mardi 15 novembre 2011

Accès aux soins. Histoire de consultation 105.


Samedi 12 novembre, le lendemain du 11, et au cours d'un long week-end, j'ai travaillé. Je suis arrivé le matin et j'avais des rendez-vous de huit heures trente à 15 heures sans interruption.
J'étais seul, sans secrétaire, et je savais que la journée allait être difficile. Bien entendu, aucun collègue parti en week-end (bien mérité), ne m'avait prévenu qu'il était absent.
J'ai eu de nombreux appels, j'ai régulé, je me suis fâché avec une de mes patientes qui est venue chercher son dossier le lundi alors que je lui avais donné le numéro de téléphone d'un confrère qui travaillait et qui m'avait appelé le matin pour me dire qu'il pouvait recevoir des patients... J'ai dû refuser neuf consultations. Je suis parti à 16 H 15 du cabinet.
Un patient m'a appelé vers dix heures, un patient de mon associée, j'ai vérifié en même temps qu'il me parlait qu'elle l'avait vu deux fois en cinq ans, pour me dire que c'était une urgence, cela commençait mal, je lui ai demandé ce qu'il avait et il m'a répondu, textuel, "Un gros rhume, je n'ai pas dormi de la nuit."
Savez-vous ce que je lui ai répondu ?
Donc, j'imagine que ce patient, s'il était interrogé par l'Ifop ou par Opinion way, et qu'on lui posait la question "Est-ce que vous avez eu, dans les six derniers mois, des difficultés pour trouver un médecin ?", répondrait "Oui".
Et l'affaire est dans le sac : l'accès aux soins en France est problématique.

Je ne nie pas que l'accès aux soins pose des problèmes économiques, sociaux, médicaux, ce serait mentir, mais, en ce cas, quand on a un rhume, on n'appelle pas son médecin, même si on n'a pas dormi la nuit précédente.
J'ajoute que j'ai reçu hors rendez-vous trois petits patients (c'est le sentimentalisme lié à l'infantocratie). Mais une rhino-pharyngite, est-ce que cela nécessite une consultation urgente chez "son" généraliste ou six heures d'attente aux urgences dans les miasmes des locaux hospitaliers ?

(Crédit photographique : Cheval Magazine. ICI)

4 commentaires:

  1. Pourtant je suis persuadée qu'il ya des patients qui savent qu'il ne faut pas déranger le médecin pour un rhume pendant un week end prolongé. Mais ceux-là ne téléphonent pas au docteur pour lui dire:"J'ai un rhume carabiné, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, mais comme je sais que vous êtes débordé, j'ai décidé de ne pas vous déranger". Ce serait pourtant réconfortant pour le médecin qui s'est fait un peu avoir et qui reste seul le week-end face à une horde de patients inquiets.
    L'autre aspect c'est: combien de décennies passées, où les médecins disaient aux patients qui venaient les voir pour un simple rhume: "vous allez prendre ça et vous verrez, ça ira beaucoup mieux". A trop souvent le dire, les patients on fini par les croire et se persuader qu'ils ne peuvent pas se passer du médecin pour un rhume. Ce qui ne viendrait probablement pas à l'esprit d'un patient allemand ou anglais.

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  2. @ CMT
    Tout à fait d'accord avec la dernière partie. Mais il faut se rappeler le contexte des années "glorieuses" où il fallait se faire une clientèle, où le discours dominant était que c'était grâce à la prescription d'antibiotiques dans les rhinopharyngites que l'on voyait moins d'otites, qu'il vaut mieux prévenir que guérir, et cetera.
    Les médecins ont bien entendu une part de responsabilité dans leurs attitudes générales mais le poids des institutions et du consensus sociétal est majeur et on le voit pour le psa, la mammographie ou le diabète.

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  3. A JCG,
    On sera encore d'accord (décidément...). C'est pour ça que l'important c'est la formation et l'information et de savoir qui détient le pouvoir de décréter la vérité du moment.
    Car la vérité du moment n'est jamais qu'une construction créée à coups d'articles,de la presse quotidienne ou de journaux médicaux, de déclarations de Key opinion leaders etc.
    Ce qui frappe aujourd'hui c'est l'hypersimplification des arguments utilisés, qui sont, pour tout dire, simplistes et qui ne peuvent en aucun cas correspondre à la complexité d'une approche réellement scientifique. Ce qui frappe aussi c'est l'unanimité et l'absence de débat contradictoire dans l'espace public sur des sujets médicaux.

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  4. @CMT: les patients allemands ont eu aussi où le médecin disait de venir consulter le médecin pour le rhume. Maintenant, il ne le faut plus pour la simple raison que les médicaments ne sont plus pris en charge pas l'assurance de maladie. Donc consulter ou non les médicaments sont à payer de sa propre poche.

    Le hic est que si cela ne passe pas au bout de 4 à 7 jours ou de la fièvre y a, il faut consulter son Hausarzt (en tant que patient, il faut distinguer entre un simple rhume où il n'y a pas de consultation et la grippe où il faut consulter). C'est un peu le foutoir, si je peux le dire.

    En tout cas, pour un rhume je ne suis jamais allée voir mon MG, sauf si mon petit truc ne marche pas au bout de quelques jours (potages, paracétamol et au lit). quoique pour la grippe d'été, non plus consulté - c'était le week-end avec incapacité de se tenir sur les jambes (tombé dans les pommes comme on dit, alors prendre sa voiture...) et se rendre à l'hôpital qui a la garde, non merci.

    Bonne soirée

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