Au moment où le diantalvic (dextropropoxyphène paracétamol - DPP) et ses génériques et le propofan (dextropropoxyphène paracétamol caféine - DPPc) et ses génériques vont disparaître du marché pharmaceutique français pour causes de décès en Grande-Bretagne (voir ce blog : ici), se pose la question des doses fortes de paracétamol.
Bien entendu nous ne pourrons pas nous fonder sur des données françaises de pharmacovigilance, la pharmacovigilance française étant, selon l'interprétation que l'on en donne, incapable, nulle et incompétente ou capable, efficace et compétente mais sous la coupe d'intérêts politiques et industriels la dépassant et la faisant taire.
La pharmacovigilance française est rassurante : des données anciennes (1990) indiquent 6 morts par an dues au paracétamol ! Cela dit, la pharmacovigilance française, toujours aussi vigilante, vient d'interdire les sirops en général chez les enfants de moins de 2 ans et l'on attend l'étude complète et les raisons vraies : plus de 6 morts par an ?
Nous n'avons d'ailleurs pas beaucoup plus d'informations sur le nombre de décès liés au DPP ou au DPPc en France : est-ce pour cela que l'AFSSAPS était si frileuse face à la demande européenne de retrait ? Ou alors était-ce en raison du chiffre d'affaires important généré par une firme française (Sanofi-Aventis) ? On pourrait dire également que la dose maximum autorisée de DPP ou de DPPc (six gélules ou comprimés par jour) représentait seulement 1,8 de paracétamol.
Donc, pas de données françaises, nous devons donc nous en tenir aux données étrangères, dont américaines. Pour tant il existe quelques sources françaises : un article soulignait en 2006 le danger du paracétamol chez le buveur excessif (ici) et venait à la suite d'un avertissement de la BIAM de novembre 2004 (là). Mais il existe aussi des articles concernant des hépatites fulminantes à doses thérapeutiques : ici et là (plus ancien).
La FDA, comme nous l'avons mentionné le 5 juillet 2009 sur ce blog, a émis des recommandations précises (ici) qui n'ont fait ni chaud ni froid aux autorités européennes et françaises ; la FDA est par ailleurs revenue en arrière sur ce sujet et en visant plus particulièrement les produits OTC (ici) en ne proposant plus de restrictions de dosages, même chez les consommateurs d'alcool mais en les prévenant du risque éventuel qu'ils pourraient courir... Que s'est-il passé ? Nous n'en savons rien. Le document de la FDA est cependant très explicite : le paracétamol entraîne 153 décès par an (dont une trentaine non intentionnels) et que c'est probablement la première cause (39 %) de défaillances hépatites aiguës aux Etats-unis (voir sur ce blog les données).
En pratique :
Je conseille (sur un avis de BL) de demander aux patients à qui l'on prescrit du paracétamol de leur faire préciser quelle est, selon eux, la dose maximale autorisée : vous aurez des surprises. Je conseille d'éviter la forme paracétamol 1000 effervescente (la vitesse d'absorption est deux fois plus rapide qu'avec les autres formes) qui, en outre, chez les hypertendus, contient beaucoup de sel.
Voir un développement plus récent (août 2011) sur ce blog : ICI.
Aïe! Aîe! Ca va trop vite, Dr Grange.j'ai du mal à suivre. On a à peine le temps de se remettre d'un article que le suivant arrive déjà. Et puis, vous devenez un peu abscons avec vos sigles. Pensez à nous, qui vous lisons. OTC, BIAM? Késaco? Pour BL j'hésite entre "British Library", "boy's love" ou le trio infernal BHW qui se serait transformé en duo et où Roselyne aurait changé de partenaire. Mais pourquoi demanderiez vous l'avis de Roselyne sur la prescription de paracétamol?
RépondreSupprimerQuestion subsidiaire, un peu plus sérieuse, ne faut-il pas mettre en balance les effets secondaires du paracétamol avec d'une part la fréquence de son utilisation? D'autre part son utilité? Par quoi le remplacer si on estime qu'il est dangereux, par l'ibuprofène (advil p exp)? Par l'aspirine? Est-ce vraiment souhaitable pour les patients à risque comme les alcooliques?
Plutôt s'assurer que le patient a bien compris les posologies et rappeler que tous les médicaments doivent être consommés avec modération, surtout si ce sont des médicaments de confort.
CMT
OTC : Over the counter
RépondreSupprimerBIAM : Banque de données automatisées sur les médicaments
BL : a private joke pour un ami à moi qui m'a effectivement suggéré la question à poser aux malades.
Plus sérieusement : pourquoi prescrire autant de paracétamol ? Est-ce l'idéologie du Zero Pain ? Pourquoi deux poids et deux mesures ? Pourquoi supprimer l'helicidine, produit sans intérêt au demeurant, et ne pas avertir les patients sur les dangers potentiels du paracétamol, autrement plus préoccupants ? Je pose des questions que je me pose depuis des années. Il faut bien soulever des lièvres au risque de se voir contredire...
Bonne soirée CMT.
Je ne vs contredisais pas mais je m'interrogeais et je nuançais votre propos. Si le médicament est pris fréquemment, je pense que c'est le cas, que signifie par exemple un effet grave par 10 millions de journée de prise de paracétamol ou sûrement beaucoup plus? Le risque individuel est faible. Par rapport au traitement excessif de la fièvre ou de la douleur,cela pose la question plus générale de la surmédicalisation. La particularité du paracétamol c'est sa très grande fréquence d'utilisation plutôt que la grande fréquence des effets secondaires.
RépondreSupprimerBon dimanche
CMT
j'aurais souhaité qu'on parle des intoxication par l'acide acétysalycilique et ces méfaits.
RépondreSupprimerles doses toxiques du paracetamol, comme mentionné au niveau du VIDAL est de 10G en prise unique.
quelle est la sécurité de l'emploi de l'ibuprofène et de l'AAS?
et si on devait comparer les CI: 2 pour le paracetamol et 11 pour les AINS dont l'AAS
les interaction médicamenteuses....!!!!
les effets indésirables
je vous recpommande de retourner au VIDAL pour
RACONTER des choses plus VRAIS et pas n'importe quoi,DOCTEUR!!!
Je réponds au docteur Mourad.
RépondreSupprimerIl est possible que je dise n'importe quoi.
La dose toxique de paracetamol n'est pas de 10 g mais peut être atteinte à 4 g chez un sujet non insuffisant hépatique. Des publications l'attestent et je les ai mentionnées.
Si vous aviez lu ce blog auparavant vous sauriez que j'ai fait déjà quelques remarques sur l'ibuprofène, notamment chez l'enfant.
Je ne suis pas habitué à ce genre de réflexions violentes mais je n'en ai que faire : le document de la FDA que j'ai mentionné signale également les effets indésirables de l'aspirine et des AINS. Je rappelle qu'en France il n'est pas possible de donner de l'aspirine à des petits nourrissons, ce qui n'est le cas ni du paracétamol ni de l'ibuprofène.
Continuez à écrire sur ce blog, c'est intéressant mais il faut que vous motiviez vos propositions et que vous référenciez vos affirmations. C'est ce que j'essaie de faire.
Je suis un "gros" prescripteur de paracétamol, comme tous les médecins, mais puis-je me permettre de m'interroger sur mes prescriptions ? Puis-je poser la question des conséquences de l'arrêt de commercialisation du diantalvic et de ses confrères ?
Je ne suis pas contre l'interdiction du diantalvic mais je m'interroge. Est-ce que vous pouvez l'entendre ?
Je vous salue avec une grande confraternité.