lundi 17 décembre 2012

Faut-il revoir les règles de prescription de la pilule estro-progestative ?


Une affaire récente rapportée par le journal Le Monde (ICI) indique qu'il existe des événements indésirables graves liés à la prise de la pilule estro/progestative (E / P).
Non, non, je ne plaisante pas, l'innocuité de la pilule n'est pas totale.
Vous allez me dire : tout le monde le sait. Et je vous répondrai : Tout le monde le sait mais personne ne le dit vraiment.
Le pape non académique de la contraception, je veux dire le docteur Marc Zaffran (MZ), a des avis arrêtés sur la question et vous pouvez les consulter ICI.  Je cite toutefois le titre : "Pour prendre la pilule, examen gynécologique, examen des seins et prise de sang ne sont pas nécessaires..." et il ajoute, sans doute par provocation, "... et le Conseil National de l'Ordre des médecins est d'accord."
Je dois dire que cette position, qui n'est pas nouvelle, a dû rendre service à nombre de médecins feignants et... féministes, dans la mesure où cela leur permettait de banaliser la prescription contraceptive hormonale afin de ne pas rendre les femmes coupables de la moindre chose parce qu'on les aurait examinées ou parce qu'on leur aurait posé des questions indiscrètes, ce qui, pour prescrire un  produit sans danger, pouvait à l'évidence, paraître très intrusif.
MZ ajoute, et il cite l'OMS, que la seule chose à faire avant de prescrire la pilule est de mesurer la pression artérielle. Des données de médecine générale (ICI) indiquent que la prévalence de l'HTA féminine est de 1,23 % entre 16 et 39 ans (et probablement beaucoup moins à l'âge de la primoprescription de la pilule). D'autres données (LA) indiquent chez la femme une prévalence de 4,1 % entre 18 et 34 ans mais avec des critères d'HTA plus larges.
Bon, ben le problème est réglé : la pilule, c'est sûr. 
C'est d'ailleurs ce que pense Joëlle Brunerie Kauffmann dans des propos rapportés par Libération le 11/04/99 (un autre siècle, sans doute) et que je cite en deuxième main à partir d'un texte de Marc Girard (LA) : "Les pilules n'ont aucun effet secondaire." Elle veut probablement dire, mais rien n'est moins sûr, aucun effet secondaire grave en respectant les contre-indications... Non, elle veut dire aucun effet indésirable du tout. Dans des entretiens accordés sur France-Culture, ICI, elle ne change rien même si, poussée par la journaliste hagiographe qui l'interroge, elle dit que, bien sûr, les problèmes de libido, bien exagérés, ça peut exister mais que ce n'est rien par rapport à la vie sexuelle épanouie que procure la contraception (sous entendu : et que nos mères ignoraient, la vie sexuelle épanouie). Je veux bien.
Les propos rassurants de MZ et les propos lénifiants de JBK vont dans le sens de la fameuse chanson d'Antoine (que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître), Les Elucubrations.
Oh, Yeah !
J'ai reçu une lettre de la Présidence
Me demandant, Antoine, vous avez du bon sens,
Comment faire pour enrichir le pays ?
Mettez la pilule en vente dans les Monoprix.
(Voir la video à partir de 3' pour le couplet.)
Mais je m'égare. Pourquoi, puisque la pilule ne présente AUCUN risque, ne la vend-on pas dans les grandes surfaces ? Il suffirait de remplir auparavant un questionnaire sur Internet et se faire prendre la PA sur son smartphone.

Le cas de cette jeune femme est une rareté, une exceptionnalité, me direz-vous. Mais comment savoir vraiment ?
Au delà du type de pilule prescrit et nous ne saurions trop conseiller de ne prescrire ou de ne se faire prescrire que des pilules de deuxième génération, laissant pour l'exception celles de troisième et pour les cas d'espèce (des actions Bayer) celles de la quatrième, il est nécessaire de revenir aux contre-indications formelles et/ ou relatives de la pilule E / P que vous trouverez LA, notamment page 17 d'un document de l'HAS. 

Néanmoins, il est possible d’indiquer qu’un âge35 ans ou une obésité ou une consommation excessive de cigarettes (15/j) ou un antécédent de migraine sans signe neurologique focal ne constituent pas individuellement (en l’absence de cumul des facteurs de risque) une CI à une contraception œstroprogestative.

En revanche, constituent une CI à la contraception œstroprogestative :. l’association des facteurs précédents entre eux (notamment « âge 35 ans + consommation de cigarettes ») ;
. la présence, même isolée, d’un facteur de risque parmi les suivants :
  • –  migraine avec signes neurologiques focaux11, ou lorsqu’elle apparaît ou
    s’aggrave sous traitement (antécédent ou épisode en cours),
  • –  HT A (antécédent12 ou épisode en cours),
  • –  diabète avec complications vasculaires éventuellement associées
    (rétinopathie, néphropathie, neuropathie, etc.),
  • –  dyslipidémie. 


C'est quand même assez flou pour la prescription d'un non médicament (la pilule E / P ne "guérit" rien) qui est administré à des millions de femmes en bonne santé.

Mais préoccupons-nous d'un problème particulier, celle de cette jeune femme qui a fait un AVC en présentant une mutation liée à la thrombophilie.

Un document de l'HAS (LA) définit la fréquence et souligne que ce n'est pas remboursé.

La thrombophilie désigne les anomalies de l’hémostase prédisposant aux thromboses ou la tendance clinique aux thromboses (thromboses veineuses profondes et embolies pulmonaires). Ces anomalies peuvent être liées à la présence de certaines mutations, telles que FV Leiden et FII 20210G>A. La prévalence de la mutation FV Leiden dans la population est en moyenne de 3 à 5 %, celle de la mutation FII 20210G>A est estimée entre 2 et 4 %. Trois actes de biologie permettent de les reconnaître et contribuent au classement des patients par niveaux de risque de thrombose. 


Faut-il changer les choses ? Car le risque d'événements indésirables graves semble ainsi plus important que dans le cas d'une élévation modérée de la pression artérielle. Mais la prise de la PA est gratuite... 

Ainsi, nos experts signalent les risques dont la recherche est remboursée par l'Assurance Maladie mais pas ceux, aussi, voire plus fréquents, dont la recherche est trop onéreuse mais dont les conséquences sont gravissimes.

A moins, bien entendu, que les experts, dont le célèbre Israël Nisand (IN), comme lors d'un entretien sur Europe 1 (ICI) (à partir de 5'30), ne reprennent les arguments suivants (qui rappellent étrangement ceux utilisés par les vaccinologues et les pharmacovigilants pour grippe et Guillain-Barré, à savoir que la vaccination anti grippale protègerait de la maladie de Guillain-Barré...) qui sont aussi ceux de l'Académie Canadienne de gynéco-obstétrique (voir LA à la page 1200) en 2010 (où l'on voit que ce que je disais à propos des gynécologues français (ICI), peut être étendu au Nouveau Monde, Nouveau Monde qui a réagi avant pour le distilbène et / ou le THS - Traitement hormonal Substitutif de la ménopause) :

Les contraceptifs hormonaux entraînent la hausse du risque de TEV au-delà du taux de fond (de 5/10 000 femmes-années chez les non-utilisatrices8 à 9–10/10 000 femmes-années chez les utilisatrices9).
Pour replacer les risques de TEV chez les utilisatrices de CO dans leur contexte, il est important de ne pas perdre de vue que le risque de TEV pendant la grossesse peut atteindre 29/10 0009,10 et que, pendant la période péripartum, on a signalé que ce risque pouvait atteindre pas moins de 300–400/10 0006,7. Faisant partie des modes de contraception les plus vastement utilisés et les plus efficaces, les CO entraînent la baisse des taux de grossesse non souhaitée et abaissent en fait le taux global de TEV au sein de la population, par comparaison avec les taux constatés au sein des populations n’ayant pas accès à une contraception efficace11


Je suis sur les fesses.
Et ce document canadien, en sa conclusion, ne fait aucune différence entre les différents types de pilules, ce qui montre que son objet est non seulement d'innocenter le risque thrombo-embolique de la pilule mais de favoriser la modernité des pilules de nouvelles générations dont on voit maintenant quelles font plus de mal que de bien.
Que faire en pratique ? Continuer de clamer avec MZ, JBK et IN que la pilule est sans effets indésirables ou qu'il vaut mieux prendre la pilule que d'être enceinte ?
Il est vrai que l' HAS dans un document déjà cité (LA) ne conseille pas de bilan de la coagulation avant la prise d'un contraceptif E / P, donc, comme dit l'autre, si on fait de la médecine défensive (juridique), le prescripteur se retrouve blanc bleu dans l'affaire. Et c'est bien la première fois que faire de la médecine défensive signifie pratiquer moins d'examens complémentaires (LA).

Je n'ai bien entendu abordé, à propos d'un cas, que les éventuels problèmes posés par la contraception E / P chez la toute jeune fille. Je n'ai pas encore parlé du reste. Cela viendra peut-être. Rappelons quand même, en passant, que le tabagisme multiplie par dix le risque thrombo-embolique.

(Antoine - Les élucubrations - 1966)

PS - Sylvain Mimoun, qui ne déclare pas ses liens d'intérêt, vient au secours des pilules de troisième génération ICI. Peut-on le comparer à Bruno Lina ?
PS 2 (du 20/12/12) - Les recommandations du Vidal en ligne sur la contraception posent beaucoup de questions. Voir LA.

23 commentaires:

  1. J'ai 35 ans, trois enfants et ça bien longtemps que j'ai arrêté la pillule. Le préservatif est très efficace et n'empêche nullement d'avoir une sexualité épanouissante! Depuis que mon fils a failli y passer après des vaccins et qu'on me dit aussi que son cas admis comme relié à la vaccination serait une rareté sans que personne ne l'ait cependant jamais déclaré à la pharamcovigilance, je n'ai plus aucune confiance dans les statistique....et je pars du principe que moins on prend de médocs quels qu'ils soient et mieux on se porte ! Ma dernière expérience en date avec le tiorfan m'a confimé que c'était la bonne approche. Mon bébé de 9 mois a eu une gastro récemment, vomissements 1/2 journée puis diarhée. Après avoir bien pris son adiaril, elle s'est rapidement ré-alimentée (avec modilac riz) sans perte de poids inquiétante. Préoccupée cependant par la diarhée persistante, au bout de 48 heures nous avons enfin réussi à lui faire avaler le tirofan qu'elle refusait. Résultat : vomissements ! Je prends la notice du tiorfan, effets secondaires : vomissements !!! Hop le tiorfan à la poubelle et biberons avec l'eau de cuisson du riz et en 24 h c'était terminé.

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  2. Moi je bricole à l'ancienne avec mon compagnon...
    Pour parler sérieusement j'ai reçu ce jour une patiente sous Méliane ( CO troisième génération) qui depuis deux mois a dû être mise sous antihypertenseurs, hypolipémiants, hormones thyroidiennes, qui était devenue grognon et qui souffrait de cephalées! Et aucun médecin n'a saisi le lien possible entre tous ces problèmes et la prise de pilule. Depuis qu'elle a arrêté elle n'a déjà plus de cephalées. Mon propos est d'insister sur les prescriptions personnalisées, détecter les effets secondaires éventuels, faire les examens nécessaires.

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  3. @ anonyme (pour l'aider à avaler la pilule !) : Vous trouverez une enquête sur le traitement des diarrhées du nourrisson dans le BEH (Bulletin épidémiologoique hebdomadaire de l'Invs) du 18 mars 2008 [1]
    Les recommandations du CSHPF (Conseil sup. d'hygiène publique de France remplacé par le HCSP) pour la prise en charge de la diarrhée aiguë de l’enfant sont les suivantes :  
    « administrer un soluté de réhydratation orale (SRO) pour corriger la déshydratation en 4 heures, reprendre l’alimentation normale dès la 4e heure avec maintien de l’apport d’un SRO et poursuivre l’allaitement maternel, éviter l’utilisation de médicaments qui ne sont pas nécessaires ».
     
    L’étude de l’InVS constatera « qu’en dépit de ces recommandations, des médicaments symptomatiques sont aussi prescrits : ralentisseurs du transit et anti-sécrétoires (RT), microorganismes antidiarrhéiques (PM), antiseptiques intestinaux (ATSI), anti-émétiques (AE), adsorbants (AD) et spasmolytiques (S). »
    L’étude constatera que le nombre moyen de médicaments antidiarrhéiques prescrits était de 1,89. Sur la période d’octobre 2004 à septembre 2006, 37 % des cas de diarrhée ont reçu un médicament antidiarrhéique, 41 % deux médicaments, 19 % trois médicaments et 3 % quatre médicaments ou plus.  
    « Les médicaments prescrits étaient un RT, essentiellement du racécadotril, (60 % des cas), un SRO (50 % des cas), un AE (35 %), un PM (19 %), un AD (13 %), un S (8 %) ou un ATSI (2 %). Un SRO ou un RT ou les deux associés figuraient dans 75 % des traitements.
    L’étude a enregistré « 373 cas de diarrhée traités avec du lopéramide. Ce médicament, analogue structurel des opiacés, est contre-indiqué avant l’âge de 2 ans en raison du risque d’effets indésirables de type iléus paralytique, voire de perforation digestive, et d’effets sur le système nerveux central pouvant aller jusqu’à la dépression respiratoire ou au coma ». 
    « Du nifuroxazide, contre-indiqué avant 2 ans en raison d’effets indésirables de type allergique, a été prescrit dans 1 351 cas ».
    [1] http://www.invs.sante.fr/beh/2008/12/beh_12_2008.pdf

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  4. @docteur du 16
    La bandelette urinaire ( si si ne riez pas, certes un examen supplémentaire)pourrait être un bon examen para clinique de dépistage d'une éventuelle anomalie de l'hémostase avec découverte d'une hématurie microscopique.
    J'ai utilisé la BU en poste isolé dans le désert djiboutien chez un guide victime d'une morsure de vipère pour dépister un trouble de la coagulation , facteur biologique de gravité (grade II) facilement accessible par une BU .

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  5. Et voici une autre publication de la HAS http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-11/note_cadrage_cu_vf.pdf, où il est montré, p 11 et 12, que la France est l'un des pays européens où l'on:
    -médicalise le plus la contraception, avec un rôle du médecin prédominant dans la contraception
    -médicamentalise le plus la contraception, avec une prédominance très nette de la pilule.
    Et pourtant...un tiers des grossesses sont des grossesses non désirées, à savoir 350 000, dont les deux tiers (233 000) sont dues à un échec de contraception. La progression constante de la prescription de la pilule, comme le temps, ne change rien à l'affaire.

    Autre problématique mais mêmes causes, près de 50 000 hospitalisations par an de nourrissons pour déshydratation suite à des diarrhées et 45 à 80 décès. Les médecins français n'ont toujours pas intégré les recommandations de l'OMS concernant les SRO et continuent à surprescrire les médicaments divers et variés dont les visiteurs médicaux leur ont vanté les mérites.
    http://www.glam-sante.org/documents/audits/34/argu_diarrhee.pdf
    http://www.jle.com/e-docs/00/04/54/0B/article.phtml
    "La gastroentérite est une affection banale qui touche la plupart des enfants de moins de 5 ans. Les seuls « médicaments indispensables » sont les solutés de réhydratation hypo-osmolaires (SRO) en traitement de première ligne dans cette pathologie le plus souvent spontanément résolutive au prix de quelques mesures élémentaires d'hygiène et de réalimentation."
    Mêmes causes,une confiance aveugle dans les médicaments de la part de médecins formés par l'industrie pharmaceutique, mêmes effets, un désastre de santé publique.

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  6. @ CMT Je suis content de ne pas (enfin) être d'accord avec toi. Ou alors le sens de mon post t'a échappé.
    Mon post ne s'occupait pas des relations (complexes) entre types de contraception / non contraception avec le nombre d'IVG mais de l'innocuité supposée dans tous les pays (sous l'influence conjuguée des lobbys pharmaceutiques et... féministes) de la contraception E / P. Je posais simplement le problème de la fréquence de la thrombophilie chez la jeune femme et de l'absence de sa détection. Faut-il en tirer des conclusions pessimistes sur le fait que tout le monde s'en moque puisque le problème c'est d'avoir des enfants désirés quand on veut ? Je pose cette question et j'attends des réponses autres que la grossesse c'est plus dangereux que la contraception...
    Quant au nombre d'IVG il est stable en France depuis la loi Veil, ce qui signifie, et on le voit dans des pays encore plus développés sanitairement que la France, que l'IVG est un fait de société.
    Dans ses émissions sur France Culture JBK dit explicitement qu'elle ne montre jamais les images du foetus aux futures "avortées" pour éviter des troubles psychologiques... Ah bon, l'IVG entraînerait des troubles psychologiques ? On nous l'aurait caché...
    Et puisqu'il fait toujours se justifier, je suis prescripteur de contraception et d'IVG.
    Amitiés.

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  7. Comme vous le savez déjà très certainement Marc Girard distille sur son site quelques bonnes feuilles d'un livre à paraître. On peut y lire :

    " il suffit de se reporter au tout début de l’année 1960,... À ce moment d’intense controverse, on – partisans et adversaires de cette nouvelle méthode – avait tout prévu, ou plutôt tout envisagé : la pilule allait rendre stérile, provoquer des mutations génétiques, des malformations fœtales ou des cancers, faire tomber les cheveux, rendre les femmes vicieuses… Tout – sauf le principal : il faudra à peine un an pour que soit aperçu le potentiel iatrogène depuis lors le mieux reconnu des oestro-progestatifs [1], à savoir celui de provoquer des accidents thrombo-emboliques, dont certains graves et parfois même mortels [2]. Les années suivantes allaient montrer que ces effets indésirables, qui touchent les veines et se manifestent surtout par des phlébites ou des embolies pulmonaires (mais parfois aussi par des accidents cérébraux), ne correspondent qu’à une partie de ce que l’on peut regrouper sous l’intitulé « complications cardio-vasculaires de la pilule » et qui concernent également des infarctus du myocarde."

    " le risque cardio-vasculaire lié à la contraception orale était… facilement prévisible rétrospectivement – et, en médecine ou ailleurs, il y a normalement toute une jurisprudence pour qualifier de faute ce genre de prévisibilité rétrospective…"

    "Au cours des années et des décennies qui suivirent, on vit donc dégringoler progressivement cette quantité[d'estrogène].....Aux dires des fabricants – repris en chœur par la chorale des gynécologues, et jamais contredits par les autorités de contrôle –, on avait là atteint le minimum minimorum, la préparation optimale qui réduisait à presque néant le risque de thrombose [7] tout en garantissant une efficacité contraceptive que l’on savait « idéale » de longue date."

    "il faudra attendre 2011 pour voir l’agence française du médicament (AFSSAPS) – qui avait laissé Bayer profiter du discrédit des « troisième génération » pour promotionner ses « quatrième génération » – se fendre d’un communiqué anodin sur le sujet, sans l’assortir d’aucune restriction [17]. Aux USA, à l’occasion d’une action judiciaire lancée par des utilisatrices, il apparaîtra que le fabricant aurait dissimulé aux autorités des données de tolérance alarmantes. Mais l’argument d’une « dissimulation » ne saurait excuser la scandaleuse et trop durable complaisance des agences sanitaires"

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  8. dear Jean-Claude,
    je crois que j'avais bien compris même si j'ai omis de dire que ton argumentaire me paraissait particulièrement pertinent et que j'espérais que nos estimés, honorables et vertueux confrères qui prescrivent la pilule larga manu sans jamais se demander si c'est le mode de contraception le plus adapté pour la femme qui est en face d'eux auraient à coeur d'y répondre.
    Je voulais dire qu ele débat ne se résume pas à avoir des grossesses non désirées ou prendre la pilule.

    Et que prendre la pilule, laisser croire que la prise de pilule est indispensable, le principal moyen d'accéder à la contraception c' est aussi accentuer le contrôle social sur la femme et le corps féminin, tels qu'évoqués par Marc Girard. Puisque la prise de pilule nécessite des visites régulières chez le médecin le plus souvent. Si On ne prescrivait des pilules qu'aux femmes qui en ont vraiment l'utilité cela diminuerait déjà les risques.
    Sans parler de tout le reste.

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  9. Bonjour
    Comme pour tant d'autres sujets qui intéressent au premier chef les femmes (cf l'exemple du dépistage mammographique des cancers du sein), le cas de cette patiente ayant fait un AVC sous pilule montre bien qu'encore une fois il manque une information éclairée des femmes sur les avantages attendus et les risques éventuels de ces "pilules".
    Je vous invite à lire les textes d'Alain Froment sur ce sujet.
    Ce qui n'empêche aucunement de se poser aussi la question de la balance bénéfices-risques de telle ou telle contraception, ou la question de quel dépistage pratiquer avant de prescrire ; mais c'est un autre sujet.
    amitiés
    Dr Goro

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  10. Pour revenir au risque de thrombophilie ici soulevé dans le cas de la jeune femme en attente d'une CO mais qui peut aussi concerner l'homme et la femme en attente d'un traitement ayant une interaction avec l'hémostase.
    L’anamnèse "hémorragique" est primordiale, n'est pas forcément réalisée lors de la prescription d'une pilule; elle recherche soigneusement les saignements ( post-op, post-traumatiques, épistaxis, ménorragies, ecchymoses, hématomes, gingivorragies, anémie, carence en fer, ATCD familiaux de maladies faisant saigner.
    Si le score est > 3 chez la femme et > 5 chez l'homme, un bilan complet d'hémostase est vivement recommandé.

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  11. NB score > 5 femme et > 3 homme!

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  12. à Pierre/ Dr Goro : dans votre commentaire du 18 décembre 2012 15:16 vous invitez à se reporter aux textes d'Alain Froment. A quels textes pensez-vous plus particulièrement ? Merci par avance de votre réponse.


    Faisant un rapide recherche sur "alain Froment&contraception" je suis tombé sur le blog de Ludivine, qui se présente comme interne en médecine générale et future généraliste(elle-même ne cite pas A. Froment, mais un commentateur):http://l-ordonnance-ou-la-vie.com/le-parapluie-analyse-situationnelle-n%C2%B01/

    "mon gynécologue m’a prescrit un bilan sanguin à faire avant mon rendez-vous avec lui, afin de voir comment mon organisme tolère la pilule (contraceptive)." Et d'enchaîner ce qu'elle appelle une analyse situationnelle...

    Ludivine, jeune interne est végétarienne. On peut apprécier ou non. Elle a écrit un billet sur la citation des sources ( http://l-ordonnance-ou-la-vie.com/la-source/ ) et un autre sur l'accès au dossier médical (http://l-ordonnance-ou-la-vie.com/analyse-situationnelle-n%C2%B02-c%E2%80%99est-mon-dossier/) qui ne sont pas sans intérêt...mais qui ne se comparent pas aux billets proposés par Docteurdu16

    Cordialement

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  13. Je suis bénévole au planning familial...et donc féministe.

    Lors de nos entretien contraception, nous indiquons bien que la pillule est un médicament, et au centre de plannification, il est prescrit une analyse de sang.
    Le probleme est aussi lié au cout, la pillule est le moyen de contraception le plus proposé parce que le plus accessible financierement....

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  14. @ Anonyme du 19 décembre 2012 11:15
    Le problème, justement, c'est que la pilule n'est pas, dans la plus grande majorité des cas, un médicament. C'est ce qui pose problème.
    Deuxièmement, le planning familial prescrit une prise de sans, mais laquelle ? Celle qui recherche une thrombophilie ? Certainement pas. Ce n'est pas remboursé et c'est compliqué.
    Mon idée était de souligner, et nous le voyons ici, l'hétérogénéité des pratiques, leur bien fondé, mais surtout que la pilule n'est pas anodine.
    Merci pour le travail que vous faites comme bénévole.
    Bien à vous.

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  15. Je suis étonnée qu’il n’y ait pas plus de réactions de MG. Il y aurait-il du conflit d’intérêts dans l’air ? Est-ce que les MG ont peur de se faire piquer le marché de la clientèle demandeuse de pilules à la pointe de l’innovation par les gynécologues ?
    Si les MG ne considèrent pas que leur premier devoir est d’informer les patientes du rapport bénéfice/risque réel, qui le fera ? Ou qu'ils doivent accompagner les patientes dans le choix d'une contraception et non seulement servir d'intermédiaires entre l'industrie pharmaceutique et les patientes?
    Et j’ai une autre question, si le C de la consultation est revalorisé, est-ce que les MG sont prêts à en reverser une partie pour avoir une formation indépendante de l’industrie pharmaceutique ?
    Pour l’instant, la valeur, valeur en termes de service sanitaire rendu pour le patient et la population n’y est pas.

    Voci ce dont je voulais parler à propos de contraception adaptée http://www.inpes.sante.fr/70000/dp/11/dp111026.pdf
    « La situation française se caractérise donc par un taux de couverture contraceptive élevé et par la place prédominante occupée par la contraception orale. Les statistiques recueillies au niveau mondial dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies montrent bien la spécificité du modèle français, y compris par rapport aux autres pays de niveau comparable de développement. »
    Et A. Braillon rappelle sur atoute qu’une femme qui fume ne devrait pas prendre la pilule mais avoir recours à d’autres moyens de contraception.
    Nous avions déjà eu une longue discussion sur le sujet avec des témoignages précieux de patientes ici http://docteurdu16.blogspot.fr/search/label/CONTRACEPTION%20MASCULINE%20REVERSIBLE

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  16. Un article de Jean-Yves Nau sur son blog sur la pilule de troisième génération « faut-il en avoir peur ? » :
    http://www.slate.fr/story/66221/pilules-troisieme-generation-avoir-peur

    Peut-on aussi envisager ceci comme effet indirect de la pilule : les femmes préserveraient ainsi leur réserve de fer et d'hémoglobine, ce qui leur donnerait plus de dynamisme. Particulièrement important au cours des études. J'avais cru observer, sans l'expliquer, que les étudiantes paraissaient souvent plus dynamiques que celles que je côtoyais plus jeune, dans les années 60. A l'inverse, les garçons paraissaient plus amortis. Aujourd'hui, ce sont eux qui subissent des pertes importantes de zinc et d'acides aminés alors qu'ils sont jeunes.

    A-t-on cherché à étudier l'impact de ces modifications sur l'évolution des résultats des garçons et des filles dans les examens et concours ? On pourrait peut-être se poser la question.

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  17. @ CMT
    Ne sois pas étonné que si peu de MG aient réagi.
    Ils ne savent pas quoi et comment réagir.
    La doxa est la suivante : la contraception est une victoire pour les femmes ; la contraception, fût-elle hormonale, a peu d'effets indésirables ; ceux qui sont contre sont des machistes ou de fieffés réactionnaires (ou les deux) ; on fonce.
    J'ai par ailleurs cité MZ qui est l'icône des MG, surtout en raison de ses livres (je ne suis pas critique littéraire, je ne dis rien, restons dans mes "compétences", la médecine), comment pourrait-on penser que ses pensées soient fausses ?
    J'ai cité JBK, pionnière de la contraception et de l'IVG, comment pourrait-on aller contre elle ?
    J'ai cité IN qui est un des experts attitrés du corps expertal français et qui est à la pointe de la PMA et que l'on attend pour la GPA.
    Les MG se terrent derrière cette montagne d'évidences.
    Et, comme tu le dis, il y a Big Pharma qui rôde, le capitalisme qui est toujours prêt à récupérer les bonnes idées au nom du commerce, les bonnes idées qui vont jusqu'à la destruction du patriarcat...
    Mais je ne suis ni contre le capitalisme ni pour le patriarcat, je constate.
    J'ajoute, c'est secret mais je n'en dévoile pas le contenu, que MZ m'a écrit en privé un mot très gentil.
    Bonne soirée.

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  18. "Dés le début les autorités se sont inquiété des effets d'une utilisation de la pilule sur le long terme au sujet de laquelle ils n'avaient pas de donnée[M.Girard dit que ce ne sont pas les bonnes questions qui ont alors été posées] . Pour se prémunir contre ces éventuels risques, la durée d'utilisation de la pilule fut d'abord limitée à deux ans. Cette limite ne put être maintenue devant la forte demande sociale. Le premier cas, britannique, de décès des suites d'une embolie pulmonaire relié à l'absorption de la pilule ( Enovid 10mg), est rapporté dans le Lancet en novembre 1961; dans les mois qui suivent deux cas semblables sont rapportés aux États-Unis. Le scandale de la Thalidomide qui éclate alors détourne d'abord l'attention de ce problème. De multiples études épidémiologiques sont néanmoins entreprises, compliquées notamment par la multiplication de spécialités aux formules changeantes . Ce sont des chercheurs britanniques qui établissent la preuve des risques de thrombose, soudaines et parfois mortelles, en 1967. Cette publication déclenche des débats nourris en Grande-Bretagne et aux États-Unis[En France,la ligne Maginot nous aurait-elle protégé de ce Tchernobyl hormonal? Qu'est-ce qui a filtré en France au moment de l'adoption de la loi Neuwirth ?]. Au Royaume-Uni, les autorités recommandent aux médecins de renoncer à prescrire la pilule la plus dosée. Aux États-Unis, les livres respectivement de Morton Mintz ( "The pill: an alarming report") et de Barbara Seaman19("The Doctors’ Case Against the Pill") stimulent le débat public qui porte non seulement sur les effets secondaires, sur le défaut d'information des femmes mais aussi sur les conditions d'autorisation de mise sur le marché des contraceptifs. En 1970, sous la conduite du sénateur Gaylord Nelson, s'ensuivent des auditions au Sénat. Des féministes reprochent à ces auditions, conduites uniquement par des hommes, de ne pas accepter le témoignage de femmes. La FDA n'y délivrera d'ailleurs aucune information sur les conditions d’homologation des contraceptifs, contribuant ainsi à l'adoption des seules thèses développées par Mintz. Au niveau réglementaire ces auditions auront pour résultat d'imposer aux laboratoires l'insertion de notices spécifiant expressément les risques relatifs aux caillots sanguins" http://fr.wikipedia.org/wiki/Pilule_contraceptive#Historique

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  19. Je crois que nombre de femmes savent que la pillule,ce n'est pas bon pour la santé...MAIS , avoir un enfant chaque année ...tout à fait hors de question..

    A moins de calculer , bricoler, en priant que le préservatif ne craque pas ..Encore faut il que Monsieur veuille bien "faire attention" ... Le stérilet ,j'ai toujours eu peur d'une infection ou d'une blessure ...

    C'est bien joli de dire "mon dieu quelle horreur ,la pillule peut tuer."". Vous proposez quoi à la place ???
    DB

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  20. @ DB.
    Deux choses : un bébé chaque année... vous datez. La transition démographique a eu lieu en France dans les années prérévolutionnaires dans la vallée de la Seine... et sans contraception. Mais je ne nie pas que le problème puisse exister ici ou là. Il y a des solutions hors pilule.
    Si votre mari est comme ça : divorcez.
    C'est la seule solution.
    Bonne journée.

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  21. Pourquoi poser la question de l'absence de réaction des MG ? Pourquoi ne pas parler de l'absence de réaction des médecins en général, et des gynécos en particulier ? N'y aurait-il que les médecins généralistes questionnés sur le risque thrombo-embolique et la contraception ? ?
    Je ne comprends pas ce positionnement ...
    Par ailleurs, il me paraît évident que l'aspect idéologique est particulièrement important à considérer : la lutte émancipatrice des femmes a réussi à mobiliser la science et la technique médicales dans le développement et l'accès à la contraception orale et l' IVG. Par continuité dans le mouvement d'émancipation, on est arrivé à un retournement : la marginalisation et l'éviction progressives de l'intervention médicale dans ce domaine. L'iVG peut se faire à domicile, on tend à en repousser le délai, à éviter les bilans de coagulation avant IVG ( mdcmteuse ou par aspiration), qui sont vécus comme des intrusions insupportables.
    Donc, après avoir médicalisé l'IVG pour apporter aux femmes des conditions de sécurité inaccessibles avant la loi, on dé-médicalise maintenant l'IVG au nom de l'intolérable intrusion dans leur intimité.
    C'est selon moi, le même parcours pour la contraception orale.
    On confond des revendications de "droit à la contraception", " droit à l' IVG" et leur champ politique, avec la nécessité de compétence et d'évaluation médicales du bénéfice-risque individuel de ces techniques.
    En dehors des habituels conflits d'intérêt avec l'industrie ( mais il n'y en a pas dans la prise en charge de l'iVG par aspiration), il y a un tabou idéologique auquel les médecins ne veulent/peuvent pas s'affronter : oser dire à une femme que la revendication collective et légitime d'accès à la contraception ou à l'IVG peut se heurter de manière non rare à une réalité médicale ou biologique individuelle : un sur-risque éventuellement vital pour la santé.

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  22. Pourquoi ne pas faire de la pub contre la pillule ?
    Si chaque MG affichait ds la salle d'attente " Attention , la pillule peut vous tuer ,parlez en à votre médecin " , que se passerait il ?

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  23. à Docteurdu16 : dans l'article du Monde que vous rapportez, Marion Larat indique une prévalence de 8% de l'anomalie dite du facteur II de Leiden. Sans reprendre exactement cette expression, vous évoquez des taux bien moindres : voudriez-vous bien éclairer cette différence ? Merci.

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