conclusion telles celle-ci : http://dietandhealth.cancer.gov/docs/06082406.pdf ou celle-ci http://sevencountriesstudy.com/body-mass-index-and-all-cause-mortality .
    Tout se passe comme si le tabagisme, en particulier, ainsi que les maladies chroniques prévalentes étaient des causes de mortalité si prééminentes qu’elles écrasent et occultent la relation entre le surpoids et m’obésité et la mortalité toutes causes. Les techniques d’ajustement ne suffisent pas à neutraliser ce facteur de confusion, sans doute parce que la corrélation est complexe (le risque n’est pas le même si on est fumeur actuel, ancien fumeur, selon le nombre de cigarettes fumées etc).
    Les études citées montrent aussi que les bénéfices de la perte de poids seraient d’autant plus importants que celle-ci intervient tôt.
    Donc, oui, le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque de mortalité toutes causes.

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