jeudi 17 octobre 2013

Octobre Rose et vaccination contre la grippe : la difficile saison des médecins qui se posent des questions.



Le mois d'octobre devrait être intitulé le mois de la Santé Publique.
Nous avons d'une part la campagne Octobre Rose et d'autre part la mise en place de la vaccination anti grippale.
Sur Octobre Rose vous connaissez mon point de vue : rien ne va plus.
Sur la vaccination anti grippale : rien n'est jamais allé.

Que faire ? 

Pour les nombreux, les très nombreux médecins généralistes, qui suivent les politiques de Santé Publique décidées par les experts qui ne se trompent jamais et qui ne reviennent jamais sur les décisions calamiteuses qu'ils ont prises, la vie est belle. Et, ce qui ne gâche rien à l'affaire, quand l'expertise professionnelle du médecin spécialiste en médecine générale qui fait de la santé Publique utile lui rapporte des points d'indice ROSP (voir ICI), la morale est récompensée.

Pendant Octobre Rose ces gentils médecins accueillent avec un grand sourire les femmes qui se présentent avec leur convocation pour se faire dépister gratuitement par mammographie tous les deux ans. Les médecins ad hoc disent : Oh que c'est bien madame la patiente que d'aller faire une mammographie où vous voulez, chez le radiologue de votre choix, et que vous ne paierez pas et que plus vous vous y prenez tôt et plus que le cancer y sera pris à temps et plus que vous aurez plus de chances de guérir et de pouvoir profiter de la vie avec vos enfants et vos petits-enfants.
Pendant Octobre Rose ces parfaits médecins grondent avec un grand sourire les femmes qui n'ont pas encore fait leur mammographie de dépistage car dans leur merveilleux logiciel une alarme s'est déclenchée et ils les encouragent à le faire avec leur air de ne pas toucher au paternalisme médical.
Pendant Octobre Rose les gentils généralistes appropriés et adeptes des normes ISO 2002 répondent avec un aplomb formidable et une bonne conscience éclairée et en résonnance avec les grands docteurs et journalistes qui inondent les ondes télévisuo-radio-internetiennes aux patientes qui ont lu ou entendu ici ou là qu'il pouvait y avoir d'éventuels désagréments à se faire dépister tous les deux ans pendant des années : Mais non madame la patiente, tout ça c'est des polémiques stériles... Comme le dirait le grrrrrrrand professeur Vallancien le sur diagnostic, c'est une donnée a posteriori, on traite d'abord et on voit ensuite... Ou comme dirait le grrrrrand docteur Legmann (ICI) "Quant aux chimiothérapies, il vaut mieux en faire un peu trop que pas assez"... Depuis que je suis installé aucune femme dépistée lors du dépistage organisé n'est morte... Il vaut mieux dépister un cancer de trop qu'un cancer de moins...
Pendant Octobre Rose ces généralistes là sont les rois de l'entretien singulier : les media les soutiennent (de France 2 à France Inter en passant par Europe 1), les médecins blogueurs comme Luc Perino ou comme Jean-Daniel Flaysakier, le premier raflant toutes les mises puisque mettant sur un pied d'égalité les pour et les contre (LA) et l'autre tentant de ménager la chèvre (les agences gouvernementales et l'appareil politico-acédémico-industriel) et le chou (la vraisemblance scientifique) en ne parlant pas des sujets qui fâchent (ICI).
Si vous voulez savoir ce qui va se passer dans les octobre roses qui vont venir il faut lire cet article américain qui est dramatique : LA.
Et encore ceci :

Octobre Rose est devenue une cause nationale et une façon habile, sinon élégante, pour les politiques, les collectivités locales, les associations, de se donner une image morale. Si vous avez lu le livre de Rachel Campergue, "No mammo ?" (ICI), vous savez ce qui se cache derrière l'opération Octobre Rose : des bons sentiments et du fric.
Octobre Rose est une usine à fric, une usine à prébendes, une usine à postes, une usine à mammographes, une usine à chimiothérapie, une usine à radiothérapie, une usine à oncologues, une usine à radiologues.

Mais à cet instant je pense aux femmes qui ont eu, qui auront ou qui n'auront jamais un cancer du sein. Ces femmes que je vois dans mon cabinet. Comment leur parler sans leur faire de mal ? Comment exprimer nos doutes sans qu'elles s'en offusquent, sans qu'elles en souffrent ? Comment répondre à ces attaques comme : "Si vous êtes contre le dépistage c'est que vous n'avez jamais vu une femme mourir de cancer du sein. Que direz-vous à une femme qui vient avec une boule au sein et à qui vous n'avez pas fait faire de mammographie ?" Je vois des femmes toute la journée et je pense à elles et je pense aux femmes de ma famille, aux femmes amies... Mais pourquoi leur mentir ? De quel droit ?

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière est d'un autre tonneau car les risques de se tromper sont moins grands.
D'après les chiffres de la CNAM (ICI) pour promouvoir cette nouvelle campagne il y a eu  818 hospitalisations pour grippe grave en France l'an passé et le chiffre des décès a été de 153. L'InVS est certainement sur les dents pour compléter le chiffre trop bas par rapport aux espérances de big vaccine surtout si on le compare au pourcentage des patients à risque qui auraient dû être vaccinés (un des plus faibles de ces dernières années) : 53,1 % pour la campagne 2012 contre 64,8 % en 2008 chez les personnes âgées de plus de 65 ans, par exemple. (Ne parlons pas des chiffres sur l'asthme quand on sait qu'un enfant qui a reçu une fois de la ventoline reçoit un imprimé) La CNAM précise que 81,1 % des cas graves auraient dû être vaccinés selon les critères en vigueur, ce qui, selon elle, justifie, a posteriori la vaccination (tout en rappelant que la vaccination est modérément efficace, mais à un autre endroit), ce qui n'est absolument pas prouvé.
La CSMF met son grain de sel (ICI) et prend partie pour la vaccination (les syndicats médicaux "disent" la médecine) et pour protester contre la délégation des tâches aux infirmières qui n'en peuvent mais. Le problème est qu'ils ont raison mais pas en ces termes : la vaccination anti grippale n'est pas une tâche manuelle mais une décision intellectuelle (voir infra).
Quant à l'inénarrable Bruno Lina (le propagandiste de la doctrine célèbre : Trop de corruption efface la corruption) (voir LA un paragraphe qui lui est consacré) il fait encore parler de lui en disant que la pandémie grippale de 2009 a été parfaitement gérée car il y a eu peu de morts." via @DDupagne sur Tweeter dans l'émission TAC de France Inter (ICI).
Quant au journal Les Echos (ICI), lui, il dépasse les bornes de l'incompétence et se permet de donner des leçons aux patients (que font les associations de patients pour ne pas réagir à des phrases dans le style "Non, convaincre un tel public aussi étonnamment ignorant ne passera pas uniquement par de la publicité. " ou "Alors, où le bât blesse-t-il ? On l’a vu, le niveau de connaissance des patients est désespérant."?)
Ce sont les preuves qui manquent le plus.

Il y a des patients qui ne doutent de rien (mais il est possible de douter de façon différentielle) et  dont le médecin traitant ne doute de rien : la discussion devrait être non passionnée mais devrait s'en tenir à l'EBM en médecine générale.
Il y a des patients qui doutent et dont le médecin traitant doute : la discussion devrait être non passionnée mais devrait s'en tenir à l'EBM en médecine générale.
Il y a des patients qui doutent et dont le médecin ne doute de rien : la discussion devrait être non passionnée mais devrait s'en tenir à l'EBM en médecine générale.
Il y a des patients qui ne doutent de rien et dont le médecin traitant doute : la discussion devrait être non passionnée mais devrait s'en tenir à l'EBM en médecine générale.

Que faire quand, seul en son cabinet, on émet des doutes sur les deux ou sur l'une des deux campagnes pour ne pas faire douter le patient de la médecine ? 
Prenons l'exemple de la vaccination contre la grippe
Tentons donc de pratiquer l'EBM en médecine générale : l'expérience externe (les données de la littérature ou, pour être précis, certaines données de la littérature) m'indiquent qu'il faut être prudent ; l'expérience interne (mes 34 ans de pratique de la médecine générale) ne m'apportent pas grand chose à ceci près que j'ai connu une grande épidémie où nous avions vu, mon associé et moi, plus de 300 grippes avérées, et un ou deux décès -- j'oublie de dire que nous n'étions pas vaccinés et que nous n'avons rien "eu" (histoires de chasse) ; le patient ou la patiente : ils veulent se faire vacciner, je les informe, ils veulent quand même se faire vacciner (après mon information qui a tenté d'être neutre mais qui a dû ne pas l'être (problème central de l'information éclairée : peut-elle exister quand le médecin a une opinion ?) : ce sera fait ; ils me demandent mon avis : je les informe et ils font ce qu'ils veulent ; je ne les force à rien.
Prenons l'exemple de la mammographie :
Tentons de pratiquer l'EBM en médecine générale : l'expérience externe (les données de la littérature ou, pour être pécis, certaines données de la littérature font pencher vers le non dépistage organisé (1) ; l'expérience interne est contrastée et j'ai un peu de mal à passer à côté d'un cancer que je n'aurais pas diagnostiqué ; l'information "éclairée", je lis ses droits à la patiente : "Pour 2000 femmes invitées au dépistage pendant dix ans, un décès dû au cancer du sein sera évité mais dix femmes en bonne santé seront surdiagnostiquées. Ce diagnostic par excès conduira à 6 tumorectomies inutiles et à 4 mastectomies non justifiées et placera 200 femmes dans une situation de troubles psychologiques liés aux investigations suivantes. Ainsi, le pourcentage de femmes survivantes à 10 ans sera de 90,2 % si elles ne se sont pas prêtées au dépistage et de 90,25 % dans le cas contraire." Voir ICI pour la démarche plus complète. Si la patiente désire une mammographie, du moins dans le respect des dates indiquées pour le dépistage organisé : elle fera la mammographie.

On comprend pourquoi l'exercice de la médecine générale est difficile.





Notes
(1) Peter Götzsche (dont nous avons souvent parlé ICI) persiste et signe LA: à l'occasion de la parution des nouvelles recommandations canadiennes (LA) sur le dépistage du sein par mammographies chez les femmes âgées de 40 à 79 ans, dont il salue les avancées, il écrit ceci : "The best method we have to reduce the risk of breast cancer is to stop the screening program. This could reduce the risk by one-third in the screened age group, as the level of overdiagnosis in countries with organized screening programs is about 50%.11" Cela vous en bouche un coin ?  Et il ajoute ceci : "If screening had been a drug, it would have been withdrawn from the market. Thus, which country will be first to stop mammography screening?" Vous imaginez les pontes français du dépistage du cancer du sein dire le quart de la moitié d'un truc pareil....


31 commentaires:

  1. Ta conclusion est parfaite : La médecine générale est un métier difficile.

    Cependant , elle est un métier difficile , pas dans le sens que beaucoup pourrait imaginer : horaire, stress etc ; mais dans le sens où pour bien l'exercer il faut aller à contre sens de l'exercice majoritaire.

    Que pour bien l'exercer, il faut aller à l'encontre des prescriptions de la plupart des confrères spécialistes et essayer de dé-prescrire.

    Mais quelle légitimité a le médecin généraliste seul dans son bureau qui va à l'encontre des avis des experts de tout bord ( et j'inclus aussi les experts non médicaux, journalistes par exemple).
    Comment le patient face à un tel médecin, peut-il faire la part des choses ?

    Au moment où tu écrivais ce billet l' HAS revient sur la non prescription de PSA ( marqueurs du cancer de la prostate) :http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-07/referentieleps_format2clic_kc_prostate_vfinale.pdf

    Ce métier est si difficile que souvent je me dis "à quoi bon" et ai envie d'aller "cultiver mon jardin".

    La seule chose qui me fait tenir, c'est le sentiment d'être utile à mes patients et c'est des blogs comme le tien (ce n'est pas de la flatterie, c'est sincère) car je me sens ainsi moins seul.

    Amicalement

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  2. PS : le lien que tu fournis là :"Si vous voulez savoir ce qui va se passer dans les octobre roses qui vont venir il faut lire cet article américain qui est dramatique : LA."

    Il ne fonctionne pas

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  3. 1/ même observation que MG

    2: les liens insérés dans la phrase, inscrite en note, "Peter Götzsche (dont nous avons souvent parlé ICI) persiste et signe LA: à l'occasion de la parution des nouvelles recommandations canadiennes (LA)" renvoient à des documents de 2011. Certes cela n'est pas si loin de nous que cela, cependant, n'aurait-il pas mieux fallu parler des "dernières recommandations" plutôt que des "nouvelles" ?

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  4. Merci pour ces remarques. J'ai corrigé le lien qui devrait fonctionner. Pour nouvelles et récentes, c'est normal, cela vient du commentaire de Götzsche qui en parlait comme cela..

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  5. Ce nuage rose ? C'est sans danger !
    http://www.franceculture.fr/emission-le-choix-de-la-redaction-le-nuage-de-tchernobyl-et-la-corse-revelations-d-un-endocrinologue

    [je sais que "le choix de la rédaction" a pu ne pas être le vôtre ; le témoignage du Dr Jean-Charles Vellutini mérite toutefois d'être entendu ; le sujet, effet du nuage de tchernobyl, ne me semble pas sans rapport avec celui d'octobre rose]

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  6. Bonsoir
    ça fait mal de douter , j'ai appris que parce que je tente de donner une information la plus objective possible à mes patientes sur le depistage que je ne ferai pas pour moi, pour les autres médecins je passe pour une "criminelle"
    c'est aujourd hui que je l'ai appris , je suis triste . Ce serait tellement plus facile de les prescrire sans discuter et à 40 ans , comme nos gynecologues chéris le préconisent; de plus je ne me ferai jamais attaquer pour surdiagnostic, c'est vraiment la solution de confort , je me demande si ça vaut la peine d'essayer, je suis fatiguée ce soir ...
    Christiane

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  7. bonsoir Christiane
    Je ne suis pas médecin et je regrette que vos confrères n aient pas la même honnêtete intellectuelle que vous.
    Merci pour nous

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  8. Je discutais l'autre jour avec mes collègues et une jeune interne au sujet des vaccins. Apre discussion, on peut s'en douter, où j'avais quelques arguments à proposer auxquels mes collègues opposaient l'argument d'autorité, celui qu'on m'oppose le plus souvent et celui de"qu'est-ce qui va se passer si chacun fait ce qu'il veut?".
    Jusqu'à ce que la jeune interne, très sympa au demeurant, me déclare d'un air outré qu'elle désapprouvait hautement mon attitude.Parce que sur le principe un médecin pouvait réfléchir sur beaucoup de choses mais pas sur les vaccins.
    Je lui ai dit, en la taquinant, que j'avais peur, parce que quand je serais bien vieille, si jamais ça arrive, ce serait elle qui me soignerait et que, de manière pragmatique et dans mon intérêt de future personne âgée, je préférerais des médecins qui réfléchissent, même mal, même de manière inaboutie, à des médecins qui posent pour principe qu'ils ne doivent pas réfléchir.

    Les recommandations biaisées sont, en réalité, plus contraignantes que de véritables obligations.C'est une contrainte sournoise.
    Parce que ce sont les médecins eux-mêmes, les médecins non formés à la santé publique ni à la réflexion critique, qui ont une vision très simpliste de la santé publique (on dépiste tout le monde, on vaccine tout le monde et ça ne peut faire que du bine) qui font la police auprès de leurs confrères. Car ils pensent que c'est pour eux la grande occasion de se sentir partie prenante dans la grande oeuvre de la santé publique.
    Alors que de la santé publique les médecins en font à chacun de leurs actes et à chacune de leurs prescriptions.
    Sur la durée c'est usant.
    Parc

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  9. pour CMT
    C'est bien le problème. Les médecins ne pensent pas tous la même chose et heureusement. Beaucoup sont en toute bonne foi de grands vaccineurs et dépisteurs. Ce serait aux institutions d' organiser le contre-pouvoir ou l'organe de réflexion, d'avoir un peu de hauteur et de réflexion et de ne pas répondre à l'émotion ou à l'angoisse par de l'émotion et de l'angoisse. C'est le boulot du politique de réfléchir et de se projeter.

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  10. Je vous retransmet , une partie de l'article consacré au dépistage du cancer du sein, publié sur le site du Quotidien du médecin :

    "Selon la Fédération et sa représentante parisienne, Maggy Camp, « les polémiques toxiques sur l’intérêt du dépistage » créent un climat délétère qui ne va pas dans le sens souhaité."

    Pour Anne Lesur, oncosénologue et responsable du parcours Sein de l’Institut de cancérologie de Lorraine (Nancy), « on ne donne pas assez d’informations sur les chiffres qui parlent en faveur du dépistage […] Les facteurs de risque restent très mal connus et les idées toutes faites perdurent ». Ce que confirme le Dr Martine Rousseau, médecin généraliste et membre du comité des usagers et des professionnels de l’INCa (Comup) : « La crainte du reste à charge et la peur du cancer ne sont pas compensées par une information claire et massive qui plaiderait pour le dépistage. »

    Le Dr De Seze rappelle à cet effet que « les messages négatifs non fondés impactent lourdement les populations les plus sensibles, avec le risque de voir s’écrouler tout l’édifice de la prévention ». « Des polémiques anti dépistages à répétition » que déplore B. Seradour, tout comme Jacques Niney, président de la Fédération nationale des médecins radiologues,

    C'est affligeant , il est clairement dit qu'il faut renforcer la "désinformation" sur les bénéfices de ce dépistage pour étouffer la "controverse"
    On est loin de prôner , l'information éclairée

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  11. A M Bronner
    Vous avez dit:" Les médecins ne pensent pas tous la même chose et heureusement". Je crois que vous pouvez enlever la fin de la phrase et vous arrêter à tous. Il y a des raisons très pratiques à ça que j’entends très bien. Vous avez un « expert » qui arrive et vous tient un discours très référencé sur un sujet que vous connaissez très mal. Vous avez d’autant plus envie de lui faire totalement confiance que vous entrevoyez la masse de travail qu’il y a derrière et que vous ne vous sentez pas de l’assumer. La plupart des médecins ne vérifient pas les références (méthodologie ou, tout simplement que cela dit bien ce que prétend l’expert).

    Et, c’est un fait, que se faire une idée personnelle sur un sujet complexe demande une énorme masse de travail. Pour tout dire, pour ce qui me concerne, si » j’aurais su » je crois que je n’aurais pas essayé.
    Il est donc très gênant que la majorité si ce n’est toutes les personnes payées pour faire un travail sur ces sujets aient des énormes conflits d’intérêts. Parce que elles, elles ont le temps et sont payées pour ça. Il est très gênant que les associations de patients soient si Pharma friendly, que la fondation France Alzheimer participe à une réflexion éthique dans un espace de réflexion pour bonne partie financé par un assureur Malakoff Mederick et dont le concept , la proximologie, a été imaginé par un laboratoire pharmaceutique, Novartis. Que le CISS (Collectif interassociatif sur la santé) participe à des conférences sur les vaccins la main dans la main avec les laboratoires sous le haut patronage de nos parlementaires http://www.leciss.org/sites/default/files/110504_Deroule%20rencontres%20parlementaires%20sur%20les%20vaccins.pdf .
    Je ne crois pas à l’intelligence collective qui n’est que le fait d’ériger en mètre étalon le consommateur roi. Or, s’il y a une chose que Big Food et Bi Pharma savent faire, un domaine dans lequel ils sont les maîtres absolus et qu’ils maîtrisent totalement c’est forger, manipuler, et utiliser les désirs du consommateur roi. Ils y investissent des dizaines de milliards, beaucoup plus que dans la recherche et développement, 750 milliards entre 1996 et 2005 pour seulement les 10 plus gros labos http://www.lefigaro.fr/societes-francaises/2008/01/23/04010-20080123ARTFIG00270-le-budget-promotion-des-laboratoires-explose-.php . C’est bien simple, leurs médicaments n’étant pas bons les Pharmas ne comptent plus que sur ça pour en vendre.
    Contrairement à la santé publique, qui est complexe, les labos et les assureurs ont des objectifs simples et quantitatifs : vendre toujours plus. Cela leur donne un avantage indéniable : entre un discours simpliste et un discours qui prend en compte la complexité la plupart des gens et des médecins préféreront le discours simpliste.

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  12. Sur le cancer du sein, je recycle un commentaire que j’avais fait en 2011 (il est temps que je commence à recycler).
    « J’ai entendu il y a deux jours une interview du Pr DAVID KAHYAT sur France info. Ce professeur est chef de service à la Pitié Salpétrière et fondateur de l’Institut National du Cancer et en est président honoraire depuis qu’il a dû en démissionner pour sa gestion calamiteuse. Cette interview était destinée à mettre fin à la polémique que la journaliste devait considérer comme injustifiée concernant le dépistage organisé du cancer du sein. Cet éminent personnage est un homme dévoué, toujours prêt à venir au secours des multimillionnaires en détresse, et pourvu d’un grand sens de l’anticipation, d’une sorte de radar à pauvres, qui lui permet d’éviter sur sa route de médecin tous les smicards et les RSIstes (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/david-khayat-le-cancerologue-des-vip_889701.html). Bref, un homme tout à fait bien comme on l’entend dans la bonne société parisienne. Et c’est lui que la journaliste de la radio publique a choisi d’interviewer pour mettre fin à la polémique sur le dépistage.
    Voici le lien vers l’interview : http://www.france-info.com/chroniques-info-sante-2011-10-06-mammographie-polemique-autour-du-depistage-bisannuel-566967-81-157.html.
    Aux questions de la journaliste, DK répond sans se démonter ni faiblir que « toutes les études dans le monde entier ont montré que dans la population des femmes de 50 à 74 ans le dépistage [était] capable de réduire la mortalité de 30%... soit 3000 vies sauvées ». Comme l’a montré l’étude critique de Gotzsche et Olsen « Is screening for breast cancer with mammography jusitifiable » (merci Philippe Ha Vinh pour la référence), seules les études avec des biais importants, en particulier de randomisation (à savoir que les deux groupes comparés étaient différents dans leur composition et donc avaient des risques différents de cancer du sein à la base), ont démontré un bénéfice du dépistage, les études de bonne qualité n’ont pas démontré de bénéfice.
    Quant à l’affirmation selon laquelle le dépistage organisé permettrait de sauver 3000 vies … Une étude récente demandée par l’OMS où la mortalité par cancer du sein de différents pays européens est comparéé deux par deux elle démontre que la réduction de la mortalité est la même pour ces pays (par exemple 29% en Irelande du Nord et 26% en République d’Irlande) indépendamment du fait qu’ils aient mis en place le dépistage plus ou moins tôt (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3145837/). Autrement dit, la mise en place du dépistage, n’a eu aucune incidence sur la mortalité dans ces pays. Une question émerge, d’ailleurs, à observer ces chiffres : pourquoi est-ce qu’il n’y a qu’en France, où le dépistage a débuté en 1989 et a été généralisé en 2004, que la mortalité par cancer du sein ne diminue pas (11% de diminution du taux de mortalité en une vingtaine d’années et un doubelment de l’incidence)» ? Car si en France, l’incidence a beaucoup augmenté, en particulier dans toutes les tranches d’âge soumises au dépistage (elle a doublé, la mortalité, elle, n’a pas diminué. [ ajout 2013 une référence BMJ de 2010, comparant différents pays européens, où la France est un des pays où la mortalité a le moins diminué (difficile de trouver des données sur le site de l’INCA ou de l’INVS) alors que les moyens investis sont très importants) http://www.bmj.com/highwire/filestream/338630/field_highwire_article_pdf/0/bmj.c3620.full.pdf cf tableau p 3 et a peu diminué dans la tranche d’âge soumise au dépistage http://sante.lefigaro.fr/actualite/2010/08/13/10371-cancer-sein-france-peine-reduire-mortalite]

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  13. Le Pr Khayat affirme aussi que le problème du surdiagnostic est marginal et concerne une faible proportion des femmes de l’ordre de 5 à 10%. Cette étude http://www.formindep.org/IMG/pdf/AdaptFrBMC2011_copy.pdf de Bernard Junod et collègues montre que cette augmentation pourrait être de l’ordre de 75% dans la tranche d’âge 50 à 69 ans et de 23% dans la tranche d’âge supérieure. D’autres études ont démontré qu’une proportion importante de femmes décédées pour d’autres causes étaient porteuses de cancers du sein qui n’étaient pas connus (http://www.annals.org/content/127/11/1023.short). Autrement dit, plus on dépistera, plus on trouvera de cancers du sein qui ne seront pas mortels mais qui donneront lieu à de l’anxiété et à des traitements lourds.
    Le Pr Khayat affirme que les protocoles de soins sont parfaitement au point. Beaucoup de femmes qui ont vécu un diagnsotic peuvent témoigner que c’est le plus grand flou en ce qui concerne la conduite à tenir face à un cancer du sein diagnostiqué par mammographie et que les avis divergent selon les spécialistes consultés.
    Le CONTRE EXEMPLE est le DEPISTAGE DU CANCER DU COL, cancer à évolution lente, dont les différents stades histologiques et le pronostic qui leur est associé sont bien définis, où la répétition des examens est la règle en cas de doute sur l’évolutivité, où la conduite à tenir est consensuelle et claire selon le stade évolutif et les résultats des examens. Dans le cas du dépistage du cancer du col il y a une CORRELATION QUASI PARFAITE entre l’étendue et le dégré d’organisation du dépistage et la réduction de la mortalité. « La
    baisse de mortalité était la plus importante en Islande
    (80 %), où le programme d’envergure nationale a la
    plus large tranche d’âge. La Finlande et la Suède ont également des programmes d’envergure nationale ;
    la mortalité a chuté respectivement de 50 et 34 %.
    Au Danemark, où près de 40 % de la population sont
    couverts par des programmes organisés, la mortalité
    globale a diminué de 25 %, mais en Norvège, où seulement
    5 % de la population est couverte par un dépistage,
    la mortalité n’a diminué que de 10 %. » d’après un rapport de l’INCA.
    J’aimerais que le Pr Khayat arrête de prendre les femmes pour des imbéciles et que la radio publique fasse un travail d’information correcte. »
    Que nous dit l’article d’une chercheuse américaine cité par JCG http://www.psychologytoday.com/blog/pink-ribbon-blues/201303/rights-or-rhetoric-breast-reconstruction-awareness ? 14,6 millions d’interventions pour chirurgie plastique en 2012 aux USA (contre quelques centaines de milliers en 1980). Environ 300 000 femmes diagnostiquées avec un cancer du sein chaque année (4/5 invaisifs) dont 42% subiront une mastectomie uni ou bilatérale (de plus en plus souvent bilatérale). Trois millions de « survivantes » au cancer aux USA qui contribuent à faire la pub pour le dépistage.
    Un PPT qui résume la situation : http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/media/01/00/2472027031.pdf

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  14. Sur la grippe, quelques IDEES FAUSSES DANS LES IDEES FAUSSES :

    http://www.sante.gouv.fr/campagne-de-vaccination-contre-la-grippe-saisonniere.html

    « Idée reçue n° 1 : La grippe n’est pas une maladie grave. Faux !
    La grippe est une maladie contagieuse qui guérit spontanément le plus souvent. Cependant, elle peut entraîner des complications sérieuses et être dangereuse chez certaines personnes fragiles. Elle est responsable d’un nombre variable de décès chaque hiver. Si vous êtes considéré comme une personne ayant un risque de développer des formes compliquées ou graves de grippe, il est recommandé de vous faire vacciner. »

    Mais il y a de plus en plus de personnes considérées comme « fragiles » dans les recommandations alors que le nombre de décès est très limité et concerne des personnes souffrant chroniquement de polypathologies. Il faudrait définir ce que « grave » veut dire. Les glissements sémantiques et la novalngue sont fréquents dans ces affaires. Les pouvoirs publics ont beaucoup appris des labos.

    « Idée reçue n° 2 : Le vaccin contre la grippe saisonnière n’est pas efficace. Faux !
    La réalité
    La vaccination contre la grippe (notamment des personnes particulièrement fragiles) a pour objectif de diminuer les risques de complications et de formes graves. La vaccination a contribué à la réduction de la mortalité liée à la grippe. Le vaccin n’assure cependant pas une protection à 100% et une personne vaccinée peut contracter la grippe. »
    Est-ce qu’une efficacité de l’ordre de 50% selon les tranches d’âge, c'est-à-dire celle du vaccin contre la tuberculose pour éviter la tuberculose pulmonaire, vaccin considéré comme inefficace pour éviter la transmission de la tuberculose pulmonaire, est une efficacité importante ? D’autre part chaque année l’on fait un pari sur le virus circulant. Très souvent on perd ce pari. Il est dit plus loin que ce fut le cas pour le virus de type B de 2012, et pourtant la variabilité de celui-ci est moindre que celle des virus de type A.
    Là encore il faudrait définir ce qu’on appelle « efficace » (efficace au regard de quoi, qu’est-ce qu’on est prêt à payer pour une telle efficacité ?)
    « Idée reçue n° 3 : Le vaccin contre la grippe est dangereux. Faux !
    La réalité
    Les effets indésirables des vaccins sont connus et il est bien plus dangereux d’avoir une grippe que de se faire vacciner. La plupart des effets secondaires locaux (douleur, inflammation au point d’injection) ou généraux (fièvre, malaise général) sont transitoires et bénins. Le risque de survenue d’effets secondaires graves liés au vaccin comme le syndrome de Guillain Barré reste très inférieur au risque de complications graves, directement liées à la survenue de la grippe elle-même, dont le syndrome de Guillain Barré. »
    Là encore, cette dangerosité doit être comparée aux bénéfices attendus et nuancée par les dépenses engagées. Il n’y a pas que le Guillain Barré. On ne fait pas de grippe tous les ans. De fait on peut penser qu’on fera une grippe symptomatique deux ou trois fois dans une vie, mais on demande aux groupes fragiles de se vacciner tous les ans.
    D’autre part il faut tenir compte du facteur temps. Il semble bien que la répétition des vaccinations induise une susceptibilité face à la grippe et des grippes plus sévères chez les personnes âgées vaccinées de manière itérative. http://docteurdu16.blogspot.fr/2012/02/vaccination-anti-grippale-une-etude.html
    And so on

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  15. @CMT

    Merci du fond du coeur pour ces commentaires. La Pink attitude, la contre-information organisée, systématisée, la collusion permanente entre politiques/INCa/Lobbies de tous poils/Associations de patients/ Labo me navrent tant.

    @Docdu16
    Je n'ai pas grand chose à rajouter à ce que vous racontez ici, si ce n'est que ça me rend furieuse de voir que nos propres autorités, vos propres confrères, les journaleux, désignent du doigt les "médecins qui réfléchissent" en les faisant passer pour des quasi délinquants et criminels en puissance.
    Tout cela m'afflige. Vraiment

    Je sais bien que nous ne vivons pas dans le monde de Oui-Oui, mais il est des cynismes qui réussissent encore à me mettre le moral par terre

    @Martine Bronner : tu ne laisses jamais le lien vers ton blog dans les commentaires que tu laisses à droite à gauche. La modestie et la discrétion ne sont pas de mise sur un sujet pareil (nous sommes déjà si peu visibles!) et VRAIMENT, la qualité de tes réflexions sur le thème méritent d'être LARGEMENT diffusée!!! Donc, je fais ma délatrice ;-)

    http://martinebronner.wordpress.com/




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  16. @ CMT

    Tu me déroutes .

    Tu dis que la grippe est une maladie grave tout en expliquant qu'il faut définir gravité.
    La grippe n'est pas une maladie grave car elle tue un très petit nombre de patient qui la contracte .
    Une maladie grave tue un nombre important de patient qui la contracte ( c'est ma définition de la gravité)

    Tu dis que le vaccin est efficace . Tu connais mieux le sujet que moi, mais il me semble qu'il n'existe aucune étude pour le prouver . La seule chose que l'on sait c'est que le vaccin fait monter le taux d'anticors , ce qui est un critère secondaire.
    A moins que tu parles d'efficacité à éviter la survenue d'une grippe ( qui ne tue pas) car avec ou sans vaccination les cas graves de grippe sont les même , quoique !( exemple de la Pologne en 2009)

    Pour la dangerosité, comme pour l'efficacité , il faut définir ce que l'on accepte : balance bénéfice/risque

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  17. Pour Pernelle
    merci pour la délation mais c'est vrai qu'en même temps je me dis que même si nos avis sur ces blogs divergent un peu, l' état d'esprit est le même...donc les lecteurs ne glâneront pas grand chose de plus!
    Il me semble plus important d'être lue par des femmes-lambda ou des patientes. les médecins promoteurs ne lisent sans doute pas dr du 16. Mais tu as raison, il faut ratisser large et y aller. Contre le bulldozer d'octobre rose...il est temps de passer du tricycle au vélo.
    Dans ce but il m'a semblé utile d'écrire le post "comment j'ai cru au dépistage..." pour tenter d'expliquer aux médecins
    -qui ne se souviennent plus de leur ignorance d'avant les études et de leur naiveté de jeunesse qu'on peut simplement croire le discours ambiant surtout quand c'est pour notre bien
    -qu'une patiente ou ex-patiente met en oeuvre une stratégie psychique de survie...et qu'elle est aveugle
    et puis expliquer aux femmes que ce qui semble évident ne l'est pas forcément ...
    Quand un médecin m'a écrit qu'il imprimait le texte pour ses patientes je me suis dit "bingo"c'est ce que je veux:
    expliquer où nous mène l'émotion avec des mots simples. Juste décrire le phénomène. Donc sur ce blog et deux, trois autres je suis moins seule et j'ai un peu plus de courage et du coup trouver d'autres patientes comme toi c'est encore mieux, on va marcher plus nombreux contre le vent.
    Je ressens cette brusque agressivité pour la controverse comme un baroud d'honneur...les coups de couteaux du désespéré acculé dans un coin mais peut-être suis je trop optimiste!

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  18. @ martinebronner

    Pour le texte de "lamentation" des pro mammographie, je me suis fait un peu la même réflexion : s'ils réagissent de façon si agressive c'est qu'il se passe quelque chose . D'ailleurs ils le disent : seule 53% des femmes éligibles pour le dépistage s'y soumettent.

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  19. A MG
    Je n’ai pas été assez claire. C’est difficile de l’être dans des commentaires où tout apparaît dans la même police. Mais je ne suis pas à ce point amoureuse de la contradiction que je me contredise moi-même d’une phrase à l’autre.
    En réalité, j’ai pris comme base de réflexion un site du gouvernement dont j’ai mis l’adresse au début du commentaire. Les propos entre guillemets sont ceux tenus sur le site. Et j’y réponds à la suite, d’où cette impression de contradiction.
    Je voulais répondre à la campagne qui est faite pour dire aux gens qu’ils sont stupides et que s’ils refusent de se vacciner contre la grippe c’est qu’ils n’ont rien compris.
    Mais les arguments mis en avant suite à une étude IFOP à la demande des pharmaciens, ne sont pas tout à fait ceux-là.
    NB : j’ouvre une parenthèse. Il y a urgence parce que le chiffre d’affaires global des vaccins en France est en train de diminuer après avoir atteint des summums en 2008 suite à l’introduction du vaccin contre le papillomavirus humain, il est en train de diminuer, et ça ne plait pas du tout à Big Pharma (j’ironise)
    Suite parenthèse : je sens que je vais dériver un peu loin alors accrochez vous si le sujet vous intéresse. Perso je trouve le sujet passionnant. Il y a un récent rapport du LEEM ici http://www.leem.org/sites/default/files/V3%20biom%C3%A9dicament%202013%2023.09.13%20maj%2001.10.13.pdf qui examine l’évolution du marché des biomédicaments. Les biomédicaments sont ces médicaments issus d’UNE SOURCE BIOLOGIQUE (c’est bien expliqué ici : http://www.leem.org/article/les-biomedicaments-une-nouvelle-generation-de-traitements-0 ) qui ont fait exploser le coût unitaire des médicaments, notamment pour les biomédicaments issus de technologies sophistiquées comme le génie génétique. Les biomédicaments incluent notamment les médicaments de niche comme les ANTICORPS MONOCLONAUX et les vaccins. Ces deux représentent une grande partie de l’AUGMENTATION des profits réalisés par Big Pharma (les plus grosses Pharmas) ces dernières années. En France, globalement, le chiffre d’affaires (CA) de ces biomédicaments représente 5,3 milliards (rapport LEEM) soit un peu moins de 20% du TOTAL des dépenses engagées en France pour des médicaments (environ 30 milliards). Sur le NOMBRE des biomédicaments commercialisés en France en 2013, 168 (on voit que la proportion est faible par rapport aux milliers de médicaments commercialisés et qu’ils représentent pourtant une proportion importante du CA des médicaments, et c’est parce qu’ils sont très chers) les vaccins sont majoritaires 36% de 168 soit 60 vaccins différents. En termes de chiffres d’affaires les vaccins sont très loin derrière les Ac monoclonaux qui représentent 2,5 milliards car les vaccins ne représentent « que » 430 millions de CA. Ils sont tout de même en troisième position des biomédicaments pour le CA. Les vaccins obtiennent souvent des ASMR (améliorartion du service médicale rendu) de niveau élevé auprès de la HAS (Haute Autorité de Santé). Mais il faut comprendre que l’ASMR est totalement déconnectée de la réalité épidémiologique et de l’efficacité réelle d’un vaccin. Un vaccin qui prétend lutter contre une maladie qui touche une personne sur 10 millions en France et contre laquelle il n’existait pas de médicaments ou vaccin sera classé ASMR niveau I. Ensuite, le fait que ce vaccin soit généralisé à toute la population dépend surtout de l’avis du CTV (comité technique de vaccination) qui est présidé par Daniel Floret à vie et dont la majorité des membres ont des conflits d’intérêts avec les laboratoires fabricants http://docteurdu16.blogspot.fr/2011/02/daniel-floret-et-le-comite-technique.html .
    Le problème c’est que Big Pharma, comme Daniel floret, comme le Commission de la Transparence de la HAS qui fixe l’ASMR des vaccins ont une tendance très nette qu’il est primordial de comprendre à CONFONDRE SOPHISTICATION TECHNOLOGIQUE des médicaments ET INTERET POUR LA SANTE PUBLIQUE.

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  20. Donc, j’en reviens à ce qui ennuie les Pharmas (donc Daniel Floret), c’est que le CA des vaccins est en train de baisser en France au fur et à mesure que les gens acceptent moins de se faire vacciner moins 8% en 2012 et moins 4% en 2013. C’est d’autant plus ennuyeux pour toutes ces personnes qu’ils avaient, d’un commun accord, des grands projets pour le développement de la vaccination en France. Et que la modification du calendrier vaccinal avait surtout l’intérêt de faire de la place pour des futurs vaccins recommandés à titre systématique ou au moins large dans les années qui vont venir.
    Or, comme je le disais, les biomédicaments en général et les vaccins en particulier sont un facteur stratégique de croissance des profits pour Big Pharma.
    Voila pour le contexte.
    Concernant la campagne de désinformation sur le vaccin contre la grippe tendant à « faire de la pédagogie » et à montrer aux gens que s’ils refusent de se faire vacciner ce n’est que parce qu’ils sont stupides et ignorants… http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualite/sante-publique/de-moins-en-moins-de-francais-veulent-se-faire-vacciner-contre-la-grippe .
    Les arguments avancés sont :
    - les Français pensent à tort que le vaccin est dangereux pour la santé, et, notamment, ils pensent à tort qu’il induit la grippe. Comme tu le disais, MG, tout est une question de rapport bénéfice/risque. L’intérêt de se vacciner contre un virus qui va provoquer une maladie symptomatique pour une faible proportion des Français puisque chaque année 2,4 millions de Français en MOYENNE (soit un français sur 25) présentent des syndromes grippaux et que ceux-ci ne sont réellement dus au virus de la grippe, le seul éventuellement combattu par le vaccin que dans une minorité de cas (une fois sur 4 pour les Infections respiratoires aigues). Si l’on tient compte des chiffres avancés par l’institut pasteur cela voudrait dire, que, toujours en moyenne, un français a une chance sur 100 d’avoir des symptômes évocateurs de grippe dus au virus de la grippe chaque année.
    Le vaccin inactivé utilisé généralement jusqu’à maintenant (mais ça va changer), comportant de FRAGEMENTS viraux, c'est-à-dire en fait de la partie variable du virus , il s’agit de vaccins moléculaires et ne peuvent pas proprement provoquer la maladie due au virus de la grippe. Pour autant, ne jouons pas sur les mots. Lorsque le vaccin Pandemrix avec un adjuvant (squalène) a été utilisé en 2009, il a été constaté de nombreux SYNDROMES PSEUDO-GRIPPAUX. C'est-à-dire des symptômes mimant la grippe (fièvre élevée, courbatures, fatigue, maux de tête…) durant souvent 2 jours. Ceux-ci, mal recensés par la pharmacovigilance passive mais constatés par les praticiens, ne peuvent pas être considérés comme nuls et non avenus. C’est certainement ce qui fait penser aux gens que le vaccin peut provoquer la grippe. Avec les vaccins moléculaires sans adjuvants comme VAXIGRIP, IMMUGRIP, ce type d’effets indésirables est probablement moins fréquent. Mais en regardant le RCP du vaxigrip (vaccin moléculaire sans adujuvant) on voit que ce type d’effets indésirables mimant des symptômes de la grippe a une fréquence de 1 à 10% http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/frames.php?specid=68622012&typedoc=R&ref=R0172535.htm
    - les Français pensent que le vaccin n’est pas efficace. J’ai répondu dans le commentaire précédent (la question de l’adéquation entre la sérotype circulant et le vaccin). Comme pour tout vaccin qui stimule l’immunité sans provoquer la maladie, la qualité et la durée de la protection immunitaire obtenue sera moins bonne avec le vaccin qu’avec la maladie elle-même. Et, d’autre part, le paradoxe de tout vaccin c’est qu’ils protège moins bien les personnes qui sont fragiles et ont des moindres défenses immunitaires. C’est ce qui a été constaté pour le vaccin contre la grippe qui protège moins bien les personnes âgées et les nourrissons.
    On peut continuer mais j’en ai assez dit. Les Français ne sont pas si stupides que ça.

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  21. A Pernelle et M Bronner,
    Ce sont des bons posts en effet. Il arrive que des collègues ou amis me questionnent au sujet de ce dépistage. Je renvoie vers des articles de vulgarisation comme ceux de Bernard Junod mais on peut aussi vous citer ainsi que le site de Rachel Campergue expertises citoyennes http://www.expertisecitoyenne.com/ .
    Le risque est tout de même de rester entre nous.
    Il y a aussi des reportages et débats qui (radio TV) qui dénoncent certaines pratiques. Mais il s’agit de dépasser le côté sensationnaliste pour ébaucher une vraie réflexion de fond.
    Les politiques de santé publique sont de plus en plus mondialisées et de plus en plus mondanisées sous l’influence des associations de patients et des fondations. On est en train d’évoluer vers des politiques de santé publique à l’américaine fondées beaucoup sur l’influence des « CHARITIES » c'est-à-dire des organismes de bienfaisance qui vont influer sur la santé publique par le biais du relationnel et de l’évènementiel. Octobre rose est un bon exemple mais aussi les universités d’été sur l’Alzheimer où on invite des personnalités et où on parle « anticipation » de la maladie alors que la prise en charge des malades est très loin d’être au top et repose très largement sur le dévouement des proches. C’est aussi le désengagement de l’Etat qui provoque cela. L’Etat est en train d’asphyxier lentement de nombreuses associations en France en leur coupant les vivres. Celles qui n’ont pas des positions claires vis-à-vis de l’influence des multinationales dans leurs activités se tournent vers des partenariats et un sponsoring du privé. En refusant de voir qu’elles y perdent souvent leur âme parce que, comme je le disais, les objectifs de ces multinationales sont simples et clairs, augmenter leur chiffre d’affaires, leurs bénéfices et les dividendes qu’ils distribuent à leurs actionnaires.

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  22. Le cas du dépistage du cancer du sein est particulièrement parlant. Je renvoie à nouveau vers l’article du BMJ. Les différences sont très importantes entre les pays en matière de réduction de la mortalité et d’augmentation de l’incidence, malgré un timing assez proche au niveau de la mise en place du dépistage. Ce qui montre que les politiques ne devraient pas être mondialisées en fonction des visées des multiantionales mais adaptées aux conditions propres à chaque pays. La France se distingue par une augmentation particulièrement forte de l’incidence (de 56,8 à 101 pour 100 000 femmes entre 1980 et 2005 d’après l’INCA c'est-à-dire un quasi doublement alors que dans les autres pays les augmentations ont été en moyenne de l’ordre de 50%) et par une diminution particulièrement faible de la mortalité (14,9% dans la tranche 50-69 ans). Ce qui veut dire que les femmes française auront eu, pendant toute cette période tous les inconvénients du dépistage de masse (faux positifs, surdiagnostic, oéprations inutiles…) en n’en retirant peut-être aucun bénéfice (la totalité de la diminution pourrait être due à l’introduction du Tamoxifène p exp).
    Mais comme la seule logique de ce système est son emballement permanent vers le toujours plus on occulte ce problème de fond et on prône la poursuite de la fuite en avant.
    C’est vers ça que nous allons une politique de santé publique de l’absurde à coups de campagnes marketing déguisées en campagnes de santé publique.Et, vraiment, si on ne veut pas que chacun d’entre nous devienne de la chair à canon, un simple objet utilisé par Big pharma, Big Food et Big Matériel pour atteindre ses objectifs à son propre détriment, il faut vraiment que chacun développe sa capacité critique et de réflexion.
    Et garder ceci en tête. Les multinationales ne s’avouent jamais vaincues. L’essentiel des milliards qu’elles collectent auprès de nous, consommateurs, et, de plus en plus fréquemment, par le biais de la spéculation financière est essentiellement destiné à renforcer leur propre pouvoir par le biais des stratégies d’influence. Je me réjouissais du rejet d’ACTA traité destiné à monétiser tout ce qui se passe sur internet et à empêcher la circulation des médicaments génériques par le parlement européen en renforçant le poids de la propriété intellectuelle. Et voilà que les mêmes propositions reviennent, après des négociations secrètes entre Etats et multinationales http://www.franceculture.fr/blog-ceci-n-est-pas-un-blog-2013-10-18-apres-acta-tpp-la-propriete-intellectuelle-continue-son-offen .
    Les multiantionales ne changeront pas leurs objectifs. C’est donc bien nous qui devons changer.


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  23. et si on s'en refere au calendrier vaccinal "officiel" on peut argumenter sans doute notre refus de vacciner hors situation citée

    http://www.sante.gouv.fr/vaccination-contre-la-grippe-saison-2013-2014-questions-reponses-professionnels-de-sante.html#nh4

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  24. Je reprends cette affirmation de CMT : "à montrer aux gens que s’ils refusent de se faire vacciner ce n’est que parce qu’ils sont stupides et ignorants… "

    En effet je viens d'entendre la même chose au cours d'une communication au congrès Sfsp-Adelf de Bordeaux (17-19 octobre) par un membre du CTV. Comment parler aux ados pour les inciter à se faire vacciner ? En leur disant que s'il refusent c'est qu'ils ont un problème psychologique et que quand ils se sentiront bien dans leurs baskets, qu'ils seront lucides, alors ils ne pourront qu'accepter la vaccination !!!!!

    Dans les couloirs je lui ai fait remarquer que la tendance des ados étant de s'opposer à l'autorité il n'était peut-être pas très opportun de vouloir ainsi les manipuler. Mais cela révèle quand même l'ambiance nauséabonde qui règne dans ce milieu de la vaccination.

    Sfsp : Société française de santé publique
    Adelf : Association des épidémiologistes de langue française

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  25. Je ne reviendrai qu'un instant sur Octobre Rose et la vaccination grippale longuement débattus, en oubliant peut-être cette fameuse aversion au risque très connue dans les milieux financiers. J'ai déjà dans ce site évoqué comment je présentai la problématique de la mammographie à mes patientes, je rappelle que le document de la Task-Force canadienne est entâché d'une erreur de chiffre dans sa présentation. J'en arrive à ce qui m'intéresse ce jour , je viens d'avoir un deuxième frottis avec des anomalies type ACSUS, chez des gamines vaccinées (pas par moi)avec l'anti-HPV. Comme il y en a peu de vaccinées dans ma patientèle, je trouve ce chiffre énorme, je souhaiterai savoir si certains sur ce site ont connu pareille constatation, car j'ai très peur, que ce fait soit enterré par les promoteurs de cette vaccination dispendieuse et douteuse. Merci d'en faire part

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  26. A Popper31,
    Tu sais sûrement que une augmentation des dysplasies a été retrouvée dans un sous groupe lors des essais cliniques chez des jeunes femmes qu'on avait vacciné alors qu'elles avaient déjà été infectées par le papillomavirus par rapport aux témoins non vaccinés.
    Ceci avait été évoqué si je me souviens bien, par Jean Pierre Spinoza lors de la réunion organisée par Med Océan à l'Assemblée nationale http://www.medocean.re/2011/09/le-gardasil-a-l%E2%80%99assemblee-nationale/ . Mais il existe aussi une étude australienne, qui avait été présentée comme très favoralble à la vaccination, parce qu'elle montrait une diminution modérée chez des jeunes femmes de moins de 18 ans chez qui le dépistage n'était pas recommandé. Mais on oubliait de dire que cette étude montrait aussi une augmentation , de l'ordre de 20% si je me souviens bien, des dysplasies chez un grand nombre de jeunes femmes de plus de 20 ans vaccinées, par rapport aux témoins non vaccinés http://www.medocean.re/wp-content/uploads/Brotherton_Lancet_20111_comment-results.pdf . La conclusion de ceci est qu'il n'est pas question de faire un rappel, parce que cela exposerait les jeunes femmes à une augmentation inédite du risque de cancer du col.

    Mais une augmentation des dysplasies de faible grade peut-être due à des types d'HPV non contenus dans le vaccin et comme la quasi totalité de ces lésions regressent, il n'est pas possible d'en tirer des conclusions.


    M'est avis cependant qu'il faut signaler à la pharmacovigilance, au Formindep et à Prescrire.

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  27. Bonsoir,

    Ca fait du bien de vous lire ... je claque la porte des mg les uns après les autres - ras le bol de me faire remonter les bretelles pour mon refus de me faire écrabouiller les nibards pour rien ... Au début c'est tout gentil tout miel tout sucre, et au fur et à mesure des consults ça se durcit ... aller consulter pour un pb de sciatique ou une angine et se faire remonter les bretelles because NON je ne passerais pas par la case mammo RAS LE BOL - tout comme les zentilles remontées de bretelles si j'ai le malheur de vouloir dégainer des études médicales ...

    Bref vous êtes une grosse bouffée d'oxygène !

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  28. Bonjour,

    Mais comme je serais heureuse, en tant que patiente, de consulter un médecin qui se pose des questions !!
    Hélas, rares sont ceux qui remettent en question le discours "politiquement correct". Lorsque j'ai abordé avec ma gynéco le problème de la mammographie et cité l'ouvrage de Rachel Campergue, elle m'a regardé avec des yeux effarés en me disant "vous n'allez pas prendre au sérieux les écrits d'une femme qui n'est même pas médecin !" Et de me clouer le bec en me disant qu'avec un cas de cancer du sein dans ma famille (mon arrière grand-mère paternelle !)plus une mastose, je serais inconsciente de ne pas me faire dépister...
    Je suis repartie, passablement déprimée, en ne sachant plus à quel sein me vouer !

    Bien cordialement

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  29. Merci pour cet article qui ose !
    Alors juste pour témoigner : suite à la SEULE vaccination contre la grippe j'ai développé un syndrome de Parsonage Turner ( reconnu par les sociétés savantes)
    Après 30 ans de surveillance annuelle par mammo (carcinome infiltrant du sein à 24ans avec traitement conservateur par chimiothérapie et rayons) non seulement j'ai fait une récidive (et cette fois mon sein n'y a pas résisté ) mais on a découvert en juillet un sarcome probablement radio induit... Mais ça on n'en parle jamais !
    Alors surveiller sûrement mais dépister et vacciner systématiquement ..... Le rose n'est pas toujours rose !

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  30. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  31. @ Tous : le commentaire précédent était de la pub : je l'enlève.

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