dimanche 10 janvier 2016

Edition spéciale : pourquoi le dépistage du cancer n'a jamais montré qu'il "sauvait des vies" et ce que nous pouvons faire à ce propos.

Vinay K Prasad MD, MPH
Jeanne Lenzer freelance investigative journalist
David H Newman Associate professor Emergency Medicine

Vinay Prasad, Jeanne Lanzer et David H. Newman ne sont pas des Français. Et d'ailleurs ils n'écrivent pas en français (voir ICI).

Ils ont écrit dans le British Medical Journal un article clair, sans pathos, qui pose, comme d'habitude, plus de questions qu'il ne résout de problèmes parce que nous avons été formatés, médecins (durant nos études) comme patients (dans la "vraie" vie), par le story telling cancérologique, disons en français le roman oncologique, qui dit ceci : plus un cancer est petit moins il est grave, plus on le diagnostique tôt plus on le détruit vite, l'histoire naturelle du cancer est linéaire, un cancer ne meurt jamais tout seul, les effets indésirables des traitements valent le coup si on sauve une vie et, enfin, les effets indésirables du dépistage sont rarissimes.

C'est le bon sens des oncologues et ceux qui n'ont pas de bon sens sont des demeurés, et cetera.

Je ne vais pas réitérer un éternel exercice d'auto-flagellation à la française mais convenons que les Français universitaires n'écrivent pas comme Prasad et Newman : ils auraient trop peur de déplaire, de ne pas obtenir de poste, de ne pas toucher de subventions, de ne pas être invités au Téléphone Sonne ou au Magazine de la Santé. Vous me dites qu'il y a des exceptions ? Sans doute : elles confirment la règle. 
Quant à Jeanne Lanzer, journaliste, nul doute qu'elle ferait tache dans le paysage audiovisuel et scriptural français et qu'il serait difficile de la caser à côté, par ordre alphabétique, de Hélène Cardin, Michel Cymes, Jean-Daniel Flaysakier, Gerald Kierzek, Jean-François Lemoine, Danielle Messager ou Jean-Yves Nau...

Quoi qu'il en soit, les médecins généralistes, espèce en voie de disparition, ces braves médecins traitants, ces crétins de proximologues, ces abrutis de pivots du système, sont confrontés tous les jours à la pression des autorités de santé (sic) puisque leurs patients reçoivent à domicile, ce qu'ils appellent des convocations, pour faire des mammographies (dépistage organisé), des recherches de sang dans les selles, des bilans périodiques de santé, des objectifs de Santé publique, tout en écoutant les conseils de dépistage tous azimuts des gynécologues (un frottis par an, une mammographie dès 40 ans), des patients experts (la mammographie m'a sauvée), des primes à la performance, et cetera. Sans compter le dépistage du cancer du poumon par scanner basse intensité qui est en train d'arriver en grande pompe.

Quant aux spécialistes, c'est un cas d'école, insistons sur le fait que Vinay Prasad est hématologue et oncologue et que David H Newman est urgentiste, ils sont toujours et à 99 % (que les rebelles lèvent le doigt) pour le dépistage et même dans des domaines où il n'est pas recommandé : tous les urologues (ou presque) sont fans de PSA, tous les radiologues (ou presque) sont fans de mammographie, tous les pneumologues ou presque sont fans de scanner basse intensité, tous les gastro-entérologues sont pour l'hemoccult et maintenant son super remplaçant, tous les oncologues (ou presque) sont fans de tout, ... et cetera.

L'article est très bien fait sur le chapitre résultats. Pour les propositions, c'est encore flou et/ou hypothétique...

Que nous disent les trois auteurs ?

Le dépistage du cancer en général pourrait ne pas réduire la mortalité totale. 

Deux explications "évidentes".

1) Parce que les études dont nous disposons ne sont pas formatées pour détecter de telles différences.
2) parce que la diminution de la mortalité spécifique serait contrebalancée par les effets délétères du dépistage.


L'étude du Minnesota (Minnesota Colon Cancer Control Study) a duré 30 ans ! Elle consistait à rechercher annuellement le sang fécal dans le groupe dépistage en comparaison avec le groupe contrôle. Résultats : le dépistage diminue significativement le nombre de décès dus au cancer du colon (mortalité spécifique) : 64 décès/100 000 de moins (128 vs 192/100 000) ; mais on constate : 2 décès/100 000 de plus dans le groupe dépisté que dans le groupe contrôle (7111 vs 7109/100 000) pour la mortalité globale. Ces résultats sont conformes à ce que l'on savait déjà sur la question (études antérieures).

Ces résultats défavorables (plus de décès dans le groupe dépistage) sont probablement liés à l'utilisation de tests entraînant des faux positifs, au sur diagnostic, et aux incidentalomes (1).

C'est pourquoi, le dépistage du cancer de la prostate par dosage annuel du PSA a été abandonné (2), tout comme celui du cancer des poumons par radiographies simples, ou celui du neuroblastome par tests urinaires.

Les essais de dépistage montrant une diminution de la mortalité doivent être analysés avec prudence.

Une étude américaine (NLST) (LA) montrant que le dépistage du cancer du poumon par scanner à basse intensité par rapport aux radiographies du thorax diminue chez les gros fumeurs les mortalités spécifique (20 %) et globale (6,7 %) paraît d'un très bon niveau de preuves mais doit être examinée avec précaution (voir LA). 

D'abord, la radiographie pulmonaire n'est pas un bon comparateur. Le meilleur comparateur aurait dû être : la routine. (Une étude danoise menée dans ces conditions a même montré significativement plus de morts dans le groupe dépisté que dans le groupe contrôle (61 vs 42) ICI). 

Ensuite, la diminution de la  mortalité globale dans le groupe scanner dépasse les gains en mortalité spécifique (87 décès en moins dus au cancer du poumon et 123 décès en moins dus à d'autres causes) : il est difficile de croire que c'est le scanner thoracique (qui a permis la diminution des décès dus à d'autres cancers ou à l'amélioration du statut cardiovasculaire) qui explique ces 36 décès de moins. Si l'on considère que l'amélioration de la mortalité non due au cancer du poumon est un hasard, les différences de mortalité globales disparaissent entre les deux groupes (p=0,11). 
Il faudrait ainsi pouvoir disposer d'un essai montrant que la baisse de la mortalité spécifique est assez importante pour entraîner la baisse de la mortalité totale, ce qui n'est pas le cas. 

Enfin, le bénéfice annoncé sur la mortalité par cancer du poumon en utilisant le scanner, soit 12 000 décès évités annuellement aux EU doit être balancé par la survenue de 27 034 complications majeures survenues après un test positif.

L'agence américaine USPSTF a considéré que l'étude NLST était sans doute une anomalie puisqu'une analyse de 60 000 patients inclus dans des essais randomisés et à qui était pratiqué un scanner thoracique ne vivaient pas plus longtemps que ceux du groupe contrôle.

La perception des bénéfices du dépistage du cancer est surestimée dans l'opinion publique 

Les exemples les plus évidents concernent la mammographie, le PSA ou le frottis du col utérin (4).
Les avocats du dépistage surestiment souvent les bénéfices en utilisant la peur (ou en la créant : fear mongering).
D'autres, dont les auteurs, insistent sur le fait que la décision partagée dont être l'objectif, ce qui signifie tenter d'être honnête.
Ils donnent l'exemple du cancer du sein et de la recommandation du Swiss Medical board de ne pas conseiller ce dépistage (LA).
Ils rappellent les travaux de la Cochrane nordique sur la question (ICI).

Les dommages

Il faudrait quand même plus parler des dommages lorsque les études montrent aussi peu de bénéfices. Sur 57 études de dépistage primaire seules 7 % quantifient le sur diagnostic et 4% les faux positifs. Les chercheurs devraient en tenir compte.
Les auteurs rapportent des données convaincantes concernant le cancer du sein (4).
Ils rappellent que dans le dépistage du cancer du poumon par scanner l'étude NLST mentionne un taux de sur diagnostic de 18 %, et qu'il est de 33 % dans le cadre du cancer du sein (voire de 50 % pour les carcinomes in situ).

Que faire ?

La réalisation d'essais permettant de déceler des variations de mortalité globale nécessiterait 10 fois plus de patients. Pour le cancer colorectal il faudrait 4,1 millions de patients enrôlés pour démontrer une diminution de la mortalité globale contre 150 000 pour la mortalité spécifique. Cela nécessiterait un budget de 0,9 milliard d'euros...
Mais mener des essais identiques sur des registres de patients diminuerait considérablement les coûts : 50 dollars par patient selon une étude prospective récente intitulée : The randomized registre trial -- The next disruptive technology in clinical research ? (ICI) Un essai randomisé sur registre  coûterait le prix d'un essai "normal".
Ce serait un progrès de tenter de tels essais plutôt que de poursuivre des essais dont on sait à l'avance qu'ils ne feront pas avancer la Santé publique.
L'adoption par Medicare du dépistage du cancer des poumons par scanner basse intensité coûterait 6 milliards de dollars par an.
Les essais devraient d'abord cibler les populations à haut risque pour s'intéresser ensuite aux populations moins exposées (5).

(on répète que les auteurs sont moins convaicants quand il s'agit de proposer...)

Conclusion

Nous encourageons les soignants à être francs sur les limites du dépistage -- les dommages sont certains, mais les bénéfices en termes de diminution de la mortalité totale ne le sont pas. Refuser le dépistage peut être un choix raisonnable et prudent pour de nombreuses personnes.

Nous appelons à de meilleurs critères de preuves, non pour satisfaire à des critères ésotériques, mais pour rendre possible une prise de position partagée raisonnable entre médecins et patients. 
Comme le dit souvent Otis Bradley (American Cancer Society) : "Nous devons être honnête à propos de ce que nous savons, de ce que nous ne savons pas, et de ce que nous croyons simplement."


Notes :

(1) Rappelons la différence entre faux positif et sur diagnostic : un faux positif signifie qu'un test est positif alors que la personne n'est pas atteinte de la maladie. Un sur diagnostic signifie que le test diagnostique un cancer qui n'aurait jamais menacé le pronostic vital.
(2) Abandonné officiellement par les sociétés savantes et pratiqué of the records par les urologues (l'Association Française d'Urologie n'est pas claire sur le sujet)
(3) Humphrey L, Deffeback M, Pappas M, et al. Screening for lung cancer: systematic review to update the US Preventive Services Task Force recommendation. Agency for Healthcare Research and Quality, 2013.
(4) Les lecteurs de ce blog, pardon pour les autres, comprendront que nous ne développerons pas ces sujets que nous avons si souvent traités.
(5) Rappelons aux 3 auteurs que c'est ce que fait déjà big pharma dans les essais contrôlés en  ciblant les patients les plus atteints où les résultats sont plus faciles à obtenir et en élargissant facilement des extensions d'indications grâce à la "fiablesse" des experts.

25 commentaires:

  1. Fais le calcul suivant : en supposant que le dépistage du cancer du côlon représente 3% des causes de décès, et que le dépistage ne provoque aucun décès par effet de bord, quelle est la probabilité d'observer dans une telle étude une surmortalité de 2 cas dans le groupe dépistage.

    Tu seras surpris.

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  2. Y aurait-il un bon livre résumé genre "l'épidémiologie pour les nuls" car je pense que le LCA de l'ECN ne m'a pas donné les bonnes armes ... pour me faire mon propre point de vue sur les études !

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  3. A GB
    Pour votre question précise, le livre de Gerd Gigerenzer traduit en français, Penser le risque : Apprendre à vivre dans l'incertitude. 2009, Markus Haller me paraît une bonne réponse. Si vous lisez l’anglais il y a aussi, plus récent, celui-ci http://www.amazon.com/Risk-Savvy-Make-Good-Decisions/dp/0670025658 .

    Un vieux livre, aussi en anglais, mais qui reste d’actualité, accessible gratuitement sur internet , « how to lie with statistics » (comment mentir avec les statistiques), peut permettre de dégrossir le sujet : http://www.horace.org/blog/wp-content/uploads/2012/05/How-to-Lie-With-Statistics-1954-Huff.pdf .

    En effet, la fac n’apprend pas à réfléchir, elle apprend à recracher des connaissances non hiérarchisées et non reliées entre elles et à croire que le salut viendra de la technologie.
    Cela s’explique : la dernière fois que je suis allée dans une fac de médecine, il y a quelques mois, à Paris Descartes, la première chose qui m’a sauté aux yeux ce sont des stands de labos posés en plein milieu du hall d’entrée. Ce n’est pas la seule explication, mais celle-ci est particulièrement claire et criante.

    Quelques références livresques et bloguesques suivies de quelques remarques générales et quasi philisophiques au sujet du dépistage.

    Les livres de Rachel Campergue sont agréables à lire et donnent une vision globale des problématiques du dépistage du cancer du sein en plus d’être très bien documentés sur le plan scientifique http://www.expertisecitoyenne.com/author/rachel-campergue/ .


    Vous avez aussi les articles sur le dépistage du cancer du sein et sur le dépistage en général :
    Ici : http://docteurdu16.blogspot.fr/2015/10/desorganiser-le-depistage-organise-du.html
    ou là : http://docteurdu16.blogspot.fr/2015/12/the-patient-paradox-why-sexed-up.html
    avec une mention particulière pour l’article de Jean Baptiste Blanc : https://30ansplustard.wordpress.com/2015/10/07/deconstruction-dune-manipulation/ qui a fait plusieurs articles aussi sur le même thème signalés à la fin de celui-ci.

    » Vous pouvez répéter la question ? »

    Pour bien analyser le problème du dépistage, ici du cancer du sein, il faut se rappeler quelle était la question posée et l’hypothèse initiale sur laquelle était fondée la réponse du dépistage.

    Il était dit que le cancer du sein était une des principales causes de mortalité de la femme . Il était dit aussi que le dépistage, en permettant de détecter tôt les cancers, avant toute manifestation clinique, allait améliorer les chances de guérison et diminuer la mortalité par cancer du sein et donc la mortalité globale des femmes.
    Avec un tel raisonnement, un cancer détecté tôt est un cancer évité et guéri les résultats devaient être forcément spectaculaires.
    Mais on s’aperçoit que le temps passant, le dépistage est devenu le but, les performances sur la mortalité spécifique due au cancer du sein chez les femmes dépistées ont été revues à la baisse, 30 puis, pourquoi pas, 10% , sans que cela modifie l’enthousiasme initial.

    Les fausses représentations des médecins et les questions auxquelles les médecins ne savent pas répondre

    Gerd Gigerenzer, dans un article du 6 janvier dans le BMJ http://www.bmj.com/content/352/bmj.h6967?etoc= , répond à l’article ci-dessus et dit qu’une étude américaine a montré que 47% de 412 médecins américains pensaient que s’il y a plus de cancers détectés dans la population dépistée que dans celle non dépistée, cela est une preuve que le dépistage sauve des vies.
    ...

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  4. SUITE

    Quand une patiente demande à un médecin : « si j’ai une mammographie positive, quelles sont les risques que j’aie réellement un cancer du sein ? », la pluspart des médecins répondront autour de 90%, car ils ont en tête les performances des tests, spécificité et sensibilité. En réalité, en prenant comme référence le résultat de la biopsie la valeur prédictive positive du dépistage par mammographie systématique et organisé tel qu’il est défini en France est de l’ordre de 7% ( cf Evaluation du programme de dépistage organisé du cancer du sein, INVS, 2009).

    Si une femme dépistée, prise au hasard, a une mammographie positive il y a 93% de chances que le diagnostic de cancer ne soit pas confirmé par la biopsie . Et la pluspart des médecins qui recommandent agressivement le dépistage l’ignorent.

    C’est pourquoi Margareth Mc Cartney (« The patient paradox ») expliquait que lorsqu’un test de dépistage est positif il y a de grandes chances que le problème vienne du test et non du patient.

    La valeur prédictive positive est d’autant plus faible que la maladie est rare, même si les performances des tests sont bonnes.

    Le facteur humain

    Le facteur humain est bien décrit dans la série d’articles de Thierry Gourgues http://www.formindep.org/La-martingale-du-depistage-tourne.html#nb1 . En cas d’incertitude un anatomopahtologiste aura tendance à préférer se tromper par excès que par défaut (de même pour le radiologue). C’est ce qui explique qu’on ait pu démontrer dans une étude américaine que les biopsies classaient 13% des tumeurs non cancereuses à tort comme des cancers.

    D’autres idées et notions en vrac

    Dans le domaine du dépistage, il est important de comprendre le « lead time bias » ou biais d’avance au diagnostic. Expliqué par Jean-Claude : « Lead-time bias : Une personne prend le TGV à Marseille et une autre le même train à Lyon, les deux passagers meurent lors du déraillement du train à l'arrivée gare de Lyon. Le passager de Marseille a survécu une heure de plus que le passager de Lyon. Trouver une maladie plus tôt peut faire penser que le patient survivra plus longtemps alors que l'heure de la mort est la même. »

    Le lenght time bias mal traduit en français par biais de lenteur d’évolution, qui signifie que lorsque, pour un même cancer, on a différentes vitesses d’évolution, le dépistage régulier va sélectionner ceux qui ont une évolution lente et donc un meilleur pronostic en l’absence de dépistage. D’où que l’influence sur la mortalité soit faible, puisque ces cancers auraient été dé toutes façons traités en temps et en heure.

    Problèmes d’indicateurs

    L’indicateur le plus universellement utilisé pour évaluer les progrès dans la mortalité des cancers est le temps de survie. Or, c’est le plus mauvais indicateur qui puisse exister. J’avais fait un petit courrier au BMJ pour expliquer ça
    http://www.bmj.com/content/351/bmj.h4059 . Le problème est simple à comprendre. Si un dépistage est efficace, les femmes dépistées éviteront le cancer dépisté. Mais les femmes non dépistées, elles, pourront avoir des cancers découverts à un stade très évolué avec une durée de survie courte. En moyenne, bien que le nombre et la mortalité due à ce cancer particulier diminue dans cette population, la survie spécifique pour le cancer va diminuer aussi, car les quelques femmes avec le cancer auront un cancer évolué et une survie courte.

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  5. SUITE
    Problème des définitions

    Le diagnostic le plus facile à poser en médecine, le moins ambigu et celui qui pose le moins de problème de définition est la mort. Soit on est mort soit on est vivant, c’est assez clair (même si il peut y avoir des cas rarissimes…etc).

    Pour à peu près tout le reste, c’est beaucoup plus compliqué. En particulier lorsqu’on rentre dans les questions de définition de cause de la mort.
    Généralement on prend ça pour acquis, une personne est morte de telle cause. En réalité, sauf rares exceptions comme les traumas graves, c’est d’une grande complexité. Cause immédiate ou cause intiale ? Et quelle est la définition de ces termes ? La femme morte sur la table d’opération lors d’une abblation de son cancer ou suite à des complications psot-op est-elle morte du cancer du sein ou du traitement d’un cancer réellement menaçant, d’un faux cancer ou d’un cancer surdiagnostiqué ?
    C’est essentiel pour déterminer le rapport bénéfice/risque.

    Je cite un passage d’un topo du Cepidc de l’inserm :
    « Le problème du classement des décès selon la cause en vue de l'établissement des statistiques démographiques est relativement simple lorsqu'on se trouve en présence d'une seule cause. Toutefois, il arrive très souvent que deux ou plusieurs états morbides aient contribué au décès. En pareil cas, il a toujours été d'usage, en statistique démographique, de choisir une seule cause aux fins du classement. Cette cause était autrefois désignée par des expressions diverses telles que «cause primaire de décès», «cause principale de décès», «cause fondamentale de décès», etc. Afin d'uniformiser la terminologie et les règles relatives au choix de la cause de décès à retenir pour l'établissement des tableaux statistiques de base, la Conférence internationale pour la sixième révision décennale des Nomenclatures internationales des causes de décès a décidé de désigner sous le nom de cause initiale de décès celle qui doit être retenue pour l'établissement des tableaux »

    Compte tenu de ces problèmes de définition, la prise en compte de la mortalité globale, comme conseillé par Gigerenzer, paraît, en effet, la meilleure approche, lorsqu’on compare deux groupes randomisés.
    Gigerenzer pense que l’incertitude ne doit pas empêcher l’information des patientes et il propose, comme JB Blanc, d’utiliser des box ou des infographies.

    La dilution des bénéfices
    Lorsqu’on propose un dépistage systématique pour un cancer dont les facteurs de risque sont connus, on dilue les bénéfices du dépistage.
    Les rapport bénéfice/risques est toujours présenté comme un rapport moyen.
    En réalité, toutes choses égales par ailleurs, pour une femmes qui ne présente pas de facteur de risque, le rapport bénéfice/risque est systématiquement dégradé quand on la compare à une femme de même profil présentant un ou plusieurs facteurs de risque.
    En conséquence quand le bénéfice global ou moyen est faible, il y a des grandes chances que la plupart des femmes ne tirent aucun bénéfice de la procédure envisagée.
    Ici entre en jeu l’aspect sacrificiel du dépistage : sacrifier certaines personnes pour en sauver d’autres.
    Je n’ai pas fait le tour du problème mais ce sont quelques éléments.


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  6. " C'est le bon sens des oncologues et ceux qui n'ont pas de bon sens sont des demeurés, et cetera."

    Oserais je écrire : C'est le bon sens du Docdu16 et ceux qui n'ont pas de bon sens sont des demeurés, et cetera. ?

    2016 sera une année dans la continuité pour notre "bon" ? doc ... hélas

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  7. L'argumentaire concernant la 'Minnesota Colon Cancer Control Study" m'a un peu surpris, et j'ai donc fait quelques rapides recherches (peut être trop rapide ..):
    L'étude est parue en 1993 et a duré 13 ans, et a montré une réduction de la mortalité par cancer colo rectal d'environ 30%
    Une deuxième étude parue en 2013 : http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1300720 a étudié le devenir des patients inclus dans la première étude et en voici la conclusion :
    "The effect of screening with fecal occult-blood testing on colorectal-cancer mortality persists after 30 years but does not influence all-cause mortality"

    Attention donc aux approximations ("Ces résultats défavorables (plus de décès dans le groupe dépistage) sont probablement liés à l'utilisation de tests entraînant des faux positifs, au sur diagnostic, et aux incidentalomes") et aux manipulations d'informations.

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  8. @ Hexdoc. Merci pour ces précisions.

    Je vais re regarder et relire les nombreux commentaires qui ont été faits dans le BMJ. La dernière phrase citée est un condensé et ne s'applique pas seulement à l'étude du Minnesota, elle s'applique à tous les tests. Quant au sur diagnostic il est trsès difficile, sinon dans les études avec registre de patients, de les identifier vraiment.

    Mais encore une fois ce blog est un outil, une zone de discussion et les commentaires de l'anonyme du 13 janvier à 14H19 sont assez peu appropriés et plutôt de mauvaise foi.

    Il est nécessaire, au moment où le dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs va être mis en place, de bien préciser les choses.

    Merci encore.

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  9. Dr Xavier TARPIN16 janvier 2016 à 08:39

    on peut comparer le coût d'une étude correcte, avec application des résultats à l'ensemble de la planète, pour de nombreuses années, à ceux des inutiles dépistages actuels.

    Pour la France seule, on estime que le dépistage du cancer du sein coûte 300 millions par an, celui du CCR 200 millions.

    Une étude à 900 millions, ramenée à la France, c'est pas cher, à l'échelle de l'Europe c'est donné, à l'échelle du monde c'est pour rien ....

    ah oui pour rappel, un autre petit truc énervant : par définition, en mettant nos sous dans un bouzin qui ne fonctionne pas, ils ne sont plus disponibles pour trouver quelque chose qui fonctionnerait : c'est comme l'iceberg, on ne voit qu'une petite partie.

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  10. Merci Xavier Tarpin pour cette remarque. Mais , sans vouloir désespérer Billancourt, même si on récupérait les centaines de millions gâchés dans le dépistage pour le réinjecter dans des programmes de recherche, pas sûr qu'ils iraient là où on en rêve : dans la recherche FONDAMENTALE sur les causes première de la cancérognèse , sur les mécanismes de développement des cancers par exemple. Malheureusement, la recherche demande énormément d'argent, elle est désormais très encadrée er programmée surtout. Difficile dans ces conditions de laisser de la place à la serendipité comme ce fut le cas pour la découverte des antibiotiques...aah..période bénie où finalement, tout était possible , le meilleur comme le pire. Désormais, les programme de recherche dictent quasiment les résultats escomptés par les gestionnaires, les chercheurs passent leur temps à chercher des financements par la recherche appliquée avec des financeurs qui attendent donc des retours sur investissement , les normes et autres Bonnes Pratiques de Laboraotires paralysent la spontanéité, l'inventivité , la créativité; l'intégrité scientifique est mise à mal particulièrement la publication et le monde des revues (falsification des résultats, embellissement des données... voir le blog d'Hervé Maisonneuve) , cela ne contribue pas à être optimiste sur une économie potentielle faite si on diminuait le coût des dépistages.
    Et l'invité de l'émission de mardi sur le dépistage , le Dr Marc Espié a reproché aux "lobbyistes antidépistage" (sic) de vouloir faire des économies sur le dos des femmes Alors, attention à cet argument que les "experts" retournent à leur avantage , sachant très bien manier l'émotionnel dégoulinant façon Octobre Rose. Dans peu de temps, on va traiter les dubitatifs du dépistage d'obscurantistes, antiprogressistes, antiféministes et criminels via la très tendance et mediatique Reductio ad Hitlerum..
    Sans vouloir être cynique, l'économie de la santé repose en grande partie sur la réparation des dégâts causés par le consumérisme (maladies de civilisation) et pas sur la prévention qui ne rapporte rien. Dans ces conditions, personne n'a vraiment intérêt à voir les cancers de civilisation se réduire (tabac, mal bouffe, pollutions environnementale, effets iatrogènes.. ). A moins de créer un Homo sapiens OGM en bricolant son génome pour éteindre les oncogènes et empêcher les adduits à l'ADN (déjà théoriquement faisable), ou en faisant de la sélection variétale d'Homo sapiens résistant au cancer ? ;-) Qui sait - nous ne le verrons pas de notre vivant- si cela n'arrivera pas un jour où nous serons dans le meilleur des mondes?

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  11. Aux Etats-Unis le le groupe de travail indépendant USPTF confirme les recommandations de dépistage systématique : les recommandations aux Etats-Unis sont désormais les mêmes qu’en France , dépistage tous les deux ans chez les femmes de 50 à 74 ans

    Comme le rapporte le BMJ, la US preventive task force sur le dépistage du cancer du sein, a confirmé ses recommandation, malgré les pressions des sociétés savantes, et d’associations de patients qui dénonçaient, à travers des campagnes de presse , le fait que l’USPTF avait déconseillé en 2009 le dépistage systématique chez les femmes de 40 à 49 ans, et réduit la fréquence de dépistage, la faisant passer de tous les ans à tous les deux ans.
    Pour les femmes de 40 à 49 ans la USPTF recommande donc des décisions de dépistage individualisées, notamment en fonction des antécédents familiaux de cancer du sein chez les parentes au premier degré. L’USPTF estime que le plus grand bénéfice du dépistage se situe entre 60 et 69 ans http://www.bmj.com/content/352/bmj.i118?etoc= .

    En fait, c’est plutôt la American cancer society qui a fini par reculer dans les recommandations en les modifiant en octobre 2015, pour faire passer l’âge de début du dépistage de 40 à 45 ans et en réduisant la fréquence du dépistage après 54 ans, où ce ne serait plus un dépistage annuel qui serait recommandé mais seulement une fois tous les deux ans. La American cancer society reconnaît aussi du bout des lèvres le problème du surdiagnostic : « les mammopgraphies ne sont pas parfaites […]. Il existe aussi une petite possibilité d’être diagnostiqué comme ayant un cancer qui n’aurait jamais fait parler de lui s’il n’avait pas été diagnostiqué lors du dépistage. » http://www.cancer.org/cancer/breastcancer/moreinformation/breastcancerearlydetection/breast-cancer-early-detection-acs-recs

    Des problèmes éthiques méconnus
    On peut se dire : pourquoi ne pas généraliser le conseil individualisé concernant le dépistage à toutes les femmes plutôt que de recommander un dépistage systématique ?

    D’autant que tout se passe comme si les recommandations de dépistage systématique résultaient en une inversion de l’ordre des priorités. L’important n’étant plus, pour les agences et les autorités , de s’assurer que chacun, médecins et patientes, a les bonnes informations et comprend bien les enjeux, mais de s’assurer que des objectifs quantitatifs soient atteints

    Atteindre les objectifs chiffrés devient alors incompatible avec une formation pertinente des médecins, auxquels on ne demande pas de réfléchir mais d’appliquer une consigne, et avec une information loyale des patientes.

    Les enquêtes qui ont été menées sur le sujet, ont montré que médecins et patientes sont très mal informés et comprennent très mal le dépistage, et qu’ils en surestiment généralement les bénéfices (cf article en PDF de Prescrire : «Cancer du sein : les femmes surestiment les bénéfices du dépistage (2002) »).

    Ethiquement, ce niveau très médiocre d’information devrait poser un problème majeur aux autorités et aux agences. Mais au lieu de cela celles-ci tendent plutôt à y contribuer avec des discours simplistes et en utilisant des indicateurs trompeurs comme le taux de survie http://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Depistage-et-detection-precoce/Depistage-du-cancer-du-sein/Le-programme-de-depistage-organise

    Autrement dit, cela ne pose pas de problème aux autorités que les femmes prennent les décisions souhaitées pour des mauvaises raisons.
    ...

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  12. une étude de l’INCA sur l’attitude des médecins généralistes (http://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Depistage-et-detection-precoce/Depistage-du-cancer-du-sein/Le-programme-de-depistage-organise cf Synthèse des résultats de l'enquête barométrique "Médecins généralistes et dépistage des cancers"(3.62 MB) - PDF 3,62 Mo ) montre que les médecins généralistes recommandent les dépistages, non parce qu’ils en comprennent l’intérêt ou qu’ils en mesurent correctement les enjeux, mais simplement en raison de convictions personnelles et de postures idéologiques : » Il n’existe pas de corrélation entre l’efficacité perçue
    d’un dépistage, l’opinion d’un test de dépistage et l’inscription de ce dépistage dans la pratique du médecin généraliste
    . ...
    cette pratique étant plus liée à une posture globale
    du médecin face à l’acte de dépistage qu’à
    une opinion sur tel ou tel dépistage.

    Enfin, il est intéressant de constater que
    les médecins qui ont une patientèle importante
    sont ceux qui déclarent proposer le plus
    systématiquement le dépistage des cancers
    à leurs patients. »

    Les pratiques des MG vis-à-vis du dépistage comportent donc une part majoritaire d’arbitraire, témoignent d’une absence de formation et de réflexion au sujet du dépistage.

    Le fait que la promotion du dépistage systématique se fasse au prix d’une inversion de priorités contraires à l’éthique, la priorité n’étant plus d’informer la patiente ni d’obtenir un consentement éclairé mais de faire du chiffre, et le fait que cela incite le médecin à prendre des postures idéologiques arbitraires plutôt qu’à tenter de se former, sont deux raisons qui devraient suffire à faire abandonner le dépistage systématique.
    S’y ajoute le fait que les bénéfices potentiels du dépistage sont hétérogènes et varient en fonction de facteurs de risque individuels dont l’influence est parfaitement connue.

    Ce qui veut dire que toute étude globale sur le rapport bénéfice /risque du dépistage peut informer sur les recommandations de santé publique, mais en réalité laisse de côté la question principale qui est celle de l’information à donner et à prendre en compte pour la patiente que le médecin a en face de lui.

    Les débats aux Etats-Unis montrent que la partition se fait clairement entre deux camps, ceux qui font la promotion frénétique du dépistage systémique et qui ont des conflits d’intérêts (la american cancer society, le collège des radiologues, la société d’imagerie du sein, les associations de patients et les experts arrosés, et, bien sûr les fabricants de matériel et les laboratoires pharmaceutiques…) et ceux qui sont sceptiques vis-à-vis du dépistage systématique, qui ont des solides arguments et qui n’ont pas de conflits d’intérêts.

    Le médecin généraliste joue un rôle charnière.

    Parce qu’une fois qu’elle a franchi le pas de la participation au dépistage organisé la femme entre dans un engrenage où tous les acteurs ont de très bonnes raisons autres que scientifiques de croire aux vertus du dépistage et des traitements agressifs et de l’y inciter.

    Concernant les coûts du dépistage
    Ils sont très loin de se limiter aux coûts de l’organisation du dépistage, aux coûts du traitement des cancers, (doublement, par exemple, du taux standardisé du cancer du sein en 25 ans, entre 1980 et 2005). Il y a des coûts économiques et sociaux dus aux arrêts de travail prolongés, au basculement de personnes plus ou moins précaires dans la misère à l’occasion d’un diagnostic de cancer, aux conséquences physiques et psychiques à long terme du fait d’avoir été exposées à un diagnostic de cancer et à son traitement.

    Et alors que, au moment du diagnostic, les cancers du sein représentent environ 18% des cancers incidents de la femme, ils représentaient, en 2010, 47% des cancers prévalents de la femme à 10 ans, soit 383 000 femmes ayant eu un cancer du sein pendant les 10 années précédentes et encore en vie (rapport 2013, les cancers en France).

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  13. @ Xavier Tarpin.
    Les transferts de charges n'existent pas.
    On ne décide pas d'allouer des ressources à tel poste de Santé publique à budget constant : "on" alloue des ressources en fonction des intérêts politiques supposés (la réélection) et économiques (les conflits d'intérêt). Le dépistage est une posture idéologique et non scientifique bien que je me pose des questions sur le fait que le dépistage ne "marche" pas. C'est incompréhensible. Il y a quelque chose qui nous échappe et peut-être un défaut méthodologique originel. C'est la même chose dans le cardiovasculaire : on diminue la mortalité en "jouant" sur un facteur, la PA, sur le tabac, sur les régimes méditerranéens, mais les taux de diminution de mortalité spécifique ne s'additionnent pas quand on tente d'agir sur tous les facteurs...
    J'y reviendrai sans doute.
    Enfin, le prix des essais cliniques est à la fois majoré par l'industrie pour des raisons évidentes (obtenir des prix élevés de remboursement) mais aussi pour tuer la concurrence en rendant le droit d'entrée sur le marché des essais trop élevé pour les petites structures. Ainsi une start up dite innovante lance un essai clinique "original" non pour faire avancer la recherche mais pour se faire acheter par un grand groupe pendans le développement de la molécule...
    Bonne journée.

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  14. @ Annette Lexa
    Je comprends votre propos mais il ne faut pas avoir une vision "complotiste" des choses : tout ne s'explique pas.
    Le nerf de la guerre, c'est l'argent et le pouvoir.
    Il est impossible de réguler tout cela.
    Mais il n'y a pas une organisation centrale mais des effets indésirables du tout profit.
    Des fonds de pension peuvent à la fois investir dans cocacola, mcdonald et glaxo ou sanofi mais ils ne le font pas pour polluer la santé et en tirer des bénéfices ensuite pour commercialiser des molécules luttant contre cette pollution.
    Il y a conflit d'intérêt dans le fonds de pension ou dissonance cognitive mais tout le monde s'en fout.
    En réalité, j'ai déjà développé cela, le monde globalisé et numérisé est une alliance entre les néolibéraux, les capitalistes boursiers et les droitsdel'hommiste. Je m'explique : tout individu a le droit de faire ce qu'il veut et il faut lui en donner les moyens. J'ai le droit de m'empiffrer, de fumer, et cetera, au nom de la liberté individuelle et j'ai le droit de bouffer des statines, de me faire dépister le cancer du poumon avec un scanner basse intensité... Le résumé est bref mais vous voyez ce que je veux dire.
    Enfin, le pouvoir médical a fait croire que l'hygiène ne servait à rien (80 % des déterminants de santé) et il est maintenant submergé par la société civile qui lui demande "tout" au nom d'impératifs moraux qui seraient l'obligation de répondre aux désirs des individus qui ont le droit de tout faire...
    Cela demanderait des billets et des billets...
    Bonne journée.

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  15. A docteurdu16 : Si j'ai fait penser que j'était adepte du complotisme qu'on lit souvent sur les réseaux sociaux, c'est que j'ai du mal exprimer mon propos.
    Je posais simplement le constat qu'il y a un business de la réparation des dégâts causés par la pollution ou la mal bouffe : question d'opportunité de marché, simplement : comme vous le dites, par exemple "je suis obèse et je fume mais, au nom des droits de l'homme, je ne veux pas être discriminé(e) parce que ce n'est pas ma faute et donc j'ai droit à ... Il n'y a pas d'entité qui organise tout cela ou d'entreprise qui crée du besoin, il y a une demande et une offre. Mais une fois que l'offre s'est organisée, il faut bien qu'elle soit rentable et doit recruter des clients, non ? Il y a des emplois à la clé . Combien de personnes vivent du DOCS, d’investissements en appareils d’imagerie, de plateau technique à rentabiliser, etc.?
    Ce business surfe sur la peur collective de cette maladie qui a remplacé les épidémies de naguère (il y a peu de chance que nos ancêtres du moyen âge aient eut la "peur du cancer" car leur probabilité de mourir d'une maladie infectieuse transmissible type choléra ou peste ou pneumonie était sans commune mesure) . C'est la dernière et nouvelle peur d'une civilisation qui a vu allonger son espérance de vie de manière exponentielle en quelques décennies. Aujourd'hui on arrive à 60ans avec un potentiel physique et psychique du au fait qu'on ne s'use plus à des métiers harassants. Alors on a le loisir s’occuper de sa santé. Il y a donc un marché de dupes : vous avez peur de mourir, nous avons la solution, nous allons vous guérir d'une maladie que vous n'avez pas (dixit le radiologue dans l'émission sur le DOCS de la semaine dernière). C'est le tonneau des Danaides ce marché comme la cosmétique : vous voulez rester jeune et belle? nous avons le fluide embellisseur miracle que vous allez mettre sur votre peau dès l'âge de 20 ans.
    Et absolument d'accord avec l'hygiène, c'est ce que des Pr de santé publique comme Denis ZMIROU expliquent d'ailleurs très bien. On le sait tous ici. Et cela mériterait d’être martelé.
    Vous écrivez que "le pouvoir médical a fait croire que l'hygiène ne servait à rien". Voilà bien un thème qui mériterait d'être développé. Comment en est-on arrivé là en terme d'intelligence collective? Pourquoi et comment? En terme de pyramide de Maslow, on s'est éloigné de la base (les besoins liés à la survie et la sécurité) pour aller vers "la réalisation de soi" en considérant désormais que l'hygiène était un problème d'un autre âge considéré comme résolu et que nous entrions dans l'ère de la techno-science ? je reste toujours effarée ( le mot est pesée) par l'incapacité de mes contemporains éduqués à comprendre que l'usage inconsidéré des antibiotiques ou des antiparasitaires entraîne forcément une résistance par pression de sélection. Ce qui semble enfin acquis mais un peu tard. C'est le B.A. BA de tout étudiant en biologie depuis des décennies alors pourquoi la médecine a-t-elle mis tant de temps à accepter ces principes classiques de l'évolution? de la même manière, je m'interroge toujours et encore sur le fait qu'elle a mis tant de temps à accepter l'idée qu'ils y a des origines chimiques environnementales pour expliquer certains cancers professionnels . Vous allez me dire que c'est politique? C'était le prix à payer et il fallait absolument le taire. Comme le prix payé par les essais nucléaires dans le Pacifique. Au nom des intérêts supérieurs de la nation. Comme de taire Tchernobyl pour ne pas "affoler" les populations. Comme le sang contaminé par le VIH. Rien à voir avec le néolibéralisme (…)

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  16. (…) SUITE : Vous écrivez "tout individu a le droit de faire ce qu'il veut et il faut lui en donner les moyens. " et le libéralisme répond aux désirs des individus qui ont désormais tous les droits. Pour le DOCS , je ne vous suis pas entièrement car on cherche à enrôler par toutes les techniques possibles de manipulation des femmes réticentes comme moi qui ne voudraient pas y aller (voyez les objectifs chiffrés déments de la HAS d'arriver à 70-80% de recrutement). Donc, non, moi je ne vois pas cela seulement comme un monde qui me dit "tu veux te faire dépister, ok , tu y as droit, on y va", mais un monde qui m'enjoint, me culpabilise, voire me fait du chantage et voudrait me soumettre par l'incitation forte à défaut de pouvoir m’y obliger par la contrainte. Ce n'est pas du néolibéralisme çà , c'est du totalitarisme sanitaire. Vous êtes médecin et homme de surcroît, vous ne saurez jamais ce que représente cette violence que toute femme connaît un jour et qui se voit culpabilisée et manipulée par le corps médical, quand ce n'est pas "engueulée" pour être vulgaire, à qui on déni toute explication, ce qui est très dur à vivre et à gérer. Et c'est pour cela que j'apprécie la parole de Marc Girard malgré son côté bourru, parce qu'il a cette part en lui de sensibilité à cet aspect féminin du propos et qu’il est le seul - je dis bien le seul - encore aujourd'hui à avoir si bien dénoncé, dans le silence assourdissant des féministes. Je suis aussi affligée et atterrée de ce silence autour de cette question . Sur votre blog, il y souffle un vent de liberté , d'ouverture, d'intelligence qu’on ne rencontre nulle part ailleurs et qui réconforte un peu malgré tout. Pour conclure, je ne suis pas certaine que c'est juste le néolibéralisme et le droit de l'hommisme. Oui dans un certain sens mais

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  17. ....Oui dans un certain sens mais pas que.

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  18. A Annette Lexa,

    A vous lire je comprends mieux la confusion mentale qui semble régner dans les rangs de l’UFML. L’histoire a continué à avancer et vous voulez appliquer des concepts anciens à un monde où ils n’ont plus cours en assimilant libéralisme et liberté.

    D’une part, le terme néolibéral reste flou et s’est appliqué, au cours du temps, à des personnages dont les théories étaient aussi divergentes que pouvaient l’être celles de Keynes et celles de Milton Friedmann.

    Disons que l’idée de liberté associée au concept de libéralisme, doctrine politique à laquelle est adossée l’organisation économique capitaliste de la société, et la parant de certaines vertus, était la version séductrice du capitalisme. Nous avons, je pense, dépassé cette étape, et au fur et à mesure que le rapport de forces s’affirme et se confirme, que des groupes de personnes accumulent de plus en plus d’argent et de pouvoir et échappent aux lois par une organisation et des structures transnationales, la phase de séduction laisse la place à une autre facette du capitalisme, qui laisse entrevoir ses velléités totalitaires. Il n’y a plus, dès lors, cette opposition entre le dirigisme étatique et le libéralisme, mais une confluence des deux vers une nouvelle forme de « gouvernance » des sociétés et des individus. Je trouve que JP Duvailly explique cela très bien http://jpdevailly.blogspot.fr/2016/01/integration-gestionnaire-et-gouvernance_16.html .

    Je retiens cette citation de Frédéric Pierru : « "...le néo-libéralisme ne saurait en aucune façon être assimilé au moins d'Etat. Il est au contraire une rationalité politique originale qui confère à l'Etat la mission de généraliser les relations concurrentielles et la forme entrepreneuriale y compris et surtout au sein de la sphère publique." Frédéric Pierru »

    La liberté des individus est mise en avant pour mieux les isoler et mieux les gouverner. Il s’agit de vider les individus de leur subjectivité, de leur discernement, de leur autonomie et de leur capacité introspective, pour en faire des êtres entièrement tournés vers leurs désirs et gouvernés par leur avidité et leurs peurs, donc totalement contrôlables.


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  19. @ Annette Lexa.
    Je crois que vous ne m'avez pas compris : je n'ai pas dit que j'étais néolibéral... Je n'ai pas dit que vous étiez complotiste, j'ai dit qu'il ne fallait pas penser que tout était prévisible car organisé.. par une autorité invisible et omnipotente, fut-ce le capitalisme boursier.
    Enfin, dire que je ne peux comprendre parce que je suis un homme, les souffrances des femmes est assez fort de café : 1) les hommes (sauf Marc Girard selon vous) seraient incapables, ontologiquement, de comprendre la souffrance des femmes ou encore de comprendre, intellectuellement, la souffrance que le corps médical leur fait subir, alors que ce blog est rempli de billets et de commentaires dénonçant ces faits (et, bien entendu, grâce à Marc Girard qui m'a sensibilisé à ces faits) ; 2) mon histoire personnelle familiale m'a mis par deux fois au contact du cancer du sein (et de deux décès). Je ne suis qu'un homme, mais quand même...
    Continuez d'écrire ici, c'est toujours un plaisir.
    Bonne soirée.

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  20. "...par une autorité invisible et omnipotente ?"
    On sait qui fait quoi Cher Docteurdu16, parole de coach ;)

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  21. Dr Xavier TARPIN5 février 2016 à 09:03

    Bonjour,

    pour revenir sur l'aspect économique, ne pas oublier qu'il ne s'agit pas de réalités physiques incontournables (la pomme tombe et tombera toujours ...) mais de conséquences de choix et de non-choix politiques
    et par là même les transferts de budgets peuvent être très simples, à condition d'avoir la vision d'un projet et un minimum de courage

    pour rappel, nous payons le cp de simvastatine 27 centimes là où allemands ou néerlandais payent 4.
    nous choisissons de rembourser des NACO ASMR 4 et 5, alors qu'ils sont 5 fois plus coûteux que les AVK (biologie incluse)
    nous choisissons d'avoir 2 fois plus d'hôpitaux par habitants que les allemands ou les nordiques alors que 30 % des lits sont constamment vides

    remettre totalement à plat un système de santé est possible, et a déjà été fait :
    cf la Suède


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  22. @ Xavier Tarpin. Nous sommes effectivement un pays formidable : plus grosse consommation de tabac des pays de l'OCDE pour protéger les buralistes, génériques les plus chers d'Europe pour protéger les pharmaciens, la santé publique est politique.
    Bonjour à toi.

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  23. Docdu16, vous parlez de stats et de stats avec des probabilités et de choses insignifiantes qui font que stagner la progression de la médecine...

    En lisant les commentaires aussi, vous progressez à reculon et j'en tire aucun bénéfice du sujet que je commente.

    Je vais, moi, le petit cerveau que je suis, vous donnez des pistes et quelques réflexions qui peuvent très certainement vous aider dans vos interventions futures.

    1- la médecine moderne est basée à 99,9% (pour ne pas dire 100) sur des interventions à ce que la maladie du patient ne puisse pas évoluer.

    2- la médecine moderne est un électron dont son orbite est autour de la pharmacie, le noyau.

    3- la médecine moderne est larguée car sans VIDAL elle n'existerais pas.

    4- dans un cursus médical, les futurs médecins étudient plusieurs matières à l'exception des vaccinations ou de la nutrition (peut-être 1h ou 2 chacune sur 7 ans) MAIS il savent proposer des vaccins comme s'ils avaient étudié l'immunologie ou la virologie ou la vaccinologie durant au moins 1 an complet.

    5- les psychotropes et autres médicaments synthétiques ne sont pas "les pilules magiques" sinon "la pilule est passée" est une expression qui n'aurait jamais existé.
    Cependant il y a des remèdes, à partir du bon sens et de la raison des médecins généralistes, qui existent dans une connaissance approfondie et qui renvoi sûrement à la première année ou à la seconde année des cours de fac. :
    Les cancers, les carcinomes epidermoides, sont les plus voraces et donc ce que le médecin a affaire c'est faire le contraire de ce qu'est la maladie. Bien sûr il faut au préalable connaître la cause de la maladie pour ensuite trouver la solution.
    Les médecins de la médecine moderne savent proposer uniquement les interventions de la technique moderne comme la radiothérapie, chimiothérapie voire l'immunothérapie MAIS malheureusement même si ce sont des techniques irréversibles et que les spécialistes sont conscients qu'il n'y a pas de garantie à la survie du patient par lesdites techniques et bien ils proposent quand même car dans leur cursus ils ont subi une "programmation cérébrale". Je m'en excuse Docdu16 et je m'en excuse auprès de tes confrères et homologues.
    Dans un cursus médical, 98% est un apprentissage concentré sur des preuves scientifiques ; 1,5% est un apprentissage concentré sur les théories scientifiques ; 0,5% est le fameux point d'interrogation (?).

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  24. Suite
    C'est pourquoi des médecins sont perturbés malgré leur bonne foi. C'est le System qui est responsable de ces mic-mac. Est-ce la faute des médecins ? En partie oui. Comment est-ce possible ? Juste le fait de ne pas rechercher "les vérités" indépendamment du Ministère de la Santé, les médecins seront dans leur tort.

    Qu'est-ce que je propose contre les cancers ?
    Un retour vers les bases et à l'expérimentation de nos aïeuls par :

    Nous savons que les cancers sont le non respect de l’homéostasie par le patient. Cela peut se caractériser par la consommation des produits toxiques, par l'ingestion d'aliments sur sa quantité et sur leur incompatibilité à long terme, par les facteurs psychomotrices et psychiques...
    En fait, on doit (=devoir) tous connaître le Système Tampon et intervenir à pouvoir trouver les meilleures méthodes pour que l’homéostasie revienne à son origine de base.

    Je propose concrètement :
    - Que dans les hôpitaux ou cliniques, les mets protéiques et glucidiques (glucose) ne soient pas donnés à manger pour les cancéreux,
    - Que le potassium soit donné à titre médicamenteux si le patient ne présente pas des patho dont le potassium pourrait en être la cause d'effets négatifs sur d'autres organes malades,
    - Qu'il est temps de connaître les bienfaits du bicarbonate de soude dilué à du citron vert pressé (équilibrage du pH cellulaire alcalin),
    - Qu'il est temps de prescrire du césium jusqu'à maximum 6 grammes de dose par jour,

    Oui, vous avez raisons, il n'y a pas eu d'essais cliniques sur mes propositions et d'ailleurs en cursus médical vous n'avez jamais appris et n'apprendrez jamais ces choses ci-dessus dans une quelconque fac.

    En finalité ma question est :
    Si les médecins doivent faire en sorte que les maladies n'évoluent pas, par quels moyens on pourra guérir de nos maladies ?

    À méditer...
    A bon entendeur.

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  25. SUITE

    Pour une maladie rare comme le cancer du sein, on peut prendre des chiffres fictifs approchants. Si la mammographie a une spécificité de 98% et une sensibilité de 90%, et que la prévalence du cancer du sein est 100 pour 100 000 dans la population dépistée, cela signifie que 2% des 100 000 auront des résultats faussement positifs soit 2000 femmes. Tandis que 90 des 100 cancers seront dépistés à juste titre. Les chances d’avoir un cancer après mammographie seront donc de 90 sur 2000+90, soit de l’ordre de 4%.
    Un autre problème lié au dépistage est qu’il permet de détecter des petits cancers. C’est son objectif et c’est le credo du dépistage qui postule que plus les cancers sont détectés tôt mieux c’est.

    Mais des études ont montré que pour des cancers petits et localisés, les cancers canalaires in situ, le fait de traiter ou non affecte peu la survie spécifique à 20 ans. En moyenne, aux USA le risque de mortalité sur 20 ans après le diagnostic par cancer du sein pour les femmes NON traitées pour un cancer canalaire in situ est de 3,3% http://www.bmj.com/content/351/bmj.h4555?etoc . Ces très petits cancers représentaient 3% des cancers avant la mise en place du dépistage, mais 20 à 25% après. A tel point que certains se demandent si appeler cela un « cancer » avec toute la charge émotionnelle et l’appréhension que cela induit, est approprié http://jamanetwork.com/journals/jamaoncology/article-abstract/2427488 .

    L’autre point que votre article ne met pas du tout en évidence est le poids écrasant du dépistage dans l’augmentation d’incidence des cancers.
    En effet, si on utilise le taux standardisé monde, comme vous le faites, on peut alors traduire cela comme le risque moyen d’avoir un diagnostic de cancer chaque année (incidence) pour la population observée et indépendamment de la structure en âge de cette population.

    Or on s’aperçoit qu’entre 1980 et 2005, années où l’on peut situer le pic des diagnostics de cancer ( 2005, que je choisis car bizarrement il n’y a plus s’estimation pour le cancer de la prostate après 2009 par l’INVS), le risque d’avoir un diagnostic de cancer chez la femme (le taux standardisé monde), tous cancers confondus est passé de 176,4 en 1980 donc à 248,8 pour 100 000 en 2005. Soit une augmentation du risque de 72,4 pour 100 000. Sur la même période le risque annuel d’avoir un diagnostic de cancer du sein, cancer LE PLUS FREQUENT DE LA FEMME, est passé de 56,3 à 98,8 pour 100 000. Soit une augmentation de 42,5 pour 100 00. On peut en conclure que le cancer du sein a contribué pour 42,5 / 72,4 soit 59% à l’augmentation du risque de cancer chez la femme pendant cette période. C’est énorme...

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