Vincent Van Gogh - Autoportrait à l'oreille coupée. 1889
Monsieur A, 40 ans, rappelle le cabinet : il veut l'adresse d'un autre ORL car celui chez qui je l'ai adressé n'est pas bien. Ou plutôt : cela s'est mal passé. La secrétaire m'en parle et je ne bouge pas. Le lendemain, Monsieur A me rappelle pour expliquer : l'ORL lui a dit qu'il n'y avait rien à faire. Il veut voir un ORL à Paris et, sur Internet, il a trouvé, c'est moi qui caricature, un acouphènologue. En fait il a trouvé un spécialiste des acouphènes : n'est-ce pas la même chose ?
Monsieur A, 40 ans, souffre d'acouphènes depuis environ six semaines, il n'a jamais travaillé en atmosphère bruyante, il ne se plaint pas d'hypoacousie, sa pression artérielle est normale, ses conduits auditifs sont libres, il y a eu un épisode vertigineux qui pouvait être attribuable à un Vertige Paroxystique Positionnel Bénin mais la manoeuvre de Dix a été négative. J'ai demandé un scanner avec injection afin de visionner sa fosse postérieure : le scanner est normalissime.
C'est le problème des acouphènes.
C'est le problème de la médecine symptomatique.
J'aurais dû envoyer le patient à un ORL moins direct, à un ORL qui sait parler aux patients, un ORL qui sait ce que la placebothérapie est, un moyen de trahir la confiance du malade (je sais, je sais, j'entends déjà les cris des bons docteurs qui me rappellent, qui me hurlent le chamanisme, que ça a toujours existé, et cetera et cetera, que ça peut rendre service au malade), un ORL qui est toujours prêt à prescrire des placebos remboursés par l'Assurance maladie, vous voulez des noms ? Vastarel, tanganil, lectil, serc, quoi encore ?
L'ORL à qui j'ai adressé Monsieur A lui a dit la vérité : une fois éliminée une cause possible, les acouphènes s'éteignent d'eux-mêmes ou jamais. Ou presque jamais.
Je ne dis pas que je ne prescris jamais de placebos remboursés par l'Assurance Maladie, je dis que le malade s'attendait à ce que l'ORL lui prescrive quelque chose de différent ou le rassure ou le conforte ou diminue son anxiété. Il n'y est pas arrivé, mais, en plus il ne lui a rien prescrit...
Je continuerai à adresser des patients à cet ORL qui est, en outre, un excellent chirurgien.
Plus généralement, je plains les médecins spécialistes qui sont obligés de prescrire des placebos pour faire croire qu'ils sont des spécialistes. Je ne plains pas, je les comprends, les médecins généralistes qui, en présence d'acouphènes ou d'autre symptôme sans espoir, envoient le patient chez le spécialiste pour se laver les mains, pour se décharger de leurs responsabilités de praticien qui se doit de prendre en charge le patient de façon globale, et qui se plaignent ensuite que le spécialiste dise du mal d'eux ou les conchie, parce qu'ils ne savent pas prescrire des placebos avec conviction.
Monsieur A, 40 ans, souffre d'acouphènes depuis environ six semaines, il n'a jamais travaillé en atmosphère bruyante, il ne se plaint pas d'hypoacousie, sa pression artérielle est normale, ses conduits auditifs sont libres, il y a eu un épisode vertigineux qui pouvait être attribuable à un Vertige Paroxystique Positionnel Bénin mais la manoeuvre de Dix a été négative. J'ai demandé un scanner avec injection afin de visionner sa fosse postérieure : le scanner est normalissime.
C'est le problème des acouphènes.
C'est le problème de la médecine symptomatique.
J'aurais dû envoyer le patient à un ORL moins direct, à un ORL qui sait parler aux patients, un ORL qui sait ce que la placebothérapie est, un moyen de trahir la confiance du malade (je sais, je sais, j'entends déjà les cris des bons docteurs qui me rappellent, qui me hurlent le chamanisme, que ça a toujours existé, et cetera et cetera, que ça peut rendre service au malade), un ORL qui est toujours prêt à prescrire des placebos remboursés par l'Assurance maladie, vous voulez des noms ? Vastarel, tanganil, lectil, serc, quoi encore ?
L'ORL à qui j'ai adressé Monsieur A lui a dit la vérité : une fois éliminée une cause possible, les acouphènes s'éteignent d'eux-mêmes ou jamais. Ou presque jamais.
Je ne dis pas que je ne prescris jamais de placebos remboursés par l'Assurance Maladie, je dis que le malade s'attendait à ce que l'ORL lui prescrive quelque chose de différent ou le rassure ou le conforte ou diminue son anxiété. Il n'y est pas arrivé, mais, en plus il ne lui a rien prescrit...
Je continuerai à adresser des patients à cet ORL qui est, en outre, un excellent chirurgien.
Plus généralement, je plains les médecins spécialistes qui sont obligés de prescrire des placebos pour faire croire qu'ils sont des spécialistes. Je ne plains pas, je les comprends, les médecins généralistes qui, en présence d'acouphènes ou d'autre symptôme sans espoir, envoient le patient chez le spécialiste pour se laver les mains, pour se décharger de leurs responsabilités de praticien qui se doit de prendre en charge le patient de façon globale, et qui se plaignent ensuite que le spécialiste dise du mal d'eux ou les conchie, parce qu'ils ne savent pas prescrire des placebos avec conviction.
Mais bien entendu que Monsieur A, j'aurais dû lui dire la vérité : vous avez des acouphènes et je vous envoie chez l'ORL, un bon ORL, parce que les acouphènes ne se traitent pas, je vous envoie chez l'ORL pour qu'il confirme mon diagnostic et mon pronostic. A savoir : il n'y a rien à faire avec ces putains d'acouphènes.
Mais j'aurais pu aussi lui prescrire du vastarel en me disant que l'effet placebo est universellement en moyenne de 35 % de répondeurs. Mais cela peut atteindre les 70 % de répondeurs dans le traitement des symptômes de la dépression...
Je ne l'ai pas fait et "mon" ORL a été traité de nul, ou presque.
Ce qui est embêtant c'est que je n'ai dit la vérité au patient ni soulagé le malade.
Je vous ai déjà parlé de l'effet placebo, notamment ici.
Je ne voudrais pas me paraphraser sur les médecins qui prescrivent des placebos en toute conscience et droits dans leurs bottes. Je ne suis pas d'accord. Bien que je le fasse. Existe-t-il une différence entre être content de faire mal et se poser des questions quand on fait mal ? Réponse : oui. Voici ce que j'ai écrit dans le BMJ à ce sujet : ici.
Je le pense toujours et je persiste.
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RépondreSupprimerAcouphene Traitement
acouphènes:::faut il dire IMMEDIATEMENT au patient qu'il ne guérira JAMAIS...??
RépondreSupprimerNON.
Il faut un certain temps pour accepter ce qui nous arrive ...Ce n'est pas grave (pour les médecins qui ont vu défiler des centaines de personnes souffrant de cette "sa****rie ) mais terriblement ANXIOGENE ...et Handicapant...
Et je vous assure que l'on serait pret à avaler n'importe quel médicament (ou autre thérapie)
pour s'en sortir..
J'ai appris à faire "avec", mon MG me laissant comprendre petit à petit que " ,on ne sait pas soigner les acouphènes"
Mais il faut laisser du temps au patient pour intégrer la chose...
13 ans d'acouphènes en ce qui me concerne......
Le déséquilibre de la mâchoire est certainement à l'origine de nombreux troubles non élucidés et particulièrement de troubles ORL comme les acouphènes
RépondreSupprimerhttp://www.amazon.fr/Acouph%C3%A8nes-ecz%C3%A9ma-surdit%C3%A9-Comment-d%C3%A9barrasser/dp/2354851634
Bonsoir !!
RépondreSupprimerJe suis effarée avec quelle légèreté vous considérez votre patient.Je ne vous souhaite évidemment pas de souffrir d'acouphènes jours et nuits, ce qui a été mon cas.DIEU merci, j'ai trouvé la solution ailleurs que dans un cabinet de médecin.Ouvrez-vous à autres choses que ce que l'on vous assène dans vos cours de médecine traditionnelle.
Quand à ceux qui souffrent d'acouphènes, voyez du côté de l'hypnothérapie, l'ostéopathie cranienne et posez-vous la question sur ce que vous n'avez pas voulu entendre.COURAGE !!! vous en viendrez à bout, tout comme moi, après un an de souffrances et de recherches.
Arielle
@ Arielle
RépondreSupprimerNe soyez pas effarée. Je ne peux que dire à mes patients que la médecine que j'ai apprise est le plus souvent désarmée par les acouphènes. Voudriez-vous que je leur mente ? Voudriez-vous que je les berce d'illusions ? Je ne connais pas les résultats des méthodes dont vous me parlez. Si vous avez été guérie ainsi : tant mieux mais c'est au delà de mes compétences.
Ho ! pour ceux qui s'en sortent vous avez de la chance. Ayant une otospongiose cochléaire bilatérale je peux dire que je suis pas pas gâtée. Bruits de cocotte-minute, la mer agitée, les cigales, les souffles, des douleurs, bref tout un florilège voir un "monde a part" qui me pertube tous les jours et les nuits. Bon je supporte mais je m'en passerais bien mais aucun médoc ou truc m'a été proposé pour en diminuer les effets. Les appareils d'auditions ? Trop cher car bien sur je suis sourde totale d'une oreille et il me reste 80 % à l'autre ..3000 € peu remboursé et bien j'ai pas les moyens. j'ai d'autres pathologies ALD et la Sécu est parait-il en faillite.
RépondreSupprimerEt bien félicitations, cher médecin. Parce qu'en fait, c'est nous, patients, qui ne tournons pas rond. Nous voulons de la transparence, nous réclamons de l'information, de la franchise mais en même temps nous ne sommes pas prêts à l'assumer. Il est effrayant de voir les kms de prescriptions inutiles faites par des kms de médecins qui n'ont simplement pas envie de perdre leur malade ou de l'affronter (on parle des anti dépresseurs et tutti quanti ? "affronter" serait dire "madame, monsieur, la vie est faite de "casseroles" qu'on n'élimine pas : il faut donc apprendre à vivre avec".) Mais ces discours prennent du temps, supposent une forme d'empathie. Tout peut se dire, si c'est fait avec respect, compréhension de l'autre, empathie : si le patient sent "je suis là, je vous accompagne". L'ordonnance est devenue un acte commercial : "vous avez franchi ma porte, vous en avez pour votre argent".
RépondreSupprimerC'est donc vous qui avez raison : il faut refuser de donner un placebo ou expliquer que c'en est un.
Quand vous dites :"il n'y a rien à faire pour ces putains d'acouphènes", vous devriez dire "je ne peux rien faire pour ces putains d'acouphènes"......A quand un médecin capable d'encourager ses patients à aller vers d'autres formes de soins ?
RépondreSupprimer@ Dernier Anonyme.
RépondreSupprimerVotre réflexion est symptomatique d'une certaine idée du consumerisme médical.
Pourquoi voudriez-vous que je vous adresse vers d'autres formes de soins que je ne connais pas ou dont je sais qu'ils n'ont pas, encore ou jamais, fait la preuve de leur efficacité ?
Prenez-vous en main !
La médecine, ce n'est pas la vie, ce n'en est qu'une partie.
il est des choses pour lesquelles vous n'avez pas besoin de médecins et de médecine.
Vous venez me voir à mon cabinet pour des acouphènes, je vous dis franchement que je n'ai pas de traitement efficace pour vous. N'est-ce pas suffisant ? Voulez-vous que je vous mente, que je vous prescrive des produits que je sais non efficaces ? Je vous dis je ne sais pas vous traiter et vous me demandez ensuite si vous pouvez aller consulter quelqu'un qui propose une autre forme de soins. Je vous dis oui si ce n'est pas dangereux.
je suis désolé pour ma franchise.
Bonne journée.
monsieur le docteur
RépondreSupprimerrelisez-vous, car vous avez bien écrit noir sur blanc (je cite) : "j'aurais dû lui dire la vérité : vous avez des acouphènes et je vous envoie chez l'ORL, un bon ORL, parce que les acouphènes ne se traitent pas, je vous envoie chez l'ORL pour qu'il confirme mon diagnostic et mon pronostic. A savoir : il n'y a rien à faire avec ces putains d'acouphènes."
Or vous ne semblez pas être informé du fait qu'en réalité, un grand nombre de personnes ayant souffert d'acouphène n'en souffrent plus ou en souffrent moins. Ces personnes ont soit été aidées par des thérapeutes, soit ont trouvé leur chemin de guérison ou d'amélioration toutes seules. Moi même je fais partie le la seconde catégorie.
Si vous n'aviez pas cette information c'est peut-être parce qu'au fond cette information (voire ce sujet) ne vous intéresse pas, ou qu'il vous est plus confortable de penser qu'il n'y a rien à faire plutôt que de chercher plus loin.
Peut-être est-ce par cynisme que vous ne croyez vous pas les personnes qui témoignent de leur guérison ou amélioration d'acouphène ? Vous semblez dire que les patients sont souvent des malades imaginaires et qu'il suffit de leur donner un placebo pour les contenter. Là aussi vous vous trompez : vous n'avez pas du beaucoup vous intéresser au sujet pour ne pas avoir lu les nombreux témoignages de personnes souffrant d'acouphènes à qui les placebos ne font rien d'autre que d'accentuer leur désespoir ou leur énervement face aux médecins qui les prennent pour des pigeons.
Votre attitude est tout simplement monstrueuse et on comprend bien pourquoi vous vous exprimez en vous cachant derrière un pseudo sans avoir le courage d'assumer ce que vous dîtes en votre propre nom.
@ Anonyme du 4 septembre 2013
RépondreSupprimerIl est assez amusant de se faire traiter d'anonyme, ce que je ne suis pas, par un anonyme... Le corbeau qui dénonce les corbeaux.
Vous me dites que les acouphènes s'améliorent et que donc je me trompe en disant qu'il n'y a rien à faire...
une angine guérit toute seule également.
Je voulais dire ceci : faire croire aux patients qu'il existe des traitements efficaces des acouphènes est une imposture. Il existe des traitements, sans doute et comme l'effet placebo atteint, quelles que soient les pathologies, 35 % en moyenne (jusqu'à 60 % dans la dépression, vous avez bien lu ?), il est possible d'aller mieux.
Mais il est aussi possible, je ne connais pas les proportions, de "guérir" des acouphènes sans traitement et donc, dans ces cas, quand un médecin en a donné un on peut croire que la guérison spontanée est liée à ce traitement...
Je suis donc un monstre.
Bonne journée.
bonjour,désolé de poster ici mais je n'ai trouvé aucun moyen pour vous joindre.
RépondreSupprimervotre mail est bien jcgrange@club-internet.fr ?
quand j'essaie de vous envoyer un courriel cela me met que l'adresse ne marche pas.
mon mail: mg_33@outlook.fr
autant pour moi j'ai fait une erreur, j'avais mis grande au lieu de grange. la fatigue à force de bosser.
RépondreSupprimerle mail est envoyé.
encore désolé.
Le docteur n'est pas un monstre, loin de là, et a parfaitement raison en disant que la quasi-totalité des acouphènes sont incurables.
RépondreSupprimerVous pouvez perdre du temps comme moi à essayer toutes les médecines parallèles mais rien n'y fait.
L'important alors est de veiller surtout à ce qu'ils ne s’aggravent pas.
Un acouphénique et hyperacousique depuis 15 ans.
Approche de Susan Shore à analyser peut-être
RépondreSupprimerAuditory-somatosensory bimodal stimulation desynchronizes brain circuitry to reduce tinnitus in guinea pigs and humans