106 - Epidémie de consultations d'hommes turcs au cabinet. Le gouvernement Erdogan est sur le point de faire voter une nouvelle loi concernant le service militaire. Jusqu'à présent les Turcs (de sexe masculin) devaient faire leur service militaire avant 38 ans s'ils souhaitaient entrer et sortir de Turquie à leur gré. Cela signifiait pour un travailleur turc émigré travaillant en France et qui était parti de Turquie avant d'avoir accompli le service militaire de payer 5000 euro et de faire un "stage" de trois semaines dans une caserne de l'ancien empire ottoman, stage qu'il devait faire pendant des congés payés ou en dehors. Cette nouvelle loi, quand elle sera promulguée, supprime l'obligation des 21 jours mais les 5000 euro deviennent 10000. Le remplissage du formulaire est d'une grande simplicité (et d'une grande inutilité). J'ajoute qu'un de mes patients, il y a trois ans, cancer du testicule, irradié, réopéré pour ganglions restants, a dû se battre pour être exempté : traduction en turc des CRO, des compte rendus de scanner, IRM, certificats à gogo (et à traduire aussi en turc par des traducteurs agréés) de la part des divers intervenants...
107 - Epidémie de vaccination contre l'hépatite B. Mademoiselle A, 34 ans, cadre hospitalier, que je connais depuis le plus jeune âge mais qui se faisait suivre en PMI pour les vaccins, vient me voir parce qu'elle a décidé d'arrêter la pilule et d'être enceinte. Nous faisons un peu le tour de la question et je consulte son carnet de santé que je n'avais pas vu depuis l'âge de 14 ans. Les vaccinations obligatoires sont franchement à jour. Elle n'est pas vaccinée contre la rubéole (???). Et je remarque ceci : elle a eu 7 injections de vaccin contre l'hépatite B ! Et au moins une fois (la dernière) on retrouve le nom du médecin du travail de l'hôpital comme injecteur. Ce charmant médecin a appliqué les directives sur l'hépatite B (il devait y avoir des points de CAPI !) et a négligé la rubéole (pas de points de CAPI). Et "on" lui a conseillé de se faire vacciner contre la coqueluche (points de CAPI ?). Sept injections versus hépatite B !
(Je rajoute ce lien car je l'avais oublié : c'était probablement le même médecin du travail du même hôpital : ICI, c'est désespérant)
(Je rajoute ce lien car je l'avais oublié : c'était probablement le même médecin du travail du même hôpital : ICI, c'est désespérant)
108 - Bronchiolite : inflation thérapeutique. Les parents de la petite A, 7 mois, m'amènent leur enfant qu'ils avaient montrée il y a trois jours au docteur B (que je connais) en l'absence du pédiaaaaaatre, et qui "continue" à tousser. "Je vous avoue", dit le père, "que je suis crevé, je me lève à trois heures du matin" et "il faut faire quelque chose car les traitements du docteur B n'ont rien fait - Qu'est-ce que le docteur B vous a dit ? - Que c'était un début de bronchiolite. ". Bon. J'interroge la famille (la maman ne parle pas français, donc j'ai un filtre entre le père et la mère), pas de sifflements nocturnes, pas un poil de décalage thermique, j'examine l'enfant, elle a le nez qui coule (jetage postérieur pour faire chic), les tympans sont propres et nets, le pharynx est rouge, l'auscultation pulmonaire retrouve l'esquisse de l'esquisse de ronchus (les gens chics disent ronchi, pas moi) et pas un poil de freination expiratoire (mais il est seize heures et le wheezing en français est nocturne parfois, tout comme les sibilances). Je suis bien embêté : les parents sont inquiets et le traitement ne "marche pas". Quel traitement, au fait ? Accrochez-vous aux meubles : amoxicilline (50 mg / kg), célestène (trois milligrammes / kg), pivalone intra nasal, et nifluril en suppositoire. Il ne me reste plus qu'à compenser verbalement mon effarement non verbal à la lecture de cette ordonnance. Sans compter la prescription de kinésithérapie respiratoire que les patients n'ont pas suivie car, ayant déjà un enfant qui avait fait des "bronchiolites" à répétition, ils trouvaient que leur fille n'en aurait pas tiré bénéfice... Est-ce le traitement qui a rendu cette petite fille peu symptomatique, auquel cas : publions ? (Pour la bronchiolite, voir IC.
(Le Jugement dernier - Jérôme Bosch - 1482)
deux commentaires rapides.
RépondreSupprimerA propos du vaccin ocntre l'hépatite B le médecin du travail ignore-t-il que toute la théorie actuelle des vaccinologues sur la longue durée d'action (indéfinie en fait) du vaccin contre l'hépatite B repose sur le maintien d'une mémoire immunitaire cellulaire et qu'il ne sert à rien de revacciner quelqu'un chaque fois que les anticorps sont bas puisque une nouvelle infection est censé réactiver cette mémoire, et permettre la production de nouveaux anticorps? Ceci grâce à la durée d'incubation longue de la maladie? Il fait courir des risques inutiles à sa patiente.
Pour la bronchiolite, j'ai toujours pensé que la contre-indication récente des anti-tussifs pour les moins de deux ans, même si ceux-ci sont par ailleurs parfaitement inutiles et ne servaient qu'à rassurer les parents, a pour but principal de laisser le champ libre pour l'épanouissement de l'"asthme du nourrisson", diagnostic apparu récemment et controversé, qui donne lieu à des traitements chroniques par des médicaments chers et controversés également(Singulair et autres),et qui n' a par ailleurs aucun effet préventif sur l'apparition ultérieure d'un asthme si on encroit les pneumologues hospitalier.
Il faut peut-être aussi dire que la vaccination ne peut pas marcher. J#entends toujours se faire vacciner, mais jamais qu'un vaccin peut être "pris en compte" par l'organisme.
RépondreSupprimerSelon mon médecin, suite à une analyse (que je trouvais inutile, mais pour lui faire plaisir...) celui contre l'hépatite B n'a pas pris chez moi et inutile de revacciner, cela ne prendra pas mieux. Je suis bien "protéger" contre la polio et le tétanos, mais les anticorps hépatite B sont presque inexistant.
Bonne journée
A propos du vaccin hépatite B: on trouve également dans certains carnets de santé de jeunes adultes ne travaillant pas en milieu médical plus de trois injections. Il paraît intéressant de contrôler l'immunité vaccinale lorsque le troisième rappel n'a pas été fait, deux injections peuvent suffire chez certaines personnes.
RépondreSupprimerJ'avais oublié que j'avais déjà publié sur le même sujet de l'hépatite B et c'était encore le même médecin du travail du même hôpital : terrible !
RépondreSupprimerLe lien est ici :
http://docteurdu16.blogspot.com/2009/05/hepatite-b-les-medecins-du-travail-font.html
C'est encore pire que ce que je pensais.
A propos du SINGULAIR: il y a un peu moins de 10 ans, ce médicament était indiqué dans les asthmes permanents modérés en complément du traitement de fond.Il n'était prescrit qu'à partir de 7 ans.
RépondreSupprimerL'AMM a été élargie en 2009 aux nourrissons de 6 mois à 2 ans et aux enfants de 2 à 5 ans avec un avis de la HAS (http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_921611/synthese-d-avis-singulair-ct-6895)qui conclue à l'absence d'avantage clinique démontré
dans la prise en charge des enfants asthmatiques de 2 à 5 ans
et à l'absence d’intérêt clinique chez le nourrisson de moins de 2 ans.
On ne voit pas pourquoi on prescrirait un médicament dont le bénéfice est proche de nul alors que l'on peut exposer les patients à un risque grave comme le syndrome de CHURG et STRAUSS.
Deux vaccinations pour un personne? vous etes sur que c'est suffisant et ce n'est pas risqué?
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